samedi 17 octobre 2015

PAN


Fantastique/Aventure/Un beau spectacle plein d'aventures pour les enfants

Réalisé par Joe Wright
Avec Hugh Jackman, Levi Miller, Garrett Hedlund, Rooney Mara, Adeel Akhtar, Lewis MacDougall, Nonso Anozie, Kurt Egyiawan, Kathy Burke, Jack Charles, Cara Delevingne, Amanda Seyfried...

Long-métrage Américain
Durée: 01h51mn
Année de production: 2015
Distributeur: Warner Bros. France 

Date de sortie sur les écrans américains : 9 octobre 2015
Date de sortie sur nos écrans : 21 octobre 2015 


Résumé : Proposant un nouveau regard sur l'origine des personnages légendaires créés par J.M. Barrie, le film s'attache à l'histoire d'un orphelin enlevé au Pays Imaginaire. Là-bas, il vivra une aventure palpitante et bravera maints dangers, tout en découvrant son destin : devenir le héros connu dans le monde entier sous le nom de Peter Pan.

Bande annonce (VOSTFR)


Bande annonce (VF)


Ce que j'en ai pensé : L'idée de nous raconter l'origine de Peter Pan est bonne. Pour les enfants, PAN est une réussite. Grand spectacle visuel plein de couleurs et de magie, il a des moments assez sombres et impressionnants, mais sans exagération. Les scènes spectaculaires sont fascinantes. La 3D est superbe pour les scènes avec les navires.



Les personnages gentils sont sympathiques, les méchants sont excentriques mais même s'ils sont inquiétants et, dans le cas de Barbe Noire par exemple, intimidants, ils ne font pas trop peur. L'histoire a un joli fond et elle est facile à suivre et à comprendre. Elle fait travailler l'imagination. Les costumes sont beaux et en accord parfait avec les ambiances que le réalisateur cherche à mettre en place. Les décors changent souvent et participent habilement à l'atmosphère des scènes.




A mon avis, Joe Wright, le réalisateur, offre aux enfants un très beau spectacle d'aventure qui va beaucoup leur plaire.

Le reproche que j'ai est qu'il oublie les adultes dans l'équation. Les parents qui vont accompagner leurs enfants ne vont pas passer un mauvais moment car il y a beaucoup d'action, du spectacle et les acteurs sont sympas, mais le film ne va non plus les enthousiasmer plus que ça.
Le développement des personnages n'est pas assez fouillé - trop de questions posées et pas assez de réponses. L'intrigue est mince. Certaines scènes ne s'expliquent pas vraiment dans le déroulement de l'histoire, elles s'intègrent mais auraient pu aussi ne pas en faire partie. Donc le film est un peu léger pour les grands.

Hugh Jackman se distingue dans le rôle de Barbe Noire. Je l'ai trouvé très bon car je voyais Barbe Noire et non Hugh Jackman entrain de l'interpréter. Il joue à fond sur les excentricités de ce protagoniste fou et en tout point excessif.






Le jeune Levi Miller, dans le rôle de Peter Pan, est super mignon et convaincant. Peter découvre une part de lui-même qu'il ne soupçonnait pas. Il lui faut du courage, de la peur et des amis pour trouver sa voie.







Rooney Mara, dans le rôle de Lily La Tigresse, assure physiquement et réussit à rendre son personnage attachant, mais c'est un des protagonistes très peu fouillés.



Garrett Hedlund, dans le rôle de Crochet, est cool et roublard, c'est le personnage sur lequel j'aurais voulu en apprendre plus.



Adeel Akhtar, dans le rôle de Monsieur Mouche, est amusant. Il fait bien ressortir les faiblesses de caractère du personnage.


Vous pouvez emmener vos enfants découvrir PAN au cinéma (évitez d'emmener les tout-petits pour lesquels il est trop intense), ils seront ravis. Quant à vous, vous aurez plaisir à partager ce moment avec eux, mais le film vous laissera un peu sur votre faim.

INFOGRAPHIE
LE SAVIEZ-VOUS ?


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Un galion du XVIIIème siècle, de plus de 30 mètres de long et sous pavillon pirate, survole Londres de nuit à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, sous le feu nourri d’avions de combat de la Royal Air Force qui l’ont pris en chasse. Un jeune aventurier intrépide travaille à la mine d’un camp de prisonniers pour extraire une précieuse poussière de pixie [c’est-à-dire poussière de fée, NdT], désireux d’échapper à un terrible pirate prêt à tout pour devenir immortel. Des guerriers indigènes féroces et dévoués gardent un royaume féérique, cristallin et secret. Enfin, au cœur de l'aventure, un jeune orphelin futé et frondeur, à la recherche de sa mère, découvre ses vraies origines et son destin : il est capable de voler. 

On découvre bien d'autres surprises dans PAN, le dernier film de Joe Wright, aventure épique destinée à toute la famille. Même si le personnage a été créé il y a plus d’un siècle, "voici le Peter Pan de 2015 dont l'histoire est totalement inédite et différente de celle qu’on connaît et qu’on aime. Elle parle des origines de Peter et de la quête de ce jeune héros dans un monde extraordinaire et magnifique où tout est possible", affirme le réalisateur. 

Hugh Jackman campe l’infâme et imposant Barbe-Noire. "Joe Wright est un vrai visionnaire : il est capable de laisser libre cours à son imagination débordante, comme un enfant", déclare l’acteur. "Le public va donc découvrir un Pays imaginaire totalement inédit. Ça a été l’une des expériences les plus amusantes qu’il m’ait été donnée de vivre sur un film". "En fait, je voulais simplement tourner un film divertissant et exaltant, mais aussi m’amuser autant que possible en le réalisant", évoque le cinéaste. "C’est un plaisir de faire un film pour les enfants, parce qu’on peut être beaucoup moins sérieux. On a créé un monde déjanté, haut en couleurs et avec du caractère. On y découvre des créatures étranges et merveilleuses qui donneront – on l’espère – l’impression d'être issues de l’imagination d’un enfant". 

Wright s’est inspiré du conte classique de l’auteur J.M. Barrie et dit avoir épousé "son sens de l’étrangeté. Car ce livre est très étrange. Il ne sous-estime pas l’intelligence des enfants, il n’y a pas de 'bons' ni de 'méchants', personne n’est parfait, pas même Peter. J’adore la dualité des personnages". Le jeune acteur Levi Miller, qui tient ce rôle emblématique, déclare : "Le scénario était magique et c’était merveilleux de pouvoir jouer Peter dans une histoire qui raconte comment il est devenu Peter Pan. Et c’était vraiment très cool aussi". 

Jason Fuchs, qui a écrit le scénario original, est fasciné par ce personnage depuis l'enfance et cela ne l’a jamais quitté. "Quand j’avais neuf ans, je suis monté dans l’attraction de Peter Pan ['Peter Pan’s Flight', dans les parcs Disney] avec mon père et nous nous sommes retrouvés coincés sur le bateau pirate au-dessus d’un Londres miniature", se souvient-il. "Ces 25 minutes ont littéralement été les meilleures de ma vie, alors que j'étais en l’air avec des LED qui brillaient comme des étoiles au-dessus de la tête et Peter et Wendy qui volaient tout près de nous". Ce moment a suscité chez lui des questions auxquelles il n’aurait de réponses que des années plus tard. "À l’époque, je n’arrêtais pas de demander à mon père, 'Comment est-ce que Peter s’est rendu au Pays imaginaire ?' 'Pourquoi peut-il voler ?' 'Comment est-ce que lui et Crochet se sont-ils rencontrés la première fois et pourquoi est-ce qu’ils se haïssent tant ?' J’ai lu le roman original en y cherchant des réponses mais je n’y ai trouvé que des pistes. J’ai toujours pensé que ce serait fabuleux de faire un film qui raconterait toute l’histoire, qui répondrait au moins à certaines des questions que je me posais ce jour-là". 

Greg Berlanti n'a pas hésité longtemps à produire ce projet après avoir rencontré Fuchs et l'avoir entendu parler de sa vision du personnage. "Ce projet passionnait Jason : comment faire redécouvrir Peter Pan et sa mythologie au monde ? Chaque génération mérite sa propre version de l’histoire de Peter Pan. J’ai trouvé enthousiasmant d’étudier ce qu’on croit savoir de Peter, Crochet et Lili la Tigresse, puis de déformer et modifier ces idées. Je pense que Jason et Joe ont fait un travail remarquable". "Je n’avais jamais lu de scénario comme celui-ci, et pourtant j’en ai lu beaucoup", explique le réalisateur. "Mais le sien possédait quelque chose que je n’avais encore jamais vraiment trouvé pour des films de ce calibre. Et j’ai un fils, si bien que je désirais vraiment faire ce film pour lui". Garrett Hedlund, qui joue le rôle de Crochet – avant qu’il porte un crochet –, raconte : "Quand j’ai parlé à Joe de ce projet pour la première fois, il m’a dit que son fils faisait des cauchemars et qu’en tournant ce film, il voulait lui montrer que les cauchemars, quelle que soit la peur noire qu’ils inspirent, peuvent toujours être vaincus". 

