Affichage des articles dont le libellé est CHRISTINA HENDRICKS. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est CHRISTINA HENDRICKS. Afficher tous les articles

lundi 6 août 2018

STRANGERS: PREY AT NIGHT


Disponible dès le 21 août 2018
En VOD, DVD & BLU-RAY

Rien de tel qu'un petit slasher bien sanglant pour frissonner dans la chaleur de l'été. Celui-ci est bien sympathique (voir mon avis ici) et si vous l'avez loupé au cinéma en avril, alors sa sortie en vidéo est l'occasion de vous rattraper.

Un film de Johannes Roberts
Avec Bailee Madison, Christina Hendricks, Martin Henderson, Lewis Pullman, Damian Maffei



Bande annonce (VOSTFR)


Quelques photos du film




Copyright photos @ TF1 Studio

DVD & BLU-RAY



 
#Strangers #PreyAtNight

Autre post du blog lié au film STRANGERS: PREY AT NIGHT

samedi 14 avril 2018

STRANGERS: PREY AT NIGHT



Epouvante-horreur/Un petit slasher movie plutôt sympa dans son genre

Réalisé par Johannes Roberts
Avec Bailee Madison, Christina Hendricks, Martin Henderson, Emma Bellomy, Lewis Pullman, Damian Maffei, Preston Sadleir...

Long-métrage Américain
Durée: 01h25mn
Année de production: 2018
Distributeur: Paramount Pictures France

Date de sortie sur les écrans américains : 9 mars 2018
Date de sortie sur nos écrans : 18 avril 2018


Résumé : Une famille s’arrête pour la nuit dans un parc de mobile home isolé qui semble complètement désert. Une jeune femme étrange frappe à leur porte…. C’est le début d’une terrible nuit d’horreur : pris pour cible et poursuivis sans relâche par trois tueurs masqués, chacun devra lutter pour sauver sa peau dans un jeu de cache-cache impitoyable.

Bande annonce (VOSTFR)



Ce que j'en ai penséSTRANGERS: PREY AT NIGHT est un slasher movie. Film à petit budget, il s'en sort plutôt bien pour nous faire frissonner. Le réalisateur, Robert Johannes, construit son ambiance pour rendre tout inquiétant. Le moindre mouvement devient suspect et la peur se tapit dans l'ombre. Il ne faut pas chercher une intrigue allant plus loin que le bout d'une lame de couteau tranchante, mais il y a un mini contexte et les enchaînements d'événements sont fluides. On pardonnera les petites impossibilités qui jalonnent le parcours pour apprécier le fait que le réalisateur part d'une situation très clichée pour nous tirer vers l'horreur inspirée d'une histoire vraie(ce qui n'est pas rassurant en soi). 



Les acteurs sont convaincants et ils font ce qu'il faut pour réussir à nous intéresser au sort de la famille prise pour cible. On notera la présence de Christina Hendricks dans un rôle de mère qui ne repose pas sur sa plastique, ce qui est appréciable. 



STRANGERS: PREY AT NIGHT est un petit film d'horreur qui accomplit sa mission d'épouvante. Il n'est pas sans défauts, mais il est aussi étonnamment efficace. Les amateurs du genre et ceux qui veulent découvrir ce type de film apprécieront.

Copyright Photos © Paramount Pictures. All Rights Reserved.

NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

DES PEURS QUI RELÈVENT DE L’INCONSCIENT COLLECTIF

Des tueurs masqués qui harcèlent et tuent sans mobile apparent, des personnages au parcours émotionnel très fort : STRANGERS : PREY AT NIGHT suscite l’effroi avec un style tout particulier. “Faire sursauter le public avec un personnage qui surgit de l’ombre au moment où on s’y attend le moins peut être drôle mais j’avais envie de dépasser cela et de me focaliser avant tout sur la création d’une atmosphère terrifiante. Ici, le spectateur a une longueur d’avance sur les personnages car il est le premier à voir d’étranges rôdeurs à l’écran”, insiste Johannes Roberts, le réalisateur du film. “Quand les protagonistes se retrouvent face à ces assaillants terrifiants qui ne pensent qu’à les tuer, cela provoque une peur psychologique atroce – un sentiment irrationnel d’inéluctable qui rend ce film vraiment effrayant” poursuit le réalisateur. Et la méthode aléatoire avec laquelle ces agresseurs choisissent leurs proies ajoute encore à l’idée insupportable que personne n’est en sécurité. “Ce qui rend ces tueurs intéressants, c’est qu’ils essaient toujours de jouer avec leurs victimes”, ajoute le producteur James Harris. “Voir ces trois inconnus commettre sans motifs apparents des actes gratuits particulièrement atroces est terrifiant, car cela signifie qu’il n’y a pas d’explication rationnelle à un tel comportement. Les victimes se trouvent simplement au mauvais endroit au mauvais moment. Et cela puise dans des peurs qui relèvent de l’inconscient collectif”.

UN HOMMAGE AU CINÉMA D’HORREUR DES ANNÉES 1970 ET 1980

Pour réaliser STRANGERS : PREY AT NIGHT, Johannes Roberts s’est inspiré des ingrédients caractéristiques des films d’horreur traditionnels des années 1970 et 1980. “Je suis un fan inconditionnel de John Carpenter et son film CHRISTINE a largement inspiré ce projet. STRANGERS : PREY AT NIGHT est essentiellement un hommage aux films de John Carpenter et aux grands classiques du genre comme DUEL, NE VOUS RETOURNEZ PAS, HALLOWEEN : LA NUIT DES MASQUES et MASSACRE À LA TRONÇONNEUSE. Ils m’ont tous inspiré d’une façon ou d’une autre. Des clins d’œil à ces œuvres cultes ponctuent délibérément le film et cela me tenait vraiment à cœur”.

DES TUEURS MASQUÉS QUI PORTENT L’HORREUR A SON MAXIMUM

Les tueurs masqués sont l’une des premières sources des sentiments d’horreur et de terreur que propage le film. Pour que ces figures extrêmement inquiétantes fonctionnent complètement, il fallait qu’ils soient incarnés par des acteurs à la hauteur : “Les tueurs devaient être joués par d’excellents comédiens également capables d’exécuter des cascades”, précise Roberts. “Deux des tueurs, Dollface et Pin-up, sont particulièrement joueurs et le troisième a un aspect dégingandé. On voulait des interprètes qui puissent aussitôt faire croire à leurs personnages. On a beaucoup travaillé pour qu’ils atteignent la plus grande des justesses. Et on a trouvé des comédiens qui ont su insuffler leur créativité à ces personnages pour les rendre encore plus effrayants et porter l’horreur à son maximum”.

UNE BANDE-ORIGINALE CENTRALE

Pour Johannes Roberts, la bande originale du film, comprenant la musique composée par Adrian Johnston et d’autres morceaux, est un personnage à part entière du film : “J’étais tombé sous le charme de la musique de Johnston dans I AM NOT A SERIAL KILLER et je l’ai donc contacté moi-même pour ce film, car je savais qu’il insufflerait les bonnes émotions et une certaine sensibilité au projet”, précise le réalisateur. “Il ne s’agit pas d’une musique d’arrière-plan : elle est centrale dans le film. On y retrouve des influences, notamment celle de Carpenter, tout au long de l’histoire. La musique parvient toujours à faire sursauter et à mettre mal à l’aise grâce à des sonorités très fortes et stridentes et ce que j’aime dans cette bande-originale, c’est qu’elle est intimement liée aux émotions des personnages : elle fait en sorte de nous plonger au cœur de cette histoire de survie et c’est de là que naît la véritable horreur, une fois qu’on ressent de l’empathie pour les personnages”.

Même si une partition aux accents forts et au thème identifiable est un élément clé du cinéma d’horreur, le contrepoint des chansons pop des années 1980 qui illustrent les scènes de violence extrême pourrait constituer un choix allant à l’encontre du genre. Roberts a toujours eu en tête l’idée d’une ballade rock pour la scène où Lewis Pullman et l’un des tueurs masqués se battent dans la piscine, mais généraliser ce parti-pris à l’ensemble du film n’a été décidé que lors du montage. “Une fois qu’on s’est attelé à la postproduction et qu’on a passé du Bonnie Tyler sur cette séquence, mon seul et unique choix pour cette scène, il a semblé logique que le camion ne diffuse que de la musique des années 1980 tout au long du film. Ça se marie vraiment bien avec ma façon de filmer”, précise Roberts. “Johannes est un immense fan de Jim Steinman”, précise le producteur James Harris, “et c’est ce qui a inspiré cette idée. Une fois qu’on a obtenu le morceau ‘Total Eclipse of the Heart’, il semblait logique de faire tout le film comme ça. Ça le démarque des autres films d’horreur et c’est la musique qui a bercé notre adolescence. Je pense que la scène de la piscine sur la musique de Bonnie Tyler est l’une des meilleures illustrations musicales que j’aie récemment vue au cinéma”.

