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jeudi 14 février 2019

DESTROYER


Policier/Thriller/Drame/Un film sombre, dont le rythme souffre de quelques longueurs, mais dans lequel l'interprétation de Nicole Kidman est impressionnante

Réalisé par Karyn Kusama
Avec Nicole Kidman, Toby Kebbell, Tatiana Maslany, Sebastian Stan, Scoot McNairy, Bradley Whitford, Toby Huss, James Jordan...

Long-métrage Américain
Durée : 02h03mn
Année de production : 2018
Distributeur : Metropolitan FilmExport 

Date de sortie sur les écrans américains : 25 décembre 2018
Date de sortie sur nos écrans : 20 février 2019


Résumé : jeune détective de la police de Los Angeles, Erin Bell (Nicole Kidman) infiltre un gang de braqueurs, mais sa mission se termina de façon tragique.
Des années plus tard, Erin est une femme détruite et isolée. Elle tente sans succès de renouer contact avec sa fille, qu’elle a trop longtemps délaissée, et qui la rejette.
Lorsque le chef de la bande refait surface, Erin va reprendre l’enquête pour comprendre les événements qui ont conduit au drame, pour apaiser ses démons intérieurs et finalement régler ses comptes avec celui qui l’a anéantie.

Bande annonce (VOSTFR)



Extrait - "Mieux que moi" (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : avec DESTROYER, la réalisatrice Karyn Kusama nous propose un long-métrage sombre sur la culpabilité et ses impacts. Elle veille à la cohérence du style et soigne sa narration afin de nous guider pas à pas dans le présent et le passé pour nous permettre de reconstituer le puzzle. Le film manque un peu de rythme, car la réalisatrice s'étend trop sur certaines scènes qui auraient pu être raccourcies. Cependant, on sent qu'elle mène sa barque de la façon dont elle l'entend et le résultat est convaincant. 

Le scénario est bien travaillé et, même si ses rebondissements demeurent classiques, il est en cohérence avec le genre de ce film. De plus, il raconte une histoire de bout en bout. On ressent par l'ambiance particulière qui ne laisse jamais d'ouverture à l'optimisme, l'épuisement de la protagoniste principale et son envie d'en finir avec un chapitre de sa vie qui l'a changée négativement à jamais. 

Ce qui est vraiment réussi est le fait que tout cela se reflète dans le physique d'Erin Bell, une inspectrice de police qui a renoncé, il y a fort longtemps, à respecter les règles face aux ordures qu'elle doit côtoyer. Elle est interprétée par Nicole Kidman qui est méconnaissable physiquement dans la majeure partie du film. Elle joue ici un rôle difficile parce qu'il fallait une très bonne actrice pour rendre ce personnage attachant malgré sa souffrance et ses défauts. Elle nous embarque dans le voyage intérieur d'Erin qui s'exprime souvent extérieurement par la violence dans un environnement qui ne répond qu'à cela. Elle est crédible dans la force comme dans la faiblesse et réalise un beau tour de force. 



L'intrigue tient sur ses épaules, même si les personnages secondaires sont tous interprétés par des acteurs qui construisent une personnalité marquante et identifiable pour leurs protagonistes.


Copyright photos @ Metropolitan FilmExport 

DESTROYER suit une logique en terme de style, d'histoire et mise en scène. Bien que des longueurs viennent le desservir, il parvient à capter l'attention des spectateurs par son ambiance tourmentée et l'impressionnante performance de son actrice principale.


NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)
L'écriture du scénario de DESTROYER s’est étalée sur une longue période. Pendant plusieurs années, alors qu’ils travaillaient par ailleurs sur d’autres projets, l’auteur et producteur Phil Hay et son fidèle coscénariste Matt Manfredi ont rassemblé des idées pour écrire un script inspiré par leur passion commune pour le film noir et leur intérêt pour la diversité des quartiers et des habitants de Los Angeles. “Ce qui me motivait”, déclare Matt Manfredi, “c’était d’écrire un film romanesque axé sur un personnage, dans un style qui ne serait pas sans rappeler les polars classiques des années 1970 comme SERPICO et FRENCH CONNECTION”.

Tout en commençant à élaborer l’histoire et à concevoir les détails de l’intrigue, les deux auteurs ont imaginé le personnage principal, un flic solitaire entouré de secrets professionnels et personnels. “L’histoire a évolué en plusieurs intrigues qui se déroulent entre le passé et le présent du personnage principal”, décrit Phil Hay. D’un point de vue technique, ce postulat n’était pas dénué de défis logistiques, étant donné que le film se déroule à différentes époques et que “même les scènes situées dans le passé ne sont pas toujours chronologiques”, remarque Matt Manfredi. “Ça nous a pris un certain temps de rendre les détails de l’intrigue fluides et limpides. À plusieurs reprises, on a pris nos distances avec le projet pour clarifier nos idées avant de s’y remettre”.

Tandis qu’ils peaufinaient l’histoire, les deux hommes ont eu un éclair de génie inspiré par Karyn Kusama qui avait déjà accepté de réaliser le film. “Depuis des années, Phil et Matt élaboraient un récit policier reposant sur des schémas et un principe de répétition dans l’intrigue et les thèmes abordés”, explique Karyn Kusama. "À travers ce dispositif, il y avait une plongée dans la conscience du personnage. Une fois qu’on s’est mis à en discuter tous les trois, on s’est rendu compte que le film devait raconter l’histoire d’une femme. C’était ça la révélation. C’est de là qu’est née Erin Bell”.

Les scénaristes ont particulièrement veillé à ce qu’Erin Bell ne soit pas simplement un flic en difficulté représenté sous les traits d’une femme. “Comme d’habitude, Matt et moi-même avons essayé de créer des personnages dont la vie correspond à une réalité en dehors de l’intrigue du film, avec des problèmes qui leur sont propres”, explique Phil Hay. Résultat : une histoire complexe mêlant plusieurs temporalités dans laquelle “une femme tente d'assumer ses choix passés et d’aller de l’avant”, poursuit-il. “Mais c’est aussi un thriller policier sur quelqu’un qui, pendant ses jeunes années, a connu une situation dangereuse qu’elle n’a pas réussi à gérer et ne cesse depuis d’en subir les conséquences. C’est également une chasse à l’homme menée par une femme qui cherche à accomplir une mission obsessionnelle et destructrice, dont on découvre peu à peu les conséquences”.

Dans le film, Erin Bell est une femme désagréable et intransigeante, le plus souvent à ses dépens. Un des défis a consisté à repérer le cœur émotionnel de ce personnage avec qui le public n'est peut-être pas immédiatement en empathie selon les scénaristes. “Erin n’arrête pas d’enfreindre les règles. C’est une mauvaise partenaire et une mauvaise mère, mais même si elle fait tout rater, elle ne baisse pas les bras”, raconte Matt Manfredi. “On peut facilement s’identifier à sa ténacité même si, malgré ses bonnes intentions, ses plans finissent souvent par échouer. On a cherché à la dépeindre comme une personne charismatique, une force de la nature, de sorte qu’en dépit de ses choix contestables, on continue à espérer qu’au bout du compte elle arrivera à soigner cette blessure qui la fait souffrir depuis si longtemps”.

Dès la première version du scénario, Karyn Kusama a été fascinée par la relation mère-fille que Phil Hay et Matt Manfredi avaient intégrée à l'intrigue. Un thème qu’elle n’avait jamais vu abordé dans un thriller. “Ça m’a semblé très original, très nouveau. C’est un véritable atout pour l’esthétique du film et cela a permis d’élargir le champ des possibles sur le plan des émotions et des personnages”, affirme-t-elle. “Les spécificités de l’histoire d’Erin Bell permettent de dépasser le fantasme hollywoodien du flic solitaire”.

En réalité, c’est rare de trouver quelqu’un qui n’a pas d'attaches en dehors de son travail”, remarque Karyn Kusama. “J’étais fascinée par les difficultés qui s’accumulent sur Erin, prise au cœur d’une chasse à l’homme et en conflit avec sa fille dont elle s’est éloignée. On voit bien que, même si elle fait bien son boulot, elle est complètement perdue. Sa vie part à vau-l’eau. J’ai trouvé ça génial que Phil et Matt la laissent s’enfoncer et nous incitent à toucher le fond avec elle. Peut-être que certains retrouveront dans cette détresse un écho d’eux-mêmes”.

L’histoire est ponctuée de personnages dont les motivations sont proches de celles d’Erin Bell, mais la ville de Los Angeles et les quartiers désertiques avoisinants ont également un rôle à jouer selon Karyn Kusama et ses scénaristes. L’environnement dans lequel Erin Bell traque ses ennemis, tente de réparer le lien avec sa fille et lutte avec ses démons intérieurs met en valeur l’histoire, lui donne un caractère et un cachet incomparables.

Lorsque la détective aux cheveux grisonnants poursuit son ennemi juré et ses complices, elle passe le plus clair de son temps au volant. À bord de sa voiture, elle explore la ville et ses environs et pénètre dans des coins qui n’ont rien d’un paysage de carte postale, et où beaucoup d’habitants de Los Angeles n’ont jamais mis les pieds.
Le scénario offre une vision réaliste de Los Angeles”, estime Phil Hay. “Les quartiers ont une vraie identité, et les trajets d’Erin d’un bout à l’autre de la ville sont presque une épopée. Même les autoroutes ont chacune leur raison d’être et leur personnalité”.

Tourner un film noir en plein soleil (ainsi que dans des intérieurs glauques et sordides) était, selon Karyn Kusama, un atout sur plan cinématographique. Ce dispositif n’était pas sans rappeler d’autres grands polars situés à Los Angeles comme LE PRIVÉ de Robert Altman et POINT BREAK de Kathryn Bigelow. Karyn Kusama raconte : “Quand j’étais étudiante, j’ai dû aller voir POINT BREAK au moins vingt fois au cinéma. J’ai toujours aimé les histoires policières épiques, avec de nombreux personnages à explorer. Cette histoire m’a permis de le faire. J’ai senti qu’elle me tendait les bras”.

Contrairement à ce qui se passe dans la plupart des films indépendants, et bien que l’écriture du scénario ait pris du temps, la recherche de financements puis du premier rôle féminin a été relativement rapide. Le producteur Fred Berger, qui admirait depuis longtemps le travail de Karyn Kuasama, est venue la voir avec plusieurs projets : “J’envoyais de nombreuses propositions à Karyn parce que sa filmographie reflète une compréhension profonde du grand cinéma, avec un point de vue très personnel. J’ai toujours été frappé par sa passion et son goût pour l’humain”.

La réaction de Fred Berger au scénario de DESTROYER a été instantanée : “J’ai eu le souffle coupé”, témoigne-t-il. “Je peux compter sur les doigts d’une main le nombre de scénarios qui ont eu cet effet sur moi dès la première lecture. Le début m’a fait l’effet d’un coup de poing et ça ne s’est jamais arrêté. L’écriture, la maitrise du langage, du ton et du rythme étaient pleinement convaincants et prenants. Du point de vue cinématographique, le scénario tenait ses promesses, et du point de vue des personnages, il sondait en profondeur le passé et le présent de l’héroïne. Pour moi, c’était comme un manège à sensation, une expérience forte en adrénaline, où on ne voit jamais arriver les rebondissements. Et en filigrane, il y a une véritable analyse du personnage, qui est nuancée à la fois sur le plan éthique et psychologique. Je mourrais d’envie d’en être !

Fred Berger était particulièrement convaincu par le fait que l’histoire repousse les limites du genre policier, alterne les époques, les scènes d’actions et les coups de théâtre sans perdre de vue un personnage principal complexe “qui est au mieux un anti-héros, et en tous cas quelqu’un qui a fait des compromis sur le plan moral. Malgré tout cela, il n’y a pas une seconde de perdue dans l’histoire, pas un personnage inutile”.

LA “BELL CURVE”

La quête censée permettre de dénicher l’actrice idéale pour Erin Bell s’est terminée avant même d’avoir commencé. Grâce à leur palmarès, les auteurs de DESTROYER avaient déjà bouclé le budget du film, et cherchaient à présent une actrice ayant l’étoffe de s’attaquer au personnage complexe d’Erin Bell, quasi constamment à l'image. “On n’a jamais pensé à solliciter une actrice connue pour obtenir des financements, ou une star pour avoir son nom sur l’affiche”, affirme Fred Berger. “On cherchait quelqu’un pour qui le rôle serait une révélation”.

Les auteurs commençaient tout juste à réfléchir aux différentes possibilités quand Nicole Kidman, actrice aux multiples talents récompensée par un Oscar et nommée à quatre reprises, a demandé à rencontrer Karyn Kusama après avoir lu le scénario. “Je connaissais la carrière de Karyn, et j’étais très intéressée par ce que pourrait donner un mélange entre son travail et le sujet du film”, explique Nicole Kidman. “Je voulais la rencontrer et comprendre quelle était sa vision. Quand je l’ai fait, j’ai tout de suite ressenti sa passion et son implication. J’adore participer à un projet mené par quelqu’un de complètement intransigeant et passionné par son travail”.

Karyn Kusama avoue : “J’étais sous le choc qu’une artiste du niveau de Nicole Kidman s’intéresse à notre film. Il est tellement éloigné du reste de sa filmographie. Cela prouve son audace et sa curiosité, et c’est grâce à cela qu’elle est devenue l’artiste qu’on connait”. Évidemment, les auteurs ont tout de suite été partants. “Nicole Kidman est une actrice qui n’a jamais fait des choix évidents ou faciles”, note Fred Berger. “Au cours des dernières décennies, elle a livré des performances remarquables au cinéma et plus récemment à la télévision avec son interprétation bouleversante dans la mini-série BIG LITTLE LIES, qui lui a valu un Emmy Award”.

