lundi 29 décembre 2014

Back to the future


Thriller/Drame/Pas mon genre de film

Réalisé par Jim Mickle
Avec Michael C. Hall, Sam Shepard, Don Johnson, Nick Damici, Wyatt Russell, Brogan Hall...

Long-métrage Américain/Français
Durée : 1h49mn
Année de production : 2014
Distributeur : The Jokers / Le Pacte 
Facebook : https://www.facebook.com/thejokersfilms
Twitter : https://twitter.com/thejokersfilms et #ColdInJuly

Interdit aux moins de 12 ans

Date de sortie sur les écrans américains : 23 mai 2014
Date de sortie sur nos écrans : 31 décembre 2014


Résumé : 1989. Texas. Par une douce nuit, Richard Dane abat un homme qui vient de pénétrer dans sa maison. Alors qu’il est considéré comme un héros par les habitants de sa petite ville, il est malgré lui entraîné dans un monde de corruption et de violence.

Bande annonce (VOSTFR)


Extrait 1 (VOSTFR)


Extrait 2 (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : J'ai découvert COLD IN JULY lors du Festival du Film Américain de Deauville en Septembre 2014. Je n'ai pas été enthousiasmée par ce long-métrage. Pourtant, j'étais impatiente de le voir pour son casting et son thème (un gars banal entraîné malgré lui dans un sac de nœuds improbables). J'ai trouvé le film trop lent à démarrer. La mise en place est longue et l'action assez peu présente pendant un bon moment. En plus, il m'a semblé que les motivations du personnage principal, Richard Dane, à se laisser entraîner dans cette histoire, ne sont pas toujours très claires. L'ambiance de la petite ville du Texas est bien retranscrite, mais pour moi, cette approche est déjà-vue. 
Certes, le réalisateur, Jim Mickle, donne une véritable patine 'thriller des années 80' à son film, mais le mélange des genres ne bénéficie pas d'une transition suffisamment bien amenée. Le film est lent et long, puis d'un coup il devient super glauque et hyper violent. J'ai manqué l'intérêt du changement. J'y ai vu plus de l'esbroufe qu'une réelle volonté de servir l'histoire. C'est d'autant plus frustrant qu'il y a de bonnes idées dans l'intrigue qui mériteraient d'être mieux mises en valeur.

Le casting est très bien. Michael C. Hall, dans le rôle de Richard Dane, fait évoluer par petites touches la personnalité de son protagoniste.




Sam Shepard est super dans le rôle de Russel. Il s'impose d'un regard et on comprend vite que son personnage n'est pas un tendre.


J'ai été très contente de retrouver Don Johnson dans le rôle de Jim Bob. Il est parfait pour apporter une touche de légèreté.


COLD IN JULY ne m'a malheureusement pas convaincue. Etant donné que les acteurs sont bons, j'aurais aimé plus apprécier le style, la mise en scène et le rythme du film. Il ne correspond tout simplement pas à mon goût cinématographique.


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers!) 

NOTE DU RÉALISATEUR

Il y a huit ans, j’ai acheté un exemplaire d’occasion de Cold in July (Juillet de sang, Collection Folio policier, éditions Gallimard) de Joe R. Lansdale. Je venais de terminer le mixage de notre premier long métrage, MULBERRY STREET, et j’en avais assez des histoires hyper urbaines. Quant aux scénarios de films de genre que je lisais, ils me semblaient tous identiques. Au bout de dix minutes, on savait exactement ce qui allait se passer. J’ai commencé à lire le roman en n’en connaissant rien, juste pour me changer les idées. Lorsque je l’ai terminé, tard le soir, j’étais totalement bouleversé et conquis. 

Je l’ai immédiatement passé à Linda Moran de Belladonna Productions et à Nick Damici qui venait d’écrire et de jouer dans MULBERRY STREET. Ils sont tous deux tombés amoureux du roman et c’est alors qu’a commencé notre quête de sept ans pour l’adapter à l’écran. 

