Comédie dramatique/Musical/Une pépite 'indé' avec du cœur et une bande originale vraiment sympa
Réalisé par John Carney
Avec Ferdia Walsh-Peelo, Lucy Boynton, Aidan Gillen, Maria Doyle Kennedy, Jack Reynor, Kelly Thornton, Mark McKenna, Conor Hamilton, Karl Rice, Ian Kenny...
Long-métrage Irlandais/Britannique/Américain
Durée: 01h46mn
Année de production: 2016
Distributeur: Mars Films
Date de sortie sur les écrans américains : 15 avril 2016
Date de sortie sur les écrans britanniques : 20 mai 2016
Date de sortie sur les écrans irlandais : 17 mars 2016
Date de sortie sur nos écrans : 26 octobre 2016
Résumé : Dublin, années 80. La pop, le rock, le métal, la new wave passent en boucle sur les lecteurs K7, vibrent dans les écouteurs des walkmans et le rendez-vous hebdomadaire devant « Top of the Pops » est incontournable.
Conor, un lycéen dont les parents sont au bord du divorce, est obligé à contrecœur de rejoindre les bancs de l’école publique dont les règles d’éducation diffèrent de celles de l’école privée qu’il avait l’habitude de fréquenter.
Il se retrouve au milieu d’élèves turbulents qui le malmènent et de professeurs exigeants qui lui font rapidement comprendre qu'en tant que petit nouveau, il va devoir filer doux. Afin de s’échapper de cet univers violent, il n’a qu’un objectif : impressionner la plus jolie fille du quartier, la mystérieuse Raphina. Il décide alors de monter un groupe et de se lancer dans la musique, univers dans lequel il ne connait rien ni personne, à part les vinyles de sa chambre d’adolescent. Afin de la conquérir, il lui propose de jouer dans son futur clip.
Bande annonce (VOSTFR)
Extrait - The riddle of the model (VOSTFR)
Featurette - La genèse (VOSTFR)
Featurette - La musique (VOSTFR)
Featurette - Le casting (VOSTFR)
Ce que j'en ai pensé : SING STREET a du cœur et cela me plaît beaucoup. Il a un défaut cependant que je trouve propre aux films indépendants et qui fait peut-être un peu partie de leur identité : il a quelques longueurs. Mais le réalisateur, John Carney, met en scène les doutes adolescents et les décisions pleine d'enthousiasme, derrière lesquelles se cachent souvent le sourire d'une jolie fille, avec une belle joie-de-vivre, simplement et franchement. Il dépeint aussi une certaine époque dans un pays spécifique, l'Irlande, tant dans l'atmosphère que dans des aspects sociétaux difficiles et c'est très réussi.
Le scénario, au fond, parle de cette période de la vie pendant laquelle on se détache de son environnement familial pour prendre des décisions qui nous correspondent et qui impacteront notre futur.
L'histoire se développe par le prisme de la musique : celle des jeunes qui se réunissent pour former un groupe musical, jouer d'un instrument et chanter avec des rêves pleins la tête. C'est une façon pour ces gamins de s'évader et de supporter la réalité telle qu'on leur impose. Les musiques sont extras et sonneront familières aux oreilles de ceux qui ont vécu cette même époque musicale.
Les jeunes acteurs sont très mignons et vraiment touchants.
Ferdia Walsh-Peelo, qui interprète Conor, est super dans ce rôle d'ado à la fois timide, mais décidé et qui ne manque pas de ressources.
Lucy Boynton, qui interprète Raphina, est lumineuse. Elle est convaincante en jeune femme qui cache sa sensibilité sous une carapace formée par les épreuves de la vie.
SING STREET est une petite pépite indépendante attachante qui fait chaud au cœur et qui dépeint des sentiments simples mais enthousiasmants. Un très joli film à découvrir.
Le scénario, au fond, parle de cette période de la vie pendant laquelle on se détache de son environnement familial pour prendre des décisions qui nous correspondent et qui impacteront notre futur.
L'histoire se développe par le prisme de la musique : celle des jeunes qui se réunissent pour former un groupe musical, jouer d'un instrument et chanter avec des rêves pleins la tête. C'est une façon pour ces gamins de s'évader et de supporter la réalité telle qu'on leur impose. Les musiques sont extras et sonneront familières aux oreilles de ceux qui ont vécu cette même époque musicale.
Les jeunes acteurs sont très mignons et vraiment touchants.
Une petite note sur SING STREET et les festivals :
SING STREET a été présenté en compétition au Festival du Cinéma américain de Deauville, le public lui a réservé 5mn de standing ovation lors de sa projection officielle au Centre International de Deauville. La jeune actrice principale Lucy Boynton était à Deauville pour présenter le film et elle a fait chavirer tout le monde.
Je suis réellement surprise qu'il ait été exclu du palmarès parce que, pour moi, il méritait un prix !
Le film étant une co-production Irlande / UK / USA, celui-ci sera également projeté en sélection officielle, en compétition lors de la prochaine édition du Festival du film Britannique de Dinard à la fin du mois. J'espère qu'ils auront meilleur goût !
NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
LA GENÈSE DU PROJET
« JE VOULAIS FAIRE UN FILM QUI ME TIENNE À CŒUR. JE NE SOUHAITAIS PAS M’ATTELER À UN PROJET MUSICAL SANS RAISON VALABLE. » JOHN CARNEY
Le projet de SING STREET remonte à l’époque où le
réalisateur était adolescent, dans les années 80 à Dublin. John Carney a
lui-même été élève d’un lycée privé, avant de fréquenter l’école publique d’un
quartier défavorisé. Cette expérience a fini par lui donner l’idée d’un film
musical évoquant cette période-charnière de sa vie entre l’enfance et l’âge adulte.
Après avoir collaboré avec Anthony Bregman pour NEW YORK MELODY, avec Keira
Knightley et Mark Ruffalo, le réalisateur a fait part au producteur de son
projet de film inspiré de son adolescence à Dublin.
Mais c’est dans la salle de
montage que Carney a raconté à Bregman l’histoire de SING STREET : « Ce
projet remonte sans doute à vingt ou trente ans en arrière, étant donné que
plusieurs éléments de ce film lui ont été inspirés par son enfance », indique
Anthony Bregman. « Il m’a raconté cette histoire autour d’un café, poursuit-il.
D’ailleurs, le récit de cet adolescent dont le père se retrouve au chômage et
qui doit se serrer la ceinture était assez proche de ce qu’est le film
aujourd’hui. Du coup, on le retire de son lycée privé très chic pour le mettre
dans un établissement très dur, Synge Street School, où il se fait aussitôt
tabasser et exploiter. Il monte un groupe, avant tout pour se protéger et aussi
pour attirer l’attention d’une très jolie fille qui, sinon, ne risque pas de le
remarquer. »
À la fois récit initiatique et hommage à la scène musicale
anglaise des années 80, SING STREET offre un regard émouvant et sans concession
sur les dangers et les bonheurs de l’adolescence. Anthony Bregman précise qu’il
n’avait pas vu une histoire d’amour naissante entre deux êtres aussi purs
depuis longtemps au cinéma. « Les rapports entre Conor et Raphina sont
intéressants parce qu’ils restent platoniques, indique le producteur. Elle est
ravissante et plus âgée que lui, plus raffinée aussi, et elle est très indépendante.
Conor, de son côté, se cherche encore beaucoup. Dès le départ, en l’abordant,
il est évident qu’il ne joue pas dans la même cour qu’elle. »
Par ailleurs, le
réalisateur s’attache aussi à la crise que traversait l’institution du mariage
à l’époque en Irlande. En effet, le divorce n’y était alors pas autorisé.
Lorsque les parents du jeune homme se déchirent, les répercussions sur leurs
enfants sont dévastatrices.
« Les parents de Conor traversent une véritable
zone de turbulences, poursuit Bregman. Il faut voir que lorsqu’ils étaient
jeunes, on ne pouvait pas avoir de rapports sexuels avant le mariage. Or, ils
se sont mariés trop tôt, pour de mauvaises raisons, et ils ne pouvaient pas se
séparer car il était inenvisageable de divorcer. Ils pouvaient tout au plus
vivre chacun de leur côté. » « Ils sont obligés de rester ensemble, bien qu’ils
ne s’aiment plus et qu’ils ne soient pas satisfaits de leur vie, et les enfants
le ressentent, dit-il encore. D’où une atmosphère délétère qui est aussi le point
de départ de l’histoire. »
Pour Carney, le film joue également sur les
oppositions – celle entre l’Irlande et l’Angleterre, Dublin et Londres, ou
encore le milieu protégé d’un établissement privé et le système éducatif
public. Plus encore, l’histoire évoque la prise de conscience d’un
adolescent : s’il a le sentiment qu’il a de vrais problèmes existentiels,
Conor découvre qu’ils sont dérisoires à côté de ceux de la jeune femme dont il
tombe amoureux.
