samedi 24 octobre 2015

LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES


Fantastique/Action/Décevant

Réalisé par Breck Eisner
Avec Vin Diesel, Rose Leslie, Elijah Wood, Ólafur Darri Ólafsson, Rena Owen, Julie Engelbrecht, Michael Caine, Joseph Gilgun, Isaach de Bankolé...

Long-métrage Américain
Titre original: The Last Witch Hunter
Durée: 01h47mn
Année de production: 2015
Distributeur: SND

Date de sortie sur les écrans américains : 23 octobre 2015 
Date de sortie sur nos écrans : 28 octobre 2015 


Résumé : Notre monde actuel repose sur un pacte fragile régissant la paix entre humains et sorcières. Ces dernières sont autorisées à vivre secrètement parmi nous tant qu’elles n’ont pas recours à la magie noire. Kaulder, membre de la confrérie de la hache et de la croix qui garantit ce pacte, chasse les sorcières insoumises depuis plus de 800 ans. Mais lorsque l’un des membres de son groupe est assassiné, la guerre est sur le point d’éclater et de faire des rues de New York un véritable champ de bataille.

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé : Alors qu'Halloween approche, j'attendais avec impatience de découvrir LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES, puisqu'il est de saison et doté d'une thématique heroic fantasy que j'aime beaucoup. Mais j'ai été déçue et j'en suis bien attristée.
J'adore les films fantastiques qui ne se prennent pas au sérieux. Cependant, pour moi, il doit y avoir une explication du contexte légendaire ou mythologique et une cohérence au montage impeccable. Ces deux conditions doivent être réunies pour qu'on s'attache aux personnages et qu'on rentre dans l'univers fantastique du film.
Dans LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES, le réalisateur, Breck Eisner, ne nous explique pas grand chose du contexte. Le héros, Kaulder, interprété par Vin Diesel, a une mythologie attachée à lui, mais on ne sait pas ce qu'elle renferme réellement. J'ai noté plusieurs erreurs de montage qui n'aident pas à rentrer dans l'univers de cette histoire. Le scénario propose des twists tirés par les cheveux. Les scènes d'action sont inégales et leur utilité laisse parfois songeur. Les effets spéciaux ne sont pas impressionnants et l'imagerie développée n'apporte rien de bien nouveau au genre. Il y a quelques beaux décors (le bar et l'appartement de Chloe par exemple), mais cela ne suffit guère à poser l'ambiance.
Je m'attendais à un divertissement fun avec un univers original. Le film tend vers cela, mais sans y parvenir.
Le résultat est d'autant plus frustrant que le casting est super sympa. Vin Diesel, qui interprète Kaulder, a tout ce qu'il faut pour le rôle : le cool, l'humour, le physique, la bouille sympathique. Mais le manque de développement de l'histoire et de la personnalité de son protagoniste ne nous aide pas à nous y attacher.




Le rôle d'Elijah Wood, qui interprète Dolan, est trop peu utilisé pour le rendre intéressant.



Rose Leslie, dans le rôle de Chloe, tente de donner du relief à son personnage, mais les clichés lui donnent du fil à retordre.



Le seul qui s'en sort vraiment grâce à son jeu, son humour so British et sa classe, est Michael Caine dans le rôle du père Dolan. Son personnage est attachant, mais on le voit trop peu.



J'en attendais peut-être trop, mais dans le genre des films fantastiques ayant pour but de nous faire passer un vrai bon moment, LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES n'est pas un candidat de choix.


NOTES DE PRODUCTION
(A ne lire qu'après avoir vu le film pour éviter les spoilers !)

LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES est un film à grand spectacle doublé d'une superbe épopée fantastique aux scènes d'action extraordinaires qui nous plonge dans un univers surnaturel complexe. Les personnages, inoubliables, évoluent dans un monde dominé par les trahisons et les guerres, et doivent constamment se battre. Cet univers résolument inédit au cinéma sert de cadre à une intrigue qui se déroule sur 800 ans, mettant en scène la lutte d'un seul homme pour protéger l'humanité d'une redoutable armée de créatures fantastiques. Héros de films d'action, Vin Diesel a ici la double casquette de producteur et comédien. En effet, il incarne Kaulder, gardien immortel de l'humanité qui a perdu sa famille, ses amis et peut-être même tout espoir dans sa lutte contre les forces du mal. L'inspiration pour le personnage de Kaulder et son parcours provient de la grande expérience de Diesel en matière de jeux vidéo, et en particulier de sa fascination, née au milieu des années 90, pour le célèbre jeu de rôle "Donjons et Dragons" : ce dernier lui est tellement familier qu’on lui a demandé d'écrire la préface du livre "30 ans d'aventures : une commémoration de Donjons et Dragons". 

Le personnage préféré de Vin Diesel a toujours été Melkor, Elfe malfaisant et chasseur de sorcières qui ne fait pas partie du jeu d'origine. "Je l'ai trouvé dans un livre annexe intitulé 'Acheron' [il est mentionné dans le troisième volume de l’'Histoire de la Terre du Milieu' de J. R. R. Tolkien, NdT]. L'idée de faire un film d'heroic fantasy m'a toujours attiré. J'ai rencontré le scénariste Cory Goodman il y a cinq ans et on a parlé pendant des heures de 'Donjons et Dragons' comme des geeks… Suite à ça, j'ai reçu ce script formidable autour d'un chasseur de sorcières", raconte-t-il. Goodman a soumis le projet à Summit Entertainment et les producteurs Mark Canton et Bernie Goldmann y ont décelé le potentiel d’un film avec Diesel en tête d'affiche. "Vin Diesel s'est complètement passionné pour ce projet et s'y est impliqué corps et âme", déclare Canton. "Il a fait preuve d’un investissement personnel prodigieux, et il n'y a pas un détail qu'il n'ait passé en revue. Il s'est donné à fond pour ce film, sept jours sur sept. C'est un excellent producteur, qui a aussi un statut de superstar, au sommet de sa carrière d'acteur". 

Les producteurs ont choisi ensemble Breck Eisner pour prendre les rênes de la réalisation : "Je le connais depuis longtemps : il est animé par une éthique professionnelle exceptionnelle, et il est infatigable. En plus, il possède un talent fou, et grâce à son imagination et son attention pour les détails, il a vraiment réussi à donner vie à cette histoire", confie Canton. Les producteurs ont travaillé de concert pour bâtir l'univers surprenant dans lequel Kaulder évolue. 

"Ce qui m'a le plus enthousiasmé au départ, c'est la possibilité de pouvoir créer cet environnement avec Breck", raconte Goldmann. "On a passé beaucoup de temps à imaginer et essayer de comprendre quels mythes animent ce monde. Celui-ci n'est pas fondé sur un livre ou une bande dessinée et le créer de toutes pièces a demandé d'autant plus de travail. C'est un défi très stimulant d'imaginer un univers de A à Z !" Eisner était plus que partant : "J'ai tout de suite aimé le personnage de Kaulder", dit-il. 

"Enfant, j'étais vraiment fan d'Highlander et le scénario de Cory me faisait un peu penser à ce film. LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES parle d’un chasseur immortel du XIIIème siècle qui veut venger la mort de sa femme et de sa fille. Mais on le voit aussi en guérillero des temps modernes vivant à New York. Ça m’a vraiment plu de pouvoir situer notre film à ces deux époques". 

Les personnes accusées de sorcellerie ont toujours été des boucs émissaires : il était très facile d'accuser d’hérésie et du coup, de sorcellerie, tout individu dont le comportement ne répondait pas exactement aux normes étroites imposées par le cadre religieux. Le film décrit pourtant les sorcières d'une nouvelle façon puisque dans son univers mythologique particulièrement riche, cette espèce de sorcières a précédé l'humanité sur Terre et a acquis une puissance extraordinaire grâce à la synergie des quatre éléments : l'eau, l'air, le feu et la terre. L'arrivée des humains et leur volonté de domestiquer Mère Nature au lieu de l'honorer a mené à un conflit inéluctable qui s'est transformé en une guerre impitoyable entre les deux espèces. "Les sorcières se voient comme protectrices de la Nature et jugent les hommes destructeurs", analyse Eisner. 

