Épouvante-horreur/Efficace avec de bons acteurs
Réalisé par James Wan
Avec Vera Farmiga, Patrick Wilson, Ron Livingston, Lili Taylor, Shanley Caswell, Hayley McFarland, Joey King, Mackenzie Foy, Kyla Deaver...
Long-métrage Américain
Durée : 01h50mn
Année de production : 2013
Distributeur : Warner Bros. France
Titre original : The Conjuring
Interdit aux moins de 12 ans
Date de sortie sur les écrans U.S. : 19 juillet 2013
Date de sortie sur nos écrans : 21 août 2013
Résumé : Avant Amityville, il y avait Harrisville… Conjuring : Les dossiers Warren, raconte l'histoire horrible, mais vraie, d'Ed et Lorraine Warren, enquêteurs paranormaux réputés dans le monde entier, venus en aide à une famille terrorisée par une présence inquiétante dans leur ferme isolée… Contraints d'affronter une créature démoniaque d'une force redoutable, les Warren se retrouvent face à l'affaire la plus terrifiante de leur carrière…
Bande annonce (VOSTFR)
Ce que j’en ai pensé : Cela faisait un bon moment que je n’avais pas vu un film d’épouvante sur une maison hantée par une présence démoniaque. ‘Conjuring : Les dossiers Warren’ fait appel à des effets certes classiques pour coller la frousse aux spectateurs mais cela fonctionne bien.
Le film se déroule au début des années 70 et le réalisateur James Wan met parfaitement en scène l’ambiance de l’époque. J’ai eu le sentiment de faire un bond dans le temps et de découvrir un film de ces années-là, avec un côté un peu vieillot mais visiblement volontaire et très maîtrisé.
La maison où se passe l’action est un personnage à elle toute seule avec ses recoins, ses grincements et son parc magnifique mais très isolé.
Les acteurs sont tout à fait convaincants. Le couple Patrick Wilson, qui interprète Ed Warren, et Vera Farminga, qui interprète Lorraine Warren, personnalisent parfaitement ce côté un peu mystérieux, décalé et spécial de gens qui font face à des phénomènes peu communs dépassant l’entendement.
De son côté, la famille Perron est réaliste et touchante. Les parents Roger et Carolyn, interprétés respectivement par Ron Livingston et Lily Taylor, mènent une vie simple et sont préoccupés par des soucis ancrés dans la réalité. Ils se retrouvent dépassés par les événements étranges qui envahissent leur vie.
Les jeunes actrices qui interprètent leurs filles sont expressives et crédibles. Elles ont chacune leur personnalité et expriment leurs peurs de manières différentes.
Le film se déroule au début des années 70 et le réalisateur James Wan met parfaitement en scène l’ambiance de l’époque. J’ai eu le sentiment de faire un bond dans le temps et de découvrir un film de ces années-là, avec un côté un peu vieillot mais visiblement volontaire et très maîtrisé.
La maison où se passe l’action est un personnage à elle toute seule avec ses recoins, ses grincements et son parc magnifique mais très isolé.
Les acteurs sont tout à fait convaincants. Le couple Patrick Wilson, qui interprète Ed Warren, et Vera Farminga, qui interprète Lorraine Warren, personnalisent parfaitement ce côté un peu mystérieux, décalé et spécial de gens qui font face à des phénomènes peu communs dépassant l’entendement.
De son côté, la famille Perron est réaliste et touchante. Les parents Roger et Carolyn, interprétés respectivement par Ron Livingston et Lily Taylor, mènent une vie simple et sont préoccupés par des soucis ancrés dans la réalité. Ils se retrouvent dépassés par les événements étranges qui envahissent leur vie.
Les jeunes actrices qui interprètent leurs filles sont expressives et crédibles. Elles ont chacune leur personnalité et expriment leurs peurs de manières différentes.
Le fait que le marketing autour du film mette en avant qu’il s’agit d’un scénario inspiré de faits réels est intriguant. Cela attise la curiosité (Qui sont les Warren ? Que s’est-il réellement passé dans cette maison ?). Et malgré tous les doutes qu’on peut avoir, découvrir cette histoire fait tout de même un peu frémir.
J’ai bien aimé la manière dont le film est monté car il présente l’histoire du point de vue des Warren et de celui de la famille qui subit les événements racontés. Les vécus sont bien sûr différents mais les deux points de vues sont intéressants.
J’ai bien aimé la manière dont le film est monté car il présente l’histoire du point de vue des Warren et de celui de la famille qui subit les événements racontés. Les vécus sont bien sûr différents mais les deux points de vues sont intéressants.
‘Conjuring : Les dossiers Warren’ ne révolutionne peut-être pas le genre mais il est bien réalisé, habilement interprété, il se suit avec intérêt et surtout il vous fera sursauter dans votre fauteuil à plusieurs reprises.
NOTES DE PRODUCTION
(A lire après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
ED WARREN
Voici les trois étapes de l’activité démoniaque :
L’infestation…
Des chuchotements, des bruits de pas, une présence
étrangère… qui nous amènent à la deuxième étape :
L’oppression…
La victime est prise pour cible par une force extérieure…
Elle pulvérise son libre-arbitre et aboutit à la troisième
et ultime étape…
La possession.
L’INFESTATION
La réalité est souvent plus déconcertante que la fiction… et
beaucoup plus terrifiante. S’il y a un couple qui en savait quelque chose,
c’est Ed Warren et son épouse extra-lucide Lorraine, dont le combat contre les
forces du mal leur a valu respect et admiration dans le milieu de la
démonologie, bien avant le formidable engouement pour le paranormal au cinéma.
Et bien avant qu’Ed et Lorraine ne s’attaquent à une terrible menace dans une petite
ville du nom d’Amityville, ils ont dû affronter la puissance maléfique la plus redoutable
de leur vie.
James Wan, qui avait entendu parler de l’action du couple
avant de s’atteler à CONJURING : LES DOSSIERS WARREN, explique : «J’ai toujours
admiré les Warren. Ils ont été parmi les premiers à débusquer les fantômes en
utilisant du matériel technique et en recueillant des preuves à l’aide de vidéos
et d’enregistrements audio. Comme ils ont inspiré énormément de livres et de
films, c’était génial de pouvoir tourner un long métrage qui parle d’eux autant
que du foyer sur lequel ils enquêtent».
Le film lève le voile sur les horreurs menaçant une ferme
isolée, datant d’il y a plusieurs siècles, dans la campagne – en apparence – paisible
d’Harrisville, dans le Rhode Island. Cependant, Carolyn et Roger Perron, qui
ont acheté la ferme en 1970 où ils vivent avec leurs cinq filles, doivent affronter
un danger extrême et insaisissable. Lorsque les Warren font la connaissance de cette
famille – et de l’ennemi surnaturel qui leur a déclaré la guerre –, ils
comprennent qu’ils s’apprêtent à livrer la plus grande bataille de leur
carrière… et de leur vie !
Ce qui a intéressé Patrick Wilson dans le rôle de
l’exorciste réputé, c’est d’interpréter un personnage réel, aux pouvoirs
défiant l’entendement, pris dans un terrible conflit. «Toute sa vie, Ed Warren s’est dangereusement rapproché
du monde des ténèbres, parce qu’il avait vraiment à coeur de venir en aide aux
gens», dit-il. «Il était conscient que le sentiment de terreur qui
s’était abattu sur eux pouvait toucher n’importe qui, y compris lui-même et sa femme
Lorraine».
Vera Farmiga campe Lorraine, épouse et partenaire d’Ed :
elle aussi se retrouve plongée dans une spirale de violence provoquée par la
présence maléfique. «Une histoire, c’est comme un billet
de train», souligne-t-elle. «On vous remet un titre de transport pour une destination
précise, et vous y allez. C’était un espace parapsychologique qu’il me semblait
intéressant d’explorer. Et bien que cela me terrorise, je sentais que j’avais
besoin d’aller jusqu’au bout de l’intrigue, tout comme Lorraine et Ed ont
poussé l’enquête jusqu’à son terme».
Pour le producteur Peter Safran, cette affaire était
cruciale pour les Warren non seulement parce qu’ils voulaient protéger les
enfants des Perron, mais aussi leur propre fille Judy. «Je crois que ce qu’ils ont vécu en cherchant à sauver
leurs filles a été déterminant dans leur parcours, et notamment dans le dossier
Amityville», ditil. «J’ai été particulièrement sensible à ces événements car
j’ai moi-même une fille, et je sais que je serais capable de tout pour la protéger».
Le plus terrible, c’est que les Perron s’étaient installés à
la campagne pour élever leurs enfants dans un environnement sûr. Ron Livingston
et Lili Taylor incarnent Roger et Carolyn Perron : leur confrontation au paranormal
a ébranlé leur famille pour toujours.