Le roman m’a obsédé pour les mêmes raisons que d’autres ne l’ont pas aimé, comme son insistance à ne pas employer une forme narrative classique ou l’utilisation de l’humour dans une ambiance noire et violente. Ou encore, les thèmes plus graves de la virilité, de l’âge adulte, des relations entre pères et fils ainsi que son sens moral incertain. J’adorais qu’on ne puisse pas le mettre dans une case et qu’il utilise les codes d’un genre déjà bien éprouvé comme point de départ d’une ou deux autres histoires. Tout découle des personnages de Joe R. Lansdale, de ce qu’ils cherchent et du fait que la trahison n’est pas utilisée comme un gadget. 

En fait, j’ai réalisé deux autres films avant d’obtenir le feu vert pour réaliser COLD IN JULY. Tout d’abord STAKE LAND, un détournement des codes du film d’apocalypse, et WE ARE WHAT WE ARE, un drame familial fantastique. Ces films, aux styles très différents, ont non seulement nourri la réalisation de COLD IN JULY, mais nous ont également donné la liberté et la confiance nécessaires pour expérimenter une nouvelle forme stylistique et construire un nouvel univers. Avec presque exactement la même équipe que pour WE ARE WHAT WE ARE, nous avons décidé de faire l’exact opposé : un film de genre parlant de la masculinité dans ce qu’elle a de plus crue, tout en refusant de nous conformer à l’atmosphère rurale classique et intemporelle, en optant pour un décor et une bande son fidèles à ce qu’était l’est du Texas dans les années 80. 

Nous ne pouvions rêver ni d’un casting plus extraordinaire ni d’un trio plus étonnant. Michael C. Hall (que j’ai rencontré pour la première fois lors d’une fête au Festival du film de Sundance l’an dernier) s’est complètement emparé de ce rôle d’homme ordinaire. Il est même venu avec sa propre perruque pour la coupe mulet et une moustache parfaite. Il est devenu notre point d’ancrage émotionnel, faisant siens chaque nuance et chaque dilemme moral, si bien que nous avons pu couper de nombreuses scènes qui explicitaient ce qu’il transmet naturellement. Sam Shepard a apporté une vérité sans concession et un dédain pour toute forme de sentimentalisme, aussi bien à l’écran qu'en dehors, qui conviennent parfaitement au repris de justice qu’est Ben Russel. Il a également écrit ses propres dialogues pour la scène cruciale dans laquelle il comprend enfin comment en finir avec son fils. 

L’acteur idéal pour incarner le personnage de Jim Bob n’a pas été évident à trouver. C’est un personnage récurrent dans les oeuvres de Joe R. Lansdale. Nous savions qu’il nous fallait un homme hors du commun, doté d’un fort charisme mais pas imbu de lui-même, quelqu’un qui pourrait être le lien avec la seconde partie du film. Il se trouve qu’en plus d’être un acteur extraordinaire, Don Johnson EST Jim Bob. Par ailleurs, il connaît mieux que personne l’art du récit, la production et la postproduction et il nous a fourni énormément de propositions pour le montage, tout en nous faisant totalement confiance. 

La sélection de WE ARE WHAT WE ARE à la Quinzaine des Réalisateurs a été pour moi et pour toute l’équipe une véritable consécration. Cela nous a également montré qu’il existe un public pour les films de genre qui cherchent à dire quelque chose de plus profond, une alternative aux films « grand public » vides de sens. L’an dernier, nous avons commencé la prépa de COLD IN JULY le lendemain de notre départ de Cannes. C’était un honneur de revenir cette année avec notre nouveau film.

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR

Pourquoi adapter un roman de Joe R. Lansdale ? Connaissez-vous bien son oeuvre ?

Je suis un grand fan de Joe R. Lansdale depuis BUBBA HO-TEP. Après avoir vu le film, je me suis plongé dans ses nouvelles et j’ai été impressionné par la façon dont il passait sans transition (et si facilement) d’un genre ou d’un style à l’autre. Alors que nous finissions le mixage son de MULBERRY STREET, j’avais besoin de me changer les idées, de m’échapper dans un monde complètement différent de New York. J’ai acheté un tas de ro­mans de Joe R. Lansdale, parmi lesquels Juillet de sang. Une fois commencé, je ne pouvais plus m’arrêter. C’était une vieille édition de poche jaunie et craquelée qui correspondait parfaitement au ton général. Selon moi, c’est la parfaite combinaison du pulp, du scénario de film de série B et une véritable analyse d’un personnage qui, je crois, est tapi au fond de chaque homme. C’est une sorte d’histoire d’accomplissement personnel typique des westerns, et les parties consacrées aux relations entre pères et fils ont touché une corde sensible. À cette époque, seuls deux écrits de Joe avaient été adaptés au cinéma : BUBBA HO-TEP et l’épisode de MASTERS OF HORROR. Certaines de ses premières oeuvres sont plus sombres et plus brutales que Juillet de sang, mais j’aime la petite pointe d’inten­sité et d’humour qu’il y a glissé. 