Une des premières choses que Nicole a dites c’était ‘Je ne veux pas que les gens me voient à l’écran. Je veux qu’ils voient Erin Bell’. Et quand elle a commencé à parler du personnage, nous nous sommes rendu compte qu’elle savait, grâce à un instinct clair et viscéral, qui était cette femme”, raconte Phil Hay. “Ce qui m’a notamment fascinée, c’est que Nicole n’avait jamais joué ce genre de rôle”, rappelle Karyn Kusama. “Ça semblait inédit, et j’étais très enthousiaste à l’idée qu’une actrice capable d’une telle variété et d’une telle profondeur de jeu se confronte à toute cette animosité et cette agressivité”.

Nicole Kidman explique qu’elle perçoit Erin Bell comme “une femme blessée et terrifiée par ses propres choix et par ce que le sort lui a réservé. Tout au long du film, elle suit sa route dans la douleur, mais c’est comme ça qu’elle trouvera son salut. Ses sentiments complexes de colère et de honte, son incapacité à exprimer ses émotions, sa carapace, ses freins… tout cela était très puissant. Il en va de même pour son incapacité à dire à sa fille ce qu’elle ressent pour elle, alors même qu’elle tente de lui offrir une vie meilleure. J’ai été touchée par sa souffrance”.

Une fois que Nicole Kidman a confirmé sa participation, d’autres grands comédiens ont exprimé le désir de travailler avec elle, selon Karyn Kusama. Sans compter que “Karyn est une vraie réalisatrice”, salue Fred Berger. “Avec Mark Bennett, le directeur de casting, ils ont trouvé des comédiens, y compris pour les plus petits rôles, qui avaient l’étoffe pour jouer face à Nicole Kidman et aux autres acteurs de renom”.

Le rôle central de Chris, ancien détective privé et partenaire d’Erin Bell dans le travail comme dans la vie, a été confié à Sebastian Stan, acteur aussi séduisant qu’expérimenté. Comme l’explique Fred Berger, “cela fait plusieurs années que Sebastian fait un travail remarquable, mais pas forcément sur des projets tape-à-l’œil, qui attirent plus facilement l’attention. Il suffit de voir son travail dans MOI, TONYA : il a joué face à deux actrices nommées aux Oscars”. Phil Hay ajoute : “Dès la première conversation entre Karyn et Sebastian, on a su qu’il fallait qu’il soit dans le film”.

Pour le rôle de Silas, la proie insaisissable d’Erin Bell, un ancien chef de gang qui la hante depuis près de vingt ans, c’est Toby Kebbell qui a été engagé, après s’être fait remarquer récemment dans LA PLANÈTE DES SINGES : SUPRÉMATIE et KONG : SKULL ISLAND. “Toby est un véritable artiste”, déclare Phil Hay. “Il a apporté des éléments aussi variés qu’intéressants au rôle. Il est drôle et charmant, mais il a aussi une forte présence physique et dégage un vrai sentiment de puissance”.

Tatiana Maslany était toute disposée à jouer Petra, une membre du gang toxicomane, riche et pourrie gâtée qui, tout comme son ex-petit ami Silas, est sur la mauvaise pente. “Quiconque a vu la série ORPHAN BACK sait qu’elle est capable de tout”, affirme Fred Berger. Karyn Kusama ajoute : “Ce que j’adore chez Tatiana, c’est que c’est un vrai caméléon. Elle peut tout faire”.

Les autres rôle clés ont été confiés à Bradley Whitford, Scoot McNairy (GODLESS, HALT AND CATCH FIRE), et Jade Pettyjohn (UNITED STATES OF TARA et la série télévisée ROCK ACADEMY).

LES COLLABORATEURS

DESTROYER a été entièrement tourné à Los Angeles et dans ses environs, selon un planning serré qui aurait fait frémir jusqu’au réalisateur le plus efficace. Karyn Kusama ne s’est pas laissée impressionner pour autant, selon le producteur Fred Berger. “Karyn est une des réalisatrices les plus professionnelles et les mieux préparées que j’aie jamais rencontrées”, déclare-t-il. “Elle connaît tous les aspects de la réalisation du début à la fin, de la préparation au tournage en passant par la postproduction”, ajoute Matt Manfredi. “Ce qui est génial chez Karyn c’est qu’elle est incroyablement méticuleuse et concentrée. Elle aime travailler en équipe, mais en même temps elle sait exactement ce qu’elle veut et comment elle veut l’obtenir”.
Nicole Kidman a également été impressionnée par la méthode de travail de Karyn Kusama : “Karyn est très rigoureuse, mais elle demande pourtant à entendre nos avis et nos idées, afin de les intégrer à sa propre vision. Elle a un profil de leader et elle sait parfaitement ce qu’elle fait. Elle est bien préparée, réfléchie, maternelle, mais elle peut aussi travailler de façon décousue et elle n’hésite pas à y aller. C’est son mari, secondé par son meilleur ami, qui a écrit le scénario. C’était génial de les voir tous les trois, ils n’hésitaient pas à se soutenir et s’encourager”.

Karyn Kusama a réalisé elle-même les storyboards des différentes scènes, mais elle était prête à les ajuster pour répondre aux changements qu’un tournage en extérieurs impliquait inévitablement. La principale exception est la scène du hold-up à la banque, qui devait être composée avec la plus grande attention “parce qu’on a utilisé des vraies armes à feu et des effets réels, si bien qu'on ne pouvait pas refaire la scène à l’infini. Vous avez une ou deux chances au mieux, avant d’être à court de temps ou de munitions”, précise Karyn Kusama.

Cette préparation au cordeau a permis à Karyn Kusama de travailler au plus près de ses acteurs, en particulier Nicole Kidman qui incarne l’Erin Bell aigrie du présent ainsi que son alter-ego du passé, une détective du FBI infiltrée. “Cela fait partie de mon boulot d’être aux côtés des acteurs”, rappelle Karyn Kusama. “Nicole n’arrêtait pas de penser, ressentir et essayer des choses autour du personnage. Il fallait que je puisse communiquer avec elle et avec les autres acteurs car, en incarnant Erin Bell, elle vivait dans cet univers sombre, même en dehors du plateau”.

Dès le premier jour, travailler avec Nicole a été un vrai bonheur”, se remémore Fred Berger. “Quand elle est sur le plateau, il n’y a pas de chichi, il n’y en a que pour le travail. Elle était au front avec nous dès le départ, elle a été une vraie partenaire tout au long du projet. On faisait un film avec des contraintes de temps et de budget, et elle était toujours présente pour nous aider dans les moments de crise”. Karyn Kusama poursuit : “Nicole est une vraie artiste dans la mesure où elle canalise son énergie, elle vit avec cette énergie puis elle la quitte à la fin de la journée. J’imagine que ce n’était pas facile mais en tous cas c’était fascinant. Parfois, je me contentais de la regarder donner à la scène une force supplémentaire. Avoir la chance de voir une actrice sonder de telles profondeurs était extrêmement gratifiant”.

Nicole possède une profonde intelligence émotionnelle qu’elle met en œuvre à chaque scène. Quand on regardait plusieurs prises d’une même scène, on la voyait explorer et interroger chaque réplique, ce qui nous offrait de nombreuses options. Son jeu est intelligent et audacieux”, estime Matt Manfredi. Selon Fred Berger, “c’était incroyable d'assister à la transformation physique de Nicole, de voir sa démarche, d'entendre sa voix, et de déceler l’humanité qui se lisait dans ses yeux. Elle apporte une tension supplémentaire à l’histoire en s'attachant à camper une mère qui a commis de terribles erreurs. Erin est minée par la culpabilité et tente de trouver des moyens de rédemption, et Nicole n’a pas abordé le rôle de façon classique, mais plutôt tout en subtilité et en nuance. Ce n’est rien de moins qu’une performance virtuose. Et quand en plus c’est une personne de grand talent comme Karyn qui est à la réalisation, on a affaire à un duo qui insuffle au récit une vision féminine unique”.

Pour incarner Erin Bell, Nicole Kidman a dû apprendre à tirer, à se servir d’armes à feu et à se comporter comme quelqu’un qui est à la fois prédateur et proie : “elle voit le monde à travers les yeux d'un être qui est menacé en permanence”, dit-elle. Nicole Kidman précise que cela a même influencé sa façon de marcher, de rentrer ou de sortir d’une pièce : “Erin sait tout de suite si elle doit protéger ou attaquer. C’était nouveau pour moi et je voulais que cela soit crédible et juste. Ça m’a pris du temps, mais j’ai fini par adopter une démarche différente, une attitude différente, et même une autre façon de réfléchir quand je jouais le personnage”.

Nicole Kidman évoque le processus qui lui a permis de faire émerger la psychologie du personnage : “Pour certains rôles, je joue quelqu’un qui est tellement éloigné de ce que je suis du point de vue physique et émotionnel, que je dois me déplacer ailleurs, sortir de ce qui serait une simple ‘performance’ d’acteur, et qui ne m’intéresse pas du tout. On est alors dans les limbes. C’est un état inconfortable et assez désagréable que je n’aime pas. Mais je suis aussi profondément impliquée dans ma démarche artistique, et il se trouve que cela en fait partie. On peut ressentir de la joie avec certains rôles. D’autres sont plus inconfortables, et là on raconte l’histoire d’un personnage très mal dans sa peau. Karyn et moi-même avons éprouvé nos limites mentales en suivant le personnage jusqu’au bout. On portait la voix de femmes comme Erin Bell qui ont une vie compliquée, des femmes qui ont dû faire de nombreux compromis”.

Dans le rôle essentiel de Chris, Sebastian Stan ne disposait que d’un temps limité à l’écran pour faire grande impression. Selon les auteurs, il a été à la hauteur. Il est même allé plus loin en devenant la “pierre de touche émotionnelle” du film, selon Phil Hay. “Sebastian a dépassé mes attentes avec le personnage de Chris, et il a pris une place énorme dans la trame du film”, commente Phil Hay. Comme il l’a récemment prouvé dans MOI, TONYA, le fait de jouer face à des actrices de haut niveau ne fait qu’amplifier ses compétences déjà remarquables. “L’alchimie entre Sebastian et Nicole est palpable, c’est une vraie connivence électrique”, se réjouit Fred Berger. “Il est face à elle dans chaque scène, et quand on pense à l’aura qu’a sa partenaire, c’est plutôt impressionnant. Dès les premières scènes, leurs rapports étaient naturels et fluides. C’est une de ces attirances magnétiques qu’on ne peut pas créer artificiellement. C’est ça, la magie du cinéma”.

Karyn Kusama n’a pas de mots assez forts pour faire l’éloge du travail de Sebastian Stan : “Ce qui est magnifique dans son jeu, c’est que dès l’instant où il apparaît à l’écran, Sebastian dégage l’image d’un type réfléchi et fiable, un homme chargé d’une mission, et qui est là pour faire son devoir. Il a conféré au rôle de Chris le charisme de celui d’un personnage principal, mais sans jamais en faire trop. Au fur et à mesure que l’intrigue progresse, on découvre que Chris est aussi humain : il commence à apprécier cette mission secrète et sa tendresse pour Erin devient bien réelle. A l’écran, on voit peu de choses de cette relation naissante, mais Nicole et Sebastian dégageaient une telle complicité qu’ils ont réussi à se comprendre à demi-mot d’une façon sublime. On comprend alors que la relation qui s’est nouée entre eux est authentique”.

La prestation de Toby Kebbell dans le rôle de Silas a aussi pris une dimension qui a ravi les auteurs : “Toby a donné à son personnage imprévisible et explosif un soupçon d’humour inattendu et de légèreté, tout à fait en adéquation avec les intentions de Karyn qui voulait jouer sur l’effet de surprise”, explique Fred Berger. “Il aurait vraiment pu se contenter d’être un méchant de base, mais il a apporté une énergie imprévisible qui donne au film une dimension supplémentaire. C’est un ennemi digne d’Erin Bell”. Karyn Kusama enchaine : “Ce qui est génial avec Toby, c’est qu’il est allé à l’encontre de tous les stéréotypes qu’on a sur ce genre de personnage : au lieu de jouer Silas comme un génie diabolique, il a exploré son côté minable et véreux. C’est quelqu’un qui n’hésite pas à s’autoglorifier mais il se trompe et n’est rien de plus qu’un escroc à la petite semaine. Cette mesquinerie amène les spectateurs à se poser plus largement la question des véritables motivations d’Erin”.

Quand elle s’est attaquée au personnage de Petra, que Phil Hay décrit comme “une vaurienne pleine aux as qui a malheureusement choisi le mauvais chemin, pour des raisons qui ne sont pas complètement de son fait”, Tatiana Maslany lui a prodigué “un sentiment de souffrance tout humaine, qui a donné de la profondeur à son propos”. Karyn Kusama remarque : “Petra est une jeune fille aisée de Beverly Hills qui, dès ses 18 ans, a totalement perdu pied à cause de la drogue. Quand on la retrouve dix-sept ans plus tard, elle n’est que l’ombre d’elle-même, tout comme Erin. Non seulement la drogue a eu à force un effet ravageur sur son corps, mais elle n’a même plus toute sa tête. Tatiana a adoré l’idée de jouer quelqu’un qui n’a plus complètement pied dans la réalité. Le plus impressionnant, c’est que malgré les effets durables de la drogue sur Petra, Tatiana a réussi à puiser dans l’instinct de survie du personnage. Survivre aussi longtemps dans un tel état demande une énergie folle. Grâce à sa façon de la jouer, Petra apparaît comme un personnage tragique et on finit par ressentir une certaine compassion pour elle. Jusqu’à la fin, elle se perçoit toujours comme quelqu’un de privilégié”.

D’après leur travail en commun, Nicole Kidman estime que Tatiana Maslany est très douée et a contribué à créer une relation naturelle entre Petra et Erin. “On s’y est mis et on a construit les choses petit à petit”, explique-t-elle. “C’était très intuitif, très direct. Tatiana, c’est le top !