À partir d’une phrase du livre expliquant que Crochet avait fait son apprentissage sous les ordres de Barbe-Noire, Fuchs a développé le rôle de cet ignoble pirate, faisant de lui l’ennemi absolu de Peter dans le scénario. Quant à Crochet, il est devenu sous sa plume un jeune aventurier ambidextre cherchant à s’évader du Pays imaginaire tout en prenant conscience que Peter peut l’y aider. "Garrett apporte au rôle de Crochet un charisme et un charme qu’on ne lui a jamais vu puisqu’on ne le connaît que sous les traits d’un méchant à part entière qui veut se venger de Peter Pan", fait remarquer la productrice Sarah Schechter. "Dans cette histoire, ce sont juste deux copains unis contre le machiavélique Barbe-Noire, délicieusement campé par Hugh. Mais ils ont aussi à leurs côtés Lili la Tigresse, à laquelle Rooney Mara prête une dimension surnaturelle. Du coup, entre Peter, Crochet et Lili la Tigresse, garçons et filles ont l’embarras du choix pour se trouver un héros". 

Rooney Mara a tout de suite accepté de travailler avec Wright quand on lui a soumis le projet. "Peter Pan représente beaucoup pour moi, et c'est le cas pour la plupart des gens, je pense", dit-elle. "J’ai aimé toutes les versions cinématographiques que j’ai pu voir en grandissant : c’est une histoire hors du commun. Me retrouver dans la peau de Lili la Tigresse a été comme un rêve devenu réalité. Et j'ai tellement aimé travailler avec Joe que cela restera l'un des meilleurs souvenirs de cette expérience". 

L’histoire que Fuchs a imaginée est le récit inédit d’un jeune orphelin nommé Peter qui devient le héros passé à la postérité sous le nom de Peter Pan. Une jeune femme, Mary, jouée par Amanda Seyfried, dépose son fils nouveau-né sur les marches d’un orphelinat appelé le Foyer pour Garçons de Lambeth, l'embrasse et lui laisse une lettre et un pendentif en forme de flûte de Pan accroché à un cordon autour du cou. L’histoire commence quand Peter, alors âgé de 12 ans, rêve encore que sa mère va revenir le chercher. Les différentes facettes de ce chenapan de Pan bien connu des lecteurs apparaissent déjà chez le jeune garçon rebelle qui, aux côtés de son meilleur ami, Zigue, se plaît à faire tourner en bourrique la directrice autoritaire de l’orphelinat, Mère Barnabas. Mais ils ne vont pas tarder à comprendre que sa cupidité s’étend bien au-delà du rationnement dû à la guerre. Avec son accord, et tandis que le Blitz fait rage, Peter et plusieurs autres garçons sont arrachés à leur sommeil par une bande de pirates et transportés dans un endroit extraordinaire : le Pays imaginaire. Cependant, ce n’est pas le Pays imaginaire que tout le monde connaît. Sous le règne de Barbe-Noire, Peter et les autres orphelins – et des milliers d’autres encore – sont jetés dans une immense carrière de terre et forcés de creuser sans relâche pour trouver le plus précieux des minerais : du Pixum, dont est extraite la poussière de fée. Mais quand Peter se retrouve face à Barbe-Noire, il se découvre un don extraordinaire. Il devient alors évident que ce tyran a encore plus à redouter de Peter et que son sort et celui même du Pays imaginaire reposent entre les mains de ce jeune garçon. 

"La force de son imagination, son souci d'exactitude et l’attention que Joe accorde aux détails dans ses films m’enchantent à chaque fois que je travaille avec lui", souligne le producteur Paul Webster. PAN est en effet leur quatrième collaboration et dès le début, "Joe s’est identifié au personnage de ce garçon solitaire mais vif. Le scénario a mis dans le mille : à sa lecture, Joe a été touché, et c'est ce qu’il fallait pour qu’il veuille se lancer dans le projet", reconnaît Webster. "Joe était notre premier choix", ajoute Berlanti. "On savait qu'il apporterait à cet univers la touche de magie, d'élégance et de sophistication nécessaires pour le rendre irrésistible. C’est bien ce qu’il nous a offert et il nous a époustouflés grâce à ses idées destinées à améliorer l'histoire et donner vie à cet univers". 

"La passion de Joe et sa manière d'aborder le projet sont exactement ce qu’il nous fallait", insiste Sarah Schechter. "Il avait une vision très claire et originale du film : il voulait raconter une aventure exaltante et pleine de rebondissements pour ce personnage apprécié de tous, non seulement pour son propre fils, mais pour les enfants du monde entier et celui qui sommeille en chacun de nous. C'est d'ailleurs le propre de Peter Pan et ce qui en fait une histoire atemporelle". Pour mettre en œuvre cet univers, Wright a choisi de construire la majeure partie du monde de PAN en décors réels, non seulement pour donner aux acteurs une impression de réalité mais aussi dans un souci de se réapproprier les représentations d’enfance du Pays imaginaire et offrir aux comédiens un vrai terrain de jeu pour travailler. En Angleterre, grâce aux plateaux gigantesques des studios Warner Bros. de Leavesden et aux hangars des studios de Cardington, la production a pu reconstituer la plupart des décors, du lugubre orphelinat londonien à l’immense exploitation minière de Barbe-Noire, de la Forêt imaginaire à l’Arbre-Village des indigènes, jusqu’aux deux vaisseaux pirates grandeur nature et au lagon des sirènes. 

"La taille des décors a contribué à rendre le Pays imaginaire tangible et les acteurs ont pu venir travailler tous les jours en se sentant prêts à jouer aux pirates, guerriers, et aventuriers – bref, tout ce dont on rêve petits, mais cette fois dans un décor bien réel qui a concrétisé cette aventure dans un univers coloré en trois dimensions quasi kaléidoscopique", suggère le réalisateur. 
BARBE-NOIRE
Es-tu courageux, Peter ? 
PETER
Autant que je peux l’être.
 
Dans PAN, Peter est un garçon de 12 ans intelligent et rebelle qui a passé toute sa vie dans un sinistre orphelinat londonien appelé le Foyer pour Garçons de Lambeth, institution tout droit sortie de l’univers de Dickens et dirigée par une cruelle nonne. Il garde toujours l’espoir que sa mère reviendra un jour le chercher, ce qui en dit long sur sa force de caractère. Et quand il se retrouve transporté dans une contrée fantastique peuplée de pirates, de guerriers et de fées, sa détermination à la retrouver n’en est que renforcée. En raison du large éventail d’émotions et des exigences physiques attendus du personnage, les producteurs savaient que le casting de Peter serait l’un des points les plus cruciaux pour la concrétisation du projet. Ils ont donc envisagé tous les candidats possibles et inimaginables. 

"Des directeurs de casting ont été envoyés aux quatre coins du monde, dans le moindre pays anglophone et on a aussi reçu des milliers d’enregistrements et organisé des castings ouverts à tous", se rappelle Wright. "Petit à petit, on a restreint le nombre de candidats et j’en ai d’ailleurs rencontré quelques centaines à moi seul. On a ensuite reçu l’enregistrement de l’audition de Levi et on a immédiatement vu qu’il dégageait quelque chose : une étincelle d’espoir et d’émerveillement dans des yeux ouverts à un monde de possibles. C'est un petit garçon australien qui n’avait jamais tenu de grand rôle de cette envergure auparavant. Il est venu à Los Angeles pour nous rencontrer et il rayonnait littéralement. Il est futé et c’est un très bon acteur. Il était parfait". Miller était fou de bonheur d’apprendre la nouvelle quand Wright l’a appelé. 

"C’était complètement délirant, car je n’aurais jamais cru cela possible ! J’ai hurlé de joie, ri et pleuré tout à la fois", raconte le jeune acteur avec effusion. "Je n’arrivais pas à croire que j’avais décroché le rôle mais je voulais me mettre au travail sans plus attendre !" Miller n’a ménagé ni son énergie débordante, ni sa concentration extraordinaire pour les répétitions et les séances d’entraînement physique visant à le préparer aux exigences considérables requises par le rôle. "Peter est courageux et aventurier", dit-il, "voire un peu égoïste. Mais il a de bonnes raisons de faire tout ça : la seule chose qu’il attend de la vie, c’est de retrouver sa mère". 

Jusqu’à cette fameuse nuit au cours de laquelle Peter est emmené au Pays imaginaire, l’orphelinat est le seul foyer qu’il connaisse, avec la mère supérieure et les autres nonnes pour uniques figures parentales. "C’est un endroit plutôt morne et la directrice, Mère Barnabas, est un monstre, une personne absolument horrible", reprend Miller avant d’ajouter rapidement, "mais l’actrice qui tient ce rôle était adorable !" L’allié le plus proche de Peter, Zigue, est interprété par Lewis MacDougall, qui, d’après Miller, "est mon meilleur ami à la fois dans le film et pour de vrai dans la vie, ce qui est plutôt cool". Cependant, une fois qu’il quitte l’enceinte du Foyer – sans Zigue –, Peter se retrouve tout seul et bientôt sous le joug d’un dictateur bien plus diabolique : Barbe-Noire. 