"C'est pour cela que le film est situé à New York : avant l’arrivée des hommes, Manhattan était une île avec une grande biodiversité naturelle mais c’est maintenant devenu un endroit où les hommes règnent en maîtres et où la nature a été entièrement éradiquée". Au Moyen Âge, les Seigneurs-Sorciers, puissante fratrie de six sorciers, ont pris le pouvoir et lancé leur arme ultime sur le monde, la Peste noire, alors responsable de la disparition d'environ 60 % de la population européenne. Les membres d'une confrérie secrète se faisant appeler l'Ordre de la Hache & de la Croix se sont alors lancés à la poursuite de la Reine des sorcières, dans l'espoir de la chasser et de la détruire pour sauver l'humanité. C'est Kaulder qui a finalement réussi à la tuer, mais il l'a payé cher. Dans son dernier souffle, la Reine l'a condamné à l'immortalité. Il est donc depuis huit siècles le dernier protecteur de l'humanité, veillant au bon comportement des sorcières qui existent encore et vivent cachées parmi les hommes, soumises aux règles draconiennes de l'Ordre et de leur propre Conseil des sorcières. Au début du film, il soupçonne qu'un complot est en train d'être fomenté pour ressusciter la Reine et détruire le monde. 

LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES dépeint les sorcières d'une manière inédite : "Au cinéma, les sorcières ont pu être représentées avec un nez pointu et un balai ou montrées comme des monstres grotesques. Dans ce film-ci, leur apparence extérieure s’apparente plus à celle des humains", explique Eisner. "Et leurs pouvoirs leur permettent d'accomplir des exploits, comme la faculté de jouer avec l'esprit des hommes. Elles peuvent littéralement piéger quelqu’un dans l’un de ses souvenirs, ou projeter des images dans ses pensées jusqu’à le rendre fou. Sans changer de forme, elles peuvent aussi changer d’apparence en manipulant l’esprit d'un individu qu’il croie voir autre chose. C’est un très grand pouvoir, qui peut même être dangereux". Diesel raconte que si certaines sorcières sont maléfiques, d'autres pratiquent une magie plus inoffensive. "Ce film suggère qu'il existe des gens parmi nous, en ce moment même, qui possèdent ce genre de pouvoirs magiques. L'idée est que cette espèce ancienne a existé avant nous, qu'elle a vu l'humanité évoluer et détruire son environnement naturel tel qu'elle l'a connu à l'origine", ajoute-t-il. Pour restituer un univers aussi complexe et relater une intrigue qui s'étend sur plus de huit siècles et nous renvoie à plusieurs niveaux de réalité, Eisner a travaillé avec plusieurs artistes afin de réaliser un story-board exhaustif qui "raconte" virtuellement le film plan par plan. "J'ai travaillé avec les plus grands noms du cinéma ainsi qu'avec de jeunes cinéastes très prometteurs mais je n'ai jamais vu de story-board aussi détaillé et cohérent", confie Canton. 

"Avec un film pareil, on a vraiment besoin d'un réalisateur qui soit particulièrement méticuleux", poursuit Diesel. "Il a fallu évoluer dans différents environnements et Breck a dû poser les 'lois de la magie' : quand on s'attaque à un univers totalement inventé comme c'est le cas ici, c'est au metteur en scène d'en traduire les règles pour le public, les acteurs et l'équipe technique et Breck s'en est sorti brillamment". 

Pour le réalisateur, LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES s'adresse à tous les publics : "Kaulder est vraiment génial : en 800 ans, il a appris tout ce qu'il faut savoir en matière d'arts plastiques, de musique et d'architecture, mais encore plus important, il connaît tout sur l'esprit humain et la différence entre le bien et le mal. C'est quelqu'un de vraiment cool, un type moderne qui a résisté aux assauts du temps". 

