lundi 17 février 2014

Back to the future











Aventure/Animation/Très mignon pour les enfants, un peu long pour les adultes

Réalisé par Phil Lord et Chris Miller
Avec les voix, en version originale, de Chris Pratt, Will Ferrell, Elizabeth Banks, Will Arnett, Morgan Freeman, Alison Brie, Charlie Day, Liam Neeson, Nick Offerman, Channing Tatum, Jonah Hill, Cobie Smulders, Will Forte, Dave Franco, Graham Miller, Shaquille O'Neal, Billy Dee Williams...
Avec les voix, en version française, de Arnaud Ducret, Tal......

Long-métrage Américain/Australien
Durée: 01h40mn
Année de production: 2014
Distributeur: Warner Bros. France

Titre original : 

A partir de 3 ans

Date de sortie sur les écrans U.S.: 7 février 2014
Date de sortie sur les écrans australiens : 3 avril 2014
Date de sortie sur nos écrans: 19 février 2014 


Résumé : Emmet est un petit personnage banal et conventionnel que l'on prend par erreur pour un être extraordinaire, capable de sauver le monde. Il se retrouve entraîné, parmi d'autres, dans un périple des plus mouvementés, dans le but de mettre hors d'état de nuire un redoutable despote. Mais le pauvre Emmet n'est absolument pas prêt à relever un tel défi !

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : LA GRANDE AVENTURE LEGO est un chouette film pour enfants. Il est fun, coloré, plein d'action. En général, les personnages Lego ne leur sont pas inconnus, ils se sentiront donc immédiatement à l'aise avec l'univers décrit dans le film. Le scénario est simple, l'histoire est facile à suivre. Le personnage principal, Emmet, est très sympathique et attachant. 



La morale de l'histoire est mignonne, elle salue l'imagination. L'animation est réussie. Elle reste fidèle aux jouets à la fois dans les attributs physiques et les mouvements possibles tout en étant fluide et créative. Les scènes d'action sont particulièrement impressionnantes. 


Il y a de l'humour ainsi que des références geeks et cinématographiques. On retrouve plein de super héros et de personnages emblématiques de grande saga.


 
Les enfants apprécieront la 3D qui met toujours agréablement en relief les personnages dans les films d'animation.
De mon point de vue d'adulte, j'ai trouvé que le film tirait en longueur. J'ai eu la sensation que des scènes se répétaient et l'impression que l'histoire était surtout prétexte à nous présenter toute la gamme des jouets Lego. J'ai été un peu déçue. Je m'attendais à un film plus drôle dans l'ensemble. Mais comme je ne suis pas la cible, en même temps, peu importe. Je suis vraiment persuadée que les enfants, eux, passeront un excellent moment et c'est tout ce qui compte. 
LA GRANDE AVENTURE LEGO est donc un film à découvrir en famille pour faire plaisir aux plus jeunes.


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)

COOL-TAG
…La seule chose capable de neutraliser le Kragle est la Pièce de Résistance et, selon la prophétie, celui qui le trouvera est le Spécial. Le Spécial est censé unir les Maîtres Constructeurs encore en vie, prendre d'assaut la Tour Octan, où le Président Business a ses bureaux, s'emparer de la Pièce de Résistance et la placer sur le Kragle pour le mettre définitivement hors d'état de nuire.  
EMMET
Génial. Je crois que j'ai compris. Mais au cas où quelque chose m'aurait échappé, réexplique-moi tout ça. J'avais la tête ailleurs. 

Quiconque a déjà imaginé, à même le sol de sa chambre, tout un univers à partir de simples pièces détachées comprendra ce que Phil Lord et Christopher Miller, auteurs de LA GRANDE AVENTURE LEGO, veulent dire lorsqu'ils affirment qu'ils avaient constamment des seaux remplis de briques de Lego dans leur enfance. "On construisait des navettes spatiales et toutes sortes d'objets délirants, mais ce n'est pas tant la construction en tant que telle qui nous fascinait que le nombre infini de possibilités qui s'offrait à nous", déclare Miller. Devenus réalisateurs, les deux hommes se sont intéressés à autre chose. "Chris et moi avons été inspirés par l'ingéniosité et l'humour qui se dégagent de la communauté mondiale des fans de Lego", ajoute Lord, qui fait allusion à CUUSOO, programme permettant aux fans de soumettre des idées de nouveaux produits, aux forums "ReBrick", où les internautes peuvent partager leurs propres créations avec le reste du monde, et au nombre croissant de court métrages utilisant des briques et des personnages de Lego, produits et postés sur Internet par des fans du monde entier. Car la marque Lego, jeu de construction qui n'a cessé d'évoluer au fil des années, éveille le potentiel créatif de nombreuses générations, partout sur la planète, depuis ses débuts. Déterminés à respecter cet état d'esprit, Lord et Miller étaient conscients qu'il ne pouvait s'agir d'un banal film d'animation, mais d'un long métrage entièrement conçu à partir de briques et d'éléments de Lego. "On s'est dit que ça serait génial de réaliser un film d'aventures aux scènes d'action spectaculaires, qui donnerait le sentiment que les personnages et les décors ont été assemblés par un enfant, tout en étant une vaste fresque", poursuit Lord. "Et l'idéal serait de pouvoir conserver l'aspect artisanal des petits courts métrages qu'on a tant aimés. Car à partir du moment où l'une des vertus des briques de Lego réside dans l'accessibilité de ce moyen d'expression, on voulait tourner un film qui donne l'impression que n'importe qui aurait pu le faire dans sa cave – à condition d'avoir une cave immense et quelques millions de briques à sa disposition !" 

