lundi 28 décembre 2015

MISTRESS AMERICA


Comédie/Originale, un moment de fraîcheur

Réalisé par Noah Baumbach
Avec Greta Gerwig, Lola Kirke, Charlie Gillette, Dean Wareham, Jasmine Cephas Jones, Matthew Shear, Juliet Brett, Michael Chernus, Cindy Cheung, Shana Dowdeswell, Rebecca Henderson...

Long-métrage Américain
Durée: 01h26mn
Année de production: 2015
Distributeur: Twentieth Century Fox France

Date de sortie sur les écrans américains : 14 août 2015
Date de sortie sur nos écrans : 6 janvier 2016


Résumé : Tracy va au lycée à New York mais n'a aucune envie d'aller à l'Université et veut un style de vie glamour. Lorsqu'elle peut enfin y accéder grâce à sa demi-soeur, elle va être complètement sous le charme de cette façon de vivre.

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : Le scénario a été écrit par Greta Gerwig et Noah Baumbach. Il réalise, elle interprète le rôle principal. 

Noah Baumbach, le réalisateur, et Greta Gerwig, l'actrice principale à l'avant-première du film à New York le 12 août 2015
Avec MISTRESS AMERICA, nous sommes invités à découvrir avant tout un film indépendant. Il a un style bien particulier qui lui confère une originalité fraîche et bienvenue. Il s'agit d'un film bavard avec un côté théâtral, qui tend parfois vers le vaudeville, c'est amusant. Il se passe à New-York mais ne nous fait pas faire le tour des attractions touristiques. Il nous décrit plus les attirances et l'ambiance d'un esprit new-yorkais moderne, superficiel, narcissique, débrouillard par nécessité et s'accompagnant d'un refus des responsabilités de la vie d'adulte. Bien que les principaux traits de caractère des deux personnages centraux, Tracy et Brooke, ne les rendent pas attachantes, Noah Baumbach établit un juste équilibre afin qu'elles soient touchantes. 

Brooke est judicieusement interprétée par Greta Gerwig. Brooke est une jeune femme pétillante, tout feu tout flamme, ambitieuse mais sans talents, on comprend pourquoi Tracy se laisse impressionner par cette personnalité en bouillonnement perpétuel.





Tracy est interprétée par Lola Kirke. Tracy est intelligente et influençable. Lola Kirke apporte beaucoup de justesse dans les nuances de l'évolution de son personnage.





Imparfaites, Brooke et Tracy trouvent, en compagnie l'une de l'autre, des pistes pour grandir.
MISTRESS AMERICA est une agréable comédie dans l'air du temps, représentante d'une certaine idée du cinéma indépendant américain. Si vous êtes à la recherche d'un film éloigné des standards habituels des grands studios, alors celui-ci est définitivement à découvrir.

LA MUSIQUE DU FILM

« Dix ans après avoir composé la musique du film « Les Berkman se séparent » (« The Squid and the Whale »), le duo Dean Wareham et Britta Phillips reviennent avec une musique impressionnante qui trempe dans la new wave et la synthpop des années 80. »Variety
Noah Baumbach signe ici son deuxième film de l’année, après « While we’re Young » ! « Mistress America » nous le montre au sommet de son art. Comédie farfelue sur la relation entre deux jeunes femmes à New York, « Mistress America » est truffé de scènes excentriquement drôles basées sur la bêtise des gens égocentriques.
Tracy (Lola Kirke) va au lycée à New York mais n'a aucune envie d'aller à l'Université et veut un style de vie glamour. Lorsqu'elle peut enfin y accéder grâce à sa demi-soeur Brooke (Greta Gerwig), elle va être complètement sous le charme de cette façon de vivre.
La musique originale de « Mistress America » a été composée par le duo Dean Wareham et Britta Phillips, déjà auteurs des musiques des films « Tenure » et « Les
Berkman se séparent » (« The Squid and the Whale »). Ils viennent tous deux du groupe de dream-pop Luna. Dean Wareham quant à lui faisait partie du groupe américain Galaxie 500. Leur musique instrumentale, teintée de new wave et de synth pop, faisant directement écho aux années 80, rythme superbement le film, ses joies, ses peines, et ses moments de doute.
L’album contient également les titres « Souvenir » d’Orchestral Manoeuvres in the Dark, « No More Lonely Nights » de Paul McCartney, et « You Could’ve Been a
Lady » de Hot Chocolate.

