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mardi 26 décembre 2017

LES HEURES SOMBRES


Biopic/Historique/Drame/Une reconstitution historique fort intéressante, très bien filmée, superbement interprétée

Réalisé par Joe Wright
Avec Gary Oldman, Stephen Dillane, Lily James, Ben Mendelsohn, Kristin Scott Thomas, Ronald Pickup, Samuel West, Charley Palmer Rothwell...

Long-métrage Britannique
Titre original : Darkest Hour
Durée : 02h05mn
Année de production : 2017
Distributeur : Universal Pictures International France

Date de sortie sur les écrans américains : 22 novembre 2017 
Date de sortie sur nos écrans : 3 janvier 2018


Résumé : Darkest Hour s'intéresse à une partie de la vie de Winston Churchill, à partir de mai 1940, lorsqu'il devient Premier ministre en pleine Seconde guerre mondiale.

Bande annonce (VOSTFR)



Extrait "L'Europe Est Perdue" (VOSTFR)



Ce que j'en ai penséJoe Wright, le réalisateur, nous dépeint une page importante de l'histoire au travers de la prise de poste de Winston Churchill en tant que Premier ministre du Royaume Unis et des quelques semaines qui s'en suivirent. Son portrait de l'homme et sa retranscription de cette période sont remarquables. Il joue avec les ombres et lumières pour accentuer les ambiances. La mise en scène est très belle. La représentation de l'époque est tout à fait crédible et les décors et costumes très soignés. La narration est claire est compréhensible sur toute la durée du film ce qui renforce le propos. Les enjeux sont là et l'intelligence politique de Churchill, qui avait compris qu'on ne pactise pas avec le diable, nous transperce. Il est émouvant de vivre à travers ce film les alcôves politiciennes qui ont décidé du sort de millions d'Hommes. Il est aussi effroyable de comprendre combien la balance aurait peser de l'autre côté, si...

Bien sûr, l'ensemble fonctionne grâce à l'impeccable personnification de Gary Oldman en Winston Churchill. Sous le maquillage impressionnant réalisé par Kazuhiro Tsuji, l'acteur ne disparaît pas. Il donne vie aux traits de Churchill et lui insuffle son caractère vivace et sa personnalité indomptable.



Kristin Scott Thomas apporte sa grâce et son élégance à Clementine Churchill, femme de, mais surtout soutien indéfectible et brillant de son époux.



Lily James interprète avec force et discrétion Elizabeth Layton, la secrétaire de Winston Churchill. Elle représente la fraîcheur et l'enthousiasme de la jeunesse, ainsi qu'une ouverture sur la réalité de ce que vit le peuple.



Ben Mendelshon est très convaincant dans le rôle du roi d'Angleterre Georges V. Sa prestance vient opposer juste ce qu'il faut à Gary Oldman pour rendre les deux personnages intéressants dans leurs échanges.


LES HEURES SOMBRES nous entraînent avec raffinement dans les coulisses de l'Histoire. Passionnant et remarquablement interprété, il ne faut pas hésiter à passer la porte du temps du cinéma pour vivre cet épisode important de notre passé historique.

NOTES DE PRODUCTION 
(Á ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Le contexte et le verbe
Au cours de jours sombres et de nuits plus sombres encore, quand la Grande-Bretagne était livrée à elle-même, et pour la plupart, excepté pour les Anglais, le sort de l’Angleterre semblait désespéré, il a mobilisé la langue anglaise et l’a envoyée au combat. L’incandescence de son verbe a illuminé le courage de ses concitoyens.
Le président John F. Kennedy, 1963

«  Les mots peuvent changer le monde. C’est précisément ce qu’il s’est passé avec Winston Churchill en 1940 », s’extasie le scénariste et producteur Anthony McCarten. « Il subissait une très forte pression politique et personnelle. Mais ça lui a donné l’impulsion nécessaire pour atteindre ce niveau d’éloquence, en si peu de temps, et de façon répétée ». Anthony McCarten s’intéresse depuis longtemps à la vie de cet homme politique légendaire, et comme de nombreuses personnes, les discours et le talent oratoire de Churchill l’ont beaucoup inspiré. Son précédent scénario, celui d’UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS (James Marsh, 2014), s’intéressait à un autre grand homme, Stephen Hawking, dont les mots ont eux aussi eu un impact décisif sur notre compréhension du mOnde, alors même qu’il n’était plus capable de les prononcer. 

Anthony McCarten revenait ainsi régulièrement à cette période, entre le 10 mai et le 4 juin 1940, durant laquelle « Churchill a transformé le charbon en diamants ». Le noyau de son scénario original, pour LES HEURES SOMBRES, s’articule autour de trois discours que le Premier ministre britannique rédigea et prononça en mai et juin 1940. On dit communément que les premiers jours et semaines à un nouveau poste sont éprouvants. La formule ne pouvait résonner plus juste pour cet homme de 65 ans nommé Premier ministre dans le contexte dramatique de l’époque. Les forces alliées étaient en guerre contre Hitler, mais une démocratie après l’autre tombait sous le joug des nazis. La Grande-Bretagne était au bord du précipice. L’heure était au choix : rejoindre le conflit armé et se préparer au pire ou traiter avec l’Allemagne avec les conséquences terribles que cela impliquerait pour la souveraineté britannique. 

Le scénariste nous explique : «  tel était le dilemme : tenir front seul, au risque de voir les forces britanniques et peut-être le pays tout entier se faire anéantir, ou jouer de prudence, comme le vicomte d’Halifax et le Premier ministre sortant, Neville Chamberlain, le souhaitaient, et envisager de signer un traité avec Hitler. Churchill s’est jeté à bras-le-corps dans la mêlée et a dû se battre contre l’establishment ». 

« Cette histoire est résolument ancrée dans le passé mais elle résonne à de multiples niveaux avec notre époque actuelle. Trop souvent les « leaders » sont des suiveurs. Les décisions prises par Churchill en moins d’un mois ont eu des conséquences historiques à l’échelle mondiale ». En même temps, de nombreuses vies étaient menacées. L’intégralité du corps expéditionnaire, à savoir plus de 200 000 soldats britanniques, étaient piégés dans le port et sur les plages de Dunkerque, attendant une évacuation ou un sauvetage. Les recherches entreprises par Anthony McCarten l’ont conduit aux comptes-rendus des réunions du cabinet de guerre de Churchill : « ceux-ci témoignaient d’une période d’incertitude, ce qui peut surprendre quand on pense à sa forte personnalité de leader. Il savait qu’il avait pris de mauvaises décisions dans le passé, notamment durant l’expédition des Dardanelles, lors de la Première Guerre mondiale ». 

« Le scénario a pris forme avec l’examen des méthodes de travail, des qualités de meneur et du processus de pensée de Churchill qui valorisait grandement l’importance du verbe. Il s’est saisi de sa plume pour s’aider, et aider son pays, à affronter une menace terrible. Ainsi s’est faite la construction délibérée d’une personnalité emblématique ». S’étant imposé un rythme de travail intense, en écho à son sujet, Anthony McCarten rédigea 16 pages en 8 jours qu’il soumit à la productrice Lisa Bruce avec laquelle il avait déjà collaboré sur UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS. Elle commente : « à leur lecture, j’ai compris qu’Anthony travaillait à nouveau à l’exploration intime d’une icône. On a tous étudié la Seconde Guerre mondiale et on s’en souvient approximativement. Sans nous assommer d’informations, Anthony nous replace dans le contexte historique, permettant à tout spectateur de saisir facilement la situation et les enjeux ». 

« La finesse d’esprit et la répartie qui l’ont rendu célèbre sont bien sûr présentes, mais Churchill est appréhendé sous un autre angle. Anthony s’est concentré sur un moment précis qui rend compte de sa clairvoyance, de ses qualités de leader et de son aptitude à apprécier l’importance des situations et des décisions à prendre. Il avait cette rare aptitude à dissiper le brouhaha inutile et à rallier les gens à sa cause, même s’il se dressait contre certains membres de son propre parti. Il a su tous les convaincre de la nécessité de combattre Hitler, ayant conscience de la portée de la menace et des risques encourus à l’échelle mondiale ». 

La productrice ajoute que des décennies plus tard, «  LES HEURES SOMBRES gardent tout leur à-propos. Dans un monde où l’on se sent dépourvus de vrais leaders, on aimerait quelqu’un de la trempe de Churchill qui saurait se montrer à la hauteur de la situation. Le titre est tiré de sa propre déclaration selon laquelle il était face à la plus lourde responsabilité de sa vie. Toute sa vie, déjà fort impressionnante, n’avait été qu’un cheminement vers ce moment décisif ». 

Alors qu’Anthony McCarten planchait au développement de son scénario, Lisa Bruce présentait le projet à ses homologues Tim Bevan et Eric Fellner de Working Title Films, qui avaient eux aussi participé à la mise en œuvre d’UNE MERVEILLEUSE HISTOIRE DU TEMPS. Pour Eric Fellner, « cette histoire d’un homme politique touchant du doigt la grâce alors même qu’il est soumis à de fortes pressions » pouvait séduire le réalisateur Joe Wright avec lequel le duo de producteurs avait précédemment collaboré sur REVIENS-MOI (2007) qui comprenait déjà d’inoubliables scènes situées durant la Seconde Guerre mondiale. 

Le cinéaste remarque : « notre relation a évolué, s’est développée. Il y a toujours cette attitude de faisabilité à Working Title, du genre, voilà un scénario, un réalisateur, des acteurs : faisons un film ! Et on le fait ». Eric Fellner avait vu juste, Joe Wright fut « immédiatement emballé par ce qui s’avéra être un scénario captivant, de la dramaturgie à l’état pur. J’ai toujours considéré la Seconde Guerre mondiale comme le point d’orgue du 20e siècle. Elle a tout changé. Si le public d’aujourd’hui peut être touché par l’humanité d’une légende de cette époque, ses qualités de meneur n’en seront que plus édifiantes ». 

Le réalisateur ayant rejoint le projet, une étroite collaboration débuta alors avec le scénariste qui nous confie : « Joe ne laissait rien passer. J’ai dû me rendre une vingtaine de fois chez lui et à chacune de mes visites, il m’accueillait de la même façon : « content de te voir. Bon, page cent.». Cet épluchage minutieux, cette attention aux détails ont vraiment contribué à renforcer le scénario ». 

Joe Wright explique : « pour moi, ce film est destiné aux spectateurs du monde entier, pas seulement aux Britanniques ». « On a tous vu des films sur les principaux leaders de l’Histoire. LES HEURES SOMBRES s’intéresse au doute, se penche sur une crise de confiance. On est dans l’intimité d’un grand de ce monde et on le voit passer outre les difficultés auxquelles nous sommes tous confrontés ». 

Le choix de l’acteur pour incarner un personnage historique de cette envergure avait naturellement quelque chose d’intimidant, l’équipe savait que le casting était primordial. Le scénariste se souvient  : «  j’étais en faveur d’une interprétation révisionniste de ce portrait. Je voulais voir un acteur transformer notre vision du personnage, et j’envisageais un acteur du calibre de Gary Oldman ». Il se trouve que l’acteur et Eric Fellner avaient fait leurs premiers pas au cinéma côte à côte en 1986, sur le film d’Alex Cox, SID & NANCY...

Transformation

Le producteur et collaborateur de longue date de Gary Oldman, Douglas Urbanski commente : « faire un film sur Winston Churchill défie la logique, sauf si on s’intéresse à une période et un incident spécifiques, ce que fait LES HEURES SOMBRES ». «  Quand Eric a commencé à réunir des gens pour discuter du projet, on en a compris tout l’intérêt  : un film divertissant qui donnerait aussi matière à penser aux répercussions de certains actes et décisions prises par nos leaders ». 

«  Quand j’ai entendu, "Gary Oldman interprétera Winston Churchil", j’ai pensé, quelle prouesse ça va être! » raconte Joe Wright. « C’est un de mes acteurs préférés depuis l’adolescence : SID & NANCY (Alex Cox, 1986), PRICK UP YOUR EARS (Stephen Frears, 1987), THE FIRM (Alan Clarke, 1989) ». La question demeurait  : est-ce qu’un acteur qui a déjà incarné des personnages ayant existé, tels que Sid Vicious, Beethoven ou Lee Harvey Oswald, serait partant pour interpréter Winston Churchill? Sa réponse : « j’ai toujours été fasciné par Churchill, il reste notre plus grand Homme d’État. Mais je n’ai jamais cherché à l’interpréter. On me l’avait d’ailleurs déjà proposé et j’avais refusé ». « Ce n’était pas l’angle psychologique ou intellectuel qui me freinait, mais la performance physique. Je n’ai pas à vous expliquer  : regardez-le et regardez-moi… Pourtant, à mesure que l’équipe se constituait, j’avais de plus en plus envie de dire oui ». «  Le scénario d’Anthony n’est pas un «  biopic ». Il se concentre sur quelques semaines décisives de notre histoire. Il ne couvre pas une longue période de la vie de Churchill, il n’y a pas de flash-back, donc on élimine le problème du vieillissement ». 