« Dans ce film, qui se déroule dans le Dublin des années 80, il
y a vraiment un " avant " et un " après ", note le
réalisateur. À l’époque, l’Irlande était en récession, le pays connaissait une
forte immigration et les gens très riches, ou qui étaient censés l’être,
n’avaient pas d’argent à leur disposition. Du coup, ils étaient contraints de
revoir leur mode de vie et de s’habiller différemment pour éviter les signes
extérieurs de richesse. »
Après avoir signé ONCE, film oscarisé, et NEW YORK
MELODY, tous deux rythmés par une importante bande originale, Carney désirait
s’attaquer à un projet plus personnel, voire autobiographique, tout en
accordant à la musique une place prépondérante. « Je ne voulais pas tourner un
film musical sans raison valable, confie-t-il. Je voulais raconter un épisode
de ma vie suffisamment intéressant pour que j’aie envie d’en parler. Et je
souhaitais que cette histoire soit sincère et personnelle. »
Bregman avait déjà
fait équipe avec le producteur Paul Trijbits pour LADY VEGAS – LES MÉMOIRES
D’UNE JOUEUSE de Stephen Frears, avec Bruce Willis et Catherine Zeta Jones.
Trijbits s’était engagé dans l’aventure à la dernière minute afin de boucler le
financement du film à quelques jours de son tournage. L’agent de Frears avait
mis les deux producteurs en contact et Trijbits avait passé un week-end de
vacances au ski à tenter de remettre le projet sur des rails.
« Je me suis
rendu à New York et on a réussi à sauver le film ensemble, se rappelle
Trijbits. Du coup, on est devenus très potes suite à cette aventure. » Bregman
a par la suite consolidé son entreprise grâce à de nouveaux investissements et
un line-up attractif. Séduit à l’idée de tourner en Irlande, Trijbits n’a pas
hésité à s’associer à nouveau à Bregman. Par ailleurs, Christian Grass qui
avait découvert NEW YORK MELODY à Toronto, a lui aussi décidé d’accompagner le
film.
« Christian nous a dit qu’il s’agissait du film le plus agréable qu’il
ait vu depuis longtemps, note le producteur. SING STREET est donc né d’une
coproduction entre Likely Story, société new-yorkaise, et notre maison de
production en Angleterre. Partenaires de Likely Story, Kevin Frakes, de
PalmStar Entertainment, et Raj Brinder Singh, chez Merced Media, ont complété
le financement du film. »
Trijbits s’est ensuite mis en quête d’un producteur
irlandais pour que le tournage se déroule au mieux. « Nous avons très vite
rencontré Martina Niland qui avait collaboré à ONCE et qui était prête à tenter
de nouveau l’aventure avec John, précise Trijbits. Et puis, Filmnation nous a
rejoints. Nous n’avions pas encore de scénario, mais un traitement détaillé qui
nous a permis de réunir les fonds nécessaires. Il était essentiel qu’on soit
soutenus par l’Irish Film Board qui, de son côté, était intéressé par le
projet. L’institution avait déjà accompagné John, mais devait cette fois
accepter de cofinancer le film sans scénario disponible. Et elle l’a fait ! »
Une fois le tour de table financier bouclé, Carney s’est attelé à la musique,
et aux choix de ses collaborateurs et, avant tout, de ses comédiens.
LE CASTING
Pour Anthony Bregman, le plus grand défi à relever
consistait à engager de jeunes comédiens, inconnus pour la plupart, tout en
donnant au film toutes ses chances de rester à l’affiche plus d’une semaine.
« Quand on engage une star, on sait si elle est à même de porter le film sur
ses épaules ou pas car elle l’a prouvé par le passé, analyse Bregman. Mais nous
avons fait appel à de tout jeunes acteurs qui n’avaient jamais tourné de leur
vie et qui allaient se retrouver sous les projecteurs pendant 1h30. C’était une
vraie responsabilité pour eux. »
Trijbits acquiesce : « Il fallait
vraiment faire confiance à ces jeunes inconnus pour porter le film sur leurs
épaules. » Ce dernier avait déjà vécu une expérience comparable, puisqu’il
avait assuré la production exécutive de FISH TANK d’Andrea Arnold, Prix du Jury
au festival de Cannes et lauréat d’un BAFTA. « Andrea a passé neuf mois à
trouver l’interprète féminine principale, raconte-t-il. Si, dès le début de vos
recherches, vous avez le sentiment que les comédiens que vous rencontrez sont
excellents, vous vous dites que c’est presque trop facile, qu’il doit y en
avoir d’autres, et du coup vous poursuivez les auditions. »
« Le plus
difficile, c’est lorsque les personnages sont assez jeunes, ajoute-t-il. Parfois,
ils n’ont pas suffisamment de vécu, alors qu’ils doivent exprimer certaines
émotions. Par exemple, on ne peut pas leur demander de puiser dans leurs
souvenirs de rupture sentimentale parce qu’ils n’ont sans doute jamais connu ça
! » À l’inverse d’un casting traditionnel, la production a décidé de réunir des
interprètes totalement inconnus originaires des quatre coins de l’Irlande. Les
auditions ont duré six mois : il s’agissait en effet de dénicher les
comédiens à même de camper Conor, Raphina et les membres du groupe que monte le
protagoniste au sein de Synge Street School. Carney et la directrice de casting
Louise Kiely ont organisé des auditions à travers toute l’Irlande, attirant au
passage des milliers de jeunes candidats. « C’était une étape intéressante car
je voulais avant tout des non-professionnels, se remémore le réalisateur. Je ne
voulais surtout pas qu’ils soient marqués par le style " Billy
Barry " [école de théâtre irlandaise], mais qu’ils aient un jeu
naturaliste. On a donc organisé un casting sauvage et on a rencontré des
centaines et des centaines de gens venus de tout le pays qui pensaient savoir
jouer d’un instrument. »
« Ce qui est fascinant, c’est que la plupart des
comédiens qu’on a retenus sont ceux qu’on a rencontrés au tout début,
renchérit-il. Même si on en a vu des milliers, on sait très vite repérer le
talent exceptionnel d’un jeune. On a ensuite écrit les rôles en fonction des
interprètes qu’on appréciait vraiment, et puis on a fait des essais pour
vérifier que tel comédien fonctionne bien avec telle comédienne etc. C’est
comme ça qu’on s’y est pris. »
« John m’envoyait des photos parce que j’étais
aux États-Unis à l’époque, se souvient Bregman. C’étaient des photos de foules
de gens qui se pressaient pour passer une audition. Tous les ados qui
s’imaginaient savoir gratter une guitare ou jouer de la batterie sont venus.
Parfois, ils chantaient une chanson, passaient un entretien, puis répétaient
une scène pour qu’on voie s’ils savaient jouer. C’est comme cela qu’on a
déniché Ferdia et les autres membres du groupe. » Issu d’une famille de
musiciens, Ferdia Walsh-Peelo avait une expérience de l’opéra et du folk
irlandais. Choriste dans « La Flûte enchantée », il avait accompagné la tournée
du spectacle avec l’Opera Theatre Company. Il avait également une formation
classique de pianiste. Comme en écho à la magie et à la dimension de conte de
fée du film, c’est par pur hasard qu’il a été découvert alors qu’il attendait
son tour pour passer une audition.
« Quand je suis arrivé sur place, la file
d’attente était interminable, affirme le jeune prodige. J’étais avec ma mère et
je lui ai dit que je voulais rentrer à la maison parce que je n’avais pas du
tout envie de passer huit heures à attendre… J’ai vraiment attendu pendant cinq
heures. J’ai passé l’audition, j’ai chanté une chanson et j’ai eu l’impression
que tout s’était très bien passé. Puis, on m’a rappelé pour me fixer
rendez-vous dans un hôtel : je faisais partie des six finalistes pour le
rôle, ce qui était hallucinant ! On a aussi passé des essais avec plusieurs
filles. Je n’ai plus eu de nouvelles de la production pendant un bon moment et,
du coup, je suis parti en vacances en Espagne avec ma famille. Et c’est en
plein milieu de mes vacances qu’on a reçu un appel pour nous dire qu’il fallait
que je rentre au plus vite ! J’ai donc avancé mon retour et j’ai sauté dans le
premier avion, mais ça en valait vraiment la peine. »
Carney était enchanté.