D'ailleurs, le chiffre approximatif est de 15 millions, si l'on compte l'ensemble des briques, personnages, décors et accessoires utilisés pour le tournage. S'il s'agit d'un film familial, qui enchaîne séquences d'action et de comédie, il défend aussi quelques idées majeures. "Je voulais d'abord que ce soit un film que je puisse savourer avec mes fils, et qui témoigne de l'imagination et de l'ingéniosité des enfants", affirme le producteur Dan Lin. "Surtout, j'ai deux garçons, très exubérants, et ça leur arrive de faire tomber et de casser des jouets. Ce que j'apprécie dans le Lego, c'est qu'on peut non seulement fabriquer un objet à partir des briques, mais qu'on peut aussi le reconstruire pour en faire quelque chose de plus réussi encore". Ce sentiment est partagé par l'ensemble des auteurs et des producteurs, ainsi que par les comédiens qui ont prêté leur voix et qui soulignent leur attachement à l'univers Lego. Will Ferrell, qui incarne le Président Business et son redoutable alter ego, Lord Business, s'explique : "Alors que je suis père aujourd'hui, c'est assez amusant de voir mes propres enfants jouer avec des briques de Lego, ce qui me donne l'impression que la boucle est bouclée ! C'est même fascinant de voir que ça passionne autant mon fils de 3 ans que mon aîné de 9 ans. Le plus difficile, c'est de me retenir de leur demander de me passer les briques afin de les aider. Je dois résister à cette envie pour les laisser faire leurs propres découvertes". "Il y a deux manières de jouer aux Lego", analyse Miller. "La première, c'est de suivre le mode d'emploi et de construire un très bel objet qu'on dépose ensuite sur une étagère et qu'on ne touche plus jamais pour ne pas le casser. La seconde, c'est de partir d'une pile de briques réunies de façon aléatoire et de fabriquer quelque chose en suivant son imagination, puis de le casser pour construire autre chose. L'intrigue de LA GRANDE AVENTURE LEGO s'inspire de ces deux démarches puisqu'il y est question d'innovation, de créativité et de l'importance du changement". Pour le producteur Roy Lee, les deux réalisateurs sont "deux des artistes les plus inventifs que je connaisse. Ils s'en sont remarquablement sortis avec TEMPÊTE DE BOULETTES GÉANTES, adapté d'un livre assez inconsistant, et ils ont su donner une véritable épaisseur aux personnages et étoffer la matière de départ. S'agissant de LA GRANDE AVENTURE LEGO, il y avait tout à inventer et ils se sont révélés être les hommes de la situation". Mais le petit monde des Lego court à sa perte… jusqu'à ce qu'un certain Emmet, héros malgré lui, fasse son apparition. Travaillant sur des chantiers, Emmet se décrit lui-même comme un moins que rien. Il se contente de mener sa vie sans se poser de question, convaincu qu'il est un être des plus ordinaires – jusqu'à ce qu'une crise d'envergure exceptionnelle ne lui dévoile un aspect extraordinaire de sa personnalité qu'il ne soupçonnait pas. "Le premier jour, on a évoqué nos souvenirs de ces moments où l'on construisait un objet avec des briques de Lego et où l'on éprouvait parfois un sentiment de frustration lorsqu'on n'arrivait pas à trouver immédiatement la pièce qui nous manquait", rapporte Dan Hageman qui, tout comme son frère et collaborateur à l'écriture Kevin Hageman, a développé l'intrigue avec Phil Lord et Christopher Miller. "C'est ce sentiment-là qui résume le mieux le personnage d'Emmet. Il estime qu'il ne peut être heureux qu'en suivant les consignes qu'on lui a données, mais le destin de la planète repose sur sa capacité à découvrir sa propre créativité". 

Chris Pratt, qui incarne Emmet, ajoute : "Grâce à cette mission, il va explorer des univers Lego dont il ignorait l'existence, où tout est un peu ridicule, mais d'une manière positive. Tout y est beau, inventif, exaltant et très drôle. On y découvre des personnages adorables, des décors sublimes, des scènes d'action insensées, pas mal d'amour et un message très positif qu'on a envie de transmettre à nos enfants et avec lesquels on peut donc aller voir le film". 

"Le film aborde plusieurs sujets, mais le plus important, c'est que nous avons tous des ressources insoupçonnées en nous", déclare Lin. "Même si l'on pense qu'on est un être sans importance, on peut malgré tout faire bouger les choses", renchérit Lee.

Outre Pratt et Ferrell, le casting réunit Elizabeth Banks, Will Arnett, Nick Offerman, Alison Brie, Charlie Day, Liam Neeson et Morgan Freeman. 

"On s'est tous beaucoup amusés", souligne Elizabeth Banks qui prête sa voix à Cool-Tag, jeune femme rebelle. "On essayait de se faire rire mutuellement. Chris et Phil adorent cet univers et ils ont mis l'accent sur l'humour et sur l'originalité. En tout cas, on a pris un grand plaisir avec ces personnages". 

Selon Lord, la drôlerie du film est notamment liée à l'échelle des décors et des personnages : "C'est très amusant de voir ces petites figurines jaune vif qui jouent aux gros durs ou qui menacent de détruire la planète, tout en ayant les proportions de personnages de Lego !", dit-il. "C'est franchement irrésistible de les voir prendre tout ça très au sérieux". 

En tous les cas, les auteurs ont pris au sérieux les valeurs de Lego et leur résonance chez les millions de fans du monde entier de la marque. "C'était assez flippant de se lancer dans un film dont le héros est un jouet aussi apprécié", poursuit Lord. "C'était un immense honneur, mais aussi une sacrée responsabilité". 

Sur le plan visuel, Lord et Miller ont opté pour un style réaliste se rapprochant de l'animation en stop-motion afin de donner aux personnages et aux décors l'esthétique artisanale propre aux constructions de Lego. Plutôt que d'avoir recours aux effets infographiques, les animateurs ont créé chaque objet et élément de décor brique par brique – technique qui s'est révélée particulièrement efficace puisque, dans l'histoire, certains bâtiments et autres objets étaient censés être pulvérisés, puis reconstruits aussitôt pour donner lieu à des armes ou à des véhicules à grande vitesse. 