Karyn Kusama a eu l’intuition de confier le rôle de Shelby, la fille adolescente d’Erin en pleine rébellion, à une actrice du même âge et ce pari a été payant. En dépit des limites de temps qui doivent être respectées avec un acteur de moins de 18 ans, Jade Pettyjohn, “dont le CV est déjà très impressionnant” selon Karyn Kusama, “était non seulement totalement prête pour le rôle, mais en plus elle avait encore ses joues de gamine. On aurait dit quelqu’un qui sortait tout juste de l’enfance. Je voulais que les spectateurs se souviennent que malgré son comportement rebelle, elle est encore une petite fille qui réclame l’attention de sa mère”. Fred Berger ajoute : “Jade était épatante dans le rôle de Shelby, et c’est probablement le rôle le plus complexe du film. C’était exceptionnel de trouver une jeune fille de 16 ans capable de comprendre la profondeur et les enjeux de cette scène finale avec Erin, mais dès la première lecture de Jade, on était tous en larmes”.

Tous les interprètes de seconds rôles sont fantastiques. Même Bradley Whitford, qui fait une brève apparition sous les traits de Dennis DiFranco, un adepte du blanchiment d’argent, s’est donné à fond pour le rôle. “Tout comme Toby, Bradley est allé chercher la laideur et la faiblesse de ce personnage mégalomane. Il est vraiment entré dans la peau du personnage et a pris plaisir à le jouer”, déclare Karyn Kusama.

CE VISAGE, CE VISAGE

Au cours d’un film riche en images, la plus frappante et la plus choquante d’entre elles est la première apparition d’Erin Bell à l’écran. On reconnaît Nicole Kidman, mais elle est métamorphosée. Le visage et l'allure du personnage laissent deviner des années de négligence et de détresse. Son regard est tourmenté. L’aspect extérieur du personnage est devenu pour Nicole Kidman une feuille de route pour déchiffrer son état psychologique. C’est le pouvoir de transformation phénoménal de Bill Corso, récompensé par un Oscar et nommé à trois reprises, qui lui a permis de révéler le personnage. Par le passé, Bill Corso a exercé son talent magique de maquilleur dans des films comme FOXCATCHER, DEADPOOL et sa suite, STAR WARS : LE RÉVEIL DE LA FORCE et LES DÉSASTREUSES AVENTURES DES ORPHELINS BAUDELAIRE, qui lui a valu un prix.

Quand Bill a commencé à composer le style d’Erin Bell – à transcrire sa vie sur mon visage et mon corps – j’ai compris à quel point elle était brisée et désespérée. Il fallait que je la rende autant authentique à l’intérieur qu’à l’extérieur”, raconte Nicole Kidman, “non seulement sur ma peau, mais dans ma silhouette, ma façon de me déplacer. C’était effrayant mais en même temps très libérateur”. Karyn Kusama avoue qu’elle a été sous le choc la première fois qu’elle a vu Nicole Kidman complètement maquillée, “d’autant plus que Nicole prend vraiment bien soin d’elle, elle a une peau de porcelaine absolument sublime. Sous les traits d’Erin, sa peau a un aspect tanné, comme cela arrive souvent dans le climat désertique de Los Angeles, où le soleil brille en permanence”.

Karyn Kusama et Nicole Kidman s’accordent sur le fait que cet aspect négligé permet de comprendre visuellement l’état psychologique du personnage : “Le visage d’Erin reflète le passage du temps et les regrets”, commente Karyn Kusama. “Sans oublier l’alcool”, complète Nicole Kidman. “Elle a choisi d’abîmer son corps, on voit qu’elle a envie de se faire du mal”. Ce contraste ressort tout particulièrement dans les scènes du passé, où Erin est un agent secret du FBI. “Quand on la voit dans les flashbacks au cours des événements qui ont eu lieu dix-sept ans auparavant, on est encore plus frappé par son déclin”, observe Karyn Kusama. “Au cours des flashbacks, elle est ouverte et en pleine santé, elle dégage une sorte d’enthousiasme téméraire. A l’époque, elle est infiltrée, et finit par tomber vraiment amoureuse de son partenaire, avec qui elle devait camper un couple. On voit une lumière dans leur regard, tandis que dans le présent, on voit ce qu’elle est devenue après avoir tout perdu”.

Le maquillage devait être planifié et testé bien à l’avance pour s’assurer qu’il ait l’air naturel dans les deux temporalités”, précise Karyn Kusama. “Dans les séquences de flashback, Bill Corso a donné à Erin un teint frais, de légères taches de rousseur, et une sorte d’éclat. Pour les scènes qui se déroulent dans le présent, il a accumulé les couches sur son visage pour lui donner un aspect irrégulier, et a utilisé des pigments pour les taches de soleil, des prothèses pour les poches sous les yeux, un nez brisé et des taches sur les dents. Bill Corso a créé les rides de son visage à l’aide de pointillés qui tirent la peau et tracent des rides de vieillesse. Nicole Kidman détestait rester assise dans le fauteuil de maquillage, mais Bill Corso a réussi à réduire la séance à quarante ou quarante-cinq minutes. C’était aussi long de retirer le maquillage que de l’appliquer”.

Source et copyright des textes des notes de production @ Metropolitan FilmExport 

  
#Destroyer

jeudi 9 mars 2017

KONG: SKULL ISLAND





Je trouve cette nouvelle rigolote et l'idée très sympa parce que cohérente avec l'impressionnante taille de Kong ! Pour rappel, mon avis sur le film est ici.

3.18m x 2.38m et un poids de 100kg,
Le roi KONG a enfin un magazine… à sa taille !


Un ÉNORME numéro de CINÉMATEASER a été spécialement créé à l'occasion de la sortie en salle de KONG SKULL ISLAND et a battu le Guinness World Records du plus grand magazine du monde (validé par le Guiness Book) lors de l’avant-première du film qui a eu lieu au Grand Rex en début de semaine.









Making of de ce magazine hors norme avec la participation de Studio Danielle


Bande annonce du film (VOSTFR)



  
#KongSkullIsland

vendredi 3 mars 2017

KONG: SKULL ISLAND


Action/Aventure/Fantastique/Visuellement époustouflant, un scénario moyen

Réalisé par Jordan Vogt-Roberts
Avec Tom Hiddleston, Brie Larson, John Goodman, Samuel L. Jackson, Toby Kebbell, John C. Reilly, Jing Tian, Corey Hawkins...

Long-métrage Américain/Vietnamien 
Durée: 01h58mn
Année de production: 2017
Distributeur: Warner Bros. France 

Date de sortie sur les écrans américains : 10 mars 2017
Date de sortie sur les écrans vietnamiens : 10 mars 2017
Date de sortie sur nos écrans : 8 mars 2017


Résumé : Un groupe d'explorateurs plus différents les uns que les autres s'aventurent au cœur d'une île inconnue du Pacifique, aussi belle que dangereuse. Ils ne savent pas encore qu'ils viennent de pénétrer sur le territoire de Kong…

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai penséKONG : SKULL ISLAND est extrêmement réjouissant visuellement. Le réalisateur, Jordan Vogt-Roberts, nous offre de splendides images de paysages et de monstres qui mettent dans l'ambiance. Notamment quand il met Kong à l'honneur. On s'y croirait ! L'impression d'être au cœur de l'action et de voyager avec les protagonistes est encore plus forte en IMAX 3D. 







Il fait un excellent travail pour nous remettre dans l'atmosphère post guerre du Vietnam. Les jalons de l'histoire sont bien posés, l'introduction des personnages est maîtrisée, les protagonistes sont identifiés et attachants, et l'arrivée sur Skull Island est aussi spectaculaire qu'impressionnante. Cependant, le scénario s'essouffle à partir de là et des incohérences apparaissent. Je ne parle pas d'incohérences scientifiques, il s'agit d'un film fantastique avec des monstres, donc tout est plus ou moins autorisé. Le problème vient des comportements humains. Une certaine caricature s'installe. On a l'impression que les décisions qu'ils prennent servent uniquement à introduire de l'action dans la scène suivante au détriment de l'histoire. Cela décrédibilise l'ensemble de l'aventure. 

Le comportement destructeur de l'homme face à l'environnement est ici clairement dénoncé. Les acteurs sont tous supers, mais la multitude de personnage fait qu'ils n'ont pas vraiment la place d'exister, car l'île de Skull Island est un personnage à part entière et elle est beaucoup plus passionnante que les humains. Finalement, au-delà du début du film, on ne les connaît pas vraiment ces protagonistes. Pourtant, ils sont sympas et on a plaisir à voir jouer d'excellents acteurs. Tom Hiddleston interprète James Conrad, un ancien militaire et aventurier, qui sait comment survivre face aux menaces de la jungle. 



Brie Larson interprète Mason Weaver, une photo reporter qui n'a pas froid aux yeux. 



Samuel L. Jackson interprète le Colonel Preston Packard, un militaire qui ne voit la vie qu'au travers du prisme militaire. 


John C. Reilly interprète Hank Marlow, un personnage drôle et décalé. 


KONG : SKULL ISLAND est définitivement un divertissement visuellement époustouflant, aux moments d'action palpitants et aux images magnifiques. Cependant, un scénario mieux travaillé aurait permis au film de prendre plus d'ampleur et de donner plus de profondeur à son sujet environnemental. En tout cas, il est parfait pour un bon moment de détente.


NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

VIVE LE ROI !

Hors du commun. Unique survivant de son espèce. Roi de Skull Island.
Depuis sa première apparition il y a plus de 80 ans, King Kong crève encore magistralement l'écran pour faire son entrée dans notre monde avec une force qui résonne toujours autant dans l'imaginaire collectif. L'heure est venue de restituer sa couronne au monstre le plus emblématique de l'histoire du cinéma.

"Kong représente tout ce qu'il reste de mystère et de magie dans le monde", déclare le réalisateur Jordan Vogt-Roberts. "C'est la raison pour laquelle il ne cessera jamais de parler au public".

C'est l'équipe de producteurs de GODZILLA, en 2014, qui s'est lancée dans ce nouveau projet : imaginer une toute nouvelle aventure au gorille le plus puissant de l'histoire du cinéma.

Pour Thomas Tull, qui a produit le film avec Mary Parent, Jon Jashni et Alex Garcia, cette perspective était à la fois stimulante et redoutablement intimidante. "On voulait mettre au point une expérience complètement inédite pour le public", raconte Thomas Tull. "En tant que fans du personnage, on tenait beaucoup à respecter les ingrédients essentiels qui ont touché tant de gens partout dans le monde. Le résultat est une aventure grandiose, divertissante, monumentale, qui offre du grand spectacle et des scènes d'action trépidantes".

La légende de Kong et l'imagerie qui lui est associée continuent à toucher au plus profond des générations entières de fans, mais pour des raisons très variées. "Il y a beaucoup d'éléments qui caractérisent King Kong – sa taille, sa puissance, son animalité, mais aussi son grand coeur et sa grandeur d âme", note la productrice Mary Parent. "Il puise dans notre affection naturelle pour les primates en général, et c'est ce qui a toujours différencié King Kong des autres monstres. Bien que ce soit un prédateur terrifiant, on ne peut qu'être de son côté. Dans un sens, il tient plus du héros romantique traditionnel que du méchant".
Kong est le précurseur des méchants les plus balèzes du grand écran. Le personnage évoque à la fois toute la violence de la nature sauvage mais aussi nos propres instincts primitifs. Tom Hiddleston suggère que "King Kong incarne le conflit intérieur entre les êtres civilisés que nous sommes et cette part de nous-mêmes qui nous dépasse. Comment concilier le fait que cette créature gigantesque soit à la fois une force de la nature terrifiante mais aussi un être sensible à l'intelligence différente de la nôtre mais tout aussi prodigieuse ?"

À l'origine, King Kong est sorti tout droit de l'imagination du maître des effets spéciaux Willis H. O'Brien et du sculpteur Marcel Delgado : il deviendra alors le personnage central énigmatique du film de Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack – classique KING KONG (1933) – , relecture époustouflante de "La Belle et la bête" ponctuée d'aventures et de monstres géants qui a sidéré et émerveillé des millions de spectateurs à travers le monde. Au plus fort de la Grande Dépression, le film est projeté dans des salles pleines à craquer et continue de battre des records pendant plusieurs dizaines d'années durant lesquelles il est régulièrement diffusé à la télévision et dans les salles de cinéma. C'est la première grosse production à effets spéciaux centrée autour d'un monstre : il a été souvent parodié et a fait l'objet de remakes et de spin-offs, à la télévision comme au cinéma. King Kong est également devenu un symbole de la culture populaire, inspirant jeux vidéos, paroles de rap, thèses académiques, et toutes sortes de figurines, jouets et jeux.

La fin du film, qui montre King Kong, l'air conquérant, au sommet de l'Empire State Building, est l'une des plus emblématiques de l'histoire du cinéma. Mais pour les fans, dont Thomas Tull fait partie, c'est le début particulièrement audacieux qui fait figure d'histoire des origines par excellence. D'ailleurs, sans elle, il n'aurait pas pu complètement réaliser son rêve d'un film estampillé MonsterVerse du XXIe siècle. Les producteurs ont sollicité les scénaristes Dan Gilroy, Max Borenstein et Derek Connolly pour qu'ils élaborent le script à partir d'une histoire originale de John Gatins. Thomas Tull témoigne : "L'un des éléments les plus intéressants de l'univers de King Kong, c'est Skull Island, qui regorge de créatures toutes plus exotiques et dangereuses les unes que les autres, et sur lesquelles King Kong règne en maître. C'est cet aspect de son univers que nous voulions dévoiler dans le film. Nos personnages ne chasseront pas King Kong de l'île. C'est à eux de survivre sur son territoire".