La musique des années 1980 est l’un des aspects les plus marquants du style du film. Mais elle est aussi une occasion supplémentaire de mettre encore plus mal à l’aise le spectateur. “C’est toujours amusant de juxtaposer une chanson pleine d’entrain sur une séquence vraiment terrifiante”, déclare Roberts. “Je pense que ce qui est intéressant dans cette musique, c’est à quel point certaines scènes deviennent agréables ou glaçantes”. Le superviseur musical Phil Canning estime lui aussi que c’est le renversement des attentes qui s’avère dérangeant : “Il y a quelque chose de proprement terrifiant à ce que cette musique pop entraînante accompagne la terreur et les meurtres. Cette musique très mélodieuse donne au spectateur l’impression faussement rassurante qu’il est en terrain connu avant de le plonger brusquement dans l’inconnu et de lui faire connaître une peur telle qu’il n’en a jamais rencontrée”. Le contraste accentue encore l’effet de vertige que ressent le public en regardant le film : “Je pense que ça entraîne les gens dans un registre différent et ça donne à l’horreur une nouvelle dimension”, ajoute Harris.

Contrairement à la plupart des films, ces chansons sont très présentes à l’écran et elles finissent par incarner la signature des meurtriers, soulignant davantage encore la vacuité de leurs crimes : “Leur attitude – tuer et terroriser sans raison – est incompréhensible et leur musique pop-rock accentue encore plus leur indifférence : ils font ce qu’ils ont prévu de faire en écoutant leur musique préférée”, détaille Canning.

Il faut préciser que toutes ces chansons rappellent des souvenirs personnels à Roberts. “En regardant ce film, on passe en revue ma discographie d’enfant”, ajoute-t-il. “J’adore tous les morceaux mais mes préférés sont les deux de Jim Steinman : ‘Total Eclipse of the Heart’ et ‘Making Love Out of Nothing at All’. Les séquences dans lesquelles ces morceaux sont diffusés prennent une dimension quasi lyrique. J’ai toujours aimé la musique répétitive : j’ai l’impression qu’un thème musical qu’on entend plusieurs fois accentue les émotions par un effet boule de neige. Carpenter est bien évidemment un maître en la matière et Adrian s’en est inspiré pour la musique, mais Jim Steinman le fait aussi très bien. J’adore le chœur à la fin de la chanson ‘Making Love…’ qui est répété encore et encore à la fin du film. Ça contribue à l’horreur d’une façon originale et – je trouve – assez belle aussi”.

LE CAMION DE L’ANGOISSE

Une des plus grandes sources d’inspiration de Johannes Roberts est l’étrange voiture dotée d’une âme du film CHRISTINE de John Carpenter. Autant dire que le camion présent dans STRANGERS : PREY AT NIGHT n’est pas là par hasard !

“C’est le camion qui m’a attiré vers ce projet ! Il est comme un personnage à part entière”, raconte Roberts. “J’ai vraiment mis l’accent sur ce camion pour exagérer le côté spectaculaire de la situation. Quand on sait qu’un des tueurs est au volant, le camion s’anime et on dirait que lui aussi harcèle la famille et essaie de la tuer”.

UN LIEU ET UN CADRE IDÉAUX POUR LA TERREUR

Pour les producteurs, il était capital de dénicher le lieu idéal pour instaurer une atmosphère parfaitement terrifiante : un espace enclavé et fermé, totalement éloigné de toute civilisation pour accentuer la terreur liée à la solitude et à la menace qui se rapproche. “Le plus grand défi du film a sans doute été de repérer l’endroit où tourner”, reconnaît Harris. “On ne voulait pas utiliser un parc de mobile homes classique car ça aurait été trop petit. On avait besoin d’un espace plus vaste, à mi-chemin entre le camp de vacances et le parc de bungalows mais ça n’existe pas. On a donc trouvé un terrain et créé le parc de A à Z”.

Pour mettre en scène cette dimension horrifique de manière efficace, il a également fallu tourner de nuit. “L’essentiel du film a été tourné la nuit, ce qui est en soi un cauchemar logistique”, détaille Harris. “Quand on tourne de nuit, il est parfois difficile de maintenir le niveau d’énergie de l’ensemble de l’équipe. Dans le même temps, c’est la course contre la montre avant que le jour ne se lève. Le tournage a eu lieu en juillet, quand l’obscurité est limitée et on avait l’impression d’être constamment minuté, mais on ne peut pas lutter contre la nature et quand la lumière arrive, il faut l’accepter”.

LES FLAMMES DE L’ENFER

Il fallait bien un brasier de flammes et les ravages qui vont avec pour compléter le tout : “Mes séquences préférées sont sans doute celles où le camion est en flammes ou semble sur le point d’être détruit”, constate Harris. “Malgré la présence des formidables cascadeurs et spécialistes d’effets spéciaux sur le plateau, à chaque fois, on n’est jamais sûr de rien. Il n’y a aucun moyen de voir ce que ça rendra avant que le réalisateur ne crie ‘Action !’ Tout ce qu’on sait, c’est qu’il va y avoir du feu et des explosions et c’est vraiment passionnant d’être là à attendre et de voir le résultat”.

C’est le chef cascadeur Cal Johnson qui a bravé les flammes et exécuté les cascades du camion. Dans une séquence époustouflante de pyrotechnie, Johnson a même eu l’honneur de doubler l’un des tueurs. “Dans l’une des scènes, on a dû emboutir l’arrière d’une voiture de police à environ 60 km/h”, déclare Johnson. “Puis, on a démonté la voiture de police et installé l’actrice à l’intérieur de façon à ce que le camion puisse s’arrêter à son niveau et la provoquer un peu. La voiture est totalement hors d’état de rouler, elle y lance une allumette et met le feu aux deux véhicules alors que je semble être à l’intérieur. Une fois que le camion est en feu et que je suis à l’intérieur en train de le conduire, elle court le long de la route et je commence à la poursuivre. On arrive à un croisement et là encore, je l’encercle avec le camion pour l’effrayer encore plus. C’est une scène vraiment efficace”.

STRANGERS, CHAPITRE 2 !

“STRANGERS : PREY AT NIGHT s’inspire directement du film THE STRANGERS de Bryan Bertino, tourné il y a dix ans avec Liv Tyler et Scott Speedman”, explique le réalisateur Johannes Roberts. “J’ai adoré ce premier film et les idées de mise en scène de Bryan Bertino”.

Comme dans le premier film, les personnages principaux de STRANGERS : PREY AT NIGHT ne sont pas qu’un simple prétexte pour jouer avec l’hémoglobine et l’horreur. “THE STRANGERS se démarquait déjà du genre, qui repose souvent sur une intrusion dans une maison, en construisant une relation entre les personnages – et c’est ce qui rendait d’autant plus effrayante l’arrivée d’intrus dangereux venus les terroriser”, raconte le producteur James Harris. “Ici, on a une fois encore voulu que les spectateurs s’attachent aux personnages dès le départ, car sinon ils se moquent totalement de les voir mourir. C’est un élément essentiel pour rendre le suspense plus intense et exacerber les peurs”.

Bien que les deux films adoptent des approches similaires par rapport aux personnages principaux et mettent en scène des tueurs, les décors et l’intrigue sont différents. “ STRANGERS : PREY AT NIGHT est un film à plus gros budget et de plus grande envergure”, explique Harris. “On a pris les mêmes psychopathes que dans le précédent film et on a changé de scénario, impliquant cette fois-ci toute une famille qui se retrouve dans une situation similaire. Et au lieu d’être circonscrite à un espace clos, l’histoire se déroule en extérieur dans un parc à mobile homes avec plus de cascades, plus d’action et de problèmes de logistique”.

CHRISTINA HENDRICKS (CINDY, LA MÈRE) :

« Je ne sais pas si on peut vraiment se préparer pour ce type de scènes »

“Christina Hendricks est la première à avoir accepté de participer au film. Elle avait adoré le premier film et elle s’est jetée sur le rôle de Cindy, la mère de famille. C’était merveilleux de travailler avec elle. Elle a vraiment une forte personnalité” déclare Johannes Roberts.

L’actrice, plusieurs fois nommée aux Emmy Awards pour la série MAD MEN, n’a pas hésité une seconde avant de rejoindre le projet. “L’un de mes agents m’a dit qu’ils avaient reçu une proposition pour ce rôle mais qu’ils ne savaient pas si ça m’intéresserait”, se souvient Christina Hendricks. “Quand j’ai entendu le titre du film, j’ai tout de suite accepté, parce que j’avais adoré THE STRANGERS ! C’est l’un des films les plus effrayants que j’aie jamais vus. Et comme j’adore le cinéma de genre, je trouvais ce projet dément et exaltant”.

Pour son interprétation, l’actrice a vu en Cindy une mère aimante qui tente désespérément de se rapprocher de ses enfants devenus adolescents. “Cindy est mère de deux ados qui traversent une période difficile”, souligne-t-elle. “Elle aime ses enfants, elle ne sait pas toujours quoi faire mais elle est prête à tout quand il s’agit de les aider”.

Pour Christina Hendricks, la complicité entre les acteurs a permis de créer une atmosphère familiale sur le plateau. “On s’est immédiatement sentis très proches les uns des autres. Et on s’est aussi beaucoup appréciés, ce qui a suscité cette formidable impression de dynamique familiale”.