"C'est assez facile de tracer des lignes droites en infographie, mais on voulait de la texture et de la matière à l'écran", affirme Lord. "C'est plus compliqué à réaliser avec cette méthode, mais cela rehausse la qualité du film et c'est davantage en adéquation avec les valeurs de notre histoire. On a beaucoup travaillé sur les éraflures et les traces de doigt, et on a vraiment essayé de faire en sorte que les briques ne soient pas assemblées de manière parfaite et régulière, comme si tout cela était fait à la main". 

Pour y parvenir, la production a collaboré avec le célèbre studio d'animation Animal Logic, installé en Australie, et a même recruté Chris McKay (ROBOT CHICKEN) en tant que coresponsable de l'animation. Ce dernier a piloté des centaines de techniciens, tout en participant au montage et en assurant un lien constant entre les réalisateurs, les story-boardeurs, les animateurs et les autres monteurs. "McKay a occupé plusieurs fonctions sur ce film", souligne Lin. "On n'y serait pas arrivés sans lui". 

"Phil et Chris ont su instaurer un environnement de travail presque ludique, propice à une bonne entente entre chaque département, afin qu'on puisse proposer des idées et les développer jusqu'au bout", note McKay. "C'était un processus extrêmement fluide, des story-boards à l'animation et à la conception des décors". 

Pour la production, les contraintes physiques des personnages de Lego font tout leur charme, si bien qu'ils n'ont jamais envisagé de les modifier pour s'adapter à l'échelle d'un tournage. Dans le film, les personnages se déplacent et nouent des relations de manière authentique, comme s'il s'agissait de marionnettes guidées par une main invisible. Même pour leurs expressions de visage, les auteurs ne souhaitaient pas s'écarter des mimiques propres au Lego, que traduisent leurs yeux, sourcils et bouches peints sommairement. Pourtant, tout en respectant ces contraintes, McKay et son équipe ont réussi à exprimer toute une palette d'émotions. 

Le plus révolutionnaire dans le film, c'est la manière dont la production a su utiliser de simples briques de Lego pour orchestrer de vastes séquences d'action à grande échelle. "Tout ce que voit le spectateur – qu'il s'agisse de fumée ou d'eau, de rochers, de feu ou même d'explosions – est constitué d'éléments de Lego", remarque Lin. "On voulait représenter des décors naturels à partir de briques de Lego comme on ne les avait jamais vues auparavant sur grand écran". 

"Quand on voit l'océan de Lego, avec ses vagues de briques qui ondulent, ou encore la tempête qui s'abat sur le navire de pirates et la mer alentour, c'est extraordinaire", constate Miller. "On a eu recours à des éclairages et des mouvements d'appareil dignes d'un blockbuster afin que le résultat soit aussi cinématographique que possible". 

"Ce qui me plaît vraiment dans ce projet, c'est que l'intrigue traverse plusieurs univers de Lego", rapporte Lord. "On a commencé par story-boarder une scène de course-poursuite qui démarre en ville et qui continue dans le Far West. Cela dégénère en bagarre de saloon avant que les flics de la ville voisine ne débarquent et ne donnent à la séquence un côté polar des années 70 à la BULLITT. J'adore voir ce mélange des genres, où chaque personnage a son tempo". 

"C'est alors que Batman fait son apparition et que le film prend un tour plus délirant encore", ajoute Miller. 

Outre la célébrissime Batwing en Lego, le film nous fait découvrir toute une gamme de nouveaux véhicules révolutionnaires qui permettent à Emmet et ses amis de prendre la fuite ou d'affronter leurs ennemis, dans les rues de la ville, en mer ou sous la mer, ou encore dans l'espace. On fait également connaissance de plusieurs nouveaux héros et méchants qui se mêlent aux personnages de Lego existants. 

Au cours des trois années de développement et de tournage que le film aura nécessitées, les réalisateurs ont souvent puisé dans leur propre imagination. "Nos bureaux étaient remplis de briques de Lego et on passait notre temps à chercher des moyens amusants de nous en servir pour illustrer un rebondissement de l'intrigue", indique Miller. Lord ajoute : "J'ai fabriqué mon siège de bureau en briques de Lego. Et même mes chaussures ! Elles ne sont pas super confortables, mais on finit par s'y habituer !" 

À la fois fans de Lego et novateurs dans leur style, ils ont souhaité rendre hommage à ce jeu légendaire, tout en ayant l'esprit frondeur. 

"On cherche toujours à réaliser des films qui nous fassent rire, et qui fassent rire nos amis", affirme Miller. "Et on ne veut surtout pas être condescendant vis-à-vis des enfants". 

"Il est clair que les enfants et leurs parents apprécieront le film, mais on tenait à réunir les générations et à ne jamais oublier qu'il existe toute une communauté d'adultes, fans de Lego, qui réalisent des objets auxquels un enfant ne penserait pas", reprend Lord. "Ce que je préfère au cinéma, c'est lorsque je peux y emmener ma grand-mère, ou mes parents et ma petite amie, ou mes neveux et nièces, et que je suis certain qu'ils vont tous passer un bon moment. Ce qui est formidable, c'est que des gens de tous les âges puissent s'amuser ensemble". 
COOL-TAG 
J'ai un petit copain, du coup, ne te fais pas d'idées. 
EMMET 
Je ne me fais jamais d'idées.
Emmet n'est jamais tombé sur un mode d'emploi qui ne lui ait pas convenu : quelles que soient les règles, il se contente de les appliquer. De même, il se met à siffloter machinalement un air qu'il entend à la radio, et se satisfait de manger la même chose que son voisin ou de voir la même émission que celui-ci regarde à la télévision. Il consulte même un livre pour se souvenir de prendre sa douche et d'enfiler son pantalon – dans cet ordre – tous les matins, avant de se mêler à la foule anonyme des habitants de Bricksburg qui se rend, comme chaque jour, au travail. 

"Pour le personnage principal, on voulait un comédien qui ait une solide expérience de la comédie, mais qui sache aussi se rendre attachant et incarner ce type banal", indique Lord. "Chris Pratt s'est imposé dès le début". 