Mais l’élément le plus déterminant pour l’acteur était le verbe : « je voulais prononcer ces mots. Les discours de Churchill, qu’il a lui-même écrits, sont ce qu’on trouve de plus remarquable dans le genre, en langue anglaise. Ils ne sont ni grandiloquents ni surchargés de métaphores ou d’images, qu’il savait réservé pour le moment opportun. Il comprenait les gens à qui il s’adressait et il s’assurait que les mots qu’il prononçait leur allaient droit au cœur ». « C’était une période très difficile pour lui. Son propre gouvernement le rejetait. Il y avait des conflits internes au sein de son cabinet de guerre et le poids des vies de tous ces soldats piégés à Dunkerque. Faire usage de la langue anglaise à ce niveau d’excellence en subissant de telles pressions de toutes parts relève du miracle ». 

Le film allait mettre un des principes chers à l’acteur à l’épreuve. Il remarque  : «  tout partait de la voix. Je devais me convaincre moi-même que ma voix pouvait passer pour celle de Churchill. J’ai pris un de ses discours et un répondeur téléphonique et je me suis mis à expérimenter ». «  Puis je suis allé à la recherche d’informations, au-delà de celles contenues dans le scénario, pour comprendre l’homme qui avait défié un dictateur. Je voulais comprendre sa psychologie, le fonctionnement de sa pensée, et le reconstruire pierre par pierre ». 

« Le scénario ne couvre que quelques semaines, mais Gary souhaitait lire tout ce qui le concernait, absorber tout ce qu’il pouvait de l’homme », se souvient Douglas Urbanski. Le docteur Larry P. Arnn, historien et biographe de Churchill, a recommandé à l’acteur ce qu’il considérait comme « les écrits essentiels. C’était une aide précieuse parce qu’il existe plus de 1000 livres sur l’homme, il m’aurait fallu des années pour tout lire! » « Dr Arnn et notre conseiller historique Phil Reed ont passé en revue tout ce que nous leur avons soumis, ils sont également venus sur le plateau à plusieurs reprises », précise encore le producteur. «  J’ai persévéré vocalement et j’ai regardé la mine de documents filmiques qui montrent un homme de 65 ans d’un dynamisme et d’une volonté incroyables », remarque l’acteur. La carrière et les exploits de Churchill, dont son héroïsme durant la guerre de Boers en Afrique du Sud (1899-1902), sont bien documentés, mais Gary Oldman ne pouvait cesser de s’ébahir devant la somme de ses réussites : « plus de 50 ans au service du gouvernement, 50 livres écrits (Il recevra à la fin de sa vie, en 1953, le prix Nobel de littérature), décoré pour 4 guerres, 500 tableaux à son actif et 16 expositions à la Royal Academy ». «  S’il n’avait pas existé, que serait le monde aujourd’hui? Personne ne l’a encore égalé ». 

Son appréhension de l’homme le mettait en confiance mais celle de son physique posait encore souci à l’acteur. Selon lui, il ne pourrait l’interpréter que s’il « le sentait dans (son) corps, (ses) mouvements, (ses) déplacements dans l’espace. Je devais pouvoir regarder dans le miroir et le voir lui, ou tout du moins son âme ». « Kazuhiro Tsuji était la seule personne à même de m’aider à m’en emparer physiquement. C’est le Picasso des maquillages spéciaux ». 

Reconnu dans le métier comme un artiste à part en termes de prothèses, Kazuhiro Tsuji a été cité à deux reprises aux Oscars durant ses 25 ans de carrière, à laquelle il a mis fin pour se consacrer à la sculpture en 2012. Gary Oldman l’a alors contacté personnellement. « Il m’a dit : « je ferai ce film seulement si vous en êtes ». J’ai réfléchi mais je ne pouvais pas dire non à Gary. Peu d’acteurs comprennent et apprécient notre travail autant que lui », nous confie l’artiste. Pour l’équipe, ce fut un énorme soulagement d’apprendre que Gary Oldman acceptait d’interpréter Churchill ou de « sauter dans le vide », comme il le dit lui-même. Kazuhiro Tsuji reconnaît  : «  c’était très intimidant, atteindre la ressemblance avec une personne dont le physique est connu de tous. Leurs tailles et proportions, la forme de leur tête sont totalement différentes. Gary a un visage ovale alors que Churchill avait un visage beaucoup plus compact et une tête ronde. Les yeux de Gary sont resserrés, ceux de Churchill écartés. Je devais prendre en compte toutes ces contraintes ». « Mais c’est tout l’art du maquillage : si l’acteur y met son âme, il peut devenir la personne qu’on cherche à créer ». 

Prothèses, maquillages et coiffures ont demandé beaucoup d’inventivité. L’équipe a rapidement compris qu’il fallait trouver « un compromis, miser sur un hybride » selon les termes employés par l’acteur. «  Ce devait être Churchill et moi, un visage avec lequel je pouvais travailler, lui donner vie ». Ça a demandé 6 mois de travail, d’essais, de modelage, d’applications, d’ajustements et de tâtonnements pour parvenir au juste équilibre, ceux-ci menés parallèlement au développement du scénario, aux recherches faites par le réalisateur et à la constitution de l’équipe. Kazuhiro Tsuji réalisa des moulages du corps et de la tête de Gary Oldman. 

« On a essayé 5 types de maquillages différents avant de trouver le bon. Joe Wright a un regard très aiguisé, il nous a été d’une grande aide », se félicite le maquilleur spécialisé. La chef maquilleuse et coiffeuse Ivana Primorac, dont c’est la cinquième collaboration avec le réalisateur, était en charge de l’aspect physique de tous les autres acteurs. «  La silhouette de Churchill est unique, et connue de tous. On ne peut pas passer outre. Il fallait cette silhouette à Gary pour pouvoir l’incarner, dans ses mouvements, dans ses discours. Petit à petit, la transformation a eu lieu. Le travail accompli par Kazu tient du miracle, je n’ai jamais rien vu de semblable », s’émerveille-t-elle. 

À partir des moulages du corps et du visage de Gary Oldman, et en utilisant les multiples photos et documents filmiques sur lesquels apparaît Churchill, Kazuhiro Tsuji sculpta la silhouette et les traits du grand homme dans de l’argile. «  Un moulage du résultat fut réalisé, puis on coula une réplique positive en silicone qu’on appliqua alors sur le comédien. Des perruques furent confectionnées et c’est ainsi que Gary donna naissance à Winston », explique encore Ivana Primorac. Une substance spéciale fut ajoutée pour rendre la silicone plus souple et lui donner la texture de la peau, pour qu’elle réagisse ainsi aux mouvements faciaux et rende parfaitement les expressions de l’acteur. Son front et ses lèvres ne furent pas recouverts après avoir constaté que la silicone placée à ces endroits entraverait son jeu. Le prothésiste et maquilleur confectionna également une combinaison en mousse pour grossir l’acteur. Cette prothèse corporelle très légère reproduisait seulement la silhouette de Churchill mais elle aidait également l’acteur à travailler sa posture. Quand le tournage débuta à l’automne 2016, l’application quotidienne des prothèses, postiches et maquillage était devenue une science exacte, qui demandait néanmoins 3 h 30, rallongeant d’autant les journées de travail de Gary Oldman. 

« J’arrivais au studio à 3 h du matin. L’habillage demandait une demi-heure supplémentaire et le reste de l’équipe arrivait à 7h », se souvient l’acteur. Ce cérémonial aurait demandé encore plus de temps si ce dernier n’avait pas pris l’initiative de se raser le crâne pour ne pas qu’on ait en plus à masquer ses cheveux. «  David Malinowski (superviseur maquillage et prothèses) et Lucy Sibbick (maquilleuse et coiffeuse) étaient là au quotidien pour suivre rigoureusement les instructions de Kazu. Ils forment un tandem formidable! » déclare l’acteur. David Malinowki se souvient : « la perruque était si délicate, c’était comme si on tenait une paire de collants remplie des flageolets, et il fallait lui appliquer sur la tête.

Si elle n’était pas exactement à sa place, elle plissait et bouclait ». Alors que l’acteur devait porter la moitié de son propre poids en prothèses, Joe Wright remarque  : « quand on tournait, j’oubliais complétement les ajouts et le maquillage. Tout était vrai pour moi ». 

Le teint rougeâtre de Churchill était reproduit avec un délicat enchevêtrement de veines minuscules qui demandait un travail de peinture minutieux. En partant de la silicone comme toile de fond, différentes teintes de peau étaient appliquées pour faire ressortir ou atténuer les contours du visage. Chaque grain de beauté était ajouté, puis David Malinowski utilisait des pinceaux très fins pour tracer la multitude de petites veines. Le maquillage devait être ajusté en fonction de l’heure du jour ou de la nuit, et de l’état de fatigue physique du Premier Ministre, jusqu’à faire apparaître les rougeurs du rasage. 

« Avec le numérique, la caméra voit tous les détails. Notre travail se doit d’être d’autant plus réaliste », ajoute le superviseur. Durant les 54 jours que dura le tournage, Kazuhiro traversa plusieurs fois l’Atlantique pour pouvoir être présent sur le plateau. Il remarque  : «  j’écoutais Gary plus que je ne le regardais. C’était formidable de voir la ressemblance puis d’entendre la voix sortir de l’homme ». 

«  Gary s’impose en Winston Churchill. Bien qu’il s’agisse de deux figures historiques totalement différentes, son interprétation me fait penser à celle de George C. Scott dans PATTON (Franklin J. Schaffner, 1970). On reste bouche bée face à une telle prestation », déclare encore Douglas Urbanski. «  Sa capacité de concentration est telle qu’il arrivait chaque jour avec plus d’énergie que le précédent et motivait les troupes ». À l’intéressé de conclure : « c’est le rôle le plus dur qu’il m’ait été donné de jouer. Mais ce fut aussi l’expérience la plus libératrice. Tous les jours, j’avais hâte de me rendre sur le plateau et de devenir Winston. Je me disais, j’ai une chance incroyable ».

Parler et s’habiller comme…

Les discours que Winston Churchill a rédigés et prononcés en mai en juin 1940 n’ont jamais perdu de leur force ni de leur pouvoir d’inspiration et gardent aujourd’hui encore un statut emblématique. Il fut l’un des orateurs les plus influents du 20e siècle et ses discours, qui ont mobilisé une nation entière, ont été maintes fois (et sont encore) cités, adaptés et répétés. Ses mots transcendent les époques et les cultures, et aujourd’hui le cyberespace. Rendez-vous sur n’importe quel site de citations célèbres et les mots de Churchill y tiennent une place de choix. 

« Dans LES HEURES SOMBRES, on évoque ces discours remarquables et les circonstances exceptionnelles qui ont influencé leur écriture », explique le réalisateur. «  Les gens ne s’en souviennent pas toujours, mais Churchill était d’abord un journaliste. L’écriture était son premier talent et sa première arme ». Les mois de préparation, qui avaient débuté avec le verbe, ont porté leurs fruits et permis à Gary Oldman de s’approprier la voix de Churchill, accent et jargon inclus. L’acteur rapporte : « en écoutant ses discours, ceux qu’on entend dans le film et d’autres, j’ai découvert qu’il avait un cheveu sur la langue et une voix nasale. J’ai dû décider quand jouer sur ces particularités, quand faire ressortir ou au contraire les effacer ». Joe Wright suivait la préparation de l’acteur et la direction que prenait son travail, mais il gardait le secret, comme un contrat tacite entre réalisateur et acteur. Celui-ci lui avait envoyé certains de ses premiers enregistrements. Il se souvient : « j’étais au Royaume-Uni et Gary était à Los Angeles. Il s’était enregistré dans son couloir pour donner de l’écho à la bande. J’ai cru entendre parler Churchill. Mais ce n’était pas une imitation. Gary s’était approprié sa façon de parler, il avait trouvé son essence même, ce qui la constituait intrinsèquement ». 

Autre élément déterminant au perfectionnement de son interprétation : les costumes qui, comme nous le rappelle Gary Oldman, sont en contact direct avec le corps de l’acteur. La chef costumière Jacqueline Durran, dont c’est le quatrième film avec Joe Wright, avait habillé Gary Oldman dans LA TAUPE (Tomas Alfredson, 2011), mais il y arborait une silhouette totalement différente. «  Jacqueline a abordé LES HEURES SOMBRES avec la même passion et le même enthousiasme que nos films précédents, même s’il s’agissait essentiellement d’hommes en costumes ! » s’amuse à dire le réalisateur. Son travail a débuté six mois avant le premier coup de manivelle, consacrant du temps supplémentaire pour se concerter avec Kazuhiro Tsuji, Gary Oldman et Joe Wright. « Je voulais donner à Gary les outils nécessaires pour devenir le Churchill qu’il visait, et à Joe, l’imagerie qu’il avait en tête », déclare l’intéressée. 

L’acteur se souvient  : «  il y avait ces attributs caractéristiques : le cigare, la montre, la bague, les lunettes, les chapeaux. C’était résolument un homme à chapeaux ». Les couvre-chefs de Churchill étaient fabriqués exclusivement par Lock & Co. Hatters, la boutique de chapeaux la plus ancienne au monde. Fondée en 1676, leurs chapeaux ont orné la tête d’une multitude de gentlemen, de Lord Nelson à David Beckham. La production est donc remontée directement à la source, et Gary Oldman se souvient : « c’était comme un voyage dans le temps ». « Gary a intégré ces chapeaux dans la création de son personnage. Il arbore un feutre souple, un chapeau Cambridge et un haut-de-forme ». 