DATE DE SORTIE PHYSIQUE ET DIGITALE : 8 JANVIER 2016

STREAMING

LISTE DES TITRES
MISTRESS AMERICA
TRACY & TONY
SOUVENIR
ORCHESTRAL MANOEUVRES IN THE DARK
DO EVERYTHING (SOUL CYCLE)
MOM’S
TRACY IN NEW YORK
DO EVERYTHING (GAS STATION)
HOOKS & LADDERS
NO MORE LONELY NIGHTS (BALLAD)
PAUL MCCARTNEY
DREAM BABY DREAM
SUICIDE
ROBBERS
TRACY & TONY (REPRISE)
HAPPY & FREE (JIM JAMES REMIX)
TRACY & BROOKE (MOM’S REPRISE)
YOU COULD’VE BEEN A LADY
HOT CHOCOLATE


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

MISTRESS AMERICA, dernière comédie burlesque de Noah Baumbach et Greta Gerwig, met en scène une jeune étudiante de première année initiée à l’effervescence de la vie new-yorkaise par celle qui va devenir sa belle-sœur par alliance. 

Pour Tracy (Lola Kirke), le premier semestre d’université à Manhattan est une immense source de déception. Ses cours sont ennuyeux, sa camarade de chambre est désagréable et Tony (Matthew Shear), le garcon qui lui plaît, sort déjà avec Nicolette (Jasmine Cephas-Jones), une jeune fille malade de jalousie. Lorsque sa candidature est rejetée par le cercle littéraire qu’elle voulait intégrer, Tracy contacte Brooke (Greta Gerwig), fille du fiancé de sa mère et quasi-trentenaire… et la vie de l’écrivain en herbe est bouleversée en l’espace d’une nuit. 

Brooke fait découvrir à la jeune fille tout un pan de la vie new-yorkaise qu’elle rêvait de connaître depuis longtemps. Elle tombe sous le charme de l’appartement original - quoique occupé illégalement – de Brooke, de son bistrot-salon de coiffure-galerie d’art-centre communautaire en passe d’ouvrir et de sa personnalité joviale, spontanée et touche-à-tout. Tracy est vite entraînée dans un tourbillon d’aventures orchestrées par sa future belle-soeur. 

Alors que tout semblait aller pour le mieux dans la vie de Brooke, son horizon s'assombrit dès lors qu’un des principaux bailleurs de fonds du restaurant fait volte-face. En compagnie de Tracy, Tony et Nicolette, Brooke décide d’affronter son ex-meilleure amie qui, selon elle, lui doit tout. Mamie Claire (Heather Lind) lui a en effet piqué sa plus grande idée et son petit ami friqué, Dylan (Michael Chernus), sans parler de ses deux chats. C’est dans la maison du couple, dans le Connecticut, qu’un affrontement à la fois hilarant et poignant va révéler les enjeux de cette comédie de moeurs contemporaine. 

Si le rôle de Brooke, citadine branchée un peu givrée mais toujours très drôle, semble avoir été taillé sur mesure pour Greta Gerwig, c’est parce qu’il l’est ! L’actrice et le cinéaste indépendant Noah Baumbach dressent dans ce film le portrait tout à fait crédible d’une jeune femme imprévisible et inoubliable, signant là leur deuxième collaboration scénaristique. 

Les auteurs se sont ensuite mis en quête d’une actrice capable d’incarner Tracy, véritable protagoniste du film, et ont déniché la perle rare en la personne de Lola Kirke : ″Il est facile de sous-estimer le personnage de Tracy car c’est par elle que nous abordons l’histoire, puisqu'elle est notre narratrice″, remarque Baumbach. ″D’une certaine façon, elle est assez peu fiable dans ce rôle de narratrice car le film parle d’elle, de la façon dont elle trouve sa voie et devient elle-même″. 

La première collaboration entre Baumbach et Greta Gerwig, FRANCES HA, a reçu l’éloge de la critique pour son portrait – dans un noir et blanc très stylisé – d’une jeune danseuse en quête d’un foyer. L’expérience a été tellement gratifiante, raconte Baumbach, qu’ils écrivent ensemble depuis en partageant leurs idées et en les développant de concert : ″J’aime travailler avec Greta car elle m’amuse et qu'elle est une source constante d’inspiration. J’ai toujours hâte de lire ce qu’elle écrit″. 

Brooke était au départ un personnage secondaire dans une autre histoire, une femme que Greta Gerwig décrit comme ″une petite opportuniste qui fait trop de choses en même temps″. 