Tous les jours sur le chantier, Emmet entreprend de raser tous les immeubles jugés "bizarres" et de les remplacer par d'autres totalement uniformes, suivant ainsi les consignes du Président Business. "Brickbsburg est une ville tentaculaire, où tout se ressemble et où l'on ne trouve que des maisons en préfabriqué, car le moindre quartier conservant encore un peu de cachet et d'originalité a été détruit", analyse Pratt. "La ville a donc été conçue suivant des règles d'uniformisation totalement utopiques : on sent bien qu'une force maléfique est à l'oeuvre et qu'une puissance contrôle les habitants de Bricksburg". 

Mais le cours de l'existence d'Emmet s'apprête à changer lorsque, par accident, il tombe tête la première dans une fosse qui vient d'être creusée et qu'il y rencontre Cool-Tag, entrée sur le chantier par effraction : c'est la plus ravissante jeune femme qu'il ait jamais vue. Qu'il s'agisse de son sweat-shirt recouvert de graffiti, de ses mèches bleu turquoise et rose fuchsia, ou de son attitude rebelle, il n'y a décidément rien de banal chez cette femme. 

Elizabeth Banks précise : "J'ai adoré camper une héroïne de film d'action. Cool-Tag essaie de se montrer à la hauteur de sa réputation. Elle a un côté rebelle assez sympa auquel la plupart des ados seront sensibles, et c'est une jusqu'auboutiste qui cherche à affirmer son identité et son style. Ce que j'ai surtout aimé chez elle, c'est qu'elle est futée et forte. Elle n'hésite pas à foncer sur son adversaire et à être frondeuse, et elle n'a rien d'une sainte-nitouche ! C'est elle, au contraire, qui sauve pas mal de situations désespérées". 

Pendant qu'elle enregistrait ses dialogues, la comédienne était souvent pieds nus. "J'aime bien bouger et sauter en l'air", dit-elle. "Or, on ne peut pas faire de bruit lorsqu'on fait le doublage, si bien qu'il fallait que j'enlève mes chaussures, surtout pour les scènes d'action. Comme le personnage passe son temps à s'agiter dans tous les sens, à donner des coups et à courir, je faisais moi-même tous ces gestes derrière mon micro". 

Cool-Tag est une Maître Constructrice – la première qu'Emmet ait jamais rencontrée. "Dans le film, il existe des légendes vivantes, appelées 'Maîtres Constructeurs', particulièrement inventifs et capables de construire n'importe quel objet à partir d'une pile de briques ou de ce qui leur tombe sous la main, que ce soit un panneau de signalisation ou une benne à ordures", explique Miller. "En bref, ils peuvent transformer n'importe quel objet en un autre objet". 

"On est partis du principe que les grandes figures de l'histoire et de la littérature sont tous des Maîtres Constructeurs et que donc Shakespeare, Abraham Lincoln, Wonder Woman et Robin des Bois pourraient se retrouver dans le même panthéon car ils ont en commun les mêmes facultés", poursuit Lord. 

Mais les Maîtres Constructeurs, autrefois respectés, sont aujourd'hui contraints de vivre dans la clandestinité parce que le Président Business, alias Lord Business, a horreur de leur spontanéité et de leur esprit créatif. Pire encore, il ne se contente pas de les chasser de la société – il veut désormais les éliminer et éradiquer leur héritage grâce à une arme aussi redoutable que secrète : le Kragle. Cool-Tag fait partie du mouvement de rébellion qui tente de le mettre hors d'état de nuire avant qu'il ne soit trop tard. 

Au moment où elle tombe sur Emmet, sur le chantier, elle est à la recherche du seul instrument à même de contrecarrer les noirs desseins de Lord Business, si l'on en croit la prophétie : la Pièce de Résistance. Du coup, lorsqu'il s'avère que celle-ci est fixée, pour une raison inexplicable, dans le dos d'Emmet, ce petit homme ordinaire dont la seule ambition est de se fondre dans la masse ne peut être en réalité que le Spécial, autrement dit l'homme le plus important de l'univers ! Et le plus traqué… Avant même d'avoir le temps de reprendre ses esprits, Emmet se retrouve sur la moto customisée de Cool-Tag – qu'elle continue à modifier tout au long du parcours –, fonçant à toute allure à travers les rues de la ville, pendant que l'armada de robots meurtriers de Lord Business les talonnent de près. 

Pour Will Ferrell, son personnage est un "obsédé du contrôle. Lord Business a la mainmise sur tout et ne supporte ni le moindre élan créatif, ni la moindre personne qui construise un objet ne figurant pas sur le plan de travail. Alors qu'il a bâti son univers suivant ses propres préceptes – la perfection –, il devient fou de colère en apprenant que des individus osent vouloir changer les choses". 

"C'est un Maître Constructeur contrarié et un type franchement antipathique, qui devient un super-méchant et qui voudrait figer l'univers à tout jamais afin qu'il ne change plus et qu'il corresponde exactement à sa vision des choses", précise Miller. 

Lord Business est anormalement grand pour un personnage de Lego : "Quand il se présente sous son visage le plus avenant, celui du Président Business, il est plus soigné et a l'air d'un cadre sup, avec son costume trois-pièces, sa cravate et ses cheveux soigneusement peignés", précise Ferrell. "Mais quand il se révèle sous son vrai visage, celui de ce cinglé de Lord Business, il porte une cape et des bottes de 6 m de haut – à l'échelle du monde de Lego – afin d'avoir une allure plus diabolique et terrifiante encore". 

L'homme de main de Lord Business n'est autre que Méchant Flic/Gentil Flic, tour à tour effrayant et farfelu, personnage un brin schizophrène, au double visage pivotant, campé par Liam Neeson. 

"Ce qui est très amusant chez lui, c'est qu'on voit clairement les deux facettes de sa personnalité", souligne Dan Lin. "Il est le Méchant Flic quand il exécute les ordres de Lord Business, et il correspond alors au stéréotype du gros dur qui ne se pose pas de question et qu'on a l'habitude de voir au cinéma. Et puis, il lui arrive d'être le Gentil Flic, si bien qu'il livre un combat avec lui-même. Il a un visage orné de lunettes réfléchissantes et barré d'une bouche aux dents serrées, alors que son autre facette est celle d'un type souriant et doux. Liam a su apporter à chaque aspect de sa personnalité sa propre identité". 

