dimanche 13 septembre 2015

Back to the future


Aventure/Anxiogène donc réussi

Réalisé par Baltasar Kormákur
Avec Jason Clarke, Jake Gyllenhaal, Josh Brolin, John Hawkes, Robin Wright, Emily Watson, Michael Kelly, Keira Knightley, Sam Worthington, Martin Henderson...

Long-métrage Britannique/Américain/Islandais
Durée: 02h02mn
Année de production: 2015
Distributeur: Universal Pictures International France 

Date de sortie sur les écrans américains : 25 septembre 2015
Date de sortie sur les écrans britanniques : 18 septembre 2015
Date de sortie sur les écrans islandais : 18 septembre 2015
Date de sortie sur nos écrans : 23 septembre 2015


Résumé : Inspiré d'une désastreuse tentative d'ascension de la plus haute montagne du monde, Everest suit deux expéditions distinctes confrontées aux plus violentes tempêtes de neige que l'homme ait connues. Luttant contre l'extrême sévérité des éléments, le courage des grimpeurs est mis à l'épreuve par des obstacles toujours plus difficiles à surmonter alors que leur rêve de toute une vie se transforme en un combat acharné pour leur salut.

Bande annonce (VOSTFR)


Featurette "Les coulisses du tournage" (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : J'ai pu voir EVEREST cet après-midi dans le cadre du 41ème Festival du Film Américain de Deauville. Avec ce genre de film, on se doute bien que les évènements vont finir par prendre une tournure douloureuse. Et avec EVERESTBaltasar Kormákur, le réalisateur, nous prouve que si ça doit aller mal alors il vaut mieux ne pas se trouver sur l'un des plus hauts et des plus dangereux sommets du monde. 
Le film est hautement anxiogène à double titre. Entamer une montée pareille quand tout se passe bien est clairement une telle épreuve physique que les chances de revenir vivant sont, plutôt bonnes, mais loin d'être une certitude, ce qui provoque déjà une certaine angoisse. Alors ajoutez là dessus des conditions difficiles, et là vous obtenez une situation catastrophique et stressante. Le réalisateur fait ce qu'il faut pour nous présenter la montagne comme un défi immense mais aussi comme un danger permanent. 


Les hommes et les femmes qui entreprennent cette aventure ont chacun leurs raisons et sont plus ou moins expérimentés. Savoir que le film s'inspire d'une histoire vraie, n'est pas fait pour nous remonter le moral, mais la démonstration prend du coup une dimension humaine plus intense que s'il s'agissait d'une pure fiction. Evidemment, on se demande quel personnage va subir quel sort et quand. 
J'ai d'ailleurs un petit reproche sur le nombre de personnages, il y en a trop je pense, et même si certains sont interprétés par des acteurs que j'apprécie beaucoup, leur rôle n'est pas vraiment essentiel à l'histoire. De ce fait, il y a un peu une sensation de répétition ou de dilution des événements. Mais en même temps, la quantité vient ajouter à la panique et au débordement, donc cela peut se discuter.
Toujours est-il que la mise en scène est efficace et surtout crédible. On souffre avec les protagonistes. On ressent leurs espoirs, leurs peurs, leurs doutes... J'ai vraiment eu la sensation de vivre l'aventure avec eux. J'ai vu le film en 3D et j'ai trouvé qu'elle fonctionne bien pour nous immerger dans l'environnement de la haute montagne.
J'ai particulièrement apprécié que l'intrigue ne tourne pas autour de mesquineries humaines. Le défi commun reste l'EVEREST, c'est lui le cœur de l'intrigue. Le film garde le cap et même s'il fait le tour des contraintes humaines, il reste aligné sur son sujet principal.
Jason Clarke, qui interprète Rob Hall, est excellent dans ce rôle de leader, d'homme au grand cœur et de guide professionnel. Il est attachant et son personnage ressort comme l'un des plus marquants. 




Jake Gyllenhaal, qui interprète Scott Fischer, est parfait comme à son habitude. Cependant, son rôle tient une place plutôt réduite dans cette histoire. 


Josh Brolin, qui interprète Beck Weathers, est très juste dans tous les aspects de la personnalité de son protagoniste. 



Le film étant ambitieux et offrant de multiples aspects à traiter, il a, à mon avis, fallu faire des choix. Par exemple, les sherpas, qui jouent pourtant un rôle essentiel dans ce genre d'expédition, sont ici à peine visibles. L'histoire est celle des clients et des guides professionnels de l'expédition.
EVEREST est très réussi visuellement. Il nous plonge dans l'angoisse de cette expédition et nous fait vivre l'aventure comme si nous y étions. Si vous aimez la montagne et adorez trembler pour les héros de l'histoire, alors vous êtes sûr de trouver ce que vous cherchez avec ce long métrage.



INTRODUCTION

Des risques insensés. Des épreuves insurmontables. Des années d’entraînement pour relever des défis impossibles à prévoir. Des conditions hostiles inimaginables. Et pourtant, pendant près d’un siècle, les aventuriers du monde entier ont cherché à donner plus de sens à leur vie quotidienne en tentant de gravir le point culminant – et le plus dangereux – du globe : le Mont Everest. Peut-être sont-ils animés par l’esprit pionnier qu’incarnaient des légendes de l’alpinisme comme Tenzing Norgay et Sir Edmund Hillary. Il est possible qu’ils cherchent à se faire tout petits devant Mère Nature. 

Quelle que soit leur motivation – une transformation spirituelle ou une envie d’adrénaline –, il est indéniable que l’être humain est humble lorsque l’ambition, la fragilité de notre espèce et une tempête homérique convergent sur le toit du monde. Inspiré par la tentative, en 1996, d’ascension de la plus haute montagne du monde, EVEREST retrace la trajectoire sidérante de deux expéditions mises à l’épreuve par l’un des blizzards les plus redoutables de l’histoire. 

Tout en nouant des amitiés malgré les embûches et les conflits, et en voyant leur force de caractère ébranlée par les éléments déchaînés, les alpinistes doivent affronter des obstacles quasi insurmontables, obnubilés par leur lutte acharnée pour la survie. 

Cette fascinante aventure hors du commun est interprétée par des comédiens de grand talent comme Jason Clarke (ZERO DARK THIRTY, LA PLANÈTE DES SINGES : L’AFFRONTEMENT) dans le rôle de Rob Hall, patron d’Adventure Consultants, et chef d’expédition, Josh Brolin (NO COUNTRY FOR OLD MEN, TRUE GRIT) dans celui de Beck Weathers, anatomopathologiste texan bien décidé à atteindre le sommet de l’Everest, John Hawkes (THE SESSIONS, WINTER’S BONE) dans celui de Doug Hansen, facteur et aventurier dans l’âme qui a raté son ascension de la célèbre montagne un an plus tôt, Robin Wright (HOUSE OF CARDS, MILLENIUM : LES HOMMES QUI N’AIMAIENT PAS LES FEMMES) dans celui de Peach Weathers, l’épouse de Beck de retour au Texas, Michael Kelly (HOUSE OF CARDS, L’ÉCHANGE), dans celui de Jon Krakauer, journaliste du magazine Outside qui a rejoint l’équipe de Hall, Sam Worthington (AVATAR, LA COLÈRE DES TITANS), dans celui de Guy Cotter, guide et proche ami de Hall qui refuse de renoncer à tout espoir, Keira Knightley (ORGUEIL ET PRÉJUGÉS, THE IMITATION GAME) dans celui du docteur Jan Arnold, épouse enceinte de Rob et partenaire d’escalade, de retour en Nouvelle-Zélande, Emily Watson (CHEVAL DE GUERRE, LES NOCES FUNÈBRES) dans celui de Helen Wilton, coordinatrice logistique d’Adventure Consultants et chef du camp de base, et Jake Gyllenhaal (NIGHT CALL, LA RAGE AU VENTRE) dans celui de Scott Fischer, chef de l’expédition pour Mountain Madness. 

EVEREST est réalisé et produit par Baltasar Kormákur (2 GUNS, CONTREBANDE) et produit par Tim Bevan (THE BIG LEBOWSKI, LES MISÉRABLES) et Eric Fellner (UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS, ANNA KARÉNINE) de Working Title, Brian Oliver (BLACK SWAN, LES MARCHES DU POUVOIR) et Tyler Thompson (BALADE ENTRE LES TOMBES, LA DAME EN NOIR) de Cross Creek Pictures, et Nicky Kentish Barnes (IL ÉTAIT TEMPS, POUR UN GARÇON). 

Produit par Universal Pictures et Cross Creek Pictures, en association avec Walden Media, EVEREST est adapté pour le grand écran par William Nicholson (GLADIATOR, INVINCIBLE), deux fois cité à l’Oscar, et Simon Beaufoy (SLUMDOG MILLIONAIRE, 127 HEURES), scénariste oscarisé. Le réalisateur s’est entouré du chef opérateur Salvatore Totino (DA VINCI CODE, DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE), du chef monteur Mick Audsley (HARRY POTTER ET LA COUPE DE FEU, L’ARMÉE DES 12 SINGES), du chef décorateur Gary Freeman (MALÉFIQUE, LA MORT DANS LA PEAU), du chef-costumier Guy Speranza (THE DARK KNIGHT, BATMAN BEGINS), du chef coiffeur et maquilleur Jan Sewell (UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS, LES MISÉRABLES) et du compositeur oscarisé Dario Marianelli (REVIENS-MOI, ANNA KARÉNINE). 

