Fantastique/Aventure/Impressionnant voyage, magnifiques décors, super moment
Réalisé par Peter Jackson
Avec Ian McKellen, Martin Freeman, Richard Armitage, Ken Stott, Graham McTavish, William Kircher, James Nesbitt, Stephen Hunter, Ian Holm, Elijah Wood, Hugo Weaving, Cate Blanchett, Christopher Lee, Andy Serkis...
Long-métrage Américain/Néo-zélandais
Durée: 02h45mn
Année de production: 2012
Distributeur: Warner Bros. France
Titre original: The Hobbit: An Unexpected Journey
Date de sortie sur les écrans U.S.: 14 décembre 2012
Date de sortie sur les écrans Néo-zélandais.: 12 décembre 2012
Date de sortie sur nos écrans: 12 décembre 2012
Résumé: Dans UN VOYAGE INATTENDU, Bilbon Sacquet cherche à reprendre le Royaume perdu des Nains d'Erebor, conquis par le redoutable dragon Smaug. Alors qu'il croise par hasard la route du magicien Gandalf le Gris, Bilbon rejoint une bande de 13 nains dont le chef n'est autre que le légendaire guerrier Thorin Écu-de-Chêne. Leur périple les conduit au cœur du Pays Sauvage, où ils devront affronter des Gobelins, des Orques, des Ouargues meurtriers, des Araignées géantes, des Métamorphes et des Sorciers…
Bien qu'ils se destinent à mettre le cap sur l'Est et les terres désertiques du Mont Solitaire, ils doivent d'abord échapper aux tunnels des Gobelins, où Bilbon rencontre la créature qui changera à jamais le cours de sa vie : Gollum.
C'est là qu'avec Gollum, sur les rives d'un lac souterrain, le modeste Bilbon Sacquet non seulement se surprend à faire preuve d'un courage et d'une intelligence inattendus, mais parvient à mettre la main sur le "précieux" anneau de Gollum qui recèle des pouvoirs cachés… Ce simple anneau d'or est lié au sort de la Terre du Milieu, sans que Bilbon s'en doute encore…
Bande annonce (VOST)
Ce que j'en ai pensé: Le moins que je puisse dire c'est que j'ai beaucoup attendu ce voyage inattendu du fameux Hobbit Bilbon Sacquet. Et j'ai été ravie par son aventure. Pendant près de trois heures, j'ai eu à nouveau 10 ans. J'ai adoré suivre les péripéties de Bilbon, Hobbit plutôt pantouflard a priori, interprété avec beaucoup de justesse et d'humour par Martin Freeman.
Pour ceux qui ont vu la trilogie du Seigneur des Anneaux, il sera plus facile de comprendre l'importance de certaines rencontres développées pendant ce premier opus (il y aura trois longs métrages en tout sur l'histoire de Bilbon, adaptée du livre de J.R.R. Tolkien intitulé "Le Hobbit, ou L’histoire d’un aller-retour").
Très habilement, Peter Jackson met en place toute la mythologie du Seigneur des Anneaux par le biais de quelques scènes, tout en racontant la grande aventure de Bilbon (qui est antérieure à l'histoire de la trilogie du Seigneur des Anneaux). Il y a des clins d'oeil sur la trilogie dans le film qui feront plaisir aux fans. Pour moi, Peter Jackson est un conteur et un réalisateur hors du commun. Il nous raconte le passé du royaume perdu d'Erebor, met en place les éléments, puis relie tous ces évènements au destin d'un Hobbit que rien ne prédestinait à ce périple fantastique.
J'ai été très contente de revoir Gandalf, interprété par Ian McKellen, toujours excellent en sorcier sympa mais qu'il ne faut pas trop énerver.
Il apporte son aide à la compagnie des nains, composées de 13 personnages différents que Peter Jackson prend le temps d'introduire. Tous les acteurs rendent tout à fait crédible leur rôle. J'ai trouvé Richard Armitage qui interprète Thorin Écu-de-Chêne très convaincant en leader héroïque.
Il y a beaucoup de protagonistes dans le film. Ce n'est qu'un indicateur de l'ampleur du travail accompli pour mettre en scène les mille et une épreuves que Bilbon, Gandalf et les 13 nains (Thorin, Nori, Fili, Dori, Bofur, Gloin, Dwalin, Balin, Oin, Bombur, Bifur, Ori, Kili) vont devoir traverser. A chaque fois, Peter Jackson réussit à surprendre et la beauté de certains scènes est réellement époustouflante.
L'histoire m'a paru moins sombre que celle du Seigneur des Anneaux. Par contre, elle est tout aussi riche en découvertes, en aventures, en personnages, en paysages, en décors, en costumes, en langues...
La musique d'Howard Shore accompagne à merveille les images et participe à donner à ce film son atmosphère si particulière.
Je ne peux que grandement vous conseiller d'aller voir 'Le Hobbit: Un Voyage Inattendu'. Ce film, à mes yeux, n'a qu'un seul défaut, c'est qu'il faut maintenant attendre le deuxième opus patiemment, pour savoir ce qu'il va arriver à Bilbon et à ses compagnons! Vivement la suite!
Note: La 3D est certes très jolie mais, à mon avis, pas vraiment essentielle (sur un film d'une telle durée les lunettes ne sont pas très confortables). Par contre, si vous pouvez allez voir le film en version originale sous-titrée, n'hésitez pas.
J'ai été très contente de revoir Gandalf, interprété par Ian McKellen, toujours excellent en sorcier sympa mais qu'il ne faut pas trop énerver.
Il apporte son aide à la compagnie des nains, composées de 13 personnages différents que Peter Jackson prend le temps d'introduire. Tous les acteurs rendent tout à fait crédible leur rôle. J'ai trouvé Richard Armitage qui interprète Thorin Écu-de-Chêne très convaincant en leader héroïque.
Il y a beaucoup de protagonistes dans le film. Ce n'est qu'un indicateur de l'ampleur du travail accompli pour mettre en scène les mille et une épreuves que Bilbon, Gandalf et les 13 nains (Thorin, Nori, Fili, Dori, Bofur, Gloin, Dwalin, Balin, Oin, Bombur, Bifur, Ori, Kili) vont devoir traverser. A chaque fois, Peter Jackson réussit à surprendre et la beauté de certains scènes est réellement époustouflante.
L'histoire m'a paru moins sombre que celle du Seigneur des Anneaux. Par contre, elle est tout aussi riche en découvertes, en aventures, en personnages, en paysages, en décors, en costumes, en langues...
La musique d'Howard Shore accompagne à merveille les images et participe à donner à ce film son atmosphère si particulière.
Je ne peux que grandement vous conseiller d'aller voir 'Le Hobbit: Un Voyage Inattendu'. Ce film, à mes yeux, n'a qu'un seul défaut, c'est qu'il faut maintenant attendre le deuxième opus patiemment, pour savoir ce qu'il va arriver à Bilbon et à ses compagnons! Vivement la suite!
Note: La 3D est certes très jolie mais, à mon avis, pas vraiment essentielle (sur un film d'une telle durée les lunettes ne sont pas très confortables). Par contre, si vous pouvez allez voir le film en version originale sous-titrée, n'hésitez pas.
Les notes de productions (vous le savez, elles contiennent des spoilers. Je vous conseille de ne les lire qu'après avoir vu le film!)
UN
CONTE QUI A PRIS DE L'ENVERGURE
L’ADAPTATION
DU "HOBBIT"
“Dans un trou
vivait un Hobbit.
Ce n’était pas un trou déplaisant, sale et
humide, rempli de bouts de vers
et d’une
atmosphère suintante, non plus qu’un trou sec, nu, sablonneux,
sans rien pour s’asseoir ni sur quoi manger :
c’était un trou de Hobbit, ce qui implique le
confort.”
— ‘Le Hobbit’, de J.R.R. Tolkien
Le 21 septembre 1937, J.R.R. Tolkien
publiait un livre pour enfants intitulé "Le Hobbit, ou L’histoire d’un
aller-retour". Depuis lors le livre s’est vendu à plus de 100
millions d’exemplaires et a été traduit dans une cinquantaine de langues. Et
cela fait 75 ans que ce succès planétaire ne s'est jamais démenti. C’est sous le titre de "Le Hobbit"
que le livre s’est fait connaître à travers le monde.
L’histoire est née de
l’imagination de ce grand auteur, également poète, philologue et professeur
d'université, pour distraire ses enfants au moment de les coucher. Mais ce
texte est encore bien plus que cela : il reflète l’amour de l’auteur pour la
nature et les contes de fée, son expérience de la guerre et sa proximité avec
les êtres les humbles qui sont capables de surmonter les épreuves les plus
difficiles.
C’est l’histoire du Hobbit
Bilbon Sacquet, arraché à son trou de Hobbit bien douillet, qui plonge dans une
aventure extraordinaire mais périlleuse aux côtés du magicien Gandalf et d’une
bande de 13 Nains. Des générations entières de lecteurs ont dévoré ce livre et
vécu cette épopée comme un rite de passage littéraire. Le texte répond à un
besoin d’aventures, parle d’honneur et de loyauté, explique le désir de rentrer
chez soi, et montre la force tranquille de héros pour le moins inattendus. Il
ouvre aussi le monde aux civilisations riches et aux paysages magiques de la
Terre du Milieu – un univers dense et plus complexe qu’il n’y paraît, et que
Tolkien va passer toute sa vie à explorer et à étoffer dans son oeuvre –, ce
qui aura un profond impact culturel à travers le monde. Ce livre a donné lieu à de nombreuses
adaptations en tout genre, du théâtre à la BD ou encore aux jeux vidéo, mais
ces adaptations du "Hobbit" n’ont jamais véritablement été à la hauteurde son potentiel sur grand écran… jusqu’à
présent.
Dans le milieu du cinéma contemporain, s’il y a bien un réalisateur
qui a fait preuve d’une réelle passion et d’un profond désir de donner vie à ce
chef d’oeuvre – pour s’être déjà aventuré avec brio en Terre du Milieu
auparavant –, c’est Peter Jackson. Il y a plus de dix ans, ce dernier s’est effectivement
lancé dans sa propre quête : adapter le livre plus récent de Tolkien sous forme
de trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX – trois films qui se sont fait une place au
panthéon des références culturelles. Ils ont tous triomphé au box-office,
remportant l’adhésion des critiques et de nombreuses récompenses. Avec le
troisième et dernier opus, c’est d’ailleurs la consécration puisqu'il a obtenu
11 Oscars, dont celui du Meilleur film, du Meilleur réalisateur et du Meilleur
scénario.
Si Tolkien était passé de
l’écriture du "Hobbit" à celle de la trilogie du "Seigneur des
Anneaux", le voyage de Jackson l’a, lui, mené en sens inverse. Après son
expérience sur les films du SEIGNEUR DES ANNEAUX, il remonte maintenant dans le
temps pour nous raconter ce qui est en réalité la partie initiale de l’histoire
et se déroule 60 ans plus tôt, et il le fait dans une nouvelle trilogie qui
s’ouvre avec LE HOBBIT, UN VOYAGE INATTENDU. “Quand nous avons tourné LE SEIGNEUR DES
ANNEAUX, j’étais absolument convaincu que ce serait l’expérience d’une vie”, raconte
Jackson. "Ça a été une époque très particulière et incroyable, mais
quand ça a été terminé, aucun de nous ne pensait que nous replongerions dans la
Terre du Milieu. Cependant, l’expérience que nous avons partagée en faisant la
trilogie du HOBBIT a été tout aussi unique pour nous. Du coup, aujourd'hui,
cela fait deux fois que j’ai vécu l’expérience d’une vie", ajoute-t-il
en riant.
Jackson s’est impliqué dans le
développement du projet dès le début, mais c’est seulement lorsqu’il s’est
plongé dans l’élaboration du scénario avec ses collaboratrices de toujours,
Fran Walsh et Philippa Boyens, ainsi que Guillermo del Toro, qu’il a décidé de
réaliser les films lui-même. Il a été attiré par les thèmes fondamentaux
développés par le livre et par les conflits émotionnels qui ponctuent une trame
narrative dynamique. En visionnaire, il pressentait déjà des films à la mesure
de la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX, denses et ambitieux. “ 'Le Hobbit' suit un rythme effréné parce
que Tolkien a écrit cette histoire pour ses enfants et pour les enfants du
monde entier", explique Jackson. "C’est une histoire sensas
qui passe d’un événement à un autre sans jamais vraiment s’arrêter. C’est un
peu plus léger que ‘Le Seigneur des Anneaux’, les personnages y sont un petit
peu plus pittoresques, mais il y est néanmoins question d’avidité, de folie,
d’un innocent changé à jamais et de forces surnaturelles qui se liguent. Cela
nous mènera tout droit aux événements du ‘Seigneur des Anneaux’. C’est là que
tout a commencé".
Avec UN
VOYAGE INATTENDU, les auteurs du film espéraient faire de cette histoire, à la
fois émouvante et palpitante, un récit spectaculaire, où se mêlent magie et
grandeur, humour et noirceur. La productrice et scénariste Fran Walsh souligne
: “Nous avons toujours considéré ‘Le Hobbit’ comme un conte de fée
légèrement plus optimiste. Mais quand on arrive à la fin du roman, on découvre
que Tolkien a déjà mis en place les éléments qui vont entraîner le lecteur dans
l’aventure du ‘Seigneur des Anneaux’. C’est pour nous la parfaite transition
vers cette époque plus sombre. Le sens de l’honneur, les qualités qui font d'un
homme un chef incontestable et l’importance du pouvoir – thèmes fondamentaux
qui traversent ‘Le Seigneur des Anneaux’ – sont déjà en gestation dans ‘Le
Hobbit’".