De la même façon, pour les costumes du grand homme, l’équipe s’est adressée à son tailleur historique Henry Poole & Co. Tailleur de Savile Row, à Londres. Ses cigares sont des Siglo de la marque cubano-dominicaine Cohìba. Sa montre à gousset a été fabriquée par l’entreprise Breguet. Quant aux chaussures, elles font exception à la règle et durent être confectionnées sur mesure, le bottier historique de Churchill n’étant plus en activité. « J’étais comme un boxeur qui se prépare à monter sur le ring et passe par tout un rituel  : étirements, bandage des mains, etc. Quand on m’avait appliqué les prothèses, postiches et maquillage, que j’avais enfilé le costume, ajusté les accessoires, j’étais devenu Winnie », nous confie l’acteur. 

Mais le perfectionnement du physique et de la voix ne fait pas l’homme. La véritable mise à l’épreuve vient avec le jeu. Lisa Bruce raconte : « le formidable travail de maquillage et la transformation physique ne le conduisaient qu’à la porte d’entrée. C’était à Gary de l’ouvrir et de nous y faire pénétrer. Sur le plateau, j’en avais des frissons. À tout moment, j’avais l’impression que Churchill était là. Ce que Gary accomplit, avec ses yeux, sa posture, ses mouvements, donne corps et vie à Churchill ».

La femme derrière l’homme

Comme on peut souvent l’entendre dire, derrière tout grand homme se cache une femme plus grande encore. Et la femme la plus importante dans la vie de Winston Churchill, comme durant les quatre semaines intenses sur lesquelles le film se concentre, était celle qu’il avait épousée 31 ans auparavant  : Clementine, surnommée Clemmie. Il l’a lui-même dit : « mon plus brillant exploit a été de convaincre ma femme de m’épouser ». À la fois sa conscience, sa confidente et sa critique, Clemmie était la personne à qui il faisait le plus confiance. 

Pour le réalisateur, « Clemmie était son associée aussi politique que domestique. Elle était plus libérale que lui et plaidait souvent dans cette direction. Il l’écoutait parfois, pas toujours, mais elle faisait partie intégrante de son processus de décision ». Le rôle de Clemmie faisait appel à une actrice à même de représenter classe, distinction, intelligence et vivacité d’esprit. « Qui d’autre de mieux que Kristin Scott Thomas? » se félicite Eric Fellner. « Il suffit de l’écouter parler » renchérit Gary Oldman. « J’ai toujours voulu travailler avec elle, et je crois même que j’ai toujours eu une petite faiblesse pour elle, depuis l’adolescence ». 

Pour l’intéressée, Clemmie était «  un pilier, un roc. Elle et Winston s’adoraient, et avaient des engueulades formidables. La façon dont il est parvenu, durant ces quelques semaines de mai et juin 1940, à insuffler un sens du patriotisme, du courage et de la fierté au peuple britannique, est extraordinaire ». Comme Gary Oldman, Kristin Scott Thomas fut largement intimidée par la somme de documentation sur les Churchill : « j’ai reçu de la production un carton entier de livres, et chacun d’eux était un pavé. Mais je m’y suis plongée et c’était fascinant ». « J’avais aussi conscience de la façon dont Clemmie avait été jouée avant moi. Je devais trouver ma propre voie, mon interprétation et ma vision du personnage ». 

Là encore, les mots de Winston ont indiqué le chemin à suivre. L’actrice raconte  : «  Churchill dit dans l’une de ses lettres qu’il n’aurait pas été capable d’endurer la guerre sans la présence de Clemmie à ses côtés. Il apparaît clairement qu’elle était d’un grand soutien. Elle avait ses propres idées bien définies sur la politique, les actions à entreprendre dans le monde, la meilleure façon de gouverner, et elle en faisait part à Winston ». La productrice renchérit  : «  autant sentimentalement qu’intellectuellement, Clemmie et Winston étaient à armes égales. Personne n’avait une meilleure appréciation de lui, ne le voyait avec une telle lucidité, au-delà du vernis et des apparences. Kristin en avait bien conscience et le fait très bien ressentir dans ses scènes avec Gary. C’était comme un pas de deux, un vrai bonheur de les observer faire ». À son partenaire de jeu de déclarer : « je crois que la Clémentine de Kristin fera autorité. Elle a créé un personnage magnifique, et je pense qu’il y a une bonne alchimie entre nous ». « J’oubliais complétement que j’avais affaire à Gary. Nous étions Winnie et Clemmie », renchérit l’actrice. 

Répondant à ce qu’elle voit comme «  une page déterminante de notre histoire, et de l’Histoire, que tout le monde devrait garder à l’esprit », la jeune actrice Lily James s’est emparée du rôle d’Elizabeth Layton, la fidèle secrétaire personnelle de Churchill. Elle déclare avoir été ravie « de jouer autre chose qu’un objet d’attraction dans un film qui n’est pas une intrigue romanesque, mais montre le développement d’un très beau lien entre Churchill et sa secrétaire ». 

Le scénariste s’est inspiré des mémoires de l’intéressée, qui détaillent ses années au service du grand homme sous son nom de femme mariée, Elizabeth Nel. «  Elizabeth assume un regard extérieur », nous explique Joe Wright. «  Je voulais qu’il n’y ait aucune entrave entre Lily et les spectateurs. C’est facile de s’identifier à elle, d’adopter son point de vue, et il donne à voir un aspect important de notre histoire : d’abord, l’aliénation de Churchill d’avec le peuple britannique, puis le rétablissement et le renforcement d’un lien, d’une véritable connexion ». «  D’une certaine manière, il vivait en vase clos. À un moment où la présence d’un vrai leader est devenue nécessaire, il a dû sortir de sa bulle et entrer en contact avec les hommes et les femmes de la rue. Ce n’est qu’en écoutant leurs peurs, leurs préoccupations et leurs résolutions qu’il a pu mieux comprendre l’implication et les répercussions des décisions majeures qu’il lui fallait prendre ». 

Lily James nous confie : « j’ai adoré lire l’autobiographie d’Elizabeth. Elle était d’une nature combative et avait conscience de l’importance de la tâche qui était la sienne. Son livre déborde d’admiration. On voit qu’elle aimait véritablement Churchill, comme tous ses plus proches employés. Il était extrêmement strict et exigeant, mais il avait une vraie générosité, un humour et une vivacité d’esprit incroyables ». « J’avais du mal à voir Gary derrière son Churchill, son interprétation est follement audacieuse, ce qui ne l’a pas empêché de se montrer très gentil avec moi. Quant à Joe, il s’intéresse d’abord à l’humanité des personnages et sait se parer contre la lourdeur de l’Histoire et de la politique ». 

La chef maquilleuse et coiffeuse remarque : « Lily est une jeune femme très moderne mais on est parvenus à en faire une femme plus ordinaire des années 40 ». Durant le tournage, l’actrice se répétait souvent, Elizabeth doit le suivre partout. Même en voiture, elle est toujours présente, bloc-notes à la main. « Il m’a quand même fallu quelques mois pour apprendre à taper comme une pro sur une machine à écrire d’époque ». « En gros, Elizabeth était de service à toute heure du jour ou de la nuit, et j’ai dû me mettre dans l’état d’esprit d’une jeune femme dans sa petite vingtaine travaillant étroitement avec un homme de génie, sur des écrits et des discours qui allaient changer le cours de l’Histoire ». La chef costumière s’est aussi attachée à faire évoluer la garde-robe d’Elizabeth qui, au début, porte de jolies petites robes souples et qui, plus tard, s’habille de façon plus affirmée, avec des tailleurs ajustés et des tricots, qui reflètent l’influence que la proximité du grand homme a pu avoir sur elle. 

Pour la productrice Lisa Bruce, «  Elizabeth est une pâquerette qui pousse au milieu de tous ces hommes puissants et plus âgés. Elle apporte une énergie différente. Avec elle, Churchill peut baisser sa garde, et grâce à elle, on découvre une autre facette de sa personnalité ». «  Lily est naturellement curieuse, mais elle met aussi en exergue l’innocence d’Elizabeth et sa loyauté envers Churchill. La vraie Elizabeth parle de son extrême exigence, mais aussi de combien il était enthousiasmant de travailler avec lui, ce dont Lily a parfaitement su rendre compte ».

Les contemporains de Churchill

Bien qu’il siégeait au Parlement depuis plus de 40 ans, Winston Churchill n’était pas considéré comme un candidat sérieux au poste de Premier ministre, mais la situation semble s’être retournée le 10 mai 1940 quand le roi George VI l’a finalement nommé. Churchill bénéficiait cependant de peu de soutien de son propre Parti conservateur (les Tories) et de l’establishment britannique en général. Invitant immédiatement son prédécesseur Neville Chamberlain et le vicomte d’Halifax (Edward Frederick Lindley Wood) à siéger à son cabinet de guerre, Churchill avait bien conscience que Chamberlain exerçait une forte influence sur le Parti conservateur et qu’Edward aurait été préféré de beaucoup, dont le roi, au poste de Premier ministre. Il avait refusé parce qu’il pensait ne pas pouvoir gouverner efficacement en tant que membre de la Chambre des lords, estimant que le Premier ministre se devait de siéger à la Chambre des communes. 

Ben Mendelsohn qui interprète le roi George VI déclare : « j’étais ravi, et surpris, quand on m’a proposé de jouer Sa Majesté. Incarner un personnage britannique de cette stature était un défi que je ne pouvais pas refuser ». Lisa Bruce se souvient : « Joe a pensé à Ben. Il lui a fallu apprendre à maîtriser l’accent, ainsi que les vestiges du bégaiement du roi, ce qui n’a fait qu’accentuer la ressemblance physique ». Le réalisateur explique : « j’ai tout de suite pensé à Ben. J’avais été bluffé par sa prestation dans LES POINGS CONTRE LES MURS (David Mackenzie, 2013), par cette énergie brute qui peut atteindre une impressionnante intensité. On sent toutes ses émotions à fleur de peau, ce qui donne du poids aux scènes entre le roi et Churchill ». 

Ivana Primorac remarque : « Ben aurait pu entrer sur le plateau tel quel. On a simplement accentué son air de majesté, dans sa coiffure par exemple. On l’a ennobli, ce qui l’a peut-être aussi incité à se tenir et à bouger différemment. C’est assez impressionnant : quand il se trouve à côté de Churchill, celui-ci paraît soudain petit et négligé ». Gary Oldman corrobore  : «  après la prestation de Colin Firth (dans LE DISCOURS D’UN ROI, Tom Hooper, 2010), ce rôle n’était pas simple à assumer, mais Ben y parvient brillamment. Son approche est incomparable. Il a appelé Joe et lui a dit : "il y a trop de R dans mes scènes." 

Il était attentif au fait que les gens qui bégaient choisissent les mots qu’ils emploient. Les répliques furent donc modifiées dans ce sens ». Quant à l’intéressé, il déclare : « mon but n’était pas d’imiter le roi George VI mais de l’interpréter. Aucun effort n’est jamais de trop et je voulais être juste. Ce fut un réel honneur de donner la réplique à Gary Oldman, et soyons réalistes, je n’approcherai jamais Churchill de plus près ». 

Si la relation de Churchill avec le roi évolue au cours du printemps 1940, ses opinions et ses stratégies s’opposent à celles de Chamberlain, d’Halifax et beaucoup d’autres. Ces dissensions sont largement documentées dans les comptes rendus des réunions du cabinet de guerre que le scénariste cite mot pour mot à de nombreuses reprises dans le film. «  Les scènes du cabinet de guerre sont la pièce maîtresse du film et de l’histoire que nous racontons. Les dialogues, tirés des comptes rendus, sont d’une grande richesse dramatique. Je voulais en faire des moments de cinéma, avec ces 17 acteurs réunis dans une même pièce. On évalue souvent la valeur cinématographique d’un film en termes de larges mouvements de caméra et de beaux paysages, mais pour moi le cinéma est fonction d’intentions, pas de toiles de fond », déclare Joe Wright. « Une partie de la mise en scène m’a été dictée… par Churchill. Il plaçait en effet ses opposants face à lui, pour les empêcher de parler dans son dos ». 

Le scénariste remarque : « d’un côté, il y avait ceux qui souhaitaient calmer les nazis, et de l’autre, ceux qui étaient pour une entrée en guerre contre Hitler. Le conflit entre Churchill et Halifax cristallisait cet affrontement. En les voyant et en les entendant, le public comprendra ce à quoi le Royaume-Uni et Churchill devaient faire face ». « On ne voulait pas faire un film qui dirait simplement : Churchill est formidable. On souhaitait que les spectateurs entendent les différents arguments et y réfléchissent. Ce qui correspond exactement à la façon de faire de Churchill. Il écoutait et prenait en considération les différents points de vue qu’on lui soumettait, puis il prenait une décision », continue le réalisateur. « J’espère que le public prêtera attention à Halifax et prendra en compte sa position : si la Grande-Bretagne n’avait pas gagné la guerre, aurait-il eu raison? Churchill ne serait alors plus considéré comme un héros. Une victoire militaire est sujette à la chance, elle dépend de tellement de choix, qui peuvent s’avérer tragiques ou pas ». « L’Histoire a donné raison à Churchill et ça vaut la peine de le célébrer, mais en mai 1940, une négociation de paix n’était pas à rejeter sans considération, d’autant que la Grande-Bretagne n’avait plus d’armée à proprement parler. Ses troupes au sol étaient piégées à Dunkerque. Si elles avaient été anéanties, le RoyaumeUni n’aurait plus été à même de se défendre ». 