Samuel L. Jackson, qui incarne le lieutenant-colonel Preston Packard, le mâle dominant parmi les personnages humains du film, raconte avec enthousiasme : "Ce qu'on veut, c'est voir Kong dans un environnement grandiose et spectaculaire à sa hauteur. On sait qu'il vit dans la jungle, mais qu'est-ce qu'on y trouve d'autre ? Qu'est-ce qui lui permet d'y subsister ? Est-ce qu'il y en a d'autres comme lui, ou est-il le seul de son espèce ? On apprend en fait qu'il faisait d'abord partie d'une communauté avant qu'elle soit anéantie par une autre créature présente sur l'île. C'est maintenant lui qui règne sur l'île et qui maintient l'ordre".

Avec KONG : SKULL ISLAND, et GODZILLA avant lui, l'équipe de production jette les bases d'un vaste univers peuplé de monstres, situé dans notre monde, mais postulant l'existence de MUTOs (Massive Unidentified Terrestrial Organisms, ou Organismes Terrestres Géants Non identifiés, selon la terminologie de l'univers MonsterVerse). Mais pour lui rendre justice, il fallait non seulement organiser la rencontre de deux univers cinématographiques anciens mais aussi faire fusionner deux chronologies différentes.

La solution est venue d'une idée de génie de Vogt-Roberts, jeune réalisateur qui n'avait qu'un seul film à son actif, THE KINGS OF SUMMER, grand succès du cinéma indépendant. Le producteur Alex Garcia raconte : "L'essentiel de notre histoire autour de Godzilla, c'est l'idée que les essais nucléaires de 1954 n'étaient pas vraiment des essais, mais que le gouvernement essayait en réalité d'exterminer une créature. Jordan nous a suggéré l'idée de situer le film dans les années 1970, et ça a tout de suite titillé notre imagination. Non seulement la période collait bien avec l'univers MonsterVerse, mais c'est aussi une époque très riche à explorer sur un plan thématique, ce qui nous a permis d'introduire à la fois des scènes de guerre hyper réalistes et des monstres géants dans un seul et même film".
Pour Vogt-Roberts, KING KONG marque l'origine de son obsession pour le cinéma. "KING KONG fait incontestablement partie de l'histoire du cinéma, et lorsque j'ai découvert le film de 1933, j'ai été stupéfait par les possibilités cinématographiques infinies qu'il offrait", rapporte-t-il. "C'était le premier film à transporter le public dans un monde inexploré et sauvage. Bien qu'il se trouve sur notre planète, on s'y retrouvait confronté à des phénomènes dont on ne soupçonnait pas l'existence".

Lui qui se qualifie d'intello renfermé, le cinéaste originaire de Detroit a visionné, dans son enfance, un nombre incalculable de films de monstres, de superproductions, et de jeux vidéo. C'est sa découverte du cinéma des années 70 qui le pousse sur la voie de la réalisation. Bien que produits avant sa naissance, les films audacieux, frondeurs et engagés de cette génération font écho à son quotidien et à sa sensibilité. "Les années 70 reflètent étrangement notre société actuelle", remarque-t-il. "Tout ce qui se passait alors – les scandales politiques, l'agitation sociale, des guerres impopulaires, une certaine méfiance envers les gouvernants – rappelle très exactement ce qui se passe à l'heure actuelle. Et en même temps, c'est aussi la fin d'une période de coexistence entre la science et le mythe. Depuis, on s'est engagés petit à petit à détruire l'inconnu".

En inscrivant le monde perdu de Cooper et de Schoedsack dans une époque chaotique marquée par la présence d'hélicos, le napalm et le rock’n’roll, et en plongeant ainsi les spectateurs directement dans le bain, Vogt-Roberts espérait communiquer au public d'aujourd'hui toute la puissance et la dimension atemporelle de King Kong. "Je veux que le film bouscule le public, et le projette immédiatement dans une aventure à la fois viscérale, intense, et hors du commun. Je suis à peu près certain que dans aucun autre film on ne voit une créature géante aux allures de gorille envoyer un grand coup de poing dans un hélicoptère Huey", dit-il en souriant. "Mais c'était ça le film que je voulais voir".

En transposant l'histoire des années 30 à une époque plus moderne – mais pas contemporaine –, le décor s'est parfaitement adapté aux thèmes que le réalisateur et ses producteurs voulaient aborder. Tom Hiddleston, qui avait accepté le rôle du capitaine James Conrad – vétéran désabusé du Special Air Service britannique – avant même que le réalisateur ne soit engagé, raconte : "On est dans un monde qui précède la tyrannie des satellites et de la surveillance généralisée et de l'hyper-information. On n'avait pas l'impression, comme c'est le cas aujourd'hui avec Internet, les téléphones portables et les GPS, qu'on savait tout du monde qui nous entoure. L'époque choisie nous a aussi permis d'avoir un prisme très large pour appréhender le rôle de King Kong dans un débat sur la guerre et sur la propension des êtres humains à détruire ce qui leur échappe".

Pour Brie Larson, qui incarne Mason Weaver, une photojournaliste de guerre, c'est cette dynamique qui a donné aux acteurs un vaste territoire thématique à explorer. "Pour moi, cette histoire ressemble à une allégorie de la nature animale qui est en chacun de nous", suggère-t-elle. "On est tellement éloignés aujourd'hui de cette part de nous-mêmes : on a l'impression qu'il faut qu'on s'en débarrasse en quelque sorte. Il s'agit aussi de la façon dont on aborde le monde qui nous entoure et dont on traite la nature, de l'importance qu'on lui accorde, et de l'importance qu'on accorde aux autres êtres humains".

L'année 1973 a marqué à la fois la fin de la guerre du Vietnam, mais aussi le début du programme Landsat, dans le cadre duquel la NASA a commencé à cartographier la planète depuis l'espace. Une décision qui a permis aux producteurs de justifier la découverte de l'habitat naturel de King Kong. "Sauf que", explique le producteur Jon Jashni, "Skull Island est un espace où l'arrogance des hommes peut leur porter préjudice s'ils ne font pas attention à l'endroit où ils mettent les pieds".

Bien que King Kong soit la créature la plus puissante de l'île, il n'est pas le plus méchant ni le plus terrifiant, loin de là... "Skull Island s'est retrouvée complètement en autarcie et a suivi sa propre évolution un peu étrange", explique Alex Garcia. "C'est un lieu sublime, mais c'est aussi le plus dangereux de la planète et il fourmille de créatures hors du commun. Ça n'est pas un endroit favorable aux êtres humains, et leur simple présence va en fait avoir des conséquences profondes sur cet équilibre fragile".

Vogt-Roberts a imaginé les métamorphoses de l'île en matière d'atmosphère et de caractère et réfléchi à l'impact produit par chaque source d'émerveillement ou de terreur sur les personnages et leurs décisions. "L'une des plus grandes réussites de l'être humain, c'est de s'être soustrait à la chaîne alimentaire", note-t-il. "Les personnages débarquent à Skull Island pleins de certitudes sur notre place dans le monde, et tout à coup, tout ça ne leur sert plus à rien, parce qu'ils ont repris leur place dans la chaîne alimentaire. Je voulais réfléchir aux répercussions que cela peut avoir sur les gens : Qui s'effondre ? Qui en ressort plus fort ? Qui décide de s'entraider ?"

Ce sont ces questions qui servent de point d'ancrage pour le film, ajoute le réalisateur. "J'adore l'idée d'avoir une poignée de personnages qui rentrent de la guerre du Vietnam sans plus croire en rien et sans savoir exactement où est leur place dans le monde, et de les projeter dans cet espace mystérieux. Dans le film, King Kong n'est pas seulement un animal gigantesque. Il ne s'agit pas d'une histoire où l'homme lutte contre la nature. Et c'est la raison pour laquelle notre King Kong sera le plus grand de toute l'histoire l'Hollywood : je veux que le public se rende compte de l'effet que ça fait de lever les yeux et de s'apercevoir qu'une créature féroce de trente mètres de haut vous surplombe".
KONG : SKULL ISLAND confronte le spectateur à un véritable colosse majestueux et puissant. Mais sa stature titanesque n'est pas le seul élément que les producteurs ont choisi de modifier. Mary Parent explique : "King Kong est adolescent quand on fait sa connaissance pour la première fois : il est tout juste en train d'assumer son rôle de mâle dominant, sur une île qui regorge de créatures bien plus féroces que lui, comme les Skullcrawlers qui ont anéanti ses ancêtres et l'ont réduit à être le dernier représentant de son espèce. Et c'est la raison pour laquelle revisiter cet aspect de l'univers de King Kong est tellement passionnant. King Kong lui-même est un personnage extrêmement captivant, mais il se prépare à mener le combat de sa vie, afin de conquérir son titre de roi de Skull Island".

Pour permettre au public de s'immerger totalement à Skull Island, l'équipe a traversé la planète et s'est rendue dans les lieux les plus sublimes et les plus exotiques jamais filmés. Vogt-Roberts raconte : "Quand on porte un mythe à l'écran, non pas en tant que symbole mais en chair et en os, il est primordial de le faire dans un cadre qui donne l'impression d'être palpable, réel et complètement vivant. C'est la raison pour laquelle il était si important pour nous de tourner presque exclusivement dans un cadre où les acteurs pouvaient interagir avec leur environnement, et non pas devant un fond vert. Je veux que, dans la salle de cinéma, les gens se disent 'J'y crois'".

Le tournage du film s'est déroulé sur trois continents, notamment en Australie, à Hawaï, et au Vietnam. Les images ont ensuite été subtilement montées afin de susciter l'impression d'un monde hors du commun. C'est le premier film de cette ampleur à être tourné en grande partie au Vietnam. Du coup, il a fallu prendre des dispositions logistiques complexes afin de pouvoir tourner dans des sites complètement vierges au nord du pays, tout en préservant l'écosystème local à chaque instant.

Afin de permettre au personnage central de faire un retour fracassant au cinéma, Vogt-Roberts a réuni une équipe de choc de techniciens qui a mis la barre très haut en matière de décors, d'effets spéciaux et de personnages infographiques.

KONG: SKULL ISLAND n'est que le deuxième film de Vogt-Roberts, mais c'est de loin son projet le plus ambitieux qu'il a mené à bien sans se laisser impressionner. Il se souvient : "Ce qui m'a guidé tout au long de cette aventure titanesque, c'était la perspective de concevoir une expérience sensorielle qui soit aussi réaliste que possible, afin que le mythe de Kong ait une vraie résonance aux yeux des spectateurs. Même si on a tourné un film complètement nouveau, avec une intrigue résolument originale, il s'agit toujours de King Kong".

NOUS NE SOMMES PAS À NOTRE PLACE : LE CASTING

Les producteurs ont réuni une équipe d'acteurs de premier plan pour camper toute une galerie de personnages dont les trajectoires individuelles s'inscrivent sur la toile de Skull Island. Citons notamment Tom Hiddleston, Samuel L. Jackson, John Goodman, Brie Larson et John C. Reilly, ainsi que Jing Tian, Toby Kebbell, John Ortiz, Corey Hawkins, Jason Mitchell, Shea Whigham, Thomas Mann et Marc Evan Jackson. 

"C'est une histoire humaine que je voulais raconter à travers ce film spectaculaire, et j'ai eu beaucoup de chance de faire équipe avec tous ces acteurs extrêmement talentueux et dévoués", témoigne Vogt-Roberts. "Les comédiens ont énormément donné de leur personne, et n'ont pas eu peur d'être dans la spontanéité, si bien que le film en a vraiment bénéficié et que chaque instant est profondément drôle, effrayant, ou réaliste". 

"Jordan s'est montré courageux, audacieux et original dans sa conception du film, et a pris soin de rester très ouvert à tous les acteurs du film", juge Tom Hiddleston.

John C. Reilly, qui incarne le naufragé Hank Marlow, ajoute : "Jordan est complètement imperturbable. Il portait sur ses épaules le poids d'une superproduction, et pourtant on aurait dit qu'il était en train de réaliser un film indépendant. Il nous a permis de faire des découvertes, d'explorer des idées nouvelles, et c'est très rare dans ce genre de films".
KONG : SKULL ISLAND commence en 1973, à une période de changements, de guerre perdues, et de vieilles croyances qui partent en fumée au milieu des vapeurs de napalm et au rythme du rock’n’roll. L'humanité a conquis et apprivoisé les moindres recoins du monde, et la NASA a lancé un satellite afin de traquer ce qu'il reste de territoire inconnu, en cartographiant pour la première fois la planète depuis l'espace.

Tandis que Landsat 1 repère une anomalie géothermique de grande ampleur dans le Pacifique Sud, ses objectifs et ses capteurs y détectent de la terre ferme. Pour la NASA, l'île en forme de crâne n'est qu'une simple masse terrestre... connue pour les nombreux navires et avions qui disparaissent à ses abords.

Seul Bill Randa, agent spécial à la tête de l'équipe Monarch incarné par John Goodman, pense savoir ce que cette tempête a pu cacher depuis des millénaires. Créée au milieu des années 50 en réponse aux "essais" nucléaires dans l'atoll de Bikini – qui était plus précisément la cible de ces essais –, l'équipe Monarch a beaucoup perdu de son prestige par la suite. Au début des années 70, ce que Thomas Tull surnomme "la CIA de MonsterVerse" ne subsiste que parce que Randa a la ferme conviction qu'il faut dénicher tous les MUTO avant qu'ils ne s'attaquent aux humains. Et le satellite Landsat vient de transmettre son meilleur cliché permettant de prouver ce qu'il avance et de reprendre les recherches.

"Ça fait trente ans que Randa est à la recherche de Skull Island", explique Goodman. "Du coup, grâce à un coup de pouce du gouvernement Nixon, il rassemble une équipe qui va s'associer à la mission Landsat, officiellement pour chercher des ressources naturelles rares dans les sous-sols de l'île. Enfin c'est ce qu'il raconte, en tout cas", ajoute-t-il en souriant.