"BarbeNoire n’aime pas Peter, parce qu’il pense qu’il l’empêche d’accéder à la jeunesse éternelle ; ça n’est pas bon pour Barbe-Noire et par répercussion ça n’est pas bon pour Peter", raconte Miller. "Avec Barbe-Noire, on peut mourir en un clin d'œil", souligne Jackman, qui campe le pirate que craignent tous les pirates. "Levi a réellement été capable de me tenir tête dans nos scènes à tous les deux et j’ai vraiment été fier de lui. Il possède un talent naturel et il est apparemment trop jeune pour savoir combien ça pourrait être difficile ! On ne le surprend jamais en train de jouer : il a une présence très forte et il semble détendu alors qu'il joue un personnage terrorisé et en terrain inconnu. Mais on commence à sentir naître le Peter Pan audacieux que l’on connaît, ce Pan frondeur, joueur et plein d’espièglerie. Et Levi en a à revendre". 

Dans le rôle de dictateur autoproclamé du Pays imaginaire, Jackman a cherché à envisager son personnage à travers le regard de Peter et des autres enfants. "Si on part du principe que l’imagerie est celle d’un enfant, alors les adultes devraient toujours apparaître à la fois effrayants et ridicules", suggère-t-il. "Quand j’ai rencontré Joe pour la première fois", poursuit l’acteur, "on a parlé de la raison même de l’existence de ces histoires, de la place qu’elles tiennent dans la vie des enfants, et des adultes aussi. Peter Pan est l’une de ces histoires emblématiques que tout le monde connaît. Elle est universelle, et en remontant aux origines de Peter, je pense que Jason et Joe ont réussi à vraiment toucher l’enfant qui sommeille en chacun de nous". 

"Pour Barbe-Noire, Jason est simplement parti d’un minuscule détail du livre pour créer ce salaud extraordinaire, joué ici par l’homme le plus adorable de la profession", déclare le réalisateur en souriant. "J’ai déjà joué des sales types mais je ne crois pas avoir jamais incarné quelqu’un d’aussi foncièrement méchant", souligne Jackman. "Il est non seulement très lâche mais il adore s’écouter parler, faire des discours et utiliser des mots compliqués. Il se croit très important et il est terrifiant mais il s’amuse beaucoup et ça en fait un personnage marrant à incarner". L’acteur, qui jouit également d’une belle reconnaissance en tant qu’acteur de théâtre, a aussi apprécié que, pour sa première apparition dans le film, Barbe-Noire fasse une réelle entrée sur scène, que plus d’un acteur de Broadway pourrait lui envier. 

"J’ai dit à Joe que je n’aurai jamais une autre occasion de faire ça : jouer un pirate qui se voit presque comme une rock star et qui se retrouve en fait à chanter une chanson rock sous les traits d’un pirate. Les autres pirates, les enfants et moi, on a chanté Nirvana, quelques chansons des Ramones, tous ensemble à l’unisson. C’était assez impressionnant". "Barbe-Noire est un homme torturé en quête de jeunesse éternelle et capricieux à l’extrême", ajoute Wright. "À un moment, il est charmant et drôle, et l'instant d’après, il est capable de précipiter quelqu’un dans le vide. Dans une autre vie, il a été amoureux mais il a perdu sa bien-aimée et depuis ce temps-là, il s’inflige une existence de tourments et il s’en prend à tout son entourage. Bref, il est animé d'une puissance terrifiante et imprévisible. Il fallait donc qu’il puisse un peu s’amuser". 

Hormis son passé d’amoureux malheureux, les soucis présents de Barbe-Noire viennent du fait que la poussière de fée se raréfie dans la carrière à ciel ouvert qu’il survole dans son imposant navire. Même en alternant les menaces de peine de mort et les promesses de récompenses sucrées, il ne motive plus les mineurs pour dénicher ce qui n’existe plus. "La poussière de fée se fait rare, et il n’en trouve pas assez pour accomplir ses sombres desseins", explique le réalisateur, "ce qui le rend encore plus désespéré. Je pense que Hugh a pris plaisir à jouer cet homme lunatique, violent, terrifiant et pourtant capable de se montrer assez drôle. Il a apporté beaucoup d’humour à Barbe-Noire, le rendant plus contrarié et encore plus menaçant quand les autres ne rient pas à ses blagues". "Grâce à Joe, c’était facile de pousser ce personnage à l’extrême", précise l’acteur. "Tout ce qu’il [Joe, NdT] fait est créatif et joyeux, et quand on travaille avec lui, on se sent soutenu. Il prend tout ce qu’on a à offrir, et on n'a pas peur de se tromper. On peut tomber sur les fesses ou sur la figure. On n’a qu’à se lâcher". 

Avant le début du tournage, Wright et Jackman ont tous les deux passé du temps avec Miller, déterminant quel rapport entretiennent Peter et Barbe-Noire et s’assurant qu’il serait à l’aise devant les caméras. "Pendant les répétitions, Hugh et moi avons réfléchi avec Joe à la nature de leur relation et on a même simulé une scène de combat, ce qui était génial", déclare Miller. "Le personnage de Barbe-Noire était très effrayant mais Hugh est un type absolument super et c’était plutôt épatant de travailler avec Wolverine". Même si Barbe-Noire est l’ennemi juré de Peter dans le film, le public s’attendrait plutôt à trouver le Capitaine Crochet face à lui. Pourtant, les producteurs ont non seulement décidé d’explorer les origines de Peter mais aussi de donner aux spectateurs un avant-goût de Crochet. 

"James Crochet est une énigme", indique le réalisateur. "Il vient de quelque part mais plus on passe de temps dans le Pays imaginaire, plus les souvenirs s’effacent. Il éprouve le désir de rentrer chez lui mais il n’arrive pas vraiment à se rappeler où c’est. Et il a passé tellement de temps dans les mines de Barbe-Noire qu’il est devenu un survivant, mais un survivant égocentrique et égoïste". "La première fois que Crochet apparaît dans le film, c’est sous les traits d’un prisonnier travaillant à la mine de Barbe-Noire ; c’est un homme découragé et sans avenir, un brin mystérieux et qui semble un peu perdu", suggère Hedlund, qui tient le rôle du futur Capitaine. "Mais quand il voit Peter et comprend de quoi celui-ci est capable, Crochet pense avoir trouvé sa planche de salut pour s’évader". "C’est vraiment là que tout commence pour lui", ajoute Hedlund, "aux côtés de Peter Pan et non contre lui, et surtout avant toute rencontre avec le moindre crocodile". L’acteur a adoré incarner Crochet pour son côté égoïste et sournois comme une anguille. "Il a trouvé un moyen d’atteindre son but, c’est-à-dire de s’enfuir de cette île baptisée le Pays imaginaire, même si cela signifie retourner dans un lieu dont il se souvient à peine. Si pour y arriver il doit convaincre cet enfant qu’il est son nouveau meilleur ami et qu’il va l’aider à retrouver sa mère, ça ne lui pose pas de problème". 

"Crochet et Peter attendent les tous deux quelque chose de l’autre", précise Miller. "Peter a besoin d’aide pour traverser cette jungle qu’est la Forêt imaginaire afin d’atteindre le Village indigène dans l’espoir d’y trouver sa mère. Crochet veut rentrer chez lui et pense que Peter peut lui être utile. Ils s’entraident donc dans leur propre intérêt". Même si les origines de Crochet restent un mystère, "on s’est demandé comme jouer Crochet, et notamment s’il serait anglais, américain ou d’une autre nationalité", reprend Hedlund. "Puis, Joe a eu l’idée géniale d’en faire un personnage tout droit tiré d’un film de John Ford". "Garrett a grandi dans une ferme du Minnesota, et il est d’un naturel très doux qui va de pair avec une sensibilité de campagnard", fait remarquer Wright. "Pour moi, il évoque l’air vif des grands espaces. Il a aussi une façon de parler plutôt traînante mais il a un sens de l’humour très vif. Il a un côté démodé et ça m’a fasciné, alors je l’ai encouragé à en jouer". 