Pour le rôle d’Halifax, un aristocrate très pieux, le réalisateur souhaitait un acteur capable d’incarner conviction et autorité, en évitant un antagonisme trop caricatural. On lui suggéra le nom de Stephen Dillane. Il déclare  : «  Stephen est un acteur rigoureux. J’étais convaincu qu’il saurait communiquer sérieux et dignité, et faire entendre les arguments d’Halifax ». « On ne peut pas faire la sourde oreille face à la défense de la paix, mais Churchill savait qu’historiquement, les pays qui se rendent bassement ne se relèvent jamais vraiment, alors que ceux qui se battent, trouveront la force de se battre à nouveau », explique le scénariste. Quant à l’intéressé, il remarque  : «  c’était difficile de trouver un seul argument écrit en sa faveur, de l’appréhender objectivement. Il est passé du mauvais côté de l’Histoire. C’était intéressant de le replacer dans un contexte où il pensait pouvoir devenir le leader du Parti conservateur et où l’intervention militaire n’était pas encore décidée ». 

L’acteur émérite Ronald Pickup interprète Neville Chamberlain, suite au décès de John Hurt qui avait été pressenti pour le rôle. «  Chamberlain était favorable à une conciliation avec Hitler. La Chambre des communes refuse cette proposition et le force à démissionner. Il demeure cependant chef du Parti conservateur », explique l’acteur. Pour le producteur Douglas Urbanski, « Ronald donne au personnage un mélange de vulnérabilité et de force. À travers ses yeux seuls, on comprend beaucoup de Chamberlain à mesure que l’heure tourne. Beaucoup de gens pensent que Churchill et lui étaient rivaux, ils oublient qu’à sa mort Churchill lui a rendu un très bel hommage devant la Chambre des communes ». 

Pour Ronald Pickup, jouer face à Gary Oldman était « aussi émouvant qu’impressionnant. Gary était mû par une force vitale. C’est un immense acteur parce qu’il ne commente pas ce qu’il fait ». « Le scénario d’Anthony était éminemment objectif, dénué de jugement, et Joe nous évitait de tomber dans l’excès, il aimait tous ses personnages ». Comme le remarque Lisa Bruce, tous les acteurs purent tirer bénéfice de la rigueur de Joe Wright, de son attention pour les détails : « je n’avais jamais participé à un film où le réalisateur consacre deux semaines entières aux répétitions, permettant ainsi aux acteurs de réellement trouver leur personnage ». 

Quant à Gary Oldman, il nous confie  : «  pour moi, c’était 10 semaines : le bonheur absolu. Je n’avais plus eu l’occasion de répéter aussi intensivement depuis mes années au théâtre ». « Joe a fait venir des chercheurs et des historiens pour discuter avec les acteurs, il a organisé des sorties et des visites, invitant la famille de Churchill à y participer », nous révèle la productrice. « Ça influe sur le film qui ne donne jamais l’impression d’être une simulation. Sa façon de préparer au jeu est exceptionnelle ».

Les décors

La toile de fond des HEURES SOMBRES montre une Grande-Bretagne à bout de forces. La Première Guerre mondiale avait porté un coup dur à son économie et à ses effectifs de travail, et deux décennies n’avaient pas suffi à relever ses capacités industrielles et militaires. L’approche de la Seconde Guerre mondiale présageait d’avantage encore d’austérité. Pour rendre compte de l’état du pays, Joe Wright fit à nouveau appel au tandem Sarah GreenwoodKatie Spencer, chef décoratrice et ensemblière respectivement, avec lesquelles il avait déjà collaboré à maintes reprises. Comme auparavant, leur équipe élabora des décors circulaires, prisés du réalisateur pour la flexibilité de travail qu’ils permettent, autant avec les acteurs que la caméra. 

Ses indications furent les suivantes : « Londres n’était pas la même en 1940 qu’aujourd’hui. La ville était plus sale, plus sordide. Toutes les vues traditionnelles sont donc à éviter ». Des jaunes mats, des bleus passés, des sofas effilochés et des tapis usés furent utilisés. La palette chromatique de l’intérieur de la base du Premier ministre, au 10 Downing Street, fut atténuée comme en avaient convenu le réalisateur et son directeur de la photographie Bruno Delbonnel. Ce qui convenait parfaitement à Sarah Greenwood qui estime que « cette période peut parfois avoir l’air un peu kitsch au cinéma, ce que nous avons voulu éviter le plus possible dans LES HEURES SOMBRES ». 

«  Pour l’intérieur du 10 Downing Street, nous avons trouvé une maison georgienne délabrée dans le Yorkshire. Nous avons plus ou moins pu en faire tout ce que nous voulions, dont les décors circulaires souhaités par Joe ». 

Le département artistique n’avait pas pour mot d’ordre de reproduire le 10 Downing Street à l’identique, en partie parce qu’il existe peu de documentation sur ce à quoi l’endroit ressemblait à l’époque. « Ça nous a donné la liberté de créer notre propre version du N° 10 qui paraît authentique sans ressembler en rien à l’original. Nos escaliers, par exemple, vont dans la direction opposée, » s’amuse la chef décoratrice. 

Pour Buckingham Palace, la production utilisa Wentworth Woodhouse, une imposante demeure néoclassique qui détient le titre de plus grande résidence privée du Royaume-Uni. Bruno Delbonnel éclaira les scènes intérieures au travers de trous minuscules parce que l’équipe des décors «  avait couvert les fenêtres d’énormes volets. Buckingham Palace n’était pas rutilant en ces temps difficiles, il est ici beaucoup plus sombre qu’aujourd’hui ». 

Reflétant le temps que Churchill leur consacra au cours des 4 semaines que couvre le film, les deux décors les plus importants sont celui de la Chambre des communes et celui du cabinet de guerre, dont l’authenticité était primordiale. Le vrai cabinet de guerre a été conservé comme pièce de musée et on ne peut pas y tourner, mais la production y a pris des photos et des mesures. Gary Oldman y a passé plusieurs heures et a même été autorisé à s’asseoir dans le siège de Churchill. Des mois de recherches et un long travail de conception ont donné naissance à une reproduction étonnante du bunker bas de plafond dans lequel Churchill et son cabinet de guerre se réunissaient pour débattre et définir leurs stratégies. Le décor fut construit aux légendaires studios Ealing, les plus anciens au monde, où des classiques tels que TUEURS DE DAMES (Alexander Mackendrick, 1955) ou IL PLEUT TOUJOURS LE DIMANCHE (Robert Hamer, 1947) ont été tournés.

Rien n’a été laissé au hasard, pas même le type et la couleur des punaises sur la carte d’Europe. «  La disposition des punaises était parfaite. Ça ressemblait de façon inquiétante au réel cabinet de guerre. C’est très certainement un des décors les mieux conçus dans lequel il m’ait été donné de travailler », commente Gary Oldman. «  Les détails étaient impressionnants. J’ai ouvert certains des carnets qui se trouvaient là, pour y découvrir des reproductions parfaites des mains courantes et autres registres originaux ». 

Le conseiller historique Phil Reed a été conservateur du cabinet de guerre de Churchill pendant 23 ans. Il a donné sa bénédiction à la reproduction réalisée par l’équipe de Sarah Greenwood et Katie Spencer. Il commente : « le briquetage, les poutres métalliques et même l’air qu’on y respire sont conformes à l’original. Certaines mesures ont dû être adaptées pour faire de la place aux caméras, etc. Mais l’atmosphère et l’ambiance sont brillamment recréées ». 

Le département artistique a supervisé la création d’une ruche grouillant d’activité, avec des rangées de téléphones, des piles grandissantes de papiers, des cartes d’Europe et des dortoirs en chambardement. L’ambiance générale est celle d’un chaos organisé, l’équipe s’étant attachée à reproduire le lieu en pleine activité, plutôt que dans son état de préservation. 

Pour la chef décoratrice, « le cabinet de guerre est un désordre en mouvement d’où émergeait la vision de Churchill quant aux décisions à prendre. Ils étaient tous là, dans ce bunker souterrain à chercher la bonne voie. Joe souhaitait faire ressortir cette nécessité de faire avec les moyens du bord. Les dialogues communiquent avec brio les informations explosives dont le cabinet est détenteur et ce qu’il décide de partager ou non avec le pays ». «  Le décor était fait de murs épais et amovibles, permettant à Joe et Bruno toute une variété d’angles et une réelle proximité avec les acteurs », raconte Douglas Urbanski. Pour le réalisateur, «  comme une bonne partie du film se passe dans ce lieu souterrain, on voulait rendre compte de la claustrophobie, de la pression qui pèse sur ces gens, mais également de leur persévérance. Et ils ne bénéficiaient pas de la technologie moderne, ils faisaient avec les moyens de l’époque, ce qui me touche également ». 

Contrastant avec la ruche souterraine, la Chambre des communes s’élève à l’air libre. Sa reconstitution, alors qu’elle n’avait pas encore été touchée par le Blitz (bombardements stratégiques menés par la Luftwaffe) qui débuta en septembre 1940, fut réalisée aux studios Warner Bros., à Leavesden, au sud-est de l’Angleterre. La chef décoratrice explique : « l’utilisation d’un décor donnait plus de marge de manœuvre à Joe et Bruno. Au départ, on pensait tourner dans l’actuelle Chambre des Communes, bien qu’elle ait été reconstruite et n’était plus conforme à l’original de l’époque, mais on nous a dit que personne, pas même les acteurs, ne serait autorisé à s’asseoir sur les bancs ». 

«  Nous avons opté pour un bois plus riche et plus sombre, pour lui donner un air plus victorien », précise le réalisateur. « C’était un décor imposant et compliqué, et notre directeur artistique Nick Gottschalk a déterminé ce qu’il était possible de faire, notamment en termes de budget. Mais nos efforts ont été justifiés, permettant à Bruno des éclairages et des mouvements de caméra recherchés », nous confie encore Sarah Greenwood. « Bruno est un maître en matière d’éclairages mais il a également un grand sens du naturalisme et sait laisser l’histoire et l’interprétation parler d’eux-mêmes ». 

«  Tout le scénario tend vers cette scène finale  : l’inoubliable discours de Churchill devant la Chambre des communes, le 4 juin 1940 », remarque Joe Wright. 450 figurants, représentant conservateurs et travaillistes, furent costumés de la tête aux pieds par l’équipe de Jacqueline Durran. Ils occupent le décor, se nourrissant et répondant à l’énergie de Gary Oldman. 

«  La présence de figurants, contrairement aux foules rajoutées en postproduction, dynamise le tournage », se félicite le réalisateur. À Sarah Greenwood d’ajouter : « on avait réellement l’impression d’y être, d’assister à ce moment historique ».

Dans les pas de…

Parallèlement, quand Churchill traverse à grands pas St Stephen’s Hall, tire son chapeau et lève sa canne devant les statues des anciens Premiers ministres, Gary Oldman est filmé foulant réellement le sol du Parlement. Après LES SUFFRAGETTES (Sarah Gavron, 2015), le film est le deuxième à avoir reçu la permission, après six mois de négociations, de tourner dans le palais de Westminster. Avec une sécurité sans faille, l’équipement, les véhicules et l’équipe étaient scrupuleusement inspectés et acheminés jusqu’au lieu du tournage, sans le moindre détour possible. 

Aucune modification du scénario n’a cependant été demandée et Gary Oldman a même pu fumer le cigare durant les prises. Si l’intérieur du 10 Downing Street a été reconstitué, la production a obtenu l’autorisation, après plusieurs mois, de tourner à l’extérieur de la célèbre adresse, avec là aussi, d’importantes mesures de sécurité à respecter. À nouveau, ce n’est que le deuxième film auquel cette faveur a été accordée, donnant la possibilité à la caméra de Bruno Delbonnel de suivre Gary Oldman sortant dans la rue, et pas uniquement de le filmer à partir de la porte d’entrée. Seuls des documentaires et des équipes journalistiques y avaient été autorisés auparavant. 

Le jour le plus sombre du tournage reste celui du dimanche de commémoration (le deuxième dimanche de novembre) où la citadelle de Calais, recréée pour l’occasion au Fort d’Amherst, à Chatham, dans le comté de Kent, subit les impitoyables attaques adverses du mois de mai 1940. 110 figurants vêtus d’uniformes militaires furent réunis pour peupler la scène et Joe Wright demanda à ce que « Sleep » de Max Richter soit joué pour donner le la. 