La production exécutive est assurée par Angela Morrison (LES MISÉRABLES), Liza Chasin (UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS), Evan Hayes (CONTREBANDE), Randall Emmett (DU SANG ET DES LARMES), Peter Mallouk (BALADE ENTRE LES TOMBES), Mark Mallouk (BALADE ENTRE LES TOMBES) et Laurent Selig (DU SANG ET DES LARMES). 

Le film a été tourné en altitude, sur place, au Népal, dans les Alpes italiennes et dans les studios de Cinecittà à Rome et dans ceux de Pinewood au Royaume-Uni. Le film sera projeté en Imax 3D et sur les écrans larges équipés premium 3D, ainsi qu’en 3D et 2D traditionnels. 

NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu’après avoir vu le film pour éviter les spoilers !) 

Un jour marqué du sceau de l’histoire : l’ascension de 1996 

Le 10 mai 1996, lors d’une matinée ensoleillée, Rob Hall, responsable consciencieux et prudent de l’agence néo-zélandaise Adventure Consultants, et Scott Fischer, alpiniste aguerri et patron de l’agence Mountain Madness installée à Seattle, mènent leurs équipes respectives dans la partie finale de l’ascension de l’Everest, le plus haut sommet sur Terre qui culmine à 8 848 mètres au-dessus du niveau de la mer. Les alpinistes ont passé les deux mois précédents à gravir la colossale montagne et à s’acclimater à la très haute altitude, au froid extrême et à la raréfaction de l’air, et ils ont fait face à des taux d’oxygène si bas que le fait même de marcher s’avère proprement épuisant. Trois des membres de l’équipe de Hall et deux Sherpas atteignent le sommet ce jour-là mais un orage imprévu d’une extrême violence s’abat sur les grimpeurs alors qu’ils entament leur descente. Tandis que la tempête fait rage et que la nuit commence à tomber, Hall essaye en vain de venir en aide à un client épuisé, le facteur et alpiniste Doug Hansen, pour qu’il franchisse l’arête de 12 mètres appelée le Ressaut Hillary (8 790 mètres), nommé ainsi en hommage au grand alpiniste néo-zélandais Sir Edmund Hillary. 

Ce soir-là, épuisé de ses efforts pour sauver Hansen et incapable de descendre lui-même, Hall reste seul, exposé aux éléments sur le sommet Sud (8 764 mètres d’altitude) pendant deux nuits entières alors que l’orage continue de se déchaîner. Des vents terribles rendent impossible le travail des sauveteurs exténués : ceux-ci sont incapables de trouver leur chemin à cause de l’obscurité et de la violence de la tempête de neige. Les tentatives de secours venus de la plaine sont vouées à l’échec. 

Andy « Harold » Harris, le guide néo-zélandais d’Adventure Consultants, disparaît sur un point assez élevé de la montagne : il a été vu pour la dernière fois en train de remonter héroïquement vers le sommet Sud pour tenter de secourir Hall et son client. Bien qu’il rejoigne Hall au sommet où ils passent la nuit par - 40 ° en subissant des vents de près de 130 km/h, Harris est happé par la tempête et disparaît. Fischer, qui a atteint le sommet avec ses guides Anatoli Boukreev et Neal Beidleman, ainsi que six de leurs clients, rencontre aussi de grandes difficultés lors de la descente. Bien que le groupe soit accompagné du meilleur Sherpa de Mountain Madness, Lopsang Sherpa, Fischer s’effondre juste en-dessous du “balcon” du sommet (à 8 412 mètres) et fi nit par convaincre Lopsang de continuer à descendre sans lui. Le Sherpa y consent dans l’espoir de pouvoir envoyer quelqu’un muni d’oxygène braver la tempête afin d’aider Fischer à descendre. 

De son côté, Boukreev, qui a précédé ses clients dans la descente plus tôt dans la journée, tente de rejoindre Fischer mais la puissance de l’orage l’oblige à faire demi-tour. Plus tard dans la nuit, il réussit à sauver d’autres alpinistes égarés qui se sont aventurés plus bas dans la montagne au Col Sud, à 7925 mètres (nommé ainsi car il s’agit d’une « passe », c’est-à-dire du point le plus bas d’une arête entre deux pics). 850 mètres plus bas sur le col Sud, un autre alpiniste, Beck Weathers, lutte pour sa survie : cet anatomo-pathologiste du Texas membre de l’équipe d’Adventure Consultants souffre d’un cas extrême de cécité des neiges durant son ascension du sommet. Plusieurs années auparavant, il a subi une chirurgie corrective oculaire et sa vision commence à se brouiller, l’empêchant de voir à plus d’un mètre devant lui alors qu’il se trouve dans la "zone de mort" de l’Everest, où la raréfaction de l’oxygène est telle que le corps humain commence à dépérir, perdant peu à peu ses fonctions vitales. Hall lui fait promettre de ne pas poursuivre l’ascension et lui demande de s’asseoir et d’attendre son retour du sommet afin qu’ils puissent redescendre ensemble. 

Quelques heures après s’être arrêté, Weathers se retrouve toutefois pris par la tempête et tente de s’abriter des violentes chutes de neige. C’est alors qu’un autre groupe d’alpinistes, en train d’effectuer la descente, tombe sur Weathers et tente de lui venir en aide. Le pathologiste s’encorde au guide d’Adventure Consultants Mike Groom et ils tentent en vain de rejoindre le camp IV situé sur le col Sud à environ 7 925 mètres d’altitude. Malheureusement, en raison des vents violents et de l’obscurité, ils n’arrivent pas à localiser les tentes sur le col, vaste zone exposée aux éléments. 

Épuisés, ils se serrent les uns contre les autres pour se réchauffer dans un ultime espoir de survivre dans ces conditions de froid infernal et de retrouver leurs camps respectifs si la visibilité s’améliore. Quand finalement l’orage connaît une accalmie, Groom sait qu’il n’a que très peu de temps pour aller chercher de l’aide. Il laisse donc Weathers et quatre autres alpinistes, presque tous sans connaissance, et tente de retourner au camp IV. Tous sont déjà extrêmement affaiblis : cela fait 27 heures qu’ils sont privés d’oxygène, de nourriture et d’eau. Les membres gelés et dépourvus d’oxygène, ils sont en train de mourir de froid et sont vraiment à bout. 

Les secours arrivent quelques heures plus tard. Très tard dans la nuit, Boukreev sauve les trois clients restants de Moutain Madness. Il prend conscience que les clients de Hall, Weathers et la grimpeuse japonaise Yasuko Namba (qui réalisait là l’ascension de son septième sommet), sont déjà trop aff aiblis pour qu’il puisse les sauver : ils sont presque gelés et incapables de ramper ou marcher. 

Dans ce qui sera plus tard décrit comme un “miracle” de l’alpinisme, Weathers parvient à reprendre connaissance et en dépit de sa vision réduite quasiment à néant, de gelures terribles et de ses mains complètement gelées jusqu’aux poignets, il réussit à atteindre le camp IV dans l’après-midi. Le lendemain, il est transporté jusqu’au camp I à 6 035 mètres d’altitude par une équipe de sauveteurs composée d’alpinistes d’autres expéditions. Des témoins affirmeront qu’il ressemble à un mort-vivant. Le jour de l’ascension du sommet, Guy Cotter, autre guide d’Adventure Consultants qui mène au même moment une expédition sur le mont Pumori voisin, est en contact radio avec Hall, ami de longue date. 

Quand la tempête éclate, il identifie rapidement les signes d’une situation potentiellement fatale et dès le lendemain matin, il parcourt la courte distance qui le sépare du camp de base de l’Everest à 5 534 mètres afin de proposer son aide. Cotter essaye en vain d’organiser le sauvetage de Hall mais les deux Sherpas chargés de le rejoindre sont forcés de rebrousser chemin à seulement 100 mètres de lui, épuisés et incapables de poursuivre. Il devient évident que les tentatives de secours et la tempête ont affecté tout le monde. Les alpinistes n’ont tout simplement pas assez de force physique pour aider Hall à franchir les arêtes vertigineuses situées au-dessus d’eux et toute tentative de le ramener est abandonnée. 

Ce sont finalement les survivants du col Sud qui effectuent la descente, à bout de forces, aidés par les Sherpas. Peach, l’épouse de Beck Weathers, et Lisa Choegyal, qui habite depuis longtemps à Katmandou, travaillent alors de concert avec l’ambassade américaine pour assurer le rapatriement par hélicoptère militaire de Beck et d’un autre alpiniste depuis la “cascade de glace” à 6 000 mètres d’altitude. Ce sauvetage a été qualifié depuis d’un des plus audacieux jamais effectués dans les montagnes népalaises. 

Weathers a survécu mais l’orage a coûté la vie à Hall, Fischer, Harris, Hansen et Namba ainsi qu’à trois autres alpinistes de la première équipe indienne qui avait atteint le sommet par le col Nord (7 020 mètres), groupe composé de membres de la police des frontières indo-tibétaine. 

À l’époque, cette journée a été la plus mortelle de l’histoire de l’ascension du mont Everest. Cette aventure, parfait exemple d’endurance, de ténacité et d’ambition débridée a fasciné les médias du monde entier : le récit de l’épopée des courageux survivants et de leurs camarades disparus résonne encore en nous aujourd’hui. 