« Ferdia est un garçon très intelligent et si je l’ai sélectionné, c’est parce
qu’il s’améliorait à chaque nouvelle audition, explique le cinéaste. Quand il revenait
nous voir, il avait tenu compte des conseils que je lui avais donnés la fois
précédente. J’en ai déduit qu’il avait les épaules suffisamment solides pour
affronter le tournage. »
« C’est vraiment difficile pour un jeune garçon qui
n’a pas encore la maturité d’un homme, reprendil. Ferdia réunissait toutes les
qualités requises. En plus, il est beau, il a du charisme et il a une très
belle voix ! C’est un jeune très futé. » Carney n’avait encore jamais dirigé
d’acteurs aussi jeunes, mais il explique avec humour qu’il a suffisamment
d’expérience par ailleurs pour « gérer » une bande d’ados.
« J’ai déjà
travaillé avec des comédiens inexpérimentés, précise-t-il, en souriant. J’ai tourné
mes premiers films avec mon père. Je lui demandais de jouer et je le dirigeais.
Quand j’étais jeune, on allait dans le garage et j’essayais de retrouver
l’atmosphère d’un film de Scorsese. Je dois dire qu’il n’y a pas pire acteur
que mon père ! J’aime diriger des non-professionnels. C’était très intéressant
de réunir un comédien aguerri comme Mark Ruffalo avec Adam Levine qui n’avait
pas tourné grandchose avant NEW YORK MELODY : il se dégageait de leur
relation une énergie fascinante. Je pense que le spectateur apprécie de voir
des non-professionnels à l’écran. »
Carney a également engagé de grands
comédiens irlandais comme Aidan Gillen et Maria Doyle Kennedy, et Jack Reynor,
dont la réputation va crescendo à Hollywood. Gillen, lui-même adolescent à Dublin
dans les années 80, avait le sentiment que l’intrigue abordait un contexte
qu’il connaissait bien. Convaincu que Carney allait dépasser le seul registre
du film musical, il a accepté de camper le père, Robert.
« Il existe beaucoup
de films musicaux, mais peu d’entre eux sont réussis, relate Gillen. John a
fait partie d’un groupe et il connaît cet univers. Comme il parle de son propre
vécu, il y a d’autant plus de raisons pour que le film soit abouti. Et même si
je suis conscient que l’histoire est en partie autobiographique, elle a touché
une corde sensible chez moi. Je n’ai pas moi-même fait partie d’un groupe, mais
il y en avait un qui répétait dans un cabanon tout près de chez moi : rien
que d’entendre l’ampli s’allumer et le craquement caractéristique de l’électro
me faisait battre le cœur ! Ces sonorités produisent toujours cet effet
viscéral chez moi. »
LE TOURNAGE
John Carney n’est pas du genre à changer une équipe qui
gagne. Son directeur de la photo, Yaron Orbach, avait ainsi contribué à
transformer New York en véritable scène musicale, en tournant dans les rues et
en limitant au maximum le recours aux rails, aux éclairages et aux grues. Les
deux hommes s’étaient rencontrés par un ami commun, le réalisateur irlandais
Lance Daly, pour lequel il avait éclairé THE GOOD DOCTOR, tourné à Los Angeles.
À l’époque, Orbach travaillait pour The Factory, société dublinoise de
postproduction, et étalonnait le film de Daly. Carney et lui ont sympathisé en
disputant quelques parties de pingpong. « Au moment de la préparation de NEW
YORK MELODY, j’ai discuté avec Lance et il m’a promis qu’il parlerait de moi en
termes favorables à John », indique Orbach. Le chef-opérateur avait par
ailleurs déjà collaboré avec Bregman.
« Du coup, quand Anthony est arrivé sur
le projet, j’avais quelqu’un de plus pour me recommander. Entre Lance et
Anthony, j’ai pu rencontrer John à New York. » « C’est intéressant de
travailler avec Yaron, confie Carney. Il est juif, d’origine israélienne, et il
vit à New York. Il a visionné une cinquantaine de films irlandais quand on
était en prépa pendant quelques mois. Mais j’étais content de travailler avec
un chef-op qui n’était pas irlandais. Car il a apporté un point de vue
singulier à NEW YORK MELODY, qui se déroulait à New York. Pour autant, il était
aussi très intéressé par la lumière de Dublin. »
Inspiré par le style
Technicolor des émissions qu’il voyait à la télévision quand il était petit,
Carney souhaitait injecter à l’univers morne de l’Irlande en crise des années
80 « les couleurs vives », selon ses termes, des vidéo-clips. « J’ai grandi en
regardant l’émission " Top of the Pops " et en fantasmant sur le
monde véhiculé par les clips de Duran Duran, souligne le réalisateur. Je
pensais que Londres ressemblait à ça et j’avais vraiment hâte d’y aller !
C’était un monde où on portait des coupes de cheveux insensées et où triomphait
la libération sexuelle, alors que chez nous on en était encore à arrêter des
gens parce qu’ils installaient des distributeurs de préservatifs dans les facs.
C’était hallucinant ! » « Quand on vivait à Dublin, on ne pouvait pas trouver
une caméra, ou un costume ou quoi que ce soit, ditil. On s’est dit qu’on allait
jouer sur le contraste et opposer la grisaille de Dublin au Technicolor des
clips que tourne le groupe, ou aux fantasmes de Conor. »
Souhaitant garder le
même style dépouillé que pour NEW YORK MELODY, Orbach a réduit le matériel de
prises de vue au strict minimum. « On voulait donner au film un style un peu
plus cinématographique, tout en conservant la même approche que dans ONCE,
rapporte le chefopérateur. Du coup, on a tourné caméra à l’épaule, sans
éclairage important, sans Dolly, ni Steadicam. Ce dispositif nous a permis
d’avoir une grande liberté, proche de l’improvisation. » Fidèle à cette
démarche, le réalisateur a demandé aux acteurs de venir sur le plateau pour
s’imprégner de l’atmosphère du décor et construire les scènes sans découpage
technique préétabli. « John n’aime pas trop découper, reconnaît Orbach. On arrivait
sur le plateau et il organisait une petite séance de répétitions ou de lecture.
Les acteurs nous disaient où ils souhaitaient se positionner et je montais un
objectif grand-angle sur ma caméra. Chacun trouvait ses marques et on avançait
comme ça. » « Grâce à l’approche de John et à sa volonté d’accorder une part
importante à l’imprévu, les jeunes pouvaient se permettre d’être spontanés,
note le chef-opérateur. C’était parfois un peu complexe, d’autant qu’il n’y
avait pas de marques au sol et qu’on les laissait s’installer où ils voulaient. »
« J’aime laisser les comédiens improviser un peu et s’éloigner du scénario,
constate le metteur en scène. Parfois, lorsque les ados essayaient de se
rappeler un dialogue qu’on avait écrit, ils sortaient une réplique beaucoup
plus drôle que l’original. Par conséquent, je les rassurais souvent en leur
disant de ne pas s’inquiéter s’ils avaient oublié leur texte et d’inventer
autre chose. On s’est bien éclaté, mais c’était surtout possible parce qu’il
s’agissait de mon propre scénario. » Pour le chef-décorateur Alan MacDonald,
particulièrement à l’aise sur les films d’époque (LOVE IS THE DEVIL, THE QUEEN
et PHILOMENA), l’évocation du Dublin des années 80 était un véritable défi. Il
a commencé par déterminer l’époque exacte où se situe l’action, en l’occurrence
le début des années 80 dans les quartiers pauvres de Dublin. À partir de là, il
a rattaché chaque personnage à un contexte afin de mettre au point sa
personnalité, son statut social et, surtout, son parcours personnel. C’était
d’autant plus important que le film ne se déroule que sur quelques mois.
