lundi 20 juin 2016

CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD



Epouvante-horreur/Mené d'une main de maître par son réalisateur, angoissant et réussi !

Réalisé par James Wan
Avec Vera Farmiga, Patrick Wilson, Frances O'Connor, Madison Wolfe, Simon McBurney, Steve Coulter, Franka Potente, Benjamin Haigh, Lauren Esposito, Patrick Mcauley...

Long-métrage Américain
Titre original : The Conjuring 2: The Enfield Poltergeist 
Durée: 02h14mn
Année de production: 2016
Distributeur: Warner Bros. France

Date de sortie sur les écrans américains : 10 juin 2016
Date de sortie sur nos écrans : 29 juin 2016


Résumé : Une nouvelle histoire vraie issue des dossiers d’Ed et Lorraine Warren : l’une de leurs enquêtes les plus traumatisantes.
Lorraine et Ed Warren se rendent dans le nord de Londres pour venir en aide à une mère qui élève seule ses quatre enfants dans une maison hantée par des esprits maléfiques. Il s'agira d'une de leurs enquêtes paranormales les plus terrifiantes…

Bande annonce (VOSTFR)



Featurette (VOSTFR)



Ce que j'en ai pensé : J'ai eu la chance d'assister à l'avant-première de CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD le samedi 18 juin au soir au Grand Rex. Bénédiction de la salle et distribution de croix lumineuses étaient au programme. Vous pouvez penser que c'était du cinéma mais après avoir vu le film, je n'en suis plus si sûre...




James Wan, le réalisateur, réussit à faire mieux qu'avec CONJURING : LES DOSSIERS WARREN, que j'avais déjà trouvé très bon (voir mon avis ici). Je n'y croyais pas mais il nous surprend encore, malgré une thématique assez proche. 

James Wan, le réalisateur
Basé sur des faits réels, LE CAS ENFIELD explore un cas de possession d'une petite fille dans le nord de Londres à la fin des années 70. Le scénario est intéressant car il imbrique cet événement paranormal et le lourd passé de relations avec des forces démoniaques d'Ed et Lorraine Warren. L'histoire réserve donc des surprises. Mais c'est surtout la réalisation de James Wan qui donne à ce long-métrage toute sa dimension de super film d'angoisse et de thriller paranormal. Vous vous attendez à sursauter ? Je peux vous dire que c'est la peur qu'il se débrouille pour instiller dans notre esprit. Et il le fait avec une telle dose de créativité et de renouvellement que j'hésitais parfois entre trouille et admiration. Dans certaines scènes l'angoisse est amenée de façon vraiment impressionnante. 

J'ai retrouvé avec beaucoup de plaisir Lorraine et Ed Warren toujours impeccablement interprétés par Vera Farmiga et Patrick Wilson. Les deux acteurs se complètent et forment à l'écran un couple aussi fort que crédible. Je trouve que le fait que le même réalisateur et le même duo d'acteurs se retrouvent ici pour ce second opus participe à la grand qualité de ce long-métrage. Tous les trois ont fait leur preuve et explorent maintenant de nouvelles facettes avec un talent qui ne nous avait déjà pas échappé dans le premier film. 






La jeune Madison Wolfe qui interprète Janet Hodgson, la fillette possédée, joue très juste. Elle n'en fait jamais trop et exprime une peur qu'on ressent et qu'on comprend.



Sa famille, qui l'entoure et doit aussi subir les conséquences de cette possession, est, elle aussi, tout à fait convaincante.



CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD est excellent sur la forme et pour parfaire le tout, n'oublie pas de nous surprendre sur le fond. Je vous le conseille autant pour l'enquête paranormale que pour l'inventivité et l'efficacité de sa réalisation? ou encore pour le jeu de ses acteurs. Si vous aimez stresser au cinéma, ne le ratez surtout pas !


NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
LORRAINE
Après tout ce que nous avons vu, il n’y a plus grand-chose qui puisse nous ébranler. Mais ce dossier-là… il me hante encore aujourd’hui.
 
À 6h45 du matin le 21 septembre 2015, le tournage de CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD était sur le point de démarrer. Le père Steven Sanchez d'Albuquerque (Nouveau-Mexique), exorciste officiel de l'Église catholique romaine et ami proche de la démonologue Lorraine Warren, était en train de bénir le projet sous les yeux des acteurs et de l'équipe technique sur le plateau 4 des studios Warner de Burbank, en Californie. 

Le père Steven a ensuite offert de bénir ceux qui le souhaitaient dans l'assistance avant de se rendre sur le plateau pour baptiser d'eau bénite et d'huile d'onction chacune des pièces du décor principal. En décidant de consacrer un film à une authentique histoire de possession, es les producteurs n'ont pas voulu prendre de risques...

C'est alors – et alors seulement – que le tournage a pu commencer. 

En 1970, les Warren se sont retrouvés aux prises avec une présence maléfique qui hantait une ferme isolée de Harrisville, dans le Rhode Island. Cette expérience a donné lieu à CONJURING : LES DOSSIERS WARREN, signé James Wan, immense succès de 2013 C'était peu de temps avant l'affaire la plus retentissante de leur carrière, à Amityville, qui a bien failli les anéantir. Cette année, James Wan cherche une fois de plus à terroriser les spectateurs en transposant, dans CONJURING 2, un autre dossier particulièrement médiatisé : il s'agit d'événements atroces bel et bien réels que les enquêteurs en phénomènes paranormaux Ed et Lorraine Warren ont vécus. 

Fin 1977. Toujours hantés par les événements de Long Island, les Warren interrompent leur congé sabbatique : ils se rendent dans le nord de Londres pour enquêter sur une présence démoniaque qui s'est installée chez les Hodgson, dans le quartier populaire d'Enfield. Si nombreux sont ceux à penser que c'est un canular, il s'agira bientôt de l'affaire la plus documentée de l'histoire du paranormal. "Tout ce qu’Ed et Lorraine ont vécu depuis qu'on a fait leur connaissance dans le premier opus débouche sur les événements d'Enfield", commente le réalisateur. 