Pour provoquer en elle la peur qu’éprouve son personnage, l’actrice a décidé de lâcher prise et de laisser les événements se dérouler sans chercher à les maîtriser. “Il y a eu des moments vraiment flippants sur le plateau”, déclare Christina Hendricks. “Bien sûr, tous les fans du précédent film connaissent la célèbre scène dans laquelle l’un des hommes masqués frappe à la porte et dit, ‘Salut ! Est-ce que Tamara est là ?’ Ça me donne toujours la chair de poule. Du coup, dans notre réinterprétation de ce passage et pendant les répétitions, j’étais galvanisée et effrayée à la fois de vivre ce moment”. “

Mais pour être honnête, je n’ai pas lu tout le scénario, ce qui ne m’est jamais arrivé avant”, confie l’actrice. “J’adore tellement le premier film que je voulais vivre les mêmes sensations sans filtre, comme les spectateurs en regardant le film. En plus, je ne sais pas si on peut vraiment se préparer pour ce type de scènes. Il faut surtout vivre l’instant et en tirer le maximum”.

D’autre part, Christina Hendricks a trouvé que le postulat de départ du film était en lui-même terrifiant. “Le plus affreux, c’est de ne pas savoir qui sont ces hommes et de devoir accepter le fait que leurs actes n’ont pas l’air motivés par quoi que ce soit de rationnel – c’est ça qui est effrayant. Un homme ou une femme qui agit comme ça, en suivant ses pulsions, est bien plus terrifiant qu’un individu qui prend le temps de préméditer un meurtre”.

L’actrice a déjà été victime d’un inconnu qui s’est infiltré chez elle. “Dans la vie, j’ai déjà vécu une expérience similaire, puisque quelqu’un a essayé d’entrer chez moi par effraction pendant que j’y étais et c’était horrible”, se souvient-elle. “Même si on connaît les moindres craquements de sa maison, tout à coup on perçoit un bruit inhabituel. Et le sentiment éprouvé à la vue d’une silhouette passant par la fenêtre est terrible. Je pense que c’est pour ça que ce film me terrifie autant – j’ai peur qu’une personne en apparence normale décide de m’agresser. Il ne s’agit pas d’un conflit moral, ni d’une créature venue d’ailleurs. Ça n’a rien de surnaturel. C’est littéralement quelqu’un qui surgit pour vous terroriser. C’est ce qui me terrifie”.

BAILEE MADISON (KINSEY, LA FILLE) :

« Ce film donne envie de se battre aux côtés des personnages »

Bailee Madison tient le rôle de l’adolescente rebelle, Kinsey, qui a du mal à trouver sa place. “Kinsey est une adolescente très entière, un peu farouche, qui se sent totalement différente de sa famille mais qui a envie que ça change”, explique la jeune actrice. “Elle veut se rapprocher de ses parents et de son frère et sentir qu’elle a sa place dans cette famille. Mais elle a perdu tout espoir et estime que toute tentative en ce sens est vouée à l’échec. Du coup, elle se forge une carapace qui empêche sa famille de se rapprocher d’elle et face aux difficultés qu’elle rencontre et aux obstacles épouvantables qu’elle doit surmonter, elle découvre ce qui compte dans la vie et ce qui vaut la peine de se battre”.

Dès que Bailee Madison a lu le script, elle a su que c’était le genre de film d’horreur qu’elle avait envie de tourner en raison de sa dimension plus humaine que d’habitude. “Ce n’est pas le premier scénario de film d’horreur que je lis et dans lequel les personnages sont projetés dans des histoires totalement inhumaines et abominables. Ces scénarios y perdent souvent en humanité et empêchent parfois de s’attacher aux personnages”, analyse-t-elle. “ STRANGERS : PREY AT NIGHT réussit justement, dès le début, à vous entraîner dans la vie de ces gens et à vous donner envie de vous battre à leurs côtés. C’est le genre de films d’horreur qui me captive et me touche et c’est pour ça que ce projet me tenait tellement à cœur et que je voulais y participer”.

Grâce à ce tournage, l’actrice a aussi été en mesure d’affronter ses pires angoisses. “Tourner dans STRANGERS : PREY AT NIGHT a été une expérience qui m’a glacé le sang”, fait-elle remarquer. “Je déteste voir des gens porter des masques. Je suis incapable d’assister à des fêtes d’Halloween, je déteste avoir peur et sursauter, je déteste les labyrinthes et je me mets souvent à pleurer dans les parcs d’attraction. Quand j’ai accepté de faire ce film, certains de mes amis m’ont dit, ‘Tu te rends compte que tu as signé pour un film qui va te confronter à tes plus grandes peurs, non ? C’est ton pire cauchemar dans une énorme pochette surprise’. Ce à quoi j’ai répondu, ‘Oui, je suis prête affronter ça’. Mais la première fois que j’ai vu les tueurs masqués, je suis devenue toute pâle. J’ai d’ailleurs été désagréable envers eux tellement j’ai eu peur !”.

Au cœur de cet environnement terrifiant, Bailee Madison s’est protégée grâce à son propre humour. “Christina et moi avons eu très peur quand ils nous ont enfermées dans la salle de bain”, se rappelle l’actrice. “Dollface cognait à la porte et j’ai dit à Christina, ‘Bon sang, c’est de la folie’. À ce moment-là, on s’est regardées en disant, ‘On est en train de tourner un film d’horreur vraiment effrayant’ et on a rigolé”.

Peureuse en apparence, Bailee Madison n’a pourtant pas manqué de courage sur le tournage et a réalisé elle-même toutes ses cascades. “Toutes les cascades du film ont été démentes à réaliser”, raconte l’actrice. “Cal Johnson, le chef cascadeur, a été formidable. Au départ, il ne voulait me laisser faire que les cascades qu’il jugeait sans danger, mais je voulais toutes les faire sans exception ! J’ai plusieurs blessures de guerre pour le prouver. J’ai été un peu malmenée mais ça valait le coup, j’adore faire ça”.

LEWIS PULLMAN (LUKE, LE FILS) :

« La séquence de la piscine restera certainement l’une des plus mémorables »

Lewis Pullman campe Luke, l’enfant prodige et frère aîné de Kinsey. “Lewis possède un charme inné”, indique Harris. “Quand Bailee Madison et lui se sont retrouvés ensemble, ils avaient vraiment l’air d’être frère et sœur”.

Ils s’étaient déjà rencontrés une première fois à Los Angeles avant le tournage et s’étaient immédiatement bien entendus. Ayant déjà travaillé sur un autre projet avec le père de Lewis, l’acteur Bill Pullman, Bailee Madison a tout de suite compris qu’ils allaient être complices. “Je l’ai immédiatement apprécié”, dit-elle, en évoquant sa première rencontre avec le jeune Pullman.

Une fois sur le plateau, Lewis Pullman a mieux compris son personnage et son rôle de médiateur entre Kinsey et leurs parents : il est au cœur des rapports familiaux. “Luke est constamment pris entre deux feux et c’est ce qui fait de lui un personnage auquel on peut s’identifier. Je crois qu’il y a un Luke dans toutes les familles”, déclare l’acteur. “Quand le public rencontre cette famille pour la toute première fois, c’est dans un de ces moments où Luke commence à en avoir assez de jouer les médiateurs de la famille, ou du moins de faire tampon entre Kinsey et leurs parents. Luke est un bon garçon qui se retrouve dans une position qui n’est pas des plus faciles. Une fois que les tueurs entrent en scène, tout bascule : au lieu ‘d’aider sa sœur à gérer ses problèmes’, il doit maintenant ‘aider sa sœur à rester en vie.”

En matière de scènes d’action, Pullman a trouvé que l’affrontement au bord de la piscine entre son personnage et l’un des tueurs masqués, campé par Damien Maffei, a été l’une des scènes plus impressionnantes à tourner. “La séquence de la piscine restera certainement l’une des plus mémorables. Ça a été un sacré défi et aussi l’une des scènes les plus effrayantes du film”, se rappelle-t-il. “Damien est parfaitement conscient que son visage est masqué, il se sert donc de sa présence physique. Quand il se jette sur moi avec sa hache, c’est sa gestuelle qui m’a fait le plus peur”.

Pour Pullman, le parc de mobile homes est un décor tout aussi terrifiant que les méchants eux-mêmes. “Je me suis retrouvé à avoir peur à de nombreuses occasions sur ce plateau. Le décor est inquiétant et devient presque un personnage à part entière. Ryan Samul, le directeur de la photographie, a vraiment réalisé un éclairage flippant et en a fait un espace de jeu à la fois magnifique et angoissant”, note l’acteur. “Les ombres y sont plus inquiétantes et la lumière y est plus violente. Ce contraste ajoute encore au mystère et cet entre-deux, comparable à une sorte de purgatoire, reflète parfaitement l’identité de ces psychopathes”.