«Ils ont toujours voulu se mettre au vert pour se sentir en sécurité, mais l’isolement peut aussi s’avérer effrayant», confie Livingston. «Soudain, ils sont confrontés à cette question : s’agit-il du commencement d’une nouvelle vie ou du début de la fin ? Et Dieu veille-t-il sur nous, ou sommesnous livrés à nous-mêmes ? Je crois bien que lorsque des situations comme celle-ci dégénèrent, ce genre de questions touche les gens au plus profond d’eux-mêmes, et les réponses se révèlent souvent dérangeantes…»
«Ils ont toujours voulu se mettre au vert pour se sentir en sécurité, mais l’isolement peut aussi s’avérer effrayant», confie Livingston. «Soudain, ils sont confrontés à cette question : s’agit-il du commencement d’une nouvelle vie ou du début de la fin ? Et Dieu veille-t-il sur nous, ou sommesnous livrés à nous-mêmes ? Je crois bien que lorsque des situations comme celle-ci dégénèrent, ce genre de questions touche les gens au plus profond d’eux-mêmes, et les réponses se révèlent souvent dérangeantes…»
«Je suis très partagée sur les questions parapsychologiques»,
souligne Lili Taylor. «Je me demande parfois si un truc étrange qui vient de
m’arriver n’est que le fruit du hasard… C’est difficile de tout analyser et
d’être ouvert aux explications les plus irrationnelles. Mais je dois dire que
les enregistrements d’exorcismes que j’ai vus sont convaincants. Et
terrifiants».
Le producteur Rob Cowan ajoute : «Chacun de nous a une peur enfouie en soi, et s’imagine
qu’il y a quelque chose sous son lit ou dans le placard, mais ces événements se
sont vraiment produits, ce qui les rend d’autant plus effrayants».
Les scénaristes Chad Hayes et Carey W. Hayes souhaitaient
raconter l’histoire du point de vue des Warren et des Perron : «Ce qui nous a plu en écrivant le scénario, c’est le
décalage entre les deux couples», note
Chad. «D’un côté, il y a les Warren, catholiques
pratiquants et exorcistes réputés, et de l’autre, les Perron, qui ne sont pas du
tout religieux. Et c’est alors que leurs parcours se croisent. Quelle est la
nature de la force qu’ils doivent affronter ? Qui peut la combattre ? Et
comment ?”
«Ces gens, qui ne se connaissaient pas, se sont
rencontrés dans de terribles circonstances», note
Carey. «Ils se sont embarqués dans une aventure
terrifiante et, en retraçant leur parcours, nous avons été subjugués. Leur
récit nous a totalement accaparés».
Le réalisateur ajoute : «J’ai
trouvé le scénario formidable et je me suis dit que c’était l’occasion de
tenter quelque chose de nouveau». Au
cours du développement, Wan et les frères Hayes ont parcouru les dossiers des Warren,
qui comptent environ 4000 affaires. «On
a déniché des histoires extraordinaires», reprend
le cinéaste. «Mon objectif était d’intégrer au
récit des événements hallucinants qui leur étaient arrivés, tout en restant
fidèle à l’affaire Perron. On s’est aussi pas mal inspirés des souvenirs de
cette famille. Je me suis que c’était plus effrayant encore de relater cet
épisode terrifiant en adoptant le point de vue des experts en démonologie et
celui de cette famille qui ne connaît rien au paranormal».
«On voulait marquer notre respect pour les deux
familles», poursuit Cowan, «et on a donc ressenti de la fierté quand on nous a dit
que le film était d’un grand réalisme». Lorraine
Warren, aujourd’hui octogénaire, se souvient avec précision du décor de la maison
où s’était produite l’infestation il y a bien longtemps. «Dès que j’y ai mis les pieds, j’ai su qu’elle était
hantée», affirme-t-elle. «Un malaise vous submerge, comme un voile, et pompe toute
votre énergie car la présence en a besoin pour se manifester. Et elle ne peut
trouver sa force que chez vous. Elle était particulièrement prégnante dans
cette maison, et tout m’est revenu en tête quand je me suis retrouvée sur le
plateau. C’était étrange. J’ai beaucoup d’estime pour James. Il voulait que la
reconstitution des faits soit exacte, et le film m’a enthousiasmée».
Les conversations téléphoniques des frères Hayes avec
Lorraine ont souvent été interrompues par des phénomènes mystérieux – bruits ou
parasites – qui provoquaient la coupure de la ligne. Carey raconte que lorsque
lui et son frère ont demandé à la vieille dame si c’était habituel, elle leur a
répondu : «Oh oui, mon petit, les ténèbres et
la lumière… C’est un combat éternel».
Chad ajoute : «Elle
nous a dit, ‘Nous nous apprêtons à révéler la part d’ombre des ténèbres, et
celle-ci ne veut pas voir le bien triompher. Je suis même surprise qu’il n’y
ait pas davantage de parasites sur la ligne’». Roger Perron et ses filles, qui se sont rendus sur le
plateau, reconnaissent que leur visite a réveillé des souvenirs douloureux, à
commencer par le jour fatidique de leur emménagement à la ferme. Andrea, l’aînée,
note : «J’étais certaine que James, les comédiens
et les techniciens s’attacheraient à restituer fidèlement ce qui nous est
arrivé dans cette maison, ce qui n’était pas évident a priori. Grâce à eux,
tous nos espoirs ont été comblés. Comme s’ils avaient réussi à cerner parfaitement
nos émotions et à reconstituer ce que nous avons subi».
D’ailleurs, la reconstitution était beaucoup trop réaliste
pour Carolyn Perron, la mère, encore traumatisée par ces événements datant
d’une trentaine d’années. Du coup, elle ne s’est pas rendue sur le plateau : «Je n’y suis pas allée, tout comme je n’ai jamais remis
les pieds dans cette ferme», dit-elle.
«Je ne voulais pas que les souvenirs
– ou cette chose qui m’a menacée dans la maison – remontent à la surface».
Cependant, cela n’a sans doute pas suffi à la protéger. Un
après-midi, alors que ses proches étaient sur le tournage, un vent aussi
étrange qu’inexplicable s’est levé et les a enveloppés, bien que les arbres
alentour soient parfaitement immobiles. Au moment où les techniciens tentaient
de stabiliser le matériel sur le plateau, en Caroline du Nord, Carolyn, qui se
trouvait à Atlanta, à plusieurs kilomètres de là, a ressenti une présence qui ne
s’était pas manifestée depuis trente ans. C’est alors qu’elle s’est blessée en
trébuchant et a fini à l’hôpital. Peu de temps après, comédiens et techniciens
ont été évacués de leur hôtel en raison d’un incendie. Personne – ou presque –
ne croit à une coïncidence.
Wan a également été témoin d’un étrange incident, un soir,
en envoyant un email au sujet du scénario. Son chiot, qui était dans son
bureau, a commencé par grogner : «Il n’y avait pourtant personne dans la pièce», souligne-t-il. «Et puis, il a fait un truc encore plus
bizarre : il s’est mis à suivre ce qu’il regardait – autrement dit, rien – à
travers la pièce, sans le lâcher à aucun moment. J’étais flippé… et c’est à
instant précis que j’ai compris que l’intrigue s’était immiscée en moi et
agissait sur mon psychisme». Il poursuit : «La plupart des gens racontent qu’ils connaissent
quelqu’un qui a vécu un phénomène paranormal, à moins qu’ils ne l’aient vécu
eux-mêmes. Pour mes précédents films, c’était rassurant de me dire que j’avais
tout inventé, mais pour CONJURING : LES DOSSIERS WARREN, je ne pouvais pas me
reposer là-dessus».
L’OPPRESSION
CAROLYN PERRON
Quelque chose d’épouvantable est en train de se passer
chez moi. Mes cinq filles sont mortes de peur…
Au départ, les phénomènes étranges qui se déroulent chez les
Perron semblent n’avoir aucun rapport les uns avec les autres. Mais lorsque
Carolyn Perron sollicite l’aide d’Ed et Lorraine Warren, experts en démonologie,
après avoir assisté à l’une de leurs conférences à l’université de la région, les
légers troubles du début – suggérant la présence d’une redoutable infestation –
ont pris un tour plus menaçant. Et lorsque les Warren constatent une activité inhabituelle,
ils sont convaincus que les esprits maléfiques cohabitant dans la ferme sont
passés au stade de l’oppression : ils prennent désormais la famille pour cible
et ne leur laissent aucun repos, de jour comme de nuit.
«La première fois que j’ai découvert le scénario, je l’ai
adoré, mais je me suis rendu compte que je n’arrivais pas à le lire le soir parce
qu’il m’empêchait de dormir», affirme
Safran. «J’ai dû le lire très tôt le matin
car il m’a fallu toute la journée ensuite pour que ses effets sur moi se
dissipent. Pas mal de gens à qui on l’a envoyé ont eu exactement la même
réaction : ils auraient préféré ne pas le lire le soir».