"Au répertoire des affaires sur lesquelles ils ont enquêté au cours de leur carrière, Enfield est l'une des plus captivantes... et effrayantes. C'est aussi l'une des plus intéressantes, parce que, à bien des égards, elle rappelle les événements d'Amityville. On y fait donc allusion dans ce film". 

Vera Farmiga et Patrick Wilson campent de nouveau Lorraine et Ed. "ça a été un vrai plaisir de retrouver le personnage de Lorraine Warren et de repartir pour une nouvelle aventure", déclare Vera Farmiga en souriant. "Il fallait donner le meilleur de soi-même. Mais James connaît très bien notre fonctionnement et il sait instaurer le dialogue avec nous. Je crois que Patrick et moi étions encore plus à l'aise et en confiance cette fois-ci". 

"L'univers des Warren me parle vraiment", déclare Wan, "et j'avais hâte de pouvoir l'explorer plus à fond grâce à Vera et Patrick et de porter cette affaire étonnante à l'écran". "À aucun moment dans le film, nous n'avons eu l'impression de revisiter la même histoire", affirme Wilson. "On s'est donné à fond pour que ce film ne ressemble à rien d'autre, tout en offrant aux spectateurs les ingrédients qui ont fait le succès du premier opus. C'est ce qui comptait le plus à mes yeux". Le producteur Peter Safran était convaincu que les événements d'Enfield fourniraient une suite logique au précédent film, d'une part parce que "c'est l'un des cas de possession surnaturelle les mieux documentés d'autre part parce que le conte te nous permettait de partir dans une direction totalement nouvelle dans la forme et l'atmosphère En Londres était un univers vraiment nouveau pour les Warren c'était l'époque des rêves de mineurs et la naissance du mouvement punk". 

Si cette histoire est aussi singulière, c'est que "ces événements étaient accueillis avec scepticisme", observe le producteur Rob Cowan. "Ces phénomènes avaient-ils réellement lieu ? La police était impliquée ainsi que des journalistes et des photographes... 

Au bout d'un moment, c'est devenu un véritable barnum et tout le monde voulait se rendre sur place pour en parler et avoir un avis. Un ventriloque est même venu vérifier si la jeune fille projetait sa voix ou non". "Le premier film se déroulait dans un univers assez clos – une ferme en rase campagne –, alors qu'on est ici dans le logement social d'une grande ville, d'où on entend les voisins tout proches et la circulation automobile", note le réalisateur. 

"En raison même de la topographie des lieux, la population vivant à proximité est plus exposée à ces phénomènes". Mais CONJURING 2 est sans doute plus terrifiant encore parce que les Hodgson ne sont pas les seuls visés par la créature, quelle qu'elle soit. Celle-ci s'en prend aussi directement aux Warren, poussant Ed et Lorraine à craindre pour leur propre sécurité. Avant l'arrivée des Warren, les Hodgson avaient aussi reçu la visite de la parapsychologue allemande Anita Gregory (Franka Potente) et d'un enquêteur britannique spécialisé dans le paranormal, Maurice Grosse (Simon McBurney). Mais ce sont les Warren qui marquent le plus la famille et qui s'avèrent en mesure de les aider. 

"Quand Ed et Lorraine ont débarqué chez nous, c'était la première fois que je ressentais un peu de réconfort car j'avais le sentiment qu’ils venaient pour nous aider", raconte Janet Hodgson Winter qui, dans la vraie vie, a le plus souffert parmi les membres de sa famille. Si, à l'époque des faits, elle avait à peine 11 ans, elle a été la cible principale des assauts de la créature et a donc été engagée comme consultante sur ce film. "Lorraine a déclaré qu'il avait vraiment quelque chose dans la maison", se remémore Margaret Hodgson Nadeem, sœur aînée de Janet et également consultante sur le tournage.

"On lui a raconté tout ce qui s’était passé comment ça avait commencé et on lui a dit que ça continuait et qu’on n’arrivait pas à s’en débarrasser Du coup, elle nous a expliqué qu'elle avait été témoin de ce genre de phénomènes et qu'elle allait faire de son mieux pour nous aider". 

Afin de porter les nombreux événements réels à l'écran, Wan a collaboré avec le scénariste David Leslie Johnson et les frères Chad et Carey Hayes, auteurs du premier CONJURING, ravis de se replonger dans l'univers des Warren "C’était la première fois que je travaillais sur un scénario inspiré d'une histoire vraie", reconnaît Johnson, qui souhaitait travailler avec Wan depuis longtemps. 

"J’ai toujours adoré les films d’ horreur Mais ce qui m’a vraiment intéressé c’est qu'il s'agissait d'une histoire vraie qui avait été énormément médiatisée à l’époque et qu'il existait de très nombreux témoins. Même la police a fait des rapports Il ne s’agissait pas de témoignages isolés racontant ce qui c’était passé" "C'était l’ histoire extrêmement forte d’une famille bel et bien réelle qui se retrouvait déchirée", raconte Chad Hayes. "Le père était parti et la mère faisait tout son possible pour joindre les deux bouts au moment des événements Même après toutes les recherches qu’on a menées ça reste tout simplement… inimaginable… mais véridique" "On voyait bien que même après tout ce qu’Ed et Lorraine avaient dû traverser depuis Amityville", remarque Carey Hayes, "découvrir que la jeune Janet était traitée de charlatan, comme eux-mêmes l’avaient été trouvait un écho chez Lorraine et qu’Ed s’était trouvé une nouvelle cause à défendre. Ça dépassait largement leur empathie pour les familles victimes de possession".