"Quand j'ai vu quelques images et que je me suis souvenu de l'histoire de la police new-yorkaise, je me suis dit qu'il devrait être irlandais, et même du nord de l'Irlande", déclare Neeson, qui a donné à Mauvais Flic cet accent "nordiste", et qui a choisi une tonalité de voix différente à son alter ego sympathique. "Le Gentil Flic est irlandais, lui aussi, mais il est un peu plus fougueux". 

En outre, l'acteur prête sa voix à Papa Flic, père du policier à la double personnalité. 

Pour le comédien, la trajectoire d'Emmet rappelle le cycle arthurien : "À l'origine de toutes ces histoires, il y a la quête – celle de personnages qui recherchent l'impossible et qui, chemin faisant, améliorent le monde. C'est aussi ce que raconte LA GRANDE AVENTURE LEGO". Mais c'est aussi l'humour qui a frappé Liam Neeson : "Les traits d'esprit que s'échangent les personnages sont loufoques et délirants, et je trouve ça génial !" 

Neeson et Ferrell ont joué les scènes où leurs personnages sont l'un en face de l'autre et ont ainsi improvisé ensemble : tandis que Neeson était dans un studio d'enregistrement de New York, Ferrell, lui, était à Los Angeles. "Le contraste entre la voix posée et grave de Mauvais Flic et celle, déjantée, de Lord Business est irrésistible", note Lin. 

S'agissant de Morgan Freeman, c'est son timbre de voix chaleureux et charismatique qui rend son interprétation du sage sorcier Vitruvius aussi drôle. Qu'il campe un rôle dramatique ou qu'il serve de narrateur à un documentaire, Freeman apporte profondeur et authenticité à ses textes. Cependant, le spectateur ne tardera pas à se rendre compte que tout ce que dit Vitruvius n'est ni fiable, ni très logique… 

Sorte d'ancien hippie portant des sandales et une chemise chinée à peine visible sous son encombrante barbe blanche, "Vitruvius est beau parleur, mais un peu flou quant aux détails", reprend Miller. "Il ne sait pas très bien comment s'y prendre pour arrêter Lord Business. On dirait presque qu'il invente ce qu'il raconte au fur et à mesure". 

Les fans de l'acteur seront sans doute surpris d'apprendre que c'est la toute première fois qu'il double un film d'animation. 

Une fois en possession de la Pièce de Résistance, Emmet, Cool-Tag et Vitruvius doivent trouver le moyen de s'en servir : alors qu'ils en appellent aux Maîtres Constructeurs pour leur venir en aide, ceux-ci refusent car ils estiment qu'Emmet manque d'expérience, d'idées, de compétences, de confiance en soi et de capacité à échafauder un plan. 

Par chance, le trio a encore quelques amis sur lesquels compter : l'énigmatique petit copain de Cool-Tag, Batman (Will Arnett), Unikitty (Alison Brie), adorable mais un peu tendue, un pirate remarquablement astucieux du nom de Barbe d'Acier (Nick Offerman), et l'astronaute loufoque et un rien dépassé Benny (Charlie Day). 

Plus intrépide et ombrageux que jamais, Batman, dont la voix rocailleuse est reconnaissable entre toutes, prouve qu'il est fair-play : il accepte de céder son statut de super-héros à Emmet et ne proteste pas lorsque celui-ci lui vole sa petite amie. Mais cela ne le gêne pas car, comme le dit Arnett, "le Batman de Lego n'est pas le meilleur petit copain dont on puisse rêver. Il est assez centré sur lui, et sans doute pas très sensible non plus. Mais bon, c'est Batman et il doit s'occuper de pas mal de choses". 

En enregistrant leurs dialogues ensemble, Pratt, Elizabeth Banks et Arnett ont pu se répondre les uns les autres, ce qui est rarement le cas en matière d'animation. "On a réussi à trouver un rythme correspondant à leur fonctionnement commun et à la manière dont ils se complètent mutuellement", constate Arnett. "C'était un vrai plaisir et je pense que ça se voit à l'écran". 

La petite bande met d'abord le cap sur le Pays des Nuages Perchés, contrée imaginée spécialement pour le film et définie comme un royaume sans règles, sans gouvernement, sans heure de coucher, sans visage réprobateur et sans onde négatives. Ce pays imaginaire est présidé par Unikitty, mi-licorne, mi-chaton et tout sucre, tout miel. En tout cas, à première vue… 

"Le Pays des Nuages Perchés est une contrée merveilleuse où tout est gai et léger, et Unikitty est un être constamment heureux, qui ne se soucie que de bonbons et de barbe à papa", note Alison Brie. "Mais mieux vaut ne pas la contrarier. Elle a un sacré caractère. Et on ne sait jamais quand elle va exploser…" 

"C'était sympa de jouer ce personnage car elle passe d'une humeur extrême à l'autre, sans nuances", poursuit-elle. "Elle a du mal à maîtriser ses accès de colère. Et quand elle s'énerve, elle essaie encore de dire des choses gentilles, mais sur un ton menaçant. C'est un bon exemple du genre d'humour destiné aux adultes qui parcourt le film. Les enfants vont passer un bon moment, et leurs parents s'amuseront grâce aux jeux de mots et au second degré que les plus jeunes percevront ultérieurement". 

Ce n'est pas le cas de Barbe d'Acier dont l'aspect physique relève lui-même d'une blague ! "C'est un pirate déjanté qui a perdu son corps au cours d'un combat avec Lord Business, et qui a ingénieusement, et sans doute aléatoirement, remplacé ses membres par toutes sortes d'instruments et d'objets qui le font ressembler à un couteau suisse, flanquée d'une toute petite tête", signale Miller. 

"Il a un requin en guise de bras droit et une sorte de canon en guise de bras gauche", souligne Offerman, "ce qui lui donne un air terrifiant et qui le rend déterminé à obtenir sa vengeance". 