Vera Farmiga (Lorraine Warren) en témoigne : «Je l’ai lu par petits bouts parce qu’il a provoqué chez
moi des sensations incontrôlables – terreur, angoisse et choc psychologique. Je
ne voulais surtout pas le lire chez moi. Du coup, je me suis dit qu’il valait
mieux que je le lise pendant la journée, en dehors de chez moi». Ce qui n’a pas garanti sa sécurité absolue. Elle
reprend : «Alors que j’étais partie de chez
moi pour lire le scénario, j’ai ouvert mon ordinateur portable et j’ai
découvert cinq marques de griffes sur mon écran. C’était inexplicable. Je
savais pertinemment que je n’avais pas fait tomber mon ordinateur, et que mes
enfants n’y avaient pas touché… Du coup, je l’ai soigneusement refermé, je l’ai
rangé et je me suis mis à délirer».
La comédienne explique que ses recherches se sont avérées
être tout aussi déconcertantes, mais intrigantes. Elle a lu plusieurs ouvrages
sur les phénomènes occultes et a visionné des enregistrements des conférences
des Warren, avant de rencontrer Lorraine en personne : elle a été fascinée par
le travail entrepris par cette dernière avec l’ensemble des dignitaires
religieux – pasteurs évangélistes, rabbins, chefs indiens et chamanes – et enthousiasmée
par sa ténacité inébranlable. «Lorraine
a une conception très concrète de Dieu : sa foi catholique est sa boîte à
outils et son bouclier», assure Vera
Farmiga. «Quand on parle avec elle, on
comprend tout de suite que, pour elle, cette faculté de discernement est un don
de Dieu. Et que, si vous ne vous en servez pas, il vous le reprendra. Ce n’est donc
pas une simple occupation – c’est une profession. Une véritable vocation.
C’était très difficile pour elle de trouver le juste équilibre entre la
nécessité de veiller sur ses proches et celle de prendre soin de tous les autres,
car elle devait faire en sorte que son mari et leur fille se sentent en
sécurité, alors même qu’elle pouvait être en proie à une terrible angoisse.
Pour moi aussi, c’était un équilibre délicat à trouver».
Pour l’actrice, ce travail ne s’est pas cantonné uniquement
à Lorraine : «Je trouve que l’association entre
Ed et Lorraine est très touchante», dit-elle.
«C’était un tandem dynamique : ils
se complétaient à merveille, elle avec sa sensibilité et sa capacité d’empathie,
lui avec son pragmatisme et son bon sens. Ils s’aimaient très fort et avaient beaucoup
d’estime l’un pour l’autre, et cela se sent».
«Même si Lorraine frayait avec le monde des esprits et
l’au-delà, elle est pleine de vitalité, ce que je trouve extraordinaire», renchérit le réalisateur. «Je
voulais vraiment une comédienne qui soit à la hauteur de son personnage. Et
Vera est non seulement une formidable actrice, mais elle souhaitait rendre
hommage à Lorraine autant que moi, et cela se voit dans sa prestation». «Ed et
Lorraine étaient d’une grande intégrité, et il en va de même de James», affirme Vera Farmiga. «C’était
manifeste dans sa manière de s’approprier leur histoire». Patrick Wilson, qui interprète Ed Warren, souligne : «Lorraine est une personnalité fascinante, et Vera a su
retrouver toutes ses petites manies. Je me suis régalé à l’observer et à
rebondir à partir de ce qu’elle me proposait».
La comédienne est tout aussi élogieuse à l’égard de son
partenaire : «J’adore Patrick», dit-elle. «C’est
en grande partie parce qu’il a accepté le rôle que j’ai donné mon accord». Lorraine a également aidé Wilson à mieux cerner Ed, décédé
en 2008, que l’acteur n’aura donc jamais rencontré. Du coup, celui-ci a glané
de précieuses anecdotes sur son personnage en discutant avec Lorraine, ce qui
n’a fait qu’enrichir la matière déjà acquise grâce aux images d’archives des
Warren. À l’instar de Vera Farmiga, Patrick Wilson a été captivé par l’histoire
d’amour d’Ed et Lorraine et par leur vocation peu banale.
«C’étaient deux âmes soeurs», dit-il. «Ils avaient
à coeur, l’un comme l’autre, de percer à jour la source d’énergie – bénéfique ou
maléfique – susceptible de semer le trouble dans un contexte donné».
«Lorraine explique que lorsqu’une situation devenait
terrifiante et insupportable, elle se reposait vraiment sur Ed», note Wan. «C’est
très romantique et, à bien des égards, l’interprétation de Patrick est
elle-même romantique, ce que j’ai trouvé intéressant».
Par ailleurs, Ed connaissait très bien les aspects religieux
de la démonologie, ce qui lui a valu l’estime du clergé. «Ed pensait qu’il y avait des esprits merveilleux dans le
monde, et qu’il en existait aussi de maléfiques depuis des millénaires, et il souhaitait
tout mettre en oeuvre avec son épouse pour les combattre et venir en aide à son
prochain», relate Wilson. «Ed y croyait profondément, et j’ai donc dû y croire, moi
aussi, pour l’interpréter».
Ed sait qu’à chaque fois que Lorraine se livre en pâture
pour interpréter les signes des ténèbres, elle se met en danger et risque même
de perdre une partie de son être. «On
comprend bien qu’Ed sait se montrer charmant, léger et drôle, mais qu’il peut aussi
être protecteur», ajoute le comédien. «Il ne recule devant rien pour protéger sa femme et sa
fille. C’est quelque chose qui me parle beaucoup, si bien que je n’ai eu aucun
mal à exprimer cette dimension de sa personnalité».
Dans le film, si Ed est conscient du danger que court sa
femme, il mesure également la gravité de la situation des Perron et, avec
Lorraine, accepte de prendre leur dossier en charge.
Lili Taylor campe Carolyn Perron, mère de famille
pragmatique qui découvre que leur nouvelle maison est hantée. «C’est très difficile d’élever cinq enfants et mon
personnage ne ménage pas ses efforts», souligne
la comédienne. “Elle fait du bon boulot. Elle a des
filles formidables, et leur sécurité, leur santé et leur bien-être comptent plus
que tout à ses yeux. Elle espérait pouvoir mener une vie paisible et agréable
en s’installant à la campagne, mais elle est très loin du compte…»
C’est ainsi que la famille subit des températures glaciales,
voit des objets manipulés par une présence invisible et furtive, entend des
chuchotements mystérieux et assiste à des phénomènes inquiétants. «Je savais que James Wan était expert en la matière, et
son approche du paranormal est d’une très grande originalité», souligne Lili Taylor. En outre, la comédienne a trouvé le scénario
«excellent, terrifiant et d’une
grande richesse dramaturgique. La structure est admirable et j’ai beaucoup aimé
les relations très fortes entre les personnages». Ses rapports avec les interprètes des membres de sa famille
ont été tout aussi constructifs. Un jour, la production les a tous déposés dans
un restaurant pour déjeuner et prendre des «photos
de famille» – qui prennent une importance
croissante au cours du film : «D’emblée,
on s’est senti à l’aise les uns avec les autres», observe Lily Taylor. «On
n’a pas eu à se forcer pour trouver un sujet de conversation. C’est très rare
que sept personnes deviennent complices aussi rapidement : on a eu beaucoup de
chance».
Malgré tout, l’actrice reconnaît que le rôle était éprouvant
à la fois sur le plan mental et physique. «J’adore
ce genre de films, mais la dimension psychologique d’un thriller est difficile
à jouer, et celui-ci était particulièrement intense et brutal», dit-elle. «Pour
les scènes les plus âpres, je me suis rendu compte que je n’y arriverais pas sans
me déchirer les cordes vocales, à moins d’apprendre à hurler en plaçant ma voix
très, très bas».
«C’est sans doute Lili qui tient le rôle le plus
difficile du film», note le réalisateur. «Elle passe par des sensations émotionnelles et physiques
extrêmes, et elle s’en tire remarquablement».
Ron Livingston interprète Roger Perron, père de famille
appartenant à un milieu modeste : obligé de conduire un camion pour son
travail, il est souvent absent de chez lui la nuit. «Ron est un acteur génial», poursuit Wan. «Il
est d’une grande gentillesse, et il a su camper un personnage attachant qui
cherche à protéger sa famille, mais qui est dépassé par des forces surhumaines.
On se met tout de suite à la place de Roger, ce qui était un élément
essentiel». «Encore aujourd’hui, Roger Perron pense que ce qu’il a ressenti et
vu dans cette maison était réel», affirme
Livingston. «Je ne suis pas là pour dire qu’il a
tort ou raison, mais pour interpréter Roger, et mon boulot consiste donc à
raconter son histoire du mieux que je peux».
Il ajoute que le réalisateur possède une maîtrise «hors normes» de
son art, ce qui s’est avéré stimulant dans ce périple psychologique complexe. «Pour qu’un film soit vraiment effrayant, et qu’il
ébranle le spectateur, on ne peut pas se contenter des mécanismes habituels du
cinéma d’épouvante : il faut que le public puisse se reconnaître dans les
situations décrites comme, par exemple, le fait de changer de cadre de vie dans
le but de réaliser un rêve et de se rendre compte que la réalité est tout autre»,
signale Livingston. «Du coup, méfiezvous de vos rêves !» Lorsque le réalisateur a montré les premiers rushes à ses
comédiens, Livingston se souvient que «c’était
flippant à mort ! Et pourtant, j’étais sur le plateau quand on a tourné ces
images et je savais ce qui allait se passer, mais j’ai quand même été cueilli deux
ou trois fois».