LE CHASSEUR DE SORCIÈRES ET SA PROIE 

Le casting du DERNIER CHASSEUR emprunte largement à l’univers de l'heroic fantasy puisqu'on retrouve des comédiens de GAMES OF THRONES et des sagas du SEIGNEUR DES ANNEAUX, de DARK KNIGHT, du HOBBIT et de RIDDICK. "Je crois que personne n’a jamais réuni un tel casting avec autant de figures mythiques d’autres aventures fantastiques", s'enthousiasme Canton. 

À commencer, bien entendu, par Vin Diesel. Son charisme et sa musculature sont essentiels pour le personnage de Kaulder qui est le dernier soldat survivant de la Hache & la Croix, confrérie chargée de maîtriser l’influence des sorcières dans ce monde. Devenu immortel en raison d’une malédiction proférée par la Reine des sorcières, et animé par une souffrance qui le ronge depuis très longtemps, il se bat sans relâche. Si la perspective de l'immortalité peut séduire, en réalité elle offre à Kaulder une supériorité tactique mais le voue à une existence solitaire. "Ça fait de lui un soldat redoutable, parce qu’il ne craint ni les blessures ni la mort", élabore Diesel. "Mais il doit continuer à vivre malgré son désir de mourir. Pour lui, une existence de 800 ans est déjà beaucoup trop longue". "Étant donné qu'il est immortel, il ne peut nouer de relations avec quiconque", ajoute Canton, "ce qui le fait forcément passer à côté de beaucoup de choses. Vin a campé un personnage qui vit caché derrière un masque de perfection, faisant comme si tout allait bien. Lorsque ce masque commence à se fissurer, il prend peu à peu conscience que cette douleur l’empêche de vivre pleinement". Au cours de sa quête, Kaulder a toujours été accompagné de conseillers spirituels qui se succédaient les uns aux autres et s’appelaient tous Dolan. Membres de la Hache & de la Croix, ces pères Dolan ont chacun tenu un journal dans lesquels ils chroniquaient la vie de Kaulder jour après jour – journaux qu’ils se sont transmis. Par conséquent, chaque Dolan possède une connaissance intime de sa vie. "C’est comme si la même personne avait été à ses côtés tout au long de ces 800 ans", fait remarquer Eisner. "Ces Dolan permettent à Kaulder de ne pas perdre la tête, un peu comme un meilleur ami imaginaire". 

Au début du film, le 36e Dolan cède la place au suivant. "Kaulder et ce Dolan-ci ont un lien privilégié", reprend Canton. "C’est sa seule vraie relation avec un autre être humain. Ils se connaissent depuis 50 ans. Il y entre eux énormément de respect et de dignité, et pas mal d’affection". Malgré la relation d'amitié entre Diesel et Michael Caine, qui campe Dolan, ce dernier a été très surpris quand on lui a proposé le rôle. "Lorsqu'on m'a appelé, je me suis dit, 'Bon, je ne conduis pas très bien' ", raconte-t-il. "Qu’est-ce que Vin veut donc que je fasse, bon sang ? Sincèrement, je n’ai jamais vu Vin dans ce genre de film. C’est du grand divertissement bourré d’action et d'imagination". L'acteur évoque son personnage : "Je suis quelqu’un de plutôt respecté, un peu comme un vétéran de la politique. Dolan est au courant de tout, il possède d'innombrables biens et il gère tout. Il ressemble beaucoup à Alfred, le majordome dans "Batman". Lui et Kaulder entretiennent une relation extraordinaire qui ressemble à celle d’un père et son fils". Le personnage de Caine passe le flambeau à un jeune prêtre joué par Elijah Wood, célèbre pour son rôle de Frodon Sacquet dans la trilogie du SEIGNEUR DES ANNEAUX. 