Comme ses partenaires, Pullman a apprécié de travailler sous la direction de Roberts. “Collaborer avec Johannes a été un vrai plaisir pour moi et je crois que ça a été le cas pour tout le monde. Il a le même engouement qu’un garçon de douze ans sur un parcours de paintball, si bien qu’il s’emballe pour quasiment toutes les scènes. C’est impossible de ne pas partager son enthousiasme contagieux”, reconnaît-il.

MARTIN HENDERSON (MIKE, LE PÈRE) :

« J’ai été vraiment choqué à la lecture du scénario »

C’est Martin Henderson qui incarne Mike, l’homme fort de la famille. “Enfant, j’ai grandi en regardant SHORTLAND STREET, une série culte dans laquelle jouait Mark”, se souvient Johannes Roberts. “Il est très drôle, décontracté et relax. C’est le père idéal”.

Ayant également participé au film d’horreur LE CERCLE - THE RING, Henderson a apprécié que STRANGERS : PREY AT NIGHT se concentre sur un tout autre type d’adversaire : “Je pense que ce qui m’a frappé, c’est l’atmosphère après le premier meurtre, quand on comprend qu’il n’y a là rien de personnel. Ces tueurs masqués se font tout simplement plaisir en tuant, assistent passivement à l’agonie de leurs victimes, ne profèrent pas de menace, ne s’en réjouissent pas et n’ont ni volonté de vengeance ni de motivation personnelle – et c’est justement ce qui m’a horrifié”, explique l’acteur. “Je ne regarde pas beaucoup de films d’horreur et ce scénario était le premier du genre depuis longtemps et à sa lecture j’ai été vraiment choqué. Il y a des rebondissements inattendus dans le film, mais il y a surtout quelque chose de profondément choquant et violent dans chacun des meurtres car ils sont parfaitement absurdes et gratuits”.

En ce qui concerne les tueurs, c’est surtout leur absence de mobile qui a frappé l’acteur : “Il semble impossible de comprendre pourquoi ces inconnus se comportent comme ça. Je pense que c’est leur totale indifférence qui rend le film aussi tétanisant. Ils n’ont aucune motivation, hormis le désir de tuer. Et comme on n’a pas l’occasion de découvrir qui se cache derrière ces inconnus masqués, on ne comprend pas leurs mobiles. Je pense que c’est cette ambiguïté totale et la dimension énigmatique du film qui le rendent aussi glaçant. C’est totalement gratuit et on prend conscience que ces personnages sont juste à la merci d’un phénomène aléatoire, qu’ils n’ont même pas provoqué”.


Henderson a apprécié le travail d’équipe que Roberts a mis en place sur le plateau. “Il est d’une grande souplesse car il sait exactement ce qu’il veut mais il n’hésite pas à explorer d’autres pistes pour voir si elles sont plus adaptées. En tant qu’acteurs, c’est ce qui nous permet de participer à la fabrication du film”, explique-t-il. “Il est toujours ouvert à de nouvelles idées et ça stimule notre créativité”.

 
#Strangers #PreyAtNight

mercredi 8 avril 2015

Back to the present


Thriller/Drame/Pas mal mais un peu décevant

Réalisé par Gilles Paquet-Brenner
Avec Charlize Theron, Nicholas Hoult, Chloë Grace Moretz, Tye Sheridan, Corey Stoll, Christina Hendricks...

Long-métrage Américain/Français
Durée : 1h53m
Année de production : 2015
Distributeur : Mars Distribution

Date de sortie sur nos écrans : 8 avril 2015


Résumé : 1985. Libby Day a huit ans lorsqu’elle assiste au meurtre de sa mère et de ses sœurs dans la ferme familiale. Son témoignage accablant désigne son frère Ben, alors âgé de seize ans, comme le meurtrier. 30 ans plus tard, un groupe d’enquêteurs amateurs appelé le Kill Club convainc Libby de se replonger dans le souvenir de cette nuit cauchemardesque. De nouvelles vérités vont émerger, remettant en cause son témoignage clé dans la condamnation de son frère.

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : Le casting de ce thriller et le fait que l'histoire s'inspire du roman LES LIEUX SOMBRES de l'auteur de GONE GIRL, Gillian Flynn, m'avait rendue impatiente de le découvrir. Ce sont les raisons pour lesquelles je suis allée à l'avant-première de DARK PLACES au Gaumont Opéra Capucines, à Paris, le mardi 31 mars 2015.
L'actrice Charlize Theron, l'acteur Nicholas Hoult, l'auteur Gillian Flynn et le réalisateur Gilles Paquet-Brenner ont fait le déplacement pour venir nous dire quelques mots avant la projection :


Peut-être que mon attente était trop importante par rapport à ce long métrage. Il n'est pas mal mais j'ai été un peu déçue dans l'ensemble.
Pour les points positifs, j'ai aimé le cadre de l'intrigue. L'enquête est relancée par le biais d'un club qui s'intéresse aux meurtres. C'est grâce à leur intervention que le personnage principal, Libby Day, va affronter son passé.
L'histoire est assez complexe pour donner envie aux spectateurs de connaître la fin.
Charlize Theron, dans le rôle de Libby, porte le film sur ses épaules et elle assure dans ce rôle de femme immature car bloquée sur un moment dramatique de son enfance.




Par contre, j'ai trouvé dommage que le personnage de Nicholas Hoult, qui interprète Lyle et joue très bien, ne soit pas mieux exploité.



Les échanges entre les personnages ne sonnent pas toujours justes. Cela dessert la crédibilité et l'intensité attendue dans les relations qu'ils entretiennent.
Je n'ai pas aimé qu'il y ait beaucoup de scènes se situant dans le passé. Je trouve que cela limite l'intérêt vis-à-vis des protagonistes dans le présent car notre attention est trop détournée d'eux.



Enfin, j'ai trouvé le film bavard. Il y a beaucoup de dialogues. Ils semblent allonger le temps jusqu'au moment où l'intrigue se délie. 
DARK PLACES est un film bénéficiant d'un bon casting et d'une intrigue solide placée dans un cadre original, mais il contient des longueurs qui empêchent la tension de se maintenir sur toute sa durée. Si vous avez envie de voir un thriller, il fera l'affaire mais n'ayez pas d'attentes trop élevées.


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)

ENTRETIEN AVEC
GILLES PAQUET-BRENNER

COMMENT AVEZ-VOUS DÉCOUVERT LE LIVRE DE GILLIAN FLYNN ?

J’ai découvert Les Lieux sombres au printemps 2010, alors que j’étais en postproduction de ELLE S’APPELAIT SARAH. Je l’ai lu d’une seule traite, sans pouvoir le lâcher. Avec Stéphane Marsil, mon producteur, on recherchait un projet « américain », mais qui puisse correspondre à une sensibilité européenne. À notre grande surprise, les droits étaient libres et on s’est lancé dans un processus compliqué pour les acquérir. Car, bien entendu, en tant que Français, nous n’étions pas spécialement attendus. Mais lorsque SARAH a été annoncé au Festival de Toronto et a connu une carrière internationale, j’ai eu l’opportunité de m’entretenir directement avec Gillian Flynn et je lui ai envoyé un DVD de SARAH dans la foulée en juillet 2010. Après avoir regardé le film, elle a accepté. 

QU’EST-CE QUI VOUS A SÉDUIT DANS LE LIVRE ?

J’ai été très sensible à l’équilibre entre un vrai thriller qui vous tient en haleine, et la peinture sociale d’une certaine Amérique. En effet, une bonne partie de l’histoire se déroule dans les années 80, à l’époque de la grande crise agricole. Pour moi, il y avait une résonance très actuelle avec l’Amérique d’aujourd’hui et les innombrables saisies immobilières qui ont découlé de la crise de 2008. On retrouve également des thèmes chers à Gillian Flynn, comme l’exploitation médiatique d’un événement tragique et ses apparences trompeuses. Il y avait là le moyen de réaliser un film avec deux niveaux de lecture : le premier, un thriller haletant et efficace qui devrait ravir les fans de mystère, et le second offrant une réflexion sur la famille, la religion, et les rapports de classe dans la société américaine.

COMMENT VOUS ÊTES-VOUS APPROPRIÉ LE ROMAN ? QUELS CHANGEMENTS AVEZ-VOUS APPORTÉS DANS LE SCÉNARIO ?

Je ne pense pas avoir changé l’ADN du livre, même s’il y avait des choix à faire dans l’adaptation. La structure est la même : on oscille entre passé et présent, dispositif dont j’étais familier avec SARAH. Le plus grand changement concerne sans doute Libby, la protagoniste : Charlize Theron, qui l’incarne, est physiquement à l’opposé du personnage décrit dans le roman. Mais la perspective de travailler avec une actrice de son calibre était une occasion immanquable. Du coup sa personnalité a donné une couleur différente à Libby, mais on l’a fait avec l’assentiment de Gillian, qui considérait à juste titre que Charlize correspondait en réalité très bien à l’essence du personnage, même si on est passé d’une petite souris énervée à une grande amazone à la colère froide. Gillian m’a également emmené à Kansas City et dans ses environs, où se passe l’histoire, pour que je m’imprègne du monde dont elle parle dans ses livres.