Le fait de tourner le film en continuité a soudé les liens
entre les comédiens. «C’était génial», souligne Lili Taylor. «Au
départ, la maison était vide puisque nous étions censés y emménager, et puis
elle s’est animée. On n’avait vu personne pendant quinze jours et, soudain, les
Warren se sont pointés – et c’est exactement ce qui s’est passé dans les
faits». Le réalisateur sait gré à sa directrice
de casting, Annie McCarthy, d’avoir réuni de jeunes comédiens talentueux pour
camper les filles Perron : Shanley Caswell (Andrea, 18 ans), Hayley McFarland
(Nancy, 15 ans), Joey King (Christine, 13 ans), Mackenzie Foy (Cindy, 10 ans)
et la débutante Kyla Deaver (April, 8 ans). «Ces
gamines ont été formidables et nous nous sommes bien amusés», renchérit Wan. «Quand
on voit Ron, Lili et les filles, on a l’impression qu’il s’agit d’une vraie
famille. Entre les prises, ils jouaient tous ensemble et se disputaient parfois,
comme n’importe quelle famille». Sterling
Jerins, de son côté, incarne la fille des Warren, Judy. On trouve enfin au casting
Marion Guyot (la grand-mère de Judy, Georgiana), Steve Coulter (le père Gordon),
Shannon Kook (Drew, assistant des Warren), et John Brotherton (Brad, le
policier du coin qui met en doute les facultés et les méthodes des Warren – jusqu’à
ce qu’il soit lui aussi pris pour cible par la présence mystérieuse).
LA POSSESSION
LORRAINE WARREN
Il y a incontestablement une présence parmi nous…
Le dernier stade de l’activité démoniaque est la possession.
Lorsque les esprits ont anéanti le libre-arbitre de leurs cibles humaines, ils
prennent possession de leur corps. Et
c’est alors que se déclenche le chaos. Dans
l’espoir d’obtenir l’aide de l’église, les Warren installent des détecteurs de mouvements
lumineux et des caméras Super 8 tout autour de leur maison pour réunir des preuves
de la présence ennemie, ainsi que des accessoires religieux pour provoquer un
véritable affrontement avec les hordes d’esprits. Les signaux lumineux ne
tardent pas à clignoter et les phénomènes surnaturels deviennent carrément
menaçants. Comme à son habitude, Wan a travaillé avec ses fidèles
collaborateurs pour mettre au point le climat d’angoisse et la confrontation
avec la présence paranormale. Il précise : «Bien
entendu, étant donné qu’il s’agit d’un film, on prend quelques libertés, mais
il y a des choses sur lesquelles je ne voulais aucunement transiger dans la mesure
où on raconte une histoire vraie». Le
réalisateur ne s’est donc pas contenté de donner du grain à l’image pour évoquer
les années 70 : «Je voulais qu’on ait le sentiment
de plonger dans une autre époque, mais qu’on la reconstitue grâce aux technologies
d’aujourd’hui».
C’est la quatrième fois que Wan collabore avec le
chef-opérateur John R. Leonetti qui a d’abord testé plusieurs caméras et objectifs
: il a fini par retenir une caméra numérique Arriflex Arri Alexa – qui offre la
même souplesse que l’argentique, qui est plus sensible à la lumière et qui
souligne les détails et les gros plans dans l’obscurité – et des objectifs
Leica, permettant de découper nettement les personnages et les décors. «L’Arriflex est la première caméra numérique qui donne
des résultats aussi nuancés que l’argentique», note Leonetti. «La
sensibilité la plus élevée d’une pellicule est de 500 ASA, alors que l’Arriflex
va jusqu’à 800 ASA. Grâce aux objectifs Leica, qui ont une pleine ouverture à
1.4, on était à même d’obtenir un réalisme sans grain, mais très texturé». «James
et John sont totalement sur la même longueur d’ondes», relève Safran. «C’était
un bonheur de les observer en train de mettre au point l’esthétique du film». Le tournage s’est déroulé à Wilmington, en Caroline du Nord,
où la production a recherché la ferme susceptible d’accueillir les Perron dans
le film. «Je me souviens de nos premiers
repérages», précise Cowan. «James tenait absolument à vérifier que toutes les
lumières étaient allumées et qu’il n’y avait rien d’anormal dans sa chambre d’hôtel.
Il a beau réaliser des films d’horreur et maîtriser le genre – il sait très
bien ce qui terrorise les gens parce qu’il est lui-même terrifié par les mêmes
choses».
La chef-décoratrice Julie Berghoff, qui compte trois autres
films de Wan à son actif, ajoute : «James
nous a dit dès le début qu’il ne voulait pas qu’on voie les apparitions, mais
qu’on les sente. Quant à moi, je crois aux fantômes et, comme James, je trouve
que le fait de ne pas voir les esprits semer le chaos est extrêmement
dérangeant». La production a déniché une propriété dont
le terrain s’étend jusqu’à la Black River, utilisée pour plusieurs scènes
d’extérieurs. Leonetti a conçu un cyclorama à 360 degrés afin que le décor
naturel soit parfaitement raccord avec la structure de 550 m2 construite en studio sur deux niveaux.
Le réalisateur et ses techniciens ont été frappés par le réalisme du
dispositif. Pour Wan et Leonetti, le recours aux éclairages en plateau était
crucial : «Nous avons surtout utilisé des
couleurs primaires et des lumières naturelles», souligne le directeur de la photo.
Pour le cinéaste, le style de Leonetti évoque «des coups de pinceau sur une toile. Cela me fait penser
à une esthétique proche de la Renaissance italienne et à la palette chromatique
de Rembrandt». Julie Berghoff a consulté des photos de
la maison des Perron et d’autres fermes de la Côte Est des États-Unis avant de
concevoir les décors qui, dit-elle, «lui
ont été inspirés par l’intrigue. L’histoire m’a emballée. James a un sens du
détail extraordinaire et il sait exactement comment utiliser le moindre accessoire.
Il apprécie les plans-séquences, si bien que l’intérieur de la ferme était
plutôt circulaire, ce qui nous a permis de nous déplacer sans problème à
travers la maison». De même, les pièces étaient vastes et
la rampe de l’étage supérieur était amovible afin d’accueillir le matériel de
tournage. En outre, Wan a privilégié la caméra à l’épaule pour donner plus de
fluidité à la mise en scène. «Je
voulais qu’on ait un sentiment de liberté, et que la caméra soit un témoin qui
enregistre tout ce qui se passe, comme si elle faisait partie de la famille», souligne le cinéaste. Le réalisateur bouscule le public en permanence
: «Lorsqu’un personnage arpente un
couloir, je veux que la caméra le suive de près, si bien que le spectateur est derrière
lui et ne sait pas ce qui l’attend», dit-il.
«S’il sursaute pour une raison ou
une autre, on sursaute avec lui. S’il observe les recoins les plus sombres
d’une pièce, en se disant qu’il y a peut-être quelqu’un derrière la porte, je
tiens à ce que le spectateur, là encore, s’imagine qu’il aperçoit quelqu’un. C’est
ce qui plonge le spectateur dans l’état d’esprit des protagonistes».
Wan, Julie Berghoff et Leonetti ont minutieusement réfléchi
à la reconstitution de l’intérieur de la maison, qui possède cinq chambres,
afin qu’elle se prête à toutes les prises de vue nécessaires à l’intrigue, tout
en ménageant des zones d’ombre dans ses recoins… Des parois de verre ont
également été installées dans le salon et la pièce adjacente afin que la caméra
puisse tourner des images en transparence et donne le sentiment au spectateur
que les personnages fondent sur lui. Afin de respecter le tournage dans la
continuité et les impératifs de lumière, la production s’est essentiellement
appuyée sur un plafonnier comme source lumineuse principale, ainsi que sur
quelques lampes installées sur les étagères et les meubles. Bâtie en 1736, la
véritable maison n’a pas été habitée depuis la fin des années 40 ou 50. «C’est la dernière fois qu’on y a entrepris des réparations
ou des rénovations», commente Julie Berghoff. «En la reconstituant, je me disais qu’il s’agissait d’une
demeure magnifique, mais que lorsque tous ces fantômes s’y sont installés, ils
l’ont peu à peu dégradée. Elle a cherché à conserver son allure aristocratique,
mais les esprits l’ont abîmée peu à peu : des fissures sont apparues, les
veines du bois s’y sont fait jour et un climat morbide a fini par dominer les
lieux». Comme il s’agissait de respecter la patine
de la maison, qui lui confère son atmosphère, la production n’a pas cherché à
la repeindre dans des couleurs vives. «À
l’époque, on privilégiait plutôt des teintes blanches, grises et ocre», ajoute la chefdécoratrice. «On
a utilisé plusieurs couches de plâtre pour donner de l’épaisseur aux murs.