Le géologue qu'il recrute à la sortie de Yale vient d'écrire un article controversé, bien que solide sur le plan scientifique, au sujet de la théorie – que certains qualifieraient de complotiste – de la Terre creuse. Corey Hawkins, qui campe Houston Brooks, le jeune et brillant diplômé, raconte : "Il a écrit un papier convaincant sur la Terre creuse, mais pour Houston ça n'est rien d'autre qu'une théorie. Il est sceptique. Pour être honnête, Houston doit penser que Randa est fou, mais pour un jeune homme noir dans les années 70 c'est un bon tremplin".

Dans les rangs de l'équipe Monarch, on trouve San, biologiste de renom dont le travail convaincant sur les anomalies dans la jungle du Brésil a immédiatement attiré l'attention de Randa. Jing Tian, qui tient son rôle, témoigne : "San étudie l'existence de ces créatures depuis longtemps et sait dès le départ ce que nos explorateurs peuvent s'attendre à trouver sur Skull Island. Même si leur approche est différente, Brooks et San forment une très bonne équipe et s'épaulent durant l'expédition. Cette dynamique s'est installée très naturellement entre moi et Corey, qui est un acteur extrêmement talentueux".

Les deux jeunes acteurs étaient très heureux de travailler avec John Goodman, acteur bien plus aguerri. "Il était partant pour tout", se rappelle Hawkins. "Je me souviens d'un moment sur le tournage où on est montés en haut d'une colline. Je lui ai demandé : 'John, pourquoi est-ce que vous faites ça ici avec nous ?' Et il a répondu : 'Parce que c'est un truc que je n'ai jamais fait'".

Tandis que l'équipe Landsat se prépare – pense-t-elle – à une étude de routine destinée à vérifier la fiabilité des satellites, Randa, lui, se lance dans une aventure qui pourrait tous leur coûter la vie. Afin de se repérer sur ce territoire vierge inexploré, et de dénicher la créature dont il est convaincu de l'existence, il lui faut un traqueur. Et il sait où trouver le meilleur d'entre eux : dans un tripot de Saigon.

Tom Hiddleston joue le rôle du Capitaine James Conrad, ancien officier du Special Air Service, que l'acteur décrit comme "plus ou moins perdu en Asie quand Randa tombe sur lui ; il n'a pas envie de rentrer chez lui et en est d'ailleurs incapable".

Pourtant, Conrad est un type exceptionnel. Durant la guerre du Vietnam, il a entraîné les troupes américaines et sud-vietnamiennes à se battre dans la jungle, et a été envoyé dans des endroits sauvages ravagés par la guerre à la recherche de soldats perdus. "J'ai toujours été fasciné par les êtres humains qui supportent les conditions naturelles les plus extrêmes, ce dont Conrad est capable", explique Hiddleston.

Choisi pour le rôle un an et demi avant le début du tournage, l'acteur s'est beaucoup renseigné et a découvert un aspect de la guerre très méconnu, qui deviendra le pilier de l'histoire de cet homme désabusé accro aux sensations fortes. "L'Angleterre n'est jamais officiellement entrée en guerre, mais en faisant des recherches, je me suis rendu compte que les forces spéciales britanniques avaient en secret envoyé des troupes au Cambodge et en Indonésie pour entraîner les soldats américains et sud-vietnamiens en raison de leur expertise dans le domaine du combat dans la jungle", nous apprend l'acteur. "C'est la raison pour laquelle j'ai tellement apprécié de participer avec Jordan et les producteurs à l'élaboration du personnage, et à réfléchir à sa situation personnelle au moment où il s'embarque dans cette aventure qui va fondamentalement remettre en question toutes ses certitudes".

Tout comme Conrad, Mason Weaver fait partie des outsiders qui rejoignent l'équipe. Mais pas exactement de la même façon, comme l'explique Brie Larson qui joue le personnage : "Mason Weaver ne se voit pas proposer de participer à la mission. En fait, c'est elle qui leur jette de la poudre aux yeux pour les convaincre de la laisser les rejoindre, parce qu'elle est convaincue que quelque chose qu'on lui dissimule se trame dans l'ombre".

Bien que Mason Weaver ait une relation très particulière avec King Kong, elle ne joue pas le rôle de la demoiselle en détresse. Il ne s'agit pas non plus de la Belle là où King Kong serait la bête. Photojournaliste d'investigation débrouillarde, elle prend part à la mission après avoir arpenté les zones de combats les plus dangereuses. "Elle a acquis la réputation d'être très courageuse et d'être prête à tout pour révéler la vérité", raconte Brie Larson. "Elle s'est fait des ennemis comme ça, parce que beaucoup de publications, tout comme les hommes figurant sur ses clichés, n'apprécient pas beaucoup que l'on dévoile la face cachée de la guerre. D'ailleurs, dans les années 70, les champs de bataille sont des lieux exclusivement masculins, et on voulait ainsi rendre hommage aux femmes qui ont fait ce travail, et qui le font encore à l'heure actuelle".

Mason Weaver, qui se qualifie de "photographe pacifiste", a pour seule arme son fidèle appareil photo Leica. Brie Larson, grâce à son expérience de photographe, connaissait un peu le sujet, mais s'est largement documentée en matière de vieux appareils photos. "J'ai pris beaucoup de photos sur le tournage et j'ai fini par voir le monde à travers l'objectif de Mason Weaver", raconte-t-elle. "J'essayais de cerner des moments de relâchement, et je me suis mise à voir les gens différemment".

Grâce aux contacts de Randa à Washington, la mission de l'équipe Landsat devient tout à coup une priorité, obtient un financement conséquent, et un soutien militaire complet pour aller cartographier la fameuse masse terrestre dans le Pacifique Sud. "L'équipe Landsat n'avait jamais eu accès à quoi que ce soit de ce genre", explique John Ortiz, qui joue Victor Nieves, le chef d'équipe de la mission d'exploration. "Ils commencent donc à se poser des questions sur la véritable raison de la présence de l'équipe Monarch à leurs côtés... et ils ne sont pas préparés à entendre la réponse".

L'unité militaire qui mène l'exploration aérienne de l'île est dirigée par le lieutenant-colonel Preston Packard, qui s'est fièrement battu au Vietnam et avait bien l'intention de gagner la guerre … sauf que le gouvernement américain en a décidé autrement. Lorsqu'on propose à Packard d'accompagner la mission Landsat, on lui explique que l'expédition garantira à son équipe, les Sky Devils (ou diables du ciel), de l'argent facile. Il leur suffit de les emmener, de les ramener, et puis ils pourront rentrer chez eux. Rien de plus simple.

Samuel L. Jackson, qui joue le rôle d'un soldat endurci par la guerre, explique : "Packard est content de rentrer avec tous ses hommes en vie, mais saisit l'opportunité d'un dernier vol avant le retour au pays. Les gens disent qu'on a perdu la guerre, alors que lui pense qu'on a juste rendu les armes. Il veut donner à ses soldats l'occasion d'être fiers, et voit dans l'expédition une opportunité d'en faire des héros qui pourront rentrer avec une victoire à leur actif".

Toby Kebbell, Jason Mitchell, Shea Whigham, Thomas Mann et Eugene Cordero jouent les Sky Devils, les équipiers fidèles et durs à cuire de Packard. Vogt-Roberts a choisi méticuleusement ces acteurs afin de refléter la diversité des hommes et des jeunes envoyés au front au Vietnam, pour ne peut-être jamais rentrer au pays. Le réalisateur précise : "Ils venaient de tous les milieux, jeunes ou vieux, et ces acteurs ont insufflé beaucoup de réalisme à la dimension humaine de la guerre".

Outre leur préparation physique et militaire, les acteurs ont pu passer du temps en compagnie de vétérans de différents conflits armés, notamment de la guerre du Vietnam. "J'ai l'air très jeune, et du coup quand j'ai rencontré Jordan pour la première fois, je me suis dit : 'Jamais je n'aurais pu être pilote pendant la guerre du Vietnam'", se souvient Mitchell, qui incarne l'adjudant Glen Mills, le jeune plaisantin de l'équipe des Sky Devils. "Mais en réalité la plupart de ces pilotes avaient entre 19 et 20 ans. Savoir qu'ils étaient si jeunes souligne d'autant plus à mes yeux leur courage, ce à quoi j'ai voulu rendre hommage à travers le personnage de Mills".

Kebell, qui joue le rôle du commandant Jack Chapman, le fidèle compagnon de Packard, ajoute : "On nous a dit : 'En tant que pilote d'hélico, personne n'est jamais mécontent de vous voir. Dans toute l'armée, vous êtes littéralement la seule personne que tout le monde – à part vos ennemis – est heureux de voir. Vous êtes là pour prendre soin des autres'. Et ça nous a rendus très fiers, ça nous a permis de comprendre véritablement qui sont les Sky Devils. On a eu énormément de chance de pouvoir discuter avec ces hommes".

Afin de souder leur équipe, les acteurs ont passé autant de temps ensemble que possible durant le tournage, que ce soit pour répéter, improviser sous les traits de leurs personnages, ou simplement pour se détendre. "J'ai l'impression qu'on a vraiment créé des liens fraternels", raconte Cordero, qui joue le rôle du sergent Joe Reles. "On ressent parfois un certain agacement à l'égard de ses camarades, mais toujours un amour inconditionnel; et puis, dans les moments où on en a le plus besoin, on se dit que c'est la meilleure chose qui nous soit jamais arrivée. Chacun devient comme un petit frère, et ça n'a vraiment pas été difficile de se mettre dans cet état d'esprit avec ces gars-là".
C'est l'avion cargo Athena qui emmène l'équipe Landsat, les scientifiques de Monarch, les Sky Devils et les électrons libres Mason Weaver et James Conrad, au plus près de leur destination. L'appareil doit cependant respecter une distance de sécurité sans laquelle il risquerait d'être précipité vers les dangereux récifs qu'il survole, ou par la masse agitée de nuages noirs, de poussière et de forces magnétiques qui s'étend à l'horizon. Le téméraire Packard prend la décision de quitter l'avion et l'équipage s'envole à bord d'une escadrille d'hélicoptères Huey.

Par-delà les nuages, nos explorateurs découvrent un véritable Eden à couper le souffle, primitif et totalement vierge, qui donne lieu à un moment de pur émerveillement pour tous les passagers... jusqu'à ce que la chute de leurs engins explosifs mette le feu à ce coin de paradis.

C'est le début de l'intrusion humaine à Skull Island.
Et elle s'accompagne de la rencontre avec son gardien à la stature inimaginable et à la puissance dévastatrice.

Même Randa est pris de court : "Il n'a jamais rien vu qui ressemble de près ou de loin à King Kong", témoigne Goodman. "Ils sont incapables de l'apprivoiser à l'aide de leurs outils technologiques, ni d'utiliser leurs connaissances scientifiques pour l'aveugler : le conflit est donc immédiat".

Tandis que Packard contemple la scène d'un air horrifié, "King Kong envoie valser les hélicoptères d'un coup de poing, tuant par la même occasion la plupart de ses hommes", raconte Jackson. "Lui qui n'a jamais abandonné l'un de ses gars au Vietnam, et qui est animé par ses instincts guerriers, refuse de jeter l'éponge aussi facilement. Étant maintenant pleinement investi et ayant du sang sur les mains puisqu'il a échoué à ramener ses hommes chez eux, King Kong devient la cible de sa rage".

Mais Conrad se rend compte qu'ils ne sont pas de taille à l'affronter. "Il constate la force prodigieuse de King Kong, et son expérience de la nature lui a appris qu'il ne sert à rien de vouloir résister", remarque Tom Hiddleston. "Autant pisser dans un violon. Il leur faut plus d'humilité, ce que Conrad comprend tout de suite, mais qui échappe un peu à Packard et ses armes de guerre. Pourtant, dans ces conditions, même Conrad, armé de son expérience et de ses connaissances considérables, est pris de court face à cette créature massive, primitive, qui ne ressemble à rien de connu".

Décimés, pris au piège et séparés par des champs de débris calcinés d'hélicoptères, les survivants tentent de comprendre ce qu'ils viennent d'apercevoir. "On est convaincus de régner en maîtres sur notre territoire", avance Vogt-Roberts. "Mais lorsqu'on regarde cette chose, on ne peut que conclure qu'on est face à un phénomène qui nous dépasse. C'est maintenant à chacun d'entre eux de décider s'ils veulent l'accepter, la combattre, ou simplement survivre".

Brie Larson acquiesce : "Les personnages rencontrent la même créature, mais au fur et à mesure de l'aventure, leurs réactions prennent deux tournures bien différentes : certains veulent dominer la bête, tandis que d'autres se sentent pris d'affection et de compassion pour elle. King Kong est plus qu'une force de la nature : il incarne littéralement la nature. On pense qu'on peut la dominer, mais elle gagne toujours malgré nos effort".
Tout comme King Kong, Packard est une force avec laquelle il faut compter.

Séparés des militaires, Mason Weaver et James Conrad, accompagnés des scientifiques du Monarch ainsi que d'un des hommes de Packard, l'adjudant Reg Slivko, se lancent à la recherche des survivants parmi les Sky Devils et se dirigent vers leur seule porte de sortie : le site d'extraction au nord de l'île. Thomas Mann, qui joue le rôle de Slivko, explique : "Séparé de son unité, et en compagnie de personnes dont l'état d'esprit est très différent de celui de Packard, Slivko ne suit pas le même chemin que ses frères d'armes. Dans un sens, c'est encore un enfant qui ne sait pas dissimuler son émerveillement ou sa peur".

Si les personnages sont les seuls intrus de l'île, ils ne sont pas pour autant les seuls êtres humains. Alors qu'ils se préparent à découvrir les merveilles et les horreurs que renferme l'île, ils se retrouvent soudainement encerclés par les guerriers de la tribu indigène de l'île, les Iwis.