L’appel de la montagne : de la réalité à l’écran 

Le sommet de l’Everest, le plus haut sur Terre, culmine à plus de 8 000 mètres. Autrement dit, il s’agit presque de l’altitude de croisière d’un Boeing 747. Ses pics redoutables n’autorisent pas la moindre erreur et ont vu les plus grands alpinistes rivaliser d’audace pour relever ce qui est sans doute le plus grand défi de l’alpinisme. À l’époque, ces événements tragiques du 11 mai 1996 ont fait de cette ascension la plus mortelle de l’histoire de l’Everest. 

Cette terrible aventure, parfait exemple de résilience, a fasciné les médias et est devenue le sujet de nombreux livres et documentaires à succès qui racontent souvent des versions contradictoires de ce qui s’est passé ce jour-là. Tim Bevan, producteur chez Working Title, s’est tout d’abord intéressé à cette histoire en lisant le récit de Jon Krakauer, « Tragédie à l’Everest », peu après sa publication en 1997. Krakauer est un journaliste qui faisait partie de l’équipe de Rob Hall (agence Adventure Consultants) en mai 1996 et il avait déjà témoigné du drame dans un article paru dans le magazine Outside. L’associé de Bevan, Eric Fellner, a immédiatement partagé son enthousiasme et ils ont alors découvert par hasard que le studio Universal Pictures, avec lequel Working Title a un accord de distribution, possédait les droits relatifs à ces événements. 

Ces droits comprenaient le récit de Beck Weathers « Laissé pour mort à l’Everest », dont s’inspire le film, ainsi que la retranscription de la dernière conversation radio entre Rob Hall et sa femme Jan Arnold. Si les familles des alpinistes concernés ont choisi, pour la plupart, de ne pas s’exprimer pendant toutes ces années, elles ont néanmoins accepté de nouer un dialogue constant avec les producteurs, permettant notamment de déterminer le moment propice pour faire un film s’inspirant de ces événements. 

Comme le confie Bevan : « Pour commencer, nous avons contacté David Breashears : il était sur le sommet en 1996 et il y a tourné le tout premier film Imax sur l’Everest. J’ai découvert qu’il avait en sa possession les meilleurs documents. C’est une histoire qui renvoie à quelque chose de vraiment fascinant mais il y a tant de témoignages oraux ou écrits sur ce qui s’est passé que c’est un peu comme un Rubik’s Cube. Quel que soit le point de vue, il y a toujours quelque chose qui vient brouiller la donne. C’est à cause de cela justement que cette histoire risquait de n’être jamais racontée mais c’est devenu un projet passionnant pour l’équipe de Working Title ». Dans les années 90, le projet a semblé sur le point de se concrétiser, avec le réalisateur Stephen Daldry aux commandes, mais ce n’est finalement qu’en 2011 que les éléments nécessaires à l’adaptation pour le grand écran ont commencé à se mettre en place. 

William Nicholson et Simon Beaufoy, réputés pour être des scénaristes de blockbusters, ont travaillé de concert pour produire un script à la fois puissant et émouvant, et les avancées technologiques en matière d’effets visuels ont permis de parfaitement mettre en scène les effroyables conditions climatiques de cette journée sur l’Everest à une si haute altitude… sans mettre en danger les acteurs ou les techniciens. 

C’est alors que Bevan et Fellner ont contacté le réalisateur Baltasar Kormákur qui se trouvait à Los Angeles pour tourner CONTREBANDE, thriller d’action avec Mark Wahlberg et Kate Beckinsale. Selon Nicky Kentish Barnes, qui produit EVEREST aux côtés de Bevan et Fellner : «Baltasar était de loin la personne la plus qualifiée pour ce travail : il avait à coeur de porter cette histoire au cinéma en restant proche de la réalité ». Salué par le public et la critique dans son Islande natale, Kormákur est un réalisateur aussi doué pour l’action que pour le drame. 

De par ses origines, il est également habitué aux grands froids. On lui doit notamment 101 REYKJAVIK, CRIME CITY, JAR CITY, et ÉTAT DE CHOC. Après CONTREBANDE, il a réalisé SURVIVRE, film magnifique qui raconte l’histoire vraie d’un homme, seul survivant après le naufrage d’un chalutier aux larges des côtes islandaises. Présélectionné pour les Oscars en 2012, le film montrait déjà que le réalisateur excellait pour filmer les éléments déchaînés dans leur démesure. 

Quand on lui a demandé de lire EVEREST, il a tout de suite été emballé : «Les paysages et les effets du climat constituent une part de mon identité car en Islande la nature n’est jamais bien loin », explique-t-il. « Les éruptions volcaniques et les villages emportés par des avalanches nous rappellent la puissance de mère Nature. J’ai par le passé effectué un périple en solitaire à dos de cheval dans les montagnes islandaises, loin de toute civilisation pendant des semaines… Suite à ce voyage, j’ai toujours eu envie de raconter une histoire sur des gens qui affrontent la nature dans toute sa brutalité et qui grâce à ça se révèlent subtilement à eux-mêmes, découvrant qui ils sont au fur et à mesure de leur aventure. Raconter une histoire exceptionnelle sur le sommet le plus haut du monde était une opportunité unique à ne rater sous aucun prétexte ! » 

Le réalisateur admet que ce projet l’intriguait considérablement : «Je voulais emmener le public en haut de l’Everest, lui montrer le sommet d’une façon absolument inédite et en même temps créer une vraie intimité entre les personnages qui n’est que trop rare dans les grosses productions hollywoodiennes contemporaines ». Il s’interrompt car cette histoire est pour lui autant le récit d’un exploit qu’une mise en garde : «EVEREST est une métaphore de l’ambition : quiconque a de l’ambition a besoin de l’équilibrer avec sa vie de famille. Il y a la montagne d’un côté et il y a le foyer de l’autre, et la distance entre les deux est immense, car chacun des deux pôles vous attire dans deux directions diamétralement opposées ». 

Kormákur a été fasciné par tous ceux qui ont tenté d’atteindre le sommet, qu’ils soient intéressés par la gloire ou le désir de réaliser le but de toute une vie. « On peut se demander pourquoi on souhaite gravir l’Everest et personne ne peut vraiment répondre à une telle question. Mais on peut aussi se demander pourquoi on éprouve le désir de vivre, ou d’avoir une carrière… Même les gens qui ont beaucoup d’argent ressentent le besoin d’avoir une carrière. C’est une de ces questions auxquelles il est difficile de répondre », explique-t-il. 

Le réalisateur s’est plongé dans le récit de ce qui s’est passé précisément ce jour-là aux abords du sommet de la plus haute montagne du monde : il a pu alors mesurer les défis immenses de ce projet, tant sur le plan émotionnel que physique. « Cette histoire est très connue et bien documentée mais il y a de nombreuses versions qui souvent se contredisent », précise-t-il. Au cours de sa collaboration avec ses collègues producteurs et auteurs, il a notamment insisté pour adapter l’histoire de manière à respecter toutes les personnes concernées. Il était primordial de rendre hommage aux huit disparus de cette journée de mai 1996. Pour y parvenir, il fallait donc nuancer le récit des événements sans avoir l’air de justifier ou critiquer à aucun moment les décisions prises avant et après l’ascension et la descente. Il faut comprendre que le nombre croissant d’alpinistes est depuis longtemps un problème pour ceux qui veulent gravir l’Everest. 

Ce jour-là, 34 alpinistes appartenant à plusieurs expéditions ont tenté l’ascension. Mais personne n’aurait pu prévoir qu’un orage si violent éclaterait : en effet, les conditions météorologiques pour “marcher sur le toit du monde” étaient jusque-là idéales. Le coproducteur Breashears a travaillé sur ce projet avec Working Title depuis plus de dix ans et a été consultant pour l’alpinisme et le tournage au Népal. Présent en 1996 pour coréaliser et coproduire ce qui allait devenir EVEREST, le célèbre succès en Imax de 1998, il était sur place quand la tragédie a eu lieu. 

Il a pu expliquer en détail aux acteurs et aux membres de l’équipe le déroulement exact de cette journée : «Tous ceux qui ont participé à ce film étaient particulièrement soucieux de son authenticité et de pouvoir rendre hommage aux personnes impliquées dans ces événements », relate-t-il. Guy Cotter a également été d’une aide précieuse : consultant principal en alpinisme sur le tournage, celui qui dirige actuellement Adventures Consultants a coordonné les secours dans l’espoir de sauver son ami Rob Hall le jour où celui-ci est décédé. Cotter et Hall avaient pratiqué l’alpinisme ensemble depuis leur adolescence : «Pour nous, au sein de la communauté des guides de haute-montagne, ces événements nous ont beaucoup appris », déclare-t-il. « On s’est énormément interrogé après coup, pour que cette tragédie ne puisse jamais se reproduire. D’une certaine manière, cela nous a permis d’évoluer en tant que profession ». 

« Rob était au sommet de sa carrière », poursuit-il. « Mais nous étions alors au début du métier de guide de haute-montagne et parfois les pionniers ne survivent pas à la découverte des paramètres de leur environnement ». La recherche et la préparation de ce que Kormákur décrit comme « le projet le plus difficile » qu’il ait jamais entrepris ont débuté avec la lecture exhaustive de tous les livres et documents que le réalisateur a pu trouver sur ces événements. Il s’est aussi entretenu avec des alpinistes ayant déjà gravi l’Everest, pour essayer de cerner la mentalité d’un passionné de haute-montagne. Il s’est même rendu sur l’Everest très en amont du tournage, puis en Nouvelle-Zélande pour rencontrer les familles des personnes concernées. « Je suis très reconnaissant d’avoir eu la chance d’être sur l’Everest, d’avoir pu voyager et séjourner dans une partie du monde dans laquelle je n’aurais jamais honnêtement pensé aller. J’avais toujours rêvé de l’Everest mais ça ne faisait pas partie de mes plans », raconte Kormákur. Brian Oliver et Tyler Thompson de Cross Creek Pictures, dont la dernière collaboration avec Working Title remonte à 2013 pour le fi lm RUSH, ont rejoint l’équipe de producteurs. 