Afin de restituer
cette transition lors de l’élaboration du scenario, Jackson, Fran Walsh et
Philippa Boyens ne se sont pas contentés d’adapter le roman tel qu’il a été
publié à l’origine. Peu de gens savent que l’auteur a continué à développer
l’histoire après sa parution, et a rédigé des notes approfondies et détaillées
sur l’époque à laquelle se déroule "Le Hobbit", ajoutant 125 pages
d’annexes à la fin du "Seigneur des Anneaux". "Avec ‘Le
Hobbit’, Tolkien dévoilait pour la première fois au monde l’incroyable
mythologie qu’il avait créée ainsi que l’univers de la Terre du Milieu", raconte
Philippa Boyens, déclarée la "plus grande fan de Tolkien au monde"
parmi l’équipe de scénaristes. "Dans le livre, il fait simplement
allusion à des conflits, des relations et des événements qui ne sont pas
explicités. Du coup, quand Tolkien a décidé d’écrire la suite, ça a donné ‘Le
Seigneur des Anneaux’. Il a pris le temps de revenir sur des événements qui
englobent ‘Le Hobbit’, parce qu’il a pris conscience que ce livre pour enfants
était porteur de récits dignes d’une légende plus vaste".
Grâce à ces incroyables archives, les auteurs
ont donc pu développer l’histoire et s’attacher davantage à des particularités
de cet univers dans leur film. Mais ils avaient en même temps pleinement
conscience d’être les gardiens d’une oeuvre qu’ils adorent tous sans exception,
et c’est pourquoi ils ont pris bien soin de respecter le ton du roman, tout en
y incorporant des éléments plus sombres. "Pour Tolkien, ’Le Hobbit’ est
pratiquement l’oeuvre de sa vie", confirme Jackson. "Et
beaucoup des idées qu’il développe pour étoffer son histoire – le régime
politique et la vie des habitants de l’époque – sont en annexes du dernier tome
du ‘Seigneur des Anneaux’. Il nous est apparu évident que l’histoire pouvait
s’étendre, tout en restant fidèle au ‘Hobbit’ tel que tout le monde la connaît
et l’adore. Alors, c’est ce que nous avons fait. Ses notes nous ont servi de
structure. Je trouve fascinant qu’une histoire somme toute bien gentille au
début finisse par se transformer en une épopée". Ils ont également voulu plonger le spectateur
dans la Terre du Milieu.
Ainsi, pour la première fois, Jackson a utilisé des
caméras numériques de dernière génération pour tourner en 3D, à 48 images par
seconde, et projeter le film sous divers formats, dont le tout nouveau HFR 3D
(High Frame Rate). "Nous voulons
que les films du ‘Hobbit’ soient une réelle expérience visuelle qui dépasse de
loin celle du ‘Seigneur des Anneaux’", explique le réalisateur. "Il
y a 10 ans, la 3D n’existait pas vraiment pour le cinéma grand public, comparé
à maintenant. Nous avons tourné le film en 48 images par secondes, ce qui en
fait le premier long métrage tourné grâce à la technologie HFR".
Jackson s’entoure à nouveau d’acteurs du
SEIGNEUR DES ANNEAUX : Ian McKellen (Gandalf le Gris), Cate Blanchett
(Galadriel), Hugo Weaving (Elrond) et Andy Serkis (Gollum). Au début et à la
fin du film, on retrouve Ian Holm (Bilbon âgé) et Elijah Wood, qui reprend le
rôle de Frodon Sacquet, et qui se souvient de la grande aventure qui l’a amené
à quitter Cul-de-Sac. À la tête de ce casting international, Martin Freeman
campe Bilbon Sacquet, le Hobbit au coeur de l’histoire, et Richard Armitage
interprète le guerrier nain Thorïn Écu de-Chêne. Tous ensembles, producteurs et artistes, se
sont lancés dans une nouvelle aventure – et une fois de plus ils ont tourné
trois films coup sur coup et créé une nouvelle trilogie, qui commence avec un
Hobbit vivant dans un trou dans le sol, et qui se retrouve sur le point de
s'embarquer dans un voyage incroyable, et pour le moins inattendu.
UNE BANDE INSOLITE : L’HISTOIRE ET SES PERSONNAGES
"Mon cher
Frodon, un jour tu m’as demandé si je t’avais tout raconté de mes aventures.
Si je peux affirmer en toute honnêteté que
je t’ai dit la vérité, je ne t’ai peut-être pas tout raconté".
— Bilbon Sacquet, LE HOBBIT, UN VOYAGE
INATTENDU
UN MAGICIEN, UN HOBBIT ET UN
ROI DES NAINS
Soixante ans avant que son
neveu Frodon n’entreprenne son propre grand voyage plein de dangers, Bilbon
Sacquet mène une vie paisible et confortable dans son petit nid douillet de
Cul-de-Sac dans le bourg de Hobbitebourg. Comme tout Hobbit qui se respecte, il
adore sa maison et ne sait quasiment rien de ce qui se passe en dehors de la
Comté, mais seulement ce qu’il glane au gré de ses lectures.
Pour incarner le Hobbit au centre de
l’aventure, la production n’avait qu’un seul acteur en tête : Martin Freeman,
remarqué pour son humour tranquille et l’humanité qu’il dégage aussi bien dans
ses rôles comiques que dramatiques. "Martin possède le don merveilleux
d’être à la fois vulnérable, dévoué et fort", souligne Philippa
Boyens. "Il sait être drôle avec une pointe de pathétique. Tout nous
indiquait que c’était lui Bilbon Sacquet. Nous étions convaincus que Martin
saurait vous embarquer dans sa formidable aventure".
En dehors de la joyeuse bande de Nains et de
magiciens du film, Bilbon est celui auquel le spectateur peut le plus
facilement s'identifier. Jackson admet : "Bilbon est comme quelqu’un
d’ordinaire et réagit comme nous le ferions si nous étions à sa place. Quand il
se retrouve face à un troll, il ne s’empare pas forcément de son épée pour se
battre – il commence par paniquer. Et c’est ce qui est génial chez Martin : il
ne fait pas semblant, il est toujours sincère et authentique. J’ai toujours
imaginé les Hobbits comme des créatures très british, avec leurs petites tasses
de thé, installés confortablement au coin du feu. Parmi les gens que j'ai
rencontrés, Martin est certainement celui qui s’en approche le plus", ajoute
le réalisateur en souriant.
Déterminé à
ce que Freeman incarne Bilbon, Jackson a réorganisé le plan de tournage afin
que l’acteur puisse s’absenter de Nouvelle-Zélande et terminer ainsi le
tournage de SHERLOCK, série télé dans laquelle il joue Watson. "J’ai
été vraiment étonné et agréablement surpris car je tenais à jouer Bilbon et une
telle occasion ne se représente pas", se souvient Freeman. "Ça
prouve qu’ils me voyaient parfaitement en Bilbon. Ils ont dû percevoir chez moi
que je saurais jouer le type inquiet mais non dénué d’humour".
Freeman décrit Bilbon comme quelqu’un “d’assez
indépendant. Il se montre même plutôt content de lui : je le vois comme un
érudit qui n’a jamais voyagé. Ce qui me frappe chez lui, c'est cette tendance à
la timidité dans bien des situations, il fait preuve d’une certaine hésitation
face à la vie, parce que son monde se résume à sa maison et à Hobbitebourg, et
parce que l’inconnu est un peu effrayant".
Mais la petite vie confortable de Bilbon est
bouleversée par l’arrivée du magicien Gandalf le Gris, qui a des projets
ambitieux pour ce Hobbit qui ne se doute de rien. Ian McKellen interprète une
fois de plus le magicien sage et intuitif, voire malicieux. Parmi son vaste
répertoire, l’acteur de théâtre et de cinéma tient peut-être là son rôle le plus
emblématique en incarnant Gandalf, sous toutes ses formes, dans la trilogie du
SEIGNEUR DES ANNEAUX. “Quand on voit
Ian McKellen sur le plateau avec son costume, son chapeau et sa barbe, on
reconnaît Gandalf", dit Jackson. "C’est en quelque sorte un mélange
entre un personnage de film et une icône culturelle". Au départ, le célèbre acteur n’avait pas très
envie de reprendre ce rôle, mais il a fini par accepter car il n’a pas pu
résister à l’envie de revêtir à nouveau les robes, le chapeau et la barbe de
Gandalf. "Redevenir ce personnage n’était peut-être pas aussi
enthousiasmant qu’un nouveau rôle, et cela représentait un gros investissement,
mais au final, je n’aurais pas supporté que quelqu’un d’autre l’incarne", reconnaît
McKellen. "Et depuis le temps,
j’ai entendu pas mal de fans me dire qu’ils seraient bouleversés, et déçus, que
je ne le joue pas. Du coup, on peut dire que je suis sincèrement heureux
d'avoir donné mon accord retrouvé cette belle famille".
Gandalf a décidé d'entourer de ses conseils et
d’accompagner Thorïn Écu-de-Chêne dans sa mission dans le Paysage Sauvage du
Mont Solitaire pour reprendre le Royaume perdu d’Erebor, empire des Nains tombé
aux mains de Smaug il y a longtemps. "On dirait que Gandalf aime bien
les Nains, ou qu’il les admire", reprend McKellen. "Et comme
il est vieux – il a au moins 6.000 ans –, il est capable de prendre du recul
par rapport aux événements présents. Il décide qu’il est désormais temps de
leur venir en aide". Soulignons
également que Gandalf voit en Bilbon la pièce maîtresse du puzzle – il sera
leur arme secrète quand ils gagneront Erebor, s'ils l'atteignent un jour. "Gandalf
conseille les Nains dans leur stratégie d’approche et les oriente dans leur
tactique. Il pense aussi qu’ils auront besoin d’un cambrioleur",
explique Jackson. "Il leur faut quelqu’un capable de s'introduire dans
Erebor au nez et à la barbe du dragon, et Gandalf aime bien l’idée de recourir
à un Hobbit, parce que les dragons ne peuvent pas détecter leur odeur. Il veut
que Bilbon soit ce voleur".
Bilbon
est surpris, lui qui n’a jamais volé quoi que ce soit de toute sa vie ! Mais
Gandalf avait rencontré Bilbon quand il n’était encore qu’un enfant, et il voit
en lui le Hobbit idéal pour accomplir cette mission. "Je crois que
Gandalf choisit Bilbon parce qu’il se souvient de sa fougue : c’était alors un
garçon toujours prêt pour l’aventure", note McKellen. "À sa
grande surprise, il découvre que le garçon pétillant est devenu pantouflard et
mène une vie plan-plan. Mais Gandalf est convaincu que Bilbon est au fond de
lui resté ce garçon téméraire".
Avant de comprendre ce qui se passe, Bilbon
est soudain envahi par des Nains dans son petit trou de Hobbit bien rangé,
jusqu’à ce que leur chef apparaisse à son tour – le légendaire guerrier Thorïn
Écu-de-Chêne, joué par Richard Armitage. Thorïn est le descendant direct de la
lignée des Durin, les rois Nains de la Terre du Milieu. Il est aussi le
prétendant au trône d’Erebor. Il a assisté à la destruction de son royaume par
Smaug lorsqu’il s’attaqua à eux, perdant à la fois son père Thraïn et son
grand-père Thror dans ce combat terrifiant. "Thorïn a hérité de son père son désir
de vengeance : il tient à reconquérir sa terre natale et ramener son peuple à
Erebor", raconte Armitage. "Et c’est une lourde responsabilité
qu’il porte seul sur ses épaules. Thraïn est mort en tentant la même chose une
centaine d’années auparavant. Alors Thorïn se dit que c’est l’occasion ou
jamais d’essayer à son tour. Il me fait penser à un feu en train de s’éteindre.
Il peut se rallumer et se transformer en véritable fournaise, mais s’il ne le
fait pas maintenant, il sera trop tard et la braise s’éteindra à tout
jamais". "C’est d’ailleurs
intéressant”, ajoute Armitage, "de noter que Thraïn veut dire
‘celui qui désire’ et que Thorïn veut dire ‘celui qui ose’. Thraïn est celui
qui va désirer reconquérir son royaume, mais échouer. Et c’est Thorïn qui va
oser l’accomplir". “Thorïn
est un personnage foncièrement noble, mais pas dénué de défauts", affirme
Fran Walsh. “Son histoire est à la fois tragique et poignante. Il se bat
pour son peuple, qui a été privé de terre et de statut pendant très longtemps.
Son histoire est liée à Erebor et il rêve de reconquérir sa terre natale".
D’une grande noblesse, beau et grand
pour un Nain, Thorïn est un chef courageux et digne de respect. Mais plutôt que
de réunir une armée à ses côtés, il n’a su s’entourer que d’une bande pour le
moins éclectique de 12 Nains. "Il a toujours peur de ne pas être un
chef à la hauteur, il sent constamment monter en lui ce sentiment de paranoïa,
et ça le mine", poursuit Armitage. "J’ai moi aussi ressenti ça
en tant qu’acteur vis-à-vis de ce rôle. J’éprouvais une terrible angoisse de ne
pas être à ma place. Mais ce que j’ai trouvé fascinant en travaillant avec
Peter, c’est qu’il avait déjà tout le film en tête quand nous avons commencé le
tournage, si bien que vous vous sentez entre de bonnes mains. Il connaît mon
personnage mieux que moi, et il a su m’orienter tout en douceur et ça m’a
redonné confiance".
L’enjeu de
la quête de Thorïn a rendu les producteurs particulièrement attentifs au choix
de l’acteur pour ce personnage-clé. "Thorïn est le chef d’une bande de
Nains, et il nous fallait donc quelqu’un qui dégageait naturellement une
certaine force et de l’autorité", précise Jackson. "Et on
retrouve parfaitement ces qualités dans le jeu de Richard. Dans la réalité,
c’est quelqu’un de foncièrement calme, mais quand il se met dans la peau de
Thorïn Écu-de-Chêne, il devient le véritable chef de cette bande". Et quelle bande ils font !
LA COMPAGNIE DES NAINS
UN VOYAGE INATTENDU tourne autour de 15
personnages principaux – Bilbon, Gandalf et la compagnie des Nains –, ce qui
relevait du défi pour les producteurs quand il s’est agi de mettre en place
l’histoire. Jackson explique : “Les Nains tiennent une place primordiale
dans l’histoire, aussi il était important que nous créions des personnages à
part entière, avec chacun un style différent, et que nous choisissions des acteurs
d’envergure. Cela donne un groupe incroyable d’acteurs de talent pour incarner
la Compagnie des Nains".
