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mercredi 13 novembre 2019

WEATHERING WITH YOU


Animation/Superbe animation pour une très belle histoire

Réalisé par Makoto Shinkai
Avec les voix, en version originale, de Kotaro Daigo, Nana Mori, Chieko Baisho, Kana Hanazawa, Sei Hiraizumi, Tsubasa Honda, Kana Ichinose, Yûki Kaji...

Long-métrage Japonais
Titre original : Tenki no Ko
Durée: 01h51mn
Année de production: 2019
Distributeur: Bac Films

Date de sortie sur nos écrans : 8 janvier 2020 


Résumé : Jeune lycéen, Hodaka fuit son île pour rejoindre Tokyo. Sans argent ni emploi, il tente de survivre dans la jungle urbaine et trouve un poste dans une revue dédiée au paranormal. Un phénomène météorologique extrême touche alors le Japon, exposé à de constantes pluies. Hodaka est dépêché pour enquêter sur l'existence de prêtresses du temps. Peu convaincu par cette légende, il change soudainement d'avis lorsqu'il croise la jeune Hina…

Trois mois après sa sortie au Japon, Weathering with You est déjà acté comme l’un des cinq plus gros succès du cinéma d’animation de tous les temps au pays du soleil-levant. Ce nouveau chef-d’œuvre du « successeur de Miyazaki », comme le considèrent certains, fait suite à 5cm par seconde, Voyage vers Agartha, The Garden of Words et Your Name, tous présentés aux Utopiales. Il nous entraîne dans une histoire féérique entre deux adolescents qui s'unissent pour changer les conditions météorologiques diluviennes qui s'abattent sur le Japon. D’une inventivité graphique incroyable, ce sixième long-métrage de l’un des maîtres de l’animation mondiale alarme autant sur la situation climatique du Japon que sur l’état du monde laissé aux futures générations. Une pure merveille ! (Source : Les Utopiales)

Bande annonce (VOSTFR)

       
    Weathering With You   
    Weathering With You Bande-annonce VO 

Ce que j'en ai penséWEATHERING WITH YOU a été projeté dans le cadre du festival LES UTOPIALES. Philippe Lux était venu faire une introduction sur scène.


Le réalisateur Makoto Shinkai est également le scénariste de ce film d'animation. Avec WEATHERING WITH YOU, il continue de prouver, après son magnifique YOUR NAME (2016), qu'il est un conteur-rêveur plein de ressources. 

Il nous raconte cette fois encore une histoire d'amour autour de laquelle il aborde une série de sujets depuis la chronique sociale en passant par l'écologie. 

Son animation est épatante. Il multiplie les plans d'ambiances, nous retranscrivant l'atmosphère de la ville de Tokyo avec un réalisme impressionnant ou nous plongeant au cœur de l'action avec des moments suspendus. Les couleurs sont superbes. Les réactions des personnages passent de la touche d'humour aux moments d'émotions ou de tensions avec la même efficacité. 









Son histoire, originale, fait fonctionner l'imagination et repousse le possible, mais il veille à la garder cohérente et plausible dans l'univers qu'il dépeint. 

Il y a plusieurs protagonistes et, bien que l'intrigue tourne autour des deux principaux, chacun permet de faire avancer le propos et à une utilité dans le déroulement des événements.





Source et copyright photos @ Imdb

Makoto Shinkai aime les moments épiques qui se construisent sur un enchaînement de scènes rapide qui tiennent le spectateur en haleine et il ne fait pas échapper son nouveau long-métrage à la règle toujours avec la même ampleur maîtrisée.

Les voix originales des acteurs transmettent les émotions et sont en adéquation avec l'âge et la personnalité des protagonistes.

La bande originale du groupe de rock japonais RADWIMPS accompagne cette belle aventure avec des musiques entraînantes et des paroles qui viennent habiller le propos des moments sur lesquelles elles sont jouées.

WEATHERING WITH YOU est une nouvelle création de Makoto Shinkai sensible et superbe. On plonge avec bonheur dans cette aventure dans laquelle le mauvais temps n'atténue pas la force des sentiments.

  
#WeatheringWithYou

samedi 13 juillet 2019

100 KILOS D'ÉTOILES


Comédie dramatique/Un film touchant sur le mal-être

Réalisé par Marie-Sophie Chambon
Avec Laure Duchêne, Angèle Metzger, Pauline Serieys, Zoé de Tarlé, Isabelle De Hertogh, Philippe Rebbot, Jonathan Lambert...

Long-métrage Français
Durée: 01h28
Année de production: 2017
Distributeur: Bac Films

Date de sortie sur nos écrans : 17 juillet 2019


Résumé : Loïs, 16 ans, n'a qu'un rêve depuis toute petite : devenir spationaute... s’envoler loin de cette Terre où elle se sent si étrangère. Mais elle a beau être surdouée en maths et physique, il y a un problème : Loïs pèse 100 kilos... et pas moyen d'échapper à ce truc de famille qui lui colle à la peau. Alors que tout semble perdu, Loïs rencontre Amélie, Stannah, et Justine, trois adolescentes abîmées comme elle par la vie, prêtes à tout pour partir avec elle dans l'espace…

Bande annonce (VF)


Ce que j'en ai pensé 100 KILOS D’ÉTOILES va vous toucher droit au cœur. La réalisatrice Marie-Sophie Chambon nous raconte une histoire qui ne tourne ni au road-trip pétrit de bons sentiments, ni au drame larmoyant. Il trouve un équilibre tout en sensibilité pour nous parler de la souffrance. 

Souffrance du corps et surtout souffrance de l'esprit qui s'installe au gré des expériences difficiles et du vécu douloureux. Elle met en place un environnement qui met sans cesse en opposition l'existant et le désiré. Ainsi, comment une jeune fille brillante et aimée par sa famille, peut-elle se sentir moins que rien parce qu'elle est en surpoids ? Il y a ici, sans vraiment le pointer du doigt, une véritable remise en cause sociétale de la façon dont les apparences prennent le dessus sur l'intelligence, sur ce que l'on dit (ou laisse dire) ou faire sous prétexte d’être dérangé par le physique de l’autre, de juger sans savoir ni comprendre, ainsi que la pression qui s'instaure sur la vision du corps dans le quotidien. Il est alors profondément touchant et révoltant de comprendre que ces jeunes adolescentes souffrent alors qu'on leur trouve mille et une raison d'être elles-mêmes tout simplement parce qu'elles ont beaucoup à offrir. 