PARLEZ-MOI DU PERSONNAGE DE LIBBY. EST-CE UNE JEUNE FEMME QUI S’EST ENFERMÉE DANS SA PROPRE REPRÉSENTATION DU MONDE ET DE LA RÉALITÉ ?

Tout à fait. C’est un personnage qui s’est considéré toute sa vie comme une victime – ce qu’elle est par ailleurs – mais qui est rongée par un phénomène totalement inconscient : elle se demande si les événements qui ont brisé son enfance et envoyé son frère en prison se sont vraiment produits tels qu’elle les a décrits. Elle s’est construit sa vision du monde sur cette énigme non résolue, et la dernière chose qu’elle souhaite, c’est qu’on rouvre l’enquête. C’est un processus d’une violence abyssale pour elle : la perspective de se replonger dans ses mensonges potentiels est une souffrance d’une brutalité féroce. D’ailleurs, l’excuse qu’elle se trouve pour ré-enquêter sur les meurtres, c’est de se faire payer. Mais plus profondément, elle est dans une telle impasse psychologique que pour sa survie mentale, elle est obligée d’aller puiser au fond d’elle-même pour affronter la vérité. 

QU’EST-CE QUE LE « KILL CLUB » ?

Pour moi, c’est une sorte de Comic-Con pour les fans de meurtres célèbres qui reflète assez bien la culture de fanboys dans lequel le monde est plongé aujourd’hui. D’ailleurs, rien que l’idée de pouvoir être « fan » d’un meurtre est en soi fascinante. Il s’agit d’un groupe d’amateurs qui étudient des crimes célèbres, et qui organisent des jeux de rôle à partir de ces meurtres. Parmi eux, il y a ceux qu’on appelle les « élucideurs », des détectives amateurs qui pensent que certains crimes n’ont pas été résolus, ou qu’ils ont été mal résolus, et essaient de rétablir la vérité.

LE FILM A-T-IL ÉTÉ DIFFICILE À FINANCER ?

Oui, parce qu’il est sombre et complexe. Sans oublier le fait qu’il s’est monté avant la parution de Gone Girl – et donc du succès de l’adaptation de Fincher. Lorsque mon agent américain m’a demandé ce que je pensais de Charlize Theron, j’étais un peu incrédule. Pour moi, c’était plus une bouteille à la mer qu’une perspective vraisemblable. Or, il se trouve qu’elle a aimé le projet : il faut dire qu’elle travaillait depuis des mois en Namibie sur le tournage de MAD MAX, et l’idée de faire un film indépendant lui a plu. Du coup, après avoir obtenu son accord, on a commencé à tourner en août 2013. Si le film a mis du temps à sortir, c’est qu’on a eu une postproduction très longue : le montage s’est étalé sur 15 mois, car il nous a fallu un bon moment pour trouver le juste équilibre dans la narration. On a donc laissé reposer le film quelques mois, et on l’a achevé fin janvier 2015.

COMMENT AVEZ-VOUS CHOISI LES COMÉDIENS ?

Avec plusieurs rôles intéressants, il y avait l’opportunité d’un beau casting choral. Et dès lors que Charlize a signé, cela a suscité un véritable engouement pour le script. Nicholas Hoult avait tourné dans MAD MAX avec elle, ce qui a facilité les choses. Chloé Moretz est l’une des meilleures de sa génération : elle possède cette capacité à être dans l’emphase tout en restant dans son personnage et en le gardant crédible. Quant à Tye Sheridan, après l’avoir vu dans MUD, il s’est imposé comme une évidence. Le plus étonnant concerne Christina Hendricks, qui devait au départ jouer un petit rôle. Elle est donc venue sur le plateau pour faire des essais maquillage et coiffure, et il se trouve que l’actrice censée camper la mère nous a fait faux bond. Du coup, de strip-teaseuse junkie, Christina s’est retrouvée à interpréter magnifiquement cette fermière mère de quatre enfants… Le hasard fait parfois bien les choses.

L’APPROCHE DE LA DIRECTION D’ACTEURS ESTELLE TRÈS DIFFÉRENTE AVEC DES COMÉDIENS AMÉRICAINS, OU ANGLO-SAXONS, ET DES COMÉDIENS FRANÇAIS ?

Oui et non. Il y a des choses qui sont un peu différentes culturellement. Mais globalement, aux États-Unis ou en France, un tournage se définit avant tout comme un groupe de gens unis autour d’une passion pour un projet. Charlize est assez accessible dans la vie de tous les jours, et vous met à l’aise. J’ai donc eu de la chance. Par ailleurs, il s’agit d’un film qui reste dans une économie que je connaissais, et l’ambiance était plutôt familiale, proche d’une production française.

AVEZ-VOUS AIMÉ JOUER AVEC LES CODES DU THRILLER ? QUELLES ONT ÉTÉ VOS INSPIRATIONS ?

Le livre s’inscrit dans un genre qui s’appelle l’American Gothic. Le roman a par ailleurs été comparé par de nombreux critiques américains à De Sang-froid de Truman Capote. Ce qui m’intéressait, c’était d’osciller entre film noir et représentation réaliste. J’ai alors regardé beaucoup de films, la plupart en noir & blanc, comme LA NUIT DU CHASSEUR - pour son univers onirique qui nous éloigne d’une objectivité totale, et LES RAISINS DE LA COLÈRE pour sa description de la pauvreté dans l’Amérique rurale de la Grande Dépression, mais je me suis aussi inspiré de l’expressionnisme allemand pour son travail sur les ombres et le cadre, notamment la place de l’homme dans son environnement.

VOUS AVEZ TRAVAILLÉ AVEC LE CHEF OPÉRATEUR DE KEN LOACH ET DE PAUL GREENGRASS. QU’EST-CE QUI VOUS INTÉRESSAIT DANS SON TRAVAIL ?

Il est connu pour une forme d’ultra-réalisme, alors que je voulais être dans un registre plus opératique et onirique. Il y avait donc une synthèse inattendue et ambitieuse à tenter. On s’est pas mal parlé, et il a signé une photo différente de ce qu’il fait d’habitude, même si son parti-pris réaliste survit. Au bout du compte, on est dans une forme de néo-noir réaliste. DARK PLACES est à la fois un thriller gothique, un film noir, une tragédie humaine et familiale. C’est cette richesse qui m’a passionné et que j’ai essayé de retranscrire à l’écran. 

ENTRETIEN AVEC 
GILLIAN FLYNN

À QUAND REMONTE L’ÉCRITURE DE DARK PLACES [PUBLIÉ EN FRANÇAIS SOUS LE TITRE LES LIEUX SOMBRES, NDT] ?

J’ai démarré ce livre en 2007 ou 2008, et il est paru en 2009. En général, il me faut entre un et deux ans pour bien cerner le sujet de mes romans, et je n’en connais jamais à l’avance le dénouement. Du coup, si Les Lieux sombres commence par l’assassinat d’une famille, lorsque je me suis retrouvée à une cinquantaine de pages de la fin, je me suis dit qu’il fallait peut-être que je résolve l’énigme ! (rires) En réalité, je détesterais tout planifier à l’avance et m’y tenir, car j’aurais l’impression qu’il s’agit d’un travail fastidieux. Pour moi, le plaisir de l’écriture passe par la liberté que j’accorde à mes personnages, si bien que le livre m’échappe en quelque sorte et acquiert sa propre existence. Une fois que j’arrive au dénouement, je réécris pas mal de passages pour m’assurer que j’ai semé les indices aux bons endroits et que les rebondissements sont cohérents.

POURRIEZ-VOUS RÉSUMER L’INTRIGUE DES LIEUX SOMBRES ?

Le livre raconte l’histoire de Libby Day qui n’était qu’une petite fille à l’époque où sa famille a été assassinée : elle a accusé son frère Ben, adolescent au moment des faits, sans doute parce qu’il frayait avec des groupes satanistes adeptes de heavy metal, en vogue dans les années 80. Le garçon a d’ailleurs été incarcéré. Plusieurs années après, une bande d’enquêteurs amateurs, passionnés de faits divers criminels – le « Kill Club » –, contactent Libby car ils croient Ben innocent : ils souhaiteraient qu’elle se replonge dans l’affaire, et dès lors qu’elle accepte de le faire, elle se met à s’interroger sur ce qui s’est vraiment passé cette nuit-là…

COMMENT AVEZ-VOUS EU L’IDÉE DU « KILL CLUB » ?

Je suis moi-même assez fan de faits divers criminels, et il existe aujourd’hui toutes sortes de « communautés » sur Internet qui mènent leurs propres enquêtes, et c’est un phénomène qui me fascine. Le « Kill Club » réunit donc des passionnés d’affaires criminelles qui, chacun, ont leur propre part d’ombre qu’ils tentent d’éclaircir. C’est la partie du livre qui m’a le plus intéressée, et je voulais que ce groupe évoque un salon autour de la science-fiction ou un festival de Renaissance, lieux que je fréquente assidument. Pour moi, le « Kill Club » rassemble non seulement des fans qui s’amusent à s’habiller comme certains meurtriers, mais aussi d’anciens flics et avocats qui cherchent vraiment à résoudre des affaires criminelles.