Grâce au plâtre, on a aussi pratiqué d’importantes fissures pour créer des
zones d’ombres dans les recoins, et on a aussi assombri les bords du cadre pour
arrondir les angles et susciter un effet texturé. Pour autant, on a installé
quelques petits accessoires de couleurs un peu plus vives, dans les verts fanés
ou les rouges tirant sur une teinte de rouille, proche du bordeaux».
Tandis que l’esprit gagne en violence, la cave devient un
espace de plus en plus important. «C’est
comme une plongée en enfer, et la cave en est le berceau, pour ainsi dire, car
c’est là que tous les événements les plus atroces ayant eu lieu dans la maison
ont démarré», indique Julie Berghoff. «Et puis, on aboutit au vide sanitaire, espace encore
plus lugubre de la propriété». La
chef-décoratrice s’est inspirée de maisons de la côte Est pour imaginer le
style rudimentaire d’un espace de rangement, et a utilisé des planches, des pierres
et un sol en terre battue. Privilégiant les éclairages en plateau, Leonetti
s’est servi d’une seule ampoule de 250 W pour la cave, ainsi que d’allumettes que
les personnages craquent lorsqu’ils se retrouvent dans l’obscurité. Pour les
scènes terrifiantes du vide sanitaire, les cadreurs ont tourné caméra à
l’épaule et ont dû ramper dans cet espace exigu situé sous le plancher. «James est un maître quand il s’agit d’imaginer un film
d’horreur psychologique à l’aide seulement d’éclairages et de prises de vue», précise le chef-opérateur. «Il
a ainsi eu l’idée géniale de commencer par filmer la maison des Perron depuis
le salon, comme si la ferme observait la famille en train d’emménager, plutôt
que d’ouvrir le film par un plan d’exposition traditionnel sur l’extérieur de la
propriété. Par la suite, on a tourné à la Dolly à travers les différentes
pièces».
En postproduction, l’équipe Effets visuels a réuni trois
plans tournés séparément. Il s’agit d’abord d’un plan tourné à la grue, à
l’extérieur de la maison, sur les déménageurs en train de décharger un canapé
de leur camion. Puis – deuxième plan –, une caméra fixée sur Steadicam suit le
canapé jusqu’au salon, et – troisième et dernier plan – s’attache à l’une des
filles de la famille dans la cuisine et dans la cour, où l’on installe un
carillon éolien. Afin de réunir, par la suite, ces trois plans de manière
fluide, la production a installé un fond vert dans chaque embrasure de porte. «C’était difficile de tous les aligner car on n’avait pas
le confort du motion control, mais on s’est quand même débrouillés», précise Leonetti.
«En deux plans, on cerne bien l’atmosphère grâce à des effets déstabilisants,
ce qui permet à la tension de s’installer et d’aller crescendo». Pour accroître encore la tension, la production a également
eu recours au zoom à des moments bien précis. «On
ne voulait pas d’un effet de zoom rapide : au contraire, on se rapproche tout
doucement de tel ou tel lieu pour susciter le suspense», souligne le chef-opérateur, qui rappelle que cette technique
est «un clin d’oeil aux années 70». À l’extérieur de la maison, l’un des éléments de décors les
plus importants était l’arbre imposant qui occupe l’essentiel du jardin.
Pendant ses repérages près de la Black River, Leonetti a été frappé par la
couleur sombre de l’eau, en raison des cyprès dont les racines teintent la
rivière en noir. Il a alors proposé qu’on implante un arbre devant la maison
qui pourrait non seulement faire partie intégrante du décor, mais devenir un
point focal à partir duquel filmer la maison ou la rivière. Séduit par cette
idée, Wan a demandé à l’équipe de Julie Berghoff de l’installer près de la
jetée, à quelques mètres de l’eau. «Il
s’agit d’un pacanier de 150 ans, qui fait penser à une main surgissant du sol,
alambiqué, mais magnifique, comme la maison», note la chef-décoratrice. «Les
branches se sont détachées de l’arbre au fil des années parce que l’un des
esprits y a instillé la mort… Il a donc pourri de l’intérieur». L’arbre en question mesure 15 mètres de haut sur 4,5 mètres
de diamètre. La sculptrice Katrina Johnson a participé à la construction des
maquettes et, en collaboration avec Julie Berghoff, elle a mis au point la
texture de l’écorce afin de lui donner une allure féminine tout en courbes,
vaguement menaçante. «Julie est formidable et l’arbre
était une véritable oeuvre d’art», s’enthousiasme
le réalisateur. «Les gens passaient devant, sans se
rendre compte qu’il était fabriqué en acier et en béton». La production, emballée par le résultat, a même ajouté des
scènes d’extérieurs marquées par sa présence sinistre. Même si elles sont moins
essentielles, les scènes chez les Warren ont été tournées en décor réel. Au
bout de longs repérages, Julie Berghoff a déniché une maison à plusieurs étages,
qu’elle a décorée avec une authentique moquette des années 70 et un papier
peint dont les motifs évoquent cette décennie.
L’élément le plus fascinant – et dérangeant – de la
véritable propriété des Warren n’est autre que leur musée de l’occulte,
reconstitué dans l’une des pièces du décor. C’est là qu’Ed et Lorraine conservent
les accessoires dont ils se servent pour les rituels sataniques et de
sorcellerie, ainsi que pour les exorcismes : ils les ont accumulés au cours des
années, en s’imaginant qu’il valait mieux regrouper ces talismans maléfiques en
un seul lieu, plutôt que de les laisser s’éparpiller dans la nature. La
chef-décoratrice et son équipe ont fabriqué des dizaines d’accessoires à la main
pour le musée aux murs lambrissés de bois foncé, qu’il s’agisse de magnifiques sculptures
ou d’objets du quotidien, comme un téléphone, une paire de lunettes de soleil et
divers instruments. «Il y avait des croix pour nous
protéger», affirme-t-elle. D’ailleurs, un prêtre
continue aujourd’hui à bénir la véritable maison des Warren toutes les
semaines. Autre accessoire majeur : une poupée, du nom d’Annabelle, qui ne doit
pas quitter sa vitrine cadenassée. Car si elle en sort, il en va de même du
démon qui la possède. «J’ai décoré la pièce de manière un
peu différente de ce que l’on trouve chez les Warren, car je voulais qu’elle
soit moins encombrée», confie Julie
Berghoff. «Je souhaitais qu’Annabelle ne se
remarque pas tout de suite, afin qu’on ait à la chercher pour la voir. Les
étagères ne sont pas intégrées dans un meuble, afin que rien n’arrête le
regard. Mais c’est presque plus terrifiant de n’apercevoir que les ombres des
objets plutôt que les objets eux-mêmes». «Notre Annabelle est délabrée et tombe
en ruines, et elle donne la chair de poule», reconnaît
le cinéaste. «Elle a quelque chose de malsain.
D’ailleurs, je ne voulais pas me trouver dans la même pièce qu’elle, et prendre
le risque qu’elle me regarde». Tony
Rosen, d’Infinite SFX, a imaginé le style d’Annabelle. Puis, il a sculpté,
moulé et fondu cette poupée de porcelaine, avant de concevoir les yeux, la
bouche et la tête en animatronique afin qu’ils soient mobiles. La robe de la
poupée a été confectionnée par la chef-costumière Kristin M. Burke. Après avoir
discuté avec le réalisateur pour savoir si Annabelle devait évoquer les petites
filles modèles des années 40, la costumière précise que «James estimait qu’elle devrait être une mariée, et j’ai
donc dessiné une robe de mariée des années 40 ressemblant à celle que portait
ma grand-mère». Mais comme il était difficile de trouver
de la soie sur place, elle en a fait venir de Los Angeles. Puis, elle l’a
vieillie et teinte, en lui donnant une couleur rouge, fidèle à la conception de
Wan. Le département Coiffure lui a fabriqué une perruque, mais ce n’est que lorsqu’elle
s’est retrouvée dans la vitrine que le réalisateur a décidé de lui ôter son
voile. «Sans lui, on distingue vraiment
son visage inquiétant», signale
Kristin M. Burke. Le cinéaste a également travaillé avec les départements
Coiffure et Costumes pour que la reconstitution de l’époque soit des plus réalistes.
«Je ne pouvais pas filmer beaucoup de
voitures, de panneaux indicateurs ou de rues, puisque 90% du film se déroule
dans la maison», dit-il. «Et ils ont tous accompli un boulot formidable».
En 1971, il n’y avait ni téléphones portables, ni Internet,
et il n’existait qu’une seule autoroute dans tout le Rhode Island, si bien que
la ferme des Perron était très isolée. C’était donc la promesse de tranquillité
… ou la perspective de se trouver à plusieurs kilomètres de toute aide extérieure
ou de tout refuge. «Au début des années 70, la campagne
du Rhode Island était coupée du monde et vivait en autarcie», indique Kristin M. Burke. Par chance, cette dernière a des
amis originaires du Rhode Island et a donc pu consulter leurs albums de photos
de famille ou leurs albums de lycée.