Durant le siège de Calais, les forces françaises et anglaises essuyèrent de très lourdes offensives allemandes. Des troupes furent évacuées à Dunkerque mais la garnison de Calais fut entièrement disséminée. Réalisateur et chef opérateur ont chorégraphié la scène qui débute sur une croix couverte de bougies avant de suivre le chemin emprunté par le brigadier lisant le télégramme qui scelle le sort de ses hommes. Pour ce plan-séquence tourné à la Steadicam, le cadreur était suspendu à des fils de fer afin d’être soulevé par une grue, après la lecture du télégramme, à une hauteur de 12 mètres et de pouvoir ainsi avoir une vue d’ensemble de la scène. On passe ensuite imperceptiblement à un plan depuis l’avion qui se destine à lâcher une charge fatale. 

« C’était ma première collaboration avec Bruno et ce fut très stimulant. Sa participation a été déterminante pour le film », déclare Joe Wright. Pour le chef monteur Valerio Bonelli, c’était aussi une première avec le réalisateur. Il le fit ainsi se rapprocher d’un de ses fréquents collaborateurs, le compositeur Dario Marianelli, qui avait commencé à écrire la musique en amont du tournage. Le montage, comme une partie du tournage, put ainsi se faire au rythme des compositions de Marianelli. 

Au réalisateur de conclure, « c’était probablement bien venu, pour une telle histoire ayant trait à un tournant de notre histoire, que notre équipe créatrice soit composée d’Anglais, de Français et d’Italiens ».

S’approprier le personnage

Anthony McCarten reconnaît  : «  il y a des scènes dans LES HEURES SOMBRES dans lesquelles Winston Churchill semble très peu ministériel ». 

« Churchill buvait régulièrement un verre de vin blanc ou du scotch au déjeuner, et à cause de son planning surchargé, il n’était pas inhabituel qu’il ait des rendez-vous au saut du lit ou même avant, ou durant son bain. Il dictait généralement ses mémos pour la journée depuis son lit, et il recevait des visites et parlait des affaires de l’État en robe de chambre ou en chemise de nuit », raconte Joe Wright. 

«  Et quoi qu’il advienne, il faisait la sieste tous les après-midi à 16 h et gardait à cet effet un petit lit à une place dans le cabinet de guerre. C’était un véritable excentrique ». « Pour arriver à l’homme, derrière la légende, il était important de définir ses traits de caractère. Nous avons théâtralisé certains moments spécifiques mais tout nous vient des recherches que nous avons effectuées », précise le scénariste. 

«  Un point qui n’est pas souvent souligné dans les livres d’histoire, et qui semble particulièrement révélateur, tient au fait que Churchill a été l’artisan de l’opération Dynamo pour laquelle une flottille hétéroclite d’environ 700 bateaux de la marine marchande, des flottes de pêche et de plaisance, et des canots de la Royal National Lifeboat Institution, a été appelée pour aider à évacuer les soldats alliés des plages et du port de Dunkerque. Cette opération était l’idée de Churchill. Elle a sauvé la vie à plus de 300 000 soldats français et britanniques ». 

Anthony McCarten déclare  : «  je souhaitais élargir notre appréhension de l’homme. J’avais le sentiment que sa nature multidimensionnelle avait été recouverte par le vernis de l’Histoire. Ses faiblesses, ses manies et ses doutes ont été gommés de biographies les plus exhaustives. Il est souvent représenté comme un homme inébranlable et parfaitement déterminé. Je pense que nous lui rendons justice en montrant aussi ses défauts, ses incertitudes. Au cours de ces 10 dernières années, historiens et biographes commencent à révéler d’autres facettes de sa personne et notre film s’inscrit dans cette nouvelle école de pensée ». 

À Phil Reed, Officier de l’ordre de l’Empire britannique, directeur émérite du cabinet de guerre de Churchill, et conseiller historique sur le film, de conclure : « Winston Churchill est souvent vu comme l’homme qui a sauvé son pays et le monde. Ce film met en lumière une période de sa vie durant laquelle il a clairement abattu ses cartes. Il est passé d’un homme entouré de gens qui ne lui accordaient ni confiance ni respect à celui d’un leader qui a laissé sa marque sur son gouvernement, ses compatriotes et sur le monde. Il a bien réussi son coup ».

LES DATES-CLÉ
Mai & juin 1940

10 mai L’Allemagne envahit la Belgique, le Luxembourg et les Pays-Bas
10 mai Chamberlain perd le vote de confiance à la Chambre des communes, Churchill est nommé Premier ministre
17 mai Les forces allemandes percent le front français (la percée de Sedan)
20 mai Churchill initie les préparatifs pour l’opération Dynamo
24 mai Bataille de Dunkerque
26 mai au 4 juin Évacuation de Dunkerque

Nombre de soldats alliés arrivés en Grande-Bretagne

27 mai 7 669
28 mai 17 804
29 mai 47 310
30 mai 53 823
31 mai 68 014
1er juin 64 429
2 juin 26 256
3 juin 26 746
4 juin 26 175

Total 338 226 

#LesHeuresSombres

Autre post du blog lié au film LES HEURES SOMBRES

samedi 15 juillet 2017

LES HEURES SOMBRES

LES HEURES SOMBRES

Au cinéma le 10 janvier 2018

Ce drame se base sur des faits réels historiques pour nous entraîner au cœur d'une situation dramatique et tendue. Dans la bande annonce, on voit que Gary Oldman est méconnaissable et impressionnant dans le rôle de Winston Churchill.

Un film réalisé par Joe Wright (REVIENS MOI, HANNA, ORGUEIL & PRÉJUGÉS, ANNA KARENINE)
Avec Gary Oldman, Kristen Scott Thomas, Lily James, Stephen Dillane, Ronald Pickup & Ben Mendelsohn
Scénario d'Anthony McCarten (“The Theory of Everything”)
Produit par Tim Bevan, Eric Fellner, Anthony McCarten, Lisa Bruce, Douglas Urbanski

Au centre, Gary Oldman interprète Winston Churchill dans le film LES HEURES SOMBRES du réalisateur Joe Wright. Crédit photo : Jack English / Focus Features
Au sujet du film

Working Title Films Production et Focus Features présentent LES HEURES SOMBRES. Une histoire palpitante, inspirée de faits réels, qui débute à l’aube de la Seconde Guerre Mondiale, à quelques jours de l’élection du Premier Ministre de la Grande Bretagne.

Winston Churchill (Gary Oldman, nommé aux Oscars) doit affronter un des défis les plus terribles et déterminants pour sa carrière : négocier un traité de paix avec l’Allemagne nazie, ou se battre pour défendre les idéaux d’une nation libre. Alors que les forces nazies traversent l’Europe de l’Ouest et menacent d’une invasion imminente, et que le peuple semble pris au dépourvu, le roi sceptique et son parti conspirant contre lui, Winston Churchill doit affronter des heures sombres, rallier une nation toute entière et tenter de changer le cours de l’Histoire.

Bande annonce (VOSTFR)


#LesHeuresSombres

vendredi 27 mars 2015

Back to the future


Comédie/Drame/Une suite qui donne le sourire

Réalisé par John Madden
Avec Judi Dench, Maggie Smith, Bill Nighy, Dev Patel, Celia Imrie, Penelope Wilton, Ronald Pickup, Richard Gere, David Strathairn...

Long-métrage Britannique/Américain
Titre original: The Second Best Exotic Marigold Hotel
Durée: 02h03mn
Année de production: 2015
Distributeur: Twentieth Century Fox France

Date de sortie sur les écrans britanniques: 26 février 2015
Date de sortie sur les écrans américains: 6 mars 2015
Date de sortie sur nos écrans: 1 avril 2015 


Résumé : Maintenant que l’hôtel Marigold affiche complet, ses directeurs, Muriel Donnelly et Sonny Kapoor songent à l’agrandir. Ils ont justement trouvé l’endroit idéal pour ouvrir un deuxième établissement. Tandis que le projet avance, Evelyn et Douglas qui travaillent désormais à Jaipur, se demandent où leurs rendez-vous réguliers autour des délices de la cuisine indienne vont les mener. Norman et Carolessaient de maîtriser les difficultés d’une relation exclusive, et Madge hésite entre deux prétendants aussi intéressants l’un que l’autre. Récemment arrivé, Guy Chambers trouve sa muse en la personne de Mme Kapoor la mère de Sonny, pour écrire son nouveau roman. Sonny doit très bientôt épouser Sunaina, l’amour de sa vie mais il est de plus en plus absorbé par le nouveau projet d’hôtel, qui exige tout son temps… Seule Muriel pourrait peut-être avoir des réponses : personne n’a de secret pour elle. Alors que le grand jour approche, l’ivresse de la préparation d’un mariage traditionnel indien s’empare de tout le monde…

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait "Les Doutes" (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : Après INDIAN PALACE, John Madden, le réalisateur, revient pour un second opus parfaitement aligné sur le style du premier. J'aime les films qui ont du cœur et cette SUITE ROYALE en a beaucoup. Le film n'est certainement pas parfait, mais ce n'est pas son but. Il se veut avant tout divertissant et il réussit très bien sa mission. L'enthousiasme nous est transmis au travers des couleurs, des musiques, des danses et de la bonne humeur des personnages. C'est un long-métrage chaleureux. La réalisation de John Madden sert bien le propos qu'il soit humoristique ou touchant. Elle permet aux sous-intrigues de se croiser et apporte un dynamisme à ces histoires humaines et joliment simple. Tous les personnages se retrouvent avec des décisions à prendre et, même si avec l'âge vient une certaine sagesse, les doutes et les espoirs sont tout de même bien présents lorsqu'il s'agit de faire un choix important. L'esprit du film est de nous transmettre un message positif et cela fait du bien au moral. J'ai trouvé mignonnes les petites perles philosophiques distillées dans les dialogues.
On retrouve avec bonheur les principaux protagonistes du premier film. Judi Dench, qui interprète Evelyn Greenslade, apporte sa classe, sa douceur et son humilité à son personnage.


Maggie Smith, qui interprète Muriel Donnelly, est toujours aussi drôle et touchante dans son rôle de grincheuse sarcastique au grand cœur.


Bill Nighy, qui interprète Douglas Ainslie, n'a pas son pareil pour charmer les spectateurs avec sa gentillesse et son humour.



Dev Patel, qui interprète Sonny Kapoor, affiche l'enthousiasme de la jeunesse. Il est amusant et attendrissant dans ces erreurs.


Parmi, les nouveaux venus, Richard Gere, qui interprète Guy Chambers, apporte une touche de séduction supplémentaire, c'est un plaisir de le voir jouer ce rôle.



Il y a de nombreux acteurs dans ce long-métrage.






Chacun amène sa pierre au bel édifice que compose le Marigold Hotel. Dans son superbe décor, cet endroit nous donne la confortable impression d'être chez nous.
INDIAN PALACE SUITE ROYALE est une belle réussite à mon avis. Si le premier opus vous a charmé, alors ne ratez pas celui-ci. Il est tout aussi agréable et vous donnera le sourire.


NOTES DE PRODUCTION 
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!) 


LES RÉSERVATIONS SONT OUVERTES


En 2012, la comédie INDIAN PALACE connaissait un succès surprise avec l’histoire de ses sept seniors britanniques qui dé­cident « d’oxygéner » leur retraite en partant s’installer dans un hô­tel situé en Inde censé « combler ses clients âgés et magnifiques ». L’établissement se révèle délabré, mais l’optimisme et la bravoure des nouveaux résidents triom­phent des déconvenues : peu im­porte l’âge, le meilleur peut encore être devant soi. INDIAN PALACE – SUITE ROYALE est l’occasion de retrouver tous les acteurs du premier film – dont Judi Dench, Maggie Smith, Bill Nighy et Dev Patel – et d’accueillir des petits nouveaux comme Richard Gere, Tamsin Greig et David Stra­thairn. 

INDIAN PALACE avait cueilli le public par surprise avec une histoire hors des sentiers battus : celle d’un groupe de gens ordinaires, drôles, complexes, des seniors qui plus est, embar­qués dans une sacrée aventure et incarnés par la fine fleur des acteurs de cette génération. Le film a atteint les sommets du box-office en Grande-Bretagne et aux États-Unis, en engran­geant plus de 136 millions de dollars de recettes mondiales, et a séduit critiques et professionnels. Il a ainsi été nommé en 2013 dans la catégorie meilleur film aux Golden Globes et aux BAFTA Awards ; l’ensemble des comédiens ayant été également cité aux Screen Actors Guild Awards. 

L’actrice oscarisée Judi Dench, qui reprend ici le rôle d’Evelyn, une veuve qui débarque en Inde où le champ des possibles lui apparaît soudainement immense, se souvient : « C’était la surprise générale. 