Après toutes ces années, Lorraine se souvient encore parfaitement de la peur qu'elle a aussitôt éprouvée en arrivant chez les Hodgson et en prenant conscience du danger auquel cette famille était exposée. "Les deux filles étaient chacune dans leur lit. Puis, je les ai vues se mettre à léviter et à zigzaguer en l’air tout en hurlant J’ai compris que je devais les aider" 
LORRAINE (à Ed)
Quelque chose d’inhumain veut te tuer. Si on ne fait pas marche arrière, tu vas mourir. 
"Beaucoup de choses ont changé pour Ed et Lorraine entre l'affaire Perron et l'affaire Hodgson", reprend Vera Farmiga. "Je pense qu'au cours de ces six années, ils ont mené un vrai combat spirituel et qu'ils ont dû subir le scepticisme et la méfiance des gens, tout en luttant contre des démons". 

Au début du film, les Warren se rendent à Amityville, où ils tiennent une séance de spiritisme pour invoquer les esprits présents. "On les a sollicités en tant qu’experts pour qu'ils soient témoins de ce qui se passait", souligne Cowan. "Du coup, le film démarre là-dessus et on voit bien qu'ils sont totalement convaincus que quelque chose de terrifiant se situe dans cette maison". 

En réalité, il existe une photo assez célèbre, prise par leur équipe d'enquêteurs : on y voit un petit garçon en train de regarder par-dessus une rambarde du premier étage. On estime que cet enfant est l'un des membres de la famille DeFoe à avoir été tués dans propriété plusieurs années auparavant. Dans le film, Lorraine est visiblement bouleversée par une présence démoniaque au cours de la séance de spiritisme, avant d'être poursuivie par l'esprit une fois rentrée chez elle. Dans la courte scène qui précède leur voyage à Enfield, on constate que cette période a laissé de profondes séquelles sur le couple, tant physiques que psychologiques. 

"Il leur a fallu beaucoup d’amour l’un pour l’autre pour traverser [ces épreuves] mais Lorraine m’a toujours dit, 'Je sais que tout cela a été dicté par le destin, et que je le veuille ou non, je dois m’armer de courage' ", relate Vera Farmiga. "Ça n’a jamais fait de doute pour elle Et je suis sensible au fait que l’on explore la force de leur couple dans ce film-ci". 

"J’ai en partie décidé de m'atteler à CONJURING 2 pour retravailler avec Vera et Patrick, car je m’étais très bien entendu avec eux sur le premier opus", souligne le réalisateur. "J’ai donc adoré pouvoir fouiller cet univers et collaborer avec des gens que j’apprécie sincèrement. Grâce à eux, les Warren sont vraiment attachants et je pense que c’est très important de s'identifier aux personnages dans le cinéma d’horreur. Ça rend les moments d’épouvante d’autant plus percutants" 

"J’éprouve aussi une profonde admiration pour la relation qu’Ed et Lorraine ont nouée et la manière dont Patrick et Vera la rendent tangible", poursuit-il. "J’ai toujours secrètement désiré raconter une histoire d’amour au cinéma si bien que je crois que ma façon de le faire est sous couvert d’un film d’horreur !" 

Vera Farmiga a, elle aussi, apprécié de travailler avec Wan. "Notre collaboration nous a beaucoup rapprochés", dit-elle volontiers, "et je sens que l’imaginaire de James correspond quasiment à la version adulte d’un conte de fées pour enfants ayant viré au cauchemar. Sa vision est évocatrice et poétique". 

L'actrice admet également que le rôle, davantage encore cette fois, l'oblige à avoir non non seulement une confiance aveugle en son réalisateur, mais aussi à posséder une extraordinaire dose d'endurance. "On est confronté à beaucoup de noirceur, ce qui est difficile et éprouvant", dit-elle." Ce genre de film, ça ne se travaille pas à moitié. Il faut que l’interprétation soit la plus authentique et sincère possible, elle doit puiser dans l’âme et les sentiments du comédien". 

"Très tôt dans le film, on explique que Lorraine a été habitée par des visions inquiétantes qui touchent les personnes qui lui sont les plus chères", affirme Wan. "Par conséquent alors qu’elle souhaite aider cette famille dans le besoin tout au long du film elle est très tendue et sur ses gardes parce qu’elle redoute ce qui va se produire et qu'elle craint même de perdre Ed". 

"Ed et Lorraine forment un couple sincèrement amoureux : ce sont deux êtres qui se sont trouvés et qui sont parfaits l’un pour l’autre… ce sont des âmes sœurs", intervient Peter Safran. "Ça se sent dans l’écriture mais encore plus dans la façon dont Patrick et Vera incarnent leurs personnages. Ils sont la clé de voûte de tout ce qui les entoure. Lorraine en personne était sur le plateau pendant le tournage et n’arrêtait pas de dire que les deux comédiens avaient parfaitement réussi à restituer sa relation avec Ed". 

Bien que Wilson n’ait jamais rencontré Warren, disparu en 2006, "J’ai pu passer du temps avec Lorraine ce qui m’a permis de le connaître à travers elle et aussi avec Judy et Tony Spera, leur fille et leur gendre – sans parler des DVD et des enregistrements audio que j'ai étudié", raconte l'acteur. "Sur ce film, on a été encore plus soucieux de repérer des instants déterminants de sa vie pour les rendre à l’écran". 

C'est le cas de la première séquence que le réalisateur a écrite et qui est devenue la "scène d’Elvis", moment de légèreté au cours duquel Ed chante une chanson aux Hodgson. "Ed était un blagueur qui adorait la musique et qui aimait siffler", explique Wilson. "Lorraine était heureuse que je chante dans le film parce qu’elle disait qu’ainsi l’esprit d’Ed était parmi eux : il était toujours le premier à illuminer une pièce de sa présence. Il débarquait en pleine séance de spiritisme et déclarait 'J’ai faim. Est-ce que quelqu’un aurait du lait et des petits gâteaux ?" 