La réalisatrice nous entraîne dans cette aventure qui tend vers l'étincelle qui permet de vivre ce moment précieux où l'on est heureux sans se préoccuper du regard des autres. Les sondes dans ce film servent de métaphore du lien avec la vie, comme une voie existant par défaut dans laquelle il faut trouver son chemin en tâtonnant. 

La narration aurait mérité d’être un peu plus lissée, car certains moments prennent forme sans qu’on sache vraiment d’où ils tiennent leur source. Cependant, la sensibilité exacerbée de l’adolescence sonne juste tout le temps. Elle est relayée par quatre jeunes superbes actrices : Laure Duchêne qui interprète Loïs, Angèle Metzger qui interprète Amélie, Pauline Serieys qui interprète Stannah, Zoé de Tarlé qui interprète Justine. Elles apportent toutes des personnalités marquées à leur protagoniste, chacune nous faisant ressentir le combat intérieur de son personnage. 




Copyright photos @ Bac Films

Quant à Philippe Rebbot qui interprète Jean-Luc, le père de Lois, et Isabelle de Hertogh qui interprète Jocelyne, la mère de Lois, ils forment un couple émouvant et sont une représentation parentale particulièrement attendrissante.

100 KILOS D’ÉTOILES n’est pas un film drôle, mais c’est un film vrai qui parle du mal-être ainsi que de la force de l’amitié et de l’amour familial. Il fait vibrer une corde sensible chez les spectateurs, c’est ce qui en fait une très jolie découverte.

NOTES DE PRODUCTION 
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

BIOGRAPHIE DES HÉROÏNES

Laure Duchêne
C’est lors d’un casting sauvage que Laure a été découverte. C’est avec 100 kilos d’étoiles qu’elle fait ses premiers pas au cinéma.

Angèle Metzger
Angèle Metzger est une actrice française née le 7 avril 1998 à Paris. Elle fait ses premiers pas au cinéma en 2017 dans la comédie fantastique Madame Hyde aux côtés d’Isabelle Huppert puis enchaine dans 100 kilos d’étoiles de Marie-Sophie Chambon où elle tient l’un des rôles principaux. Par la suite, elle joue dans plusieurs courtsmétrages : Le nom du fils de Louis Delva, Partagé/e de Julien Vallon et Anna Vernor II d’Edouard Carretié. Angèle Metzger est également dans le dernier film de Lisa Azuelos, Mon bébé où elle joue avec Sandrine Kiberlain.

Zoé de Tarlé
Après avoir suivi une formation en danse contemporaine au Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris, elle est ensuite entrée dans la troupe de danse dirigée par Marion Muzac. Zoé a participé à la création du spectacle « Ladies First, de Loïe Fuller à Joséphine Baker » qui a tourné en France et en Belgique. En parallèle, elle a tourné dans plusieurs courts-métrages.

Pauline Serieys
Pauline a débuté sa carrière de comédienne avec Palais Royal de Valérie Lemercier. Elle apparaît ensuite dans quelques téléfilms et longsmétrages en parallèle de sa scolarité, jusqu’à Une famille à louer de Jean-Pierre Améris qui lui vaut d’être nommée aux Révélations des César 2016. Elle décroche ensuite un rôle majeur dans la série Les Grands réalisée par Vianney Lebasque, récompensée deux années de suite au Festival de la fiction TV de La Rochelle, et dont la dernière saison sera diffusée sur OCS à la rentrée. Pauline sera prochainement à l’affiche de Notre Dame, de Valérie Donzelli.

ENTRETIEN AVEC
Marie-Sophie Chambon
La co-scénariste et réalisatrice

Princesse et L’Obsolescence programmée des machines, vos courts-métrages, sont annonciateurs de 100 Kilos d’étoiles, votre premier long-métrage. Vous y faites l’esquisse de votre héroïne, Loïs, petite, puis jeune fille, dont le surpoids fragilise sa relation au monde. Ce personnage vous habite-t-il depuis longtemps ?

Depuis que j’écris, j’ai en tête un personnage de fille ronde. Il m’a sans doute été inspiré par mon vécu, car ma mère, très sensible à la question de l’apparence physique, a mis ma soeur au régime très tôt. J’ai donc observé cette souffrance-là, enfant. Avec le temps, j’ai pris conscience qu’un corps de femme en surpoids symbolisait à lui seul ce que la femme n’a pas le droit d’être dans notre société. La femme se doit d’être un symbole de désir, sa représentation est souvent pensée par le prisme du regard masculin. C’est le reflet d’une société de consommation. Une femme corpulente est pour moi une figure de révolte, une figure politique.

D’emblée, votre film pose la question de la place que prend ce corps dans l’espace, dans un plan de couloir introductif où deux femmes obèses peinent à se croiser…

La question du surpoids est aussi liée à celle de la classe sociale. Statistiquement, on sait qu’il y a davantage d’obèses parmi les classes défavorisées que parmi les classes aisées. J’avais donc en tête l’image de personnages coincés dans un espace trop petit pour eux, car ils n’ont pas les moyens de vivre dans un appartement plus spacieux. Mon film ne parle pas de précarité, mais il m’importait qu’on sente que Loïs vient d’une famille modeste.

Ce couloir étroit était lié, dans mon esprit, à l’idée d’un espace, celui de cette famille, où les corps ne peuvent vivre en harmonie. Cette séquence soulève cette question : comment font ces corps pour évoluer dans un monde qui ne leur est pas adapté ? 

Ce corps, épais et robuste, engendre chez Loïs une conscience aiguë de ce que représente la pesanteur terrestre…

C’est un personnage, en effet, extrêmement conscient du monde auquel elle appartient et de sa place fragile dans cet ensemble. Dans les premières versions de mon scénario, j’avais imaginé que nous étions dans l’espace et que l’espace était découpé en échelles de valeur. Loïs expliquait qu’elle était une infime partie d’un grand tout, en partant de la terre jusqu’à la représentation de la toile cosmique, qui est une des visions les plus abstraites que nous puissions avoir de l’univers. Je me suis raconté que Loïs était consciente de ces dimensions et qu’elle souffrait de vivre sur une planète où il lui est reproché de faire quelques dizaines de centimètres en trop, alors que l’univers est immense et que ses limites sont à peine concevables. Elle est touchée par cette absurdité.