INDIAN PALACE a peu à peu conquis le public et a fini par devenir un triomphe. C’est fou de voir le nombre de gens qui m’abordent pour m’en parler. C’était formidable de revenir en Inde pour tourner la suite. » 

Bill Nighy, qui retrouve son personnage de Douglas, désormais sous le charme de l’insaisissable Evelyn, commente : « Le scé­nario d’INDIAN PALACE m’avait semblé offrir matière à un bon film, mais je n’ai pas une seconde anticipé son succès. Le pu­blic a visiblement été touché par le résultat. Se lancer dans une seconde aventure a été très stimulant. » 

Un sentiment partagé par toute l’équipe, notamment à propos de personnages auxquels le cinéma ne s’intéresse guère… Comme le souligne Lillete Dubey, qui incarne Mme Kapoor : « Ce que le public a aimé dans INDIAN PALACE, c’est le ton irrévérencieux et affectueux avec lequel on parlait de la vie et des relations entre des personnages au crépuscule de leur existence... C’est l’un des rares films à aborder joyeusement la vieillesse et à dire : 

« Vous avez beau avoir 60 ou 70 ans, la vie réserve encore plein de surprises à ceux qui le sou­haitent. » 

Les producteurs Graham Broadbent et Peter Czernin se sont d’abord montrés prudents quant à la possi­bilité de tourner la suite de ce petit film indépendant au succès inatten­du. Reprendre des personnages qui ne sont pas les héros d’un film d’ac­tion ou d’une franchise réclamait en effet pas mal d’audace… 

Graham Broadbent note : « INDIAN PALACE était enthousiasmant parce qu’il racontait avec humour une his­toire profondément émouvante. 

Nous étions partants pour faire une suite, à une condition : qu’elle soit à la hauteur du film original. » 

Un seul moyen pour y parvenir : réunir à nouveau le scénariste Ol Parker, qui avait adapté le roman de Deborah Moggach, et le réalisateur oscarisé John Madden, fins connaisseurs des per­sonnages. 

Une fois le tandem réuni, la trame d’INDIAN PALACE – SUITE ROYALE a rapidement pris forme. À la fin du premier film, un mariage entre Sonny et Sunaina était déjà dans l’air, et c’est devenu un fil conducteur : les préparatifs sans fin et la célébra­tion d’un vrai mariage indien permettaient de mettre en valeur le parcours émotionnel de tous les protagonistes impliqués. 

Comme l’explique John Madden : « Ol et moi avons choisi de faire courir ces préparatifs tout au long du film et de montrer la nature universelle d’un mariage traditionnel en Inde. L’histoire a été structurée en trois actes, chacun d’eux culminant lors d’une fête dont les enjeux et les répercussions sont distincts. C’est l’essence même d’un mariage de questionner les gens sur le sens de leur existence et de les amener à faire un point sur leur propre parcours. D’une certaine façon, le propos d’INDIAN PA­LACE – SUITE ROYALE est plus dense que dans le précédent car on développe les personnages plus en profondeur. » 

Le réalisateur poursuit : « C’est un film qui parle surtout de la famille, en l’occurrence d’une famille hors des conventions et soudée autour d’un objectif : l’intégration dans une culture dif­férente. C’est très drôle, mais cela touche aussi d’autres cordes sensibles. Les personnages sont confrontés à des choix très concrets, comme on est amené à en faire à ce stade de la vie. Le canevas du film s’en trouve davantage enrichi. » 

Selon Graham Broadbent : « En définitive, INDIAN PALACE ne racontait que la moitié de notre histoire. Faire une suite nous a permis de compléter la trajectoire des personnages. Muriel, qui était au départ une solitaire plutôt xénophobe, devient la figure centrale de la famille qu’elle n’a jamais eue ; Evelyn et Douglas doivent résoudre la problématique de l’engagement amoureux ; Madge poursuit sa quête du bonheur mais réalise qu’elle se trompe peut-être de chemin ; enfin Norman, aventurier et libre, s’interroge sur ce que la fidélité représente pour lui... » 

Dans le scénario d’INDIAN PALACE – SUITE ROYALE, Ol Par­ker a fait évoluer avec humour et de façon inattendue chacun des personnages, qui se rapprochent les uns des autres et développent aussi leur interaction avec l’Inde. Graham Broad­bent explique : « INDIAN PALACE parlait surtout du choc des cultures, alors que la suite montre comment faire de l’Inde son nouveau foyer... Les personnages sont devenus des acteurs de la vie locale : Douglas possède une boutique de vélos et joue les guides touristiques ; Evelyn est à la tête d’une entreprise textile ; Norman et Madge dirigent le Viceroy Club. Ils ont acquis un point de vue différent sur le pays. » 

Dès que l’idée d’une suite s’est concrétisée, le producteur a re­contacté les acteurs et a obtenu l’accord de tous, avant même l’aboutissement d’une première mouture du scénario. Il se sou­vient : « C’était un extraordinaire témoignage de confiance, et le mérite en revient grandement à John Madden, à la relation de confiance qu’il avait su instaurer avec ses comédiens. Et lorsque nous leur avons fait lire le scénario d’Ol, l’enthousiasme a été plus grand encore. » 

Maggie Smith, doublement oscarisée, retrouve le personnage de Muriel, une femme sarcastique qui se révèle sur le tard. Elle commente : « Réunir trois ans plus tard tous ces acteurs dis­persés par monts et par vaux relevait de la gageure... C’est un miracle que la production y soit parvenue. » 

Quand l’idée d’inclure des nouveaux venus a été lancée, Graham Broadbent raconte que le nom de Richard Gere est immédiatement venu à l’esprit. John Madden commente : « Ri­chard pouvait apporter ce petit frisson romantique qui gagnerait tous les autres. Les motivations de son personnage ont aussi pas mal de répercussions sur l’histoire. » 

Graham Broadbent ajoute : « Je me souviens avoir demandé à Ol et John quel acteur ils rêveraient de voir apparaître dans la cour du Marigold. Leur réponse a été immédiate : « Richard Gere ». 

Nous sommes ravis qu’il ait accepté. Si vous associez John Madden, le scénario et des acteurs de cette trempe, l’équation est irrésistible. » 

Richard Gere, qui incarne Guy Chambers, n’a pas résisté à la tentation. Il confie : « INDIAN PALACE était excellent. Les films qui parlent des vrais dilemmes auxquels on est confronté dans nos vies se font rares. 

Tout comme d’excellents scénarios pour les suites de films. John et Ollie ont non seulement écrit une formidable histoire, mais ils ont également réuni une distribution à tomber par terre. » 

Parmi les nouvelles recrues, on citera la « toute jeune » Lavinia Beech interprétée par Tamsin Greig ainsi que Ty Burley, un busi­nessman incarné par David Strathairn. John Madden note : « Tamsin est formidable. Je suis fan de son jeu d’actrice et je lui ai immédiatement proposé le personnage que nous avions créé. Quant à David, nous avions déjà travaillé ensemble au théâtre : il apporte un vrai plus au casting. » 

Judi Dench remarque : « L’apport de sang neuf nous a donné un énorme coup de fouet. » 

Pour John Madden, le projet a été aussi l’occasion de s’entourer de nouveaux collaborateurs afin d’apporter de la fraîcheur et de l’énergie au film : le directeur de la photographie britannique Ben Smithard (THE DAMNED UNITED, MY WEEK WITH MARILYN, BELLE) et le chef décorateur Martin Childs (oscarisé en 1999 pour SHAKESPEARE IN LOVE de John Madden, avec lequel il avait aussi travaillé sur LA DAME DE WINDSOR). 

Ben Smithard explique : « INDIAN PALACE – SUITE ROYALE possède une énergie propre qui lui vient du personnage de Son­ny et le distingue d’INDIAN PALACE. Le film est ponctué de fes­tivités et d’un mariage grandiose : il a fallu assurer la réalisation d’une multitude de scènes de grande ampleur. Il nous est arrivé d’avoir jusqu’à 900 personnes sur le plateau, sans compter le numéro musical final typique de Bollywood. Un vrai défi tech­nique et logistique ! Notre but était de restituer cette dimension épique propre à l’Inde. » 

Sur le tournage, tout le monde a renoué avec la magie qui s’était créée sur le premier film. John Madden s’est focalisé sur les liens qui s’instaurent entre les différentes générations : « INDIAN PALACE – SUITE ROYALE évoque l’interaction entre jeunesse et vieillesse, comme le suggéraient les derniers plans d’INDIAN PALACE. Le second film creuse plus profondément le thème de l’héritage : il s’interroge sur la transmission de notre expérience, de notre savoir, non seulement entre les cultures mais aussi entre les générations. »


LE NOYAU DUR DES RÉSIDENTS


Muriel la grincheuse (Maggie Smith) s’est surprise à apprécier l’Inde et à trouver sa place à l’hôtel Marigold en tant que nou­velle codirectrice – avec sa propre conception de l’hospitalité. Sonny et Muriel forment donc le plus étrange des couples : les voilà devenus associés et partenaires, au sens où ils se com­plètent à merveille.

Maggie Smith a adoré l’idée que Muriel sorte complètement de sa coquille après s’être montrée aussi sarcastique envers le Marigold. Ce qui ne l’empêche nullement d’avoir des avis par­fois tranchés. Elle commente : « Dans INDIAN PALACE, Muriel a beaucoup observé les autres ; elle a appris à apprécier Sonny. Dans INDIAN PALACE – SUITE ROYALE, elle est devenue pour lui une sorte de grand-mère. Elle a vu son potentiel et le regarde s’épanouir avec tendresse. Même si ces deux-là sont très dif­férents, Muriel est sensible au grand coeur et à l’enthousiasme de Sonny. »

Judi Dench a son opinion sur cette relation hors du commun : « Sonny déborde d’idées flamboyantes alors que Muriel est très terre-à-terre. C’est en conjuguant enthousiasme et sens pra­tique qu’ils vont s’en sortir. En définitive, ils dépendent fonda­mentalement l’un de l’autre. »

Pour Maggie Smith, reprendre le rôle de Muriel signifiait adopter son nouveau rythme de vie. « Cette fois, elle déborde d’énergie, ce qui est loin d’être mon cas dans la vie ! », plaisante-t-elle du haut de ses 80 ans. L’actrice a adoré retravailler sous la direc­tion de John Madden : « Il a le don de trouver le juste équilibre entre humour et ton doux-amer. John est notre grand rassem­bleur. Il multiplie les prises jusqu’à être convaincu du résultat, ce qui peut vous rendre dingue mais vous laisse aussi admiratif ! »

Autre figure incontournable, Evelyn (Judi Dench) qui avait débar­qué au Marigold alors qu’elle venait de perdre son époux : elle était alors remplie de doutes et d’in­certitudes quant à son avenir. À présent, tous les possibles lui sont ouverts : elle va pouvoir choisir qui et ce qu’elle veut deve­nir. Comme elle adore l’Inde, ses couleurs enchanteresses et ses tissus sensuels, elle s’est lancée dans le commerce textile. Avec un dilemme : s’immerger dans le tra­vail ou laisser Douglas prendre davantage part à sa vie.

Judi Dench a été emballée par le scéna­rio : « Ol et John ont intelligemment entre­lacé les histoires des personnages : c’est du beau travail dans la continuité du premier film INDIAN PALACE – SUITE ROYALE explose de joie et de surprise de toutes parts. »

À propos de son personnage, Evelyn, Judi Dench précise : « Ce qu’elle vit n’est pas aussi simple que ce que la fin du premier volet laissait présager, mais c’est excellent et très vrai. »

L’actrice s’est amusée à explorer la subtilité des rapports entre Evelyn et Douglas, preuve que l’amour est compliqué à tout âge. « Bill et moi avons beaucoup travaillé ensemble pour faire avan­cer ce duo. Nous y avons pris beaucoup de plaisir, notamment lors de la scène où nous nous retrouvons à moto. J’étais crispée mais j’avoue que Bill s’est montré très doué. »

Judi Dench était ravie de retrouver l’Inde : « Quelle chance nous avons eue ! Je suis tombée amoureuse du pays dès le début et la belle histoire s’est reproduite. »

Le personnage de Sonny, incarné par Dev Patel, fait un retour en force dans le second volet et, à la grande surprise de sa mère, dirige avec succès l’hôtel Marigold. Son enthousiasme est com­municatif auprès des résidents et le voilà qui s’est mis en tête d’exporter le concept au-delà des frontières de l’Inde : c’est avec sa comparse Muriel qu’il se lance dans un road trip américain sur la Route 66 afin de vendre l’idée d’un complexe similaire aux États-Unis et, pourquoi pas, d’autres déclinaisons à venir. 

Dev Patel n’a pas résisté à l’appel de Sonny, un personnage pour lequel il a beaucoup d’affection et qui sait surfer sur l’air du temps. Il confie : « Ol a écrit un rôle qui est dans mes cordes. J’ai de la chance car je m’identifie complètement à Sonny : il en fait des tonnes pour cacher son sentiment d’insécurité. Au point où il en est, sa vie peut totalement lui échapper : il va se marier, avec le poids que cela implique en Inde ; il doit faire prospérer son hôtel et voilà qu’un Don Juan comme Kush vient menacer sa relation avec Sunaina et son entreprise. » 

L’acteur sait pertinemment la pression que les mariages en Inde font peser sur un futur marié, aussi exubérant soit-il : « Ces mariages impliquent des tonnes de cérémonies et de prépa­ratifs. C’est un moment horriblement stressant pour Sonny ; il s’efforce de conjuguer tout ça avec le développement de ses affaires. » 

Il faut dire que Sonny tente surtout d’impressionner Guy Cham­bers, un romancier imperturbable qu’il soupçonne d’être un contrôleur dépêché depuis les États-Unis pour évaluer la bonne marche de son hôtel. D’où une succession de mésaventures et de quiproquos, comme le raconte Dev Patel : « Sonny finit par se laisser distraire par Guy au point de négliger sa fiancée. Jouer face à Richard Gere a été un grand plaisir. Il est comme le renard argenté capable de vous sauter dessus ou bien de la jouer profil bas, ce qui renforce la dynamique de ses rapports avec Sonny. Et, faut-il le préciser, c’est un acteur incroyable­ment charismatique. » 

Retrouver la troupe du premier film a enthousiasmé Dev Patel, qui raconte : « C’était merveilleux de jouer de nouveau face à de telles pointures : je me suis remis dans le rythme de l’his­toire avec aisance et confort pour jouer au diapason avec eux. Cela vous donne confiance pour tenter plein de choses en tant qu’acteur. » 

C’était aussi l’occasion de repartir pour un second tour de manège avec celles qu’il a baptisées « Les deux Dames » : Judi Dench et Maggie Smith. « Travailler avec elles a été une expérience marquante. Elles vous renvoient la balle, et ça conti­nue, et ça n’arrête pas. Elles ont cette aura incroyable… Quoi qu’elles jouent, elles sont en permanence au top. »

Quant à Douglas, le déménagement en Inde a bouleversé son ancienne vie et mis fin à son infortuné mariage avec Jean, une femme malheureuse à l’air pincé (Penelope Wilton). Fou amou­reux d’Evelyn, il est dans tous ses états et cherche à aller de l’avant avec cette femme qui l’intimide fortement. 