La "scène d’Elvis" n'a pas été le seul élément que l'acteur ait aimé dans ce film. "Je trouve cette affaire fascinante car d’un point de vue dramaturgique on n’était pas en terrain connu", reprend-il. "Pour n’importe quel exorcisme il vous faut votre Bible et un crucifix. Mais Ed et Lorraine se mesurent à une entité très différente ici et il se peut que la méthode habituelle ne marc e pas En tant qu’acteur c’était intéressant à jouer c’était un nouveau défi Et tout cela m’a plu qu'il s'agisse de l'humour de la dimension romantique et du renouvellement du genre". 

Dans le premier CONJURING, le personnage tenu par Wilson était protecteur. Or le réalisateur a aimé inverser les rôles pour le deuxième opus. "Maintenant c’est tout le contraire c’est Lorraine qui redoute ce qui pourrait arriver à Ed et qui se montre protectrice" s’amuse-t-il. "Et j’adore leur relation et la manière de Patrick d'avoir les pieds sur terre et de se montrer presque téméraire : ce type ferait tout pour protéger sa femme et aider cette famille". Mais il pourrait bien tout perdre. Car la créature est puissante et l'affaire Enfield va mobiliser beaucoup d'efforts : Ed et Lorraine en porteront tous les deux les séquelles, tout comme la famille Hodgson. 
ED
Cette famille a désespérément besoin de notre aide. 
Tous les parents redoutent de voir leur enfant souffrir. Mais comment réagir quand leur progéniture cause elle-même une souffrance indescriptible, incommensurable, voire intangible ? 

Pour Peggy Hodgson, il est évident qu'une force extrêmement maléfique s'est infiltrée chez elle et a contaminé sa fille Janet. Il est tout aussi manifeste qu'elle ne semble apparemment rien pouvoir faire pour protéger sa famille. "C'est une mère qui élève seule ses quatre enfants dans un logement social", intervient Frances O'Connor, qui incarne une Peggy bouleversée."Sa vie est donc déjà assez dure dès le début du film. Elle n'a pas d'argent et son mari ne lui verse aucune pension alimentaire. Du coup, l'atmosphère est très tendue à la maison. Très vite, d'infimes phénomènes paranormaux se produisent mais Peggy est tellement stressée qu'elle ne les remarque même pas". Jusqu'au moment où la situation se met progressivement à dégénérer. "Une nuit, elle y est finalement confrontée quand l'armoire de ses filles traverse leur chambre pour s'écraser contre une porte. À partir de là, les choses ne font qu'empirer". 

L'actrice avait entendu parler des événements survenus chez les Hodgson à l'époque des faits "J'avais lu des articles et vu les photos de ces filles en lévitation, et d'autres documents du même genre, et j'avais trouvé ça terrifiant", affirme-t-elle. "Il y avait énormément d'informations à leur sujet. Du coup, quand j'ai eu le scénario entre les mains, j'ai eu envie qu'on raconte cette histoire".

"J'ai immédiatement su que je voulais Frances O'Connor pour ce rôle", reprend le réalisateur. "J'adore ce qu'elle fait depuis l'époque où je vivais encore en Australie. Je savais qu'il nous fallait une comédienne de son calibre pour restituer la force de Peggy et pour exprimer à l’écran ses combats intérieurs et son désespoir" 

"En apparence, Peggy semble posséder un caractère bien trempé", fait remarquer Frances O'Connor. "Je pense que le poids de la vie lui pèse lourdement sur les épaules mais ce qui me plaît, c'est qu'au fond elle est une mère très affectueuse avec ses enfants. Ce sont des aspects de sa personnalité formidables à jouer pour montrer comment elle exprime – ou pas – ses émotions". 

Les auteurs du film semblent avoir déniché rapidement les comédiens pour les rôles d'adultes. En revanche, "le plus délicat a été le personnage de Janet Hodgson" reconnaît Wan "Il fallait trouver une jeune actrice capable de restituer la vulnérabilité de cette ado de 11 ans et ce qu'elle a traversé. Et je dois dire qu'on a eu de la chance de rencontrer Madison Wolfe". La vraisemblance du film repose en effet largement sur son interprétation d'une jeune fille possédée. "Elle a su incarner la Janet naïve et innocente du début, puis la faire évoluer peu à peu, au moment où elle est contaminée – et infectée – par cette force qui habite sa maison", ajoute-t-il. "C'est une fille très intelligente et adorable mais quand elle commence à être victime de ces terribles phénomènes, elle en est très affectée. Et n'importe qui le serait à sa place", reconnaît l’actrice. 

Vera Farmiga ne tarit pas d'éloges sur sa jeune partenaire. "Maddy Wolfe est vraiment impressionnante et très futée pour quelqu'un de son âge. Elle possède une formidable endurance et elle a su explorer la noirceur de l'âme humaine dans toutes ses dimensions. Elle reste pourtant une ado joyeuse et heureuse de vivre. C'était surprenant à observer, parce qu'elle peut aller très loin dans son jeu au cours d'une prise avant de passer brusquement à autre chose et de se mettre à parler de son jeu de manière très détachée à James, puis de s'immerger à nouveau dans son personnage. Elle possède ce très rare sens du rythme qui est réglé comme du papier à musique et à mon avis son interprétation est tout simplement épatante". 

Wilson avait déjà travaillé avec Madison Wolfe par le passé, mais son jeu – et notamment son accent anglais – était si impressionnant qu'il n'a pas pris conscience qu'il s'agissait de la même actrice pendant les séances de lecture. "Je n'arrêtais pas de me dire qu'elle pourrait être dans l'école de mon fils et qu'elle me faisait penser à une autre fille que j'avais connue, même si elle était anglaise", se souvient-il. "Et puis, à la fin de la lecture, elle m'a dit qu'elle avait tenu le rôle de ma fille dans un autre film et c'est alors que j'ai entendu son accent de Louisiane ! C'est vrai qu'on n'avait pas eu beaucoup de scènes à tourner ensemble dans le film à l’époque et que c'était il a un bon moment mais son accent pour ce nouveau projet était tellement bon qu'il ne m'est même pas venu à l'esprit qu'elle n'était pas anglaise". 