″Quand on travaillait ensemble, Greta parlait en prenant la voix de Brooke et ça nous faisait rire″, indique Baumbach. ″Nous avons décidé qu’elle méritait d’avoir sa propre histoire et nous avons donc entamé l’écriture de ce qui allait devenir MISTRESS AMERICA. Nous avons débuté avec Brooke, puis nous avons remonté le cours de l’histoire à partir de là. Je ne sais pas d’où vient l’inspiration pour le personnage de Brooke mais quand Greta a commencé à la faire parler, je me suis dit que j’aimerais voir un film dans lequel elle tiendrait ce rôle.″ 

Tous deux ont pris le parti de présenter Brooke au public à travers les yeux de Tracy, jeune étudiante de 18 ans dont la mère est sur le point d’épouser le père de Brooke. Tout juste débarquée de sa banlieue, la jeune fille s’imagine naïvement que chaque journée passée à New York doit être trépidante et inoubliable. 

″Mais en fait, la vie est assez déprimante et solitaire pour elle″, explique Greta Gerwig. ″Du coup, sa mère lui suggère de contacter Brooke et elle se retrouve embarquée dans cette aventure complètement folle. Je suis fan des films des années 80 dans lesquels des filles incroyables arpentent le ′square′ [Manhattan square, NdT] dans une atmosphère très ′underground′. Elles vivent la grande vie et il leur arrive des aventures hallucinantes : c’est l’ambiance que nous cherchions à recréer. J’adore l’énergie de ces films et je me disais que ça faisait longtemps que je n’en avais pas vu un comme cela″. 

Des films comme DANGEREUSE SOUS TOUS RAPPORTS, AFTER HOURS et RECHERCHE SUSAN DÉSESPÉRÉMENT, dans lesquels le protagoniste est entraîné dans une folle aventure par une mystérieuse inconnue, ont été une source d’inspiration, confie le réalisateur : ″Ce sont des films que j’ai vus lorsque j’étais adolescent et qui m’ont beaucoup marqué″, dit-il encore. 

Brooke semble être la New-Yorkaise idéale, celle à qui on rêve de ressembler ou dont on aimerait être la confidente lorsqu’on est une jeune fille seule à Manhattan. ″Il lui arrive toujours plein de choses″, souligne Greta Gerwig. ″Elle est prof de fitness, elle ouvre un restaurant, elle fait de la décoration intérieure et elle a eu l’idée d’une super-héroïne qui s’appellerait Mistress America. Elle fait quantité de choses, connaît tout le monde mais n’a pas vraiment d’amis proches″. 

Tracy a l’impression que sa vie démarre enfin quand elle fait la connaissance de Brooke : ″C’est un peu comme quand Nick Carraway rencontre Gatsby″, précise l’actrice. ″Tracy devient la narratrice du film. Elle rêve d’être écrivain et quand elle rencontre ce personnage assez haut en couleurs, elle se met à relater tout ce qui lui arrive dans une nouvelle qu’elle intitule ′Mistress America′, sans le lui dire″. 

Brooke a pleinement conscience qu’elle n’a pas encore obtenu le succès escompté et que son statut de ″it-girl″ ne va pas durer éternellement. ″Pourtant, quand on la rencontre, elle est vraiment éblouissante″, poursuit Greta Gerwig. ″De l’extérieur, sa vie semble fascinante, et à l’âge de Tracy, c’est facile d’idéaliser les gens. Quand on examine les choses de plus près, on comprend que la réalité est un peu plus complexe. Les gens bâtissent leur propre mythologie sur ce qui leur est arrivé et parfois, plus on pose de questions et plus on s'aperçoit qu’il est impossible que ça se soit produit ainsi. C’est ce que Tracy commence à soupçonner chez Brooke″. 

Le film est produit par Noah Baumbach, Greta Gerwig, Scott Rudin, Rodrigo Teixeira et Lila Yacoub qui a travaillé avec Baumbach sur ses trois derniers films. ″Quand je lis un script de Noah, je suis toujours surprise. Les derniers films ont été assez différents les uns des autres et son travail est devenu moins sombre au fil des années″, dit-elle. ″Ça semble être son évolution naturelle en tant qu’artiste et ce film-ci est totalement différent : c’est sans aucun doute le plus optimiste de sa carrière″. 