Bill Nighy était curieux de savoir à quelle sauce Douglas allait être mangé dans INDIAN PALACE – SUITE ROYALE : « À la fin du premier volet, sa relation avec Evelyn était ouverte. La connexion entre eux s’est faite mais Evelyn se montre circons­pecte et Douglas est dans la plus grande confusion. Il attend d’elle probablement davantage que ce premier pas. » Graham Broadbent commente : « Douglas et Evelyn tâtonnent l’un vers l’autre avec un souci d’honnêteté et un sens de l’engagement propres aux relations adolescentes. Au stade où elle en est dans sa vie, Evelyn devrait savoir trancher, dire la vérité, mais rien n’est jamais facile dans ce domaine ! » 

Douglas s’est également investi dans deux activités dans les­quelles il n’est pas spécialement compétent : guide touristique, alors qu’il a la mémoire qui flanche, et réparateur de vélos, alors qu’il n’est pas fichu de trouver ce qui cloche. Bill Nighy sourit : « La réparation des vélos est devenue son obsession mais il est incompétent en la matière... Il me fait rire et j’espère que ça sera aussi le cas pour le public ! » 

INDIAN PALACE marquait le premier voyage de l’acteur en Inde et la perspective d’y retourner l’a réjoui : « La première fois, vous subissez une sorte de surdose sensorielle. La seconde fois, vous êtes au moins préparé à ce type de choc, ce qui vous per­met d’en goûter vraiment la saveur. » 

Mme Kapoor, la mère de Sonny incarnée par Lillete Dubey, n’est pas à proprement parler résidente de l’hôtel Marigold : à 60 ans, c’est une veuve qui n’a jamais imaginé pouvoir refaire sa vie... jusqu’à sa rencontre avec l’écrivain américain Guy Chambers, lui aussi attiré par elle – au grand dam de Sonny qui tente de les séparer. 

Lillete Dubey a apprécié la plus large place faite à son per­son-nage : figure comique dans le premier volet, Mme Kapoor dévoile dans INDIAN PALACE – SUITE ROYALE un caractère passionné. L’actrice raconte : « Quand j’ai entendu parler d’une suite, j’ai dit en plaisantant à Ol Parker : « J’espère que tu m’as concocté une romance ». Et c’est ce qui s’est produit ! J’étais ravie car mon personnage gagne en profondeur. »

Devenir l’objet de toutes les attentions de Richard Gere était plus qu’agréable pour la comédienne : « Les amies à qui j’en ai parlé étaient très enthousiastes ! J’aime le fait que son per­sonnage ne me poursuive pas de ses assiduités. Richard est le genre d’acteur qui s’attache à la crédibilité des situations. Je savais dès le départ que travailler avec lui serait très facile. Nous nous sommes bien entendus même s’il fallait, au début du film, installer de la tension et de la distance entre Mme Kapoor et Guy. » 

Pour l’actrice, le fait que Mme Kapoor se révèle romantique tra­duit bien le fait que la vie réserve toujours des surprises : « Le film évoque un sujet important : que l’on soit jeune ou vieux, on a besoin de croire que tout est encore possible. » 

Celia Imrie est aussi de retour dans INDIAN PALACE – SUITE ROYALE dans le rôle de Madge, venue en Inde pour trouver le grand amour et qui le cherche encore inlassablement. La chance lui sourit puisque deux riches Maharajahs, Nimish et Abhilash, se battent pour ses beaux yeux. Ce qui n’aide pas Madge à se décider. C’est à Babul, son chauffeur et confident, qu’elle avoue ses hésitations. 

L’idée a séduit Celia Imrie, qui explique : « Madge est face à un dilemme. Être assaillie de prétendants ne la rend pas heureuse. Je me suis vraiment amusée parce que John Madden m’a lais­sée libre d’explorer le blues de Madge. C’est un aspect de son tempérament plutôt discret mais passionnant. Le scénario a ceci de formidable qu’il joue la carte de l’imprévisible. » 

Autre sujet de satisfaction pour Celia Imrie : le fait que Madge, à l’instar des autres résidents, se découvre des horizons profes­sionnels surprenants. « Madge et Norman dirigent à présent le Viceroy Club, sans se croiser les bras ni se décourager. Tous les personnages retroussent leurs manches, sont à fond dans leur job et s’intègrent en profondeur au pays. » 

Pour l’actrice, le tournage était l’occasion de se retrouver en famille : « Nous nous connaissons tellement bien que cela a enrichi la suite de l’histoire. » 

Norman, le célibataire endurci joué par Ronald Pickup, a pas­sé toute son existence à multiplier les liaisons. Il a désormais une place de rêve en dirigeant le Viceroy Club aux côtés de Madge... sauf qu’il se retrouve dans une situation déconcer­tante : le voilà amoureux. Pour l’acteur, c’était l’occasion rêvée de participer au bilan auquel sont confrontés ses partenaires : « Le film s’aventure dans des territoires plus nuancés. Passée l’euphorie d’avoir trouvé un endroit comme l’hôtel Marigold et d’avoir noué toutes ces relations, quelle est la prochaine étape pour eux ?

La vie ne s’arrête pas, même lorsqu’on atteint un certain âge. » 

Ronald Pickup confie : « En dehors du bonheur d’être réunis, nous nous sommes tous interrogés sur la pertinence d’une telle suite. Nous voulions tous que ce film soit aussi bon, sinon meil­leur, que le premier. » 

Autre comédienne à rejoindre la joyeuse bande, Diana Hard­castle alias Carol, en couple avec l’ex-playboy Norman et bien décidée à jouer les femmes indépendantes. D’un second rôle dans INDIAN PALACE, elle est passée au premier plan des rési­dents de l’hôtel. Elle déclare : « Les rapports humains sont au coeur du second volet. Outre le mariage entre Sonny et Sunaina, tous les personnages évoluent dans leurs relations. Ils s’inter­rogent sur ce qui les séduit et les effraie, à savoir l’engagement et la perte d’indépendance.

À l’évidence, les jeunes n’ont pas le monopole de l’amour. Nous sommes tous confrontés à l’insécurité, aux peurs, aux sensa­tions fortes aussi. »

L’actrice poursuit : « En ce qui concerne Norman et Carol, la question est simple : suis-je en sécurité si je mets tous mes oeufs dans le même panier ? Dans INDIAN PALACE, c’est leur solitude qui a précipité leur rencontre. Maintenant qu’ils sont ensemble, ils doutent du bien-fondé de l’engagement. »

Diana Hardcastle a particulièrement apprécié le contact avec la jeune génération d’acteurs : « Dev est une vraie pile électrique ;

Tina déborde d’énergie et d’enthousiasme. Ils sont les pôles positifs de cette histoire. »

Tina Desai, la star de Bollywood, reprend son rôle de Sunaina, la fiancée de Sonny. Elle fait tout pour organiser son mariage alors que Sonny semble avoir d’autres chats à fouetter, à savoir l’ouverture d’un deuxième hôtel.

Le scénario d’INDIAN PALACE – SUITE ROYALE lui a réservé des surprises, comme elle le raconte : « C’est excitant de pro­longer le destin de ces personnages. Les résidents continuent de se fondre dans le bouillonnement de la culture indienne. Ce ne sont plus des étrangers. Ils ont fait de ce pays leur nouveau foyer et c’est formidable de montrer comment ils ont réussi à s’adapter. »

Tina Desai s’est pleinement impliquée dans ce que représentent les préparatifs de mariage en Inde. Elle commente : « En Inde, les préparatifs d’un mariage sont une entreprise d’ampleur. L’événement dure une semaine et il en existe 500 variantes. Aucun mariage indien ne ressemble à un autre. »

L’actrice poursuit : « Il y a toujours des problèmes de dernière minute à gérer mais, en l’occurrence, c’est Sonny qui en est res­ponsable. Sonny vit dans le stress permanent parce que c’est lui-même qui le génère !

Sunaina est la voix de la raison. Elle est toujours dans la réalité alors que lui pète les plombs. »

Originaire d’Inde, Tina Desai avoue avoir été sidérée par la précision avec laquelle les deux films ont dépeint son pays : « L’esprit typique de l’Inde est bien là : cela m’a étonnée parce que je croyais qu’il fallait vivre ici pendant une longue période pour comprendre comment la population pense et vit. Comme le souligne la dernière réplique d’INDIAN PALACE : « À la fin de l’histoire, tout finit par s’arranger. Si tout n’est pas arrangé, c’est que ce n’est pas encore la fin ». C’est un message d’espoir et les films indiens ne parlent que de ça. »


LES NOUVEAUX ARRIVANTS


L’Américain Guy Chambers est l’un des nouveaux hôtes de l’hôtel Marigold. Cet homme auréolé de mystère et de séduc­tion est peut-être celui qu’attend Sonny pour assouvir son am­bition… Toujours est-il qu’il va chambouler d’une manière ou d’une autre le cours des événements. 

Couronné par un Golden Globe, Richard Gere n’a pas résisté à l’attrait du rôle. « Dès qu’un film se tourne en Inde, confie-t-il, je suis partant. J’ai toujours rêvé de travailler avec John Madden. Impossible en outre de passer à côté d’un tel casting. Judi et Maggie sont sans conteste les grandes dames de l’industrie ci­nématographique. Il y avait à la fois des acteurs haut de gamme et des personnalités à l’humour bien trempé ! »

Richard Gere a été impressionné par l’énergie déployée par la troupe. Il confie : « Vous ne pouvez pas être comédien sans être jeune d’esprit. C’est incontournable. Dès mon arrivée, je me suis mis à répéter les scènes de danse et tout de suite, j’ai été plongé dans une atmosphère ludique. John en est le pre­mier instigateur : il adore les gens, les performances, la culture indienne, et il a donné tout cela à son film. »

Le côté sophistiqué de cette comédie a également séduit l’ac­teur : « On se serait cru dans une comédie de moeurs shakes­pearienne avec son lot de personnages faillibles. Ceux du film semblent guidés par un seul objectif : réparer les ravages cau­sés par Sonny ! »

Quant au rôle joué par son personnage, Richard Gere préserve le mystère : « Tout ce que je peux dire, c’est qu’il a plus d’un secret en réserve... »

Tamsin Greig joue le rôle de Lavinia Beech, qui débarque à l’hô­tel en même temps que Guy Chambers. Elle est la plus jeune du groupe et révèle qu’elle est là en repérages, afin de trouver la maison de retraite idéale pour sa mère.

L’actrice avoue être une fan d’INDIAN PALACE : « Lorsque mon agent m’a parlé de ce film, je ne l’ai même pas laissé finir : je l’ai interrompu en lui disant que j’adorais le premier volet et que tout acteur rêverait d’intégrer un tel casting. »

Pour Tamsin Greig, le plus grand défi était de trouver sa place au coeur de la distribution originale. « Bien sûr, j’étais anxieuse de m’intégrer au groupe, mais ils se sont montrés si accueillants et chaleureux que j’avais l’im­pression qu’ils attendaient impatiemment les petits nouveaux. J’ai rejoint une famille formidable. »

Celui que Sonny doit convaincre pour exporter le concept du Marigold Hotel n’est autre que Ty Burley, cadre de la société américaine Evergreen, qui voit dans les seniors un marché ju­teux. C’est l’acteur David Strathairn (nommé à l’Oscar du meil­leur acteur pour GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK, et vu dans LA VENGEANCE DANS LA PEAU, LA FIRME et LINCOLN) qui interprète le rôle-clé. Il déclare : « Ty Burley est un investisseur qui adore l’idée de créer des communautés pour personnes âgées qui ne se résument pas à des maisons de retraite, et qui voit deux excentriques débarquer dans son bureau. D’un côté, il y a ce Sonny exubérant, au comportement inapproprié et de l’autre, cette Muriel à la fois taciturne, formidable, convaincante mais plutôt dangereuse. Être aux premières loges pour voir jouer Maggie Smith était une expérience rare ! »

Il ajoute : « INDIAN PALACE était pour moi un film désarmant, mais dans le second volet, le romantisme imprègne tout le récit et les personnages, quel que soit leur âge. »

Kush est l’ultime personnage à faire son entrée, au grand dé­sespoir de Sonny : ami du frère de Sunaina et de retour des États-Unis, c’est un homme séduisant, danseur émérite et très intéressé par le business généré par l’hôtel. 