BIEN QUE LIBBY SOIT VISIBLEMENT TRAUMATISÉE, ELLE N’A PAS QUITTÉ KANSAS CITY…

Elle a beaucoup souffert d’avoir perdu ses proches, très jeune, dans un contexte extrêmement violent. Elle a ensuite été ballottée entre différents membres de sa famille, et elle est devenue un sujet d’attraction pour les médias, et pour des raisons très malsaines. Je me suis rendu compte qu’en subissant un tel traumatisme, on ne grandit pas. Du coup, Libby est restée prisonnière de cette époque-là, parce qu’elle a refusé de regarder en face ce qui s’est réellement passé cette nuit-là et d’affronter ses démons intérieurs. Autant dire que pour elle, qui a fermé les yeux sur les événements depuis que son frère est en prison, c’est un choc de découvrir la vérité sur ces meurtres à travers son regard d’adulte.

COMMENT AVEZ-VOUS CONÇU LE PERSONNAGE DU FRÈRE DE LIBBY ?

D’emblée, j’ai ressenti beaucoup de tendresse pour Ben, car il s’agit d’un ado, privé de présence paternelle, qui tente de devenir un homme sans référent masculin autour de lui. Du coup, il manque de maturité émotionnelle et, malgré ses 16 ans, il a la mentalité d’un gamin de 13 ans. Il est à la recherche d’un foyer et, malheureusement, il est tombé sur Diondra qui l’a influencé…

LIBBY DÉCIDE DONC D’ALLER LUI PARLER, SANS TOUTEFOIS LE COMPRENDRE…

Leur relation est assez intéressante : à l’époque du drame, Libby était le seul membre de la famille que Ben appréciait. Mais il s’est retrouvé condamné à la prison à vie à cause d’elle, si bien que lorsqu’ils se retrouvent enfin, leurs rapports sont tendus. Elle continue de croire qu’il est coupable car l’hypothèse alternative lui est insupportable. Elle doit donc affronter une situation très éprouvante, et dans le même temps, Ben est le seul être au monde qui la relie à son enfance et à sa famille, et il est le seul aussi qui soit dépositaire des souvenirs auxquels elle n’a pas accès, étant donné qu’elle était très jeune à l’époque du massacre.

COMMENT AVEZ-VOUS RENCONTRÉ GILLES PAQUET-BRENNER ?

Peu après la publication du livre, j’ai appris qu’il souhaitait l’adapter pour le cinéma et nous avons eu une conversation passionnante. J’avais d’ailleurs vu ELLE S’APPELAIT SARAH, que j’avais adoré : Gilles sait donner une âme aux lieux, il dirige à merveille les comédiens enfants, et il sait parfaitement faire des aller-retour entre passé et présent. Du coup, je me suis dit qu’il avait toutes les qualités requises pour adapter le livre. Quand on s’est parlé au téléphone, on s’est immédiatement bien entendus : on avait des références cinématographiques communes concernant les années 80 et il était sensible à la dimension « eighties » du roman. De son côté, il avait adoré le livre. Je lui ai alors proposé de le retrouver à Kansas City et de lui faire visiter la région. On a sillonné le coin en voiture pendant deux ou trois jours, et je l’ai emmené un peu partout, tout en discutant à bâtons rompus. Il a pris des milliers de photos pour s’imprégner de ces petites villes rurales et de ces exploitations agricoles, et pour bien se familiariser avec les lieux. Gilles a ensuite écrit le scénario, que j’ai trouvé d’une belle fidélité à mon livre. J’étais rassurée, en sentant que mon roman était entre de bonnes mains. En tant qu’écrivain, c’est important de savoir que son livre va donner lieu à une nouvelle œuvre, puisqu’elle portera l’empreinte d’un autre regard. Encore une fois, Gilles sait faire vivre les lieux à l’écran : on a le sentiment de les sentir pour ainsi dire, comme si on savait précisément où on se trouvait. Il faut être très doué pour réussir à plonger le spectateur dans un lieu avec autant de précision… 

mardi 7 avril 2015

Back to the future


Thriller/Fantastique/Film intéressant et intriguant mais pas toujours parlant

Réalisé par Ryan Gosling
Avec Christina Hendricks, Saoirse Ronan, Iain De Caestecker, Matt Smith, Eva Mendes, Ben Mendelsohn, Barbara Steele, Reda Kateb...

Long-métrage Américain
Durée : 1h35m
Année de production : 2014
Distributeur : The Jokers / Le Pacte

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs 

Date de sortie sur les écrans américains : 10 avril 2015 
Date de sortie sur nos écrans : 8 avril 2015


Résumé : Dans une ville qui se meurt, Billy, mère célibataire de deux enfants, est entraînée peu à peu dans les bas-fonds d’un monde sombre et macabre, pendant que Bones, son fils aîné, découvre une route secrète menant à une cité engloutie. Billy et son fils devront aller jusqu’au bout pour que leur famille s’en sorte.

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : J'ai eu la chance d'être conviée hier à l'avant-première de LOST RIVER. J'ai trouvé le film spécial et intriguant.
Par certains aspects, il m'a beaucoup plu. J'ai aimé la chronique sociale, la vision de cette ville laissée à l'abandon à cause la crise et les personnages en proie à leurs fantômes.
Ryan Gosling, le réalisateur, nous offre une réalisation visuellement très travaillée. Il donne à ses personnages un cadre particulier et soigné. Surtout il les fait évoluer dans des ambiances fouillées et marquées de désolation, de folie, de désœuvrement et de mises en scènes macabres.




Par contre, il m'a perdu dans les métaphores. Je n'aime pas trop devoir sans arrêt me demander ce que le réalisateur veut me transmettre comme message. Du coup, certaines scènes m'ont semblé superflue car, pour moi, elles s'inscrivent difficilement dans la logique de l'intrigue.
Après, il est clair que Ryan Gosling a pris un risque en mettant en scène cette histoire fantastique et j'apprécie qu'il assume son choix. Il va jusqu'au bout de son idée. Le résultat est particulier et plutôt axé cinéphiles. Pour ma part, j'y ai vu quelques références aux cinéastes avec lesquels il a travaillé, jusque dans la musique (très réussie au demeurant). Cependant, malgré les influences, je lui ai trouvé une vraie originalité. Ses cadres et ses plans sont souvent beaux et même parfois poétiques.
Les acteurs sont très bons mais les rôles ne sont pas toujours très clairs par rapport à ce que les protagonistes sont censés représenter dans l'absolu. J'ai senti qu'il y a une double lecture cependant je n'ai pas toujours compris laquelle.

Christina Hendricks est Billy
Saoirse Ronan est Rat 
Iain De Caestecker est Bones
Matt Smith est Bully
Ben Mendelsohn est Dave
Eva Mendes est Cat
Reda Kateb est le Conducteur
LOST RIVER est une intéressante découverte. Surprenant, il ne s'adresse pas à tout le monde et il est difficile d'anticiper sur l'adhésion ou non des spectateurs. Si vous êtes curieux, que vous aimez le cinéma américain indépendant et les films métaphoriques alors vous pouvez tenter l'expérience LOST RIVER. Je ne peux pas vous assurer que le film vous plaira mais au moins il aura le mérite de ne pas vous laisser indifférent(e). En tout cas, je suis très contente de l'avoir vu et je n'hésiterai pas à aller voir son second film, si toutefois il en fait un.

Après la projection, Ryan Gosling, le réalisateur, et Reda Kateb, un des acteurs, ont eu la gentillesse de venir nous rejoindre pour répondre à nos questions. J'ai filmé cette rencontre que vous pouvez voir dans les deux vidéos ci-dessous :




NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!)

NOTE DU RÉALISATEUR 

À plus d’un titre, ce film est le cadeau que m’ont fait les réalisateurs avec lesquels j’ai eu la chance de travailler ces dernières années. En tant qu’acteur, je suis passé des films ancrés dans le réel de Derek Cianfrance à l’imaginaire de Nicolas Winding Refn. Je pense que j’ai oscillé entre ces deux extrêmes parce que ma propre sensibilité de réalisateur se situe quelque part entre les deux. 

À l’occasion d’un tournage, j’ai découvert Détroit, une ville qui vit aujourd’hui à la frontière de ces deux réalités. Même si je n’y ai passé que quelques jours, cette ville m’a profondément marqué. Elle était au bord de la faillite. Il y avait là des quartiers désertés s’étendant sur une soixantaine de kilomètres et, dans quelques recoins de ces quartiers, des parents qui essayaient d’élever leurs enfants à deux pas de maisons incendiées ou démolies. Détroit est pourtant le berceau de la Ford T, de la Motown et de la classe moyenne américaine. À une certaine époque, c’était même la carte postale du rêve américain, mais aujourd’hui, pour les familles de ces quartiers, le rêve s’est transformé en cauchemar. Mais il y a encore beaucoup d’espoir làbas. Il y a une conscience collective formidable à Détroit, elle mériterait qu’on s’en inspire. Ce qu’elle a été et ce qu’elle sera à nouveau un jour, demeure toujours vivace aujourd’hui. Je savais qu’il fallait que je fasse quelque chose là-bas.