D’après le réalisateur, Hedlund a pris cette description très au sérieux, y compris en dehors du plateau : "Souvent, si Garrett, Levi et Adeel Akhtar, qui campe Mouche, n’étaient pas concernés par la scène qu’on tournait, je les trouvais dans la loge de Garrett, celui-ci jouant une vieille ballade de cowboy à la guitare avec Adeel au banjo et Levi fredonnant avec eux". Hedlund, plus expérimenté, explique qu'il a été facile de se lier à l’écran avec le jeune Miller et aussi un réel plaisir de passer du temps libre avec lui : "Tout le monde s’adressait à Levi en adulte et il répondait d’une façon tout aussi mature. Il est très futé et effronté, toujours prêt à prendre des risques, et c’était donc facile d’oublier qu’il n’avait que 11 ans. J’avais l’impression de discuter avec un copain. Je pense que pour cette histoire, qui tient beaucoup au fait de croire en ce monde féérique du Pays imaginaire, où les bateaux voguent dans le ciel et les pirates règnent en maîtres, il fallait quelqu’un de son intelligence et capable de puiser dans ses émotions, même à un si jeune âge. Paradoxalement, pour incarner un garçon qui ne grandira jamais, il faut un enfant assez mûr". Peter et Crochet – sans oublier l’un des larbins de Barbe-Noire, Mouche, qui n'est jamais loin – réquisitionnent un navire à l’abandon et prennent la direction de la Forêt imaginaire, où ils finissent par atterrir avec fracas parmi les arbres, espérant rejoindre la civilisation, quelle qu’elle soit, de ce côté-ci de l’île. 

"Ils ont dû énormément se battre pour s’échapper de l’exploitation minière et les voilà au milieu de nulle part", explique Hedlund. "Soudain ils sont attaqués par des oisimaginaires, des prédateurs d’une envergure terrifiante et incroyablement dangereux. Puis, avant même de pouvoir se défendre, ils sont sauvés par une fille tombée du ciel qui les défend grâce à sa maîtrise des arts martiaux". Cette fille est une indigène du Pays imaginaire : elle s’appelle Lili la Tigresse et est la combattante la plus féroce de cette tribu de guerriers. "Quand on réfléchissait à cette scène au début du tournage, j’ai demandé à Joe, 'Quand crois-tu que Crochet ait seulement vu une vraie femme pour la dernière fois ?'", déclare Hedlund en riant. 

"Dès que Crochet rencontre Lili la Tigresse, il la traite comme un objet", rapporte le réalisateur. "Bien sûr, elle ne le laisse pas faire". Avant même de s’en rendre compte, Crochet se retrouve suspendu les pieds en l’air, entouré de Lili la Tigresse et des autres villageois, qui le soupçonnent d’être un pirate et qui veulent le voir affronter leur combattante la plus redoutable. "Lili la Tigresse est plutôt sur ses gardes et ne supporte pas les imbéciles", note le réalisateur. Même si Lili la Tigresse est décrite comme une femme de couleur dans le livre de Barrie, elle a depuis souvent été représentée comme une Indienne d’Amérique. En fait, c’est une indigène du Pays imaginaire, monde fantastique créé par Barrie que Wright s’est permis d’interpréter comme un espace utopique et multiculturel qu’un enfant aurait très bien pu imaginer. 

"Ce film est une fiction elle-même inspirée d’une autre œuvre de fiction, et j’ai donc finalement décidé qu'une tribu du Pays imaginaire pouvait emprunter aux nombreux peuples de notre planète. C'est pour cela qu'on voit à l’écran une grande diversité de cultures", poursuit le réalisateur. "Quant au personnage de Lili la Tigresse, j’ai envisagé toutes les candidates possibles et Rooney Mara en faisait partie. Je l’ai trouvée parfaite pour ce rôle. Elle dégageait un tel calme qu’elle semblait tout droit sortie d’un conte de fées. Elle a un port de reine et son jeu est d’une finesse sans faille". "Lili la Tigresse est une femme forte, parce qu’elle n’a pas le choix", confie l'actrice, l’une des rares femmes à jouer un rôle important dans ce film. 

"Comme le reste des villageois, elle essaie simplement de vivre en paix et de protéger leur petite oasis contre ces envahisseurs. Mais elle possède aussi une facette plus douce et maternelle". Cet aspect du personnage apparaît quand elle s’assigne le rôle de défendre Peter, le Pan tant attendu : une prophétie a en effet annoncé qu’il viendrait en aide aux fées vivant sous la protection de Lili la Tigresse et des autres indigènes et qu’il sauverait le monde qu’elle chérit. "Peter surgit et fait clairement partie de la prophétie", reprend l’actrice. "Mais je crois que Lili la Tigresse et les autres s’attendaient à quelqu’un d’un peu plus grand, d’un peu plus costaud, et non à un simple petit garçon. Toutefois, ils ont tellement attendu cet instant qu’ils sont survoltés quand il se produit enfin. Et Lili la Tigresse se sent responsable de Peter et veut le voir accomplir son destin". 

Si Lili la Tigresse et Peter apprennent à se connaître à l’écran, l’actrice a également apprécié de nouer des liens avec Miller sur le plateau : "J’ai adoré travailler avec Levi. Il dégage une forte présence et est dépourvu de tout cynisme ; pour lui, tout est nouveau et enthousiasmant, et il ne s'est jamais départi de sa fraîcheur. C'est adorable et contagieux". En raison du plan de tournage, Rooney Mara a débarqué sur le plateau après Miller, Hedlund et Jackman, qui avaient déjà commencé à travailler ensemble depuis quelques semaines. "Je me sentais comme la nouvelle de l'école face à ces trois-là qui avaient déjà eu le temps de tisser des liens forts et ils étaient vraiment drôles ensemble", précise-t-elle. "Je pense que Levi a eu de la chance que Garrett et Hugh soient les hommes du film, parce que ce sont deux acteurs extrêmement bosseurs et très généreux qui ne se plaignent jamais. Pour un jeune acteur comme Levi, ce sont deux modèles extraordinaires auxquels s'identifier". 

Avant le tournage, Rooney Mara et les autres acteurs ont suivi un entraînement intensif en matière de combat, pour pouvoir réaliser les différentes cascades exigées par le scénario. "Rooney avait beaucoup de scènes d’action, certainement plus que les garçons, mais j’ai bien aimé l’idée que ce soit la fille qui se batte le plus. Elle a énormément travaillé et est devenue sacrément baraquée. Elle a donné du fil à retordre à Hugh, ce qui est plutôt impressionnant car il n'est pas mauvais", constate Wright. "Rooney est une fille coriace", confirme Jackman. "On partage une longue scène de combat dans le film et on a passé deux ou trois semaines à la mettre au point. Il y a plein de façons d’apprendre à connaître une personne mais quand on se bat avec quelqu’un pendant trois semaines, on le connaît vraiment bien". "Barbe-Noire est le méchant, le pirate le plus malveillant et le plus fourbe du pays", déclare Rooney Mara. "Mais Hugh est simplement l’homme le plus gentil au monde. Je n’ai jamais rencontré quelqu’un qui ait une telle éthique professionnelle. Il arrivait tous les matins pour s’entraîner et travaillait très dur. Tourner avec lui a été vraiment merveilleux". 

Le consultant en techniques de combat Jamie Goulding a initié Jackman à l’escrime, et Rooney Mara et Miller au kick-boxing, et a organisé des séances d’entraînement intensif aux arts martiaux pour les figurants qui en avaient besoin. La chef cascadeuse Eunice Huthart et son équipe ont élaboré les nombreuses cascades exécutées pendant le film. "Ce projet a bien occupé le département des cascades", explique la chef cascadeuse. "Tout était façonné en fonction de chacun des personnages, ce qui est génial. L’action, c’est mon truc, mais même moi je finis par m’ennuyer de l’action pure. Heureusement, mon travail était centré sur les personnages et cela a permis de rendre l’action un peu plus personnalisée, ce qui est idéal". "J’adore Eunice", lance Rooney Mara. "J’ai déjà eu à effectuer quelques cascades par le passé, mais rien d’aussi précis. Mon travail sur PAN devait être le plus parfait possible, non seulement parce que Lili la Tigresse est une guerrière accomplie, mais aussi à cause du costume : il était si dépouillé de fioritures que chaque geste devait être parfait. J’ai l’impression d’avoir passé le plus clair du tournage avec le département des cascades : c'est une toute nouvelle expérience que j’ai adorée". 

Pour le long combat entre l’actrice et Jackman, Eunice Huthart a dû concevoir une chorégraphie particulièrement élaborée. Le tournage de cette scène a été complexe et difficile, parce qu'il a fallu tourner sur plusieurs jours et à différentes hauteurs, et que les acteurs se trouvaient sur des poutres étroites et des plateformes élevées. "Il a utilisé des pieux ! L’ingéniosité de Joe et sa façon de voir les choses sont tout simplement à couper le souffle", déclare la chef cascadeuse. "Il voulait que les deux personnages se battent non seulement sur la proue du navire mais aussi jusque sur les matures, ces éléments de bois qui forment une sorte de longue poutre à l’avant du navire et sur lesquels ils s'affrontent. Rooney et Hugh ont travaillé extrêmement dur et nous avons réussi à filmer cette séquence difficile". Outre son jeu de jambes, l’actrice a également dû s’entraîner au maniement des armes. "Je n’avais encore jamais utilisé d’armes comme celles-ci, si bien que je gardais tout le temps les hachettes de Lili la Tigresse à proximité, même chez moi, pour m’y habituer", avouet-elle. "Je voulais avoir l’impression qu’elles étaient des prolongements de mes bras. Ce sont des accessoires vraiment super, car ils offrent une grande marge de manœuvre". 