«C’était génial de pouvoir obtenir cette documentation de la part de gens qui
ont vraiment vécu là-bas», dit-elle. Elle
a aussi pu accéder aux photos personnelles d’Ed et de Lorraine. Du coup, elle
s’en est inspirée – ainsi que de nombreuses images sur Internet – pour imaginer
la garde-robe de Vera Farmiga et de Patrick Wilson. «Ed et Lorraine avaient un style vestimentaire
inclassable, et j’avais vraiment à coeur de ne pas me tromper dans mes choix
pour ne pas les trahir». Autant dire
qu’elle a été enchantée lorsque Lorraine qui, alors qu’elle se trouvait sur le
plateau, lui a montré une paire de chaussures de Vera Farmiga en lui disant
qu’elle en avait portées d’identiques. Les costumes de Lili Taylor sont tout autres
et évoluent au cours du film. «On
la découvre dans des robes très féminines, aux motifs floraux, dans des tons
dominants de rouge», précise la chef-costumière. «Au départ, elle porte un pull rouge vif. Quand on la
revoit, la couleur de sa robe est un peu plus sombre et son pull tire sur le
brun. Ensuite, elle porte une robe florale plus délavée, un pull marron –
jusqu’à ce qu’elle porte un pull beige et, enfin, un sweatshirt et un pantalon
gris. C’est emblématique de l’évolution de l’histoire. Alors qu’elle perd
progressivement pied, le rouge de ses vêtements s’estompe et disparaît». Les tenues de Ron Livingston, qui reflètent son appartenance
à la classe ouvrière, évoluent de manière moins marquée. «À première vue, ses chemises se ressemblent toutes», ajoute Kristin M. Burke. «On
a acheté des chemises d’époque et on a essayé de leur donner un côté usagé.
Vers la fin du film, il porte des chemises en tissus écossais, aux motifs plus
tranchés, pour montrer qu’il sort du brouillard et qu’il comprend enfin ce qui
leur arrive». «Les enfants se disaient que les pantalons à pattes d’éph qu’ils
devaient porter étaient géniaux», dit-elle
encore. Elle a également conçu les costumes de 300 figurants pour la conférence
à l’université – tournée à la University of North Carolina Wilmington, qui sert
de cadre à la rencontre déterminante entre les Warren et les Perron.
La production a tourné de «vraies fausses» images d’archives
des exorcismes entrepris par les Warren – images projetées durant la
conférence. Alors que les Warren avaient filmé en Super 8, Leonetti a opté pour
le 16 mm, mieux adapté au grand écran. L’équipe Effets visuels, sous la direction
du superviseur Ray McIntyre Jr, a ensuite tordu les images pour accentuer les effets
de la possession. L’équipe Effets spéciaux, chapeautée par David Beavis, a joué
un rôle majeur dans la conception des esprits qui s’acharnent sur les Perron. L’un
des fantômes est incarné par Joseph Bishara, déjà à l’affiche d’INSIDIOUS de James
Wan, pour lequel il avait aussi écrit la musique. Une fois encore, le
réalisateur lui a confié la partition du film. «Il adore cet univers et sa maison me fait penser à un
parc à thème autour du cinéma d’horreur», plaisante
Wan. «Je n’ai pas eu trop de mal à le
convaincre de participer une nouvelle fois à cette aventure. Ce que j’aime chez
lui, c’est qu’il travaille en dehors des sentiers battus». Qu’il s’agisse du tic-tac des horloges qui s’arrêtent toutes
à la même heure chaque nuit, ou des quelques notes sinistres d’une vieille
boîte à musique que trouve Cindy, Wan a intégré des indices sonores à son dispositif
de mise en scène pour susciter une véritable tension : celle-ci aboutit à l’affrontement
inévitable entre les Warren et les forces maléfiques qui s’en prennent aux Perron.
«C’est ce que vous croyez entendre
en écoutant la musique et les effets sonores qui vous cueillent», précise le réalisateur. Il conclut : «Ce que j’aime dans mon métier, c’est faire hurler le
spectateur, que ce soit parce qu’il a eu une angoisse ou parce qu’il a été
terrorisé… et d’autant plus lorsqu’il sort du cinéma la peur au ventre. Et
comme il s’agit d’un film inspiré d’une histoire vraie, je pense que c’est
encore plus effrayant de savoir qu’il existe des esprits maléfiques».
Ed et Lorraine Warren à l’étranger
Les enquêtes internationales des célèbres chasseurs de
fantômes
Le presbytère de Borley,
Borley, Essex, Angleterre
Entre autres fantômes, la légende raconte que les lieux sont
hantés par une nonne qui vécut un amour interdit avec un moine et fut condamnée
à être emmurée vivante. Le presbytère fut la proie des flammes en 1939. Pendant
plusieurs décennies, les Warren furent témoins d’une multitude de phénomènes
surnaturels à Borley, comme d’étranges lueurs et des pluies de pierres sorties
du néant. Lorraine n’avait jamais vu de « phénomènes si spontanés. La maison paraissait
infestée de poltergeists. » Elle entendit des voix et sentit la présence
d’esprits. Elle aperçut également une ombre cagoulée tourner les pages d’un
livre et une « magnifique apparition bioluminescente » de la nonne flotter près
de l’autel. « C’était splendide », se rappelle-t-elle. « L’église était noire
comme la nuit, et j’ai vu la lumière s’infiltrer. Sa silhouette aux couleurs de
pêche dégageait une aura puissante. Elle a fait tomber une pierre qui m’était
destinée. Je l’ai gardée. »
Le château de Castle Rising,
Norfolk, Angleterre
Lorsque les Warren enquêtèrent sur ce château normand du
XIIe siècle situé dans le Norfolk, en Angleterre, Lorraine eut l’impression que
les murs « emprisonnaient les vibrations du passé ». À l’époque de la peste
noire, de nombreux châteaux avaient servi d’hôpitaux et de sanctuaires
improvisés pour accueillir les mourants et les morts. Dans l’ancienne chapelle,
où les moines soignaient les victimes du fléau, Lorraine éprouva des sensations
et impressions psychiques. Frappée par une infâme puanteur et une incroyable tristesse,
elle aurait aussi eu une puissante vision des malades et des mourants, soignés par
une femme sur un sol recouvert de foin.
L’auberge Cross Keys,
Peebles, Écosse
Cet ancien relais de poste construit dans les années 1600
est réputé comme l’un des lieux des plus hantés d’Écosse. On raconte que
l’esprit vengeur de la propriétaire initiale du Cross Keys, Marian Ritchie,
tourmente encore le personnel de l’hôtel. Les serveuses, barmans et cuisiniers
ont affirmé s’être fait pousser dans les escaliers et avoir vu avec horreur des
bouteilles et des verres s’échapper des étagères et voler en éclats. Les Warren
séjournèrent souvent au Cross Keys. Selon eux, ce carnage surnaturel n’était
autre que la colère de l’orgueilleuse écossaise dont l’auberge était tombée aux
mains d’Anglais. Mais l’énergie négative qui se dégageait du sous-sol
interpella Lorraine. Et si cette « force surhumaine » était le véritable
coupable derrière les phénomènes effrayants de la vieille auberge écossaise ?
Les fantômes du Japon
Ed et Lorraine Warren rejoignirent un groupe de moines
bouddhistes pour enquêter sur divers phénomènes paranormaux au Japon. Ils se
rendirent notamment dans un village de montagne au nord du pays, où
l’effondrement d’un tunnel avait causé la mort de 250 personnes dont les
esprits rôdaient apparemment encore. Ils visitèrent un immeuble d’appartements,
dans la ville de Tomika, où de nouveaux locataires se disaient persécutés par des
fantômes et des objets volants, et découvrirent qu’un samouraï avait été tué sur
les lieux. Ils participèrent également à un exorcisme dans un monastère.
Bill Ramsey, le « Loup Garou de Londres »
Les Warren étaient particulièrement sceptiques vis-à-vis des
loups garous. Mais un documentaire sur Bill Ramsey, le soi-disant Loup Garou de
Londres, les persuada de rejoindre l’Angleterre pour mener l’enquête. Bill
Ramsey faisait des crises de rages depuis son enfance, au cours desquelles il
mordait et cavalait sur quatre pattes comme un loup. On raconte qu’il demandait
souvent aux autorités de l’enfermer pour garantir la sécurité du public. Ed
interrogea Bill Ramsey et le policier qu’il avait attaqué. Selon lui, si Bill
ne s’était pas transformé physiquement en loup, il avait bien été possédé par
un « démon loup » qu’il fallait exorciser. Un évêque et des policiers
assistèrent à son exorcisme dans le Connecticut, et Bill Ramsey put enfin être
libéré de cette violente possession.