Vous êtes considéré comme un réalisateur de films de genre. Pourquoi réaliser un thriller après trois films d’horreur ? 

Je me contente de suivre l’histoire et peu importe le genre dont il s’agit tant qu’il y a une vraie histoire à raconter. COLD IN JULY de­vait être mon second film après MULBERRY STREET, d’autant que j’aimais l’idée de débuter avec un film d’horreur et d’affirmer tout de suite après que nous avions la possibilité d’une palette plus large. Comme les films d’horreur sont plus faciles à faire, STAKE LAND et WE ARE WHAT WE ARE ont été réalisés avant. Rétrospectivement, je suis content que les choses se soient passées ainsi. COLD IN JULY contient de nombreux détails narratifs et stylistiques qui de­vaient être parfaitement gérés pour que le film fonctionne. S’il avait effectivement été notre second film, je ne suis pas certain que nous aurions eu suffisamment d’expérience et de confiance en nous pour y arriver ; une version antérieure de COLD IN JULY aurait certaine­ment été plus conventionnelle. À vrai dire, COLD IN JULY me semble être mon vrai film de genre parmi les quatre. Les autres sont plus des films d’horreur, mais je crois que je me suis efforcé d’en faire autre chose : je me suis concentré sur l’histoire tout en laissant les éléments de genre s’insérer là où ils le pouvaient. Avec COLD IN JULY, je pense que j’étais plus à l’aise avec le fait qu’il s’agisse d’un film de genre et j’espère être parvenu à faire au final un thriller dans le style des années 1980.

C’est la première fois que vous travaillez avec des acteurs très connus. Comment est-ce de diriger Michael C. Hall, Sam Shepard et Don Johnson ?

C’est d’une certaine façon à la fois plus facile et plus difficile. Il ar­rive que l’expérience rende un acteur plus têtu, ce qui se comprend. Après un certain temps sur les plateaux, je crois que les acteurs se construisent un mécanisme de défense contre les idées qui ne fonc­tionneront pas ou qu’ils savent qu’elles ne seront pas adaptées à leur façon de jouer le personnage. En tant que jeune réalisateur, cela peut être éprouvant, surtout lorsque l’on a un emploi du temps serré et beaucoup de choses à gérer en plus du jeu des acteurs, mais c’est aussi intéressant de devoir aller chercher certaines choses. Dans notre cas, il a fallu s’arrêter souvent et parler de certains points, en simplifier d’autres ou retravailler des dialogues la veille ou sur le plateau. Je crois que tout cela en valait la peine et que de très fortes idées en sont ressorties. Mais des acteurs comme ces trois-là m’ont aussi considérablement simplifié la vie. Nous avions souvent des passages entiers de dialogues sur lesquels Nick Damici et moi étions repassés des millions de fois qui me semblaient trop explicatifs. Si j’en parlais à Michael C. Hall ou à Don Johnson, ils me disaient immédiatement, « Je sais quoi en faire » et ils arrivaient à rendre les dialogues parfaitement naturels. Je crois que l’expérience de la télévision leur permet d’entretenir leur capacité de jeu à un très haut niveau. Dans le cas de Sam Shepard, son talent d’auteur fait de lui un allié incroyable. Il a réécrit l’une des scènes les plus fortes et nous a vraiment sauvé la mise. Je crois qu’il s’est aussi emparé d’un personnage qui, sur le papier, laissait un grand nombre de lecteurs incrédules, se demandant quel était son état d’esprit car nous lui avions écrit très peu de dialogues. Sam l’a instantanément compris et l’a incarné d’une manière très convaincante. Il me semble que tous les acteurs ont remplacé des notes du script par des actions non verbales. 