Outre son métier d'actrice, Madison Wolfe est pom-pom girl et gymnaste, deux activités qui lui ont permis de se préparer physiquement pour le rôle. "Cela m'a aidée pour l'endurance parce que quand il y a des cascades, on les refait plusieurs fois et sous tous les angles, ce qui peut s'avérer fatiguant", admet-elle. Il lui a fallu pas mal d'énergie – et de rapidité – pour jouer sa scène préférée. "Il s'agit d'un plan-séquence où la caméra est braquée sur moi pendant que je dors dans un fauteuil et que Frances descend l'escalier pour me mettre au lit. La caméra se dirige alors sur la fenêtre et il commence à pleuvoir. On passe ensuite au petit matin et la caméra fait un travelling arrière et me cadre sur le canapé. Je devais monter à l'étage, enfiler une robe de chambre, me changer, me précipiter à nouveau à l'étage inférieur, puis aller sur le canapé avant que la caméra revienne sur moi. Le timing devait donc être impeccable. C'était dément", dit-elle en souriant. 

C'était aussi l'une des scènes les plus éprouvantes pour Madison Wolfe sur le plan physique. Au cours d'une autre séquence du même ordre, Janet et sa sœur Margaret sont en lévitation au-dessus de leurs lits, se rappelle l'actrice. Elle précise "C’est certainement la première fois que je fais quelque chose de ce genre. Je portais un harnais sous mes vêtements et j’étais reliée par des filins à l’endroit où je devais me déplacer dans la pièce C'était vraiment galvanisant à faire". 

Margaret, la sœur aînée de Janet, est campée par l'actrice australienne Lauren Esposito."Margaret se montre très protectrice vis-à-vis de Janet, surtout quand elle commence à être possédée et que tous ces événements complètement fous ont lieu", souligne-t-elle. "Elles deviennent beaucoup plus proche, à mon avis, à cause de tout ce qui se passe, même si Margaret ne peut s’empêcher d’être terrorisée". 

Lauren Esposito se souvient du moment qui l'a le plus effrayée sur le plateau : "c'est lorsque le tiroir est projeté vers Janet et Margaret et va s’écraser contre la porte C’était plutôt flippant car j’ai eu l’impression qu'il allait vraiment me toucher". 

Comme le rôle nécessitait pas mal de hurlements, l'actrice a sagement gardé une bouteille d'eau à portée de main, "et du thé avec du citron ou du miel – tout ce qu'il me fallait pour soulager ma gorge !" 

Les fils Hodgson sont tous les deux campés par de jeunes acteurs découverts à Londres. Patrick McAuley interprète Johnny Hodgson, le plus âgé des deux, et Ben Haigh tient le rôle du cadet, Billy qui a des problèmes d'élocution. Haig a dû modifier son accent et apprendre à bégayer pour coller à cette histoire qui se déroule dans le nord de Londres. "On a vraiment eu de la chance de trouver ces gamins, car, comme le disait James, le plus difficile est de réussir à effrayer et à susciter la peur, et, sans le talent de ces jeunes, le public ne le ressentirait pas non plus", intervient à nouveau Cowan. "Or ils ont tous été fantastiques".

Avant l'arrivée des époux Warren, les Hodgson avaient déjà suscité l'intérêt des médias, mais aussi d'autres experts dans le domaine. L'actrice allemande Franka Potente joue Anita Gregory, parapsychologue connue pour son scepticisme à l'encontre de cette famille. Simon McBurney incarne l'expert en paranormal Maurice Grosse, qui est lui beaucoup moins dubitatif. Chris Royds campe quant à lui le photographe du Daily Mirror Graham Morris, qui a couvert les faits à Enfield pour son journal. 

Les Hodgson ont cependant été soutenus tout au long de cette affaire : ils ont pu compter sur le réconfort – et l'hospitalité – de leurs voisins Vic et Peggy Nottingham, respectivement incarnés par Simon Delaney et Maria Doyle Kennedy. De son côté, Steve Coulter reprend le rôle du père Gordon, ami et conseiller des Warren qui leur expose le cas des Hodgson. 

Janet Hodgson Winter et Margaret Hodgson Nadeem ont toutes les deux été présentées aux jeunes actrices censées les incarner. Mais le moment le plus émouvant sur le plateau a sans doute été quand Lorraine a retrouvé, 38 ans après, Janet et Margaret qu'elle n'avait plus revues depuis 1977. Entre les larmes et les embrassades, Janet a murmuré à Lorraine : "Tu as été la seule personne à vraiment tenter de nous aider". 
JANET & BILLY
Croque, croque, Croque-mitaine
Qui croque les enfants…
 
Ce sont parfois les souvenirs d'enfance les plus insouciants, comme une planche de Ouija ou une comptine, qui suscitent les images les plus perturbantes et terrifiantes au cinéma. Dans CONJURING 2, ce qui n'était au départ qu'une anecdote – l'utilisation par Janet Hodgson d'un zootrope [jouet optique donnant l'illusion du mouvement, NdT.] diffusant une chansonnette du XIXème siècle pour aider le jeune Billy à mieux maîtriser son élocution – a donné lieu à un personnage imposant et terrifiant lorsque les producteurs ont décidé de le rendre vivant. 

"Au fur et à mesure, on sent que le démon de la maison se sert de toute son énergie pour essayer d’effrayer la famille", indique Cowan. "James pensait que ce serait vraiment un moyen efficace d’animer le petit personna e du zootrope… et d’en faire un Croque-mitaine" de plus d'1m80". Mais il n'a rien d'une créature innocente issue de l'imagination d'un enfant.