« Il
fallait se pencher sur la psychologie de chacun des personnages, leur milieu
d’origine et le monde dans lequel ils évoluent, précise MacDonald. Pour moi,
les décors reflètent toujours le statut socioéconomique des protagonistes, tout
en offrant un cadre émotionnel à l’évolution de l’intrigue. » S’agissant de la
famille de Conor, MacDonald était conscient qu’au moment où le spectateur fait
sa connaissance, elle est dans une très mauvaise passe. Les signes de richesse
ne sont plus que de lointains vestiges du passé. « Le monde de Conor et de ses
parents est en train de s’effondrer, observe le chef-décorateur. C’est assez
déprimant. Ils n’ont plus d’argent. Ils avaient visiblement de grandes
ambitions et des rêves, et tout s’est écroulé. C’est ce qui nous a guidés pour
le décor de la maison : il est en pleine déliquescence. »
La production a
décidé de partir en repérages à Dublin et dans ses environs plutôt que de
construire des décors en studio. Les bâtiments de la Synge Street School en
particulier, situés dans le 8ème district – qui enjambe le Liffey (fleuve de la
ville), n’ont pas beaucoup changé depuis l’adolescence de Carney, même s’ils
abritent désormais l’école publique Christian Brothers School. « Je dirais que
50% de mon travail consiste à faire de bons repérages, ajoute-t-il. Si les
lieux de tournage sont authentiques dans le message qu’ils véhiculent, le tour
est presque joué. J’ai collaboré avec un formidable régisseur d’extérieurs,
Eoin Holohan. Je l’ai vraiment poussé dans ses retranchements parce je savais
qu’il existait des sites qui n’avaient pas changé depuis les années 80. »
« La maison d’Eamon est un bon exemple, dit-il. Certaines
pièces comportaient encore des tapis et des papiers peints délirants de
l’époque. Du coup, cela permet d’avoir une base solide pour travailler. »
LA MUSIQUE
John Carney souhaitait trouver un auteur de chansons très en
amont afin qu’il puisse apporter aux titres du groupe une sensibilité eighties
authentique et accessible à un public d’aujourd’hui. Or, il se trouve que
l’auteur-compositeur Gary Clark envisagé par le réalisateur était récemment
revenu dans sa ville natale de Dundee, en Écosse, après avoir vécu à Los
Angeles. Clark s’est fait connaître pour le tube « Mary’s Prayer » qu’il a
écrit pour son groupe Danny Wilson en 1987. La chanson est sortie à trois
reprises au Royaume-Uni entre 1988 et 1989, avant de se classer 3ème du
hit-parade anglais. Mais en Irlande, la chanson était déjà un immense succès,
se hissant au 5ème rang des meilleures ventes dès sa première sortie. Habitué à
travailler avec des musiciens, Carney avait antérieurement collaboré avec Glen
Hansard pour ONCE : celui-ci avait non seulement joué dans le film, mais
écrit et interprété les chansons, dont « Falling Slowly » avait obtenu l’Oscar
en 2007. Pour NEW YORK MELODY, Carney avait fait appel au leader du groupe New
Radicals, Gregg Alexander, pour imaginer l’univers sonore dont s’inspiraient
les chansons du personnage de Keira Knightley.
« Je souhaitais explorer de
nouvelles possibilités avec ce film, explique Carney. Il se situe dans les
années 80, si bien que je tenais à engager quelqu’un qui a vraiment écrit de la
musique à cette époque. J’adore " Mary’s Prayer ". J’ai donc contacté
Gary Clark. Je l’ai appelé à l’improviste et je lui ai parlé de ONCE. Il
l’avait vu et aimé. Je lui ai dit que " Mary’s Prayer " et son album,
" Meet Danny Wilson " (1987), avaient changé ma vie. Je l’écoutais
avec mon frère quand j’avais 14 ans, alors que j’étais censé faire mes devoirs.
Je lui ai proposé d’imaginer de nouvelles chansons et les paroles d’autres
titres qui étaient partiellement écrits. »
« Il a pris le premier avion pour
venir me voir, dit-il. C’est un auteur brillant qui sait écrire des chansons qui
vous restent en tête. Il nous a écrit cinq ou six titres. » Carney et Clark ont
travaillé pendant un bon mois avant le tournage, enregistrant les chansons avec
un orchestre réunissant les meilleurs musiciens de studio d’Irlande. À titre
anecdotique, étant donné que le groupe du film n’est pas censé maîtriser
parfaitement toutes les techniques, il a fallu demander aux musiciens de jouer
moins bien qu’à leur habitude !
« On leur a demandé d’atténuer la qualité de
leur travail afin qu’on croie vraiment qu’il s’agit d’une bande d’ados et non
pas des meilleurs musiciens de studio du pays, s’amuse Bregman. Cela concernait
surtout les chansons qu’on entend au début du film. Ils font une reprise de
" Rio " de Duran Duran et il était essentiel que l’enregistrement se
passe mal.
On était dans le studio et John répétait : " Non, c’est
trop parfait. Soyez moins bons. Accélérez le rythme ou jouez faux ! "
C’était assez difficile d’amener ces formidables musiciens à un niveau
vraisemblable pour des jeunes qui sont de grands débutants. » Tandis que Conor
s’essaie à différents styles musicaux propres aux années 80, les
auteurscompositeurs se sont efforcés de transposer cette évolution dans leur
travail. « Le groupe passe par différentes périodes, indique Bregman. Ils sont
d’abord influencés par Duran Duran, puis par Hall & Oates, The Cure et
Elvis Costello. Chacune de leurs chansons s’inspire de la scène musicale des
années 80. C’est très amusant de reconnaître une chanson que, pourtant, on n’a
jamais entendue. Mais on comprend tout de suite à quel style elle se
rattache. »
Le goût prononcé du réalisateur pour la musique se retrouve dans
son parcours. Paul Trijbits y a été sensible d’entrée de jeu, admirant
l’enthousiasme dont Carney a fait preuve dans l’élaboration minutieuse de la
bande originale. « Le grand talent de John consiste à raconter des histoires à
partir de la musique, dit-il. Il s’y prend remarquablement. Il a adoré
enregistrer tout un album et monter un véritable groupe. C’était un régal de
dénicher Ferdia qui s’impose comme le leader du groupe. On devait enregistrer
un album qui soit en résonance avec l’intrigue et qui soit au service du film.
Je crois que le pari est intelligemment gagné. » Quand on lui demande les
styles musicaux qui l’ont inspiré pendant le développement du projet, Carney
répond sans hésitation, maîtrisant parfaitement son sujet.
« Frankie Goes to
Hollywood est l’un de mes groupes préférés, sans le moindre doute !,
s’enthousiasmet-il. On m’a aussi demandé quel était mon " plaisir coupable "
et j’ai répondu Level 42. Comme j’étais bassiste, j’adorais Level 42. Il
m’arrive encore de retrouver un de leurs CD et d’écouter leur musique – dans
ces cas-là, ma copine quitte la pièce, mais pas moi ! J’écoutais aussi beaucoup
de l’électro-pop et du funk et tous les groupes en vogue à l’époque : Joy
Division, The Cure et autres. Je pourrais aussi parler de groupes américains,
mais la liste serait trop longue. »
Pour le directeur de la photo, la
difficulté consistait à intégrer les éléments musicaux à l’histoire, puis à
filmer l’ensemble avec fluidité, afin que le spectateur n’ait pas le sentiment
désagréable d’une rupture abrupte entre les séquences dialoguées et les scènes
musicales. « Ce qui est formidable quand on tourne caméra à l’épaule, c’est que
la mise en scène est très rythmée, dit-il. Même quand je ne bougeais pas, je
pouvais me permettre de me pencher en avant ou en arrière. Du coup, ce
dispositif imprime un vrai tempo aux images : le rendu d’un tournage à
l’épaule est un peu plus vivant que lorsqu’on filme à la Dolly ou qu’on tourne
des plans à la grue. »
Il fallait également veiller à ce que Ferdia Walsh-Peelo
possède les facultés vocales exigées par son rôle. « Le travail en studio
d’enregistrement était assez soutenu, reconnaît-il. Pendant un mois en amont de
cette étape décisive, j’ai exercé ma voix une fois par semaine, parce que je
savais que les séances en studio allaient être longues et éprouvantes et que
j’allais devoir chanter toute la journée. J’ai beaucoup appris. »
Pour d’autres
comédiens, le film a été l’occasion de se replonger dans leurs souvenirs. Aidan
Gillen s’est souvenu de ses découvertes musicales à l’époque où il était ado.
« Je me rappelle que j’étais tombé sur de vraies pépites : Echo and the
Bunnymen, les Smiths et U2, déclare-t-il. Tous ces groupes venaient de Dublin.