Les
Nains les plus proches de Thorïn sont les frères Balïn et Dwalïn, tous deux de
la lignée des Durin, ce qui en fait des parents de Thorïn. D’un naturel doux,
plein de tact et sage, Balïn, joué par Ken Stott, est l’un des plus fidèles
conseillers de Thorïn. Et s’il est loyal, raconte Scott, "Balïn hésite tout de même à participer à
l’aventure parce qu’il n’est pas certain que ce soit une idée bien noble
d’essayer de reconquérir Erebor. Il pense qu’ils devraient laisser tomber. Et
s’ils devaient s’en remettre à quelqu’un, Bilbon est sans doute le dernier à
qui faire confiance. Il suffit de le regarder pour se dire qu’on ne miserait
pas un dollar sur lui pour vous tirer d’affaire. Pourtant, lentement mais
sûrement, il gagne leur estime". Les frères ont tous deux connu une existence
marquée par la guerre, et si Balïn s'avère le plus réticent des deux à
poursuivre l'aventure, son frère Dwalïn, joué par Graham McTavish, est tout à
fait partant. En guerrier féroce – grand, musclé, tatoué et intrépide –, Dwalïn
est le plus fervent partisan de Thorïn : il offre un soutien inébranlable à son
autorité et se montre prêt à mourir pour lui. "Dwalïn se montre un
guerrier impitoyable, il est toujours prêt à en découdre", raconte
McTavish. “Il ne se fait pas d’illusions sur l’issue de cette quête. C’est
pratiquement une opération suicide, et il pense que personne n’en a réellement
pris conscience. Dwalïn n’est pas du genre à raconter des blagues et des
histoires autour du feu. Oh, que non. Ses haches sont à portée de main et ses
lames sont bien affûtées !"
À
l’exact opposé, on trouve les neveux de Thorïn, Fili et Kili, respectivement
joués par Dean O’Gorman et Aidan Turner. Ils sont trop jeunes pour avoir vécu à
l’époque des grandes batailles des Nains et ils ne savent pas vraiment dans
quoi ils se sont engagés. "Ce sont les exubérants du groupe", déclare
O’Gorman. “Fili considère cette quête comme un dû, un événement important de
son existence qu’il doit vivre. C’est l’aventure rêvée pour un garçon. Il
s’embarque avec un enthousiasme juvénile, mais plus on avance dans l’histoire,
plus il devient sombre". Fili
et Kili sont brusquement ramenés à la réalité quand ils atteignent Cul-de-Sac
et découvrent la Compagnie avec laquelle ils vont voyager. Turner raconte : "Ils
pensaient faire partie d’une équipe de choc, et tout à coup ils voient ces
mines patibulaires qui les observent à l’autre bout de la pièce. Il y en a un
avec une hache plantée dans la tête, de gros buveurs, des vieillards, un voleur
prêt à détrousser sa propre mère, et un Hobbit", énumère Turner en
riant. "Mais Fili et Kili trouvent ça drôle et ne se gênent pas pour se
payer la tête de Bilbon, même au milieu de tous ces marginaux !"
Contrairement à Fili et Kili issus de la
lignée de Durin, les frères Bofur et Bombur et leur cousin Bifur –
respectivement James Nesbitt, Stephen Hunter et William Kircher – descendent
d’une lignée de mineurs et de forgerons. Bofur ne partage pas l’inquiétude de Balïn, ni
ne possède le tempérament pugnace de Dwalïn, ou l'empressement de Fili et Kili.
"La principale motivation de Bofur est beaucoup plus simple que chez le
reste des Nains", déclare Nesbitt. "Je ne crois pas qu’il soit
particulièrement intéressé par la noble reconquête de leur royaume perdu. Je
pense que lui et les siens ont seulement envie de s’amuser et de se bagarrer un
peu. C’est un Nain incorrigiblement optimiste. Il aime profiter de la vie. Je
le vois comme un mélange du bon, de la brute et de l’honnête".
Bifur
se démarque du reste de la Compagnie parce qu’il possède les restes rouillés
d’une hache d’Orque enfoncée dans le front. Hirsute et le regard fou, Bifur est
un combattant redoutable et imprévisible qui communique par des gestes, des
grognements et s’exclame à l’occasion et sans qu’on s’y attende en Khuzdul, une
langue ancienne et secrète seulement comprise des Nains. Kircher précise : "À
cause de sa blessure à la tête, il ne parle qu’en ancien dialecte nain. Et
malheureusement, personne ne comprend ce qu’il dit, pas même ses comparses.
Seul Gandalf comprend Bifur parce qu’il connaît ce dialecte".
Bombur adore la
nourriture, si bien qu'il n’est pas surprenant d’apprendre que sa passion et
son obsession dans la vie se résument à cuisiner et manger. "Bombur est
le Nain à la plus grande taille, même s’il n’est pas aussi imposant que Thorïn
ou Dwalïn", admet Hunter. "Ne tournons pas autour du pot :
c’est un gros Nain. Lui, Bofur et Bifur sont plutôt frustres. Ce sont des
bagarreurs et ils savent bien se défendre".
Oïn (John Callen) et son frère Gloïn (Peter
Hambleton) sont les plus vieux membres parmi les voyageurs. Ce sont de
courageux Nains du nord et des cousins éloignés de Thorïn Écu-de-Chêne, qu’ils
rejoignent dans un élan de loyauté envers les leurs. Oïn, l’aîné, est
guérisseur et un peu prophète : c’est en fait sa perspicacité qui provoque le
périple. "Oïn a reconnu les signes avant-coureurs : quand les oiseaux
s’envolent, et que les corbeaux retournent vers Erebor, cela marque peut-être
la fin du règne de la terreur, la fin de Smaug", explique Callen.
Gloïn est l’intendant de leur entreprise et
tient des comptes précis de leurs dépenses. C’est aussi un bon père de famille.
Sa femme est une beauté admirée de tous et arbore une barbe du plus bel effet ;
son fils – encore un enfant à cette époque – est Gimli, qui, 60 ans plus tard,
rejoindra la Communauté de l’Anneau. "Les fans verront la
ressemblance", signale Hambleton. "La hache de Gloïn a vraisemblablement
un lien avec l’histoire de Gimli, car elle se transmet de père en fils. Et
comme son fils plus tard, Gloïn se sent totalement concerné par cette quête et
son issue". Les trois frères
Dori, Nori et Ori, respectivement joués par Mark Hadlow, Jed Brophy et Adam
Brown, sont des parents éloignés de Thorïn Écu-de-Chêne du côté de leur mère,
mais ils sont tous de pères et de tempéraments différents.
Dori est l’aîné de la fratrie. Il est assez
protecteur, surtout vis-à-vis de son plus jeune frère, Ori, qu’il veut
soustraire à l’influence de Nori, si bien qu'il est forcément un peu
autoritaire. Hadlow explique : "Dori passe son temps à essayer de
veiller sur ses frères. Il se sent responsable de leur famille. Ces Nains sont
tous de clans différents, et c’est pour ça qu’au début ils se méfient les uns
des autres. Mais un lien particulièrement fort s’instaure entre eux au cours du
film". Nori est, lui, très
différent de ses frères. Il a quitté le giron quand il était encore jeune : vif
d’esprit et malin, il a vécu d’expédients pendant des années avant de rentrer
au bercail. Il y a des chances qu’il
veuille s’emparer du moindre objet utile ou qu’il trouve un peu joli. "Personne
ne sait jamais ce qu’il mijote : il a toujours une attitude louche, et il est un
peu chapardeur", observe Brophy. "Il est certes adorable, mais
vous n’auriez sûrement pas envie de le voir épouser votre fille Naine".
Ori est tout le contraire de son frère.
D’un naturel doux, innocent et attachant, il écrit et dessine dans son journal
pour tenir la chronique de leur voyage. "Je trouve qu’Ori ne fait pas
un Nain crédible", remarque Brown, qui effectue ici ses débuts au
cinéma. "Il est le jeune naïf et le benjamin du groupe. Or, il veut non
seulement se prouver à lui-même sa valeur, ainsi qu’à ses frères qui veulent
tout le temps le materner, mais aussi à Thorïn. Il veut entrer dans la
légende". Au cours de ce long
périple avec les Nains, Bilbon comprend peu à peu leur besoin viscéral de
retourner sur leur terre natale d’Erebor. "Tout au long de cette
aventure, Bilbon garde à l’esprit ses souvenirs de Cul-de-Sac, son chez-lui où
il a sa place", souligne Philippa Boyens. "Il a hâte de
rentrer là-bas et ces souvenirs sont pour lui une grande source de réconfort et
d’inspiration. Et ce lien avec son propre foyer lui fait peu à peu comprendre
ce qu'on a enlevé à ces Nains – le sentiment d’appartenance. Et plus que tout,
c’est ce qui l’aide à saisir qui sont les Nains".
S’ils arborent des accents et des styles
vestimentaires tous différents, les Nains n’en forment pas moins un groupe
unique. "Vous pouvez comparer les Nains à une bande de sidérurgistes et
de mineurs qui travaillent très dur, qui ont de la noblesse et une très grande
éthique professionnelle. Pourtant ils aiment s’installer au pub et descendre
quelques pintes de bière comme tout le monde", précise Jackson. "Ils
ont aussi le sens de l’humour et sont de fiers combattants. Ils sont plutôt
bruyants et sont aussi doués pour s’amuser que pour combattre les Orques".
Quand les Nains envahissent la
maison de Bilbon, vident son garde-manger pour faire un festin et terminent le
repas par une gigantesque bataille de nourriture, Bilbon commence à saisir ce
que Gandalf et Thorïn attendent de lui : qu’il les accompagne pour un long et
périlleux voyage, aboutissant à un combat avec un terrible dragon. "Bilbon
n’est pas un guerrier", rappelle Freeman. "Il ne sait pas
manier l’épée et n’est jamais monté à cheval, ce qui est évident quand on voit
la façon dont il tient les rênes. Pourtant, Gandalf veut qu’il quitte
Hobbitebourg et suive cette bande de fieffés coquins, idée qu’il trouve un peu
folle. Bilbon a ses petites habitudes et ça lui convient, et ils lui demandent
de se mettre volontairement en danger, au risque d’être blessé et de ne pas en
réchapper. Alors la question se pose, ‘Pourquoi y aller ?’ C’est bien simple :
il les suit parce qu’il sait qu’une occasion comme celle-ci ne se représentera
pas".
Gandalf leur dévoile
alors une clef et une carte ancienne qui pourrait bien indiquer un accès secret
à la Montagne Solitaire, sous laquelle se situe le royaume souterrain d’Erebor.
Mais la Compagnie a besoin d’un expert
supplémentaire pour pouvoir mener à bien cette mission. Car la carte est
cryptée. Or, Gandalf connaît justement la seule personne capable de la
déchiffrer.
LE CONSEIL BLANC : QUAND LES
TÉNÈBRES DESCENDENT SUR VERTBOIS-LE-GRAND
Après avoir quitté la Comté à dos de poneys,
la Compagnie monte le camp dans la forêt du Bosquet des Trolls, quand ils sont
capturés et à deux doigts d’être rôtis vivants par trois trolls balourds et
affamés – William, Bert et Tom –, que l’on avait laissés changés en statues
dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. "C’est la première fois du voyage (et de
sa vie) que Bilbon est confronté au danger, terrifiant et bien réel, et il est
mis à l’épreuve", raconte Jackson. "Cela nous renseigne assez
bien sur le rôle de Bilbon tout au long de sa relation aux Nains". Peu de temps après, ils rencontrent un vieux
collègue de Gandalf, le magicien Radagast le Brun, dont le rôle est tenu par
Sylvester McCoy, comédien de théâtre connu pour son interprétation de Docteur
Who. Un peu étourdi, facilement distrait
et plutôt excentrique, Radagast est l’un des cinq mages, ou magiciens de la
Terre du Milieu, parmi lesquels on trouve Gandalf le Gris et Saroumane le
Blanc. Mais contrairement aux autres, Radagast s’est depuis longtemps retiré du
monde pour vivre tranquillement à l’orée sud-ouest de Vertbois-le-Grand dans sa
maison délabrée de Rhosgobel. Radagast a pour amis les animaux sauvages et les
oiseaux de la forêt, et il se déplace dans un traîneau tiré par des lapins
géants. McCoy trouve son personnage représentatif des préoccupations de Tolkien
pour l’avenir et la préservation de la Terre. "À bien des égards,
Radagast me rappelle beaucoup Saint François d’Assise", s’avance à
dire McCoy. Philippa Boyens reprend : “Radagast
ne se soucie pas vraiment des problèmes des habitants de la Terre du Milieu,
des elfes, des Nains ou des Hobbits. Il se sent bien plus concerné par la
protection des animaux, des arbres et de la nature. Mais c’est grâce à ça qu’il
est le premier à découvrir qu’un mal commence à envahir Vertbois-le-Grand de
l’intérieur, lui donnant ainsi le nouveau nom de Forêt Noire. Il en vient à
penser qu’après des années de paix et de prospérité en Terre du Milieu, un
ancien fléau maléfique a ressurgi dans le monde”. “La Terre du Milieu commence à gronder et à
s’effondrer un peu", précise McKellen. “Les choses semblent
changer, mais pas dans le bon sens. Des forces obscures sont à l’oeuvre, et
Gandalf cherche à savoir lesquelles. Ce qui le pousse à venir voir Radagast, qui est le
premier à remarquer ces signes. Mais il faut toute l’intelligence et le recul
de Gandalf pour comprendre ce qui se passe".
Grâce à la confiance que lui témoigne
Radagast, Gandalf obtient un indice lui permettant de percer un mystère qui
impliquerait l’ancienne forteresse abandonnée de Dol Guldur. "C’est une
partie de l’histoire à laquelle fait allusion Tolkien mais qu’il n’a pas été
écrite à l’époque", souligne Fran Walsh. "Nous avons toujours
voulu aborder l’histoire de Gandalf à Dol Guldur, et je sais que beaucoup de
fans ont hâte de découvrir cette partie du récit".