Elle est trop grosse pour la terre, mais que cela représente-t-il au regard de l’échelle de l’univers ? Tout est relativité pour elle.

Le prénom Loïs fait ici référence à la femme de Superman, un super-héros entre ciel et terre…

J’ai commencé à écrire cette histoire lorsque j’étais encore élève en scénario à la FEMIS. Dans les premières versions, le père de Loïs était fan de Superman. C’était un militaire qui avait pu rencontrer, un jour, l’actrice qui incarne la compagne de Superman à l’écran, Margot Kidder. Ma Loïs à moi avait fantasmé que cette actrice était sa mère cachée, car elle tentait de se persuader qu’elle n’était pas la fille de sa mère. J’ai abandonné cette idée, mais gardé le prénom de Loïs en référence à Superman.

Le handicap au sens large est au cœur de 100 Kilos d’étoiles, à travers le profil de quatre jeunes filles « un peu spéciales », comme dit l’une d’elle. Ce handicap engendre une volonté de fuite hors du monde, ce que fait Superman grâce à sa faculté de voler…

Oui, Superman peut s’échapper et c’est ce qui touche Loïs. C’est une image qui est très présente dans sa tête : s’extraire du monde, voler… Stannah, coincée dans son fauteuil, et Amélie, à cause de son anorexie, sont toutes les deux, comme Loïs, dans une quête d’apesanteur physique qui les soulagerait du poids que représente leur corps. Justine, quant à elle, avec cette maladie psychique, est également dans un rêve d’évasion qui lui permettrait d’échapper à la dureté du monde. Elles ont ce rêve en commun et c’est pour ça qu’il y a un point de rencontre possible très fort entre elles.

Votre héroïne ne fait pas que s’échapper : elle grandit. Il y a là l’idée d’un conte initiatique…

C’est juste. Les Anglais ont ces jolis mots pour désigner les récits d’apprentissage : les coming- of-age stories. Au début du récit, Loïs se sent seule au monde. Le film s’ouvre avec sa voix intérieure, comme si l’on se trouvait dans sa tête. Le mouvement du film amène cette voix à répondre à quelqu’un : à la fin, ses lettres ne sont plus destinées à l’univers, mais à d’autres gens. C’est une façon pour moi de la raccorder à la vraie vie, dans le sillage du moment de grâce où elle s’est envolée avec ses amies.

Le rêve, l’évasion physique et mentale de vos héroïnes ouvrent la porte au merveilleux, genre peu représenté dans le cinéma français…

C’est vrai et j’aime le cinéma pour ça : lorsqu’il est relié au réel, mais qu’opère une forme de grâce qui provient de l’imaginaire des personnages. On ne sait pas, dès lors, si ce qui se joue existe ou non, mais peu importe, car le cinéma nous donne à représenter ce que l’on porte au plus profond de nous.

Quels furent vos partis pris de mise en scène pour figurer la cohabitation de ces deux mondes, terrestre et aérien ?

Il m’importait d’être au plus près de la réalité dans les effets spéciaux. C’est la raison pour laquelle je ne voulais pas utiliser de fonds verts pour aborder l’espace et l’univers, mais un fond noir sur lequel nous avons ajouté des étoiles, afin d’accentuer la dimension extraordinaire du film sans que cela ne paraisse trop faux. Dans la séquence où mes comédiennes sont sur le bord de la fenêtre dans la chambre d’hôpital, nous avons reconstitué un mur pour avoir cette grande vitre qui donne sur l’extérieur et faire éprouver ce sentiment d’ouverture et de liberté. Dans la séquence dans la grotte, nous avions initialement l’intention d’ajouter des vers luisants, mais le décor était suffisamment beau en lui-même avec ses roches naturelles qui évoquent l’univers. Avec mon chef-opérateur, Yann Maritaud, nous avons préféré la filmer telle quelle. De la même manière, lorsque les héroïnes s’envolent, c’est un vrai ciel que l’on voit derrière elles. Il y avait davantage de merveilleux dans mon scénario, mais j’aime qu’il se soit immiscé autrement dans le film que par des effets spéciaux.

Vos décors successifs - l’appartement de la famille de Loïs, son lycée, la piscine, l’hôpital, la grotte, le CNES (Centre National d’Études Spéciales) – jouent alternativement avec les idées d’enfermement et d’ouverture, et avec trois éléments, le ciel, la terre et l’eau…

C’est sans doute inconscient, mais c’est vrai. Il y a aussi l’idée du sol martien qui m’est venue en visitant le CNES. Là où vont discuter Loïs et un participant au concours. Cet endroit donne la sensation d’être dans le monde et hors du monde à la fois, c’est pourquoi je n’ai pas voulu qu’on masque la route à son abord. J’aime l’idée que le rêve de Loïs soit aussi concret. C’est ce qu’elle apprend. Le film pose cette question : que faire de nos fantasmes ? Ce récit initiatique permet à Loïs de transformer son rêve en quelque chose de concret : vouloir visiter l’espace, c’est devoir aussi rencontrer le monde.

Vous filmez aussi une histoire d’amitié entre des “pieds nickelés” au féminin. Toutes quatre sont à la fois très naïves et très conscientes de la violence du monde…

On représente souvent les adolescents d’aujourd’hui comme des êtres très sexualisés. Or, si la sexualité faisait partie de mes questionnements à l’adolescence, elle n’était pas du tout au centre de ma vie. Je me suis fait la même réflexion face aux adolescentes des colos dans lesquelles j’ai travaillé comme animatrice : le passage à l’âge adulte passe par autre chose. Je voulais donc que mes héroïnes ne soient pas focalisées sur des questions sexuelles. Elles ont vécu des choses violentes et sont à la fois mûres et immatures. Affectivement, elles sont parfois un peu enfantines, et en même temps, elles sont très conscientes de la rudesse du monde qui les entoure. J’ai aimé jouer sur cet entre-deux-âges de la vie.

Comment avez-vous travaillé la tonalité et le positionnement du film, entre drame et comédie, réalisme et réalisme magique…

À l’écriture, j’aime raconter des choses tristes avec un ton assez drôle et léger. Nous avons ensuite beaucoup travaillé avec mes comédiennes, lors d’une semaine de répétition avec un coach acteur, Aurélien Némorin, afin qu’elles s’approprient le texte et trouvent le ton juste. Beaucoup de dialogues leur appartiennent, d’ailleurs. Je les ai poussées vers la comédie, y compris lors des moments graves. Quant au réalisme magique dont vous parlez, c’est plus fort que moi : il intervient quoi que j’écrive ! Mais je voulais que la mise en scène oscille constamment entre une vision concrète du monde et une vision plus fantasmée, qui correspond au deal que l’on fait tous intérieurement entre nos rêves et la réalité.