Pas plus que ne l'est Bill Wilkins, âgé de 72 ans, ancien propriétaire de la maison des Hodgson aujourd'hui disparu. Désormais, son esprit semble... incapable... de partir et il préfère occuper non seulement son fauteuil préféré mais aussi l'âme de Janet. Pourtant il semble que même Bill soit manipulé par une force beaucoup plus démoniaque – une force qui hante Lorraine Warren depuis Amityville. 
JANET/BILL WILKINS
Vous êtes dans ma maison. Allez-vous en tout de suite ! 
Grâce – selon toute probabilité – au père Steven et sa bénédiction, comédiens et techniciens ont assisté à beaucoup moins d'activités "inhabituelles" que lors du premier film, même quelques phénomènes étranges se sont produits avant et après le tournage : des portes qui s’ouvrent toutes seules, des objets qui disparaissent, des ombres aperçues ou dont on sent la présence alors qu'il n'y a en fait personne, et des lumières qui s'éteignent brusquement.

Même à Londres, pendant le casting, plusieurs séances de travail ont été régulièrement interrompues par un bruit perçant de frottement qui semblait provenir de sous le parquet de cette maison victorienne réaménagée. Les agents ont imputé ces bruits à une souris, mais aucune n'a jamais été trouvée et les sons étaient un peu trop forts pour être causés par une bestiole aussi minuscule. Ou bien s'agissait-il d'un chien dans le studio voisin ? Impossible car il n’y en avait pas. Curieusement, les grattements n’ont plus été entendus une fois le casting de CONJURING 2 finalisé.

Bien que le tournage se soit déroulé aux États-Unis, "ce qui m'a vraiment intéressé dans cette histoire, c'est le décor", assure le réalisateur. "Je pense vraiment que Londres offre un peu de dépaysement et c'était franchement intéressant pour moi sur le plan de la mise en scène". "James adore donner au public le sentiment d’être plongé dans un lieu précis et pour les deux CONJURING, il s'agit de la maison et des environs", ajoute Safran. 

"Dans le premier opus, il tourne un plan où l'on suit la famille pendant son emménagement, puis les enfants qui défont leurs valises et sortent dans le jardin. Dans ce deuxième épisode, on a un superbe plan-séquence qui débute à l’extérieur de la maison on entre ensuite par une fenêtre à l’étage et on s'attache au pas des personnages On sent tout de suite qui ils sont en comprenant comment ils vivent". Les travellings sont emblématiques du style de Wan qui préfère tourner le maximum de prises de vue et limiter les effets infographiques. "Je pense que c’est le secret pour rendre ses scènes vraiment terrifiantes", note Safran. "Tout se passe sous vos yeux sur l’écran les scènes d’épouvante se multiplient jusqu’à l’escalade toutes fondues en une seule. James est capable de prendre une frayeur qui pour la plupart des gens serait le point d’orgue d’une scène et d’en faire le point de départ, l’effroi s’intensifiant à chaque scène jusqu’à une terreur réellement insoutenable". 

Pour orchestrer ce type de plans complexes, "On a décidé d’utiliser la caméra RED-One en format MOV pour sa légèreté sa souplesse et sa maniabilité On l’a donc déplacée à travers toute la maison", explique le directeur de la photographie Don Burgess. "Il a fallu utiliser deux types de cadreurs différents et tout un tas de prompteurs pour assurer les transitions pendant que la caméra flotte sans heurt à travers les couloirs et par les portes. C’est le genre de plans que j’adore réaliser car quand on réussit c’est extrêmement gratifiant". 

Étant donné que le type de logement social qui a servi de doublure pour la maison des Hodgson est très exigu, il a été reconstitué dans les studios de la Warner pour faciliter le tournage. "Il fallait que leur maison soit légèrement plus grande pour accueillir l’équipe technique et permettre à la caméra de suivre librement les acteurs de pièce en pièce sans montage", détaille le réalisateur. 

Pour contrebalancer cette impression de grandeur à l'écran, la chef-décoratrice Julie Berghoff a choisi de recourir aux nuances verdâtres typiques de l'univers de James Wan pour indiquer une infection paranormale : elle les a ensuite assombries avec des taches et des marques de vieillissement afin de donner aux pièces une allure défraîchie, dominée par des traces d'humidité et de la moisissure rampante, tout aussi symptomatique d'une présence surnaturelle. Les murs sombres et les recoins plus obscurs ont permis de donner le sentiment que les pièces avaient rapetissé à l'image et les ont rendues plus conformes à un logement social des années 1970. 

Pour différentes raisons, les producteurs ont choisi de ne pas utiliser la véritable maison d'Enfield comme modèle, même si une propriété similaire a été choisie. C'est seulement suite à cette décision que les travaux de construction ont démarré sur le plateau 4, l'un des plus anciens du studio : construit en 1926, il est aussi réputé pour être l'un des plus hantés... Nombreux sont ceux qui pensent que les esprits qui rôdent autour du plateau 4 sont ceux d'anciens techniciens de la Warner, qu'ils sont facétieux et plutôt enclins à de simples tours de passe-passe. Souvent, les gardiens de nuit refusent d'aller sur le toit sans que quelqu'un les attende à l'intérieur, car les esprits aiment visiblement les enfermer dehors : certains techniciens ont raconté avoir surpris des murmures, des coups de marteau et de perceuse alors que personne sur le plateau ne construisait de décor. 

James Wan et Julie Berghoff ont travaillé ensemble à de nombreuses reprises et elle n'a donc pas été surprise que le réalisateur lui demande de construire une maison à deux niveaux dans le style de l'époque mais sur un plateau de cinéma, afin qu'il puisse suivre les acteurs sur plusieurs étages et dans la cage d'escalier.