« Cette production a été le produit d’une collaboration gigantesque et nous sommes fiers du film qui en résulte », déclarent Oliver et Thomson. « Entendre parler de l’Everest dans une conversation ou aux infos fait instantanément voyager : on ressent l’exaltation de l’aventure mais aussi de l’admiration et du respect pour ceux qui ont relevé ce défi. Le film donne un aperçu de ce que ça fait de tenter de survivre au sommet du monde. Baltasar était l’un des rares à pouvoir se permettre d’aller assez loin pour montrer l’excitation teintée d’anxiété et de danger inhérente à un film de deux heures situé à 8 000 mètres d’altitude ». 

Une fois les producteurs réunis, il ne restait alors plus qu’à entamer le casting : les producteurs ont fi ni par dénicher des acteurs éclectiques et talentueux prêts à relever le défi d’un tournage difficile, physiquement et émotionnellement, pour raconter en détail cette aventure hors du commun dans l’Himalaya. 

Des rêveurs et des héros : les interprètes des alpinistes 

Étant donné les difficultés qui attendaient les acteurs, Kormákur et ses producteurs ont décidé que le mieux était encore d’emmener les comédiens les affronter en personne. Le réalisateur explique ce qu’il recherchait en recrutant ses acteurs : «Ils allaient devoir affronter les éléments et leurs peurs. Pour faire simple, il n’y avait pas de retour possible en arrière. Pour tourner au pied de l’Everest, à haute altitude, il a fallu y grimper nous-mêmes. Et le tournage dans les Dolomites a eu lieu par - 30°, 12 à 14 heures par jour pendant 6 semaines. Nous avons aussi créé une sorte de congélo géant sur le plateau de façon à pouvoir souffler de la vraie neige sur les acteurs. Et ce sont seulement quelques exemples de ce que nous avons dû faire. Si on se sentait un peu déprimé, tout ce qu’il suffisait de faire, c’était de penser aux personnes réelles et à ce qu’elles ont enduré. Au bout du compte, tous nos efforts sont dérisoires si l’histoire de Rob Hall, Jan, Beck, Doug, Scott Fischer, Anatoli et tous les autres n’est pas racontée le plus précisément possible ». 

L’acteur australien Jason Clarke, célèbre pour ses rôles dans LA PLANÈTE DES SINGES : L’AFFRONTEMENT ou encore le fi lm primé ZERO DARK THIRTY, incarne le Néo-Zélandais Rob Hall, un alpiniste très renommé qui a découvert les joies de l’alpinisme en grandissant près des Alpes du sud sur l’île méridionale de l’archipel néo-zélandais. C’est à seulement 19 ans qu’il atteint son premier sommet himalayen, l’Ama Dablam dans la région de Sola Khumbu (6 856) en 1980. 

Il effectue l’ascension de l’Everest dix ans plus tard, en 1990, en compagnie de son partenaire d’escalade Gary Ball et du fils de Sir Edmund Hillary, Peter. Ils attirent alors l’attention des médias en téléphonant par satellite du sommet et leur appel est diffusé en direct par la télévision néo-zélandaise. Hall et Ball font appel à leurs talents d’entrepreneurs et lèvent des fonds pour réaliser un tour du monde et relever le “défi des sept sommets” (gravir les plus hautes montagnes de chaque continent). 

Ils compliquent la donne en essayant de l’accomplir en sept mois. Ils y réussissent, à quelques heures de la fin du temps imparti et deviennent de véritables célébrités en Nouvelle-Zélande. Ils réinvestissent leurs profits et lancent en 1992 une agence internationale d’expéditions guidées en haute-montagne, Adventure Consultants. Alors que la perspective d’une aventure commercialisable fait horreur à la plupart des amateurs de grimpe, Hall est persuadé que la montagne appartient à tous et que si des clients sont prêts à payer pour bénéficier d’une expertise en ce domaine, il est ravi d’y pourvoir. Adventure Consultants s’impose vite comme une agence incontournable dans le domaine de l’alpinisme de haute montagne mais Ball meurt d’un œdème cérébral en 1993 (une forme de mal des montagnes), alors qu’il se trouve au sommet d’une montagne népalaise. Suite à cet événement, Hall dirige l’agence en solo et en 1996, il a déjà conduit 39 alpinistes au sommet de l’Everest. 

Le prix d’une de ses expéditions guidées est alors beaucoup plus élevé que celui proposé par ses concurrents (environ 65 000 dollars américains) mais sa réputation de sérieux et de prudence attire des clients du monde entier. « Rob aimait vraiment la montagne et les endroits où la nature est encore sauvage. C’est une chose de vouloir se rendre seul dans ce genre d’endroit mais c’en est une autre de vouloir partager ça avec d’autres et les y emmener. D’après ce que j’ai compris, Rob aimait vraiment accompagner les gens, leur permettre de découvrir ce qui l’animait et d’atteindre leurs buts », indique Clarke. 

Comme tant d’autres, l’acteur avait entendu parler de la tragédie bien avant que la production ne le contacte pour incarner Hall et il a été heureux d’endosser ce rôle : «Je connaissais cette histoire et je me rappelle où j’étais quand j’en ai entendu parler et comme cela s’est déroulé sur plusieurs jours, ça avait donné le temps aux gens d’y penser et d’imaginer le pire. C’est une histoire particulièrement émouvante : je me sens très touché par ce qui s’est passé. » 

Kormákur, qui a débuté en tant qu’acteur, reconnaît que jouer une personnalité telle que Hall n’a pas été particulièrement facile : «Il était assez conservateur », dit-il. « On l’appelait le “maire du camp de base”, car il était connu pour son sens de l’organisation mais aussi pour sa tendance à vouloir contrôler les choses et ce sont des qualités qui peuvent irriter. Certains acteurs auraient pu ne pas aborder cet aspect du personnage et le rendre plus affable ou sympathique. Jason, lui, a voulu restituer ces caractéristiques et a tout fait pour camper l’homme tel qu’il était ». 

L’engagement de Clarke à donner une image authentique de son personnage se manifeste aussi dans les conversations de Hall avec sa femme, l’alpiniste Jan Arnold. « Jason a très bien montré la relation pleine d’amour que Rob entretenait avec sa femme et la décision fatale qu’il a prise avec Doug Hansen sur cette montagne est due à sa bonté. Grâce à l’interprétation de Jason, on perçoit la bienveillance de ce personnage », commente le réalisateur. 

Une fois engagé, Jason Clarke s’est mis au travail sans hésitation : pour se préparer à la difficulté de jouer une personne réelle, il s’est rendu en Nouvelle- Zélande en compagnie de Kormákur et de Bevan afin de rencontrer la veuve de Hall, Jan, et leur fille Sarah. Ce rendez-vous a été pour lui un véritable tournant : «Ça a été extraordinaire : nous avons passé deux ou trois jours ensemble. Je n’avais jamais entendu leur version des faits, la façon dont elles ont vécu les événements et en plus, c’était il y 17 ans. Durant ces quelques jours, nous avons beaucoup échangé, même s’il y avait pas mal de nervosité au départ de leur côté », raconte-t-il. 

Au fur et à mesure de leurs conversations, une relation de confiance s’est établie et l’acteur a commencé à entrevoir la difficulté de ce qui l’attendait : «C’est le moment où j’ai commencé à me demander comment j’allais pouvoir incarner ce type. C’est là que j’ai commencé à prendre conscience de mon niveau de responsabilité car je devais lui rendre justice. Je me suis fait un point d’honneur de comprendre ces événements : c’est devenu une affaire personnelle car après tout il s’agit d’un des grands mystères de l’Everest. Tous ceux qui grimpent, où que ce soit dans le monde, savent de quoi il s’agit et ont des théories et des opinions sur ce qui s’est passé et pourquoi c’est arrivé ». 

Pour se préparer à ce rôle, Clarke s’est entraîné avec Cotter, un alpiniste qui a pris la direction d’Adventure Consultants après la mort de Hall et qui a également été consultant principal lors du tournage. Sa relation avec Cotter est allée bien au-delà d’une formation à l’alpinisme : «Guy était l’un des meilleurs amis de Rob, il le connaissait bien et avait pratiqué des ascensions avec lui pendant longtemps », déclare Clarke. « Le fait de nouer une relation amicale avec Guy et d’arriver à comprendre le sens de l’humour néo-zélandais, complètement différent de l’humour australien, a été d’une grande aide ». 

L’acteur a continué à pratiquer l’alpinisme dans les mois qui ont précédé le début du tournage, désireux d’en apprendre un maximum sur l’aspect technique ainsi que sur l’équipement dont disposent les alpinistes. Une fois l’acteur Martin Henderson engagé pour jouer Andy “Harold” Harris, ils se sont mis à l’alpinisme ensemble, effectuant aussi bien l’ascension du Ben Nevis en Écosse que du glacier Tasman en Nouvelle-Zélande. Pour les deux acteurs, il était essentiel de se faire une idée de l’impact des conditions climatiques, lesquelles seraient ensuite reproduites en studio à l’aide d’énormes ventilateurs et d’effets de neige. 