D’où viennent vos quatre jeunes comédiennes ?

Je voulais mêler actrices expérimentées et débutantes, afin qu’elles puissent se nourrir les unes les autres.

Avec Kenza Barrah, en charge de mon casting, nous avons mis six mois à trouver Laure Duchêne, qui joue Loïs. Kenza a fait les sorties de collèges et de lycées à Paris, en Bretagne, en Normandie, et c’est au Salon du Livre de la Porte de Versailles qu’elle a trouvé Laure, qui venait à Paris pour la première fois. Plusieurs paramètres étaient en jeu pour ce rôle : il fallait, bien sûr, une fille ronde, mais aussi une fille qui aime la science et qui joue juste. Pauline Serieys a débuté petite au cinéma dans Palais Royal de Valérie Lemercier. Je l’avais repérée dans Les Grands, une série pour OCS que j’ai beaucoup aimée.

Angèle Metzger avait joué dans Madame Hyde de Serge Bozon. J’aimais beaucoup sa voix. Au début, je trouvais juste Angèle trop douce pour jouer Amélie. Je l’ai fait improviser une séquence de conflit avec une infirmière et j’ai vu qu’elle pouvait exprimer la colère avec force et conviction.

Quant à Zoé de Tarlé, nous avons mis du temps aussi à la trouver. Son rôle était celui d’un personnage étrange et lunaire ; et Zoé, qui avait déjà joué dans un court-métrage, m’est apparue comme une évidence avec son air débarqué d’une autre planète, que je trouvais très beau.

Isabelle de Hertogh et Philippe Rebbot, dans le rôle des parents de Loïs, ont des physionomies opposées, mais un grand capital sympathie en commun…

Dans ma tête, les parents de Loïs étaient aussi opposés que peuvent l’être Loïs et Amélie. Tous deux se complètent et s’attirent, car ils sont différents. J’ai coécrit 100 Kilos d’étoiles avec Anaïs Carpita, que j’ai rencontrée à la FEMIS et qui avait coécrit Mariage à Mendoza d’Edouard Deluc. C’est dans ce film que j’ai découvert Philippe Rebbot. J’avais adoré son étrangeté, sa drôlerie et le fait qu’il ne soit pas lisse, car on sent qu’il promène avec lui un vécu chargé. Philippe a beaucoup apporté au film. Dans la séquence où il clame son amour à sa femme, une large partie du monologue vient de lui. Ce qui est beau chez lui aussi, ce sont sa générosité et son âme de poète !

Quant à Isabelle Hertogh, je l’avais découverte dans le film belge Hasta la vista de Geoffrey Enthoven. Elle m’a marquée par sa générosité et sa dureté combinées. Elle porte en elle un combat qui m’a beaucoup touchée.

Comment s’est fait le choix des couleurs du film ?

Je voulais que Loïs aille progressivement vers la couleur dans ses vêtements. J’avais été marquée par une interview d’une jeune fille en surpoids qui disait être « sortie du noir ». J’aime cette idée d’un moment où l’on montre son corps et où l’on accepte d’être vu et regardé.

Je souhaitais aussi que les couleurs du film soient à la fois vives et délavées, ce qui lui confère un caractère un peu atemporel. Ma costumière, Marta Rossi, et moi avons travaillé aux costumes dans cette optique.

Pour les séquences dans le centre fermé, nous avons choisi, avec mes chefs décorateurs Frédérique Doublet et Frédéric Grandclère, des couleurs pastel, dans les tons de bleu délavé, afin que les couleurs du dehors puissent contraster.

Propos recueillis par Anne-Claire Cieutat

Source et copyright des textes des notes de production @ Bac Films

 
#100KilosDEtoiles


Autre post du blog lié au film 100 KILOS D'ÉTOILES

vendredi 21 juin 2019

100 KILOS D'ÉTOILES


Au cinéma le 17 juillet 2019

La souffrance et l'amitié semblent offrir un joli écrin plein de sensibilité à ce long-métrage.


Avec


Résumé : Loïs, 16 ans, n'a qu'un rêve depuis toute petite : devenir spationaute... s’envoler loin de cette Terre où elle se sent si étrangère. Mais elle a beau être surdouée en maths et physique, il y a un problème : Loïs pèse 100 kilos... et pas moyen d'échapper à ce truc de famille qui lui colle à la peau. Alors que tout semble perdu, Loïs rencontre Amélie, Stannah, et Justine, trois adolescentes abîmées comme elle par la vie, prêtes à tout pour partir avec elle dans l'espace…

Bande annonce (VF)


Quelques photos du film







Copyright photos @ Bac Films

 
#100KilosDEtoiles

dimanche 17 février 2019

TERRA WILLY : PLANÈTE INCONNUE













Animation/Comédie/Science fiction/Aventure/Un film plein de surprises et d'imagination, une réussite pour petits et grands

Réalisé par Eric Tosti
Avec Timothé Vom Dorp, Edouard Baer, Marie-Eugénie Maréchal, Guillaume Lebon, Barbara Tissier...

Long-métrage Français
Titre original : Terra Willy
Durée: 01h30mn
Année de production: 2019
Distributeur: Bac Films

À partir de 6 ans

Date de sortie sur nos écrans : 3 avril 2019



Résumé : Suite à la destruction de leur vaisseau, le jeune Willy est séparé de ses parents avec lesquels il voyageait dans l’espace. Sa capsule de secours atterrit sur une planète sauvage et inexplorée. Avec l’aide de Buck, un robot de survie, il va devoir tenir jusqu’à l’arrivée d’une mission de sauvetage. En attendant, Willy, Buck et Flash, une créature extra-terrestre avec laquelle ils se sont liés d’amitié, partent à la découverte de la planète, de sa faune, sa flore… mais aussi de ses dangers.