"Le scénario m’a surpris", avoue Wood, "car l'intrigue était originale et captivante. Il pose un regard curieux et original sur notre monde – monde dans lequel les hommes et les sorcières cohabitent. Je n’avais jamais rien lu de pareil. Quand Breck m’a montré les magnifiques story-boards réalisés pour le film, ça a fini de me convaincre". Pour Canton, ce 36e Dolan est comme le Pape aux yeux de Kaulder, tandis que son remplaçant tient plus de Jimmy Olsen [personnage secondaire dans "Les aventures de Superman", NdT]. "Michael Caine est un acteur de légende à la carrière impressionnante", reconnaît Wood, qui approuve la comparaison. "Ça facilite la narration que son personnage initie le public à la longue lignée de Dolan". 

Il faudra du temps à Kaulder pour s’habituer au jeune Dolan. "Mon personnage a du mal à communiquer avec lui", admet Wood. "Mais il se rend compte que Kaulder ne s’entend pas vraiment avec qui que soit, tandis que pour lui, ça va être difficile de remplacer l’ancien Dolan". Au cours de sa quête, Kaulder se trouve une alliée inattendue en la personne de Chloé, sorcière des temps modernes qui possède un "Memory Bar" ou bar aux souvenirs, sorte de paradis bohème caché derrière un portique magique. "C’est totalement différent d’un bar habituel", explique Rose Leslie, qui joue Chloé. "On n’y va pas pour oublier mais pour se souvenir. C’est un très bel endroit, plutôt comme une fumerie d’opium, avec de petites alcôves où on peut se relaxer pour pénétrer dans un autre monde". Les clients y boivent des potions et se laissent envoûter pour s’abandonner à leurs souvenirs, ce qui amène justement Kaulder à rencontrer Chloé. "Le 36e Dolan a demandé à Kaulder de se rappeler quelque chose qu’il a décidé d’oublier depuis des siècles", raconte Diesel. "Pour y parvenir, il doit recourir à la magie qu’il a toujours essayé d’éradiquer. Cela crée des rapports inhabituels entre le chasseur et sa proie". 

Chloé possède un don redoutable qu’elle a réussi à garder secret, même à l’égard des autres sorcières. "C’est une Rôdeuse des rêves", développe Leslie. "Elle peut pénétrer dans les rêves des gens mais on lui a toujours dit que c’était de la magie noire pratiquée par les sorcières maléfiques. Elle a peur de ne pas pouvoir contrôler sa force". Les Rôdeuses des rêves sont généralement d'importants officiers aux ordres de la Reine, explique le réalisateur. "Il n’en existe pas beaucoup. Elles sont très puissantes, parce qu’elles peuvent vous renvoyer dans un souvenir précis mais peuvent aussi tout à fait modifier le flux de vos pensées et vous donner l’illusion de voir et de penser à des choses qui n’existent pas forcément". C’est au Memory Bar que Kaulter rencontre pour la première fois un ennemi mortel, Belial, sorcier passé du côté du Mal. "La plupart des sorciers de notre monde ne sont pas maléfiques", remarque Eisner, "mais quelques-uns sont toujours nostalgiques du temps où ils régnaient en maîtres durant l’ère sombre de la Reine des sorcières. Et Belial en fait partie". Belial est campé par l’acteur islandais Ólafur Darri Ólafsson. 