Le premier jour sur le plateau de l’Arbre-Village a alors marqué le début de l’époustouflante séquence de trampoline entre Crochet et le grand guerrier indigène, Kwahu. Il s'agit de l’une des nombreuses et remarquables scènes d’action du film qui a mis en exergue à la fois les multiples aptitudes de Hedlund et les talents extraordinaires de Taejoo Na, acteur sud-coréen adepte du "parkour", gymnaste et expert en arts martiaux qui a été capable de réaliser la plupart des cascades sans sécurité. "Crochet se bat contre Kwahu mais il est censé protéger Peter", détaille Hedlund, "et il croit qu’il peut s’en charger tout seul, car après tout il est assez fort et agile d’habitude. Puis, il est brusquement balancé sur un trampoline, ce qu’il n’a encore jamais expérimenté. Ça a donné pas mal de cascades assez amusantes à filmer qui devraient également l’être à regarder, surtout quand Crochet aperçoit pour la première fois le personnage de Kwahu. Il s’attend à un guerrier d’une taille démesurée, qui fasse 2m40 et ressemble à un catcheur professionnel, mais certainement pas à un type d’1m65, guère plus gros que Peter et pourtant capable de le projeter d’un bout à l’autre du trampoline comme une vulgaire poupée de chiffon". 

Tout comme Peter, Miller a dû travailler plusieurs figures de cascades, et surtout apprendre à voler. "Le fait d'être arrimé à un câble, de se retrouver en l’air puis de retomber, ou encore d'aller d’avant en arrière – tout ça a été génial", raconte-t-il. "Et Peter tombe souvent avant de piger le truc". Dans une autre scène d’action particulièrement complexe, plusieurs pirates se battent contre les indigènes tandis que, sur les ordres de Barbe-Noire, ils se lancent à la poursuite de Peter. On assiste ainsi à un magnifique affrontement entre deux techniques de combat : alors que les indigènes font montre d’agilité, se balançant d'un endroit à l'autre avec fluidité, le style des pirates, lui, consiste surtout à cogner sur tout ce qui bouge. 

L’un des ces pirates s’appelle Pontife (Nonso Anozie). Il s'agit d'une brute borgne et bardée de muscles à la barre du vaisseau de Barbe-Noire qui, aux côtés de Murray (Kurt Egyiawan), surveille les nombreux acolytes aux ordres de leur chef. Jackman a particulièrement savouré de travailler avec son équipage : "L'un de mes meilleurs souvenirs restera la constitution de cette bande de pirates. Ils n’auraient pas pu être plus disparates, plus surprenants, excentriques, effrayants… Comme le dit Joe, 'Le Pays imaginaire est vraiment issu de l’imagination d’un enfant', alors on a tous essayé de s’y tenir et on a passé un bon moment". 

Et Hedlund d’acquiescer : "Joe tenait vraiment à ce qu’ils aient chacun une personnalité, et du coup, il a dit aux acteurs incarnant les pirates de se donner des noms de pirates et de parler de leurs signes particuliers et de ce qui les distinguait. Ça ressemblait à une répétition théâtrale et tout le monde y a participé : c'était épatant". L’un des bandits les plus marquants est Mouche. Il s'agit d'un acolyte empoté de Barbe-Noire qui a une telle connaissance de la mine que Peter et Crochet sont convaincus de l’emmener avec eux dans leur évasion risquée du camp du pirate. 

Pourtant, ce n’est pas l’allié le plus intelligent, ni le plus fiable qui soit. Vedette du petit écran britannique, Adeel Akhtar tient le rôle. Il décrit le personnage comme s’il était dans une sorte "d’état prématuré. À bien des égards il n’a pas grandi et a une très haute idée de lui-même. On remarque qu’il porte un petit badge qu’il s’est confectionné et qui l’autoproclame 'responsable'. Mais personne ne lui a donné ce statut : il a simplement décidé que c’est ce qu’il voulait être. Du coup, il se promène avec un petit écritoire et note ce que font les autres". "On sait que Mouche est le bras-droit de Crochet dans le livre et dans la pièce", raconte le réalisateur. "Dans ce film, il est une sorte de cadre moyen. Dans les mines, il se prend pour un responsable mais personne ne l'écoute ; il s’est arrogé une autorité que personne d’autre ne lui a accordée. Adeel est un acteur qui est formidable sur grand écran, parce que son jeu fonctionne encore mieux en plans rapprochés : toutes ses pensées se lisent sur son visage. On le voit qui réfléchit trop et même dans ces cas-là, il est capable d'être complètement à côté de la plaque". 

D’après Wright, Akhtar a précisément compris ce qu’il ne fallait pas faire : "Quand je découvre un personnage sur le papier, je l’imagine d’une certaine façon. Lorsque Adeel est arrivé, il l’a joué d’une façon totalement différente et inattendue, et c’est exactement ce qu’il fallait pour le rôle". Pour compléter la distribution, citons Kathy Burke en Mère Barnabas, la mère supérieure qui se délecte de faire un enfer de la vie de Peter à l’orphelinat, ou encore Jack Charles sous les traits du mentor de Lili la Tigresse et chef du Village et Cara Delevingne qui prête ses traits à trois sirènes que croise Peter dans un lagon infesté de crocodiles. Enfin, Amanda Seyfried campe Mary, la mère de Peter dont les origines mystérieuses le poussent à découvrir son propre destin. "J’adore le travail de Joe, c’est l’un de mes réalisateurs préférés", souligne l’actrice. "Je lui ai dit que je serais prête à faire de la figuration s’il avait besoin de moi mais heureusement il m’a offert cette merveilleuse opportunité d'incarner celle qui donne naissance à Peter Pan". 
BARBE-NOIRE 

Bienvenue au Pays imaginaire ! 
Dans une lettre dissimulée dans la couverture qui emmaillote le bébé qu'elle dépose sur les marches de l’orphelinat, Mary promet à son fils Peter qu’il la reverra, dans ce monde… ou un autre. Mais même Peter n'aurait pu imaginer combien cet autre monde serait éloigné du sien. Wright est bien connu pour aimer les préparatifs intenses et travailler activement avec son équipe, faisant souvent appel aux mêmes techniciens de talent d’un film à l'autre. Ce dispositif contribue à instaurer une complicité et un sentiment de "troupe" pour ses collaborateurs, notion chère à Wright qui a grandi dans le milieu du théâtre, mais aussi élément vital dans sa démarche de réalisateur. 

Le producteur Paul Webster l’explique en détails : "Joe pense que réaliser un film devrait être aussi agréable que c’est artistiquement stimulant. Il est très minutieux et, quand il s’agit de concevoir l’univers de ses films, travaille main dans la main avec les techniciens. Cela libère son imagination et tout le monde sort enrichi de cette expérience créatrice". Parmi les fidèles collaborateurs du réalisateur, on peut citer le directeur de la photographie Seamus McGarvey, le chef-monteur Paul Tothill, la chef-costumière Jacqueline Durran et la chef maquilleuse/coiffeuse Ivana Primorac. D’autres chefs de poste ont rejoint cette équipe : un deuxième directeur de la photographie, John Mathieson ; un autre chefmonteur, William Hoy ; et, pour la première fois sur un long métrage de Wright, la chef- décoratrice Aline Bonetto, qui a collaboré avec lui sur ses spots publicitaires pour la marque Chanel. 

Le réalisateur a trouvé très important de tourner en décors réels, plaisir rare pour les acteurs et les techniciens habitués à travailler sur d’immenses plateaux équipés de fonds verts. Comme on peut s’en douter pour un récit de cette ampleur, les éléments du décor étaient gigantesques. C’est pourquoi la chef-décoratrice et son équipe ont dû relever le fabuleux défi de concevoir, puis de construire ces paysages spectaculaires et parfois irréels dans lesquels l'essentiel de l’action se déroule. Les décors ont été presque entièrement créés dans les studios de Warner Bros. de Leavesden et Cardington, aux intérieurs parmi les plus vastes en Europe. Ce film a donné l’occasion à Aline Bonetto et son équipe de talent de donner libre cours à leur imagination et l’ampleur du projet l’a beaucoup enthousiasmée. 

"J’adore travailler avec Joe, parce que c’est un réalisateur qui possède un grand sens visuel. C’était particulièrement exaltant de collaborer ensemble sur un film qui se déroule dans un monde qu’il fallait créer de A à Z. La tâche a certes été phénoménale mais néanmoins palpitante". Depuis le tout début de cette aventure, Wright avait une vision très claire du film. "Comme l’histoire commence à la fin des années 20, puis fait brusquement un saut de 12 ans pour se passer durant la Seconde Guerre mondiale, j'ai voulu créer une esthétique à la Fritz Lang", annonce-t-il. 