Clarke raconte qu’il voulait savoir ce qu’on ressentait exposé aux éléments pendant des heures : «Je tenais à compter uniquement sur mon équipement et mes compétences pour surmonter les rudes conditions climatiques et comprendre en quoi cela affecte l’esprit. Je savais qu’il fallait qu’on en bave pour pouvoir interpréter ça correctement, que ce soit en studio ou tout du moins à des altitudes bien inférieures à 8 000 mètres ». L’acteur a aussi soigneusement étudié des photographies de Hall, a écouté ses interviews pour que son accent sonne juste, et a même arrêté de boire du café car les alpinistes étaient tous adeptes du thé. 

Cotter avoue avoir été impressionné par la façon dont Clarke s’est approprié le personnage de Hall : «Jason était très sourcilleux quant à la crédibilité de Rob et sa réputation », dit-il. « Il voulait être sûr que le film n’allait pas simplifier l’histoire pour valoriser les effets spectaculaires aux dépens de la vérité. Jason s’est senti très proche du personnage et a accompli un travail exceptionnel en incarnant Rob : il a montré ses qualités et sa vision du monde ». 

L’acteur nommé à l’Oscar Jake Gyllenhaall a rejoint le casting en incarnant Scott Fischer. Le comédien, qui s’est imposé comme un des meilleurs de sa génération, a joué au cours de sa carrière des rôles extrêmement exigeants et variés et il excelle tant dans l’émotion que l’action. Il apparaît ici sous les traits de Fischer, alpiniste américain, guide de haute-montagne et premier de ses concitoyens à avoir conquis le Lhotse, le quatrième sommet le plus haut du monde qui culmine à 8 516 mètres. Fischer grandit dans le Michigan et le New Jersey, où il suit des cours d’escalade après avoir vu une émission à la télévision. Après ses débuts en 1970, il gravit les sommets les plus difficiles et élevés du monde, et fait connaître à de nombreux alpinistes les joies de la montagne. Moniteur et guide pendant 25 ans, Fischer sait que la découverte de l’alpinisme et de ses défis peut transformer la vie d’autrui. En 1984, il fonde Mountain Madness dont le but est d’emmener des alpinistes sur les plus hauts sommets du monde. Il dirige une expédition de nettoyage en 1992 sur l’Everest et atteint le sommet pour la première fois. En mai 1996, il s’attelle à sa première expédition commerciale dans le but d’y emmener des clients. Fischer était connu pour sa joie de vivre et son style en tant que guide était différent de celui de Hall. 

Gyllenhaal a abordé son rôle avec les mêmes précautions que Clarke : «Mon intérêt pour ce film a toujours porté en premier lieu sur les êtres humains et les raisons qui les poussent à agir. La perspective de gravir l’Everest et les difficultés que cela comporte me passionnent et c’est une des raisons qui m’ont poussé à faire ce film. Mais le principal, ce sont ces questionnements que l’on a tous sur le sens de la vie, ce que l’on souhaite accomplir et ce qui donne du sens. Cette montagne, au propre comme au figuré, est la présence la plus imposante à laquelle on puisse se confronter ou vouloir appartenir. C’est une métaphore pour beaucoup de choses et c’est une magnifique leçon d’humilité donnée par Mère Nature », commente-t-il. 

L’acteur a notamment découvert ce que de nombreux alpinistes savent depuis longtemps : «Souvent, il ne s’agit pas d’arriver au sommet : c’est le lien avec les gens autour de soi pendant qu’on essaie d’accomplir quelque chose qui est l’essentiel. On ne prend pas conscience qu’on est déjà au sommet, notamment dans les relations que l’on vit. Souvent, comme c’est ici le cas, il est trop tard quand on s’en rend compte ». L’acteur a apprécié les défis posés par l’adaptation d’une histoire vraie qui tâche de rester fidèle à la réalité. « On est obligé d’être très près des faits mais en même temps on a besoin d’apporter sa propre vérité. Je pense que nous avons tous essayé de devenir ce que ces gens étaient au fond tout en essayant de rester fidèles à nous-mêmes », explique-t-il. 

Pour se préparer à son rôle, Gyllenhaal est entré en contact avec les enfants de Fischer et a pris conscience de l’immense respect que la communauté des alpinistes lui porte. « Ils ont raconté leur voyage au Népal, au pied de la montagne, et leur rencontre avec ceux qui avaient connu leur père », raconte l’acteur. « Souvent, la réaction était tout simplement de l’affection : on leur racontait ce que leur père avait fait pour eux, combien il savait écouter les autres ou à quel point il était amusant ou affectueux. Je pense que l’attitude de Scott a préservé sa mémoire : elle est vraiment vivante et positive. Il n’avait pas peur de la mort : c’est ainsi qu’il a vécu et cela se ressentait plus encore quand il grimpait ». Kormákur estime que Gyllenhaal a un tempérament proche de son personnage : «En ce qui me concerne, tout est question d’énergie », dit-il. 

Celle de Jake est différente de celle de Jason et ça a rendu l’expérience encore plus agréable et intéressante. Scott était un grand alpiniste mais il avait [par rapport à Rob] une façon complètement différente d’aborder la montagne et Jake a parfaitement su en rendre compte ». 

Gyllenhaal s’est vite aperçu du contraste entre les deux hommes : «Scott pensait que Rob voulait un peu trop diriger [l’ascension], tandis que lui était plus favorable à l’idée de laisser les gens se débrouiller et trouver leur propre méthode lors de la montée. Je compare ça à différents types d’éducation : on peut dire “ne touche pas au four tu vas te brûler !” ou laisser l’enfant se brûler une fois pour qu’il n’y touche jamais plus », commente l’acteur. Même si l’acteur insiste sur le fait que les deux méthodes portaient leurs fruits, il comprend très bien pourquoi Rob et Scott avaient monté leurs propres agences. 

« Ils étaient aussi efficaces l’un que l’autre car tous deux étaient de fantastiques alpinistes mais il leur aurait été très difficile de travailler ensemble. Ils se seraient inévitablement affrontés », poursuit-il. Au final, leur respect mutuel signifie qu’ils ont uni leurs efforts pour sauver leurs clients ce jour-là : «Je pense que c’est ce qui rend le film si fascinant », dit-il encore. « Ces deux types de techniques doivent fonctionner ensemble pour qu’on parvienne au sommet. On pense souvent que notre méthode est la seule valable mais quand on est soumis à des conditions très difficiles, il est nécessaire d’en adopter d’autres. Et accepter l’idée que notre façon de faire n’est pas la seule rend plus humble ». 

Le fait de venir sur le tournage directement après avoir terminé un autre projet a limité le temps de préparation de l’acteur. Sportif par nature, il a néanmoins trouvé le moyen de s’entraîner pour s’habituer aux effets de la haute altitude. Il décrit notamment une expérience avec Josh Brolin qui lui a donné un aperçu de ce que les alpinistes ont affronté : «On a fait un test d’altitude à 9 000 mètres pendant dix minutes dans un caisson et Josh et moi avons décidé de rester plus longtemps », raconte-t-il. 

« On pensait qu’on pouvait le supporter, car on se sentait bien. On était en train de plaisanter sur le fait que ce n’était finalement pas si terrible quand tout à coup on en est sorti et on a immédiatement eu la nausée. Au cours des dix minutes qui ont suivi, on est passé d’un état assez joyeux à une profonde tristesse : cela nous a fait comprendre les effets puissants de l’altitude sur l’esprit. On n’a pas les idées très claires, même si on a les meilleures intentions du monde ». Josh Brolin, acteur cité à l’oscar et parmi les plus célèbres d’Hollywood, est réputé pour ses rôles difficiles tant dans des productions de studios grand public que dans des films indépendants exigeants. 

Il incarne Beck Weathers, l’anatomo-pathologiste texan qui a survécu mais a perdu son bras droit, tous les doigts de sa main gauche et son nez à cause de gelures. Le film s’inspire du livre qu’il a écrit sur son expérience et il continue à pratiquer la médecine et à donner des conférences sur le développement personnel. Ce qui a intéressé Brolin dans ce projet, c’est la montagne elle-même. « Quand on lit un scénario, on désire être ému », remarque l’acteur. « Ce que j’ai adoré dans EVEREST, c’est que la montagne est à la fois le protagoniste et l’antagoniste principal. Je suis fasciné par l’idée de cet inconnu incommensurable. On se rend sur place avec de grandes intentions, il y a probablement un peu d’ego en jeu, le désir de trouver une échappatoire, peut-être l’incapacité à gérer certains problèmes familiaux ou autres et on se retrouve confronté à quelque chose qui dépasse complètement l’entendement. Pourtant, on ne le comprend vraiment que lorsque cela nous brûle de l’intérieur ». 

Kormákur a apprécié le caractère complexe de l’acteur : «Josh a une très forte personnalité mais en même temps il peut être amusant et imprévisible. Cette dualité joue beaucoup dans son approche du personnage. Ce qui est arrivé à Beck est terrible mais Josh y apporte une touche de légèreté. C’est un type du Texas qui parle fort et qui aime les grosses blagues. Comme je l’ai moi-même rencontré, ce genre de personnalité m’intéressait grandement ». 