Il est probable qu’un sorcier de l’ombre – le
Nécromancier – se trouve à Dol Guldur, ce qui confère à la quête de Gandalf un
caractère encore plus urgent. Autre rebondissement inquiétant : la présence
d’une colonie d’Orques monstrueux et difformes qui poursuivent la Compagnie à
dos d'Ouargues meurtriers semblables à des loups. Après être tombée dans un
guet-apens et avoir repoussé ces créatures puissantes et féroces, la Compagnie
réussit à atteindre le petit village elfe de Fondcombe, une majestueuse oasis
nichée au plus profond de la vallée d’une rivière, mais ils n’y sont pas
exactement les bienvenus.
C’est
réciproque. "Cette animosité remonte à bien longtemps, au temps
d’Erebor", explique Armitage. "Les elfes convoitaient le
royaume des Nains. Aussi, quand le dragon les attaqua, les elfes ne firent rien
pour les aider. Ils laissèrent les Nains périr, ce que Thorïn ne leur
pardonnera jamais". Les Nains
finissent par être accueillis sur ordre d’Elrond, à nouveau joué par Hugo
Weaving, qui incarne le Seigneur Elrond dans la trilogie du SEIGNEUR DES
ANNEAUX. Mais ce dernier doute de la sagesse de la quête entreprise par Thorïn
et du rôle qu’y tient Gandalf. "Je crois qu’Elrond et Gandalf ont
énormément de respect l’un pour l’autre", affirme Weaving. "Mais
Elrond désapprouve Gandalf qui protège Thorïn et les Nains. Elrond redoute de
les voir atteindre la Montagne Solitaire et réveiller Smaug : cela ne présage
rien de bon et ne fera que remuer les choses. Sans compter ce que Gandalf a
aussi prévu de son côté, et qui pose encore un autre problème".
En effet, Gandalf a une autre raison de venir
à Fondcombe : il veut faire part de ses doutes sur Dol Guldur au Conseil Blanc
– dont il fait partie, tout comme Saroumane, les Hauts Elfes Elrond et
Galadriel, qu'incarne à nouveau Cate Blanchett. "Dans les notes de
Tolkien, le Conseil Blanc est présenté comme un prolongement de la Terre du
Milieu", précise Jackson. “Ils sont les réels gardiens de cet
univers, à l'affût du moindre danger. Vous pouvez imaginer que ça a été pour
nous une vraie mine d’information parce que ça nous permettait de mettre en
scène des personnages déjà connus et de raconter en détails le récit fabuleux
de cette présence mystérieuse à Dol Guldur”.
Le Conseil Blanc, raconte
Weaving, "oeuvre surtout pour la paix dans le monde et est soucieux du
fait que des forces obscures les entourent et peuvent à tout moment réveiller
des démons et menacer leur quiétude". Pour Weaving, retrouver ce rôle signifiait
aussi pouvoir retravailler avec de vieux amis. "Ça a été très agréable
de revenir sur ce projet et de retrouver des acteurs et des membres de
l’ancienne équipe : ça faisait des années qu’on ne s’était pas vus". "Énormément de gens qui ont pris part
à la première aventure sont aussi de celle-ci", ajoute Cate Blanchett,
qui incarne à nouveau la belle et sage Dame Blanche de Lorien. "Je ne
m’attendais pas à ce qu’il y ait une suite à l’aventure de la trilogie du
SEIGNEUR DES ANNEAUX, dans laquelle je n’apparais que peu. Du coup, quand j’ai
entendu dire que Peter, Fran et Philippa allaient s’attaquer aux films du
HOBBIT, je me suis mise à les harceler. Je ne savais même pas si Galadriel y
apparaîtrait, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’y croire. Et puis j’ai su que
son personnage y figurait bien, et j’ai été aux anges".
Galadriel est un membre éminent du Conseil
Blanc et une alliée essentielle de Gandalf. Cate Blanchett la voit "comme
une minuscule pièce du puzzle. Si j’ose dire, notre intervention dans le récit
– le fait que Gandalf et Galadriel ont un mauvais pressentiment – va avoir une
résonnance particulière et annoncer les événements à venir. Le Conseil Blanc ne
l’admet tout simplement pas. Et ce qui est noble et héroïque chez Gandalf et
Galadriel, c’est qu’ils sont tous deux prêts à affronter l’avenir. Cela fait de
Gandalf un héros par excellence – il symbolise le courage, envers et contre
tous, de s’enfoncer dans les ténèbres où personne ne veut s'aventurer".
Cate Blanchett et McKellen se sont tous les
deux réjouis à l’idée de travailler une nouvelle fois ensemble et de redonner
vie au lien extraordinaire qui unit leurs personnages. "Il y a entre
eux une complicité émotionnelle très intense qui, à mon avis, tient autant au
jeu des acteurs qu’à la qualité du script", dit McKellen en souriant. "Cela
repose sur la confiance mutuelle qu’ils se portent et à leur admiration l’un
pour l’autre. En fait, je ne crois pas que parler d’amour soit trop fort,
sincèrement. Ils partagent une intimité sensationnelle". “C’est facile d’aimer Ian. Quant aux
personnages, eh bien… peut-être dans une autre vie”, plaisante Cate
Blanchett.
Enfin, Saroumane le Blanc,
chef du Conseil Blanc, est le plus puissant et le plus vénéré des Mages : il
est joué par Christopher Lee, acteur légendaire qui reprend lui aussi son rôle
de la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX. "Le récit se déroule 60 ans
avant l’époque du SEIGNEUR DES ANNEAUX et je joue donc Saroumane le Blanc tel
qu'il était à l'origine, autrement dit le noble et honnête maître des
magiciens, celui qui n’est pas encore devenu dangereux en passant du côté
obscur de la force", précise Lee.
En fan inconditionnel de Tolkien – il a
d’ailleurs rencontré l’auteur une fois dans un pub d’Oxford, au Royaume-Uni –,
Lee était heureux de retrouver l’univers de la Terre du Milieu de Peter Jackson. "C’est comme une machine à
remonter le temps", dit-il, ravi. "C’est extraordinaire. Mais
au lieu d’aller dans le futur, nous retournons dans le passé". Tout comme Elrond, Saroumane voit d’un mauvais
oeil la quête des Nains et la considère comme une menace à la paix qui règne
depuis tant d’années. Il reste sourd aux avertissements de Gandalf et ne veut
pas y voir les signes de forces obscures à l’oeuvre. "Saroumane pense
que Gandalf devrait faire plus attention", raconte Lee. "Il ne
pardonne pas aux Nains leur satanée quête. S’ils étaient venus trouver
Saroumane, il les en aurait dissuadés et leur aurait évité bien des
déconvenues". Mais contre toute
attente, Gandalf choisit d’aider les Nains, malgré les terribles désastres qui
se profilent à l’horizon. Et cela rejoint l’un des thèmes sous-jacents de
l’histoire, comme le note Philippa Boyens : "Galadriel pose une
question à Gandalf, et sa réponse reflète quelque chose qui, nous le pensons,
tenait à coeur à Tolkien et que nous sentions être vraiment l'essence de notre
film : il s’agit de la bonté des gens au quotidien, et du fait que la
simplicité d’une bonne action, d'un simple geste désintéressé, est bien plus
fort et éloquent que l’acte le plus héroïque".
DES GOBELINS, GOLLUM ET UN SIMPLE ANNEAU D’OR
Abandonnant Gandalf, Thorïn file en douce de
Fondcombe en entraînant avec lui Bilbon et sa Compagnie. Leur destination
finale est à l'est, mais ils doivent d’abord traverser les Monts Brumeux
réputés pour être traîtres. Cette décision difficile les oblige à traverser une
tempête violente qui les surprend dans un gouffre dont les parois prennent
littéralement vie et se transforment en imposants Géants de Pierre.
Les dangers
qui les guettent sont tout aussi grands sous la montagne, où ils tombent dans
le guet-apens que leur tendent la horde de Gobelins. Au fin fond des grottes des Gobelins, Thorïn
et ses compagnons doivent faire face à des créatures malhonnêtes et balafrées,
de vrais pillards et tueurs dirigés par l’énorme Roi Gobelin, incarné par Barry
Humphries, surtout connu pour son alter ego comique, Dame Edna. "Je joue
le Roi Gobelin, qui est l’un des personnages les plus désagréables que j’aie
jamais joués", admet Humphries. "Il est complètement barré et
violent, il manque totalement d’empathie et par-dessus tout il est hideux. Il
règne sur une horde de Gobelins qui lui obéissent parce qu’ils ont peur de lui
et de sa cruauté. Mais les Nains sont ses ennemis jurés. Et il adore tester de
nouvelles recettes à base de chair de Nains".
Dans la confusion, Bilbon se retrouve séparé
du reste du groupe et dégringole encore plus profondément dans la montagne
jusqu’à un lac souterrain où il se retrouve alors face à une créature d’un tout autre genre. Il vient de pénétrer
dans le sanctuaire d'une créature étrange et décharnée, qui semble se nourrir
de poissons et de Gobelins… Elle s’appelle Gollum et il possède et vénère un
anneau aux pouvoirs magiques. “Ça
nous a beaucoup amusés d’écrire à nouveau pour Gollum, un de nos personnages
préférés", raconte Philippa Boyens. “Ce n’est pas tout à fait le
même Gollum que celui que nous avions rencontré dans la trilogie du SEIGNEUR
DES ANNEAUX. Il est plus jeune, il a quelques dents en plus et il se montre un
peu plus courageux dans ce film. Comme cela fait déjà longtemps – environ 540
ans – qu’il vit ici, dans l’obscurité, en s’en prenant à des Gobelins assez
infortunés pour être tombés entre ses griffes, il a fini par oublier qu’il
était vulnérable. Son tort est de penser que l’anneau, son ′talisman′, le rend
invulnérable. Il ne réalise pas ce qui lui arriverait s’il venait à le perdre".
Pendant qu’il inspecte la grotte de
Gollum, Bilbon découvre l’anneau et le glisse dans sa poche. Il ne mesure pas
l’importance qu’il revêt pour Gollum – et pour l'avenir de la Terre du Milieu. Une nouvelle fois, Andy Serkis se glisse dans
la peau de Gollum. Après son interprétation initiale de Gollum dans LE SEIGNEUR
DES ANNEAUX, de King Kong et du César de LA PLANÈTE DES SINGES : LES ORIGINES,
Serkis est passé maître dans l’art de la "motion-capture". Son
interprétation de cette créature obsessionnelle et schizophrène, qui était
autrefois un Hobbit, a fait entrer le personnage dans l’inconscient collectif
par sa singularité et son caractère unique. Étant donné que dix ans se sont écoulés entre
la dernière trilogie et ce nouveau tournage, l’acteur a dû se réapproprier le
personnage de Gollum. "La première fois que je l’ai incarné il y a une
dizaine d’années, je m’étais fait au personnage avec beaucoup de naturel",
explique Serkis. "Je n’avais donc pas peur de ne plus faire corps
avec lui. En revanche, ce qui m’a semblé étrange pendant un instant, c’est que
j’avais le sentiment de faire un simple travail d’imitation. Puis, nous avons
tourné la scène-clé entre Gollum et Bilbon et j’ai senti que j’avais retrouvé
mes marques. Je ressentais parfaitement toute la tragédie de la situation de
Gollum, l’ampleur de la perte de l’unique chose à laquelle il tenait, comme si
nous ne faisions qu’un".
Gollum
s’apprête à dévorer Bilbon, mais le Hobbit tente désespérément d'avoir la vie
sauve et de recouvrer la liberté grâce à une série d’énigmes. "Gollum
engage la conversation avec cet être dont il se méfie mais qu’il croit
dominer", explique Serkis. "Une partie de lui apprécie le jeu,
mais les énigmes finissent par se retourner contre lui. Et cette rencontre
fondamentale mènera Gollum à passer le reste de sa vie à poursuivre ce à quoi
il tient par-dessus tout".
Cette
séquence décisive se déroule assez tard dans le film, mais a été la première à
être tournée, ce qui s'est avéré une formidable entrée en matière pour Freeman.
“C’était très bien écrit et très drôle
à jouer, d'autant plus que je donnais la réplique à Andy", raconte-t-il.
"C’est un excellent acteur qui campe un Gollum magnifique. Le simple
fait de l’entendre prendre cette voix est incroyable – vous y êtes habitués,
mais à ce moment-là, il devient vivant sous vos yeux. Peter a tourné notre
scène en un seul plan, si bien que d'une certaine façon, nous avions
l’impression de jouer une pièce de théâtre qui durait 9 minutes. Et cette
semaine que nous avons passée à tourner cette petite séquence m’a réellement
aidé à me glisser dans le rôle".
La rencontre avec Gollum fait une très forte
impression sur le Hobbit. Même s’il sait qu’il n’a pas l’étoffe d’un grand
héros, "pendant le voyage, il fait preuve d’un courage que personne ne
soupçonnait vraiment chez lui. Il ne s’en doutait pas lui-même", signale
Freeman en réfléchissant. "On n’a aucun moyen de savoir comment on
réagirait dans pareille situation, mais il découvre qu’il est capable de
loyauté, de compassion et d’ingéniosité, et il ne s’en serait jamais douté.
C’est un peu comme si cela lui conférait un pouvoir à présent. Et il détient
l’anneau, qui recèle lui-même de nombreux pouvoirs".
RETOUR
EN TERRE DU MILIEU : STYLE VISUEL, DÉCORS ET PHOTO DU FILM
Les studios de
tournage de Peter Jackson, Stone Street Studios, situés à Miramar (en
Nouvelle-Zélande), sont presque trois fois plus vastes qu'ils ne l'étaient à
l'époque du SEIGNEUR DES ANNEAUX, où ils avaient investi une ancienne usine de
peinture désaffectée. Pour les besoins d'UN VOYAGE INATTENDU, l'équipe a occupé
la quasi intégralité des 32 000 m2, soit six
plateaux, dont deux équipés de technologies de pointe, spécialement pour la
nouvelle trilogie. Pour réaliser trois
films à la suite, la production a dû, une fois encore, déployer une véritable
stratégie logistique mobilisant des centaines de techniciens, et nécessitant la
construction d'une centaine de décors, et la fabrication de milliers de
costumes, de prothèses, de perruques, d'accessoires et d'armes.