Selon la productrice, Baumbach s'est beaucoup consacré à des portraits de femmes ces dernières années, notamment depuis le succès de FRANCES HA. ″Noah adore les femmes. Il y a en général une femme au fort tempérament dans ses histoires et c’est une des choses qui m’attire dans son travail. Je suis ravie qu’il écrive des personnages comme Tracy et Brooke. Chez lui, je respecte complètement le réalisateur et l’auteur. Je suis vraiment fière de faire partie de cette petite famille que nous avons créée : il a un regard sur la mise en scène qui n'appartient qu'a lui″, ajoute-t-elle. 

MISTRESS AMERICA porte avant tout sur l’amitié entre deux femmes, explique Greta Gerwing : ″C’est assez inhabituel d’avoir une histoire de femmes qui ne parle pas de leurs rapports avec les hommes de leurs vies et c’est un parti pris délibéré de notre part.″ 

Baumbach et Greta Gerwig ont mis au point une méthode de travail qui privilégie à la fois la collaboration et l’indépendance : ″Au début, nous parlons beaucoup de l’histoire et nous prenons tous deux des notes″, explique le réalisateur. ″Une fois qu’on s’est mis d’accord, on travaille souvent séparément sur des scènes individuelles, puis on se les fait passer″. 

C’est comme cela qu’une grande partie du scénario est écrit, aux dires de l’actrice : ″On part d’une idée, on en discute, puis on bâtit la trame. Ensuite, l’un de nous deux écrit la scène et la soumet à l’autre. Elle est lue à voix haute pour trouver ce qui sonne juste et quand on a toutes les scènes, on fignole les dialogues jusqu’à ce que ce soit le moment de tourner. Ce qui est vraiment génial, c’est que la plupart du temps, on est vraiment sur la même longueur d’onde″. 

Une fois le tournage entamé, en revanche, les rôles sont redéfinis plus clairement. ″On met le script en forme avant de commencer le tournage″, explique Baumbach. ″Puis, on travaille essentiellement en tant que réalisateur et actrice. Mais si on a besoin de revoir quelque chose, nous sommes bien évidemment tous les deux là pour nous y atteler″. 

MISTRESS AMERICA n’est pas seulement une équipée comique : il s’agit d’une exploration en profondeur de thèmes chers à Baumbach : ″Dans ce film, on trouve beaucoup de choses″, rapporte Lila Yacoub. ″D’une certaine façon, il s’agit d’identité. Tracy essaie de savoir qui elle est. Brooke comprend qu’elle n’est pas vraiment celle qu’elle pensait être. Le film parle aussi du fait qu'on est sans cesse en représentation à l’ère des médias sociaux : tout est exhibé sur Instagram, Twitter ou Facebook. Et il s’agit enfin de créativité, d’originalité et de la valeur attachée à la liberté artistique. Tracy emprunte certains éléments de la vie de Brooke pour ses écrits et cela nous pousse à nous interroger sur le processus de création de l’artiste″. 

Greta Gerwig et Noah Baumbach ont particulièrement mis l'accent sur la langue : ″En général, je me passionne pour une écriture précise, minimaliste et sans effets″, commente la jeune femme. ″Mais ici, je voulais qu’il y ait presque trop de dialogues : je souhaitais qu’on parle beaucoup et que les mots s’entrechoquent. Le film dure 86 minutes mais il s’agissait d’un script touffu, avec beaucoup de mots et d’idées qui fusent, et des gens qui s’expriment à toute vitesse. C’est comme si le talent inné de Brooke pour le badinage inspirait les autres personnages et les rendaient meilleurs. C’était très enthousiasmant de voir les acteurs s’approprier leurs rôles″. 

La productrice Lila Yacoub acquiesce : ″Les répliques fusent, les dialogues sont marquants et lapidaires. Le film rappelle les comédies classiques hollywoodiennes. On ne s’exprime pas souvent de cette manière de nos jours et c’est amusant à voir au cinéma″. 

Mais sous l’humour et l’atmosphère survoltée, on perçoit une mélancolie sous-jacente qui, d’après les producteurs, est délibérée : ″Le film est naturellement drôle mais il me rappelle aussi la solitude qu’on ressent quand on commence ses études et qu’on est seul dans une grande ville. Ce sentiment me parle vraiment, comme celui de se faire des amis qui prennent autant d’importance que la famille″, poursuit la productrice. 