Il y avait même des rock-stars irlandaises, comme Van Morrison, Phil Lynott ou
Rory Gallagher, même si elles s’inspiraient du blues. S’agissant de U2,
c’étaient des sonorités nouvelles. C’était un phénomène qui s’inscrivait dans
une nouvelle vague musicale. C’était galvanisant et ça se passait sous nos
yeux, à Dublin. » Jack Reynor a grandi dans les années 90, mais ses goûts
musicaux ont été largement influencés par sa mère.
« J’écoutais essentiellement
de la musique des années 70 et 80 quand j’étais gamin, confie-t-il. J’écoutais
du Steely Dan super fort ! Ma mère, qui est née en 1970, était adolescente dans
les années 80, et quand j’étais petit, je connaissais tous ses amis et ses
références culturelles. J’y suis extrêmement sensible et je n’ai aucun mal à me
reconnaître dans le contexte culturel du film. »
« J’étais fou de musique quand
j’avais 14 ans, poursuit-il. J’aimais les Beatles, les Rolling Stones et Guns
N’ Roses. Mes goûts musicaux ont évolué depuis cette époque. J’ai même
participé à deux groupes et j’ai adoré ça. Je jouais de la guitare, et un peu
de piano. Je me suis arrêté et ça me manque. » Les plus jeunes interprètes,
quant à eux, se sont initiés à l’histoire de la pop. Carney montrait aux garçons
des clips des années 80 pour qu’ils se familiarisent aux mouvements scéniques
des artistes de l’époque. Pour Percy Chamburuka, qui campe Ngig, le joueur de
synthé du groupe, c’était une totale découverte.
« Quand on m’a rappelé pour
une deuxième audition, John m’a projeté des clips des années 80, dit-il. J’ai
vu la manière dont les joueurs de synthé s’habillaient. Je n’avais pas la
moindre idée des genres de musique qu’on écoutait à l’époque. J’en ai donc pas
mal appris sur les années 80. » Pour Lucy Boynton, qui interprète la fille du
groupe, cet apprentissage musical est devenu un sujet de plaisanterie entre
elle et le réalisateur. « C’était très drôle parce que John passait son temps à
faire allusion à des films et des chansons extraordinaires en me disant
" Tu connais ça ? ", et je lui répondais " non ", et il
ajoutait, " Bon Dieu, Lucy, mais t’as vécu où ? T’as un problème ou quoi
? " Et je lui disais, " Je suis désolée mais je n’étais pas née dans
les années 80 ! " »
L’ATMOSPHÈRE DES ANNÉES 80
Dans les années 80, Dublin
a été frappé par une terrible récession économique. Après le choc pétrolier de
1979, le Premier ministre de l’époque, Charles Haughey, s’est adressé à ses
concitoyens pour les alerter sur la dégradation de la conjoncture. En raison de
la dette publique qui pesait lourdement sur l’économie, les licenciements se
sont multipliés et de nombreux Irlandais ont dû se battre pour maintenir leur
niveau de vie. Pour autant, John Carney tenait à éviter de se focaliser sur la
récession économique et son impact sur la famille du protagoniste. Il s’est
plutôt attaché à évoquer la manière dont les adolescents et leurs parents ont
vécu – très différemment il va sans dire – cette période. À l’époque, le
divorce était encore interdit et la très puissante Église catholique, ainsi que
l’Église anglicane irlandaise, tenaient particulièrement au statu quo. Un
amendement à la Constitution avait été déposé en 1986 pour faire évoluer la
loi, mais il avait été rejeté massivement. L’interdiction du divorce n’a été
abolie qu’en 1996.
Le réalisateur souhaitait évoquer les répercussions de cette
loi archaïque sur la vie d’un couple en conflit, et tout particulièrement sur
ses enfants.
« Je ne voulais pas du tout aborder les années sombres qu’a vécues
l’Irlande à la fin des années 70 et dans les années 80, précise le réalisateur.
Le film parle essentiellement de l’éclatement d’une famille. Il ne soulève pas
de questions politiques à proprement parler, si ce n’est sous l’angle culturel.
Mais il s’agit surtout d’une famille en souffrance. Et le film parle aussi d’un
adolescent qui comprend qu’étant donné l’environnement dans lequel il grandit,
il doit se réinventer sa propre famille. Il prend conscience que les parents
qui l’ont élevé ne vont régler ni ses problèmes affectifs, ni ses problèmes
psychologiques. »
« Le film évoque le chômage et l’immigration, mais ce ne sont
pas les questions centrales, reprend-il. Il parle avant tout de l’insularité de
l’Irlande : on peut tout à fait se retrouver pris au piège en Irlande car
le pays est extrêmement petit et la population très peu nombreuse. On peut
avoir le sentiment d’avoir très bien réussi, alors que ce n’est pas vraiment le
cas au regard des critères internationaux.
D’une certaine manière, le film
parle un peu de ça : Conor comprend qu’il doit quitter le nid familial, se
faire ses propres expériences et quitter le pays. »
« Le divorce était sans
doute moins répandu, indique Aidan Gillen. À l’époque, les gens restaient
davantage ensemble parce qu’ils avaient le sentiment que c’était leur devoir.
De nos jours, c’est presque l’inverse qui est devenu la norme. Autrefois, il y
a des sujets que les ados n’abordaient pas avec leurs parents. C’est une époque
où les parents ne cherchaient pas à faire copain-copain avec leurs enfants. Ils
étaient issus d’une autre génération et ne comprenaient pas leurs enfants. Ceci
dit, je pense qu’aujourd’hui les jeunes ont vraisemblablement pris plus de
distance avec leurs parents. Ils ont l’illusion qu’ils sont plus proches d’eux,
et qu’ils peuvent leur parler de tout, mais ils sont le plus souvent enfermés
dans leur monde virtuel. C’est assez difficile de communiquer avec ses enfants,
même s’ils sont bardés d’outils de communication. »
Les comédiens adultes se
sont également retrouvés dans les rapports familiaux décrits par SING STREET.
Pour Jack Reynor, qui campe le frère aîné Brendan, la situation du film est
loin d’être étrangère aux familles irlandaises qui ont connu les années 80.
« Comme on regardait tous l’émission " The Late Show " le vendredi
soir en famille quand on était petits, on connaît la nature des relations, en
Irlande, entre parents et enfants au moment du dîner, dit-il. On était donc en
terrain connu. On savait à quel moment précis donner la réplique à nos
partenaires. Aidan Gillen et Maria Doyle Kennedy sont de formidables comédiens
qui ont ce vécu. Ils ont été magnifiques dans ces scènes-là. Quant à Kelly
Thornton, qui campe Ann, la sœur de Conor et Ferdia Walsh-Peelo, ce sont deux
jeunes comédiens formidables. Ils étaient constamment dans la sincérité pendant
ces séquences de repas. »
Martina Niland remarque que le contraste entre l’Irlande et
l’Angleterre, et tout particulièrement entre Dublin et Londres, était
saisissant à l’époque. « L’Irlande était un pays sinistre, gris et assez
déprimant, analyse-t-elle. Il ne semblait guère propice aux activités
artistiques, alors que Londres, à l’inverse, était une métropole animée. Je
crois que le film évoque ces différences de perception à travers le personnage
de Conor et le rôle de la télévision qui diffusait l’émission " Top of the
Pops ", les clips de Duran Duran etc. » Pour la chef-costumière Tiziana
Corvisieri, SING STREET présente une image très juste de la vie en Irlande à
l’époque. « Pour moi, le film offre une représentation très fidèle à la réalité
du Dublin des années 80, remarque-t-elle. J’y habitais à l’époque et j’avais 16
ans au début de cette décennie. Le film parle vraiment de ce qui s’y passait.
Au Royaume-Uni, les changements sociaux s’étaient déjà produits, alors qu’en
Irlande, il fallait s’intéresser à ce qui se passait en Angleterre pour être au
courant des événements internationaux. »
Au lieu de donner le sentiment que le
film a été tourné dans les années 80, comme le font la plupart des
reconstitutions historiques, Carney a souhaité plonger le spectateur dans
l’atmosphère de l’époque et lui faire ressentir ses couleurs, ses matières et
ses émotions.