L’acteur était le tout premier choix du réalisateur pour ce rôle : «J’ai eu la chance qu’il accepte, car il faut avoir ça en soi [pour un tel rôle]. Il faut avoir un peu d’expérience et avoir traversé certaines épreuves pour posséder un tel éventail d’expressions. Il a su transmettre tout cela. » Quand Brolin a été engagé, il s’est mis lui aussi à l’escalade, grimpant les monts Whitney et Sasha en Californie… ou encore l’Eiger en Suisse avec les regrettés Dean Potter et Graham Nash. 

Cette expérience lui a permis de découvrir ce qui motive les alpinistes. « Je me suis dit : “Plus jamais ça“ et puis j’ai compris que c’est la clé pour comprendre ces types », dit-il. « Ils [les alpinistes] se retrouvent dans une situation difficile et se disent eux aussi “plus jamais ça” et moins d’une heure après être rentrés chez eux, ils commencent à tourner en rond et se mettent à chercher le prochain sommet. C’est une sorte d’addiction », commente l’acteur. Il remarque néanmoins que la situation extrême qu’a dû affronter Weathers ce jour-là l’a profondément transformé. Ce dernier a été en quelque sorte satisfait de ne pouvoir retourner en montagne, et pas seulement en raison des blessures dont il a souffert. « J’ai l’impression qu’il a trouvé la paix et la tranquillité après cette expédition ; peut-être a-t-il trouvé ce qu’il recherchait et n’avait-il plus besoin [de la montagne]. Je ne veux pas parler à sa place mais on peut penser qu’il n’a plus éprouvé le besoin d’y retourner ». 

Le réalisateur acquiesce : «Ce que Beck relate dans son livre, c’est qu’il était déprimé depuis longtemps. Il cherchait une expérience différente et avait commencé assez tard à pratiquer l’escalade. Lors de l’expédition, il a pris conscience qu’il voulait juste rentrer chez lui, réparer certaines choses et qu’il était trop loin de sa famille. Finalement, il s’est rendu compte qu’il n’avait pas besoin de se rendre au sommet car il avait déjà trouvé ce qu’il recherchait au sein de sa famille ». 

Brolin est néanmoins stupéfait que Weathers ait pu s’en sortir contre toute attente : «Penser à sa famille l’a aidé à s’en sortir », résume-t-il. « On en revient quand même à ce qui est inexplicable : comment a-t-il pu survivre, exposé à des vents de 130 km/h et des températures négatives pendant 18 heures ? Ça dépasse l’entendement ». John Hawkes, comédien chevronné, a incarné ces dernières années au cinéma des personnages extrêmement complexes : citons notamment sa prestation pour laquelle il a été cité à l’Oscar dans WINTER’S BONE ou son interprétation d’un séduisant gourou de secte dans MARTHA MARCY MAY MARLENE et plus récemment son rôle dans le drame THE SESSIONS. Il a rejoint la distribution d’EVEREST pour incarner Doug Hansen, facteur américain. Hansen avait déjà gravi l’Everest en 1995 avec Hall mais avait dû faire demi-tour quelques centaines de mètres avant le sommet. Il y est revenu en 1996 avec le désir d’aller jusqu’au bout de son ascension et, selon certains, c’est le désir de Hall que Hansen y parvienne cette fois-ci qui lui a coûté la vie. 

Comme ses partenaires, Hawkes reconnaît qu’une certaine responsabilité accompagne l’interprétation d’une personne réelle : «C’est assez inhabituel pour des acteurs et cela vous oblige à jouer de façon juste pour les familles et les amis de cette personne », explique-t-il. « En ce sens, on creuse un peu plus les choses. D’un côté, on en apprend beaucoup sur le personnage mais de l’autre, il y a un scénario et il faut trouver le juste milieu entre les deux. Nous avons tous essayé d’en apprendre le plus possible sur les individus que nous avons interprétés : nous avons essayé de rendre compte de cela le mieux possible dans notre travail. J’espère que nous y sommes parvenus ». Hawkes a beaucoup lu sur son personnage et s’est entretenu avec ceux qui l’ont connu : «Hansen était un alpiniste assez inhabituel dans cette expédition car c’était un salarié, un employé de la Poste », remarque Hawkes. « C’était aux dires de tous quelqu’un de facile à vivre et de vraiment gentil. Un bon grimpeur bien qu’il ait eu des problèmes de santé cette année-là, ce qui l’a pas mal ralenti. Mais il était un membre très apprécié de l’expédition, quelqu’un qui aimait les gens et qu’il était agréable de fréquenter ». 

Comme la documentation recelait moins d’informations disponibles sur Hansen que sur les autres personnages, Kormákur s’est entretenu avec Hawkes à propos d’un de ses amis charpentiers qui pouvait ressembler à Hansen. « Doug est un type heureux et facile d’accès. John est très méticuleux et a été précis sur ce qu’il recherchait et du coup mon ami est devenu un peu une source d’inspiration pour le personnage de Doug », déclare le réalisateur. Michael Kelly, plus connu pour ses rôles dans L’ÉCHANGE, L’ARMÉE DES MORTS, QUE JUSTICE SOIT FAITE, L’AGENCE, CHRONICLE, INSAISISSABLES et qui est également célèbre pour avoir incarné Doug Stamper dans HOUSE OF CARDS, incarne l’écrivain et alpiniste américain Jon Krakauer. 

Journaliste et alpiniste aguerri, Krakauer a rejoint l’expédition d’Adventure Consulants cette année-là pour écrire un article sur l’ascension pour le magazine Outside et a atteint le sommet ce même mois de mai. Cinq semaines plus tard, son compte rendu sincère des événements a été publié et le livre “Tragédie à l’Everest” qui porte sur l’expédition est paru plus tard. À la suite de la tragédie, il a publiquement critiqué la commercialisation de l’Everest. Kelley évoque son personnage : «Krakauer est un alpiniste d’une grande technicité qui était à l’aise à une telle altitude. J’aime beaucoup ses livres et pouvoir l’incarner a été un grand honneur », raconte-t-il. 

« J’ai lu ses livres et me suis documenté sur lui du mieux possible. J’ai regardé pas mal d’interviews données suite aux événements de 1996 et cela m’a aidé à l’imaginer durant cette expédition ». En campant un personnage ayant réellement existé, Kelly s’est demandé si la présence de Krakauer, journaliste de profession, avait influencé certaines des décisions prises par ceux sur qui il écrivait lors de l’expédition. Celui-ci avait prévu au départ de grimper avec Mountain Madness et d’écrire sur le secteur des voyages organisés, mais il a fini par rejoindre l’équipe d’Adventure Consultants. 

« Je pense que Rob comme Scott étaient parfaitement conscients du fait d’avoir un journaliste parmi eux », commente Kelly. « Je me demande alors si cela les a poussés à aller un petit peu plus loin. Si l’équipe de Scott était arrivée au bout, et pas celle de Rob, l’article de Jon en aurait forcément parlé : on est obligé de se poser la question ». 

L’actrice japonaise Naoko Mori, célèbre pour le rôle de Toshiko Sato dans la série culte de la BBC TORCHWOOD, incarne Yasuko Namba, connue au Japon pour avoir été la deuxième femme à gravir les sept sommets dont l’Everest, où elle est décédée en 1996 lors de sa descente. Yasuko Namba était une femme d’aff aires qui travaillait à Tokyo pour Federal Express mais sa passion pour l’escalade l’a entraînée dans le monde entier. À 47 ans, elle a été la femme la plus âgée à atteindre le sommet de l’Everest (jusqu’à ce que ce record soit battu plus tard par la Polonaise Anna Czerwinska, à l’âge de 50 ans). Même si elle ne se souvient que vaguement des événements, l’actrice s’est sentie très émue à la lecture du scénario. Elle s’y est plongée un soir alors qu’elle souffrait de décalage horaire et ne comptait lire que quelques pages : «Mais je ne pouvais m’arrêter. En fait, je n’ai pas pu dormir après ça. J’étais complètement bouleversée et perturbée par cette histoire. J’ai été touchée dès le départ. C’est si tragique et enrichissant à la fois : cela m’a donné envie de rendre hommage à sa vie, à son esprit d’aventure et à sa détermination ». Martin Henderson, acteur néo-zélandais qui s’est imposé sur la scène internationale en jouant face à Naomi Watts dans LE CERCLE - THE RING, incarne le guide d’Adventure Consultants Andy “Harold” Harris, décédé lors de cette fatale journée. 

Pour l’acteur, jouer le rôle d’Andy offrait l’opportunité d’émettre une hypothèse sur ce qui a pu lui arriver car les circonstances de sa mort demeurent inexpliquées à ce jour. « C’était la première fois qu’il était guide sur l’Everest, et c’était même la première fois qu’il était guide à une telle altitude. Du coup, cette expédition comptait beaucoup pour lui », explique Henderson. « Il était sociable, c’était un guide patient qui aimait partager son savoir et aider ses clients. On a extrapolé l’idée qu’il était peut-être remonté pour aider Rob, qu’il avait passé un peu de temps avec lui, puis, probablement à cause de l’hypothermie, était tombé de la montagne ». Henderson a rencontré les amis et la famille de Harris pour se préparer à son rôle et, bien qu’il reconnaisse la difficulté qui se pose quand on incarne une personne réelle, il espère que le film permettra également de reconnaître une responsabilité plus diluée des événements : «Avec EVEREST, nous ne mettons personne en accusation mais nous montrons un événement qui a servi à faire évoluer les choses. En tant qu’humains, nous voulons toujours aller plus loin. Mais dans toute aventure humaine, on atteint un stade où quelque chose se passe mal et c’est à partir de là qu’on apprend. C’est d’ailleurs ce qui est tragique mais c’est ainsi qu’on évolue. Cet événement a été très important dans l’histoire de l’Everest : il a enseigné aux alpinistes comment éviter que cela ne se reproduise ». 