Puis, à leur grande surprise, un visage amical et résolument américain apparaît devant eux : il s'agit de Hank Marlow, joué par John C. Reilly. Pilote durant la Seconde Guerre mondiale, il s'est écrasé sur l'île 28 ans auparavant et a survécu depuis, tout en espérant de tout son coeur pouvoir un jour retrouver sa femme et le fils qu'il n'a jamais connu. "Hank Marlow est un personnage fantastique", raconte Reilly. "C'est un homme complètement coupé de son époque qui a aussi un peu perdu la tête à force de vivre sur l'île. Il a traversé la vingtaine, la trentaine, et la quarantaine quasiment éloigné de tout ce qui lui est familier. Moi, je deviendrais complètement fou au bout de six mois, alors après 28 ans n'en parlons pas ! Hank a dû perdre la tête, retrouver ses esprits avant de sombrer à nouveau dans la folie une bonne dizaine de fois".

Pourtant, il n'a pas toujours été seul. Après un intense combat aérien avec un pilote japonais qui détruit leurs appareils, Marlow se retrouve à devoir affronter le pilote ennemi, Gunpei Ikari (incarné par Miyavi) au corps à corps. Mais tout change lorsqu'ils se retrouvent confrontés à une force qui les dépasse : King Kong. "Lorsque les deux hommes se rencontrent, ce sont des soldats acharnés qui ont bien l'intention de s'entretuer, et puis 28 ans plus tard, on comprend qu'un phénomène merveilleux s'est produit", rapporte Reilly. "Ils ont dépasse leurs différences pour devenir frères".

Marlow a fait de son mieux pour s'intégrer aux Iwi, et grâce à eux, a fini par comprendre King Kong. "Les Iwi vivent en symbiose avec l'île", explique Vogt-Roberts. "Ils comprennent le rôle majeur que joue King Kong : sans lui, certaines forces de l'île se soulèveraient et modifieraient l'équilibre fragile qui maintient la paix et évite une complète extermination".

Reilly ajoute : "King Kong vit à la surface de la terre, et les diables sous terre. King Kong est le seul capable de les tenir à l'écart, ce qui permet à un certain nombre d'espèces de vivre en harmonie sur l'île. Pour les Iwi, King Kong est un dieu".

En avertissant les nouveaux venus du rôle sacré de King Kong, Hank ne fait qu'envenimer le conflit imminent entre ceux que Goodman nomme les "mâles dominants de l'île" : Packard, Conrad, et King Kong. Lorsque l'unité de Packard part en reconnaissance avec le groupe de Conrad, il devient évident que le chef militaire est dévoré par son désir de vengeance, si bien que même l'avertissement de Marlow sur ce qui risque de se produire si Packard parvient à tuer King Kong ne le fait pas changer d'avis. "La réaction de King Kong était prévisible", affirme Reilly. "Comme Hank tente de leur faire comprendre, 'On n'entre pas chez quelqu'un en balançant des bombes sans être prêt à en découdre !'"

Chacun à leur façon, Packard et Kong sont des protecteurs : Kong est responsable de son habitat, et Packard de ses hommes, jusqu'à ce que celui-ci perde de vue ce qu'il protège. "À ce moment-là, il s'est complètement coupé des autres", remarque Jackson. "Chacun commence à comprendre qu'en cherchant à venger les hommes qu'il a perdus, tout en sachant le risque qu'il fait courir aux autres, il n'est plus à la hauteur du chef raisonnable sur qui ses soldats ont toujours compté. Dans un monde rationnel – et s'il n'était pas aussi bouleversé par les pertes qu'il a subies –, il comprendrait l'équation biologique en jeu. Et pourtant, il est toujours décidé à se servir sur la bête".

"Pakcard n'a jamais laissé tomber ses hommes, et ils sont prêts à le suivre jusqu'au bout", explique Whigham, qui campe le capitaine Earl Cole. "Cole obéit aux ordres, mais le colonel se met à agir de manière tellement irrationnelle qu'il se met à remettre en cause ses décisions et se sent à la fois triste et déstabilisé de ne plus être sûr de ce qui est juste".

Mason Weaver est la première à rencontrer King Kong en personne, mais son but n'est ni scientifique, ni politique. Elle est donc la première à comprendre la véritable ampleur du phénomène que nos explorateurs viennent de déclencher sans le savoir. "La rencontre de Mason Weaver avec King Kong lui fait éprouver une immense compassion", observe Brie Larson. "King Kong est la créature la plus imposante de toute l'île, et pourtant il ne choisit pas d'utiliser sa force pour lui faire du mal. Au départ, elle veut rentrer avec des clichés lui assurant succès et célébrité, mais en fouillant l'âme de cette créature, elle se rend vite compte qu'il y a une créature sur l'île qui est extrêmement précieuse et qu'il faut préserver".

Conrad rencontre à son tour le roi majestueux de l'île et il se rend compte qu'il était à la recherche d'une forme de rédemption sans le savoir. "Conrad est en train de contempler le territoire du haut d'une falaise, et se retrouve tout à coup à un mètre de King Kong, assez prêt pour pouvoir le toucher", analyse Tom Hiddleston. "Il sait que King Kong l'a repéré, et qu'il est en train de plonger son regard dans celui d'un être sensible, ce qui le rend de nouveau réceptif à l'émerveillement, à l'innocence, et à l'humilité. Au début de l'aventure,Conrad est un être cynique, puisque tout ce qu'il souhaite, c'est gagner de l'argent facile. Jusque-là, il vivait sa vie comme un somnambule, mais à présent il a les yeux grands ouverts".

DE BRUIT ET DE FUREUR : LA CRÉATION DU MONSTRE

Pour la production, la mission la plus complexe – et la exaltante – était sans doute la création de Kong. Quoi qu'il en soit, elle n'a pas choisi la facilité… "Je me suis toujours dit que Kong appartenait à une espèce à part et qu'on ne pouvait tout simplement pas le ranger dans une catégorie de primates en particulier", affirme Thomas Tull.

Le parti-pris de Thull correspondait à celui du réalisateur : "Dans le film, Kong nous ramène aux monstres des classiques du cinéma d'horreur", dit-il. "Ce n'est pas un simple primate. Je voulais que Kong se rapproche davantage d'un dieu solitaire. Par la suite, je souhaitais montrer progressivement qu'il était doué d'empathie et d'émotion et qu'il pouvait nouer une relation affective avec son entourage. Même si dans le film il s'apparente à une divinité, il a une part d'humanité à laquelle le spectateur sera sensible".

Pour que la créature soit aussi réaliste que possible et qu'elle puisse exprimer des émotions, la production a mobilisé des spécialistes d'effets visuels, des animateurs, des graphistes, et des designers sonores qui ont tous travaillé en équipe sous la supervision de Vogt-Roberts, en cherchant à sortir des sentiers battus.

Le célèbre studio Light & Magic, qui a signé les effets visuels d'importants blockbusters, a largement collaboré à la création de Kong, sous la houlette du superviseur effets visuels senior Stephen Rosenbaum et du superviseur effets visuels Jeff White.

L'équipe ILM comptait près de 300 artistes, animateurs et techniciens, installés dans trois lieux différents. Pour mettre au point la créature, il aura fallu au total plus d'un an et demi, dont huit mois ont été consacrés à la conception du monstre. Il s'agissait non seulement de créer un personnage charismatique et déterminé, mais d'en faire également un puissant antihéros. "Notre principale difficulté consistait à faire aimer le personnage du public et à l'affubler d'une certaine humanité", explique Rosenbaum.

Vogt-Roberts a tout d'abord demandé à l'équipe ILM de s'inspirer de l'esprit du KING KONG de 1933, en conservant son aura et sa dimension de monstre classique du cinéma. C'était un postulat de départ exigeant mais l'ensemble des producteurs y souscrivait.

Ce mélange entre le spectaculaire et l'intime a donné lieu à des scènes à la fois viscérales, originales et terrifiantes, mais aussi à des moments de grande émotion parfaitement inattendus. White reconnaît qu'il a une tendresse particulière pour les séquences intimes où Kong se lie avec certains explorateurs ou contemple la beauté fascinante de Skull Island. "J'adore les scènes où Kong est tranquillement assis et observe les aurores boréales, ou vient en aide à Mason Weaver pour soigner un animal blessé et noue contact avec Mason et Conrad tandis qu'ils sont sur le flanc d'une falaise. Je trouve que c'est dans ces moments-là que Kong s'impose vraiment comme un personnage à part entière".

Le film de 1933 a également donné des idées pour l'allure du monstre. Carlos Huante, concepteur de créature particulièrement réputé, s'est inspiré de photogrammes de l'oeuvre de Shoedsack et Cooper pour dessiner les muscles et certaines postures physiques, tout en leur donnant un aspect plus contemporain.

"À partir de là, on s'est vraiment creusé la tête pour retrouver ce qui a fait de Kong une créature aussi marquante", suggère White. "On a intégré les proportions excessives du museau épaté de Kong, on l'a affublé d'une crinière au sommet du crâne, d'un énorme front et de poils de couleur brun orangé, puis on a utilisé de puissants éclairages latéraux pour faire ressortir davantage ces caractéristiques physiques".

Mais dans cette toute nouvelle version du monstre, la taille a son importance. D'une hauteur de 30 mètres, il domine son monde… et les visiteurs venant de débarquer sur l'île. "C'est essentiel parce que grâce à sa taille et à son poids, Kong en impose vraiment", note White. "Du coup un être humain a l'air d'une fourmi face à ce colosse : on comprend à quel point notre espèce n'a pas sa place dans son monde".

C'est le gabarit hors du commun de Kong qui a poussé le réalisateur à créer les mouvements du monstre en animation traditionnelle – sous la supervision de Scott Benza d'ILM – plutôt que d'avoir recours à la "performance capture" et, donc, aux déplacements d'un comédien. Ce parti-pris a également permis à Vogt-Roberts de mieux travailler avec les animateurs d'ILM pour mettre au point le "jeu d'acteur" de Kong tel qu'il l'envisageait. En outre, il a enrichi l'allure et les mouvements de Kong grâce à une session de "facial capture" avec Toby Kebbell (qui interprète aussi le commandant Jack Chapman) et une autre de "motion capture" avec Terry Notary, coach de mouvements réputé (LA PLANÈTE DES SINGES : L'AFFRONTEMENT, la trilogie du HOBBIT).

Une fois l'animation finalisée, l'équipe d'ILM a construit le squelette et la structure musculaire de Kong, puis a simulé les flexions et extensions des muscles sous la peau et la réaction des poils au mouvement de la peau. Là encore, le film de 1933 a été une formidable source d'inspiration. Par exemple, Kong roule de grands yeux quand il rugit, ce qui, selon Benza, renvoie à sa dimension de monstre. "On pourrait croire qu'il plisse les yeux lorsqu'il se met en colère, mais on aimait bien le regard qu'il a dans la version de 1933", dit-il.

Pour ILM, trois éléments, qu'on observe pourtant tous les jours dans la nature, posaient particulièrement de problèmes techniques : les poils, l'eau et le feu, extrêmement difficiles à restituer de manière infographique. Dans KONG: SKULL ISLAND, ces trois éléments interagissent les uns avec les autres à l'image.

La crinière de Kong était en soi un extraordinaire pari technique : l'équipe d'ILM a passé une année entière à brosser, dessiner et sculpter les 19 millions de poils de la bête. "On ne pouvait en aucun cas se contenter de la générer sur l'ordinateur", relève White. "Il fallait préciser au logiciel infographique où positionner les poils et quelle allure leur donner".

Il était d'autant plus difficile de simuler la présence de l'eau qu'il en fallait d'immenses quantités. "L'eau est entièrement générée de manière numérique mais obéit à de véritables lois physiques", poursuit White. "Il fallait tenir compte du fait que Kong est tellement colossal et se déplace tellement vite que sa main percute l'eau à 60 ou 80 km/h. L'eau était projetée tellement haut qu'on ne voyait même plus Kong. Il fallait qu'on détermine comment 'tricher' pour qu'on distingue quand même sa tête, tout en donnant le sentiment que le mouvement de l'eau obéit malgré tout aux lois de la physique".

Les effets sonores avaient, eux aussi, leur importance. Bien en amont du tournage, la production a testé plusieurs techniques pour mettre au point le rugissement glaçant et déchirant de Kong ainsi qu'une palette de son permettant au spectateur de plonger dans cet univers viscéral.

La conception des cris fracassants du monstre a été orchestrée par le monteur son/ designer sonore Al Nelson qui rend hommage à Vogt-Roberts : "Jordan ne voulait pas se contenter de rugissements plus forts et percutants que dans les versions antérieures", affirme Nelson. "Il tenait à ce que Kong s'apparente à une divinité et qu'on comprenne qu'il règne en maître sur Skull Island. Par conséquent, loin d'être une horrible créature en colère qui passe son temps à grincer des dents et à hurler, Kong est une créature majestueuse régnant sur ce monde féerique. Ses consignes ont été très précieuses".

Nelson a commencé par se rendre au parc zoologique de Washington et au Disney's Animal Kingdom d'Orlando où il a enregistré des lions. "Si je me suis servi des rugissements de lions, c'est parce que Kong est le premier monstre de cinéma qui ait intégré des effets sonores", indique Nelson. "C'est Murray Spivak qui a sonorisé la créature dans la version de 1933. Il a utilisé le rugissement d'un lion et celui d'un tigre diffusé à l'envers qui, pense-t-on, ont été enregistrés au zoo de Los Angeles. Je voulais me servir d'un lion comme point de départ pour rendre hommage à ce grand classique des années 30". Par ailleurs, Nelson a employé des bruits de gorille et de singe, qu'il a mixés et associés aux premiers sons pour enrichir le répertoire sonore de Kong.

Bien entendu, aucune créature du règne animal ne peut émettre les sons tonitruants de Kong. Pour bien restituer les cris de la bête, l'équipe a installé un système de playback à Skywalker Sound, dans le nord de la Californie. "On a mis en place des enceintes et un dispositif de spatialisation sonore", raconte Nelson. "On a ainsi diffusé les mugissements et rugissements de Kong sur un système sonore 5.1 pour obtenir un effet de réverbération et d'écho, afin de pouvoir les utiliser dans un cadre plus naturel".