"Belial est un sorcier qui œuvre depuis des années pour que la Reine revienne au pouvoir", note Ólafsson. "Il pense que ce monde appartient aux sorciers et non aux humains. Il fait tout ce qu’il peut pour ramener le monde à une époque que lui n’a jamais connue". Le conflit qui oppose Belial à Kaudrel est l’occasion pour les deux acteurs de s’affronter. "Une équipe de cascadeurs épatants nous a concocté une super séquence de combat", reprend Ólafsson. "Mais je dois dire que ça paraît surréaliste de jouer une telle scène et de s'apercevoir qu'on est seul contre Vin Diesel !" Kaulder doit se battre contre de nombreux sorciers du Mal comme Ellic, capable de changer d’apparence et de se transformer en enfant pour en attirer d’autres dans la cave où il commet des atrocités. L’acteur britannique Joe Gilgun tient le rôle de ce personnage qu’il voit comme un effroyable fanatique. "Il est au service de la Reine des sorcières et pense sincèrement faire le bien", détaille Gilgun. "En plus de se métamorphoser, il peut aussi transformer d’autres choses, comme cet arbre dans son jardin qui a l’air d’avoir des bonbons gélifiés en forme d'ourson sur ses branches – de quoi attirer facilement les enfants. Au premier abord, ça ressemble à un jardin typique du Middle-west, avec une atmosphère féerique digne de l’univers un peu sombre de Pee-wee Herman [personnage d’une émission pour enfants des années 1980 vivant dans un monde farfelu, NdT]. Mais à y regarder de plus près, on aperçoit les traces latentes d’un monde plus inquiétant". Mathématicien devenu acteur, Isaach de Bankolé incarne Max Schlesinger, herboriste aveugle qui approvisionne le bar de Chloé en substances étranges. Eisner l’a initialement imaginé en diamantaire faisant du porte-à-porte, sauf que sa sacoche est remplie d'insectes et d'asticots. 

"C’est drôle que mon personnage ait d’abord été décrit comme un vieux Juif de 60 ans", souligne De Bankolé, originaire de la Côte d’Ivoire. "Mais ça n’est pas si loin de la réalité. Dans mon pays d'origine, les gens communiquent souvent avec les morts : ça fait partie de ma culture". L’ennemi le plus redoutable de Kaulder est la Reine des sorcières, interprétée par la Berlinoise d’adoption Julie Engelbrecht. "J’ai trouvé le scénario très séduisant", déclare l’actrice. "Cette histoire est complètement inédite et offre une représentation des sorcières comme je n’en avais jamais vue. En outre, il y a un peu d’humour. La mort et l’humour font bon ménage pour essayer de comprendre l'humanité". La Reine possède un lien primordial avec la Nature qui nourrit sa fureur. "Elle a un côté très terre-à- terre et pragmatique", explique Julie Engelbrecht. "Je me la représente comme une aborigène. Les sorcières étaient sur Terre bien avant les hommes qu’elle considère comme des intrus sur son territoire. De son point de vue, elle protège les siens. Les hommes ont pénétré chez elle, ont disséminé son espèce et sont maintenant prêts à détruire la planète elle-même. Sa rage est provoquée par l’injustice et la cruauté dont elle et les siens ont été la cible". L’actrice a dû étudier le grec ancien pour pouvoir prononcer avec assurance les malédictions et les sortilèges que lance son personnage. "J’adore les langues et celle-ci convient parfaitement à la Reine. J’ai été ravie de faire cet apprentissage". 

L’actrice fait aussi remarquer que la fascination des hommes pour les sorcières et la magie ne date pas d’hier. "Tout ce que la science ne sait pas expliquer est considéré comme de la magie et je pense que les gens sont toujours effrayés et fascinés par ce qu’ils ne comprennent pas", indique-t-elle encore. 

LES ORIGINES DU MONDE DES SORCIÈRES 

LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES a été tourné de début août à début décembre 2014 à Pittsburgh, qui campe la ville de New York dans le film. La chef-décoratrice Julie Berghoff s’est servie du story-board et des notes du réalisateur pour reconstituer les environs surnaturels du monde des sorcières, ainsi que le reste de l’univers menaçant de Kaulder. "C’est le scénario le plus visuel qu’il m’ait été donné de lire", déclare Julie Berghoff. "La nature y a une large place et l’histoire se déroule dans des espaces sombres à donner la chair de poule comme je les aime ! J’ai été happée par ces différents univers que je me voyais déjà créer. J’ai vite appris que Breck Eisner possède un grand sens de l’esthétique et une imagination fabuleuse. Il a eu une façon totalement novatrice d’envisager ces sorcières des temps modernes. Il a imaginé un merveilleux monde d'heroic fantasy, dans lequel votre voisin est peut-être un sorcier". 