Mais on sent néanmoins qu’il s’agit là d’une famille provisoire qui ne durera peut-être pas plus que le temps des études de Tracy : ″Elle n’a même pas terminé son premier semestre et comme Brooke le dit à un moment donné, ce ne sera sans doute pas là la ′grande′ histoire de ses années d’université″ remarque Greta Gerwig. ″Il s’agit plus d’un détour. Ce que j'aime voir au cinéma, ce sont des souffrances passagères qui s'avèrent créatrices : Tracy n'a sans doute pas vécu quelque chose de fondamental. Les personnages passeront à autre chose, et ils ne se parleront plus mais qu’est-ce qu’ils se seront amusés !″ 

DES PERSONNAGES BRANCHÉS 

Dès le départ, il était convenu que le rôle de Brooke était destiné à Greta Gerwig mais selon Lila Yacoub, il tranchait complètement avec le registre habituel de l’actrice : ″Brooke est vraiment casse-pieds, elle est très sûre d’elle et voit les choses d’une manière qui n'appartient qu'à elle", note la productrice. "J’aimerais parfois être comme elle ! Son assurance est extraordinaire. C’est probablement un égarement de sa part mais il faut parfois se bercer un peu d’illusions pour réussir″. 

Après avoir rencontré de nombreuses actrices, la production a choisi d’engager Lola Kirke, actrice assez peu connue, pour incarner Tracy : ″Elle devait être à la fois amusante et émouvante″, explique Greta Gerwig. ″On a eu énormément de chance de trouver Lola. Elle est au début d’une carrière qui sera fabuleuse, j’en suis sûre″. 

Lors de l’audition, Lola Kirke n’avait pas encore obtenu le rôle qui l’a fait connaître du public dans GONE GIRL : ″La première fois que nous l’avons vue, c’était sur une vidéo. J’ai adoré son apparence physique. C’est la première fois qu’on sentait de l’humour dans les répliques, le même genre d’humour que nous pensions y trouver et nous avons donc décidé de l’auditionner en personne″, explique Greta Gerwig. 

Les producteurs ont été surpris lors de leur rencontre avec Lola : ″Elle est complètement différente de Tracy. Elle a totalement confiance en elle et semble n’avoir jamais été intimidée par quoi que ce soit. Très vite, nous nous sommes aussi rendu compte qu’elle est une grande actrice : elle a parfaitement cerné la vraie nature de Tracy″. 

Mais ce qui a été décisif, c’est le fait que les actrices se sont très vite bien entendues : ″Quand Lola a été face à la caméra aux côtés de Greta, le courant passait entre elles, c’était une évidence″, explique Lila Yacoub. ″Tracy possède une force intérieure dont elle n’a pas conscience et que Lola a su très bien exprimer. Elle a su transmettre l’isolement et la solitude de ces premières semaines à l’université, quand on s’inquiète de ne pas avoir d’amis et de ne rencontrer personne″. 

Lola Kirke n’a pas lu le scénario finalisé avant la semaine précédant le tournage : ″Lors de l’audition, on m’a donné quelques pages à mémoriser approximativement pour la scène″, se souvient l’actrice. ″J’ai vraiment aimé procéder ainsi. Ça m’enlevait un peu la pression de devoir faire les choses parfaitement et je pouvais être plus spontanée, et davantage dans l’instant″. 

Cette méthode est complètement différente de ce qu’elle a pu connaître avant ou depuis ajoute-t-elle. ″Aucun acteur, quel que ce soit le rôle pour lequel il auditionnait, n’a eu un semblant de script à l’avance. On a parfois eu jusqu’à 12 auditions et essais caméra. Quand on a commencé à travailler, on a tourné de nombreuses prises et on a exploré pour chaque scène des directions différentes. J’ai trouvé ce degré de perfectionnisme et d'implication vraiment exaltant″, raconte l’actrice. 

Quand Lola Kirke a finalement reçu le scénario, elle était enchantée : ″On ne voit pas souvent des dialogues de cette qualité″. 

Tracy, explique-t-elle, apprend à se sentir aimée car une personne qu’elle respecte croit en elle. ″Elle est vraiment fascinée par Brooke, et cela me parle car j’aime me laisser guider par des femmes fortes et puissantes qui ont assez de cran pour faire ce que je pense ne pas être capable d'entreprendre seule. En réalité, d’une certaine façon, la relation entre Brooke et Tracy fait écho à la relation que j’ai avec Greta. C’est une femme impressionnante, talentueuse et c’était vraiment génial qu’elle me prenne sous son aile″, ajoute Lola Kirke. 