Chemin faisant,
les comédiens auront tourné non seulement sur les plateaux de Miramar, mais
aussi dans les somptueux paysages de la Nouvelle-Zélande. Jackson s'est entouré de ses fidèles
collaborateurs, comme le chef-opérateur Andrew Lesnie, le chef-décorateur Dan
Hennah, le compositeur Howard Shore, le chef maquilleur et coiffeur Peter
Swords King, Richard Taylor (Weta Workshop) et Joe Letteri (Weta Digital) – qui
ont tous remporté des Oscars pour la précédente trilogie – sans oublier les
chefs-costumiers Ann Maskrey et Bob Buck. "Dix ans après LE SEIGNEUR
DES ANNEAUX, on se retrouvait sur le plateau avec plusieurs techniciens formidables qui avaient déjà travaillé avec
nous", affirme Jackson. "Il régnait donc, dès le premier jour
de tournage, une atmosphère familiale". Le cinéaste a aussi fait appel à un vieil ami,
Andy Serkis, qui, outre son interprétation de Gollum, a occupé le poste de
réalisateur 2ème équipe. "Peter sait depuis
très longtemps que je veux passer à la réalisation", dit-il. "Il
m'a expliqué que ce serait là une formidable opportunité pour moi, et cela
s'est révélé être l'expérience la plus inoubliable de ma vie".
Jackson tenait à conserver une unité visuelle
par rapport à la précédente trilogie, à une différence près : "Dix ans
après LE SEIGNEUR DES ANNEAUX, notre transposition de la Terre du Milieu est
devenue une référence", dit-il. "Mais pour UN VOYAGE
INATTENDU, il fallait qu'on ait le sentiment que l'histoire se passe à une
époque plus heureuse. Les ténèbres vont bientôt s'abattre sur cet univers, mais
ce n'est pas encore le cas, si bien qu'on voulait baigner le film d'une
atmosphère plus douce, et proche du conte, et que l'image et les décors s'en
fassent l'écho".
C'est le
département artistique qui a jeté les fondations de cet univers. Avec une
équipe d'environ 350 personnes, Dan Hennah s'est vu confier la mission
d'imaginer une Terre du Milieu vraisemblable et aux multiples facettes en dur,
dans laquelle puissent s'intégrer les personnages et les décors conçus par Weta
Digital.
Ce sont d'abord les
illustrateurs John Howe et Alan Lee, réputés pour leur expertise de l'oeuvre de
Tolkien, qui ont réalisé des milliers de dessins, après avoir fait de même pour
LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Leurs illustrations sont nées de leurs discussions avec
Jackson et Hennah, de leur lecture du scénario et de leur propre passion pour
le livre. "Quand on travaille
sur un film, il faut prêter attention à une foule détails, bien plus nombreux
que ceux qu'on peut glaner en lisant le scénario ou le livre", explique
Lee. "Tolkien utilise la langue pour créer l'histoire et les
différentes civilisations de la Terre du Milieu. Il dépeint une atmosphère,
sans expliciter précisément où se trouve le soleil et où se lève la lune".
Leurs dessins traduisent également
les émotions du livre. Howe ajoute : "Peter souhaite que le spectateur
ait le sentiment, en voyant le film, que c'est son propre imaginaire qu'il
projette sur l'écran. Du coup, il nous parle d'un décor sans nous donner aucun
détail ou presque, mais il nous éclaire sur les émotions des personnages. On ne
sait pas forcément à quoi ça ressemble, mais on comprend le genre de sentiment
que c'est censé provoquer chez vous".
À partir des illustrations, Hennah s'est
attelé à concevoir des décors répondant aux critères de réalisme et de détails
imposés par Jackson. "Pour y parvenir, j'ai vérifié, pour telle ou
telle scène, dans quelle partie du décor les personnages allaient évoluer, et
c'est ce qui m'a permis de savoir avec précision ce qu'il fallait
construire", note Hennah. Les
maquettistes ont bâti des maquettes réduites de chaque décor, ce qui a permis
au réalisateur de réfléchir au déroulement de l'intrigue et d'éliminer des
problèmes éventuels. Puis, Hennah et le directeur artistique Simon Bright ont
supervisé la construction en dur, ce qui a représenté un travail de 24 heures
sur 24 tout au long du tournage : les équipes faisaient les trois huit pour
construire l'ensemble des décors jusque dans leurs moindres détails. "Nous avons mis au point plusieurs
techniques que nous n'avions pas il y a dix ans", souligne Hennah. "Par
exemple, tous les accessoires naturels ont été moulés à partir d'éléments
vivants ou réels. On s'est ainsi rendu dans la montagne et on a appliqué un
gros morceau de silicone sur un rocher pour en avoir l'empreinte. Nous avions
cinq ou six parois rocheuses, de 5 à 6 mètres de haut chacune, qui pouvaient
être utilisées dans toutes sortes de combinaisons. Nous avons également disposé
d'arbres sur roues. On avait presque l'impression d'être dans un décor de
théâtre".
Ce dispositif s'est
avéré particulièrement efficace pour les décors de la forêt du Bosquet des
Trolls, Gobelinville et la grotte de Gollum. Les techniciens du département
artistique étaient à même de transformer ou d'agrandir un décor du jour au
lendemain, offrant à Jackson une totale liberté pour tourner comme il le
souhaitait. Entre les Elfes, les
Hobbits, les Nains, les Magiciens et les Gobelins, il fallait que chaque
univers se distingue des autres et que les décorateurs soient capables de leur
donner une identité visuelle grâce aux accessoires et aux décors. "Ces
mondes-là ont chacun leur histoire, et nous avons donc dû faire pas mal de
recherches pour établir ensuite des règles à observer", souligne
Hennah.
Les fans du SEIGNEUR DES ANNEAUX
reconnaîtront certains univers : par exemple, le décor de la maison de Bilbon,
à Cul-de-Sac, a été retrouvé, restauré et considérablement amélioré pour les
besoins d'UN VOYAGE INATTENDU. Jackson tenait à ce qu'on ait l'impression qu'il
s'agit du même emplacement occupé par Bilbon âgé et par Frodon dans la trilogie
précédente.
Selon les mots du directeur de la photo Andrew Lesnie, "il
s'agit de l'endroit le plus idyllique qui soit au monde : c'est un lieu
chaleureux, accueillant, simple, mais d'une beauté à couper le souffle". Le chef-opérateur était ravi de retrouver la
Terre du Milieu en compagnie de Peter Jackson, et de pouvoir tourner avec des
caméras numériques Red Epic ultrasophistiquées. Compactes et mobiles, ces
caméras s'adaptent facilement à la Dolly, à la grue et au tournage à l'épaule,
tout en enregistrant bien plus de données que des caméras 35 mm puisqu'elles
fonctionnent à 48 images par seconde. "C'est une expérience technique
inédite, qui résulte des progrès inouïs obtenus dans le domaine du numérique
depuis dix ans", dit-il. L'une des premières scènes faisant office de
"test" grandeur nature concerne le dîner à Cul-de-Sac, où Bilbo est
soudain envahi par 13 nains tapageurs et Gandalf.
Alors que, dans la précédente trilogie tournée
en 2D, Jackson avait pu utiliser un procédé de "perspective forcée"
afin de faire croire que Gandalf était beaucoup plus grand que ses amis Hobbit
ou Nains, la 3D rendait ce dispositif caduque.
Comme pour LE SEIGNEUR DES
ANNEAUX, la production s'est largement servie de doublures pour chaque
personnage dont la taille variait de moins d'1m20 à plus de 2 m. Mais pour le
festin de Cul-de-Sac, Jackson a mis au point un procédé de tournage à la pointe
de la technologie : le "Slave Motion Control". Il s'agissait de construire deux décors où se
déroulerait l'action : le premier dimensionné pour les acteurs principaux, et
le second créé sur fond vert pour les personnages plus petits ou plus grands
apparaissant dans la même scène. Les comédiens pouvaient ainsi jouer la
séquence dans les deux décors simultanément – sachant qu'on leur indiquait par
signes où porter leur regard et à qui s'adresser dans des écouteurs –, tandis
que les caméras filmaient chaque décor de manière parfaitement synchronisée.
Du
coup, Peter Jackson était à même d'orchestrer ces deux décors, réunis ensuite à
la palette numérique. "Sur le
décor principal, la caméra était fixée sur une grue traditionnelle", explique
le superviseur du Slave Motion Control Alex Funke. "Cependant, le
moindre de ses mouvements était encodé – un pano, un travelling, un gros plan
etc. – puis converti en données numériques, dimensionné à la bonne échelle, et
transmis par un câble à la caméra pilotée par motion control qui pouvait ainsi
filmer le décor sur fond vert à la bonne échelle, elle aussi. Ensuite, ce
dispositif reproduisait fidèlement les mouvements de la caméra principale à une
distance et une vitesse spécialement calculées en fonction de ses propres
spécificités". Au final, on
aperçoit des Nains qui courent dans tous les sens en allant chercher des
provisions dans la réserve, et en les apportant dans la salle à manger.
Parmi
eux, Gandalf semble très grand. Jackson
voulait aussi pouvoir suivre les personnages d'une pièce à l'autre. Du coup, il
a agrandi le décor de Cul-de-Sac, ajoutant une salle à manger, une chambre et
une vaste réserve – autant d'éléments de décors construits en deux échelles. "Avec
les choix de mise en scène de Peter, on ne peut pas considérer qu'il y ait un
arrière-plan", indique le décorateur de plateau Ra Vincent. "Par
conséquent, il ne fallait négliger aucun détail dans le décor de Cul-de-Sac, et
penser à faire des reproductions d'accessoires dont le spectateur se souvient
peut-être de la trilogie précédente".
Étant donné que la Terre du Milieu est une
société qui n'a pas connu la Révolution industrielle, il était essentiel que le
moindre objet semble unique et fabriqué à la main. La production s'est donc
entourée d'une armada d'artisans, comprenant un potier, un forgeron, un
souffleur de verre, des ébénistes, un chef cuisinier, un sellier, un fabricant
de bateaux et des vanniers. Ont également
été utilisés un atelier de menuiserie et une fonderie en parfait état de marche
pour la coulée en barbotine d'éléments en aluminium et en bronze.
Pour les extérieurs champêtres de
Hobbitebourg, Jackson et son équipe ont de nouveau investi l'Alexander Farm
dans la région de Matamata, sur l'île nord de la Nouvelle-Zélande. Il y a dix
ans, une partie de cette ferme d'élevage de moutons et de vaches avait été
transformée en Hobbitebourg : des visites guidées y sont encore proposées
aujourd'hui pour découvrir le décor du SEIGNEUR DES ANNEAUX. Le département
fonds verts s'y est rendu en amont du tournage pour que les jardins des Hobbits
soient luxuriants, et les trous de Hobbits existants ont été rénovés.
Pour UN VOYAGE INATTENDU, un nouveau décor a
été créé : la forêt de Rhosgobel, où habite le magicien Radagast. Il faut
signaler qu'un arbre pousse au milieu de sa maison qui repose dangereusement
sur des sols accidentés et des murs de guingois. Ce qui n'a pas manqué de poser
des difficultés majeures aux équipes de décorateurs.
Autre décor inédit : la grotte de Gollum –
cadre inoubliable pour les admirateurs du livre – que Lesnie a éclairée en
privilégiant des lumières tamisées. "Ce décor incarne le calme au
milieu de la tempête", souligne-t-il. "Sa tranquillité ne fait
que renforcer l'atmosphère étrange et inquiétante qui règne dans cette grotte.
Il s'en dégage un sentiment de solitude et de désespoir…"
Dans une caverne de pierre, située bien
en-dessous des tunnels des Gobelins, Gollum traverse un lac aux eaux troubles à
bord d'un petit bateau – ou coracle – construit à partir des os et de la peau
de Gobelins et d'Orques. "On y trouve beaucoup de crevasses, si bien
qu'il se nourrit des quelques poissons qu'il peut attraper et des Gobelins qui
tombent dans ces crevasses", note Hennah. "C'est assez
macabre". Les Gobelins vivent
eux-mêmes sous la terre, dans un univers de pourriture et de déchets accumulés.
"Pour notre palette de couleurs, nous avons utilisé des teintes
grisâtres et ocre", relève Hennah. "Et la pourriture se
manifeste dans les petits trous qu'on aperçoit dans les rochers. Plus on
descend dans les profondeurs, plus il devient évident que la roche a été rongée
par l'acidité dégagée par les Gobelins. Et à la surface, les Gobelins ont
construit des passages et des plateformes escarpés".
Pour le département artistique, la décoration
de Gobelinville est devenue un défi à part entière. "Les Gobelins
tirent un peu le diable par la queue", souligne le chef accessoiriste
Nick Weir. "Ils ne pensent qu'à servir leurs intérêts un peu pervers et
sans doute répugnants. C'était un vrai plaisir".
Contrepoint esthétique à Gobelinville, la
petite ville de Fondcombe, où vivent les Elfes, est un lieu étrange et
onirique, en communion avec la forêt et la rivière voisines. Là encore, Hennah
a restauré et agrandi le décor d'origine du SEIGNEUR DES ANNEAUX, qui a ensuite
été mis en valeur grâce aux effets visuels. Pour le personnage de Seigneur Elrond, Alan
Lee a envisagé d'en révéler davantage sur Fondcombe, en ajoutant l'observatoire
où Elrond passe la carte de Thorïn au crible, une charmante cour et la Salle du
Conseil Blanc. "La Salle du Conseil Blanc est un lieu magique, perché
sur un rocher offrant des points de vue spectaculaires sur la région, grâce à
Weta Digital".