« John tenait absolument à ce que SING STREET se déroule dans les
années 80, mais pas à ce que ce soit un film qui date soi-disant de cette
époque, précise Anthony Bregman. Autrement dit, ce n’est pas un hommage aux
films des années 80. En revanche, il voulait donner l’impression qu’on est
transporté trente ans en arrière. C’est une distinction intéressante. Quand on
regarde aujourd’hui un film des années 80, on y repère des artifices de mise en
scène typiquement hollywoodiens qui ne fonctionneraient pas dans une production
contemporaine. Du coup, même si le film se passe dans les années 80, sa
réalisation ne devrait pas sembler en décalage avec l’époque actuelle. John a
un style d’une grande fluidité et son approche y correspond parfaitement. »
Pour l’équipe technique, le sentiment d’immersion totale dans les années 80
était assez déstabilisant. Entre les costumes d’époque minutieusement choisis
par Tiziana Corvisieri, le maquillage et les coiffures de Barbara Conway et
Sandra Kelly, et les décors précis d’Alan MacDonald, tout a été
consciencieusement orchestré pour qu’on ait l’impression d’être dans un univers
contemporain, et non pas dans une reconstitution.
Bregman l’a particulièrement
ressenti dans les scènes de concert du groupe amateur : « C’est assez
grisant pour tous ceux qui, comme moi, ont grandi dans les années 80 d’assister
à ces séquences, dit-il. Cela vous fait remonter le temps. On se souvient qu’on
faisait partie de ces jeunes maquillés outrageusement et coiffés de manière
excentrique. Quand on dépasse la quarantaine, on se rend compte que ses
souvenirs peuvent être évoqués dans un film… » Pour Martina Niland, ce sont les
petits détails qui ont rendu les décors crédibles.
« Il s’agissait par exemple
qu’on voie à l’image le liquide vaisselle qu’on utilisait en 1984 ou 1985,
relève-t-elle. Est-ce qu’il n’y avait pas l’image d’un petit bébé en train de
courir sur ces flacons de liquide vaisselle qui, eux, étaient blancs ? Il
fallait donc faire en sorte d’avoir les bons accessoires et ustensiles pour que
les gens qui ont connu cette époque se disent : " Tu te souviens de
ça ? " C’était la ligne directrice des consignes données par John à son
équipe. Pour une certaine génération, c’est une décennie inoubliable d’un point
de vue esthétique, musical et vestimentaire. On voulait faire en sorte d’être
fidèle à la réalité pour que le spectateur qui a connu cette époque s’y
retrouve. »
« Je ne voulais pas de plans spectaculaires à la grue ou de décors
d’époque qui en mettent plein la vue, affirme Carney. Comme on dit souvent, le
diable est dans les détails. Je me suis plutôt attaché aux montres à affichage
digital qui vous replongent dans l’époque, à un tube qu’on entendait à la
radio, à une coupe de cheveux, à une tenue vestimentaire caractéristique –
davantage qu’à de grands plans d’ensemble. On n’a donc pas tellement tourné
dans les rues de Dublin. Il s’agissait davantage de transposer l’atmosphère des
années 80 à travers un vêtement, par exemple, que de reconstituer Grafton
Street [principale rue commerçante de Dublin, NdT] à l’époque. »
Le film est
ponctué de clips façon années 80 car le groupe tourne ses propres vidéos dans
les ruelles de Dublin et à Dún Laoghaire, à une dizaine de kilomètres du
centre-ville. Pour intégrer ces séquences au film, le réalisateur et son
directeur de la photo ont étudié de nombreux clips de l’époque, s’attardant sur
leur structure, leur style et leur montage. « John m’a envoyé plusieurs clips
de cette décennie, de Police à Madonna, car à l’époque tout le monde tournait
des clips, précise Orbach. On s’est attaché à leur style – celui de Duran Duran
était assez marquant – et à leur excentricité. C’étaient les débuts du clip et
on faisait appel à des réalisateurs de cinéma pour les tourner. C’était très en
vogue. On s’en est pas mal inspirés. »
« Au départ, pour le groupe, il s’agit
presque d’un exercice imposé et puis, progressivement, les jeunes apprennent à
se servir de la caméra et s’améliorent, dit-il. Ils ont une petite caméra vidéo
avec laquelle ils tentent des expériences. Du coup, dans le premier clip, les
images sont un peu floues et tremblées, comme si elles avaient été tournées par
un enfant. Le deuxième est un peu plus maîtrisé. Quant au troisième, où ils
laissent libre cours à leur imagination, on l’a tourné avec une caméra de
cinéma. Il s’agit sans doute du clip le plus professionnel et de celui qui est
le plus influencé par les clips des années 80. »
« On a tourné les clips avec
une caméra mini DV, poursuit-il. On a aussi fait des essais avec le Super VHS.
Le résultat est à la fois magnifique et affreux. On s’est dit qu’on voulait
garder ce style tout en jouant sur la qualité. Du coup, la mini DV nous a
semblé un bon point de départ. On avait donc deux caméras mini DV, sans
éclairage, ni matériel. Les producteurs se demandaient vraiment ce qu’on
faisait… » Le chef-décorateur était parfaitement dans son élément. « Quand
j’avais l’âge de Conor, 13 ou 14 ans, j’étais obnubilé par David Bowie,
confie-til. Bien entendu, cette obsession avait beaucoup d’influence sur moi –
sur ma manière de m’habiller, sur le fait que je porte du maquillage ou que je
me teigne les cheveux. C’est ce que fait Conor dans le film. C’est pareil. Il
cherche des repères pour mieux découvrir sa personnalité et son identité. Il
n’y avait que la musique qui me permettait de déterminer mon style
vestimentaire ou autre. »
« C’est en grande partie ce qui m’a séduit dans ce
projet, note-t-il encore, car c’était une période importante de ma vie. J’ai
conçu les décors de bon nombre de clips à l’époque et je suis encore fou de
musique. Je pense que la dimension musicale joue un rôle important dans la
narration car c’est souvent avec la musique qu’on quitte l’enfance pour devenir
adolescent. On commence à s’identifier à des codes musicaux et esthétiques. On
se met à faire attention à la manière dont on s’habille, ou à sa coiffure, les
garçons remarquent les filles, et les filles, les garçons. On fait un effort
pour bien se maquiller, on apprend à mieux s’habiller. Je crois que la présence
de la musique m’a intéressé, mais c’est surtout cette période-charnière où on
devient adolescent qui a retenu mon attention. » Au début des années 80,
MacDonald estime qu’il était plus facile qu’aujourd’hui de se singulariser dans
les domaines de la mode, de la musique ou des arts, notamment parce qu’il y
avait moins de sources d’inspiration.
« Il fallait vraiment faire des
recherches poussées, dit-il. On regardait " Top of the Pops " une
fois par semaine et on y puisait son inspiration. On se procurait le New
Musical Express, Sounds ou Melody Maker [hebdomadaires musicaux anglais de
référence, NdT], et on s’en inspirait. Il n’y avait pas de magazines culturels
pour jeunes, ni d’Internet, ni de réseaux sociaux… » L’inventivité dont on
faisait preuve à l’époque a marqué la chef-costumière.
« On n’avait pas
d’argent, si bien qu’on ne pouvait pas s’acheter de nouveaux vêtements,
observe-t-elle. Et même si on avait de l’argent, et qu’on voulait s’offrir des
fringues tendance, on ne les trouvait pas à Dublin. Je crois que les jeunes se
procuraient des vêtements dans les friperies et les dépôts-ventes, puis les
modifiaient pour leur donner un côté mode et funky. Mais c’étaient souvent des
affaires d’occasion qui dataient de la décennie précédente : les ados
pillaient la garde-robe de leurs frères, sœurs et parents ! »
DUBLIN
Pour l’essentiel, le tournage s’est déroulé à Dublin et dans
ses environs – à l’exception du décor de la chambre de Brendan. Par chance,
l’architecture de la ville n’a guère évolué depuis les années 80 et lorsque des
changements étaient intervenus, l’équipe Décors a su les camoufler. Pour John
Carney, il ne s’agissait pas tant de reconstituer le Dublin de l’époque que de
projeter le spectateur chez les habitants, dans les écoles et les ruelles. « Il
y a pas mal de quartiers de Dublin qui n’ont pas changé tant que ça, détaille
Martina Niland. En dehors des antennes paraboliques ou d’objets qui
n’existaient pas, on pouvait s’en sortir en étant un peu astucieux. On n’avait
pas un budget considérable et on a donc choisi les rues qui répondaient à nos
critères. »
Anthony Bregman acquiesce : « Les bâtiments n’ont pas bougé
depuis les années 80, et le moindre endroit, ou magasin, était déjà là à
l’époque. On a réussi à gommer les quelques changements qui avaient pu avoir
lieu. Ce qui était compliqué avec NEW YORK MELODY, c’est qu’on tournait
beaucoup dans les rues de New York avec des stars. Du coup, dès qu’on allait
quelque part, on provoquait des attroupements de badauds qui prenaient des
photos avec leurs téléphones. Comme Dublin n’attire pas les paparazzi et que
nos jeunes interprètes ne sont pas – encore – des stars, on n’a pas eu tous ces
problèmes. On pouvait tranquillement investir un quartier sans être obligés de
sécuriser le périmètre. »
L’équipe a beaucoup tourné dans les cours de Synge
Street School, hérissées de hauts murs, en utilisant la topographie des
extérieurs pour mettre en valeur l’atmosphère particulière de cet établissement
défavorisé. D’ailleurs, les bâtiments n’ont guère changé depuis les années 80.