"C'est mon cinquième film avec James et il m'inspire beaucoup car il donne de nouvelles orientations à mon travail", explique Julie Berghoff. "À chaque fois qu'il accepte un projet, je sais qu'il va y avoir plein de rebondissements qui vont me permettre d'être très créative et de me renouveler de bien des façons". 

"J'ai dit à Julie que je voulais qu'on se sente dans une vraie maison, et elle a fait un travail exceptionnel tant dans l'esthétique que dans l'atmosphère Ça n'a jamais eu l’air d’un décor de cinéma", reconnaît Wan.

Avec son équipe, la décoratrice a pu construire un plateau sur deux niveaux comprenant trois maisons inspirées par le décor naturel d'Enfield, ainsi que les espaces verts attenants, les clôtures, les trottoirs, une partie de la rue et l'arrière des maisons.

"Je dirais que c'est un style 'joliment décrépi' ", déclare Peter Safran. Don Burgess a collaboré avec James Wan et Julie Berghoff pour créer l'atmosphère claustrophobe recherchée par le réalisateur. "James est un réalisateur qui a un sens visuel très développé et la photo compte beaucoup dans la narration, tout comme le jeu entre ombre et lumière et entre ce qu'on voit à l'image et le hors champ. Ça a été une immense joie de travailler sur ce film", dit-il. "Julie et Don ont fait un travail formidable pour interpréter la vision de James", déclare Cowan. "Julie a parfaitement cerné l'esprit de ces logements sociaux des années 1970, elle y a intégré les bonnes matières, atmosphères et palette de couleurs, et quand Don éclairait le plateau d'une certaine façon, on n'était plus vraiment certain de savoir où commençait et finissait le champ c’en devenait vraiment effrayant Tout cela a permis au acteurs de se sentir appartenir à cet univers". 

Wan a été très précis en ce qui concerne le style de la chambre de Janet et Margaret Hodgson, qui s'inspirait des photos prises à l'époque par le photographe Graham Norris du Daily Mirror. L'allure du reste de la maison a cependant été intégralement réinterprété de façon originale par la décoratrice et ses collaborateurs. Outre les scènes se déroulant à l'intérieur de la maison, une quantité impressionnante de pluie était nécessaire, ce qui ne pouvait que souligner l'atmosphère typiquement londonienne. Comme la climatisation était constamment en marche, il faisait humide et frais sur le plateau. Un véritable climat anglais ! 

La création d'une pluie constante et vraisemblable sur un plateau de tournage en intérieur a posé des défis conséquents. Julie Berghoff a conçu un système d'évacuation et de récupération des eaux en découpant le plancher du décor et en creusant dans le sol en-dessous. "C'est vraiment inhabituel d'avoir autant de pluie sur un plateau. Nous avons dû installer de vraies fondations en ciment avec des tuyaux et réfléchir à la façon d'évacuer l'eau et d’empêcher les décors d'être inondés quotidiennement", explique-t-elle. Des plates-formes ont été aménagées tout autour de la maison des Hodgson, sur le trottoir d'en face, dans l'allée longeant la maison et à l'arrière de celle-ci. Elles ont été utilisées au départ pour filmer des plans extérieurs de la maison qui allaient se fondre ensuite dans ceux de la vraie rue d'Enfield. Pour garder le plateau aussi sec que possible, d'autres ont aussi été installées autour des fenêtres des maisons afin que les scènes d'intérieur puissent être tournées avec de l'eau dégoulinant des vitres sans qu'elle inonde l'intégralité du décor. 

Une partie de l'intrigue se déroule dans un sous-sol : sur le plateau 4, l'équipe a pu aller sous terre en perçant un trou dans le sol. C'est là qu'ils ont découvert un immense coffre qui n'avait pas été ouvert depuis au moins 40 ans, comprenant toutes sortes d'éléments de décor et accessoires qui y étaient restés cachés, "archivés" par le passage du temps. 

Tout n'a cependant pas été tourné sur le plateau 4. À commencer par une séquence au cours de laquelle Ed se précipite au sous-sol pour tenter de sauver Janet tandis que Lorraine et Vic sont enfermées à l'extérieur dans la cage d'escalier sous la pluie. L'excavation sous le plateau a permis d'installer l'escalier du sous-sol, afin que de l'arrière de la maison les acteurs puissent se précipiter en bas et ouvrir la porte : en réalité, derrière cette porte, il n'y avait rien hormis un sol poussiéreux et des pilotis en bois supportant le poids du plancher du décor au-dessus. 

Les plans de cette séquence, qui se déroulent de l'autre côté de la porte du sous-sol dans le film, ont eux été tournés dans une citerne de Santa Clarita, en Californie, construite pour accueillir trois niveaux différents d'inondation. Il faut évoquer un autre élément utilisé pour permettre des prises vues convaincantes depuis l'intérieur du plateau vers l'extérieur : il s'agit d'une immense toile qui s'élevait à plus de 12 mètres du sol et s'étendait sur toute la longueur et la profondeur du plateau sur trois de ses côtés. 

Une image composite de photos haute résolution de la véritable rue d'Enfield et de ses maisons a été imprimée sur la toile afin d'obtenir des prises de vue frontales, latérales et arrières. Et même si la poussière sur le devant, les côtés et l'arrière de la maison est authentique – la pluie la transformant parfois en boue–, l'herbe que l'on voit est synthétique, ce qui lui a permis de rester verte tout au long du tournage. Toutes les autres plantes utilisées sont réelles, même si nombre d'entre elles semblent mortes puisque l'histoire se déroule en hiver. Plusieurs autres décors ont été construits sur le plateau 9 des studios de Burbank, en Californie. On peut citer le grenier de la maison d'Amityville avec sa célèbre fenêtre et un décor de salon monté à l'envers pour une scène où Janet se retrouve au plafond. 