Hennah a cherché
à conserver une cohérence visuelle avec les teintes argentées et bleues de
Fondcombe dans la précédente trilogie, à une différence près : "Dans LE
SEIGNEUR DES ANNEAUX, les Elfes étaient une civilisation en voie d'extinction,
ce qui se voyait dans leur univers", souligne-t-il. "Mais dans
ce film, on découvre les Elfes à une époque antérieure, si bien qu'on a
accentué le bleu et qu'on a insufflé beaucoup plus de vitalité à cet
environnement". Pour Fondcombe,
comme pour l'ensemble des lieux de tournage, il a fallu intensifier les
couleurs des décors. En effet, ces caméras enregistrent beaucoup plus
d'informations à chaque plan, mais "absorbent de la couleur", comme
le note Hennah. "Du coup, on a dû prendre cela en compte pour la gamme
chromatique, d'autant plus qu'on souhaitait faire de la Terre du Milieu un
espace plus radieux et plus heureux. Pendant l'étalonnage, on pouvait atténuer
la couleur, mais c'est plus difficile d'en ajouter. Par conséquent, on a
envisagé les décors de la même façon que les costumes et le maquillage".
En dépit des progrès technologiques accomplis
en dix ans, Lesnie souhaitait rendre hommage au style visuel du SEIGNEUR DES
ANNEAUX, sans refuser pour autant les possibilités offertes par les techniques
les plus récentes. "Comme le tournage à 48 images par seconde offre une
résolution d'une précision inégalée, j'ai privilégié un éclairage plus doux
pour créer un environnement plus 'cinématographique'. Pendant l'étalonnage,
nous nous sommes vraiment efforcés de donner plus de rondeur et de cachet à
l'image". 3Ality a fourni les
miroirs nécessaires pour le tournage en 3D, mais ces derniers et les caméras
n'étaient pas encore totalement au point au tout début du tournage. Il
s'agissait d'améliorer considérablement l'ensemble du système de prise de vue
car les caméras stockaient des données en vue de la phase de postproduction.
L'équipe a conçu de nouveaux périphériques pour mettre en place des outils de
communication sans fil reliant les différents dispositifs et le système
central. "On voulait tourner des
images en 3D à un rythme de 2D, et c'est la pratique quotidienne qui s'avère
des plus précieuses", explique Lesnie. "Mais je pense que les
technologies n'ont pas cessé de s'améliorer tout au long du tournage. Notre
expert en matière de technologie, Dion Hartley, et le superviseur du matériel
de tournage, Gareth Daley, n'ont pas hésité à relever tous les défis".
Des dispositifs d'éclairage spécifiques ont
été mis au point afin de permettre à Jackson de bénéficier de la plus grande
latitude pour se rapprocher de la lumière naturelle en studio. S'il est
impossible d'atténuer les lampes de cinéma, l'équipe de Lesnie a imaginé un
programme permettant d'éteindre
certaines ampoules de manière aléatoire, ce qui donnait le sentiment que la
luminosité baissait en intensité. Cette technique s'est révélée être
particulièrement utile pour les séquences qui démarraient à la tombée du jour
et qui se poursuivaient pendant le crépuscule, et notamment à Foncombe. "Ce royaume mystique dépasse presque
la réalité", indique Lesnie. "J'ai obtenu cette atmosphère
féerique en gardant constamment une lumière de petit matin ou de tombée du jour.
La nuit, Fondcombe conserve un éclat magique".
COSTUMES, COIFFURES ET PROTHÈSES :
LA CRÉATION DES CIVILISATIONS ET DES PERSONNAGES
Un partenaire
crucial a contribué à imaginer l'univers d'UN VOYAGE INATTENDU : Weta Workshop,
tout premier studio d'effets réels de Nouvelle-Zélande sous la houlette du
directeur artistique et cofondateur Richard Taylor. Il s'est d'abord agi de concevoir les
caractéristiques physiques et les tenues vestimentaires des Nains. Le
réalisateur note : "En dehors du fait que, bien évidemment, les Nains
sont interprétés par différents acteurs qui leur apportent leur personnalité,
les gens de Weta Workshop ainsi que les créateurs de costumes et les
maquilleurs se sont attachés à créer treize silhouettes mémorables, avec leurs
particularités chacune, afin que les spectateurs puissent les reconnaître
aussitôt, même de loin".
Chaque
jour sur le plateau, Weta Workshop devait mettre au point de nouveaux effets
maquillage prosthétiques pour les Nains, même si, par chance, les accessoires
pour les mains et les bras étaient plus pérennes. "À l'exception de
Bombur, qui portait une prothèse sur l'ensemble du visage, les autres se
contentaient d'éléments prosthétiques sur le front et le nez qui se fondaient
avec leur peau", déclare Taylor. Les comédiens portaient des capuchons de
mousse derrière leur tête, et des oreilles décollées pour donner plus de
largeur à leur visage. Tout cela était camouflé sous des perruques
confectionnées à la main qui ajoutaient encore du volume. "Pour chaque
Nain, nous avons fabriqué sept perruques – deux pour le héros, deux pour les
doublures taille, une pour la doublure à cheval, une pour la doublure cascade
et une pour la doublure cascade masque –, ce qui revenait à 91 perruques au
total pour les Nains", signale Peter Swords King, chef coiffeur et
maquilleur. "La plupart étaient en poils de yak, même si Thorïn avait
une perruque en cheveux humains pour marquer son statut royal, et si celles de
Fili et de Kili étaient un mélange". Grâce aux progrès effectués en matière
d'effets spéciaux maquillage et à la possibilité de peindre les prothèses en
amont du tournage, les séances d'application ont pu être ramenées à environ
1h30. "Comme les prothèses en forme de T recouvraient les sourcils des comédiens,
nous avons inséré à la main les sourcils dans chaque prothèse faciale", explique
la superviseuse effets prosthétiques Tami Lane. "De même, nous avons
inséré à la main des poils sur les mains et les bras imposants des Nains, car
tout devait avoir l'air parfaitement réaliste à l'écran".
Chaque prothèse était rembourrée par du
flocage, qui donnait l'illusion du sang sous la peau, et comportait également
des taches de rousseur, des rides, des taches, des veines et des cicatrices
pour ajouter au réalisme. La question
des proportions était essentielle. Si la hauteur du corps des comédiens, qui
répondent aux critères normaux de taille humaine, est de huit têtes environ,
celle des Nains est autour de cinq têtes seulement. Du coup, pour rendre les
interprètes plus petits et trapus, il a fallu innover en matière de costumes et
mettre au point des costumes grossissants en mousse, qui ont permis de redonner
les bonnes proportions au corps des Nains. Mais comme ces tenues étaient
imposantes et chaudes, surtout lorsque les comédiens enfilaient leur costume
par-dessus, ils portaient des maillots rafraîchissants, comme ceux qu'utilisent
les pilotes de Formule 1 : en cas de besoin, ils pouvaient même actionner
manuellement un dispositif qui injectait de l'eau froide à travers le maillot
pour les maintenir au frais.
Sous
l'égide d'Ann Maskrey, l'équipe des costumiers a utilisé les couleurs et les
matières pour illustrer le statut des Nains. "Pour les plus
aristocrates d'entre eux – Thorïn, Fili, Kili, Balïn et Dwalïn –, nous nous
sommes servis de matières riches, comme le velours, le brocart et des cuirs
rembourrés", explique Ann Maskrey. "Ils portent également des
couleurs nobles, comme le bleu nuit, le bordeaux et le vert émeraude. Pour les
Nains qui appartiennent à la classe ouvrière, nous avons privilégié des teintes
marron et grises, et des tissus moins haut de gamme, comme la toile de jute.
Peter Jackson souhaitait qu'Ori ait l'air plus doux et innocent, et il porte
donc des tenues violet clair tricotées à la main : un gilet, une sorte de
cagoule-écharpe, et des gants".
Leur panoplie était complétée par d'énormes
bottes en cuir, particulièrement sophistiquées, dont chacune était munie, à
l'intérieur, de bottines légères afin que le pied des acteurs ne flotte pas. "Certains
des comédiens ont vraiment eu le sentiment d'entrer dans la peau d'un Nain dès
le moment où ils ont enfilé ces bottes et fait quelques pas".
La conception des costumes de Bilbon était
plus classique : il porte des tenues chatoyantes et atemporelles, évocatrices
d'une époque rurale idyllique aujourd'hui révolue. "Ses vêtements sont
plus gais et plus colorés, et
leur coupe est sans doute un peu plus sophistiquée que dans la trilogie
précédente", précise la chef-costumière. Fidèle à son statut, Bilbon est un Hobbit
soigné : il porte des vestes en velours, des gilets et des pantalons mi-longs.
Inspirée par les modèles et les couleurs du styliste du XIXème siècle William
Morris, la garde-robe de Bilbon est dans les tons or, sable, bordeaux et vert,
dans la droite ligne des tenues portées par Ian Holm qui incarnait autrefois le
personnage. Pour achever de transformer
Freeman en Bilbon, celui-ci a dû porter des pieds de Hobbit. Weta Workshop a
donc confectionné des chaussettes en silicone réutilisables, montant au-dessus
du genou, à partir de chaussures de sport avec orteils séparés. Puis, ces
chaussettes étaient pourvues d'orteils en uréthane pour permettre à l'acteur de
bouger ses "doigts de pieds de Hobbit".
Les personnages de Gandalf, Saroumane, Elrond
et Galadriel n'ont presque pas changé par rapport à la trilogie précédente.
Notons cependant que Gandalf, outre son chapeau défraîchi et ses robes grises,
porte désormais une écharpe argentée.
Quant à Elrond et Galadriel, ils sont
pourvus d'oreilles en gélatine et de magnifiques costumes finement tissés. La confection des tenues de la Dame Blanche de
Lorien a été un vrai bonheur pour le département Costumes. "Il y avait
un tissu brillant qui allait à merveille à Cate", s'enthousiasme Ann
Maskrey. "Nous l'avons utilisé pour faire une robe pourvue d'une longue
traîne pour la scène du Conseil Blanc. Peter a même demandé au département
artistique de fabriquer quelques marches pour la mettre en valeur. Au départ,
elle ressemble à une statue et puis, tout à coup, elle s'illumine et semble
prendre vie. C'était magnifique".
Radagast le Brun incarne l'antithèse même de
l'élégance : ses robes ont sans doute été resplendissantes autrefois, mais
désormais son luxueux manteau de chenille est râpé et en haillons, son
magnifique gilet brodé à la main est en piteux état, ses chaussures sont mal
assorties et son chapeau est défraîchi. "Peter estimait que Radagast
devait être de guingois et voulait aussi que son chapeau ne ressemble en rien à
celui de Gandalf", remarque Ann Maskrey. "Bien au contraire,
il fallait que le chapeau évoque des oreilles. C'était – et reste encore
aujourd'hui – l'un de mes accessoires préférés".
Peter Swords King ajoute : "Il a des
fientes qui lui couvrent le visage et des nids d'oiseaux dans les cheveux : les
oiseaux viennent se nicher sous son chapeau ou s'en échappent. Il ne s'est pas
coiffé depuis des années. Ses cheveux sont tellement emmêlés qu'ils ont même
pris la forme du chapeau. Il porte une grosse prothèse nasale et il a les dents
crochues, et on devine qu'il sent très mauvais, et pourtant, il a un côté
empoté et attachant qui, à mon avis, lui vaudra la sympathie du public".
AU-DELÀ DE L'IMAGINAIRE : LES APPORTS DE
WETA DIGITAL
La création des univers
et des civilisations de la Terre du Milieu n'aurait pas été rendue possible
sans l'imagination, le talent et l'innovation de Joe Letteri et de son équipe
de Weta Digital de 850 personnes. La
pléthore de créatures numériques peuplant le film – qu'il s'agisse des Trolls,
des Géants de pierre, des Gobelins et du Gollum – ont toutes été mises au point
par Weta Digital.
Tout au long de leur élaboration, Peter Jackson a formulé des
remarques pour les améliorer, surtout après les avoir vues s'animer. "Il est indispensable que le
spectateur s'attache à ces personnages et qu'il croie à ce qu'il voit à
l'écran, aussi délirant que ce soit", raconte Letteri. "Ce
sont souvent les tout petits détails, ou les choses plus évidentes, qui font
qu'on n'y croit plus, si bien qu'on a prêté une attention toute particulière au
moindre détail". La peau, par
exemple, devait avoir l'air parfaitement réel. "Il fallait absolument
qu'on obtienne la bonne texture, et que la manière dont la lumière fait briller
la peau ou ressortir la transparence soit d'une grande justesse", dit-il.
"Trop de perfection aurait été artificiel. Le naturel des cheveux, leur
texture et leur mouvement étaient, eux aussi, essentiels".
Mais l'élément le plus important des
personnages, comme en atteste la présence surnaturelle de Gollum, reste les
yeux. "C'est grâce à eux que le spectateur s'attache à une créature ou
pas", affirme Letteri. Il
fallait aussi que les mouvements soient naturels. "Il s'agissait de
construire une personnalité qui passe par le physique des créatures", souligne
le superviseur des effets visuels. "Cela tient souvent à des choses
auxquelles on ne ferait pas forcément attention consciemment, mais si elles
n'étaient pas là, on se rendrait compte qu'il manque quelque chose". Azog, cruelle et puissante Orque Pâle jouée par
Manu Bennett, est un personnage entièrement créé par ordinateur. Sans doute le
spécimen le plus terrifiant de son espèce, Azog a d'abord été conçu par Motion
Capture (MoCap), tout comme les trois Trolls – William, Bert et Tom – doublés
respectivement, au moment du MoCap, par Peter Hambleton, Mark Hadlow, et
William Kircher qui interprètent également des Nains.
La Motion Capture a aussi servi à créer le
grotesque Grand Gobelin, joué par Barry Humphries, et l'ensemble des hordes de
Gobelins. À l'inverse, deux des Orques – Yazneg (Jeff Rawls) et Fimbul (Stephen
Ure) – ont été interprétés par des comédiens portant des prothèses en silicone
peint et mousse de latex conçus par Weta Workshop, puis améliorés à la palette
numérique par Weta Digital. Les événements
qui se déroulent à Gobelinville ont constitué le plus grand défi à relever pour
Letteri et son équipe. "Les Gobelins se déplacent dans tous les sens,
et il ne faut pas perdre de vue que ce sont chacun des personnages
singuliers", signale Letteri. "Par ailleurs, le décor comporte
plusieurs niveaux, si bien que les personnages gesticulent et s'activent en
permanence. Ce qui était intéressant, c'est que la perspective dans les grottes
était en changement perpétuel car il n'y a, pour ainsi dire, pas de 'sol', et
du coup, cela donne lieu à des plans très dynamiques. Dans des scènes comme
celle-là, la frontière entre la prise de vue réelle et les effets visuels est
très mince".