J’y suis retourné plusieurs fois l’année suivante, pour essayer de conserver une trace de ces quartiers avant qu’ils ne soient rasés ou détruits. J’ai commencé à inventer une histoire qui ne se déroulerait pas à Détroit mais à Lost River, une ville fictive au passé imaginaire. Des fragments de l’histoire me sont peu à peu apparus : une famille qui perd sa maison, un mystérieux secret dissimulé sous la surface... J’ai puisé dans les films fantastiques populaires des années 80 avec lesquels j’ai grandi, et j’ai passé ces références au prisme de la sensibilité que j’ai acquise depuis en matière de cinéma. Partant de là, l’histoire de LOST RIVER a commencé à se dessiner sous la forme d’un sombre conte de fées, avec la ville dans le rôle de la demoiselle en détresse, et des personnages semblables aux morceaux d’un rêve brisé, qui essayent de se reconstruire. 

A PROPOS DU FILM

L’idée de LOST RIVER trottait dans la tête de Ryan Gosling depuis sa plus tendre enfance. Le réalisateur explique : « Cette histoire de ville engloutie est similaire à celle de la ville où j’ai grandi. Un jour, alors que je me promenais dans les bois lorsque j’étais petit, je suis tombé sur une route qui plongeait droit dans le fleuve. J’en ai parlé à ma mère et elle m’a dit qu’il y avait une ville au fond de l’eau. La ville où j’ai grandi était sur le tracé de la voie maritime du Saint- Laurent. Des promoteurs ont aménagé un canal permettant à de gros bateaux de naviguer de l’Atlantique jusqu’aux grands lacs, en inondant plusieurs villes et villages sur leur chemin. Encore aujourd’hui, l’idée que j’ai pu me baigner dans une rivière au-dessus d’une ville engloutie continue de me mettre mal à l’aise. » 

Christina Hendricks (MAD MEN, DRIVE), qui incarne Billy dans le film, a été séduite par l’originalité du scénario. « Ryan a écrit un scénario qui m’a tout de suite semblé très différent de tout ce que j’avais pu lire auparavant. Je pense que les gens savent déjà à quel point il est lui-même un artiste unique et singulier. Ce n’est guère surprenant qu’il ait pu écrire un scénario aussi atypique. » 

Ce qui a surtout frappé le producteur Marc Platt à la lecture du scénario, c’est le caractère prenant de « ce récit merveilleux sur la survie et la famille. » 

Platt explique : « En tant qu’acteur, Ryan Gosling est déjà un conteur hors pair. Lorsqu’il crée un personnage pour les besoins d’un film, il raconte une histoire dans l’histoire. » Pour réunir un tel casting, Ryan Gosling a choisi de faire appel à des personnes qu’il connaissait déjà, afin de pouvoir se mettre immédiatement au travail. « J’ai choisi la crème de tous ceux avec qui j’ai pu travailler. J’ai réuni la meilleure équipe de production, et j’avais déjà eu une très bonne expérience en côtoyant Marc Platt et Adam Siegel sur DRIVE. J’avais également déjà joué avec beaucoup d’entre eux, nous avions déjà fait un petit bout de chemin ensemble », explique-t-il. 

Après avoir travaillé avec Christina Hendricks sur le tournage de DRIVE, Ryan Gosling avait hâte de la retrouver sur un autre projet. « J’étais très impressionné par le degré de détails et de pathos qu’elle avait réussi à insuffler à son personnage dans DRIVE. Même si elle n’était présente que dans quelques scènes, je l’ai vue apporter un vécu et une authenticité qui n’étaient pas présents dans le scénario. » 

Le fils de Billy, Bones, est incarné par le jeune acteur écossais Iain De Caestecker. Une histoire d’amour touchante et subtile naît entre Bones et Rat, qui vit dans la maison d’en face, interprétée par l’actrice nommée aux Oscars, Saoirse Ronan. Rat est un havre de paix, belle et paisible, face à cette ville à l’agonie et à la situation désespérée dans laquelle Bones se trouve. Elle s’occupe de sa grand-mère, interprétée par Barbara Steele. Ensemble, ils se rappellent qu’ils ne sont pas seuls dans cet environnement hostile. 

Matt Smith incarne Bully, un véritable prédateur qui arpente les rues de Lost River pour trouver quelque chose à se mettre sous la dent. Bully s’est déjà emparé de tout ce qui restait dans la ville, et dès qu’il pourra mettre la main sur Bones, il fera tout son possible pour le détruire, lui et ceux qui lui sont chers. 

Cette distribution ne serait pas complète sans Eva Mendes, vedette d’un spectacle macabre librement inspiré du théâtre du Grand-Guignol, et Ben Mendelsohn, qui incarne le mystérieux Dave. 

UN PREMIER FILM

« J’ai voulu réaliser ce long métrage parce que c’est un film que j’avais envie de voir. Comme beaucoup d’enfants qui ont grandi dans les années 1980, j’ai d’abord abordé le cinéma à travers des films grand public. J’étais enthousiaste à l’idée de tourner ce genre d’histoire, mais avec le langage de cinéaste que j’ai acquis depuis. » 

« Ryan a été formidable », se souvient Christina Hendricks. « C’est son premier film, et nous avons eu quelques déconvenues : un jour, des pluies torrentielles, un autre, une caméra qui nous lâche... Dans ces cas-là, il prend les choses comme elles viennent et trouve immédiatement une solution créative pour surmonter les obstacles. Qui plus est, étant lui-même acteur, il donne des indications très utiles sur les personnages, et il sait comment parler aux comédiens. Je pense que tout le monde respecte vraiment sa vision, sa fantaisie, son entrain et sa créativité. » 

Tous les acteurs du film s’accordent à dire que l’expérience de Ryan Gosling en tant qu’acteur a beaucoup contribué à créer une atmosphère sereine et un rapport de collaboration sur le plateau. 

« Il est très à l’écoute, il perçoit toujours ce que les autres ressentent et il connaît notre état d’esprit », précise Saoirse Ronan. 

« Il est bienveillant, très minutieux et il aborde les choses sous un angle original, ce qui me plaît beaucoup. De surcroît, il est calme, concis, et sa vision est personnelle et bien définie, ce qui ne l’empêche pas de laisser les autres apporter leur propre contribution », s’enthousiasme Matt Smith. Ryan Gosling n’a toutefois jamais été tenté de jouer lui-même dans le film : « Cela n’aurait pas été très responsable de ma part, car le film est assez ambitieux. Il y a des tas d’acteurs qui deviennent réalisateurs, cela donne l’impression que c’est facile, mais il n’en est rien. J’avais déjà fort à faire en réalisant le film, je me suis dit qu’il valait mieux me concentrer là-dessus. » 

DETROIT POUR INCARNER LOST RIVER

La ville de Détroit est utilisée comme toile de fond pour la ville imaginaire de Lost River, et elle joue un rôle majeur dans le film. Ryan Gosling savait qu’aucune autre cité n’aurait pu exprimer aussi bien la désolation et la beauté irréelle de Lost River. 

« Certains films qui ont restitué l’atmosphère des années 50, comme THE OUTSIDERS ou AMERICAN GRAFFITI, même s’ils ne se déroulent pas à Détroit, ont très certainement été influencés par ce qui s’y passait. Le film montre donc comment le rêve américain s’est transformé en cauchemar, tout au moins pour les gens qui vivent là-bas », explique le réalisateur. 

Ryan Gosling a aussi pensé que filmer à Détroit permettrait aux acteurs d’ancrer leur interprétation dans la réalité. « Tourner à Détroit, laisser les acteurs se balader dans cette cité en ruines confère au film une authenticité qu’il n’aurait peut-être pas eu autrement », explique le réalisateur. 

« L’environnement fait tout. Lorsque nous étions en repérage et pendant le tournage, nous avons rencontré des habitants de ces quartiers, et ils font maintenant partie intégrante des scènes que nous avons tournées et de la trame de l’univers que nous avons créé. En réalité, il y a encore beaucoup d’espoir à Détroit. C’est pourquoi c’est le seul endroit où nous aurions pu tourner ce film. C’est une ville qui suscite créativité et inspiration, et j’espère que d’autres productions viendront tirer profit des talents et des opportunités dont elle regorge. » 

Christina Hendricks confirme : « Détroit a été fantastique pour le tournage des scènes en extérieur. C’est une ville pleine de textures différentes, où une surprise surgit à chaque coin de rue, comme par magie. » 

Saoirse Ronan ajoute : « C’est une ville pleine de personnages hauts en couleur, et leur implication a eu un véritable impact sur le film, en lui insufflant une grande part de réalisme. C’est une ville également très pittoresque. » 

ENTRETIEN AVEC CHRISTINA HENDRICKS

Quelles ont-été vos premières impressions à la lecture du scénario ? 

Je crois que la première chose qui m’a frappée, c’est à quel point le scénario était unique, à mille lieues de tout ce que j’avais pu lire auparavant, et à quel point il était capable de susciter immédiatement des images incroyables, ce qui n’est pas toujours le cas à la première lecture d’un scénario. Il dégageait déjà une atmosphère particulière, à la fois mélancolique et spectaculaire. 