Pour la voix du personnage, l'acteur précise : "Je me suis inspiré de l'esprit du graphisme et de l'animation. J'ai essayé de faire de lui un type farfelu et j'y ai ajouté mes souvenirs de mes dessins animés préférés : on obtient un savoureux mélange qui définit Barbe d'Acier. J'ai aussi changé pas mal de pronoms, comme dans la phrase 'Donne-moi mon bouteille de rhum'. Pour une raison que je ne m'explique pas, ce genre d'archaïsme donne à la langue un côté pirate des mers. Sans oublier, de temps à autre, l'onomatopée 'Argh !'" 

Dernier membre de la joyeuse équipe : Benny l'Astronaute. Tout comme Batman, l'Astronaute est l'un des deux personnages de Lego déjà existants, alors qu'Emmet, Cool-Tag, Vitruvius, Lord Business et Méchant Flic/Gentil Flic ont été spécialement imaginés pour les besoins du film, ainsi que les deux personnages en briques – Barbe d'Acier et Unikitty. Astronaute du début des années 80, Benny fait partie des personnages qu'aimaient Phil Lord et Chris Miller dans leur enfance : il était hors de question qu'il ne participe pas à l'aventure ! 

Il porte un casque fissuré, suggérant que le manque d'oxygène peut expliquer son état d'esprit actuel. Pour le superviseur Infographie Damien Gray, d'Animal Logic : "On s'est vraiment efforcé de le vieillir, et de parsemer sa tenue d'éraflures et de poussière puisqu'il est censé avoir roulé sa bosse pendant plus de 30 ans. Cela fait partie de son identité. Il est un peu décalé et hors du coup, et il ne trouve plus vraiment sa place à notre époque". 

Cependant, il est toujours partant pour l'aventure : "Benny ajoute du piquant à la petite bande et une énergie nouvelle, et peu d'acteurs tels que Charlie Day arrivent à insuffler un tel tempo", souligne Lin. "Benny rejoint l'équipe en dernier. Il n'est pas certain d'être d'une quelconque utilité, mais il est enthousiaste, même si les nouvelles technologies lui échappent et que cela l'irrite constamment". 

UN VRAI TRAVAIL D'ÉQUIPE 
"Tout est super génial. Tout est cool quand on fait partie d'une équipe". 
Le tournage de LA GRANDE AVENTURE LEGO témoigne de l'état d'esprit du film et de la chanson qu'on entend à intervalles réguliers : "Tout est formidable quand on fait partie d'une équipe". 

Le tournage s'est déroulé de manière quasi concomitante à trois endroits différents : à Los Angeles, centre névralgique de la production, où l'intrigue, les personnages et le graphisme ont été mis au point, et où Lord et Miller ont passé l'essentiel de leur temps; au studio d'animation d'Animal Logic, en Australie, où le monteur et coresponsable de l'animation Chris McKay a piloté 250 animateurs qui ont mis en oeuvre ses idées; et au QG de l’entreprise Lego, au Danemark, où les graphistes, sous la direction du vice-président Matthew Ashton (également producteur exécutif du film), ont proposé leurs conseils d'expert pour fabriquer certains personnages et accessoires imaginés par les deux réalisateurs. 

Le tournage a suivi une évolution cyclique, davantage que linéaire, puisque les idées concernant l'intrigue et le graphisme n'ont cessé de fuser. Les réalisateurs se sont ainsi rendus régulièrement au Danemark et en Australie, tandis que les chefs de poste d'Animal Logic et du groupe Lego ont fait plusieurs déplacements à Los Angeles. Pour autant, le plus souvent, ils communiquaient en vidéoconférence et à l'aide du logiciel cineSync, ce qui leur a permis de visionner les rushes et de monter en temps réel. 

Il était essentiel que les personnages et les décors qu'on voit à l'écran soient non seulement construits à partir de briques virtuelles, mais qu'il soit théoriquement possible qu'ils aient pu être assemblés manuellement avec de véritable briques. Du coup, la solidité de certains décors particulièrement complexes a été testée au siège de Lego. Le bureau de production de Los Angeles envoyait ainsi des dessins et des projets à la maison-mère située au Danemark, où des maquettes étaient parfois construites de toutes pièces, puis photographiées afin que les réalisateurs puissent s'en inspirer. Par la suite, après plusieurs échanges entre le siège de Lego et la production, des finitions étaient souvent apportées aux décors par les graphistes et les techniciens. Enfin, les éléments concernant le style des décors et personnages, une fois finalisé, étaient transmis aux animateurs qui mirent au point un logiciel informatique, susceptible de susciter de nouvelles finitions. 

"Le groupe Lego s'est montré très pragmatique", affirme Roy Lee. "On leur a montré ce qu'on voulait faire et ils nous ont proposé beaucoup d'idées formidables pour améliorer le résultat". 

"Il nous arrivait de leur dire qu'on avait besoin d'une navette spatiale, ou d'un navire de pirates qui se transforme en sous-marin, et ils nous proposaient une maquette qui avait non seulement beaucoup d'allure, mais qui n'était pas dépourvue d'humour", poursuit Dan Lin. "On montrait ensuite ces maquettes aux animateurs et on réfléchissait ensemble à la meilleure manière de les transposer à l'écran". 

Dans d'autres cas, les animateurs ont mis au point leurs propres maquettes à partir de l'immense catalogue de briques qu'ils avaient eux-mêmes constitué. 

Suite à sa lecture du scénario, Matthew Ashton déclare : "Il y avait toute une partie du travail que l'équipe d'animateurs pouvaient faire sans notre aide, mais il y avait aussi certains points majeurs sur lesquels on pouvait les épauler. J'ai une équipe de 60 graphistes qui ont chacun des compétences spécifiques. Certains sont très bons pour mettre au point des maquettes traditionnelles, d'autres s'y connaissent en navettes spatiales et autres objets futuristes, et d'autres encore brillent par leur esprit astucieux, sachant par exemple faire fonctionner une trappe ou surgir une arme d'un véhicule. À partir des indications graphiques, on a fabriqué les objets afin qu'ils soient à la fois réalistes et esthétiques. Le plus important pour nous, c'était que l'histoire fonctionne et que la concrétisation des idées des réalisateurs ait fière allure". 