Bande annonce (VF)



Ce que j'en ai pensé : avec TERRA WILLY : PLANÈTE INCONNUE, le réalisateur, Eric Tosti, revient, après LES AS DE LA JUNGLE, avec une histoire pleine de surprises. Une grande créativité se dégage des paysages et créatures qui peuplent l'aventure de Willy, petit garçon de 10 ans qui se retrouve seul (ou presque) sur une planète non identifiée. Dès le début, la mise en scène spatiale convainc et les spectateurs se retrouvent plongés au cœur d'une intrigue baignée dans la science-fiction. Le déroulement de l'action est constant avec quelques ralentissements dus à un peu de redondance dans les états d'âme de ce petit héros très attachant puisque cohérent avec la vision qu'un enfant de cet âge peut avoir sur les événements. 

Une fois débarqués sur la planète mystérieuse, on passe de découvertes en découvertes. Le soin du détail, la diversité des couleurs et la variété des éléments que l'on voit à l'image sont impressionnants et enthousiasmants. Les scènes mettant en avant les panoramas sont magnifiques. La narration est très claire et fluide. Bien que l'histoire soit simple, elle est racontée en abordant des thématiques tournant autour de la famille, de l'amitié, de la résilience, de l'adaptation, de la découverte... 

Le travail sur les personnages est également remarquable. En effet, Willy, dont la voix est doublée par le jeune Timothé Vom Dorp, va faire la connaissance de plusieurs protagonistes dont Buck, un robot protecteur merveilleux, un compagnon rêvé, dont la voix est doublée par Edouard Baer qui fait un excellent travail pour lui conférer une personnalité à la fois robotique et capable d'empathie. 




Il y a aussi Flash un ami fidèle et adorable d'une espèce endémique indéterminée qui oscille entre le chien pour l'attitude et la chenille mélangée au dragon pour les caractéristiques physiques. 


La dynamique de ces trois êtres très différents s'avère plus touchante qu'on pourrait s'y attendre au premier abord.



Vous découvrirez beaucoup d'autres habitants de la planète avec un regard émerveillé. Attention cependant, il y a des monstres qui ne sont pas bien méchants, mais qui peuvent faire peur aux tout-petits. Il vaut donc mieux réserver ce film à des enfants à partir de 6 ans. 



Copyright photos @ Bac Films

TERRA WILLY : PLANÈTE INCONNUE distille son humour ainsi que son émotion avec habileté et son imagination avec générosité pour nous conter un fort joli récit qui régalera avec un égal bonheur les enfants et leurs parents. C'est une belle réussite à partager en famille.

L'AVANT-PREMIÈRE

Le 17 février 2019 à Paris a eu lieu la projection en avant-première du film TERRA WILLY : PLANÈTE INCONNUE qui a été précédée d'une introduction par le réalisateur Eric Tosti, ainsi que par les acteurs Timothé Vom Dorp (la voix de Willy) et Edouard Baer (la voix de Buck). 





Copyright photos @ Epixod

Retrouvez cette intervention dans la vidéo ci-dessous :


NOTES DE PRODUCTION
(À ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

Willy 


Willy a 10 ans. Joyeux et optimiste, il est très curieux et s’intéresse au monde qui l’entoure, même si, comme la plupart des enfants de son âge, il préfère jouer plutôt que faire ses devoirs. Il se trouve juste à la frontière entre l’enfance et l’adolescence : un âge auquel, bien qu’il s’en défende, il reste encore très dépendant des adultes. Lorsqu’il se retrouve seul au milieu d’un désert de pierres sur une planète inconnue, il apprécie l’aide de Buck, le robot qui l’a accompagné dans la capsule de secours. 

Mais quand cette figure paternelle doit s’éloigner, il va devoir puiser dans ses ressources et prendre les choses en main avec l’aide inconditionnelle de son ami Flash, rencontré sur cette planète. 

Flash 


Flash est une créature extraterrestre qui vit sur la planète que Willy et Buck explorent. L’une de ses particularités est qu’à peu près tous les mois, il se transforme en chrysalide pour changer et grandir. Lorsqu’il se cogne (littéralement) à Willy, il est une sorte de grosse larve avec 8 petites pattes au caractère très affectueux ; une sorte de jeune chien fou qui adopte immédiatement Willy comme son meilleur ami ! Flash ne parle pas, mais sait très bien se faire comprendre avec ses gestes et « aboiements » très expressifs. 

Au fil des mois, Flash va devenir plus gros, plus fort, plus raisonnable et protecteur sans jamais, pour autant, se débarrasser de sa gourmandise. 

Buck 


Buck est un robot programmé pour protéger Willy en cas d’accident. Il peut parler et ressent des émotions simples. Il peut aussi améliorer tout seul son fonctionnement. Quand Buck et Willy s’écrasent dans le désert, sa première mission est de protéger coûte que coûte le jeune garçon. Buck est une sorte de garde du corps avec des prérogatives et des réactions très « militaires » : pragmatique, prenant les choses au premier degré, il est petit à petit touché par Willy et Flash et commence à devenir de plus en plus « humain ». Entièrement équipé de gadgets en tout genre et capable, en plus, de se transformer en moto, Buck fonctionne grâce à une batterie avec une autonomie limitée… qui va le lâcher et l’obliger à abandonner, malgré lui, son ami Willy à son destin… 

Édouard Baer 
(la voix de Buck) 


Artiste aux multiples talents, Édouard Baer est à la fois acteur, réalisateur, producteur, scénariste, auteur de pièces de théâtre, maître de cérémonies : César ou Festival de Cannes, animateur de radio et de télévision. Il a aussi prêté sa voix à quelques fi lms d’animation, à des livres audio et slamé pour l’album "The Evol" du groupe Shaka Ponk. 

INTERVIEW 
David Alaux, Éric et Jean-François Tosti 

Pouvez-vous nous décrire votre parcours et nous dire comment est né TAT productions ? 

Nous avons tous les trois le même âge et avons commencé enfants, à 12 ans, à nous intéresser aux techniques de l’animation. Nous étions à l’époque émerveillés par les effets spéciaux en stop motion de Ray Harryhausen : des films tels que Jason et les Argonautes ou Le 7ème voyage de Sinbad ont fait naître chez nous l’envie de créer et d’animer des personnages. Nous réalisons ainsi, au temps du collège, nos premiers tests avec une caméra Super 8 en filmant des marionnettes en pâte à modeler que nous animons image par image. Après ces coups d’essais, nous entrons au lycée et abandonnons petit à petit l’animation pour suivre des cursus scolaires et universitaires scientifiques bien éloignés du cinéma. À la fin de nos études, la passion est toujours présente et nous réalisons plusieurs courts métrages d’animation ou de fiction en amateurs. Notre apprentissage totalement autodidacte aboutit sur plusieurs petits films qui sont de vrais succès en festivals et nous commençons alors, en 1998- 1999, à envisager la possibilité de vivre de notre passion. 