L'un des tout
premiers – et des plus complexes – personnages numériques reste Gollum, déjà
campé par Andy Serkis dans LE SEIGNEUR DES ANNEAUX. Le personnage était le
fruit de la collaboration entre Serkis et Weta Digital, qui s'était concrétisée
par la technologie révolutionnaire, à l'époque, de la Motion Capture. Il y a dix ans, Serkis devait jouer séparément
sur un plateau, puis sa prestation, numérisée, était ensuite incrustée dans la
séquence en prises de vue réelles au moment de la postproduction. Pour UN
VOYAGE INATTENDU, l'équipe de Weta Digital a pu se permettre de filmer Serkis
sur le plateau principal, en temps réel, où il donnait réellement la réplique à
Martin Freeman. Du coup, grâce aux
progrès accomplis par Weta Digital en matière de MoCap, Serkis et Freeman ont
pu jouer face à face la longue séquence du "jeu des énigmes" du début
à la fin. Le dispositif a permis à Peter Jackson de cadrer la scène comme il
l'entendait et de diriger ses deux acteurs, même si, par la suite, un
personnage numérique allait se substituer à l'un des deux. Comme toujours avec la Motion Capture, les
animateurs ont transféré les données enregistrées sur le plateau dans un
ordinateur pour créer le personnage numérique, en l'occurrence Gollum. Ils en
ont alors profité pour donner vie aux mouvements de Gollum, proches d'une
araignée, et à sa capacité surhumaine à escalader des surfaces verticales.
L'équipe de Weta a également créé des animaux
géants, comme les meutes des terrifiants Ouargues, semblables à des loups, et
les énormes Lapins qui tirent le traîneau de Radagast. Pour optimiser les effets visuels du film, une
équipe supervisée par Eric Saindon était en permanence sur le plateau afin de
recueillir des données en vue d'ajouter des éléments au décor ou d'imaginer les
magnifiques points de vue sur la Terre du Milieu. Du coup, il leur fallait constamment
contrôler et enregistrer les informations de repérage – matérialisées par de
petits points orange placés un peu partout sur le plateau – afin d'établir des
mesures précises pour les ajouts numériques, et tout particulièrement pour ceux
concernant le décor. Saindon a travaillé
en étroite collaboration avec le directeur de la photo Andrew Lesnie afin de
garantir une cohérence visuelle sans faille entre les prises de vue réelles et
les plans numériques. Il fallait qu'on
ait le sentiment que chaque élément appartienne au même univers imaginé par le
département artistique. "On recueillait toutes les informations
géométriques pour chaque scène – détails, couleurs, image, lumière – afin de
pouvoir recréer le décor avec précision et le retravailler, qu'il s'agisse d'y
ajouter un détail numérique, un bâtiment ou un arrière-plan", précise
Saindon.
Les deux hommes ont aussi
utilisé la photo pour parfaire l'univers de la Terre du Milieu. En décors
naturels, Jackson appréciait particulièrement la couleur du ciel à Hartfield,
si bien que des plans du ciel à 360° ont été effectués, puis utilisés tout au
long du film. De même, des plans de montagnes et de paysages spectaculaires ont
été tournés, afin de servir d'arrière-plans par la suite. Entre la collaboration de Peter Jackson avec
son équipe Effets visuels présente sur le plateau, et les animateurs qui, en
postproduction, ont utilisé ce matériau pour concevoir les images du film, tout
devenait possible…
DU MARTEAU D'ARMES
AU DARD : LES ARMES DE LA TERRE DU MILIEU
L'objectif, en matière d'armes, consistait à
mettre au point des objets contribuant à caractériser les personnages qui les
portent. Weta Workshop était chargé de la conception, du développement et de la
production de nombreuses armes : environ 800 d'entre elles ont été
confectionnées pour les Nains (à la fois pour les acteurs et leurs doublures). Weta Workshop a entrepris d'importantes
recherches pour faire en sorte que l'arsenal soit aussi authentique que
possible, mais comme le film se déroule en Terre du Milieu, il était possible
de styliser les armes de manière exceptionnelle. "Si les haches conçues
pour les Nains étaient en fer ou en acier, elles n'auraient jamais pu être
maniées par un humain", note Taylor. "Mais les Nains étant
d'une grande force physique, ils pouvaient facilement porter et manier ces
énormes armes".
Les comédiens
ont été encouragés à contribuer à la conception des armes afin que leurs
propres capacités physiques, et le tempérament de leurs personnages, soient
pris en compte. Chaque Nain possède une ou deux armes qui leur son propres
parmi leur arsenal impressionnant. "Les armes des Nains ont des lignes
très dures, très géométriques, et leur fonction a donc été décisive dans leur
conception", ajoute Taylor. "Nous avons donc créé des versions
de ces armes avec des matériaux légers, comme l'aluminium et l'uréthane".
Graham McTavish, qui campe le guerrier Dwalïn
tout en muscles, s'est révélé être habile des deux mains et des deux bras. D'où
la création de deux énormes haches qu'il a surnommées "Grasper" et "Keeper" et qu'il a gardées
attachées dans le dos afin de pouvoir les attraper facilement par-dessus
l'épaule en cas de besoin. Il arbore également un redoutable marteau d'armes.
Les armes des jeunes Nains Fili et Kili
traduisent leurs talents respectifs : celui du lancer de couteau s'agissant de
Fili et du tir à l'arc pour Kili. Dean O'Gorman, qui incarne Fili, s'y est
exercé, tandis que Fili, après un solide entraînement, a fini par porter ses
couteaux fixés à ses bottes au niveau de la cheville.
Certaines difficultés d'ordre pratique ont dû
être résolues pendant la préparation. Les grandes mains poilues qui donnent aux
Nains leurs bonnes proportions à l'écran ont fini par poser problème s'agissant
du maniement des armes. Mais l'équipe Cascades et l'équipe Prothèses ont trouvé
une solution : adapter les prothèses de main avec des doigts palmés en tissu
permettant une meilleure préhension des armes. Autre difficulté : l'utilisation des armes en
3D.
Étant donné que certaines cascades ne pouvaient pas fonctionner, des fonds
verts ont été utilisés pour les armes, destinés à être remplacés par la suite
par Weta Digital. Dans l'arsenal des
Nains, on trouve aussi la masse d'armes magnifiquement ouvragée de Balïn, la
lance à sanglier de Bifur, une arme à mi-chemin entre la hache et la pioche
pour Bofur, le dard de combat d'Oïn, les "bolos" (machettes d'origine
philippine) de Dori, le lance-pierres d'Ori, les couteaux à écharner de Nori,
et les deux haches de Gloïn, qu'on reconnaîtra facilement car elles seront
transmises par la suite à son fils Gimli, comme on a pu le voir dans LE
SEIGNEUR DES ANNEAUX.
On distinguera
d'autres armes déjà aperçues dans la trilogie précédente, comme celles
récupérées par Bilbon, Gandalf et la Compagnie des Nains dans la grotte des
Trolls. Le maître fabricant d'épées Peter Lyons a recréé les glaives des Elfes,
appelés Glamdring ou Marteaux à Ennemis, que Gandalf acquiert, ainsi que le
Dard, toute première épée qu'ait jamais maniée Bilbon. Lyons et Weta Workshop
ont été particulièrement fiers de mettre au point l'Orcrist, ou Fendoir à
Gobelins, nouvelle épée récupérée par Thorïn dans la grotte des Trolls. Arme
élégante, l'Orcrist est munie d'une dent de dragon sur le manche et d'une lame
tarabiscotée.
Thorïn Écu de-Chêne
possède une arme sans doute moins impressionnante, mais tout aussi légendaire :
l'imposant bouclier de chêne auquel il doit son nom. Taylor explique que le
chef maquettiste Paul Van Ommen a avancé plusieurs idées en l'espace de sept
semaines qui ont abouti à l'instrument qu'on voit dans le film : "C'est
assez simple de se le représenter dans le livre, mais quand il s'agit de le
fabriquer concrètement, on se demande à quoi ressemble le fameux Écu
de-Chêne", déclare Taylor. "C'était un morceau de bois, qui a été arraché à un
arbre, censé protéger Thorïn des attaques de ses ennemis. C'est la mythologie
du personnage. Et comme cela lui a sauvé la vie, il le porte sur le flanc
depuis des années, tout en en prenant soin pour que le bois ne se fende pas. Il
fallait donc qu'il ait l'air stylisé, sans perdre de vue qu'il s'agit avant
tout d'un morceau de bois".
Les
armes et les armures des Elfes, comme en témoignent Elrond et ses soldats, sont
beaucoup plus élégantes. Comme toujours chez les Elfes, ces instruments
s'inspirent de l'Art Nouveau, en évoquant un univers végétal et en intégrant
des courbes sophistiquées et des inscriptions complexes. À l'inverse, les
Orques arborent des armes destinées à poignarder et trancher la gorge de leurs
ennemis : mortelles et frustes, elles sont fabriquées à la main en ossements
sculptés et affûtés.
LE CAMP
D'ENTRAÎNEMENT DES NAINS : COMBATS ET CASCADES
Plusieurs mois avant le tournage, Martin
Freeman, les interprètes des Nains et l'ensemble de leurs doublures se sont
retrouvés dans le "camp d'entraînement des Nains" pour s'exercer au
maniement des armes, au combat et à l'équitation. La production a également
pris en considération le type d'équipement que les comédiens allaient devoir
porter sur le tournage, à l'image des prothèses imposantes, des costumes
grossissants, des tenues encombrantes et des armes. Étant donné que les comédiens avaient tous des
aptitudes physiques différentes, le chef cascadeur Glenn Boswell et son équipe
ont mis au point des exercices d'ordre général, et d'autres plus spécifiques.
Le maître d'armes Steven McMichael les a également entraînés au maniement de
leurs armes afin de permettre aux cascadeurs d'orchestrer les scènes de combat.
Le travail de l'entraîneur physique
Terry Notary s'est avéré déterminant pour que les comédiens s'approprient leurs
personnages. Car chaque peuple de la Terre du Milieu se déplace et livre
bataille à sa manière. "Chacun a ses propres réflexes que l'on retrouve
dans tous leurs gestes", explique Notary. "Pour mettre au
point les 'empreintes' des personnages, qui définissent leur rythme et leur
personnalité, je me suis inspiré du scénario, des graphiques et de mes
discussions avec le réalisateur".
Sur les conseils de Jackson, Boswell, Notary
et les comédiens ont mis au point des techniques de combat propres à chaque
personnage. Si certains Nains sont déjà des combattants aguerris au début de
l'histoire, qu'en est-il du pacifique Bilbon ? "Martin, tout comme
Bilbon, n'était pas habitué aux armes et au combat, si bien que nous nous
sommes servis de son lent apprentissage, surtout au début où il n'a pas vraiment besoin de savoir manier
l'épée", affirme Boswell. "Mais comme il a rapidement
progressé, il a fallu ensuite se souvenir qu'il était censé être plus ou moins
habile en fonction du moment de l'histoire". Les grands pieds de Bilbon déterminent sa
démarche. "Les Hobbits tirent leur force de leurs genoux",
souligne Notary. "Ils sont costauds dans les bras et les jambes, ce
sont de bons marcheurs et ils se déplacent avec énergie".
Les Nains se déplacent par quatre, ont du cran
et n'aiment rien tant que le plancher des vaches. "Ils me font penser à
de petits chars Sherman qui avancent coûte que coûte", reprend Notary.
"Malgré leur taille, ils ne se voient pas du tout comme petits".
Les Elfes, racés et élancés, sont aux
antipodes. "Pour eux, c'est la réflexion qui prédomine", ajoute
Notary. "Ils ne se déplacent pas avec lourdeur, mais avec une grâce et
une délicatesse infinies. Ce sont des êtres profondément spirituels, en
communion avec la nature, si bien que contrairement aux Nains, ils ne laissent
derrière eux aucune trace de leur passage". "Les Gobelins sont de petites boules
de nervosité", indique-t-il encore. "Vivant en bandes, ils se
fient à leur intellect et sont constamment sur leurs gardes. Ils courent
furtivement dans tous les sens, se retournent et tressautent dès qu'ils sentent
le danger, et vivent dans un état permanent d'angoisse, de tension et de
rivalité. Si leurs cousins légèrement plus sophistiqués, les Orques, sont des
tyrans, eux avancent le torse bombé et sont obsédés par leur égo et leurs
muscles et ont un vrai esprit de rivalité". Tout au long de cet entraînement, les
comédiens ont non seulement développé leurs aptitudes physiques, mais ils ont
créé des liens très forts. "Nous avons eu beaucoup de chance car les
rapports entre les comédiens, les doublures et les cascadeurs étaient
excellents", souligne Boswell. "Tout le monde s'est donné à
fond".
Pendant le tournage,
leurs aptitudes sont justement mises à l'épreuve lorsqu'ils sont pourchassés
par les Orques et les Ouargues, attaqués par des hordes de Gobelins, frappés et
balancés dans tous les sens par les Géants de Pierre et quasiment rôtis vifs
par trois Trolls géants.