Le reste de la distribution a été soigneusement sélectionné, notamment parmi des acteurs de théâtre de la ville de New York, des comédiens talentueux au répertoire extrêmement varié. ″Un des grands plaisirs de ce film, c’est d’avoir pu choisir de grands acteurs que le public ne connaît pas nécessairement″, déclare Greta Gerwig. 

Tony, autre aspirant écrivain rencontré lors d’un séminaire, est le premier ami de Tracy (et le seul qu’elle ait pendant un certain temps). Ils se lient d’amitié et nouent aussi un rapport teinté de rivalité et d’émulation puisqu’ils se montrent l’un à l’autre (et critiquent) ce qu’ils écrivent. 

″Matthew Shear incarne Tony et il semble qu’il pourrait être plus qu’un ami″, analyse Greta Gerwig. ″Matthew a travaillé avec le groupe d’improvisation Upright Citizens Brigade à New York et c’est là son premier grand rôle dans un film. Il s’est tout simplement présenté à l’audition et a lu ses répliques : il était fantastique″. 

″Matthew Shear me rappelle les acteurs des années 70″, explique Baumbach. ″C’est un comédien qui possède une sincérité incroyable que l’on peut utiliser pour créer un effet dramatique ou vraiment hilarant. Il est génial quand il s’énerve″. 

L’acteur se souvient avoir été contacté pour auditionner pour un ″projet sans titre de Noah Baumbach″. Comme Lola Kirke, il n’a jamais vu le scénario et a simplement reçu quelques pages de dialogue lors de son rendez-vous. ″Puis, trois mois après, on m’a demandé de façon inattendue de revenir et j’ai passé de nouveau l’audition sans aucune préparation. Noah, Greta et Lola étaient présents. J’ai fait une lecture avec Lola et c’était vraiment amusant″, indique le comédien. 

Le jeune homme avait déjà auditionné pour Noah Baumbach pour LES BERKMAN SE SÉPARENT, mais c’est Jesse Eisenberg qui avait obtenu le rôle : ″J’avais été très impressionné par ce film, et avoir l’opportunité de passer une autre audition avec Noah était vraiment enthousiasmant″, confie-t-il. ″C’est un réalisateur très minutieux et travailler avec lui a été formidable car il est brillant, drôle et créatif. Il a une approche de la mise en scène très rigoureuse : c’est intimidant au début mais ça devient vite une merveilleuse opportunité de pouvoir explorer son rôle et collaborer avec lui. Il se permet d’émettre gentiment des suggestions, suite à quoi on refait la scène encore et encore. Et au bout du compte, c’est libérateur″. 

Quand Shear a pu finalement lire un scénario complet, il n’a pu que se montrer impressionné par l’attention et le souci du détail apportés à son élaboration : ″L’écriture était très précise et pleine d’esprit, sans être trop intello ou rébarbative″, dit-il. ″Noah et Greta ne voulaient pas qu’on s’éloigne du script et j’ai vraiment pu apprécier à quel point chaque phrase était ciselée″. 

La relation entre Tracy et Tony n’est pas simple : elle oscille entre la confidence, le flirt et la rivalité car tous deux aspirent à une carrière d’écrivain. ″Lola a été une fabuleuse collègue de travail, elle est très détendue, malicieuse et marrante. Elle semble n’avoir aucun mal à se faire des amis et nous nous sommes tout de suite bien entendus″, raconte Shear. 

Il se trouve que les deux acteurs aiment la même musique et ont fait leurs études avec les mêmes professeurs d'art dramatique. "J'adore travailler avec Matthew", confie Lola Kirke. "Quand on ne tournait pas, on s'employait à nouer des liens d'une grande harmonie". 

La petite amie jalouse de Tony, Nicolette (Jasmine Cephas-Jones), cherche à l'éloigner le plus possible de Tracy. "Jasmine a un formidable humour pince-sans-rire", indique le réalisateur. "La colère croissante qu'elle et Matthew éprouvent l'un pour l'autre me fait rire. Pendant la fête de fin de tournage, j'ai découvert qu'elle avait aussi une très belle voix et qu'elle chantait bien. Tous les autres le savaient déjà, et surtout ceux qui ont vu la comédie musicale 'Hamilton', et on a regretté de ne pas lui avoir fait chanter une chanson dans le film". 

Selon Jasmine Cephas-Jones, le tournage a été très proche des auditions. "Tout s'est déroulé de manière très spontanée", note-t-elle. "On nous donnait des idées et on travaillait à partir de ces directions. Je ne savais pas bien comment elles allaient fonctionner quand j'ai signé mon contrat, et l'effet de surprise était donc très sympa. Même sur le plateau, tout le monde échangeait des idées et balançait des blagues en permanence". 