"Nous avons travaillé en bonne intelligence avec les graphistes de la production et ceux du groupe Lego", note Lin, "car ces derniers connaissent les potentialités et les limites des briques mieux que quiconque, mais, dans le même temps, notre équipe, qui avait un point de vue cinématographique, a suggéré des idées nouvelles dans l'usage des briques de Lego. Du coup, ils ont tous collaboré main dans la main". 

"Nos valeurs essentielles rejoignent les leurs, en ce qui concerne l'imagination, la qualité du résultat et l'humour, si bien que les responsables chez Lego nous ont permis de réaliser le film tel qu'on voulait le faire", analyse Miller. "Nous avions tous le même objectif : tourner ce film du mieux possible. Ils ont été à nos côtés à chaque instant". 

L'expertise de l'entreprise s'est avérée particulièrement précieuse pour les scènes d'action qui nécessitaient de déconstruire certains accessoires existants, puis de réassembler ces pièces détachées pour en faire de nouveaux objets : par exemple, un bâtiment est devenu un camion, et un camion s'est métamorphosé en avion. Le superviseur Infographie Aidan Sarsfield, chez Animal Logic, s'explique : "Dans l'histoire, les Maîtres Constructeurs doivent une grande partie de leur réputation au fait qu'ils peuvent tout construire à partir de n'importe quel objet. Les éléments d'une ruelle peuvent ainsi être transformés en voiture de course, et cela a représenté des défis intéressants pour les machinistes et les graphistes qui ont conçu et bâti les pièces détachées et les accessoires. Ils ont dû réfléchir au meilleur moyen de construire une voiture à partir de pièces qui pouvaient aussi servir à fabriquer le décor d'une ruelle". 

"Par exemple, ils ont conçu environ 24 maquettes différentes à partir d'une scène où des cafés, des voitures, des camions-poubelles et des marchands de glace ambulants sont transformés en machines volantes hors du commun capables de participer à un combat aérien", reprend Lord. "C'était un postulat de départ bien précis, mais qui ouvrait des perspectives infinies, et les graphistes de Lego nous ont fait des propositions fantastiques". 

"Un tel film fait appel à l'intelligence d'artistes et techniciens de spécialités différentes", conclut-il. "Cela reflète aussi le propos du film puisqu'il s'agissait de mettre en place un environnement propice à la créativité". 

Brique après brique 

Lord et Miller ont conçu LA GRANDE AVENTURE LEGO comme un film d'action, et cette vision de départ a présidé à chacun des choix artistiques. 

Le chef-décorateur Grant Freckelton affirme : "On avait réuni des dizaines et des dizaines de croquis avant même que quiconque ait assemblé deux briques. Tout film d'animation est créé ex nihilo, mais celui-ci a dû être conçu à partir de briques de Lego, si bien qu'on a dû transposer toutes nos idées sous cette forme particulière". 

Grant Freckelton et son équipe ont téléchargé le logiciel LEGO Digital Designer, gratuit et accessible pour tous : "On a commencé par concevoir et fabriquer des objets à partir de nos esquisses, en utilisant des briques virtuelles", dit-il. "En outre, ils nous ont fourni un mur en pièces détachées, dont chaque élément était numéroté, si bien qu'au moment de la construction, on pouvait se référer à ces pièces détachées, les prendre en photo, et mieux en comprendre l'aspect esthétique et les moindres détails. On a aussi utilisé de nombreuses photos, prises en macro, de vraies briques car Chris et Phil tenaient à obtenir un réalisme absolu et à donner le sentiment qu'on est dans un authentique décor en Lego". 

Les briques, modélisées séparément les unes des autres, intègrent de subtiles traces d'usure, comme si elles avaient été longuement utilisées par des enfants jouant au Lego, et ne sont donc pas flambant neuves, comme si elles venaient d'être déballées. Puis, l'équipe a fait en sorte que ces légères éraflures soient visibles à l'écran. Le superviseur Éclairages Craig Welsh, d'Animal Logic, a collaboré avec Freckelton pour obtenir cet effet : "On a constitué une solide base de photos d'objets de Lego, prises dans des conditions de luminosité différentes, afin de mettre au point l'ombrage, le surfacing et le texturing", dit-il. "Par défaut, l'ombrage était assez terne, et on savait donc qu'il nous faudrait pratiquer de petites éraflures et autres imperfections dans le plastique pour que la lumière s'y reflète de manière réaliste, comme si l'on regardait une brique de Lego de près. Ensuite, on a installé les éclairages, les accessoires et les personnages, comme s'ils étaient disposés sur un décor miniature et éclairé avec de véritables lampes". 

"Quand le réalisme est le mot d'ordre, ce n'est pas tant ce qu'on perçoit à l'image qui compte que l'élément qui nous semblerait faire défaut s'il n'était pas là", ajoute Welsh. "Si on commet la moindre erreur, le spectateur peut, en un instant, décrocher et ne plus avoir le sentiment que ce qu'il regarde est réaliste, et c'est pour cette raison qu'on a déployé autant d'efforts dans cette direction". 

Chaque aspect du film était soumis à la même rigueur. "Le moindre détail devait être réaliste et correspondre au projet initial", indique Dan Lin. "Chris et Phil se souciaient de chaque élément du film, sans perdre de vue la globalité du résultat final. Ils ont donné l'exemple à toute l'équipe. Même une scène apparemment très simple, comme celle où on fait la connaissance d'Emmet dans son appartement, nous a demandé des heures de discussions et d'allers-retours entre nous tous". 

LA GRANDE AVENTURE LEGO a mobilisé 3 863 484 briques de Lego différentes. Certaines ont été réutilisées dans plusieurs scènes, pour des décors, des personnages et des accessoires, et le nombre total de briques utilisées dépasse les 15 millions, autrement dit, le nombre de briques qu'il faudrait à un individu pour créer l'intégralité des éléments du film à la main. 