Il incombait à son équipe d'embarquer le public dans une épopée fantastique à la fois grâce aux choix visuels et à l’histoire : la production a ainsi eu recours à une palette de couleurs qui change d’une époque à l'autre. On est d'abord plongé dans l’ambiance sombre des années 20 et des années 40 tout en ombres portées, puis dans le Pays imaginaire, qui apparaît au départ aussi morne que le travail de forçat qui attend les enfants, avant de se transformer en un arc-en-ciel de couleurs vives : l’imagination, le surnaturel et le fantastique s’épanouissent en toute liberté, malgré la mission de Peter, censé sauver les fées des assauts de Barbe-Noire. 

La scène d’ouverture du film a été tournée en décors réels en une semaine dans des lieux emblématiques de Londres, comme Kensington Gardens, une oasis boisée et raffinée proche du lieu où habitait J.M. Barrie et qui l’a inspiré pour créer Peter Pan ; le Royal Albert Hall, l'un des plus beaux bâtiments de l'époque victorienne du Royaume-Uni ; et Blythe House, autre bâtiment de la même époque situé lui aussi à Kensington. Après cette parenthèse londonienne, l’équipe s’est installée dans les studios Warner Bros. de Leavesden et six semaines plus tard dans ceux de Cardington [tous deux situés dans le sud de l'Angleterre, NdT]. À Leavesden, deux structures principales ont été construites. Pour le lugubre orphelinat londonien, le Foyer pour Garçons de Lambeth, la chef-décoratrice a conçu une alliance sombre et monochrome de bleus et de gris pour traduire un univers sans espoir, ni imaginaire. L’allure du monde cauchemardesque des mines de poussière de fée que possède Barbe-Noire s’inspire à la fois des mines aurifères, telles que Sebastião Salgado les a superbement photographiées au Brésil, et de l’image passée au microscope de la structure d’une cellule humaine. Au final, on obtient un gigantesque assemblage labyrinthique de tunnels qui partent dans toutes les directions et semblent sans fin, le tout dans une palette douce d'orange et de marron. Une fois à Cardington, le premier jour sur le plateau aux couleurs chatoyantes de l’Arbre-Village a été particulièrement émouvant pour l'ensemble des collaborateurs, car la plupart des acteurs voyaient le décor terminé pour la première fois : ce spectacle, où tous les figurants étaient en costumes, était saisissant. L’un des deux hangars abritait ce décor psychédélique monumental initialement inspiré d’une favela brésilienne. Avant le début du tournage, le réalisateur estimait que le village devait avoir une dimension multiculturelle tout en donnant le sentiment d'être éphémère, comme si les indigènes, redoutant une invasion pirate, se tenaient toujours sur le qui-vive, prêts à lever le camp en un éclair. L’équipe d’Alice Bonetto a donc imaginé un joyeux mélange de cabanes de bois dans les arbres et de tentes, comprenant des yourtes mongoles, des tentes inuites, des tipis indiens et même des chapiteaux de cirque et des cases de Papouasie-Nouvelle-Guinée et d’Afrique. 

Pour ces différentes habitations de fortune, la chef-décoratrice a déniché différents types de tissus faciles à teindre dans n’importe quelle couleur. Aménagé sur des plateformes à différents niveaux et reliées par un système de passerelles et d’escaliers, l’Arbre-Village a été fabriqué à partir de chutes de planches en chêne provenant de scieries de tout le pays. Il a fallu 13 semaines pour construire cette structure gigantesque de 100 mètres sur 50 et de 45 mètres de haut qui s’imbrique autour de la pièce maîtresse du village, le trampoline, où se déroule le combat entre Crochet et Kwahu. C'est dans une atmosphère libératrice que Wright et ses collaborateurs ont pu travailler sans contrainte et tout à leur attention aux détails. Le résultat a été un décor très sophistiqué puisque chaque tente et chaque partie du village possèdent leurs spécificités. 

Construite contiguë à l’Arbre-Village, la Forêt imaginaire est un domaine extrêmement vaste qui a développé son propre écosystème au cours du tournage, abritant toutes sortes d’araignées, de criquets et d'autres insectes, mais aussi des oiseaux, voire des chauve-souris. Le réalisateur voulait avoir la liberté d’explorer cette forêt avec sa caméra plutôt que d’être restreint par sa structure. Le département artistique lui a donc installé un système complexe de passerelles et de coursives qui offraient tant de possibilités que les acteurs et l’équipe technique s’y sont parfois perdus. Outre les arbres en fibre de verre, dont certains atteignaient la hauteur vertigineuse de 15 mètres, la forêt abritait des milliers de plantes tropicales bien réelles, soit environ 20 à 30 espèces différentes. Elles ont été apportées d’Italie, de Belgique, de Hollande et de Malaisie, où le département artistique et son équipe spécialisée en végétaux ont trouvé suffisamment de plantes disponibles à l’apparence surnaturelle pour venir étoffer la végétation plus familière du décor. Ces plantes tropicales, qui avaient besoin de chaleur (au moins 26°C) pour prospérer, ont été incorporées au fur et à mesure de la construction du décor et des lampes artificielles ont été installées pour qu’elles survivent dans leur nouvel environnement. Pendant le tournage, pas moins de huit personnes ont été chargées de l'entretien de cette forêt. 

"J’ai adoré construire ces terrains de jeux pour qu’on puisse tous s’y amuser", déclare Wright en évoquant ce gigantesque décor, l’un des plus grands jamais construits au Royaume-Uni. Pour beaucoup d’acteurs et de techniciens, évoluer dans ce décor a été comme jouer dans leur propre parc d’attraction. Le hangar adjacent à celui-ci était également d’une taille gigantesque et a abrité la flotte de Barbe-Noire, le "Queen Anne's Revenge" et le "Ranger" ainsi que le vaisseau bien connu des fans des Peter Pan, le "Jolly Roger". Ils ont été réalisés à partir des indications historiques conservées au National Maritime Museum de Greenwich à Londres et au musée du HMS Victory à Portsmouth : il a fallu huit semaines pour les construire et les préparer pour le tournage. Les deux navires les plus petits n’étaient en fait qu’une seule et même structure que l'on a réutilisée : le Ranger est le vaisseau volant qui vient à Lambeth pour enlever une cargaison d’orphelins ; et le Jolly Roger un vaisseau abandonné faisant partie de la flotte de Barbe-Noire que Crochet découvre dans le lagon des sirènes du Pays imaginaire. 

Une fois le tournage sur le Ranger terminé, il a été réaménagé en Jolly Roger. Ils ont tous les deux été modelés sur des types de galion du XVIIIème siècle, de plus de 30 mètres de long et à 8 canons ; le décor entier devait, lui, mesurer environ 18 mètres de long sur 7 mètres de large. Construit sur une ossature en acier pourvue de ponts en bois, d'un revêtement extérieur en fibre de verre sur les côtés et de rambardes ondulées, le Ranger a ensuite été affublé de détails frivoles, comme un cheval de manège que les pirates – véritables charognards des cieux – ont certainement dû voler au cours d’un de leurs voyages. L’équipe d’Alice Bonetto l’a ensuite peint, décoré et gréé pour le transformer en Jolly Roger. Le Queen Anne's Revenge, le centre de commandement volant de Barbe-Noire, devait lui aussi ressembler à un navire du XVIIIème siècle pourvu de 100 canons, faisant en réalité plus de 30 mètres de long sur plus de 12 mètres de large. Ce galion géant, qui fait la fierté de la flotte, est sombre et sinistre – d'une couleur gris étain – et reflète la puissance de son capitaine. Il a été construit à une plus petite échelle, à un tiers de sa taille supposée – dans les limites imposées par la sécurité pour pouvoir être manœuvré sur son cardan –, et équipé de plusieurs étages et passerelles permettant au réalisateur de déplacer la caméra et de chorégraphier des scènes intéressantes. Le vrai défi a consisté à faire tanguer les bateaux et à donner le sentiment qu'ils volent, puisque ce sont des bateaux volants. Y parvenir tout en offrant un environnement sécurisé et optimal aux acteurs et techniciens a été tout sauf simple. 