Votre film reflète vraiment l’ambiance des années 1980. Êtes-vous fan de cette époque ? Et la musique a un style très proche de celle des films de John Carpenter.

Comme beaucoup, j’ai toujours regardé les années 1980 de haut. J’avais le sentiment que c’était une décennie ennuyeuse (à l’excep­tion de BLUE VELVET) après la splendeur des années 1970. Mais, en faisant nos recherches pour les looks et les musiques, je suis tombé amoureux de cette époque et cela a ravivé mon amour pour certains films avec lesquels j’avais grandi. Je crois que j’ai été sub­mergé par la nostalgie en redécouvrant les polices de caractères, les couleurs, la musique et tout s’est retrouvé dans le film. Nous avions toujours voulu que l’action se passe en 1989 (le livre a été écrit cette année-là), mais ce n’est qu’une fois que nous avons commencé le travail que la saveur des années 1980 a trouvé sa place dans le film. Nous devons beaucoup à Michael C. Hall. Une fois le tournage de DEXTER terminé, il m’a appelé et m’a dit, « Que dirais-tu si Richard portait une coupe mulet ? ». Il est ensuite venu essayer des cos­tumes et faire des essais de moustaches et dès lors nous avons pu créer son personnage et avoir la liberté de faire plus d’expériences en terme de style. 

Les années 1980 sont remplies d’expériences stylistiques vraiment marrantes qui ont fini par disparaître. Pour les extérieurs nuit, j’ai toujours aimé le filtre Moonlight Blue mais ensuite on a surtout utilisé le blanc et l’argenté. Nous nous sommes mis en tête de trouver la parfaite gélatine bleue et Ryan Samul, notre directeur de la photogra­phie, nous a proposé Peacock, un bleu avec une pointe de vert qui a un côté à la fois un peu désuet et contemporain. 

La musique a beaucoup évolué au fil du temps. J’aime faire des essais avec des musiques temporaires sur le bout-à-bout car généralement on a de belles surprises. Ici, Jeff Grace et moi avions très tôt parlé de bandes originales de western et de steel guitars, mais sur le tournage je me suis dit que c’était trop prévisible. Alors que je revoyais presque tous les premiers films de John Carpenter en Blu-ray, notre mon­teur, John Paul Horstmann, s’est amusé avec les musiques de HAL­LOWEEN 3 et THE FOG : c’était parfait. D’habitude, j’utilise un ou deux morceaux de la bande originale de THE THING dans la musique tem­poraire et là, il était logique de garder ce son pendant tout le film et de laisser la musique devenir un personnage à part entière. Jeff Grace a réussi à composer une musique qui n’est absolument pas parodique. Il avait composé de superbes pièces pour orchestre pour STAKE LAND et WE ARE WHAT WE ARE et sur ce film, son travail avec les synthétiseurs est époustouflant.

TROIS QUESTIONS À MICHAEL C. HALL (Richard Dane) 

Il s’agit de votre premier grand rôle dans un long métrage de cinéma. Comment s’est passé le travail avec Jim Mickle ?

C’était fantastique. Il est à la fois sûr de lui et à l’aise. Il crée une atmosphère sur le plateau qui permet à chaque acteur de se sentir à la fois en sécurité, regardé et libre de prendre des risques. J’adorerais travailler à nouveau avec lui ! 

Richard Dane est une sorte de « monsieur tout-le-monde » qui se transforme en vengeur amateur. Quelle est l’évolution de ce personnage ?

Richard Dane est un homme ordinaire menant une vie ordinaire qui, en apparence, est heureux. Dans le film, cet homme est entraîné dans un monde bien plus sombre. Son parcours personnel n’a dès lors plus rien d’ordinaire. Les rebondissements de l’histoire montrent ce que je pense être le désir inconscient du personnage de se confronter à quelque chose qui le sortirait de sa routine quotidienne. Les événements le forcent à affirmer sa capacité d’action et sa virilité. 

Jouer avec des acteurs aussi légendaires que Sam Shepard et Don Johnson a du être une expérience intéressante ?

En effet, j’ai eu la chance de travailler avec eux. Ça a été une joie et nous avons énormément ri.

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