En observant Greta Gerwig, à la fois scénariste, productrice et comédienne, Jasmine Cephas-Jones précise : "On pourrait presque voir les idées qui lui passent par la tête. Elle maîtrise totalement la situation et elle est prête à tourner autant de prises que nécessaire pour obtenir ce qu'elle veut. Noah a la même volonté chevillée au corps. Il vous donne plusieurs possibilités et vous laisse ensuite le choix". 

Lorsque, pour mener sa campagne de sauvetage du restaurant, Brooke finit par se rendre à Greenwich, dans le Connecticut, chez un couple fortuné dont elle estime qu'il lui est redevable, la voiture de Tony est réquisitionnée et Nicolette, jalouse, se sent obligée de l'accompagner. "De toute évidence, Tracy a un petit faible pour Tony", indique Jasmine Cephas-Jones. "Nicolette a peur que Tony ne la trompe. Elle se sent comme une pièce rapportée et elle a envie de s'intégrer. Or, elle ne peut y arriver qu'à travers sa relation avec son petit copain et du coup, elle passe son temps à se vanter et à critiquer tout le monde jusqu'à ce qu'elle obtienne ce qu'elle veut". 

Le couple aisé en question, Mamie Claire et Dylan, copains de longue date de Brooke, sont interprétés par Michael Chernus et Heather Lind. "Et ils sont à tordre de rire", indique Lila Yacoub. "Ce sont des acteurs formidables qui ont des visages hors du commun. Ils instaurent une atmosphère nouvelle pour la suite du film". 

Greta Gerwig se souvient d'avoir rencontré Chermus alors qu'elle étudiait l'écriture dramaturgique à l'université. "Le prof a proposé à quelques comédiens new-yorkais de faire une lecture d'une pièce que j'avais écrite", confie-t-elle. "Michael Chermus en faisait partie, si bien que j'ai toujours eu pas mal d'affection pour lui". 

Baumbach souhaitait confier un rôle à Chernus depuis longtemps. "Le rôle de Dylan lui convenait à merveille", souligne-t-il. "Il me faisait penser à Jack Warden dans SHAMPOO. Et même s'il se comporte très mal, on l'aime malgré tout. Il me fallait quelqu'un comme ça pour jouer Dylan". 

Quant à Mamie Claire, c'est une femme ambitieuse un rien coincée qui s'avère un formidable faire-valoir pour Brooke. "Quand on fait la connaissance de Mamie Claire, on se dit qu'on voit clair dans son jeu, mais au fil des événements, on se rend compte qu'on n'a pas du tout cerné sa personnalité", précise Baumbach. "Heather l'a parfaitement compris et s'en est tirée brillamment". 

On trouve encore au casting Dean Wareham (également compositeur de la BO aux côtés de Britta Phillips) sous les traits de Harold, voisin grognon de Mamie Claire, Kathryn Erbe, bien connue des téléspectateurs de la saga NEW YORK SECTION CRIMINELLE / UNITE SPECIALE, dans le rôle de la mère de Tracy, et Cindy Cheung dans celui d'une jeune femme enceinte, membre du club de lecture abandonnée par son mari qui se retrouve seule dans sa grande propriété du Connecticut. 

"Je sais bien qu'il y a des comédiens formidables partout mais j'ai le sentiment que les acteurs new-yorkais sont solides comme un roc", souligne Greta Gerwig. "On peut les mettre dans n'importe quelle situation et grâce à eux leurs dialogues auront l'air génial. C'est vraiment exaltant d'avoir eu l'opportunité d'engager tant d'interprètes talentueux". 

UN CHAOS MAÎTRISÉ 

MISTRESS AMERICA a été tourné à New York et dans le Connecticut avec une équipe resserrée, ce qui correspond au style de mise en scène de Baumbach. "On avait l'impression d'être en famille", indique Greta Gerwig. "On était tous sur le pont en permanence. Sur la plupart des tournages, tout est déjà en place au moment où on fait venir les acteurs sur le plateau. Mais avec Noah, on a tout préparé ensemble. On n'avait pas de caravanes, si bien qu'il n'y avait pas d'endroit où se réfugier". 