Le superviseur des effets spéciaux Mark Holt et son équipe ont élaboré l'armature sous-jacente qui a permis de donner l’impression que le bateau vole alors qu’en réalité il pivote sur des cardans actionnés par un bras robotisé programmable, système que Holt a mis au point et perfectionné lors de films précédents. Il fallait que la structure soit légère en raison de l’ingénierie mise en œuvre. Il a donc été décidé de la construire en fibre de verre, les plâtriers et les peintres réussissant à donner aux galions une finition patinée de vieux bateaux en bois. Des professionnels ont même été embauchés pour gréer les navires et parfaire ce travail de précision et de réalisme. "L’un de mes objectifs concernant les décors, et l’une des raisons pour lesquelles je voulais qu’on fabrique en dur tout ce qu’on pouvait, était d’offrir à Levi un cadre dans lequel s’immerger complètement, ce qui pouvait l’aider à cerner qui est Peter et d’où il vient", poursuit le réalisateur. "Nos équipes ont été formidables : je pense que ce qu’elles ont accompli nous a permis de vraiment nous croire au Pays imaginaire". 
LILI LA TIGRESSE 

Si tu ne crois pas, Peter, ils ne croiront pas. 
Au sein de cette flore luxuriante, des créatures fantastiques peuplent les montagnes, les jungles et les eaux qui entourent le Pays imaginaire, parmi lesquelles les multicolores oisimaginaires, les gigantesques imaginacrocs et les sirènes enchanteresses. Peter, Crochet et Mouche rencontrent les oisimaginaires dès leur arrivée dans la Forêt imaginaire, quand les prédateurs ailés de plus de 3m50 de haut – qui ressemblent à des ptérodactyles aux plumes multicolores – fondent sur eux. "Les oisimaginaires sont inspirés du roman", explique Wright. "Ce sont de grands volatiles assez terrifiants mais ils sont aussi très maladroits et pas très coordonnés : on dirait des squelettes ambulants, ce qui les rend encore plus imprévisibles". 

De nos jours, concevoir des gallinacés aussi féroces nécessite l'utilisation d'un ordinateur : pour ce film, ils ont été conçus par le responsables des effets visuels Chas Jarrett et son équipe, avant d'être confectionnés par la sœur de Wright, Sarah, marionnettiste de profession. "Je viens d'une famille de marionnettistes", explique le réalisateur. "Quand nous nous sommes mis à réfléchir à l'allure des oisimaginaires, il y avait toujours quelque chose qui n'allait pas. J'ai demandé à Sarah de créer quelque chose dont on pourrait se servir". Elle a construit un prototype et s'en est servi pour simuler les mouvements et caractéristiques de l'oiseau : "Elle a construit un modèle réduit en utilisant le crâne d'une sorte de mouette rattaché à un long cou fait de plusieurs disques, une étrange cage thoracique squelettique, des pattes de poulet et des plumes multicolores", poursuit-il. 

"Elle a commencé à l'actionner : c'était magnifique et c'est devenu le modèle de nos oisimaginaires". Si le crocodile responsable de la mutilation du capitaine Crochet est bien connu grâce au livre, les imaginacrocs qui hantent les eaux du Pays imaginaire dans PAN sont sûrement bien plus féroces que tout ce que Barrie aurait pu imaginer. Ces bêtes énormes vivent dans le lagon des sirènes. "Ils mesurent presque 10 mètres de long, on dirait des crocodiles préhistoriques, ils sont albinos car ils vivent dans le noir, ils ont peur de la lumière et ils sont presque aveugles : ce sont des créatures vraiment malheureuses", commente Wright. 

Pourtant, la plus grande menace pour ces créatures n'est pas humaine, mais vient des sirènes. Lorsque Peter, Crochet et Lili la Tigresse partent à la recherche du royaume des fées, ils arrivent au lagon où les magnifiques sirènes aux queues luminescentes nagent et jouent. Heureusement pour nos héros, leur éclat effraie les monstrueux crocodiles car elles sont également capables de les électrocuter avec leurs queues. Une seule actrice a été recrutée pour incarner les trois sirènes : il s'agit de Cara Delevingne, avec qui Wright avait déjà travaillé sur ANNA KARENINE et qu'il espérait convaincre de participer à PAN. "Je l'ai contactée et lui ai demandé si elle aimerait être une sirène", raconte-t-il, "mais au lieu d'auditionner trois actrices différentes, je me suis dis que Cara pourrait les incarner toutes les trois" ! Pour le réalisateur, le domaine des effets visuels était assez nouveau et il a apprécié de travailler avec le responsable des effets visuels Chas Jarrett qui, entre autres exploits, a fait de Cara Delevingne non pas une mais trois sirènes à la chevelure ondoyante et à la queue phosphorescente, et a créé d'innombrables fées minuscules ressemblant à de petits éclats de lumière. Trois séquences d'animation ont aussi été tournées : "Prologue", "l'Arbre-Mémoire" et "Flashback sous-marins". 

Wright se souvient avoir été fasciné, enfant, "par l'idée que quand on effectue la coupe d’un vieil arbre, son tronc révèle des anneaux qui peuvent se compter en années. J'ai vu un arbre qui avait une encoche dans l'un de ses anneaux qui marquait la bataille d'Hastings ; elle indiquait aussi à quel moment cet événement était intervenu dans la vie de cet arbre". C'est ce souvenir qui lui a donné l'idée d'intégrer un chapitre de l'histoire familiale de Peter dans les anneaux d'un arbre. "Je regardais les œuvres merveilleuses d'Andrew Huang qui a réalisé des vidéos clips pour Björk et Radiohead ainsi que de formidables courts métrages. Je lui ai téléphoné et lui ai demandé s'il aimerait réaliser des séquences d'animation pour PAN. Il a un talent fou". 

Tout en plongeant Peter dans son passé, son présent et un éventuel avenir, le réalisateur a aussi cherché à immerger le public dans l'univers de Peter. Avec l'aide du stéréographe Chris Parks, Wright a eu recours, pour la première fois dans sa carrière de réalisateur, à la technologie 3D. "Avec PAN, on a voulu créer un univers dans lequel on puisse totalement s'immerger, qu'on soit petit ou grand", déclare Wright. "Je n'avais jamais eu de cadre plus approprié à la 3D que le Pays imaginaire et je savais que c'était le moment idéal pour s'y mettre. J'espère que le public va se plonger dans cet univers féérique et le trouver encore plus fantastique que tout ce qu'il a pu s'imaginer". 
LE CHEF 

Le petit homme porte la flûte de Pan ! 

CROCHET 

Oui, c'est le garçon capable de voler ! 
La chef-costumière Jacqueline Durran, la chef coiffeuse/maquilleuse Ivana Primora, aux côtés de Julie Dartnell qui s'est occupée du maquillage et des perruques de Hugh Jackman, ont eu la tâche gigantesque de mettre au point le style de tous les rôles principaux, mais aussi des centaines de figurants qui ont participé au film. Elles ont également travaillé étroitement avec le réalisateur pour traduire en images sa vision, explosion de matières, de textures et de couleurs. Hugh Jackman se souvient de sa première rencontre avec Wright au cours de laquelle les deux hommes ont évoqué Barbe-Noire : "Il m'a montré une image qu'il avait en tête pour ce personnage et il s'agissait d'une photo de mon visage sur le corps de Louis XIV coiffé d'une perruque de l'époque de Marie-Antoinette et je lui ai immédiatement déclaré que j'étais partant". 

Jacqueline Durran a composé une allure très spécifique à chacun des personnages, les costumes participant de leur personnalité. À l'exception des monarques français, "il y avait certains critères précis pour la création du costume de Barbe-Noire, qui a évolué au cours des essayages, l'un d'entre eux étant qu'il porterait du noir", remarque-t-elle. "On voulait aussi lui dessiner une silhouette très reconnaissable". "Comme il est immortel grâce à la poussière des fées, il a vécu plusieurs siècles", poursuit-elle. "Il y a donc des éléments dans son costume qui viennent de différentes époques mais il a décidé qu'ils contribuaient à son allure et il les a conservés". Il porte également des plumes, ainsi que des perruques pour dissimuler son crâne chauve et ses terribles cicatrices : elles l'aident notamment à préserver son apparente jeunesse à laquelle il tient par-dessus tout. 

Hugh Jackman est admiratif de ce que la costumière a accompli pour son personnage : "Jacqueline a un sens incroyable du détail, beaucoup d'humour et juste ce qu'il faut d'excentricité". Selon Ivana Primorac : "Joe et moi nous sommes beaucoup amusés en agrégeant divers éléments historiques dans l'accoutrement de ce féroce pirate : on voulait vraiment qu'il ne ressemble à aucun autre flibustier". Pour la responsable des costumes, cela revenait à ne pas s'inspirer "du style des XVIIème et XVIIIème siècles car ça a déjà été souvent utilisé et fort bien". Les costumes des indigènes, très originaux et colorés, sont inspirés de différentes cultures du monde entier. Beaucoup de recherches ont été menées pour étudier les vêtements de divers peuples et les combiner de plusieurs façons pour créer des silhouettes uniques. Quand Jacqueline Durran trouvait des éléments similaires dans deux cultures différentes (comme par exemple, la manière de nouer une ceinture ou une écharpe), elle le décalait et le combinait à d'autres éléments qui ne se marient d'habitude pas et qu'on ne peut lier à aucun groupe ethnique. Elle a été particulièrement influencée par les costumes du peuple Yoruba d'Afrique de l'Ouest, un des groupes ethniques les plus importants vivant au sud du Sahara. Leurs vêtements traditionnels, encore portés de nos jours dans les zones rurales ou pour les occasions spéciales, sont très colorés et élaborés, imprimés de motifs géométriques. 