À l'instar du repaire de la Reine, son costume et son maquillage s’inspirent de Zdzisław Beksiński, peintre, photographe et sculpteur polonais aujourd'hui disparu, dont l’œuvre intègre des formes abstraites empruntées au monde organique et relève du style fantastique. "C’était un extravagant, un homme torturé et sombre qui a créé des œuvres d’art d’avant-garde de toute beauté", poursuit la décoratrice. L’Arbre aux sorcières dans lequel la Reine niche est bardé d’épines et son tronc est noué. Il représente le berceau mythologique du film : pour la Reine et ses sbires, c’est une forteresse qui menace d’engloutir à jamais tout homme assez téméraire pour s’y aventurer. "C’est l’un des moteurs du film", reprend Julie Berghoff. 

"Il s’agit du repaire de la Reine et le point de départ de la quête sans fin de Kaulder. Breck était très clair quant à l’énergie qui devait s’en dégager et je suis partie de ça pour travailler. J’avais l’impression qu’en comprenant l’arbre, je comprendrais le reste du film". La chef décoratrice a créé un fourré dense avec, à sa base, un bunker pris dans un enchevêtrement de racines, de mousse et de plantes grimpantes. "Il faut se frayer un chemin à travers tout ça", poursuit-elle. "S’y cache un accès au monde des ténèbres, rempli de totems collectionnés à travers les siècles. Toutes sortes de créatures le peuplent. Au sommet, on trouve une clairière semée d’autels sur lesquels les sorcières pratiquent leurs sacrifices". Le décor de l’Arbre a été construit sur un plateau et conçu pour résister à la fois au feu et à l’eau. 

"Chaque détail a été minutieusement pensé", précise la chef décoratrice. "Une partie du sol a été construite de manière à ressembler à des racines. On a aussi fabriqué des branches souples pour que personne ne se crève un œil, ainsi que d’autres imperméables et ignifugées". Julie Berghoff a également imaginé la sinistre salle dans laquelle le Conseil international des sorcières se réunit pour juger ceux qui sont soupçonnés de pratiquer la magie noire et la prison des sorcières dans laquelle les coupables sont emmurés par magie dans des cellules en pierre. Les scènes de prison ont été tournées dans la mine de calcaire de Wampum, en Pennsylvanie, gigantesque exploitation souterraine s’étendant sur plus de 200 000 m². la chef décoratrice précise : "L’endroit est à la fois flippant, sombre et superbe. On voulait que la prison ressemble aux portes de l’Enfer, et on a donc cherché des idées chez des artistes comme Gustave Doré". Le chef-maquilleur Justin Raleigh chez Fractured FX a rencontré le réalisateur un an et demi avant le début du tournage pour commencer à élaborer l’apparence des sorcières. "Le vrai défi était de donner aux sorcières une allure aux antipodes de ce qu’on avait déjà vu", indique Raleigh. 

"Breck nous a montré des œuvres sombres, terrifiantes et irréelles de Beksiński pour nous permettre de mettre au point un style inédite pour la Reine et son monde. J’ai été ravi de relever le défi et de réfléchir à l’allure que ces créatures auraient : toujours humaines mais extrêmement organiques, ce que le style de Beksiński traduit parfaitement". La transformation de la ravissante Julie Engelbrecht en redoutable Reine a été un processus chronophage et contraignant. "On devait pouvoir distinguer sa beauté", reprend Raleigh. "Je crois que le résultat est très réussi. Ça nécessitait quatre heures de travail à chaque fois avec l’aide de trois maquilleurs. Il fallait que ce soit très fonctionnel et aussi ajusté que possible à son corps. Des pieds à la tête, elle porte une combinaison à prothèses avec bustier intégré. Une colonne vertébrale extérieure lui pend de la tête et elle a les jambes, les bras, les mains et les pieds recouverts d'excroissances, sans oublier des lentilles de contact et des prothèses dentaires". Il s’émerveille du résultat qui, contre toute attente, est très organique. "La Reine relève à elle seule presqu’entièrement du camouflage", dit-il. "Ses sbires ont une allure un peu plus humaine mais ces créatures restent très féroces et ont l’air malfaisant : elles sont recouvertes de poussière, comme si elles faisaient corps avec le nid d'où elles viennent". 