De quoi accroître l’anxiété du pauvre Sonny. C’est Shazad Latif, acteur britannique montant surtout connu pour ses apparitions télévisées, qui joue le rival. Il note : « Kush est l’ennemi juré de Sonny. Celui-ci pense que Kush veut lui ravir sa dulcinée et son projet d’un nouvel hôtel. Je lui cause beaucoup de soucis ! » 

Shazad Latif s’est plu à jouer les adversaires de Dev Patel : « Dev a une énergie sidérante. Il me rappelle Tigrou, le person­nage de « Winnie l’ourson », qui bondit partout. Comme mon personnagee est tout l’inverse, l’équilibre est parfait. » 

Pour l’acteur, c’était une occasion en or d’intégrer une distribu­tion multi-générationnelle : « C’était stimulant de travailler avec Maggie, Judi, Richard, Bill et Tamsin. Ils sont tous mes héros ! »


HÔTEL MARIGOLD : RELOOKING EXPRESS !


John Madden observe : « L’hôtel Marigold est un personnage à part entière. » Comme tous les autres protagonistes, il a subi des petits et grands changements depuis son inauguration mouvementée. Sonny lui a ajouté trois chambres sur le toit ainsi qu’un patio fraîchement rénové : la promesse de repos en toute sérénité figurant dans la brochure publicitaire est là.

Comme dans le premier volet, c’est le Ravla Khempur – palais royal devenu un domaine équestre situé dans le petit village de Khempur, tout près de la pittoresque région des lacs d’Udaipur – qui a servi de décor au Marigold. John Madden constate : « Ce bâtiment a quelque chose de magique, un charme indé­niable. Il possède ce petit plus qui crédibilise le fait que les per­sonnages du film rêvent d’y rester. »

Le chef décorateur Martin Childs a tenu à offrir un standing plus élevé au Marigold depuis le premier film. Il détaille : « Dans INDIAN PALACE, l’hôtel avait un côté « chic miteux » qui faisait tout son charme, mais les choses ont évolué. Tout est un peu plus élégant, même si l’endroit n’a rien perdu de son éclectisme délirant. Au départ, Sonny avait utilisé des objets récupérés pour décorer l’hôtel mais, désormais, il s’y connaît mieux en la matière : c’est un homme d’affaires perspicace. Combiner ces influences a été un défi passionnant. »

Pour la plupart des décors, Martin Childs est reparti de zéro : les chambres de chaque personnage devaient avoir drastiquement changé, parce que leur goût a évolué depuis leur vie d’autrefois en Angleterre, et même depuis leur arrivée à Jaipur. Le chef décorateur explique : « John Madden m’a demandé de ne pas penser en terme de continuité narrative entre les deux films car on pouvait imaginer plein de changements, notamment dans les chambres après l’installation définitive des personnages en Inde. Le fait qu’ils soient plus intégrés au pays devait avoir des répercussions sur la décoration intérieure. »

Plus important, les clients de l’hôtel se déplacent désormais à Jaipur, « la ville rose » saturée de couleurs vives qui fut jadis la capitale des Rois et qui est aujourd’hui une métropole bruyante, encombrée de tuk-tuk, de vélos, de camions et d’éléphants se bousculant dans ses rues étroites. 

Comparé à INDIAN PALACE, John Madden et l’équipe du film ont pu montrer davantage de lieux phares de la ville, dont le Fort de Jaigarh, un bâtiment perché sur une colline que Jai Singh II avait fait construire au début du XVIIIe siècle. Martin Childs y a reconstitué bon nombre de décors, en mettant en valeur les anciens jardins et l’incroyable panorama sur un mur qui traverse le paysage à la manière de la Grande Muraille de Chine. Le tour­nage s’est également déroulé dans le très touristique Cénotaphe des Rois – un lieu de crémation royale fait de pavillons en forme de dôme et de sculptures ornées dans le style du Rajasthan – où Douglas officie désormais.

Pour Ben Smithard, le défi consistait à harmoniser les scènes extérieures d’action et les multiples interactions entre les per­sonnages qui sont au coeur de l’histoire. Il déclare : « Le film combine des scènes d’une grande ampleur avec des face-à-face : il fallait unir l’intime et l’épique. Mon obsession constante a été de trouver et de mettre en lumière cette harmonie. » 

Pour son premier voyage en Inde, Ben Smithard a expérimenté un véritable bombardement des sens. Il se souvient : « C’était une expérience fascinante qui m’a permis de saisir ce qu’était l’essence de ce pays. Le tournage était parfois éprouvant mais c’était également spectaculaire et nous avions une belle histoire, de magnifiques personnages à filmer. »

C’est le destin qui a guidé Martin Childs vers un lieu devenu l’un de ses décors favoris : la production cherchait un endroit pour l’usine textile rachetée par Evelyn et son associé Hari.

Ce genre de manufacture est courante en Inde, mais l’équipe du film voulait ce petit plus qui fasse vibrer la fibre artistique d’Evelyn. 

Le chef décorateur raconte : « Un soir, au cours de repérages, nous avons aperçu dans le lointain des morceaux de tissus mul­ticolores qui ondulaient dans le vent. C’est là que nous avons trouvé l’usine de nos rêves, où l’on fabriquait le tissu imprimé qui a fait la renommée de la région. »


SHAADI : LE MARIAGE


D’octobre à décembre, entre la saison de la mousson et la cha­leur estivale, l’Inde explose de mille couleurs et de gaieté avec la célèbre « saison des mariages ». Durant ces quelques mois, des milliers de couples s’unissent au cours de cérémonies de plusieurs jours ancrées dans les traditions, les coutumes et les symboles. Tout culmine en une dernière journée où se mêlent nourriture, musique et danse. Fait plutôt rare dans une produc­tion hollywoodienne, INDIAN PALACE – SUITE ROYALE dévoile l’extravagance et la force émotionnelle d’un tel moment grâce au mariage entre Sonny et Sunaina.

Graham Broadbent commente : « Ce mariage est irrésistible : c’est un événement attendu pendant tout le film et qui en de­vient le climax idéal. » 

Tina Desai a son explication quant au faste imposé du mariage indien et à ses préparatifs hautement stressants qui peuvent courir sur une année. Elle explique : « En Inde, le mariage est un événement gigantesque : il ne s’agit pas seulement d’unir un homme et une femme, mais de réunir aussi deux familles. On dépasse le cadre de la sphère privée. Et tout le monde, tous les gens qui font partie de votre vie, viennent vous célébrer. C’est ce que le film a réussi à montrer. »

Dans un souci d’authenticité, Martin Childs a même engagé un organisateur de mariage local pour trouver toutes les tenues et l’équipement appropriés. Dans la foulée du Sagai – la fête de fian­çailles – et du Sangeet – la fête de famille – le mariage proprement dit commence par le Baraat, un cortège qui, selon l’usage, voit le futur marié défiler sur un cheval blanc, accompagné par les amis, la famille et une fanfare. Vient en­suite le moment clé de l’union hindoue : le Saat Phere (autre­ment dit « Les sept circumambulations ») au cours duquel les futurs mariés prononcent sept voeux devant un feu sacré.

Martin Childs a respecté les formes de la tradition tout en y ajou­tant quelques touches créatives et un motif floral récurrent. Il commente : « On y retrouve les teintes jaune et orange caracté­ristiques du Marigold. Les couleurs de l’Inde ont ceci d’halluci­nant qu’elles jurent entre elles tout en s’harmonisant à merveille. Le décor du mariage joue beaucoup là-dessus. » 

Le spectacle bigarré a touché acteurs et techniciens, comme le détaille Judi Dench : « Jamais je n’oublierai un moment comme celui-là. J’ai eu le privilège de voir de très près l’événement et de participer à la tradition des sept tours autour du feu. Dev et Tina étaient resplendissants. »

Autre élément essentiel à la réussite du film : la musique, confiée à l’illustre Thomas Newman, douze fois nommé aux Oscars, entre autres pour LE MONDE DE NEMO et SKYFALL. Après lui avoir confié la bande originale d’INDIAN PALACE, John Madden lui a demandé de relever le défi du second volet. 

Le réalisateur se souvient : « Ce que Thomas avait composé pour INDIAN PALACE avait surpassé tous mes rêves, tout ce que je pouvais attendre d’un musicien au travail si varié : il avait réussi à naviguer d’une histoire à l’autre avec humour, mélan­colie, spiritualité et émotion. Composer la musique du second volet était une perspective à la fois séduisante et ardue...

Thomas est reparti de zéro en écri­vant des morceaux qui prennent en compte certains thèmes et mélodies d’INDIAN PALACE tout en innovant complètement. Son travail reflète le parcours des personnages : intégrer peu à peu un monde qui leur était jadis étranger. Thomas a ce don inégalable de comprendre l’âme d’un film. En tant que réalisateur, vous éprouvez le sen­timent délicieux de découvrir encore des choses sur votre film, des choses dont vous ne soupçonniez pas l’exis­tence. »

Thomas Newman était ravi de travailler sous d’autres angles l’univers musical riche et subtil du Marigold. Il note : « Lors du pré-montage des scènes, John a utilisé la bande originale du premier volet comme musique tempo­raire et cela fonctionnait bien. Il a donc fallu que je renouvelle mes composi­tions tout en gardant ce processus créatif à l’esprit... On a dépoussiéré tout ce qui avait trait au premier film, ajouté des instruments et trouvé de nouveaux axes mélodiques. À travers le rythme et les accélérations, on a insufflé davantage de vie à ces per­sonnages auxquels je m’identifie telle­ment. Et, comme toujours, John a pris beaucoup de plaisir à m’encourager à donner le meilleur. »


MARIGOLD + BOLLYWOOD : LE MARIAGE DU SIÈCLE


Pour John Madden, la danse a toujours occupé une place cen­trale dans l’histoire, notamment pour révéler l’inconfort de Son­ny dans un domaine où les hommes en Inde sont généralement ravis d’occuper le devant de la scène. Après le désastre provo­qué lors de la fête de fiançailles, Sonny doit réparer ses torts : le climax du mariage amène – comme c’est le cas d’authentiques mariages indiens ! – à un numéro dansé façon Bollywood qui entraîne Sonny, Sunaina et tous les clients de l’hôtel. Un grand moment pour l’équipe technique et artistique, plongée dans un show musical qui vient en parallèle des autres intrigues drama­tiques et sentimentales. 

C’est le chorégraphe Longinus Fernandes (collaborateur de Danny Boyle sur SLUMDOG MILLIONAIRE) qui a conçu la sé­quence à partir d’un titre culte pour John Madden : la chanson techno « JBJ » tirée de la bande originale du succès bollywoo­dien JHOOM BARABAR JHOOM, sorti en 2007. L’idée du cho­régraphe était de lier l’esprit débridé de Bollywood à un moment plus doux-amer traversé par les personnages.

Il explique : « Dans un film de Bollywood, la danse est un élé­ment majeur qui est vecteur d’humour et de plaisir. Tous les ac­teurs ont joué le jeu avec entrain et passion : ils ont tout donné, ce qui a facilité ma tâche. » 

Ce fut spécialement vrai pour Dev Patel, qui a permis à Sonny de se révéler. L’acteur explique : « La danse est inscrite dans le rituel du mariage indien : les futurs mariés en exécutent même une très impressionnante pour leurs familles. Je crains aussi que cette scène n’ait été imaginée par Ol Parker après lui avoir avoué à quel point je détestais danser ! Mais, dans le film, Sonny finit heureusement par sortir le grand jeu en se déchaînant et en bougeant ses hanches comme Travolta. C’est une scène spec­taculaire qui se termine avec Sonny entraînant tous les clients de l’hôtel dans son sillage. » 

Aussi incroyable que cela paraisse, c’est la première fois que Tina Desai, star de Bollywood, danse à l’écran. Elle confie : « Le fait que ça se passe dans un film anglais est vraiment hilarant. Toute la scène était à la fois dingue et drôle. » 

C’est John Madden qui a décidé au dernier moment d’inclure tous les acteurs dans la folle ronde. Judi Dench raconte : « Rien n’était prévu jusqu’à ce que John nous demande de rejoindre la scène. C’était génial. Nous avons appris certains mouve­ments baptisés ‘Shampooing the dog’, ‘Air guitar’ ou encore ‘Airplane’ ! » 

Cette séquence a surtout tracé un trait d’union comique entre les personnages, ce qui semblait impossible quelques mois plus tôt. Comme le résume Bill Nighy : « La scène de mariage donne un final grandiose. Cela nous a permis à tous d’introduire une touche d’ironie dans nos personnages et de faire un clin d’œil au cinéma de Bollywood. Le moment était joyeux, festif et devrait – espérons-le – communiquer un bel enthousiasme aux spectateurs ! »

Autre post du blog lie à INDIAN PALACE SUITE ROYALE : http://epixod.blogspot.fr/2015/03/back-to-future_17.html