Jacqueline Durran déclare en évoquant un costume Yoruba exposé dans une galerie aux États-Unis : "C'était exactement ce qu'on cherchait à créer. Dans le film, deux de nos danseurs portent une réplique de ce costume durant la cérémonie et c'est fabuleux que notre idée de départ ait pu se concrétiser ainsi". Concernant les coiffures et maquillages des indigènes, Irina Primorac a consulté des maquillages d'Inde et de Chine, particulièrement ceux des Kathakali de l'Inde du Sud, qu'elle décrit comme "un élément significatif du groupe". Les membres de l'équipe ont bénéficié de l'expertise de maquilleurs versés dans cet art ancien qui leur ont appris comment appliquer ce maquillage, leur permettant de le réinterpréter et de se l'approprier. "On a également décidé que pour que les personnages soient néanmoins différents les uns des autres, des experts travailleraient à nos côtés : cela a permis de leur créer une allure encore plus extraordinaire", souligne Irina Primorac. 

Le style de Lili la Tigresse est semblable à celui des autres membres de sa tribu, même si certains éléments ont été empruntés à différentes ethnies et si le maquillage s'inspire de l'opéra chinois. Irina Primorac reprend : "Lili la Tigresse est une guerrière qui jamais ne penserait à se maquiller, mais je voulais que son visage reflète cette idée tout en étant assez féminin et solennel". "Lors de mes premiers essayages avec Jacqueline et Ivana, nous avons parlé de ma perruque", commente Rooney Mara. "Elles savaient ce qu'elles voulaient mais j'avais apporté des photos pour leur donner des idées et c'était exactement ce qu’elles avaient en tête. En général, il y a pas mal d’échange d’idées et de fignolages mais ce qui s’est décidé ce jour-là est ce qu'on voit dans le film". 

Les costumes des pirates ont eux aussi été créés dans un esprit de décalage par rapport aux attentes habituelles du public. En effet, ils ne reflètent pas d'époque particulière car ils sont censés venir de divers pays et de différentes époques. Jacqueline Durran, au départ, s'est inspirée de recherches menées par Wright sur un groupe de rebelles du Sierra Leone connus pour leurs costumes extravagants, le maquillage porté par les femmes et leur goût pour les perruques. La costumière, n'ayant pas à s'attacher à une époque historique précise, a donc été libre de prendre les accessoires caractéristiques des pirates (ceinturons, épées, bottes et chapeaux) et de les mélanger. Par exemple, un pirate avec un chapeau du XVIème siècle porte aussi un pantalon typique du XXème. "Le Pays imaginaire nous a donné la liberté de couvrir une période de quatre siècles en matière de costumes. La seule règle que nous nous étions fixée était d'éviter le XVIIIème siècle afin de ne pas reproduire l'accoutrement des pirates qu'on a l'habitude de voir", commente Jacqueline Durran. 

"En fait, l'équipage des pirates est constitué d'un groupe de véritables punks. Je sentais qu'ils avaient besoin de cette carapace de brutalité. Un jour, lors des répétitions, on a installé une sorte de camp d'entraînement pour pirates. Je les ai encouragés à choisir des vêtements bariolés tandis que je réfléchissais au genre de musique qu'ils pourraient écouter. On a écouté de nombreux hymnes de marins mais ces morceaux étaient trop beaux et trop lyriques. J'ai fini par diffuser de la musique punk et ça a fonctionné", se souvient le réalisateur. 
LES MINEURS 

Allez ! Allez ! On y va ! 
Tout au long du tournage, le réalisateur a souvent diffusé de la musique sur le plateau à l’intention des acteurs et des techniciens, ce qui a contribué à instaurer une atmosphère détendue, tout en définissant l'ambiance adaptée aux scènes à tourner. "Faire des films est un travail d'équipe, et on travaille tous ensemble", commente Wright. "Et je remarque que quand les gens ont un sentiment de 'propriété' par rapport à un film, ils s'y investissent encore plus car c'est le 'leur'. Et on se marre beaucoup aussi. Car c'est important d'y prendre du plaisir". 

"En tant que réalisateur, Joe se distingue de bien des façons et la musique est vraiment l'une d'entre elles", déclare Jackman. "Cela crée non seulement un environnement unique, mais il s'est rendu compte que pour les acteurs la musique pouvait évoquer l'atmosphère d'une scène, et qu'elle aide à établir un lien avec la partition finale". Levi Miller ne peut qu'acquiescer : "Il a passé de la musique vraiment sombre pour les séquences qui se déroulent dans la cabine de Barbe-Noire, du reggae pour les scènes dans la jungle et du rock pour celles dans les mines et les vaisseaux des pirates. Cela m'a beaucoup aidé à trouver la bonne énergie". "Joe diffuse constamment de la musique", ajoute Garrett Hedlund, "afin qu'acteurs et techniciens soient détendus et dansent même s'ils sont en train de travailler d'arrache-pied. C'est quelque chose que je n'avais jamais vécu jusque-là et ça m'a vraiment permis de me plonger dans l'univers merveilleux du Pays imaginaire". 

Dans PAN, le recours à la musique dès le début du projet a même changé le déroulement de certaines séquences, comme l'explique Jackman : "Je pense que c'est dû à sa formation théâtrale : Joe adore développer les personnages pendant les répétitions. Après deux semaines de travail sur les pirates, il a déclaré 'Vous savez, on devrait se mettre un peu de musique et chanter. Allez, on chante'. Et à la fin de la journée, on avait une chanson et on avait également une idée de la manière dont Barbe-Noire ferait son entrée". Et quelle entrée ! La chanson, la première des deux entonnées par Barbe-Noire, ses pirates et les enfants travaillant dans les mines, est "Smells Like Teen Spirit" de Nirvana. Elle est suivie un peu plus tard par "Blitzkrieg Bop" des Ramones. "Dans ces costumes extraordinaires, sur ce vaisseau pirate gigantesque, on s’est époumonés et on est tous devenus des chanteurs de rock, tous autant que nous sommes. C'est une journée que je n'oublierai jamais", se rappelle l'acteur avec un sourire. 

L'artiste Lily Allen a également contribué à deux chansons originales pour le film, composées avec Tim Rice-Oxley : "Something's Not Right" et "Little Soldier". Les chansons se sont facilement intégrées dans la bande originale du film, composition au souffle épique concoctée par John Powell. Le réalisateur a été particulièrement heureux de pouvoir solliciter le grand batteur de jazz Tony Allen : ce dernier est venu sur le plateau faire un solo pour accompagner la bataille entre Crochet et Kwahu. Le groupe éclectique de musiciens de l’Arbre-Village comprend également une section rythmique du genre de celles que l'on trouve dans les carnavals brésiliens. Ces musiciens qui ont joué un mélange complètement inattendu de sons africains et brésiliens ont été ensuite rejoints par le Chœur des enfants africains. Cet ensemble est composé de nombreux enfants d'Ouganda qui sillonnent le monde entier pour se produire et lever des fonds : ils financent notamment l'éducation et l'aide contre la pauvreté et la famine d'enfants africains. 

C'est grâce à la consultante musicale Maggie Rodford – collaboratrice régulière de Wright qui travaille avec ce groupe depuis plus de 15 ans – qu'ils ont été présentés au réalisateur : "J'ai vu une de leurs représentations en Afrique du Sud et une danse appelée la 'Can Dance' ", explique-t-elle. "Je me suis dit que la chorégraphie pourrait inspirer Joe pour ce film : je lui ai montré une vidéo des enfants et finalement il a voulu qu'ils participent au film". Leur morceau est devenu le cœur de la danse et son rythme, très précis et électrisant, a résonné sur le plateau pendant toute la semaine que les enfants y ont passée. 

"Ils étaient au Royaume-Uni à ce moment-là et ils sont venus sur le plateau et se sont vraiment impliqués, c'était fantastique", se souvient le réalisateur. "Ils ont créé une atmosphère merveilleuse. C'était également important de les avoir parmi nous pour se rappeler pour qui on faisait ce film et ces jours-là leur ont été entièrement dédiés". 

"On trouve dans le film un peu de cet optimisme sans bornes et de la joie que possèdent les enfants. PAN est avant tout un film d'aventures pour enfants mais il s'adresse également à l'enfant qui sommeille toujours en nous", déclare Hugh Jackman. "Nous transportons le spectateur dans un univers qui dépasse son imagination : il va rencontrer des personnages issus d'une grande tradition littéraire et, avec le nouvel éclairage que nous leur donnons, les suivre avec enthousiasme pour vivre de nouvelles aventures". 

"Le Pays imaginaire est un lieu d'émerveillement, un rêve dans lequel apparaît ce que l'on souhaite y voir : si on a besoin d'un arbre pour grimper quelque part, il y en a un qui surgit ; si on a besoin de nager, un lagon se matérialise. Pour Peter qui cherche sa famille, c'est là qu'il va en trouver une. Cet univers est aussi vaste que l'imagination qui le porte et j'espère que nous offrirons aux spectateurs une expérience unique, non seulement esthétique mais aussi émotionnelle qui leur rappellera à quel point il est amusant de rêver", conclut le réalisateur.

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