Qu’est-ce qui vous a attirée dans le personnage de Billy ? 

J’ai eu envie de me glisser dans la peau de Billy, car c’est une femme formidable, une vraie battante, ce qui est toujours intéressant à jouer pour une actrice. Qui plus est, elle évoluait dans un environnement que je n’avais encore jamais exploré au cinéma, et elle avait deux fils... Il y a beaucoup de choses qui me plaisaient dans ce personnage, et qui étaient nouvelles pour moi, c’était très alléchant ! 

Qu’est-ce qui différencie Billy des autres personnages que vous avez pu incarner, notamment dans MAD MEN, qui vous a rendue célèbre ? Qu’est-ce qu’elle a de différent ? 

Billy n’a rien de commun avec les autres personnages que j’ai pu incarner. Je n’essaie pas à tout prix de trouver des rôles à l’opposé les uns des autres, mais j’ai eu la chance de pouvoir explorer des personnalités très différentes. J’ai aimé que Billy soit obligée de se battre, qu’elle essaie d’être une femme qu’elle n’est pas réellement. Elle manque de confiance en elle, elle est toujours très critique envers ellemême, et elle essaye de surmonter cela, non seulement pour elle, mais aussi pour ses fils.

Pourquoi avez-vous souhaité incarner cette histoire ? 

C’est avant tout l’histoire de Ryan. J’ai l’impression d’avoir contribué à l’incarner, mais c’était surtout fantastique de pouvoir travailler avec lui. Il est tellement créatif, et il a une vision très claire de ce qu’il veut raconter. Je n’ai eu qu’à l’aider à concrétiser sa vision, à venir chaque jour sur le plateau et constater qu’il savait exactement ce qu’il voulait visuellement. C’était exaltant de faire partie de cette aventure, et de pouvoir raconter son histoire.

Pouvez-vous nous dire de quoi parle le film ? 

C’est très intéressant, car le film aborde bien des sujets. Il parle d’une famille qui se bat pour conserver un toit, d’une mère qui s’occupe de ses fils du mieux qu’elle peut, alors que le lien qui les unit est en train de s’étioler. Mais le film montre aussi comment les gens sont capables de surmonter leurs peurs, de se battre pour leur bien-être. On voit chacun des personnages passer par ce cheminement du début à la fin du film. 

Pensez-vous que Billy est une bonne mère ? 

Je pense que Billy fait de son mieux pour être la meilleure mère possible. Elle est jeune, elle n’a pas eu de parents modèles pour s’occuper d’elle, donc je pense qu’elle fait du mieux qu’elle peut. Elle sait qu’elle multiplie les erreurs, on le voit dans les yeux de ses fils. Parfois, elle joue les copines, parfois la maman, elle essaie aussi d’être stricte, mais ce n’est pas son fort. En fait, elle apprend sur le tas, elle grandit, et c’est aussi ce que montre le film. 

Est-ce que vous avez une petite idée sur ce qui pousse Franky à agir ainsi, ou est-ce que cela n’a aucun sens, et vous le laissez faire en espérant que ça va s’arrêter ? 

Je pense qu’elle se dit ce que beaucoup de mères se disent : que c’est une phase, qu’avec un peu de chance cela va s’arrêter... Elle ne sait pas comment s’y prendre avec Franky. Elle le voit disparaître dans la rue, encore et encore, elle essaie de garder un oeil sur lui, mais elle s’imagine sans doute que c’est ce que font les tout-petits, qu’ils courent dans tous les sens, et que son fils se comporte comme tous les enfants de son âge. 

Si vous deviez résumer la personnalité de Billy, diriez-vous qu’elle est intrépide, forte, courageuse ?

Je pense que Billy voudrait bien être intrépide, forte et courageuse, mais qu’elle est en fait rongée par la peur et l’auto-dépréciation. Elle passe son temps à se critiquer, tout en cherchant à sauver les apparences. Elle veut que ses fils pensent qu’ils sont en sécurité, que tout va bien se passer, que leur maman a le dessus, alors qu’il n’en est rien. Pour moi, c’est son véritable combat, son parcours dans le film. 

Parlez-nous du tournage à Détroit. Comment avez-vous trouvé la ville, et pourquoi pensez-vous qu’elle a été choisie comme cadre pour cette histoire ? 

Détroit est un décor de cinéma formidable, c’est une ville qui a une âme, un grain incomparable, et qui regorge de surprises. La magie surgit à chaque coin de rue. Ceux qui ont visité Détroit vous diront que c’est une ville sans équivalent aux États-Unis. J’aurais aimé avoir assez de temps pour la découvrir davantage, mais j’avoue que nous avons surtout passé nos journées à travailler. Nous avons tout de même déniché des restaurants fantastiques, des petits endroits magiques, des salles de concert géniales... Dans l’ensemble, Détroit constitue une toile de fond merveilleuse pour le film. 

Qu’espérez-vous que les spectateurs retireront du film ? 

J’espère qu’ils auront l’impression d’avoir fait un rêve merveilleux. Pour moi, c’est ainsi qu’il faut le vivre : comme un rêve éveillé. 

ENTRETIEN AVEC REDA KATEB

Pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Ryan Gosling ? 

J’ai rencontré Ryan Gosling la veille de ma première nuit de tournage, à la cantine du film. Il m’avait vu dans UN PROPHÈTE et ZERO DARK THIRTY et m’a proposé ce rôle sans me demander de passer des essais. J’ai apprécié cette confiance qui m’a donné envie de donner le meilleur. La confiance appelle la confiance. J’ai aussi aimé qu’il me propose ce personnage d’homme bienveillant, protecteur, différent des rôles dans lesquels il m’avait connu. Lorsque nous nous sommes rencontrés, nous avons parlé très concrètement du personnage et de la manière dont nous allions tourner. J’ai tout de suite senti que nous étions en phase. 

Pouvez-vous maintenant nous parler de lui en tant que réalisateur ? Sa méthode de travail ? Sa façon, étant acteur lui-même, de diriger (ou pas) les comédiens ? 

Comme réalisateur, il a cette chose rare que j’adore qui est de donner aux gens avec qui il travaille, la sensation de créer le film en le tournant. Au contraire de mettre en boîte un scénario, il s’agit plutôt d’inventer l’histoire tout en la vivant. Même si le scénario reste une feuille de route, tout est possible. Il connaît très bien la mécanique des acteurs et sait qu’ils ont besoin d’être libres pour être créatifs. Après une prise, il venait souvent me demander «comment tu l’as sentie ? ». Plutôt que dire : « il faut faire ci ou ça ». C’est très stimulant. 

Détroit, c’est un peu la ville des fantômes de l’Amérique ? Quelle vision en avez-vous eu, et quel souvenir en gardez-vous ? 

Détroit est un décor très puissant. Lorsque je suis arrivé, ça m’a vraiment donné le cafard. L’impression d’arriver après une guerre, un bombardement. Les rues du centre ville sont vides. Lorsqu’on s’y promène, on croise quelqu’un tous les kilomètres, et encore..On sent aussi que la vie a été foisonnante et que beaucoup de gens sont partis d’un seul coup. Lorsque j’ai commencé à tourner (quelques jours plus tard), j’ai rencontré des gens magnifiques d’humanité. Au contraire d’autres endroits des États-Unis comme Los Angeles par exemple, les gens n’ont pas de rêve américain préfabriqué à exposer. Ils n’ont qu’eux-mêmes dans un décor de cauchemar. Et justement là, les rencontres sont authentiques. 

ENTRETIEN AVEC BEN MENDELSOHN

Comment était-ce de travailler sous la direction d’un acteur devenu réalisateur ? 

Ce qui me frappe surtout, c’est la liberté avec laquelle Ryan Gosling a abordé les scènes du film. Il nous faisait complètement confiance. La plupart du temps, nous n’avions aucune idée de ce que nous allions faire avant de nous lancer. 

Comment avez-vous abordé le personnage de Dave, qui s’exprime vraiment comme le Grand Méchant Loup ? 

Ryan et moi avons beaucoup discuté avant le tournage. Nous avons regardé des films ensemble. Nous nous connaissons depuis THE PLACE BEYOND THE PINES, et nous sommes assez proches. Nous avons passé en revue quelques idées pour le personnage de Dave. Moi, j’avais plutôt en tête ces personnages qu’on voit dans les très vieux films, et qui chantent d’une voix nasillarde. Je ne sais pas si ça nous a vraiment aidés, mais parfois c’est agréable de laisser libre cours à son imagination.

Que représente la boîte de nuit ? Est-ce un réceptacle pour toutes les peurs humaines, ou le lieu où l’on peut devenir quelqu’un d’autre, voire même quelque chose d’autre ? 

Le club s’inspire du Grand-Guignol. C’est un lieu qui évoque la débauche dans laquelle tombent les endroits qui connaissent une déchéance ou une métamorphose précipitées. C’est aussi une façon amusante de cacher ce qui se passe en dessous...

Autre post du blog lié à LOST RIVER : http://epixod.blogspot.fr/2015/03/back-to-present_30.html