Henderson a aimé relever les défis physiques du rôle et a participé à des ascensions avec Jason Clarke en Écosse et en Nouvelle-Zélande. Il a beaucoup apprécié de pouvoir se plonger dans l’univers de l’alpinisme, particulièrement en se retrouvant sur la paroi d’une montagne aux côtés de Clarke : «Nous nous tenions sur un sommet avec des parois à pics partout autour de nous. On ne pouvait apercevoir le pied de la montagne et ce sentiment d’anxiété et de pure terreur nous a submergés. Avec l’alpinisme, on ressent l’excitation et la peur mais on ne peut pas se permettre de céder à ces sentiments si on veut atteindre son but. On doit constamment lutter avec ses émotions afin de rester attentif et prendre les bonnes décisions », se souvient-il. 

L’acteur australien Thomas M. Wright, connu pour son rôle dans la série télévisée THE BRIDGE, joue le guide d’Adventure Consultants Mike Gordon, un des meilleurs alpinistes de haute-altitude. En 1995, il est devenu la quatrième personne au monde à gravir les quatre plus hautes montagnes sans l’aide d’oxygène additionnel et en 1999, il a réussi l’ascension du Malaku, le dernier des « cinq grands » (les cinq plus hautes montagnes au monde). Wright a pu comprendre ce qui anime les alpinistes, notamment grâce à la relation qu’il a nouée avec Groom : «John Hawkes et moi-même avons discuté de la raison pour laquelle nous faisons ce film, alors que David Breashears a déjà réalisé l’excellent documentaire STORM OVER THE EVEREST. Je pense que c’est parce que dans un long-métrage, on peut transmettre au public la puissance des sentiments et des sensations. On peut communiquer au spectateur la sensation d’être cette nuit-là sur le col Sud, pris au piège d’une tempête au milieu de vents violents ». 

Sam Worthington, célèbre pour sa mémorable interprétation dans AVATAR, a rejoint le casting pour jouer Guy Cotter. Ce dernier, dirigeant actuel d’Adventure Consultants et principal guide depuis le décès de Hall, possède une formidable expérience. Il effectuait en mai 1996 l’ascension du Mont Pumori voisin quand il a entendu parler des difficultés qu’affrontaient ses camarades. Jusqu’à ce que l’orage éclate, Cotter avait été en contact radio et visuel régulier avec l’équipe de Hall. Grâce à la participation de Cotter comme consultant principal, Worthington a eu la possibilité d’apprendre à le connaître : «Je n’essaie pas de l’imiter ni de le caricaturer », raconte l’acteur. « Mais il était utile de savoir quels étaient ces sentiments ce jour-là, sa sensibilité, qui il est, comment il aborde son métier et mène sa vie. C’est quelqu’un de très efficace qui aime les choses structurées ». L’acteur comprend tout à fait ce qui pousse les alpinistes à gravir les montagnes les plus difficiles du monde entier : «Je ne suis pas aussi extrême que ces types mais je peux comprendre pourquoi Hillary, quand on lui a demandé pourquoi il souhaitait gravir l’Everest, a répondu “Parce qu’il est là”. Je pense que beaucoup de gens sont dans le même état d’esprit ». Bien sûr, pour Cotter, revivre le drame de 1996 a été difficile : «Je me suis replongé dans ces événements mais pour moi, ils ont eu lieu il y a plus de 20 ans et c’est comme si j’avais déjà assimilé ce qui s’est passé et que j’étais arrivé à passer à autre chose », déclare-t-il. 

« Mais il s’agit d’une histoire vraiment forte qui mérite d’être racontée car elle traite notamment de la manière dont les gens réagissent dans des situations extrêmes et essayent de s’en sortir quand ils sont poussés dans leurs derniers retranchements ». Durant les préparatifs, Cotter a entraîné tous les acteurs : il leur a appris les différentes techniques d’alpinisme et a travaillé particulièrement étroitement avec ceux qui jouent les alpinistes les plus aguerris afin qu’ils soient crédibles à l’écran. Il a été très impressionné par la façon dont les acteurs ont pris à cœur ce projet et les responsabilités qui en découlent : «Je n’avais jamais participé à un projet dans lequel les acteurs s’approprient à ce point leurs rôles… au point d’être très impliqués dans l’écriture du scénario et de vouloir être sûrs d’être au plus près de leurs personnages. Ils ont tous été pleinement conscients de jouer des personnes réelles et pas des personnages de fiction ». 

Dans les rôles secondaires, les producteurs ont bénéficié des participations d’actrices de talent comme Emily Watson dans le rôle du manager du camp de base Helen Wilton et Elizabeth Debicki dans celui du médecin du camp de base, Caroline McKenzie. Enfin, la production a réuni deux autres grandes actrices pour incarner les épouses de Rob Hall et Beck Weathers : Keira Knightley joue Jan Arnold et Robin Wright campe Peach Weathers. Pour Kormákur : «C’est fantastique d’avoir pu faire un film d’alpinisme où les femmes ont une place. Ce n’est pas comme dans ces histoires typiquement masculines dans lesquelles on essaie absolument de caser des femmes. Ici, ce n’est vraiment pas le cas : les femmes font partie intégrante de l’histoire et c’est la réalité. Le drame qui se déroule au camp de base et en même temps dans les foyers [des alpinistes] est une part essentielle de l’intrigue ». Les acteurs sont quant à eux unanimes sur le fait que le réalisateur était la personne rêvée pour les mener au sommet : «J’ai adoré travailler avec Balt », déclare Clarke. 

« Il m’a permis d’exploiter mon énergie et il faut dire que je suis assez obnubilé par le fait d’être vraiment préparé et de connaître exactement les faits. Il a été génial : il m’a aidé à appréhender cette réalité et il m’a poussé à y aller. Il nous a montré la voie en grimpant lui aussi dans les montagnes himalayennes : il était vraiment la personne idéale ». 

Gyllenhaal est sur la même longueur d’onde que son partenaire : «Baltasar est un homme qui aime bien faire les choses à fond : il voulait qu’on affronte les éléments et il nous a poussés dans ce sens. Quand on tourne un film, c’est vraiment fascinant de s’approcher au plus près de la réalité des faits. Il est implacable, ultra-motivé, courageux et parfois un peu dingue. Il ne connaît pas la peur et en même temps, c’est quelqu’un de très sensible et compréhensif ». Hawkes est convaincu que l’expérience du réalisateur lui donnait des compétences innées pour porter EVEREST à l’écran. « Il est islandais et il aime les défis », résume-t-il. « Il aime le froid et les grands espaces et nous aimons plaisanter en disant qu’il est Viking. Il est fort, dur et infatigable même lorsqu’il réalise un film dans les conditions les plus extrêmes». 

Un voyage extraordinaire : du Népal à Pinewood, en passant par les Alpes italiennes 

Certes, un tournage est toujours difficile, mais EVEREST s’est avéré plus exténuant que la plupart d’entre eux. En effet, comédiens et techniciens se sont embarqués dans une production spectaculaire qui est devenue une expédition à part entière. Quand on sait que les équipes étaient réparties entre le Népal, les Alpes italiennes, les studios Cinecittà à Rome et les studios de Pinewood au Royaume-Uni, on comprend que cette aventure hors du commun n’allait pas être une mission de tout repos. La plupart des spectateurs connaissent l’Everest à travers des documentaires, si bien qu’il était essentiel pour Kormákur de surtout s’éloigner de tout naturalisme. Le réalisateur tenait à ce qu’EVEREST soit tourné de manière authentique et donne lieu à un vrai spectacle cinématographique afin que comédiens et techniciens, mais aussi le spectateur, puissent saisir l’immensité de la chaîne montagneuse et s’attache aux parcours de ces personnages réels. 

Dans cette optique, il n’a jamais demandé à ses collaborateurs de faire quoi que ce soit qu’il n’aurait fait lui-même et il s’est tenu à côté de la caméra – au plus près des acteurs – au lieu de rester tranquillement assis à proximité du combo. Le bras droit de Kormákur pendant le tournage a été le chef opérateur Salvatore Totino, collaborateur de Ron Howard sur DA VINCI CODE et ANGES ET DÉMONS, ou encore FROST/NIXON et DE L’OMBRE À LA LUMIÈRE. Ensemble, ils souhaitaient réaliser cette formidable épopée afin de mettre en valeur la beauté somptueuse de la montagne… et les dangers qui menacent tous ceux qui s’y aventurent. Or, il était extrêmement complexe de transporter le matériel sur place pendant le tournage, et Totino a d’ailleurs eu du mal à l’acheminer sur certains sites. D’autre part, il fallait éviter que la caméra ne gèle. 