Baumbach a de nouveau fait appel aux compositeurs Dean Wareham et Britta Phillips pour concocter une bande-originale qui évoque le New York des années 80. "Cette musique est très spéciale", souligne Lila Yacoub. "Noah voulait une atmosphère 'eighties' dans le film. Dean Wareham et Britta Phillips ont fait un super boulot. Elle rappelle l'époque tout en portant leur signature. Je trouve que c'est une BO géniale". 

Mariés à la ville, les deux compositeurs qui ont fait leurs débuts au sein du groupe Luna devenu culte, ont écrit la partition des BERKMAN SE SÉPARENT, FRANCES HA et GREENBERG, et ont multiplié les apparitions dans plusieurs films de Noah Baumbach. "On s'est dit que ce projet était l'occasion de rendre hommage à des groupes comme New Order et OMD", reprend le réalisateur. "Dean et Britta écrivent une musique qui n'appartient qu'à eux, si bien que je savais qu'en leur demandant d'aller dans cette direction, ils composeraient une partition qu'eux seuls peuvent faire. C'est l'une de mes BO préférées. Elle possède une énergie formidable, elle est romantique, belle et drôle. C'est une merveilleuse musique pour New York". 

Après un voyage en voiture totalement improvisé, qui offre une relecture nouvelle du genre burlesque, les personnages débarquent dans une très belle propriété tout en verre du Connecticut, où Brooke tente désespérément, dans un geste ultime, de sauver son restaurant. Le rythme frénétique de la séquence au diapason des personnages qui sortent précipitamment de la maison pour y rentrer l'instant d'après fait écho à la personnalité et à l'énergie débordante de Brooke. 

"Il y a toujours un trajet en voiture dans ce genre de film", affirme Greta Gerwig. "Il faut se retrouver en voiture à un moment ou à un autre. On s'est dit que situer l'action du film, à ce moment-là de l'histoire, à Greenwich, dans le Connecticut, serait irrésistible". 

Le chaos maîtrisé qui éclate a été méticuleusement scénarisé et filmé : "Nous avions un scénario que nous avons scrupuleusement respecté", dit-elle. "La situation semble incontrôlable mais rien n'a été tourné à la va-vite et caméra à l'épaule. Le dispositif était précis et rigoureux, comme le reste du tournage, tout en permettant à chacun de contribuer à la mise en scène". 

Pour le cadre de la séquence où tout bascule, la production a déniché une immense propriété en verre offrant un panorama à 360° et pourvue de nombreuses portes coulissantes. "En général, les portes claquent dans les comédies burlesques, mais on s'est dit que ce serait amusant qu'ici toutes les portes soient coulissantes", reprend la comédienne. "Du coup, il est impossible de les claquer". 

Les comédiens ont adoré tourner ces scènes, précise Jasmine Cephas-Jones. "On passait constamment d'une pièce à l'autre, la mise en place était précise et la logistique complexe, mais on s'est bien amusés". 

La dimension chorale de MISTRESS AMERICA est manifeste dans cette scène : "La chorégraphie était un peu complexe mais c'était vraiment sympa de tourner cette séquence", indique Lola Kirke. "Un acteur sort de la pièce, tandis qu'un autre y débarque et puis quelqu'un d'autre bouge la table etc." 

Étant donné qu'il y avait neuf comédiens présents pour la scène, la logistique devait être d'une grande rigueur. Les acteurs étaient censés avoir un débit très rapide et se couper la parole, tout en conservant leur fluidité aux dialogues et en respectant une mise en place très précise. "Il n'y a pas que les quatre New-Yorkais", reprend Greta Gerwig. "Il y a aussi Mamie Claire et Dylane, un de leurs voisins, la gouvernante et une femme qui fait partie du club de lecture de Mamie Claire – et qui arpentent tous cette immense maison dans tous les sens. Cela semble naturel mais il a fallu beaucoup de préparation en amont pour aboutir à ce résultat. On a essayé de tourner avec une équipe réduite en ayant le plus grand nombre d'acteurs possible dans chaque plan. Il y a un travelling où Brooke déambule en suivant Mamie Claire et en parlant avec elle, et cela a été comme une course d'obstacles. Il fallait qu'on suive le marquage au sol et qu'on dépasse certaines personnes au bon moment". 

Greta Gerwig espère que le spectateur rira en découvrant l'histoire de Tracy et Brooke, mais elle estime aussi qu'il sera surpris et ému. "J'aimerais qu'il ait le sentiment de voir un film d'un genre qu'il n'a jamais vu auparavant", conclut-elle. "C'est très exaltant".

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