Installés à Toulouse, nous ne trouvons pas à l’époque de structure locale pouvant porter nos projets et décidons de créer notre propre société, TAT productions. Les premières années sont difficiles mais le succès inattendu de notre premier court métrage professionnel en stop motion, Le Vœu, choisi par Alain Chabat pour figurer en avant-programme d’Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, nous ouvre les portes des agences de publicité. Nous réalisons alors pendant quelques années des films publicitaires et de commande et expérimentons diverses techniques d’animation. 

Fin 2005, nous décidons de revenir à nos premières amours, la création de personnages et d’univers, et développons un premier unitaire TV pour France 3, Spike, d’une durée de 35 minutes. Nous ouvrons alors un premier studio d’animation 3D qui accueille une vingtaine de personnes. 

La très bonne audience de Spike lors de sa diffusion sur France 3 à Noël 2008 et son rayonnement à l’international (vendu dans une cinquantaine de pays) nous ouvre définitivement les portes de la télévision. Nous développons alors une nouvelle création originale, Les As de la Jungle, dont le premier unitaire de 52 minutes est diffusé en 2011 puis nous passons au format série TV (52 minutes x 11 épisodes) et nous ouvrons un nouveau studio pour abriter 80 employés. 

Le succès est assez fulgurant en France et dans le monde (la série est diffusée dans environ 200 pays). Nous remportons le Prix Procirep du meilleur producteur d’animation TV en 2012 puis, après de nombreuses autres reconnaissances, un Emmy Award en 2015. 

Tout cela nous conduit naturellement à produire un premier long métrage pour le cinéma tiré de l’univers des As de la Jungle. Il sort en juillet 2017, réunit 700 000 spectateurs en France et plus de 2 millions à l’étranger. 

Cette réussite nous permet d’accélérer le développement de nouveaux projets de longs métrages dont, évidemment, TERRA WILLY – Planète inconnue, mais aussi deux autres fi lms. Le premier, Les Aventures de Pil, vient d’entrer en pré-production et le second, Argonautes, est en cours d’écriture. 

TAT productions emploie actuellement environ 120 personnes et continue à fabriquer ses productions 100% en France. En cinquième, on projetait en classe, devant nos camarades, nos petits films super 8… On était loin de penser qu’un jour ce serait notre métier et que des millions d’enfants dans le monde regarderaient nos créations... 

Vous êtes à la fois producteurs, coscénaristes et réalisateurs. C’est un cumul de postes assez original, qu’en pensez-vous ? 

C’est sûr que ça peut paraître inhabituel, mais il correspond simplement à l’histoire de la création de TAT. Nous sommes plutôt auteurs/réalisateurs à la base, mais les circonstances nous ont finalement amenés à devenir également producteurs. Nous ne regrettons rien, car cet état de fait nous permet de mettre en œuvre de la façon la plus optimisée possible les moyens financiers à notre disposition pour la création des œuvres. Le rôle de producteur nous oblige à bien réfléchir au futur public des projets que nous développons en tant qu’auteurs et de partir sur des concepts dont le budget est en adéquation avec leur potentiel commercial. De plus, être les auteurs des projets que nous défendons auprès de nos partenaires, en tant que producteurs, renforce probablement notre pouvoir de conviction ! Cela nous permet aussi d’être extrêmement réactifs lors des échanges éditoriaux et artistiques avec ces mêmes partenaires. Si on se projette à la place d’autres auteurs/réalisateurs, on se dit que ce cumul nous permet aussi d’être sûrs du fait que les budgets sont investis à 100% dans les films, qu’il n’y pas d’argent dépensé inutilement ou de coûts démesurés sur lesquels nous n’aurions pas de contrôle. Et comme nous avons toujours travaillé comme ça, depuis nos tous premiers projets sur lesquels nous avions de tout petits budgets (voire pas de budget du tout), nous avons conscience des nouvelles libertés d’écriture et de mise en scène que nous autorisent nos moyens de production actuels. 

Vous avez commencé par réaliser des animations pour la télévision, pourquoi êtes-vous passés au cinéma ? 

C’était notre objectif à la création de notre société, et même si nous nous sommes vite rendus compte que le chemin serait long, en partant de rien, pour convaincre d’éventuels partenaires de nous suivre sur le financement de longs métrages, c’est une envie qui ne nous a jamais quittés. Notre parcours est finalement assez logique c’est le résultat de la stratégie que nous avons mise en place depuis nos débuts : nous avons fait le choix de créer notre propre studio, de tout fabriquer en France (déjà évoqué plus haut) et nous cherchons sans cesse à repousser les limites des supposés standards de qualité qui devraient correspondre aux budgets que nous manipulons. Depuis 10 ans, nous avons mis en place et constamment amélioré un pipeline de fabrication de nos programmes TV avec la volonté affichée de se rapprocher des standards cinématographiques, aussi bien en termes d’image que de son, avec par exemple des sessions de bruitages cinéma pour chacun des épisodes de la série Les As de la Jungle, une musique enregistrée avec un orchestre symphonique ou encore le recours à de grands comédiens de doublage français. Le passage au long métrage nous a donné la possibilité de pousser cette logique avec des budgets relativement plus importants et une temporalité de fabrication différente. Cette temporalité plus longue nous permet de mieux développer nos histoires et de faire vivre nos personnages. Elle nous donne également la possibilité de faire moins de compromis artistiques et techniques que dans le cadre de nos productions TV où il faut assurer un flux plus industriel. 

Quelles sont les circonstances et les envies à l’origine de TERRA WILLY – Planète inconnue ? 

TAT productions vit au rythme des As de la Jungle, a grandi avec eux, et continue à le faire, depuis bientôt dix ans. Cette licence à succès nous a permis d’apprendre, de nous développer et de nous installer sur le marché de l’animation, et surtout dans le cœur des enfants un peu partout dans le monde. C’est évidemment très agréable… mais nous aspirons également à explorer d’autres horizons. Il y a quatre ou cinq ans, nous avons senti un besoin très fort de développer de nouveaux univers, de créer de nouveaux personnages, d’inventer, de nous renouveler… et c’est ce que nous permettent les trois projets de longs métrages sur lesquels nous travaillons actuellement. TERRA WILLY – Planète inconnue est le premier projet de long métrage original que nous avons mené à bien. Il construit un univers complètement nouveau, même s’il s’inscrit complètement dans notre ligne éditoriale. 