Sans oublier la "pièce des souvenirs" de Ed et Lorraine qui s'inspire largement du véritable "musée de l'occulte" des Warren, abritant certains objets aperçue dans CONJURING : LES DOSSIERS WARREN : l'armoire de Samouraï, le singe mécanique et, bien sûr, la poupée Annabelle. Pour cette séquence, Lorraine a fourni trois nouvelles pièces : des gravures originales de maisons hantées réalisées par Ed. 

Pour des raisons pratiques, le tournage s'est aussi déroulé, pour de courtes périodes, en décors réels à Londres et à Los Angeles. Il s'agissait par exemple de donner le temps nécessaire à l'équipe artistique d'aménager la maison des Hodgson sur le plateau 9 en décor de la propriété des Nottingham, ou encore de respecter l'authenticité des lieux, impossible à reconstituer en studio. 

La séquence où Ed et Lorraine arrivent à Londres et rencontrent Maurice Grosse pour la première fois a été tournée à la gare de Marylebone : elle a nécessité des centaines de figurants ainsi que l'acheminement de nombreuses voitures d'époque. 

Trois décors ont été construits sur le plateau F des studios Warner de Leavesden en Angleterre : l'intérieur d'un train, pour lequel un authentique wagon d'époque a été transporté sur le plateau ; le décor de la séquence du "Becky Rivers Talk Show" où l'on aperçoit Janet Hodgson Winter et Margaret Hodgson Nadeem dans le public de l'émission; et un décor avec fond vert à 360 degrés comprenant une voiture pour les séquences où les personnages conduisent dans les rues de Londres sous la pluie. D'autres plans ont été tournés dans la capitale britannique, qu'il s'agisse du Warrington Hotel Pub, du quartier de Maida Vale et d'une rue d'Einfield qui passe pour Green Street, où se trouve la vraie maison des Hodgson. 

Dans le sud de la Californie, des plans supplémentaires ont été tournés à Monrovia, notamment pour les scènes de la maison d'Amityville et d'Encino, afin de représenter la maison des Warren située dans le Connecticut. 

La chef-costumière Kristin M. Burke a travaillé en étroite collaboration avec l'équipe artistique pour reconstituer l'univers de la fin des années 1970 pour tous les personnages présents à l'écran : "Les costumes sont portés par les personnages", dit-elle. "C'est un langage et il m'appartient de faire en sorte que les costumes révèlent les traits de caractère des personnages". La costumière est partie des recherches effectuées pour le premier opus de CONJURING et s'est ensuite intéressée à la relation des Warren, tout particulièrement lorsque le couple se rend à Amityville dans l'État de New York au début du film, puis à Londres pour l'affaire Hodgson. 

Ce qui transparaît dans le style vestimentaire des Warren, c'est qu'il reflète leur intimité : ils portent souvent des vêtements qui se ressemblent et ont l'air assortis. Par exemple, Lorraine s'assurait que les cravates d'Ed étaient du même tissu à carreau que ses jupes. Burke a utilisé cette anecdote pour harmoniser les vêtements des Warren dans les deux films. "On s'est aperçu qu'Ed portait souvent des couleurs sombres sur le haut du corps et que Lorraine avait toujours quelque chose de très féminin dans ses vêtements", déclare Kristin M. Burke. 

"Pour les Warren, on a choisi une palette qui reflète leur professionnalisme et le calme avec lequel ils abordent les affaires dont ils s'occupent. Si on y prête attention, on remarque qu'ils portent la plupart du temps des couleurs neutres, du bleu marine, du beige, du gris, etc. Les familles angoissées auxquelles ils viennent en aide sont elles souvent vêtues d’ocre et de rouge. On peut ainsi délimiter deux univers totalement opposés". 
LORRAINE
Un esprit malfaisant va essayer de te forcer à commettre le pêché ultime. 
 
JANET
C’est-à-dire ?
 
LORRAINE
Un meurtre… ou le suicide… ou bien les deux. 
CONJURING 2 : LE CAS ENFIELD marque la sixième collaboration entre James Wan, en tant que réalisateur ou producteur, et le compositeur Joseph Bishara. Ce dernier a également entraîné Patrick Wilson à la guitare pour la scène dans laquelle il joue une chanson d'Elvis à la famille Hodgson. 

Deux jours après la fin du tournage à Londres, Bishara, qui commençait à composer des bouts de musique dans sa tête lorsqu'il était sur le plateau, s'est enfermé dans le studio 2 des célèbres Abbey Road Studios de St John's Wood pour y enregistrer un choeur d'enfants entendus sur la bande-originale sont des arrangements de la chanson du "Crooked man", adaptation d'une berceuse anglaise du XIXème siècle. 

Le choeur des hommes, comprenant presque uniquement des basses et des barytons à l'exclusion d'un ténor, a été le premier élément qui donne vraiment une "voix" au film, y compris des vocalises et des chuchotements à la fois mélodieux et sinistres. Bishara était généralement satisfait au bout d'une ou deux prises : il pouvait donc se permettre de tenter des variations et de susciter des moments inattendus qui accentuent certainement l'aspect surnaturel de la partition. 
LORRAINE
Est-ce que tu as l’impression de l’entendre dans ta tête ? 
 
JANET
C’est plutôt comme si elle venait de derrière moi… comme si elle m’utilisait.
James Wan est un maître de la paranoïa, que ce soit en jouant sur la peur universelle de se retrouver, seul, dans le noir, ou dans le cas de CONJURING 2, d'être possédé par l'inconnu. "Tout le monde a peur", conclut le réalisateur. "Mon travail consiste à me projeter dans l'inconscient collectif et dans nos plus grandes peurs. Et dans le cas de ce film, il s'agit des démons de l’inexplicable de la possession. Ce sont des phénomènes qui sont vraiment arrivés, qui arrivent, et ça les rend d'autant plus terrifiants. En tant que réalisateur, c'est un genre qui se prête vraiment à la création : on peut faire tout ce qu'on veut, à condition que ça terrifie le public !"

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