Même si LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES ne manque pas d'impressionnants effets spéciaux haut de gamme, le réalisateur a voulu mettre l’accent sur la réalité du royaume des ténèbres et, pour le transposer à l'écran, il a tenu à privilégier au maximum les prises de vue réelles. Outre le superviseur effets visuels Nicholas Brooks et son équipe, Eisner a fait appel au superviseur effets spéciaux Peter Chesney pour mettre au point un nombre incalculable d’effets saisissants et terrifiants. "Peter est incroyable", déclare Brooks. "Je n’avais encore jamais travaillé avec un surdoué pareil. Il est capable de créer n’importe quoi, qu'il s'agisse de petites ou d'énormes installations d'une complexité hallucinante, ou encore des éléments factices extrêmement élaborés comme des murs fissurés ou des pentagrammes enflammés au sol". 

L’un des plus gros défis de Chesney a consisté à mettre au point la Sentinelle, gardien de la prison de 4,5 mètres de haut. Sculpté et façonné avec du bois, des os et de la peau recouvrant une structure en métal, la Sentinelle a été montée sur un rail de montagnes russes pour être mobile. Un fond vert installé sur un charriot a également été utilisé pendant les séquences. La plupart des effets ont été exclusivement conçus et réalisés pour ce film, et notamment un système élaboré de cardan pour simuler un avion pris dans un orage violent, les potions magiques que Chloé sert à ses clients et la tempête de neige dans le Memory Bar. "Ce que j'aime avec les effets spéciaux", déclare Chesney, "c'est qu'on fait rarement deux fois la même chose". 

Habiller un chasseur de sorcières n’a pas été simple non plus, même pour un chef costumier aussi imaginatif que Luca Mosca. En homme qui a les moyens de ses goûts sophistiqués, le Kaulder contemporain devait avoir un sens du style atemporel. "Il s’habille suivant la mode d’aujourd’hui mais avec des détails rappelant d’autres époques", indique Mosca. Le chef costumier ajoute que la tenue de guerrier a été particulièrement problématique à créer. "La base de la tenue était constituée d’un pantalon en cuir, d’une chemise large et d’une sorte de faux plastron. On a réalisé un moulage en 3D du corps de Vin pour pouvoir lui fabriquer une armure à partir d’un moulage dans lequel un composite en polyuréthane a été injecté. Puis, elle a été dessinée à l’ordinateur. J’ai trouvé une texture qui me plaisait, j’y ai ajouté des points qui ressemblaient à des rivets et on l’a imprimée. Chaque pièce a ensuite été peinte pour leur donner une patine de vieux métal. On a ajouté à l’ensemble une cape de fourrure pour lui conférer une allure guerrière très imposante. Mais il fallait plus d’une heure à Vin pour l’enfiler", conclut-il. 

Les tenues médiévales de Kaulder se sont elles aussi avérées extrêmement difficiles à élaborer en raison des différentes situations dans lesquelles on le voit. "Il y avait trois styles différents à l’époque médiévale qui représentent chacun une situation : à la maison en famille, pendant la chasse et sur le champ de bataille", fait encore observer le chef costumier. "On ne s’est pas lancé comme ça dans la réalisation d’un film uniquement centré sur sa dimension fantastique", conclut Vin Diesel. "LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES était un projet ambitieux parce que le personnage devait avoir changé de façon flagrante entre le passé et le futur : c’est presque devenu une autre personne. C’est ce que j'ai apprécié avec ce rôle : il est très dense et offre un large éventail des possibles. À bien des égards, ce film évoque l’éveil de Kaulder".

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