Les dix lieux les plus hantés du monde
Le château de Berry Pomeroy,
South Devon, Angleterre
La légende raconte que le château en ruines du XVe siècle héberge deux fantômes hauts en
couleur. La Dame Blanche serait l’esprit de Margaret Pomeroy, qui mourut emprisonnée
dans les donjons par sa soeur jalouse et planerait encore sur les remparts déserts
et dans les donjons abandonnés du château. La Dame Bleue fréquenterait quant à
elle un certain passage du château, y attirant de temps à autre des visiteurs. Cette
figure angoissée vêtue d’une longue cape bleue, soi-disant fille d’un seigneur normand,
serait morte victime d’horribles tragédies personnelles, et son esprit à l’agonie
et rongé par les regrets hanterait désormais les lieux. On évoque aussi souvent
les frères Pomeroy, qui, refusant de s’avouer vaincus lors d’un siège,
enfourchèrent leurs chevaux et gagnèrent le haut des remparts. S’il ne reste
aucune trace écrite de cette histoire, des touristes disent avoir entendu des
bruits sourds et des cris résonner dans les airs, là où ont péri les deux
frères.
La plage de Changi,
Changi, Singapour Site
d’un ancien camp de prisonniers de la Seconde Guerre mondiale, cette plage aux
airs de tranquillité garde encore les stigmates du drame traumatisant qui s’y
déroula au début des années 40. Des témoins affirment avoir entendu des cris et
aperçu des spectres dans le sable et dans l’eau. D’étranges tranchées aux
allures de tombes se matérialiseraient sur la plage. L’ancien hôpital de
Changi, situé à proximité, et la maison de Changi seraient également les deux
bâtiments les plus hantés d’Asie.
Le château d’Édimbourg,
Édimbourg, Écosse
Cette forteresse militaire du XIIe siècle est l’un des lieux
les plus hantés d’Europe. Le dédale de tunnels reliant le château au Royal Mile
(principale artère de la vieille ville d’Édimbourg), d’où l’on entend parfois de
faibles mélodies s’échapper, cultive certaines de ses légendes. On raconte
ainsi qu’un joueur de flûte fut envoyé il y a de nombreuses années dans les
galeries, tenu de jouer de la musique afin que l’on puisse le suivre. Il n’en
sortit jamais vivant. Les cellules des donjons d’Édimbourg et les oubliettes du
château abritent aussi de nombreux esprits, dont Lady Janet Douglas de Glamis,
accusée de sorcellerie et condamnée au bûcher, et le duc Alexander Stewart
d’Albany, qui s’échappa de la prison dans une effusion de sang. Les volontaires
qui ont participé à l’excursion paranormale de l’enquêteur Richard Wiseman en
2001 ont passé du temps dans les sombres recoins du château et ont rapporté la
présence d’ombres et d’éclairs lumineux, des chutes soudaines de la température
et des bruits de respiration.
Le fort de Bhangarh,
Bhangarh, Rajasthan, Inde
Deux histoires ont conduit à légende de la « malédiction de
Bhangarh », née dans cette ville du Rajasthan fondée en 1573. La première parle
du roi Madho Singh, qui aurait ignoré les avertissements du saint homme Guru
Balu Nath. Ce dernier était prêt à accepter la construction de la ville si les
bâtiments demeuraient de taille modeste. « Si l’ombre de vos palais me touche,
cette ville disparaîtra ! » Quand, des générations plus tard, fut érigé un
palais dont l’ombre vint recouvrir le refuge de Balu Nath, une famine tragique
s’abattit sur la ville. L’autre version prétend qu’un sorcier éperdument
amoureux maudit la ville lorsque la princesse qu’il courtisait eut repoussé ses
avances. La princesse jeta son « philtre d’amour » sur une pierre, contre
laquelle vint mourir le sorcier. Encore aujourd’hui, il interdit de pénétrer
dans ces ruines maudites après la tombée de la nuit. On raconte que ceux qui
ignorent les avertissements ne retrouvent jamais la sortie de ce labyrinthe de
structures délabrées et de temples abandonnés. Peu osent franchir les portes de
Bhangarh, mais les habitants de la région prétendent avoir vu l’ancienne cité
s’illuminer la nuit et entendu des rires derrière les murs.
La tour de Londres,
Londres, Angleterre
Des bourrasques soudaines de vent. Des hurlements
terrifiants. Une tête qui flotte et marmonne des bruits incohérents puis disparaît.
Pas surprenant que la célèbre « tour Sanglante » de Londres regorge de tristes fantômes.
La reine Anne Boleyn, exécutée en 1536 à la demande de son mari, le roi Henry
VIII, serait l’un de ses plus célèbres résidents. De nombreux gardes disent
avoir été terrorisés par son apparition décapitée dans la tour Verte et la tour
de la chapelle. La comtesse de Salisbury est une autre dame au destin tragique
qui hante ces murs. Accusée et condamnée à mort en 1541 alors qu’elle était
innocente, la comtesse dut être traînée de force devant le billot par les gardes.
Lorsqu’elle s’échappa, le bourreau s’élança à sa poursuite pour massacrer la
comtesse condamnée. Les esprits « rejoueraient » cette terrifiante scène de crime
dans la tour Verte.
Les catacombes de Paris,
Paris, France
Plus de six kilomètres de tunnels sillonnent les sous-sols
de Paris. Le nombre de passages, d’étroits couloirs et de culs-desac dans ce
sombre labyrinthe souterrain demeure encore inconnu. Des enquêteurs ont
découvert au moins sept niveaux de passages s’enfonçant à huit mètres sous la
rue. De nombreux tunnels se sont effondrés, d’autres sont remplis d’eau. Au
XVIIe, les ossements de six millions de Parisiens provenant des cimetières
surpeuplés de la ville furent exhumés et transportés sans ménagement dans les
catacombes. Des visiteurs disent avoir vu d’inquiétants fantômes arpenter les
couloirs. Certains auraient été touchés et agrippés par des forces invisibles.
Raynham Hall,
Norfolk, England
Dans un cliché resté célèbre de 1936 et publié dans le
magazine Town and Country, on aperçoit la silhouette lumineuse et voilée de la Dame
Brune de Raynham Hall descendant les escaliers principaux du grand manoir.
Appelée ainsi selon la couleur de sa robe de brocart, la Dame Brune de Raynham Hall
serait le fantôme de Lady Dorothy Walpole, accusée d’adultère et cloîtrée par
son mari dans la maison jusqu’à sa mort. La Dame Brune a fait sa première
apparition spectrale en hiver 1835. Des invités du château auraient aperçu ses
habits démodés, ses orbites béantes et son visage lumineux. D’autres auraient également
vu un cocker épagneul et des enfants hanter les murs de Raynham Hall.
Le manoir de Monte-Cristo,
Nouvelle-Galles du Sud, Australie
Cet ancien manoir victorien, connu comme la plus célèbre demeure
hantée d’Australie, a eu sa part de tragédies et de phénomènes fantomatiques.
Construit en 1885 par Christopher Crawley, le manoir de Monte- Cristo serait
hanté par Elizabeth Crawley, la femme sévère et cruelle de Christopher. Après
la mort de son mari, Elizabeth vécut pratiquement recluse, quittant rarement sa
chambre qu’elle avait transformée en chapelle. Quand le dernier membre du clan
Crawley quitta la maison en 1948, celle-ci sombra dans l’abandon. Une nouvelle
famille racheta la demeure à la fin des années 50 pour la restaurer, mais dut
apparemment partager les lieux avec le fantôme d’Elizabeth, laquelle apparaissait
vêtue de noir avec un grand crucifix en argent à la main. La légende raconte
qu’Elizabeth, se considérant toujours comme la matriarche du manoir de Monte- Cristo,
expulsait ceux qui se trouvaient dans sa salle à manger. D’autres entités
troublantes peuplent les lieux. On raconte notamment que l’esprit d’une jeune
femme a été aperçu au balcon d’où se serait jetée une servante enceinte.
L’esprit de la petite fille des Crawley, morte tragiquement quand sa nounou «
poussée par une force invisible » la laissa tomber, hanterait les escaliers de
la demeure. Les sombres contes du manoir de Monte-Cristo parlent aussi d’un
garçon d’écurie mort dans un incendie, du meurtre d’un concierge et de
l’emprisonnement d’un déficient mental dans le gîte du manoir.
Le manoir de Woodchester,
Gloucestershire, Angleterre
Le franc-maçon William Lee se retrouva sans le sou avant de
pouvoir terminer la construction de cette imposante demeure gothique. Peu de
temps après l’édification du toit et du clocher en 1868, les ouvriers quittèrent
les lieux et ne revinrent jamais. Le manque de fonds ne fut pas le seul motif d’abandon
brutal du projet. On raconte que le manoir de Woodchester est maudit et que les
ouvriers ont été chassés par une série de morts et d’accidents mystérieux
pendant les travaux. L’imposante structure est demeurée intacte pendant près
d’un siècle, avant de servir de base d’entraînement durant la Seconde Guerre
mondiale pour les troupes américaines et canadiennes se préparant au Débarquement.