Par ailleurs, en consultant de vieilles photos de Dublin des années 80, la
production avait remarqué qu’il y avait très peu de voitures dans les rues.
« La plupart du temps, dans les reconstitutions historiques, on a tendance à
encombrer les rues de voitures d’époque en se disant qu’elles seront un gage
d’authenticité, raconte Alan MacDonald. Mais quand on regarde les photos de
Dublin de cette décennie, on se rend compte qu’il n’y a presque aucune voiture
dans les rues ! »
LES PERSONNAGES
SING STREET s’attache à Conor, adolescent de 15 ans, qui
découvre l’univers d’un établissement sensible, après avoir connu le milieu
protégé d’un lycée privé. Dans le même temps, ses parents se séparent… Bien que
Ferdia Walsh-Peelo ait le même âge et qu’il ait, lui aussi, changé
d’établissement, il n’a pas grandchose en commun avec le personnage. Carney et
son jeune interprète ont travaillé en étroite collaboration pour mettre au
point ce personnage que Walsh-Peelo n’hésite pas à décrire comme « un garçon un
peu pathétique sans grande estime de soi qui peu à peu gagne confiance en
lui. »
« J’ai moi aussi changé d’établissement, mais c’était par choix, et
c’est donc différent de ce que vit Conor, ajoute-t-il. Je me retrouve pas mal
en lui car la musique compte aussi beaucoup pour moi. En revanche, ses parents,
qui ne sont pas très affectueux, n’ont rien à voir avec les miens. » Le jeune
comédien a beaucoup appris au contact de Carney. À la fois scénariste et
réalisateur, ce dernier a su réaménager le scénario en fonction de ses
comédiens, leur permettant d’improviser et de mieux cerner leurs rôles. Avec
cette approche, le cinéaste a pu obtenir une plus grande justesse de ses
acteurs. « C’était vraiment intéressant parce qu’au départ, on ne se faisait
pas du tout la même idée des scènes que John Carney, et il fallait donc qu’on
réfléchisse pour comprendre ce qu’il voulait, explique Walsh-Peelo. Il ne nous
disait pas exactement ce qu’il attendait de nous : il voulait qu’on le
découvre par nous-mêmes. »
Lucy Boynton était un peu plus aguerrie que ses
partenaires. Elle avait déjà tourné pour le cinéma et la télévision, de MISS
POTTER, avec Renée Zellweger et Ewan McGregor, à THE BORGIAS, avec Jeremy
Irons. Avec Raphina, la comédienne campe une jeune femme complexe, plus mûre
que son âge ne le laisse supposer, qui séduit Conor. Lucy Boynton précise
: « Elle a connu pas mal d’événements que, fort heureusement, la plupart des
gens de son âge ne vivent pas. Du coup, par réaction, elle se comporte comme si
elle était beaucoup plus mûre que les jeunes filles de sa génération. On le
constate tout au long du film, sauf à certains moments où elle se révèle vulnérable.
On s’en rend bien compte quand elle n’a ni maquillage, ni coiffure apprêtée,
qui, pour elle, sont des protections. »
« Raphina joue un rôle central dans
l’apprentissage de l’âge adulte chez Conor, dit-elle. Elle lui permet de
découvrir la vie, bien plus que l’école. De son côté, il est tellement
spontané, il manifeste une telle volonté de la comprendre, et il lui témoigne
une telle patience, qu’il la surprend vraiment. » Walsh-Peelo et Lucy Boynton
se sont liés d’amitié en travaillant la relation entre leurs personnages. Le
jeune comédien a profité d’avoir une vraie professionnelle à ses côtés pour
enrichir son propre jeu. Pour autant, sa partenaire reconnaît qu’elle a aussi
appris au contact du garçon. « C’était plus intéressant de l’observer, lui, car
il n’a pas d’expérience préalable, souligne-t-elle. C’est toujours captivant de
regarder quelqu’un de débutant qui cherche sa voie. J’ai toujours aimé observer
les gens qui ne sont pas figés dans des postures et qui ne se reposent pas sur
les vieilles techniques qu’ils utilisent depuis des années. C’est fascinant
d’observer quelqu’un qui est mis à l’épreuve ! »
Pour Aidan Gillen, son
personnage avait des résonances personnelles : « Robert est architecte et
travaille depuis chez lui, explique-t-il. Or, mon père était lui aussi
architecte et travaillait de chez lui ! Dans les années 80, j’avais l’âge de
Conor. Mon père portait des cols roulés et buvait du whisky de temps en temps,
comme mon personnage. »
« J’ai moi-même commencé à faire l’acteur à environ 14 ans, et j’assistais à des concerts, reprend-il. Ce sont sans doute mes deux grandes passions dans la vie : mon métier de comédien et la musique. C’est très agréable de participer à un film dont les protagonistes sont adolescents, et de les regarder jouer sans doute pour la première fois. Ils se retrouvent dans des situations qu’ils n’ont encore jamais affrontées, même si elles relèvent de la fiction. »
« J’ai moi-même commencé à faire l’acteur à environ 14 ans, et j’assistais à des concerts, reprend-il. Ce sont sans doute mes deux grandes passions dans la vie : mon métier de comédien et la musique. C’est très agréable de participer à un film dont les protagonistes sont adolescents, et de les regarder jouer sans doute pour la première fois. Ils se retrouvent dans des situations qu’ils n’ont encore jamais affrontées, même si elles relèvent de la fiction. »
« Ce qu’on fait à 13 ou 14 ans, on ne l’oublie
jamais, dit-il. Je me suis forgé ma personnalité à travers cette expérience
adolescente. C’est à cet âge que, comme les personnages du film, on
s’affranchit de sa famille et qu’on découvre qui on est. Ensuite, on peut
encore évoluer ou rester marqué par la prise de conscience qu’on fait à ce
moment-clé de sa vie. Quant à moi, je crois que je n’ai pas changé. » Jack
Reynor a vu dans son personnage l’occasion de faire appel à sa passion pour les
Pink Floyd. « C’est un vrai junkie qui passe sa journée dans sa chambre à
écouter des disques, sans faire grand-chose d’autre, déclare-t-il. C’est le
fruit de ses rapports avec ses parents : ils l’ont tellement empêché de
faire ce qu’il voulait qu’il a fini par basculer. D’une certaine manière, il
incarne une sorte de sage aux yeux de Conor en l’initiant à la musique et à la
culture de l’époque. Il l’aide à formuler sa propre vision des choses et son
point de vue sur ses rapports aux autres et avec les filles. Je pense qu’avec
son petit frère, Brendan vit un peu les choses par personne interposée. »
« John ne m’a donné aucune consigne, dit-il. Je crois que mon personnage
s’inspire d’un membre de sa famille parce que le film est un peu
autobiographique. Je le connais depuis très, très longtemps, et nous avons
toujours eu d’excellents rapports. Il m’a parlé du rôle en me racontant son
histoire familiale, sa vie et les relations qui ont compté pour lui. »
« J’ai
pu m’identifier facilement au personnage parce que j’ai connu des gens comme
lui, indiquet-il encore. John m’a fait confiance et m’a laissé m’approprier le
personnage. S’il avait des demandes précises, il le disait. Mais sinon, il m’a
fait confiance et je crois qu’on était sur la même longueur d’ondes. » Reynor
évoque les cheveux longs qu’il porte, à l’inverse de ses rôles antérieurs. « Je
voulais ressembler le plus possible à David Gilmour (leader des Pink Floyd),
dit-il. J’ai donc cassé les pieds à John jusqu’à ce qu’il cède. C’est comme ça
que ça s’est passé et que j’ai pu avoir les cheveux longs. » « Je savais qu’il
devait avoir l’air débraillé et introverti, ajoute-t-il. On voulait aussi qu’il
soit négligé et mal rasé, pour bien montrer qu’il est dans cet état depuis un
bon moment et qu’il a du mal à affronter cette étape de sa vie. Cela se sent
dans le film et le personnage traduit bien ces questionnements. »
L’UNIVERSEL ET LE PARTICULIER
Anthony Bregman estime que si SING STREET a toutes les
chances de toucher le public international, c’est parce qu’il a une dimension
universelle.