Par chance, des tentes de réchauffement pour l’ALEXA ont été montées avec efficacité. Le tournage, très ambitieux, a commencé le 14 janvier 2014 à Katmandou avec une équipe réduite. Les scènes étaient tournées à 4870 m d’altitude, ce qui donnait aux comédiens le sentiment particulièrement réaliste des dangers qui guettent à ces hauteurs. « L’altitude vous frappe en plein visage », souligne Clarke. « On part en randonnée, et on se rend compte que l’acclimatation aux lieux démarre au camp de base. En tant que comédiens, on a eu beaucoup de chance de pouvoir nous rendre dans l’Himalaya et on est devenu une bande très soudée ». 

Les acteurs, plus habitués aux palaces et aux caravanes de luxe, ont vite découvert la dureté de la vie en montagne en s’engageant dans les contreforts. Kormákur précise : «L’eau était gelée et on n’avait pas de chauffage dans nos hébergements. On dormait dans des couvertures chauffantes. On pouvait à peine se lever du lit pour aller pisser tellement il faisait froid. Les comédiens n’avaient pas d’assistants : ils devaient marcher jusqu’au plateau et porter eux-mêmes leur matériel ». Brolin évoque ces moments difficiles : «Balt voulait que le film soit aussi réaliste que possible. On travaillait autant d’heures que nécessaire si bien qu’on ne pouvait pas avoir de journée de tournage classique où, quand on entend le signal, on va dans une caravane pour se faire maquiller etc. Je me souviens que j’étais allongé sur mon lit et qu’une épaisse vapeur s’échappait de ma bouche, sans arriver à me rendre compte à quel point j’avais froid. Mais c’était valable pour tout. Pour autant, on avait beau se plaindre, cette expérience nous a plu et nous a soudés ». 

Breashears, qui a passé sa vie à tourner dans des sites périlleux aux conditions climatiques extrêmes, observe : «On s’est tous retrouvés sur place alors qu’on n’avait jamais travaillé ensemble auparavant, et on a aussitôt été plongés dans un tourbillon, dès qu’on a quitté le chaos de Katmandou et qu’on s’est aventurés dans les contreforts de l’Everest. Il fallait qu’on affronte les difficultés liées à une équipe de tournage, dont la plupart des membres ne s’étaient jamais rendus à plus de 4500 m d’altitude. On ne pouvait pas se permettre le luxe de ralentir la cadence, comme le fait un groupe de randonneurs ou d’alpinistes, car nous avions la pression sur les épaules d’abattre énormément de travail chaque jour ». « On avait un minimum de 190 à 200 atterrissages à l’approche de l’Everest pour acheminer les membres de l’équipe et d’énormes charges de matériel jusqu’au sommet de montagnes isolées », poursuit-il. « Comme on gérait les allers-retours en hélico et qu’on ne marchait pas beaucoup, c’était plus difficile de s’acclimater à l’environnement. Cela a totalement surpassé tous les autres dispositifs logistiques que j’ai dû gérer dans l’Himalaya ». 

La productrice Nicky Kentish Barnes souligne : «C’était violent mais cela a formidablement soudé l’équipe ». Après le Népal, la production s’est rendue à Val Senales, au nord de l’Italie, pour tourner sur le glacier Senales avec 180 techniciens originaires du Royaume-Uni, de Nouvelle-Zélande, d’Australie, d’Allemagne, d’Italie, des États-Unis, d’Islande et du Népal. Le tournage, déjà semé d’embûches, est devenu plus difficile encore lorsque l’une des pires tempêtes de neige de toute l’histoire s’est abattue, recouvrant par moments le plateau sous des mètres de poudre blanche. 

Le Chef décorateur Gary Freeman explique : «On montait des tentes à flanc de montagne qui étaient difficiles d’accès par des pistes de 45° de dénivelé. Comme Balt est friand de sites extrêmes, on revenait deux jours plus tard et les tentes avaient disparu, enterrées sous une neige épaisse. Les gens de mon équipe ont fait un boulot formidable en passant leur temps à déterrer le plateau et à le reconstruire ». En raison des risques d’avalanche, qui ont chamboulé le plan de tournage, le glacier a également été fermé pendant plusieurs jours. Lorsqu’il a rouvert, les comédiens, les techniciens et le matériel y ont été acheminés par autoneige, quad de montagne, motoneige et hélicoptère… même si certains ont préféré y accéder par téléphérique et télésiège. Breashears se souvient de ces journées difficiles : «C’était un cadre parfait pour que les acteurs découvrent la vie dans un environnement froid, venteux et en altitude. Ils étaient en extérieurs huit à neuf heures par jour, voire dix, et on travaillait parfois dans l’obscurité ». La région du Tyrol du Sud, dans les Alpes italiennes, était un paysage spectaculaire formidable pour camper l’Everest, bien qu’il y ait là encore plusieurs difficultés à surmonter par l’équipe, comme l’obligation de travailler en haute altitude et de supporter un vent glacial par des températures de -30°. 

Gyllenhaal raconte : «C’était tout simplement extraordinaire d’observer des techniciens à plus de 3600 m d’altitude en pleine tempête de neige transporter du matériel, des Sherpas acheminer d’énormes ventilateurs sur leurs épaules, et des hélicoptères larguer des caméras démontées. Entre-temps, on portait tous du matériel pour l’amener en altitude, on établissait le périmètre du plateau un quart d’heure avant la prise et on installait les caméras à différents angles de vue sur des rochers. J’ai vraiment été subjugué par l’organisation et l’intensité d’un tel tournage ». 

Pour parfaire l’authenticité, la production a fait appel à 11 véritables Sherpas qui ont suivi le tournage depuis le Népal – quittant leur pays natal pour la première fois de leur vie – et se sont rendus dans les Alpes italiennes, puis à Cinecittà et à Pinewood. Breashears évoque leur réaction en découvrant le camp de base reconstitué en studio : «Ils étaient sidérés. Le fait que les Sherpas aient le sentiment de se trouver sur un camp de base en dit long sur la qualité de la reconstitution ». Le producteur Bevan salue leur contribution : «Si la montagne appartient à quelqu’un, c’est bien à eux. Ils font partie intégrante de l’Everest et de la mythologie de l’Everest et, surtout, de l’ascension de l’Everest. Ce sont des héros méconnus car ce sont eux qui portent les charges les plus lourdes ». 

Les Sherpas ont contribué au décor en construisant la cuisine comme ils l’auraient fait sur un véritable camp de base. Ils s’y sont même rendus pour préparer leurs propres repas lorsque l’équipe de tournage travaillait tard et qu’ils se lassaient de la cantine de la production. Il n’était pas rare de les trouver en train de cuisiner un « dal bhat », ragoût de riz aux lentilles traditionnel. La production a ensuite pris ses quartiers dans les studios de Pinewood, où l’équipe Décors a reconstitué plusieurs emplacements connus de l’Everest, comme la cascade de glace de Khumbu, le col Sud, et le sommet, sur le célèbre plateau de James Bond. Le tournage de ces séquences dans un environnement sécurisé était essentiel et a permis à Kormákur d’obtenir les plans qu’il souhaitait sans exposer les comédiens ou les techniciens au moindre danger. 

Pour les costumes, il ne suffisait pas de se rendre dans un magasin d’articles de sport. Les événements dépeints dans le film se sont déroulés il y a près de vingt ans et la technologie a nettement évolué en matière de tenues de montagnes. Le chef-costumier Guy Sperenza évoque trois registres de costumes : un costume pour le quotidien, un autre que portent les hommes entre le camp de base et le camp n°3 (à 7468 m d’altitude) et les tenues prévues pour le sommet, dont une épaisse doudoune. « C’était notre plus gros défi », relève Sperenza. « Il fallait qu’on trouve des doudounes d’époque qui existent en plusieurs versions, car nous avions énormément de cascadeurs et de personnages différents ». Autre difficulté : la chaleur ou plutôt l’excès de chauffage. Si plusieurs scènes ont été tournées en décors naturels et en altitude, la cascade de glace de Khumbu, le col Sud ou le sommet de l’Everest ont été reconstitués dans les studios de James Bond de Pinewood, et les doudounes prévues pour des altitudes de 8840 m auraient été bien trop chaudes pour que les comédiens les portent en intérieur sur un plateau. 

« Au bout du compte, nous avons, pour ainsi dire, créé nous-mêmes les doudounes », explique Sperenza. « Nous avons assigné à chaque comédien une couleur en particulier si bien qu’on pouvait les reconnaître instantanément, même lorsqu’ils portaient des masques à oxygène, des lunettes de ski et des chapeaux ». 

La saison 2014 sur l’Everest a démarré au moment où le tournage s’achevait. Mais le 18 avril, une nouvelle tragédie a frappé : 16 Sherpas ont été tués dans une avalanche. Un énorme bloc du glacier s’est détaché de la montagne le long d’une zone traîtresse – la cascade de glace de Khumbu – où la glace bouge sans cesse et où les crevasses sont nombreuses, ce qui a contraint les autorités à fermer l’accès au « toit du monde » pour la première fois de l’histoire. L’avalanche est la catastrophe la plus meurtrière de l’histoire de la montagne la plus haute du monde. À l’époque, une deuxième équipe était présente au camp de base de l’Everest pour s’acclimater au tournage en altitude. Par chance, aucun technicien n’a été blessé. La tragédie a souligné les risques mortels qu’encourent ceux qui tentent de comprendre cette montagne… et notre vulnérabilité face à elle. 

Merci de joindre vos efforts à Universal Pictures et à la production d’EVEREST pour soutenir les centres de secours aux victimes du tremblement de terre du Népal. Pour en savoir plus, rendez-vous sur www.oxfamamerica.org où vous pouvez faire un don.

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