Un pont voisin qui s’effondra pendant une mission causa plusieurs victimes. Plus
récemment, un enquêteur paranormal photographia le mystérieux visage de l’un des
aviateurs décédés. Un moine encapuchonné aurait été filmé descendant les
escaliers et traversant la chapelle de Woodchester. Selon les enquêteurs, les
fantômes viendraient de la propriété du début du XVIIe, abattue par William Lee pour y
reconstruire le manoir de Woodchester. Les lieux inhabités qui restèrent à
jamais inachevés seraient-ils la demeure rêvée des êtres errant entre deux
mondes ?
Le sanatorium de
Waverly Hills,
Louisville,
Kentucky, U.S.A.
Au plus fort de l’épidémie de tuberculose, des centaines de
personnes périrent à Waverly Hills. Les morts étaient emmenés dans un tunnel
fermé, connu sous le nom de « déversoir », et transportés dans des trains qui
les attendaient au pied de la colline. À l’arrivée des antibiotiques, l’épidémie
de tuberculose déclina et Waverly finit par fermer ses portes en 1962. L’hôpital
rouvrit l’année suivante comme centre gériatrique, mais des rumeurs sur les horribles
conditions et traitements barbares s’amplifièrent jusqu’à ce que le sanatorium ferme
définitivement en 1982. Pendant les deux décennies qui suivirent, l’hôpital
abandonné devint un refuge pour les sans-abris de Louisville et le lieu de prédilection
des adolescents chasseurs de fantômes. Les récits sépulcraux de Waverly sont
entrés dans la légende. La Louisville Ghost Hunters Society a organisé de nombreuses
conférences et visites hantées de l’hôpital. Des enquêteurs disent avoir vu des
objets voler sur eux et des formes mystérieuses arpenter les couloirs, dont des
enfants courant dans le solarium et le spectre d’un homme errant dans la
cuisine. Certains disent avoir senti d’étranges odeurs et entendu des bruits de
pas et des portes claquer. L’activité serait la plus intense au cinquième
étage, et notamment dans la chambre 502, où deux infirmières se sont jetées par
la fenêtre.
L’ABC des fantômes
Les cinq esprits les plus courants
Dans CONJURING,
les Warren affrontent une présence inquiétante dans une maison infestée d’esprits.
Certains sont bienveillants, d’autres simplement démoniaques. Les hantises sont
loin d’être semblables et elles se manifestent sous des formes diverses. Ouvrez
l’oeil si vous croisez leur route…
Les poltergeists
En Allemand, poltergeist signifie « esprit bruyant ». Les
casseroles et les poêles qui volent, les portes qui claquent, les pincements ou
les coups sont-ils l’oeuvre d’esprits agressifs ou malveillants, ou ces forces
délirantes se trouvent-elles en
nous ? Pour certains parapsychologues,
l’anxiété ou l’agressivité d’une personne peuvent déclencher des facultés de «
télékinésie », ou la capacité de déplacer des objets de loin. Et si ces esprits
agités et invisibles essayaient de s’affirmer par le seul moyen dont ils
disposent ?
Les créatures de l’ombre ou les « Shadow People »
Si les esprits peuvent prendre plusieurs formes, les shadow people sont
les plus courants. On aperçoit généralement ces silhouettes sombres et
ondoyantes du coin de l’oeil, et personne ne sait réellement ce qu’elles sont.
Ces ombres mystérieuses peuvent parfois prendre une forme humanoïde, l’une des
plus célèbres étant « l’homme au chapeau », une silhouette noire couronnée d’un
grand fedora. D’autres hommes de l’ombre préfèrent les capes. La plupart des
rencontres sont furtives, mais des témoins disent avoir pu observer les esprits
pendant plusieurs secondes avant qu’ils ne s’évanouissent ou ne disparaissent à
travers un mur. Ces apparitions vaporeuses paranormales sont relativement
inoffensives, mais n’en sont pas moins effrayantes.
Les esprits intelligents
Un esprit intelligent n’est pas un esprit titulaire d’un
doctorat, mais un être paranormal qui interagit avec les vivants. C’est d’ailleurs
habituellement à eux qu’on pense lorsqu’on évoque le mot « fantôme ». Ces âmes
agitées s’attardent sur terre, semblant ignorer le fait qu’elles ne sont plus
de ce monde ou croyant avoir encore des « choses à régler ». Ces fantômes
peuvent prendre une forme humaine « solide », ou une forme transparente, voire
lumineuse. Contrairement aux esprits résiduels, les esprits intelligents essaient
souvent d’entrer en contact avec les êtres humains, mais finissent généralement
par effrayer leurs amis les vivants.
Les esprits résiduels
Bruits de pas, pleurs à peine audibles, rires d’enfants… Les
hantises résiduelles ne sont pas des fantômes mais plutôt des « impressions
spirituelles » ou des empreintes laissées par un événement traumatisant rejoué
à la manière d’un vieux film diffusé en boucle. Certains disent avoir vu la
source de la hantise, mais l’apparition ignore généralement la présence des
vivants. Les fantômes résiduels ne sont pas des esprits humains, mais plutôt
des énergies emprisonnées dans une structure. Il est dès lors presque
impossible de s’en débarrasser. Un agent immobilier de bonne réputation sera
tenu d’en faire part aux futurs locataires.
Les démons
Heureusement, les rencontres avec les démons sont rares. Il
est toutefois possible de communiquer avec ces anciennes créatures démoniaques
par des voies occultes comme une planche oui-ja ou la magie noire. Les esprits
démoniaques ne s’annoncent pas toujours d’emblée sous la forme d’une odeur
fétide ou d’une sensation d’effroi. Ils se font parfois passer pour l’esprit
d’un ami ou d’un proche défunt, ou prennent possession d’un objet en apparence
innocent telle une poupée. Des spécialistes comme Ed et Lorraine Warren conseillent
de prier pour obtenir aide et protection et de jeûner afin de purifier l’esprit.
Si la présence démoniaque persiste, consultez un exorciste ; ceux-ci varient
selon les cultures.
QUE FAIRE SI VOUS VOYEZ UN FANTOME
Que feriez-vous si en vous réveillant, vous aperceviez une chose luisante
ou transparente au pied de votre lit ? Comme tout bon citoyen en chair et en
os, il y a de fortes chances pour que vous disjonctiez, hurliez, partiez en
courant ou restiez tétanisé par la peur. Pourtant, une rencontre avec un
fantôme ne doit pas forcément être une expérience terrifiante.
ÉVALUEZ LA SITUATION –
Toutes les hantises sont différentes.
Certains esprits se volatilisent aussi rapidement qu’ils sont apparus. On peut
à peine enregistrer leur existence, encore moins communiquer avec eux. Mais si
l’apparition s’attarde, ou revient vous rendre visite, essayez de tirer parti
de cette rencontre. Le secret est de garder son calme. Après tout, la plupart des
esprits ne vous veulent aucun mal.
FAITES CONFIANCE À VOTRE INSTINCT – Si vous sentez une présence oppressante
et maléfique, n’essayez pas de communiquer avec elle. Prenez vos jambes à votre
cou.
BRISEZ LA GLACE –
Regardons les choses en face : discuter
avec une entité immatérielle peut paraître plutôt délicat. Et il n’existe aucun code de bienséance surnaturelle.
Un conseil d’Ed Warren, défunt
démonologue et pionnier du paranormal (et fervent catholique) : si vous voyez
un fantôme, faites le signe de croix, puis dites «
Au nom de Dieu, comment puisje vous aider ? » La
référence à Dieu étant un anathème contre les entités démoniaques, cette entrée
en matière peut certainement bannir les esprits négatifs.
VOUS N’ÊTES PAS À LEUR SERVICE – Si les morts vous demandent de leur
venir en aide, n’oubliez pas de poser des limites. Vous serez heureux de transmettre
un message à un être cher, mais si un esprit cherche à venger sa propre mort, déclinez
poliment et fermement l’invitation.
LES ESPRITS QUI REFUSENT DE PARTIR – Vous préférez éviter la discussion avec
l’apparition lumineuse assise au coin de votre lit ? Vous n’appréciez pas
l’intrusion d’un esprit frappeur bruyant ? Demandez simplement au fantôme de
quitter les lieux. La plupart comprennent et se volatilisent aussitôt. D’autres
entités sont néanmoins plus difficiles à expulser. Trop attachées ou trop effrayées
pour tracer leur route, elles ont besoin d’un petit coup de pouce. Dites
quelque chose du genre : « Va faire la lumière. Il paraît que c’est génial
là-bas », ou essayez d’apporter une note positive à la mort : « Souviens-toi,
aujourd’hui est le premier du reste de ta vie d’outre-tombe ! »
CONSULTEZ UN SPÉCIALISTE –
Si vous vous sentez menacé, contactez
un prêtre que vous connaissez ou un enquêteur paranormal pour un avis d’expert.
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