Après Les As de la Jungle - le film, qui mettait en scène une douzaine de personnages principaux, nous avions envie de faire autre chose, avec un seul personnage (humain) principal, un fi lm «simple», avec une histoire «simple» (qui s’est évidemment enrichie au fil des réécritures). Nous avions aussi l’envie de mettre en avant l’idée de «découverte», d’émerveillement et d’ouverture à l’autre… Et on rêvait de faire un vrai film de SF pour enfants ! 

On rend quand même hommage à Maurice, le leader des As de la Jungle à qui l’on doit beaucoup, dans TERRA WILLY – Planète inconnue. Pour les plus observateurs, il apparaît furtivement au début du film sous la forme d’un jouet sur l’étagère de la chambre de Willy. 

Comment avez-vous travaillé ensemble à l’écriture du scénario ? 

Sur chacune de nos productions nous écrivons à six mains, puis David et Éric prennent en charge la réalisation des oeuvres, ensemble ou respectivement, alors que Jean-François assume le rôle de producteur. Sur chaque projet que nous développons, l’un de nous trois arrive en général avec une idée en tête, une sorte de pitch très sommaire qu’il expose aux deux autres. Si ceux-ci sont suffisamment convaincus, le porteur du projet se lance dans l’écriture d’un synopsis détaillé, qui servira de base à des séances de brainstorming (souvent rigolardes mais aussi parfois douloureuses et tendues) qui aboutiront à un traitement d’une quarantaine de pages. Nous essayons d’échanger dès cette étape avec nos partenaires potentiels (distributeur, chaînes de télé, etc.) afin de recueillir leurs remarques avant de trop avancer dans l’écriture. Puis le porteur de projet rédige une première version de scénario, qui sera elle aussi soumise à de nombreuses séances de brainstorming, pour aboutir à une version finale qui nous satisfasse tous les trois. 

Travailler à trois reste, à notre avis, l’une de nos grandes forces. Au fi nal cela nous fait gagner énormément de temps dans le montage fi nancier des projets. Nous nous connaissons depuis l’enfance ce qui permet un énorme gain de temps au moment des échanges : quelques mots suffisent en général pour que nous nous comprenions et chacun connaît les deux autres par cœur… Puis nous ne sommes pas obligés de prendre des gants pour nous dire la vérité en face. 

Un des trucs que nous avons remarqué, c’est qu’au bout de quelques mois, nous sommes bien incapables de savoir qui des trois a eu telle ou telle idée de rebondissement, de développement narratif ou de gag. 

Qui a fait naître le graphisme des personnages et ont-ils beaucoup évolué entre les dessins préparatoires et la réalisation du film ? 

La création graphique et la direction artistique du film ont été assurées par Benoît Daffis pour les personnages et Laurent Houis pour les décors. Ce sont deux artistes extrêmement talentueux avec lesquels nous collaborons depuis de nombreuses années sur nos projets, mais qui étaient pour la première fois en charge de concevoir l’univers visuel d’un film de A à Z. Le défi était de taille : sur TERRA WILLY – Planète inconnue, il fallait en effet tout inventer, notre petit héros humain bien sûr, mais aussi et surtout toute la faune et la flore d’une planète entière créée spécialement pour le film ! Le résultat à l’écran est très proche de leurs toutes premières esquisses car nous avons beaucoup échangé pendant la préparation du fi lm. Nous avons de nombreuses références cinématographiques ou plus généralement artistiques communes (la SF des années 70 / 80 et le cinéma familial de cette époque). Nos intentions étaient assez claires dès le scénario, ce qui a pu les guider pour être le plus juste possible très en amont dans leur travail. 

Il y a malheureusement certaines créatures très sympas qu’on ne verra pas dans le film car elles ont disparu à mesure des réécritures… mais qui sait, nous les découvrirons peut-être dans un futur TERRA WILLY 2 ! 

Sur les premières esquisses de Buck, le robot sphérique qui accompagne Willy dans ses aventures, Benoît Daffis l’avait fait tout blanc avec des parties orange vif…. 

C’était quelques mois seulement avant que Disney ne dévoile le look de BB8 dans les nouveaux Star Wars : un robot sphérique blanc et orange ! C’est à ce moment que Buck s’est paré de son rouge éclatant qui nous semble maintenant être sa seule couleur possible ;-) 

Comment vous partagez-vous le travail au moment de la réalisation ? 

Sur chacune des œuvres, nous désignons un «chef de projet» (David Alaux pour Les As de la Jungle, ou Eric Tosti sur TERRA WILLY – Planète inconnue). C’est lui qui va superviser le travail de réalisation au quotidien, échanger avec les équipes et essayer de les diriger au mieux. Les deux autres suivent bien entendu l’avancée du travail de très près, mais peuvent conserver un certain recul, nécessaire et salutaire lorsqu’il s’agit de prendre des décisions importantes comme, par exemple, au moment du montage final ou du mixage. Ils peuvent aussi intervenir à n’importe quel moment quand ils repèrent quelque chose (en termes de design, d’animation, d’éclairage…) qui ne leur «plaît pas» pour ouvrir une discussion avec le chef de projet. 

Quelle a été la scène la plus difficile à réaliser ? 

Les séquences d’action sont généralement les plus difficiles à mettre en œuvre techniquement. Je pense par exemple à la poursuite à moto dans le désert quand Willy et Buck sont pris en chasse par les monstres de pierre, ou les séquences du début dans le vaisseau, comme le jeu vidéo ou la traversée du champ d’astéroïdes… Sans parler de l’orage de grêle qui constitue un tournant du film ! Ces scènes mélangent souvent mouvements de caméra complexes, animation très dynamique, effets spéciaux, musique épique et sound design très riche, un vrai casse-tête à superviser ! 