Pendant toutes
ces acrobaties, la sécurité est restée un souci constant et a exigé une
préparation minutieuse, notamment pour la séquence de la Forêt du Bosquet des
Trolls où Bilbon et les Nains sont pris en embuscade par trois Trolls pas très
futés… Pour que les Trolls éternuent et que les Nains traversent les airs, la
question du timing était cruciale, signifiant par là qu'il fallait tout
contrôler, même si les Trolls ont été incrustés par la suite par l'équipe de
Weta Digital. Lorsqu'ils sont frappés par la "vague d'éternuements",
les cascadeurs sont projetés en arrière par des filins à une vitesse de 30 km/h
et finissent par atterrir en toute sécurité sur des tapis d'impact à une
distance calculée avec précision. Dans
cette séquence complexe, les comédiens et les cascadeurs se sont aussi
retrouvés suspendus au-dessus du tournebroche des Trolls : il a donc fallu leur
confectionner des harnais et des plaques de métal personnalisés afin que les
cascadeurs puissent les suspendre à cet endroit ou les ramener à bon port en 5
ou 6 minutes seulement. L'efficacité était donc indispensable car il est très
perturbant pour quiconque de se retrouver à l'envers perché au-dessus d'un
tournebroche…
Dans le film, le traîneau
de Radagast est tiré à travers le paysage accidenté par d'imposants lapins
infographiques. Élégamment conçu à partir de branches d'arbres par le
département artistique, le traîneau était conduit par le cascadeur Tim Wong,
doublant alors le comédien Sylvester McCoy, pour la scène de course-poursuite
haletante. Sous l'égide de Serkis, la 2ème équipe
a filmé le traîneau qui était tracté par un câble fixé à un treuil pouvant
atteindre une vitesse de 40 km/h. Par chance pour McCoy, lorsqu'il s'est
retrouvé sur le traîneau, les cascadeurs ont fait office de "lapins"
et ont réduit leur vitesse…
EN ROUTE
VERS L’EST : LES LIEUX DU TOURNAGE
Le
tournage en extérieur s’est déroulé sur deux mois et demi dans des lieux situés
aux quatre coins des îles du Nord et du Sud qui forment la Nouvelle-Zélande,
désormais connue dans le monde entier pour camper la fameuse Terre du Milieu au
cinéma.
Le régisseur général Jared Connon et son équipe ont passé des mois
entiers à préparer ce gigantesque tournage censé se dérouler dans plusieurs
sites. Il a travaillé en étroite collaboration avec le département artistique
pour s’assurer que les lieux repérés et les décors reconstitués en studio
seraient concordants, comme par exemple la forêt du Bosquet des Trolls,
croisement entre les Mangaotaki Rocks, près de Piopio, et un décor en studio.
Chaque lieu choisi pour le tournage a fait
l’objet d’une autorisation préalable. Connon et son équipe se sont en effet
assurés de solliciter – et d’obtenir – les autorisations nécessaires auprès de
toutes les personnes concernées, qu'il s'agisse des propriétaires ou des
conseils régionaux, ou encore du New Zealand Departement of Conservation et des
représentants maori locaux, l’Iwi, et, sur l’île du Sud, la Société de la
Couronne. "Tout devait être agréé à l’avance pour ne pas causer le
moindre désagrément et pour que les habitants du coin sachent ce qui allait se
passer", explique-t-il. Pour
l’équipe des repérages, le critère de sélection principal a été l’accessibilité
aux sites.
Connon remarque : "Par le passé, il est arrivé qu’il faille
tracer des routes pour les camions et pour transporter le matériel, et il était
donc important de repérer les lieux. Mais nous avons toujours pris grand soin
de respecter et de protéger les endroits et l’environnement dans lequel nous
travaillions".
Une telle
exigence a permis à la production de tourner exceptionnellement dans le parc
national de Fiordland et sur le mont Owen, dans le parc national de Kahurangi. Le recyclage et l’enlèvement responsable des
déchets ont constitué des enjeux importants pour la production. Celle-ci a mis
en place ses propres systèmes d’électricité, de canalisation, d'évacuation, et
de connexion Internet, quel que soit le lieu investi, ce qui a nécessité
l’installation minutieuse d’antennes satellites.
Beaucoup de scènes du film devaient être tournées
dans des lieux reculés et la production a donc eu recours à plusieurs
hélicoptères pour véhiculer les acteurs et l’équipe au sommet d’une montagne ou
dans un endroit inaccessible, comme, par exemple, Braemar Station dans le
bassin de McKenzie. "L’équipe avait certes l’habitude de ces
contraintes de logistique liées au décor naturel d’un tournage, mais le climat
capricieux de la Nouvelle-Zélande a rendu l’aventure encore plus
difficile", souligne Andrew Lesnie. "Une station
stéréoscopique portative a été conçue pour nous offrir des unités 3D mobiles
dans les endroits seulement accessibles par hélicoptère ou à pied. Il fallait
également emporter 2 plateformes de production 3D, 2 systèmes Steadicam avec
supports 3D légers, portatifs et parfois utilisés pour la 3D, le double
d’objectifs, de caméras, et de systèmes de capteurs stéréo. Sans compter une
totale absence de réseau filaire quand nous étions en pleine forêt ou en
montagne. Tout ceci a mobilisé une énorme logistique, et il faut ajouter à cela
des grues télescopiques acheminées par la voie des airs pour parer à toute
éventualité dans des coins reculés".
Pour la séquence dans laquelle les Nains sont
pris en chasse par des Ouargues, le lieu du tournage était assez éloigné et il
a donc fallu utiliser des hélicoptères qui étaient basés à plus d’une heure de
vol de là, à Klifden Station dans l’Ida Valley. Comme la 2ème équipe, dirigée par Andy Serkis, a supervisé la plupart
des prises de vue aériennes, celle-ci s'est surnommée "Le Serkis volant
d’Andy". Plusieurs lieux de
tournages enclavés se situent dans la nature néo-zélandaise qui offre des
paysages très variés et permet de donner vie à une Terre du Milieu
époustouflante telle que Jackson l'imaginait.
On découvre ainsi notamment
Kaihoka Station et Ngarua Caves, à Takaka ; Mangaotaki Valley, dans la région de King Country ;
Middlemarch, dans la vallée de Strath Taieri ; et Treble Cone, père de Wanaka. Mais rien de tout cela n'aurait été possible
sans l’aide et la bonne volonté des habitants. "Nous avons pu compter
sur eux partout où nous sommes allés", constate Connon. "Ils
déménageaient même de chez eux pour nous arranger, et si nous avions besoin de
quelque chose, ils se mettaient en quatre pour nous aider. Ils ont tout
simplement été formidables".
DE
L’ANGLAIS AU KHUZDUL :
LES LANGUES ET
LES DIALECTES DE LA TERRE DU MILIEU
J.R.R. Tolkien était passionné par le verbe,
ce qui l’a naturellement poussé à créer tout un système de langues diverses et
variées parlées par les différentes civilisations de la Terre du Milieu. Pour
UN VOYAGE INATTENDU, le linguiste David Salo a donc dû, lui aussi, mettre au
point ces langues qui se mêlent au scénario, comme il l’a fait sur la trilogie
du SEIGNEUR DES ANNEAUX. L’une des
langues les plus élaborées est celle des elfes. "Tolkien a bien sûr
ébauché la structure de cette langue elfique avec quelques détails, mais il
n’en a pas dit tant que ça à ce sujet", souligne Salo. "Toutefois
le travail sur les dialogues en langue elfique a été plutôt simple : il
suffisait de traduire ce que nous avions en comblant les trous à
l’occasion".
Dès le début, la
production a décidé que les Nains parleraient anglais, mais en exploitant les
nombreux accents britanniques à notre disposition – ce qui englobe tous les
dialectes des Midlands, du Nord, d’Écosse, d’Irlande du Nord et de Londres –
pour différencier les clans. Pour autant, l’anglais n’est pas la véritable
langue des Nains. Salo a échafaudé une
langue nanitique en s'appuyant sur les éléments qu’il trouvait à ce sujet. "Il
existe suffisamment de mots de cette langue écrits pour en connaître les
sonorités, et Tolkien a pris bien soin d’expliquer le rapport qui existe entre
son orthographe et la prononciation dans les annexes du 'Seigneur des Anneaux'", raconte-t-il. "J’ai
veillé à suivre ses directives même si beaucoup de nouvelles structures
devaient être inventées".
Le
vrai défi de Salo a consisté à créer une version parlée de la mystérieuse
langue nanitique, le Khuzdul. "Tout ce qu’en dit Tolkien tient en une
page", explique-t-il. "Mais il indique clairement de quel type
de langue il s'agit, et sur quels sons elle repose. Pour créer le Khuzdul,
Tolkien s’est inspiré des langues sémitiques, et je me suis donc servi de mes
connaissances en la matière pour l’imaginer. Il n’y a pas une seule phrase
entière dans la langue, j’ai donc dû faire preuve de créativité pour traduire
les dialogues en Khuzdul, et tout inventer, du vocabulaire à la
grammaire".
Le lexique employé
par les Orques est très mince, voire quasi inexistant. Là encore, Salo a dû se
montrer inventif et curieux, tout en restant fidèle au travail de Tolkien,
surtout au niveau de la musicalité des mots. Il remarque : "Vous n’avez
pas besoin de connaître la langue en détail, mais vous devez comprendre comment
elle résonne dans votre tête ou à vos oreilles, et faire en sorte que ce que
vous inventez reste fidèle à cette sensation".
L’UNIVERS MUSICAL DE LA TERRE DU MILIEU :
MUSIQUE ET CHANSONS
La musique
envoûtante de Howard Shore pour la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX a remporté
de nombreuses récompenses, dont trois Oscars. Les grands thèmes de cet opus
musical trouvent un écho dans la bande son évocatrice du VOYAGE INATTENDU qui
devient l’expression musicale de cette grande aventure où le danger pointe à
l'horizon. "Cela faisait un moment que je voulais me replonger dans le
monde imaginaire de la Terre du Milieu", avoue Shore. "Quand
j’avais une vingtaine d’années, j’ai dévoré tous les livres de Tolkien, y
compris 'Le Hobbit', et son amour pour la nature m’a profondément marqué et
m’est toujours resté présent à l’esprit".
Shore et Peter Jackson ont longuement discuté
de l'utilisation de la musique pour chaque scène du film et de leurs intentions
artistiques. La partition atteint son paroxysme lyrique lorsque nous sommes
dans la Comté adorée de Bilbon Sacquet : le compositeur y utilise des
instruments traditionnels comme le
pipeau et le tympanon. Et ce thème accompagne Bilbon tout au long de son
aventure et évolue en même temps que le personnage est transformé par cette
expérience.
Pour le personnage de
Gandalf, la musique est évocatrice de l’appel de l’aventure et des changements
qui vont bouleverser la vie de Bilbon. Shore a aussi développé un thème musical
pour les Nains : une mélodie violente et mélancolique marquée par le thème
propre à Throlïn, un cor d’harmonie qui rappelle Erebor, leur royaume perdu.
Le retour chez les elfes à Fondcombe sert de
prétexte pour nous faire entendre le thème de Galadriel, soutenu d’un choeur de
voix féminines et d’harmoniques. Pendant la réunion au sommet du Conseil Blanc,
la musique nous fait pressentir l'évolution de l'intrigue à Dol Guldur.
Tandis
que le voyage progresse, une musique rythmée par les percussions se fait de
plus en plus insistante et résonne dans les grottes des Gobelins. On perçoit
aussi le thème sous-jacent et lancinant de Gollum. "Je trouve que le choix de la musique
et de ses déclinaisons ressemble au choix des acteurs", affirme Shore.
"Il est important de faire coïncider la musique aussi bien avec la
nature profonde des personnages qu’avec l’histoire". Le film permet aussi de restituer certaines
chansons du livre.
Comme les lecteurs du "Hobbit" le savent, les
Nains expriment leurs états d’âme et leur vie en chantant. "Il y a
énormément de chansons dans le livre", souligne Fran Walsh. "Elles
reflètent vraiment leur personnalité et leur identité. C’est pour cette raison
que nous tenions à en mettre dans le film, pour ajouter une touche de culture
nanitique". "Emoussez les
couteaux" est un parfait exemple de chant où les Nains chantent en choeur,
tout en lançant la vaisselle de Bilbon à travers tout Cul-de-Sac et en épuisant
le Hobbit. La musique de cette chanson a été écrite par Stephen Gallagher,
compositeur installé à Wellington.
Plus tard dans la soirée, Richard Armitage,
sous les traits de Thorïn, commence à chanter la poignante complainte "Les
Monts Brumeux", dans laquelle les Nains racontent leur passé autrefois
glorieux et les circonstances dans lesquelles ils ont été dépossédés de leur
royaume. La musique est une composition de David Donaldson, Steve Roche, Janet
Roddick et David Long.
Le générique de
fin est accompagné de la "Chanson de la Montagne Solitaire",
interprétée par Neil Finn, artiste néo-zélandais qui s'est produit avec de
grands groupes comme Crowded House et les Split Enz. Il a également cosigné la
chanson avec Donaldson, Roche, Roddick et Long, d’après la propre chanson des
Nains intitulée "Montagnes embrumées".
La bande originale du film a finalement été
enregistrée dans les célèbres studios d’Abbey Road avec l’orchestre
philarmonique de Londres, ce qui, note Shore, "confère un son unique et
fabuleux qui réussit parfaitement à donner vie à la Terre du Milieu".
On retrouvera les thèmes du film dans les deux
opus à venir : LE HOBBIT : LA DÉSOLATION DE SMAUG et LE HOBBIT : HISTOIRE D’UN
ALLER-RETOUR. Jackson voit un parallèle
entre la création de ces films et l’écriture des livres. "'Le Hobbit'
raconte un voyage, une quête qui entraîne ses personnages dans une odyssée
circulaire qui va durer plus d’une année. D’une certaine façon, travailler sur
ces films s'est apparenté à accompagner pas à pas nos comédiens dans leur
propre quête", dit-il, pensif. "Je trouve que j’ai de la
chance en tant que réalisateur, car j’ai pu faire appel à des techniques de
tournage éprouvées ainsi qu’à une technologie des plus avancées, déjà beaucoup
plus sophistiquée que pour LE SEIGNEUR DES ANNEAUX et qui place la barre encore
plus haut. Je cherche toujours à immerger complètement le spectateur dans les
films que je fais. Je ne veux pas que les gens aient l’impression de regarder
un film sur grand écran : je veux qu’ils aient vraiment l’impression de vivre
cette aventure dans la Terre du Milieu à mes côtés".
Et l’aventure ne fait que commencer…
Affiches US
Autre post du blog lié à 'Le Hobbit: Un Voyage Inattendu': http://minu.me/7o2t
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.