« Les histoires les plus universelles sont aussi les plus ancrées
dans un contexte bien précis, dit-il. C’est le cas de ce film. Toutes les
histoires que j’aime se déroulent dans le cadre d’une communauté donnée, et
dans des circonstances bien spécifiques, tout en étant universelles. Si on
arrive à se projeter dans un récit chinois, français ou grec, c’est parce qu’on
a beaucoup de points communs avec ses personnages, même si leur vie n’a rien à
voir avec la nôtre. »
Paul Trijbits avait été séduit par le champ des possibles
ouvert par le scénario : « On peut se poser la question de savoir comment
on aurait réagi si on avait été à la place du protagoniste, intervientil.
Qu’aurait-on fait si on avait été retiré d’un lycée protégé pour se retrouver
dans un établissement réputé difficile ? Comment s’en serait-on sorti ? Ce sont
des enjeux atemporels qui devraient séduire un très large public
contemporain. »
CHANSONS
-TODAY TONIGHT-
Écrit et interprété par Shaun Davey Édité par Bucks Music
Group Ltd
Avec l’aimable autorisation de Shaun Davey
- STAY CLEAN –
Composé par Edward Clarke, Ian Kilmister et Philip Taylor
Enregistré par Motorhead
Édité par
EMI Music Publishing Ltd. / Motor Music Ltd.
Avec l’aimable autorisation de Sanctuary Records Group Ltd.,
une compagnie BMG (P) 197
Utilisé avec permission. Tous droits réservés.
- YELLOW PEARL –
Écrit par Lynott/Ure
Interprété par Phil Lynott
Édité par Universal Music Publishing Ltd
- RIO –
Composé par Simon Le Bon, Nick Rhodes, Andy Taylor, John
Taylor and Roger
Interprété par Duran Duran
Published
by EMI Music Publishing Ltd. / Gloucester Place Music Ltd
Licensed courtesy of Warner Music UK Ltd
- I FOUGHT THE LAW –
Écrit par Sonny Curtis
Interprété par The Clash
Édité par Sony/ATV Acuff Rose Music
Avec l’aimable autorisation de Sony Music Entertainment UK
Limited
- TAKE ON ME –
Composé par Magne Furuholmen, Morten Harket and Pal Waaktaar
Interprété par l’acteur Ferdia Walsh-Peelo
Édité par Sony/ATV Music Publishing (UK) Ltd.
- A BEAUTIFUL SEA –
Musique de John Carney, Graham Henderson, Carl Papenfus, Ken
Papenfus et Zamo Riffman
Paroles de Gary Clark
Interprété par l’acteur Ferdia Walsh-Peelo
- LOVECATS –
Écrit par Smith
Édité par Fiction Songs Ltd
- AXEL F –
Écrit par Harold Faltermeyer
Édité par Sony/ATV Harmony
- TICO’S TUNE –
Écrit par Phil Green Interprété par Graham Henderson
Édité par Elcien Music Ltd (adm. By IQ Music Ltd)
- WAITING
FOR A TRAIN –
Composé par
H. Vanda & G. Young
Interprété
par Flash & The Pan © & ℗ J. Albert & Son Pty Limited
Utilisé
avec autorisation
- THE
RIDDLE OF THE MODEL–
Musique de
John Carney, Graham Henderson, Carl Papenfus, Ken Papenfus et Zamo Riffman
Paroles de
Gary Clark
Interprété
par l’acteur Ferdia Walsh-Peelo
- DON’T GO
DOWN –
Écrit par
Fergus O’Farrell & Glen James Hansard
Interprété
par Interference Ireland The Swell Season Publishing (ASCAP) & Wan Xiang
Music Publishing (ASCAP)
Tous droits administrés par WB Music Corp.
Tous droits réservés
Utilisé avec l’autorisation de WAN XIANG LTD
- PAPERLATE –
Écrit par Anthony Banks, Philip Collins et Michael
Rutherford
Interprété par Genesis
Avec l’autorisation de Imagem Music, une société Imagem
Avec l’aimable autorisation de Atlantic Recording Group et
Virgin EMI Records Ltd
Et en accord avec Warner Music Group Film & TV Licensing
Sous licence Universal Music Operations Ltd
- UP –
Musique de John Carney, Graham Henderson, Carl Papenfus, Ken
Papenfus et Zamo Riffman
Paroles de Gary Clark
Interprété par l’acteur Ferdia Walsh-Peelo
- STEPPING OUT –
Écrit et interprété par Joe Jackson
Édité par Pokazuka LLC
Administered By Kobalt Music
Avec l’aimable autorisation de Virgin EMI Records Ltd
Sous licence Universal Music Operations Ltd
- TOWN CALLED MALICE –
Écrit par Weller
Interprété par The Jam
Édité par Universal Music Publishing Ltd
Avec l’aimable autorisation de Polydor Records UK Ltd
Sous licence Universal Music Operations Ltd
- GHOST OF A CHANCE –
Écrit par Cleary
Interprété par The Blades
Édité par Complete Music Ltd
Avec l’aimable autorisation de Energy Records
- INBETWEEN DAYS –
Écrit par Smith
Interprété par The Cure
Édité par Fiction Songs Ltd
Avec l’aimable autorisation de Atlantic Recording Group et
Polydor UK Ltd
Avec l’accord de Warner Music Group Film & TV Licensing
- TO FIND YOU –
Écrit par Gary Clark Cordes arrangées par Gary Clark
Interprété par l’acteur Ferdia Walsh-Peelo
- GOLD –
Écrit par Gary Kemp
Interprété par Spandau Ballet
Édité par Reformation Publishing Co Ltd
Avec l’aimable autorisation de Warner Music UK Ltd
- BROWN SHOES –
Musique de John Carney, Graham Henderson, Carl Papenfus, Ken
Papenfus et Zamo Riffman
Paroles de Gary Clark
Interprété par l’acteur Ferdia Walsh-Peelo
Sous licence Universal Music Operations Ltd
- MANEATER –
Paroles et musique de Daryl Hall, John Oates & Sara
Allen
Interprété par Daryl Hall & John Oates
Édité par BMG Rights Management UK Ltd., une société BMG ©
1982 © 1982 Unichappell Music Inc. (BMI), Hot Cha Music Co. (BMI) &
Geomantic Music (BMI)
Utilisé avec autorisation Tous droits réservés et avec
l’aimable autorisation de Sony Music Entertainment Inc
- DRIVE IT
LIKE YOU STOLE IT –
Paroles et musique de Gary Clark
Interprété par l’acteur Ferdia Walsh-Peelo
- POP MUSIK –
Écrit par Robin Scott
Interprété par M
Édité par
Union Square Music Publishing Ltd, a BMG Company.
Avec
l’aimable autorisation de Union Square Music Ltd, une société BMG sous licence
exclusive de Robin Scott.
- NOTHING’S
GONNA STOP US NOW –
Écrit par
Hammond/Warren
Interprété
par Starship
Édité par
Universal/MCA Music Ltd and Hornall Brothers
Avec
l’aimable autorisation de Sony Music Entertainment Inc
- GIRLS –
Musique de
John Carney, Glen Hansard, Graham Henderson, Carl Papenfus, Ken Papenfus, et
Zamo Riffman
Paroles de
Gary Clark
Interprété
par l’acteur Ferdia Walsh-Peelo
- GO NOW –
Écrit par
John Carney, Glen Hansard, Graham Henderson
Édité par Warner Chappell Ltd
Interprété par Glen Hansard
B.O.F disponible en version digitale chez Universal
Music-Capitol Music France.
Le film a été tourné à Dublin en Irlande © 2015 Cosmo Films
Limited. All Rights Reserved
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