Mais dans ce film, nous souhaitions aussi réussir à faire passer de l’émotion à plusieurs moments clés de l’histoire. La réalisation de ces séquences a été assez complexe car il fallait trouver les bons cadrages, le bon rythme, la juste intention dans l’animation pour transmettre les sentiments des personnages sans les verbaliser. Je pense bien sûr à la séparation initiale entre Willy et ses parents, ou encore de la séquence des lucioles qui traduit un début d’humanisation de Buck. D’un point de vue plus macro, c’est probablement tout le processus d’humanisation du robot du film, Buck, qui a été le plus difficile à traiter. 

Combien de temps a pris l’ensemble du processus de fabrication du fi lm, du début de l’écriture à la fin du montage ? 

De l’idée originale au film complètement terminé, il se sera écoulé à peu près cinq ans. La fabrication du film proprement dite s’est, elle, déroulée sur 24 mois et aura mobilisé au final environ 150 personnes sur des durées variables. On est loin des 6, 8 ou 10 semaines de tournage d’un long métrage de fiction. La fabrication d’un fi lm d’animation tient un peu du marathon : il faut être régulier dans l’effort, savoir s’économiser et en mettre un bon coup à la fin. Quand on est dans un processus de fabrication si long, on oublie au bout d’un moment, ou plutôt on doute totalement, de l’efficacité des séquences d’émotion ou des gags et on a l’impression à la fin que «rien ne marche». Quand on projette enfin le film devant un public et que les gens rient, ou sont émus aux moments «prévus», deux, voire trois ans avant, c’est une énorme satisfaction ! 

Y a-t-il un message que vous vouliez faire passer avec cette histoire ? 

TERRA WILLY – Planète inconnue est un fi lm sur le fait de grandir, la sortie de l’enfance… mais c’est aussi (et essentiellement) un film sur l’amitié, l’importance de savoir s’ouvrir aux autres et de savoir leur demander de l’aide lorsqu’on se retrouve confronté à des difficultés qui paraissent infranchissables. 

Le film met aussi l’accent sur l’importance et l’impact que la curiosité et l’apprentissage peuvent avoir sur notre vie… voire notre survie ! Un des atouts du projet, de notre point de vue, c’est sa capacité à faire découvrir un monde à la fois cohérent et complètement nouveau, sans verser dans la magie ou le fantastique. La faune, la flore, bien que totalement imaginaires sont crédibles et nous pensons qu’elles feront beaucoup travailler l’imaginaire des enfants et de leurs parents ! 

Quels ont été les principaux défis à relever pour faire ce film ? 

Le film repose quasi-entièrement sur les épaules de notre jeune héros, Willy, qui apparaît dans presque tous les plans du fi lm. Le principal défi du fi lm était donc de le rendre crédible, mais aussi sympathique et attachant dès les premières images, pour permettre au spectateur (quel que soit son âge) de s’identifier à lui et d’avoir envie de l’accompagner dans son aventure. Son design, ses intentions de jeu et son animation ont donc été des points sur lesquels nous avons été extrêmement vigilants. Nous avons aussi acté très tôt que son rôle serait vocalement incarné par un enfant, pour retrouver tout le naturel et la spontanéité qui le rendraient crédible. Et Timothé Vom Dorp, son jeune interprète, a à ce titre délivré une très belle performance. 

Les autres défis du film étaient bien entendu de rendre les deux autres personnages principaux (Buck et Flash) aussi attachants que Willy et de faire en sorte que les relations du trio soient intéressantes et limpides dans leur évolution. 

Le dernier défi était de réussir l’univers visuel du film et nous espérons qu’il plaira au public ! 

Il y a une dizaine d’années, un financeur télé nous avait dit à propos des As de la Jungle : «Un pingouin tigre, ça ne marchera jamais !»... Depuis, on sait qu’on doit évidemment écouter les retours du «marché» mais aussi s’écouter nous-mêmes et être persévérants quand on croit à une idée ! 

Pourquoi avoir choisi Édouard Baer pour être la voix de Buck ? 

Nous avions envie de travailler avec Édouard Baer depuis longtemps, nous lui avions déjà proposé un rôle sur Les As de la Jungle mais son emploi du temps ne lui avait pas permis d’y participer. 

Son nom s’est imposé assez rapidement lorsque nous réfléchissions à quel comédien pourrait incarner Buck. La douceur et la bienveillance de sa voix, ainsi qu’une certaine distinction dans celle-ci, nous semblaient extrêmement pertinentes quant à nos intentions pour le personnage. Alors nous l’avons contacté… et il a accepté ! 

À la fin de la séance d’enregistrement, Edouard Baer, très séduit par le film, a déclaré : «Je me ferais bien construire une maison sur cette planète moi !» 

Que pouvez-vous nous dire sur le choix de la musique ? 

Concernant la musique, nous avons décidé de faire appel au talent d’Olivier Cussac, avec qui nous collaborons depuis bientôt vingt ans, sur tous nos projets, à l’instar du long métrage Les As de la Jungle en 2017 pour lequel il a été lauréat du prix du meilleur espoir décerné par l’UCMF. Sa partition, interprétée par un orchestre symphonique dirigé par Laurent Petitgirard, soutient bien entendu l’image, sans la paraphraser mais plutôt en la sublimant. 

Pour ce film, nous avons décidé de ne pas développer de thèmes principaux liés aux personnages (pas de thème «Willy») ou aux typologies de séquences (pas de thèmes «aventure» ou «découverte» déclinés dans le fi lm par exemple). Nous avons préféré nous laisser guider par l’émotion ou les émotions dégagées par chaque séquence, qu’elles soient intimes, ludiques ou épiques. 

Concernant la «couleur» de la partition, nous nous sommes orientés vers une musique faisant écho à celles des comédies et des grands films d’aventures, notamment européens, des années 70 et 80. Elle sait aussi se montrer plus «moderne», comme quand nous retrouverons Willy après l’ellipse qui intervient au deux-tiers du film, plus proche de l’adolescence que de l’enfance. 

Nos références disséminées dans le film

Comme dans la série et le long métrage des As de la Jungle, TERRA WILLY – Planète inconnue est truffé de références (plus ou moins explicites) à la pop-culture et au cinéma avec lequel nous avons grandi (notamment les blockbusters américains et les films de genre des années 70-80). Les spectateurs les plus perspicaces pourront identifier des hommages à Star Wars (incontournable vu la nature du film), mais aussi au Trou Noir (le space opéra de Disney), à E.T., Retour vers le futur, Starship Troopers, Terminator, Commando, Rambo, Predator, Planète Interdite… pour ne citer que les plus connus ! 

  
#TerraWilly