LE DOMAINE DE KONG

Kong règne sur le domaine vierge de Skull Island, sanctuaire dont aucun être humain n'a encore foulé le sol. C'est un espace grandiose qui inspire l'effroi, mêlant fantastique et réalité. "Il se définit par un écosystème extraordinaire qu'on ne trouve nulle part ailleurs", indique Alex Garcia.

"Très en amont du projet, nous tenions à ce que Skull Island possède son propre climat et d'autres caractéristiques fantastiques", ajoute Mary Parent. "On a cherché à offrir au public des images inédites".

Le chef-décorateur Stefan Dechant précise que Vogt-Roberts a su expliquer clairement à ses collaborateurs l'idée qu'il se faisait des paysages de l'île : "C'est vraiment l'univers de Jordan et on abordé les décors comme s'il s'était vraiment rendu à Skull Island, qu'il y était retourné plusieurs fois et qu'il nous avait raconté des anecdotes sur son périple", note Dechant.

Avec KONG: SKULL ISLAND, c'est la première fois qu'un studio tourne un long métrage quasi entièrement au Vietnam. Le film a aussi été tourné à Oahu, qui fait partie de l'archipel d'Hawaï, et sur plusieurs sites de la Gold Coast australienne.

"Le tournage au Vietnam a été un formidable atout pour nous", analyse Garcia. "On y trouve des paysages extrêmement différents qu'on ne voit nulle part ailleurs. On a ensuite pu intégrer ces images à la majesté des sites hawaïens et australiens – le résultat était saisissant".

L'intrigue de KONG: SKULL ISLAND comportait des détails majeurs sur l'esthétique de l'île fictive de Skull Island. "Dès qu'on est arrivés sur place, j'ai compris qu'il y avait quelque chose d'unique dans les paysages du Vietnam", affirme le réalisateur.

L'équipe a tourné pendant trois semaines dans plusieurs sites du Vietnam, dont certains n'avaient jamais été filmés dans un long métrage. La production a ainsi parcouru Yen Phu, Tu Lan, le belvédère de Phon Nha, le fleuve Tam Coc à Ninh Binh, Trang An, les marécages de Van Long et la baie d'Along qui offre des panoramas à couper le souffle.

L'acheminement des acteurs, des techniciens et du matériel de tournage dans les provinces les plus reculées du pays a nécessité une véritable organisation : il a fallu mettre en oeuvre une opération logistique de grande ampleur et notamment construire des routes dans un environnement totalement vierge. Une fois les images en boîte dans chacun des sites, la production a pris soin de restaurer le fragile écosystème qui prévalait avant son intervention. Le régisseur d'extérieurs Ilt Jones, autoproclamé "protecteur de l'environnement", a fait en sorte que les lieux visités soient en meilleur état après le départ de l'équipe qu'au moment des repérages.

Attentif aux consignes de Vogt-Roberts selon lesquelles le Vietnam devait inspirer la plupart des décors du film, Jeff White a sillonné le pays en avion pendant plusieurs semaines, prenant des photos aériennes qui ont ensuite été scannées. "On a fini par utiliser ces prises de vue non seulement pour donner plus d'envergure aux scènes tournées au Vietnam, mais pour qu'elles se substituent à certains paysages filmés à Hawaï, par souci d'une cohérence d'ensemble", dit-il. "C'était particulièrement utile pour certains sites hawaïens qu'on a déjà vus au cinéma et qui sont donc facilement reconnaissables. On a conservé l'espace immédiat dans lequel évoluent les comédiens, puis remplacé le paysage et l'horizon par les montagnes du Vietnam. C'était non seulement beaucoup plus cohérent, mais cela permettait d'ancrer davantage le film dans un environnement esthétique vietnamien".

Vogt-Roberts s'est pris de passion pour ce pays : "J'espère que le spectateur tombera amoureux du Vietnam et qu'il appréciera sa beauté grâce au film", dit-il. "Ce que j'y ai vécu m'a profondément marqué. Je suis tombé amoureux de la culture et de la population du Vietnam, et je serais extrêmement heureux que le public du monde entier puisse découvrir les merveilles et la force de ce pays".

Oahu, plus connu du grand public, recèle également de sites exotiques. La production a ainsi tourné au Kualoa Ranch et au parc naturel d'Ohulehule, dans la vallée de Waikane.
Si le Kualoa Ranch attire de nombreuses équipes de tournage, ses paysages luxuriants ont été transformés pour offrir un cadre mystérieux au périple des personnages. Au fond d'une immense vallée entourée d'imposantes montagnes, la production a installé l'ossuaire de l'île – vaste étendue jonchée d'énormes ossements et d'inquiétantes dépouilles. Cet ossuaire – augmenté par la suite par l'équipe effets visuels – est un lieu hanté par la mort et les disparus… mais qui, en réalité, est bel et bien vivant.

Le site regorge d'indices à la fois intrigants et éprouvants sur les origines de Kong. Le réalisateur note : "Dans les versions antérieures de l'histoire du monstre, on ne savait pas d'où venait Kong et on n'avait aucun détail sur son espèce ou sa famille. Grâce à l'ossuaire, on découvre ce qui lui est arrivé et ce qui a façonné son destin. On découvre les vestiges de ses ancêtres et d'autres créatures".

Mike Meinardus et son équipe effets spéciaux sont également à l'origine de contributions majeures au décor, à l'instar d'explosions dans les conduits de l'ossuaire – "à la manière d'un volcan", remarque-t-il – et d'une épaisse fumée jaunâtre en provenance du sous-sol, enveloppant les lieux.

Pour la scène où Packard, ivre de vengeance, se sert de son expérience de la guerre du Vietnam pour mettre en place un piège – un lac truffé de napalm que le personnage transforme en véritable enfer – , Meinardus a supervisé la construction d'un lac artificiel dont une partie a ultérieurement été agrandie de manière infographique. L'équipe effets spéciaux a équipé le lac de lances à incendie et d'injecteurs d'heptane à partir desquels des flammes s'élevaient jusqu'à 20 mètres de hauteur. "Nous avions plus de 100 km de lances à propane et environ 230 mètres de tuyaux à incendie qui étaient tous sur des collecteurs", se rappelle Meinardus. "On était en pleine jungle, si bien que tout devait être parfaitement organisé et contrôlé par mesure de sécurité et de protection de l'environnement".

En dehors de la jungle, Conrad débarque dans un bar clandestin et tripot de Saigon, mais Dechant a reconstitué la métropole vietnamienne dans le Chinatown d'Oahu. "Saigon est aujourd'hui une ville très contemporaine, et pour restituer l'atmosphère qu'on recherchait, il semblait logique de tourner à Hawaï et d'y recréer le Saigon des années 70", dit-il.

Après avoir quitté Oahu, l'équipe s'est installée en Australie où elle a tiré parti de la diversité des paysages. "La Gold Coast était formidable car elle offrait une pluralité de décors naturels, comme un désert, une jungle touffue et des formations rocheuses, sans oublier des plateaux de tournage et des techniciens extrêmement compétents aux studios de Village Roadshow", indique Garcia.

Le décor le plus imposant est celui de la carcasse rouillée du SS Wanderer, navire à l'abandon qui a échoué sur le rivage de Skull Island il y a très longtemps. Il a depuis été transformé en sanctuaire par la tribu Iwi qui le considère comme un don des dieux.
Sur le plateau du studio, Dechant et le directeur de la photo Larry Fong ont travaillé de concert pour éclairer cet espace digne d'une cathédrale, en se servant pour l'essentiel de la lueur de bougies et de rayons de soleil artificiels s'immisçant à travers les trous de la coque du bateau.

Des images gravées sur des piliers ajoutent à la dimension mystique du sanctuaire. Tandis que les personnages s'y aventurent, d'autres surprises les attendent : on comprend qu'il y a là tout un monde peuplé de créatures étranges et de monstres. Jeff White s'explique : "Cette scène a été imaginée pour que Marlow puisse communiquer des informations sur le passé de Kong. On a consacré beaucoup de temps à chaque image pour faire en sorte que les informations soient transmises de manière claire, et ensuite on a transposé chaque gravure dans la langue graphique des Iwi. Pour Jordan, il était essentiel que les images aient l'air de former un chaos inintelligible au départ, puis qu'elles soient porteuses de sens dès lors que le point de vue des personnages – et du spectateur – change. Pour chaque prise de vue, on a choisi un plan où l'image était reconnaissable, puis on a modifié l'emplacement des piliers infographiques pour faire en sorte que l'image ne soit pas immédiatement déchiffrable. C'était un gros défi sur un plan graphique mais qui enrichit le mystère et la complexité de Skull Island".

La production a été très sensible aux paysages sidérants de l'Australie, s'aventurant à l'intérieur des terres de la Gold Coast et notamment sur le Mont Tamborine, dans la Vallée de Tallebudgera et la forêt de Paperbark.

Les magnifiques dunes de sable de l'île de South Stradbroke ont servi de toile de fond à la séquence d'ouverture. Comme l'indique Garcia, l'expédition nécessaire pour se rendre sur place n'est pas si éloignée du périple des personnages du film. "Il nous a fallu une demi-heure en bateau pour traverser la crique de Jumpinpin, puis 40 minutes en buggy tout-terrain pour parcourir la plage", précise-t-il. "Par moments, on avait l'impression d'être sur la lune".

Brie Larson s'est souvenue de son expérience avec un éléphant pour l'une des rares scènes entièrement tournée sur fond vert : il s'agit du premier face-à-face entre Mason Weaver et Conrad d'un côté, et Kong, de l'autre, tourné aux studios de Village Roadshow. "C'est peut-être un peu exagéré, mais je ne m'étais jamais retrouvée aussi près d'une créature aussi imposante et puissante… mais qui se comporte avec douceur avec moi", dit-elle en souriant. "Il y a là quelque chose d'extraordinaire : Kong est la créature la plus imposante de l'île, et pourtant il ne se sert pas de sa force pour faire du mal aux hommes".

Néanmoins, cette scène émouvante a représenté une journée de tournage éprouvante pour les comédiens qui étaient censés nouer un lien très fort avec leur partenaire gigantesque mais… invisible ! Hiddleston a improvisé, suggérant de diffuser un morceau de musique évocateur – l'Adagio en Ré mineur, extrait de la bande-originale de SUNSHINE – afin que la séquence se mette en place. "Il y très peu de moments où on peut se dire, 'c'était magique', et celui-ci en fait partie", confie Vogt-Roberts.

L'ÉPOQUE DE KONG

La production a choisi de situer l'intrigue en 1973, époque où le monde semblait en plein chaos. Il faut dire que la guerre du Vietnam, qui touchait à sa fin, durait depuis plusieurs années et qu'une profonde crise économique, sociale et politique secouait la planète.
Dans le même temps, comme le signale le réalisateur, cette époque était "fascinante sur un plan esthétique. La beauté se nichait dans d'infinis détails".

Pour cerner au mieux ce style, Vogt-Roberts et Fong ont conçu des objectifs anamorphiques – uniques dans leur genre – en collaboration avec Panavision. "Ces objectifs ont un côté rétro, ce qui correspondait bien à l'esprit des seventies qu'on cherchait à retrouver", indique Fong. "Panavision nous a dit qu'il s'agissait des lentilles anamorphiques les plus sophistiquées que la société ait jamais conçues".

Pour que KONG: SKULL ISLAND se démarque esthétiquement d'autres productions du genre, Fong et Vogt-Roberts ont choisi très en amont une palette de couleurs originales, afin d'envelopper le film dans un climat hallucinatoire évocateur de la guerre du Vietnam.
Dirigée par Bill Randa (John Goodman), l'organisation d'agents secrets du Monarch, postés sur le porte-avions Athena, est elle aussi marquée par l'époque. C'est à partir de là que les explorateurs se rendent en hélicoptère sur Skull Island. Les hélicoptères Huey – autre moyen de transport emblématique des années 70 – jouent un rôle décisif dans le film. Le son caractéristique de leurs hélices – fop, fop, fop – évoque les dilemmes de Packard concernant la fin de la guerre et rythment l'affrontement violent, projeté au ralenti, entre Kong et les hélicos envahissant son territoire. Pour restituer ce son si particulier, le designer sonore Pete Horner, les monteurs effets sonores Benjamin A. Burtt, Pascal Garneau et William McGuigan, et le chef-monteur son Steve Slanec ont collaboré avec le Vietnam Helicopters Museum de Concord (en Californie) pour enregistrer un authentique Huey des années 70.

"Le musée a mis un hélico Huey à notre disposition et, équipés de toutes sortes de micros et d'appareils d'enregistrement, nous nous sommes postés sous les hélices pendant qu'elles tournaient afin d'obtenir ce fop, fop, fop aussi nettement que possible", déclare Horner. "C'était exaltant. Ensuite, les pilotes nous ont emmenés à bord de leurs Huey et ont effectué des figures acrobatiques, dont les sons – qu'on a enregistrés – sont perceptibles dans la scène où les hélicos fendent l'orage épouvantable qui protège l'univers de Skull Island".

Pour les costumes, Vogt-Roberts et sa chef-costumière Mary Vogt ont choisi un style classique, évitant les tendances à la mode de l'époque comme les chemises à carreaux et les cravates extra-larges. "Nos personnages portent les mêmes tenues pendant longtemps, si bien qu'il fallait qu'elles soient les plus réalistes possible", commente le réalisateur.

Pour Hiddleston, ancien agent spécial des forces aériennes, Mary Vogt a consulté une brochure sur le Special Air Service britannique rédigée par un ancien membre de cette unité d'élite. "La brochure regorge de détails sur la mission de ces hommes et raconte, par exemple, qu'ils passaient plusieurs jours sans changer de vêtements", rapporte la chef-costumière. "Du coup, on a affublé Tom d'une allure simple et héroïque, qui rappelle le Steve McQueen des films de cette époque, qu'il s'agisse des pantalons aux lignes épurées, des bottes et des chemises ajustées".