Par ailleurs, la production s'est servie de 183 personnages, dont beaucoup sont chers au coeur des réalisateurs. Alors qu'il visitait le parc Legoland, à Billund (Danemark), Phil Lord a découvert de nombreux personnages et retrouvé plusieurs figurines qu'il affectionnait dans son enfance : il tenait à ce qu'ils apparaissent dans le film. "Qu'il s'agisse de nouveaux personnages ou de figurines bien connues que j'avais oubliées, j'ai pris des photos que j'ai envoyées à Chris et je lui ai demandé s'il pensait qu'on pouvait les utiliser dans le film, même en arrière-plan. Les objets liés à l'espace de la fin des années 70-début des années 80 jouent un rôle important car ils ont bercé notre enfance, et que plusieurs adultes fans de Lego sont nostalgiques de cette époque". 

Le chef-opérateur et Superviseur Modélisation Pablo Plaisted, chez Animal Logic, a accentué la dimension réaliste souhaitée par les réalisateurs en relevant le défi d'éclairer un univers de Lego. Pour lui, le plus important consistait à "imposer la stop-motion comme langage visuel auprès du spectateur, tout en nous laissant la possibilité de recourir aux effets infographiques", dit-il. "Il fallait que le spectateur ait le sentiment de regarder un film en prises de vue réelles, tourné dans un décor miniature mais de nature épique et cinématographique. Et en raison des proportions spécifiques des personnages, il nous a fallu repenser le cadrage".

COOL-TAG 
“Tu peux devenir le Spécial parce que je crois en toi".

Si le spectateur s'attache autant à ces petits personnages de plastique jaune, au visage peint sommairement, c'est grâce aux animateurs d'Animal Logic et à l'investissement personnel de Chris McKay. "Ce qui est extraordinaire, c'est de voir l'humanité que Chris et son équipe ont su donner à ces personnages, sans parler des comédiens de doublage, à partir de nos idées et de quelques dessins", souligne Lord. 

McKay a occupé une double fonction puisqu'il a d'abord été monteur, pendant la phase de développement de l'intrigue et des story-boards, puis superviseur de l'animation en Australie. Surtout connu pour sa participation à la série ROBOT CHICKEN, il possédait une expérience en matière de stop-motion et d'animation de pâte à modeler qui s'est avérée être un véritable atout pour LA GRANDE AVENTURE LEGO. En effet, même si le film n'a pas été tourné en stop-motion, il était destiné à en adopter le rythme. 

Pour McKay, il ne s'agissait pas de rendre les mouvements des personnages fluides, mais de respecter la nature même de leurs articulations. "Ils sont très limités dans leurs mouvements, puisqu'ils peuvent uniquement se pencher et se tourner", dit-il. "On a donc dû y réfléchir sérieusement. Par moments, nous les avons fait marcher ou sauter, et à d'autres moments, on dirait qu'une main soulève l'un de ces personnages et le propulse en avant !" 

Le coproducteur Igor Khait explique que ce sont les détails qui comptent. "Quand on essaie de donner l'illusion que de petites figurines de plastique sont vivantes, il faut faire vraiment prêter attention aux détails", souligne-t-il. "Il n'y a pas de plans faciles à exécuter. Même un plan où Emmet traverse son salon pour prendre un livre sur une étagère demande de nombreux ajustements afin de satisfaire aux critères de vraisemblance. Car on a dû faire en sorte que ses mouvements soient les plus subtils possible". 

À partir du moment où elle conservait la nature des personnages de Lego, la production a dû faire en sorte que les traits des figurines restent plats, comme sur un autocollant. Comme l'explique le superviseur du département Animation chez Animal Logic, Alfie Olivier, "C'est un visage en 2D sur un personnage en 3D". Il a donc fallu établir un catalogue d'yeux, de bouches et de sourcils qui ont ensuite été projetés sur les personnages afin de rendre Emmet charmant, Cool-Tag mystérieuse, Mauvais Flic menaçant et Lord Business… tout simplement cinglé ! 

"Chris McKay est hallucinant", poursuit Olivier. "Je ne pense pas avoir jamais travaillé avec un responsable de l'animation qui se soit autant consacré à jouer chaque émotion, comme s'il campait lui-même le personnage. Du coup, on savait exactement dans quelle direction aller". 

McKay a poussé les animateurs à imaginer ce que leurs personnages éprouvaient et comment cela se traduisait dans leurs mimiques et leur gestuelle. "Je voulais que le comportement de ces petites figurines soit authentique", renchérit-il. "Je voulais que tout soit réaliste, et il nous fallait donc comprendre comment raisonnaient ces personnages et le type de sentiments qu'ils éprouvaient. Il était crucial de les rendre attachants". 

Phil Lord et Christopher Miller auraient pu réaliser le film en animation traditionnelle, mais cela n'aurait pas été fidèle à l'état d'esprit du Lego ou à son charme intrinsèque. D'entrée de jeu, les réalisateurs ont conçu le film tel qu'il a été réalisé et produit – autrement dit, en conviant les spectateurs dans un univers Lego à la fois fantastique et familier, et en leur donnant le sentiment qu'ils auraient pu eux-mêmes le construire. 

"On entend beaucoup dire qu'on vit à une époque en panne de créativité", indique Lord. "Mais le jeu de Lego stimule le potentiel créatif de chacun d'entre nous, à domicile, et c'est ce qui nous a séduit : on voulait réaliser un film qui soit divertissant et qui rende hommage au pouvoir de l'imagination, tout en poussant certains à construire leurs propres créations. Il s'agissait donc de développer la créativité du grand public !" 

"Pour nous, le Lego est moins une marque qu'un moyen d'expression, comme l'argile", conclut Miller qui, comme tant d'autres, se souvient d'avoir été plongé pendant des heures et des heures dans des univers fascinants grâce au Lego. "Avec ces briques, on peut construire un château ou une station spatiale, de même qu'avec de l'argile. Tout le monde peut y arriver. Et les possibilités sont infinies".

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