Packard, campé par Samuel L. Jackson, arbore un foulard à maille militaire qui le protège contre les insectes et lui donne une allure princière. "Cette tenue le distingue aussi des autres membres de son unité", signale Mary Vogt.

En outre, le chef-accessoiriste Steven B. Melton a fait en sorte que chacun des hommes de Packard porte un casque d'aspect authentique. "J'ai acheté 21 casques sur eBay et on a mis au point 300 graphismes différents avant d'obtenir les sept qu'aimait Jordan", note-t-il. "Chaque casque est orné d'autocollants et d'emblèmes bien spécifiques dont certains ont été achetés auprès d'anciens pilotes d'hélicoptères ayant participé à la guerre du Vietnam".

Mason Weaver (Brie Larson), photographe de guerre, porte des bottes à lacets, une chemise gris pâle, et des pantalons kaki qui lui donnent "une allure quasi militaire", précise la chef-costumière.

De toute évidence, Marlow (John C. Reilly) n'est pas un homme des années 70. Du coup, Mary Vogt l'a affublé d'une casquette d'aviateur de la Seconde Guerre mondiale que Reilly a appréciée et a choisi de porter tout au long du tournage. "L'uniforme de pilote est romantique et héroïque", note la chef-costumière. Le superviseur maquillage Bill Corso précise que le fait d'être coincé sur une île pendant trente ans a considérablement marqué Marlow. "Son visage est parcheminé comme le cuir et on dirait qu'il se taille la barbe avec le sabre d'un samouraï… et c'est d'ailleurs le cas", dit-il.

Le film est aussi marqué par les années 40. En effet, l'improbable navire de Marlow – qui date de cette époque – représente l'ultime espoir pour nos explorateurs de quitter Skull Island. Construite par Marlow et son ennemi d'autrefois – et désormais défunt – Gunpei Ikari, l'embarcation est un croisement improbable qui emprunte au P-51 de Marlow et au Zero de Gunpei. Meinardus et son équipe ont fabriqué le moteur du bateau ex nihilo, et ont fait en sorte qu'il puisse vibrer, fumer et trembler, ainsi que la cheminée du navire qui crache une épaisse fumée noire.

Les Iwi, tribu indigène de l'île, traversent les époques. Ce n'est pas un hasard si leur destin est lié à celui de Kong. Garcia précise : "Les Iwi sont coupés du reste du monde. Ils sont pacifiques, et à la fois simples et très sophistiqués. Les Iwi ont un rapport symbiotique avec Skull Island, et ils savent que si Kong, dernier représentant de son espèce, est éliminé, le fragile écosystème de l'île sera anéanti".

Vogt-Roberts ajoute : "Je voulais que les Iwi vénèrent Kong et que, d'une certaine façon, ils soient plus évolués que ceux qui viennent de débarquer à Skull Island".

Les motifs délicats peints sur les Iwi ne sont pas seulement décoratifs. Ces graphismes complexes ornant le corps et le visage des indigènes s'inspirent d'une source improbable. Amateur de jeux vidéo depuis longtemps, Vogt-Roberts souligne : "J'étais intrigué par les formes farfelues de la plupart des personnages de jeux vidéo, avec leurs arêtes marquées et leurs angles droits. Ce qui me plaisait, c'était de créer quelque chose d'anachronique, à la fois moderne et ancien. Du coup, nous avons conçu ces motifs peints qui ont plusieurs fonctions. On comprend que ces figures comportent leur propre langage crypté : elles servent de camouflage et permettent aux Iwi de se fondre dans l'île et de survivre malgré les innombrables menaces qui pèsent sur eux".

CASCADES ET "SKULLCRAWLERS"

Pendant l'essentiel de leur périple, les explorateurs doivent livrer des combats d'une envergure que même les soldats de Packard les plus endurcis n'auraient pas imaginés.

Pour mettre au point les scènes d'action spectaculaires du film, le chef-cascadeur George Cottle a piloté une équipe de 60 cascadeurs qui ont répété les combats et le travail au filin pendant deux mois avant le début du tournage.

Pour les cascadeurs, le plus difficile était l'accès aux sites vietnamiens enclavés : pour atteindre plusieurs d'entre eux, il fallait compter 45 minutes de route avec un cortège de plusieurs camions, puis de longues marches.

La disponibilité de certains matériels était tout aussi problématique que l'accès aux différents sites. Par exemple, Cottle avait besoin d'une immense grue pour une scène où l'un des protagonistes se retrouve soudain perché dans les airs. "Il n'y avait, à notre connaissance, qu'une seule grue dans tout le Vietnam, et il nous a fallu douze heures de route pour aller la chercher", se souvient-il. "Lorsqu'on a récupéré la grue, il s'est avéré qu'elle était plutôt archaïque, mais on l'a faite fonctionner et tout s'est déroulé sans encombres".

Les comédiens concernés par la séquence ont été sidérés par la complexité de la cascade. "On l'a répétée à huis clos et aucun des acteurs ne savait ce qui se passait", confie Cottle dans un sourire. "Du coup, leur réaction première a été formidable".

Cottle tient à saluer les comédiens qui, dans leur ensemble, n'ont pas hésité à se soumettre aux entraînements et aux cascades les plus éprouvants. Mais il rend particulièrement hommage à Hiddleston qui était censé avoir la forme physique d'un agent des Forces Spéciales. "Tom est une machine et une rock-star !", s'enthousiasme Cottle. "Il s'investit à fond dans son travail et c'est un vrai passionné par son métier. C'est un type physique qui a parfaitement compris la réalité et l'énergie propres aux cascades".
Cette dimension physique est également palpable dans une séquence impressionnante où Conrad affronte un essaim de créatures volantes, avec un sabre katana pour seule arme. Pour bien manier cette épée délicate et redoutable à la fois, Hiddleston et John C. Reilly – elle appartient en réalité à Marlow et lui a été transmise par Gunpei – se sont entraînés tous les jours avec le chorégraphe combats Ilram Choi. Par mesure de sécurité, ils se sont initiés au katana avec un tube de plastique, mais en quelques semaines, les deux comédiens maîtrisaient le maniement de l'épée. "Ils s'y sont donnés à fond", indique Cottle. "Certains acteurs répètent vaguement les gestes de ce genre de figure le jour même du tournage et n'ont qu'à prier pour que tout se passe au mieux. Mais John et Tom nous demandaient quotidiennement s'ils pouvaient prendre une demi-heure avec Ilram et s'entraîner".

Brie Larson a également apprécié de pouvoir laisser libre cours à l'héroïne de film d'action qui sommeille en elle. "C'est un rôle bien plus physique que tout ce que j'ai fait jusque-là et c'est formidable de pouvoir mettre à profit mes facultés physiques d'une manière inédite", confie-t-elle.

Grâce au film, les comédiens ont également pris de la hauteur ! "Avec Brie, on a embarqué à bord d'une flotte de Huey avec la 2ème équipe", raconte Hiddleston. "On survolait cette vallée volcanique et l'océan Pacifique à bord d'un hélico conçu pour les cascades, qui n'avait pas de portière, et avec Brie, on avait la tête à l'extérieur de l'appareil, mais on était totalement sanglés et en sécurité. C'est tout simplement extraordinaire d'avoir l'occasion de faire un truc pareil dans le cadre du boulot !"

La séquence d'acrobatie la plus audacieuse et la plus exaltante est sans doute celle où nos explorateurs débarquent à Skull Island, d'autant que certains d'entre eux périssent dans le choc terrible entre Kong et les hélicos. Cottle souligne que la plupart des cascades ont été réalisées avec d'authentiques hélicoptères, sans recours aux effets infographiques.

Le chef-cascadeur a également apprécié le travail du conseiller technique militaire Harry Humphries, ancien Navy SEAL qui a combattu au Vietnam. "Harry a vraiment participé aux combats", affirme Cottle. "C'est une légende vivante si bien que lorsqu'il donnait des consignes aux comédiens, ils l'écoutaient".

Humphries s'est assuré que le jargon militaire était véridique et a été consulté sur les engins volants de l'époque, à l'image de l'hélico Huey UH-1 déjà cité (principal moyen de transport servant aussi à la livraison de matériel et au combat à l'époque de la guerre du Vietnam), ou encore sur l'utilisation des fusils de combat M-16 et des lance-grenades M-79 par les unités d'infanterie.

Malgré leur impressionnant arsenal, Packard et son unité livrent le combat de leur vie en affrontant Kong et les autres habitants de Skull Island. Si Kong est le roi de l'île, les autres bêtes règnent chacune sur leur propre domaine.

Le réalisateur tenait à ce que chaque créature frappe le spectateur par sa singularité. "Quand j'étais gamin, j'adorais découvrir des choses nouvelles au cinéma", dit-il. "Je faisais attention aux moindres particularités des monstres".

Le pire ennemi de Kong est le vorace Skullcrawler, très ancienne créature qui a tué les ancêtres de Kong et condamné celui-ci à être l'ultime représentant de son espèce. "Le Skullcrawler est l'ange déchu du royaume de Kong", constate Vogt-Roberts. "Il vit sous la terre et incarne la part d'ombre de l'île et du mythe. Il ne s'agit pas d'une créature particulièrement harmonieuse".

Voilà bien un euphémisme ! Le Skullcrawler ressemble à un serpent muni de deux bras puissants et d'une terrifiante tête de mort. Pour les animateurs, l'aspect de la créature représentait un véritable défi, tout particulièrement pour une scène de combat titanesque. "Étant donné que le Skullcrawler n'a que deux membres et une très longue queue, il fallait qu'on soit sûr qu'il puisse conserverson équilibre", explique Scott Benza. "On s'est arrangé pour que son poids prenne appui sur sa queue, ce qui est un phénomène qu'on observe très peu dans la nature".

S'il était difficile de le manœuvrer, la gueule et la physionomie repoussantes du Skullcrawler ont inspiré les designers sonores. "Jordan souhaitait que cette créature vous glace les sangs et qu'elle n'appartienne pas au règne animal", indique Al Nelson. "On ne pouvait pas non plus exagérer dans le choix des sons qu'il émet même si on s'est vraiment amusés à rendre ses cris aussi affreux que son allure".

Les designers sonores ont d'abord pensé au bruit d'un lapin agonisant – "ce genre de couinement qui exprime la souffrance", note Nelson. Il a aussi utilisé les cris d'une otarie "qui émet les cris les plus atroces qu'on puisse entendre dans la nature – comme si elle crachait ses poumons – et les cris d'un écureuil qui pousse des cris perçants quand il appelle l'un de ses congénères. C'est vraiment flippant. Du coup, lorsqu'on songe à cette bête monstrueuse, on entend un petit écureuil !", ajoute-t-il en souriant.

EN GUISE DE CONCLUSION

Outre les effets sonores, la production a confié à Henry Jackman une partition symphonique d'une grande richesse. "Ce que j'adore dans les films de monstres, c'est qu'ils permettent d'utiliser la musique symphonique d'une manière extravagante", dit-il. "Jordan souhaitait exploiter la force et la profondeur d'un orchestre symphonique mais on a aussi exploré des pistes moins traditionnelles. C'est une expérience formidable pour un compositeur".

Jackman souligne l'attachement de Kong à certains personnages en donnant à quelques morceaux "un peu d'humanité et de sensibilité", selon ses propres termes. En outre, il déclare que les scènes du Vagabond sont celles qu'il préfère. "John C. Reilly, sous les traits de Marlow, est notre guide dans le sanctuaire, si bien que j'ai composé un morceau foncièrement américain – un thème patriotique qui évoque Marlow et son passé de pilote de chasse pendant la Seconde Guerre mondiale".

En hommage au contexte où se déroule l'intrigue, Jackman a ponctué la bande-originale des tonalités classiques de guitares psychédéliques des années 70. Ce dispositif permettait également de glisser avec élégance des thèmes emblématiques de l'époque dans la partition du film. "Je voulais reprendre des chansons de l'époque de la guerre du Vietnam et de nombreux tubes des années 70", affirme le réalisateur. "On obtient ainsi des contrastes saisissants et ces partis-pris donnent le ton et nous offrent des moments jubilatoires de pur bonheur".


"On a installé un tourne-disques sur le bateau à bord duquel les personnages remontent le fleuve, ce qui fait que la musique provient d'une source réelle", poursuit Vogt-Roberts. "Les rapports que nos protagonistes entretiennent avec la musique réservent des moments inattendus". 

Parmi les titres de la bande-originale, citons "Time Has Come Today" des Chambers Brothers, chanson emblématique de l'époque psychédélique, le tube "White Rabbit" de Jefferson Airplane, "Ziggy Stardust" de David Bowie, "Long Cool Woman (In A Black Dress)" des Hollies, "Paranoid" de Black Sabbath, "Bad Moon Rising" et "Run Through the Jungle" de Creedence Clearwater, "Down on the Street" des Stooges, le tube de rock vietnamien psychédélique “Mặt Trời Đen” et "Brother" de la pop-star brésilienne Jorge Ben Jor.

La musique, qui cherche à mettre en valeur l'émotion et les scènes d'action du film, a été écrite vers la fin de la post-production. Il s'agit de l'aboutissement d'une production gigantesque qui a sillonné trois continents. Autant dire que le réalisateur et ses producteurs Thomas Tull, Mary Parent, Jon Jashni et Alex Garcia ont dû surmonter d'innombrables obstacles pour un résultat final qui s'est révélé plus que gratifiant. Tout au long du tournage, l'ensemble des collaborateurs de création et de production ont souhaité rendre hommage au mythe de Kong, tout en imaginant une aventure inédite à cette créature légendaire.

"Pour réaliser KONG: SKULL ISLAND, nous avons tous vécu une expérience palpitante et hors du commun", conclut Jordan Vogt-Roberts. "Nous tenions à aborder Kong en rendant hommage à tous les films antérieurs consacrés au monstre et en en proposant une lecture nouvelle".

#KongSkullIsland

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