mardi 12 février 2013

Back to the future






Comédie musicale/Drame/Grand spectacle bien mis en scène et bien interprété

Réalisé par Tom Hooper

Avec Hugh Jackman, Russell Crowe, Anne Hathaway, Amanda Seyfried, Helena Bonham Carter, Sacha Baron Cohen, Eddie Redmayne, Samantha Barks, Daniel Huttlestone...

Long-métrage britannique

Durée: 02h37mn 
Distributeur: Universal Pictures International France
Année de production: 2012

Date de sortie sur les écrans britanniques: 11 janvier 2013
Date de sortie sur nos écrans: 13 février 2013


Résumé: Dans la France du 19e siècle, une histoire poignante de rêves brisés, d'amour malheureux, de passion, de sacrifice et de rédemption : l'affirmation intemporelle de la force inépuisable de l'âme humaine. Quand Jean Valjean promet à Fantine de sauver sa fille Cosette du destin tragique dont elle est elle-même victime, la vie du forçat et de la gamine va en être changée à tout jamais.

Bande annonce (VOSTFR)


Ce que j'en ai pensé: Je vais être claire dès le début. J'ai beaucoup aimé 'Les Misérables' de Tom Hopper (même si mon Jean Valjean de coeur reste Lino Ventura). Le film est entièrement chanté, ce qui est surprenant au départ. Mais les acteurs le font avec talent, les chansons s'enchaînent sans accrocs et en respectant l'histoire. Les paroles sont très bien travaillées, elles racontent la grande Histoire et font avancer les histoires individuelles. La musique, que j'ai personnellement trouvée excellente, sert assez souvent de point de repère ou de transition car des bouts de morceaux sont rejoués en référence à tel ou tel moment. 
J'ai trouvé la réalisation très soignée. Les décors et l'ambiance nous font revivre les évènements historiques et les époques que traversent les personnages (plus de 30 ans). 
Jean Valjean et Javert s'affrontent, tous deux obsédés: l'un par le fait de conserver sa liberté et de se reconstruire; l'autre d'attraper le premier coûte que coûte guidé par une rigueur qui est le fondement de sa vie et qu'il ne peut remettre en question sous peine de se perdre. 
Hugh Jackman, qui interprète Jean Valjean, et Russell Crowe, qui interprète Javert, sont aussi convaincants et impressionnants l'un que l'autre. 



La superbe Anne Hataway, qui interprète Fantine, est émouvante. Sa descente aux enfers est très bien mise en scène. 



J'ai beaucoup aimé le couple Thénardier interprété par Sacha Baron Cohen et Helena Bonham Carter. Ils amènent de l'humour malgré leur mauvais fond. Un peu de rire au milieu de toute cette tristesse et de cette misère est bienvenu. 

 

Amanda Seyfried, qui interprète Cosette, ainsi que Samantha Barks, qui interprète Eponine et Eddie Redmayne, qui interprète Marius, représentent parfaitement l'espoir et la fraîcheur de la jeunesse.



Les prestations vocales des acteurs sont assez époustouflantes.
Le film est présenté uniquement en version originale sous-titrée ce qui se comprend étant donné que la musicalité, le rythme et le sens des paroles sont primordiaux pour une comédie musicale. Le fait que les personnages parlent anglais m'a un peu gêné uniquement pendant les scènes autour de l’insurrection républicaine où les drapeaux français et les cocardes tricolores sont souvent montrés à l'écran. Le lien entre la langue et le pays se fait alors plus présent et il est un peu étonnant de ne pas entendre parler français à ce moment là. 


Et puis, il y a la fameuse chanson, au refrain si célèbre, que Gavroche n'aura jamais le temps de finir, qui n'est du coup pas la même en anglais... Mais à part cela, Les Misérables de Tom Hooper m'ont beaucoup plu et ému. Les thèmes abordés sont nombreux: l'amour, la rédemption, la foi en la bonté, le pardon mais aussi la cruauté, la mesquinerie,  la malhonnêteté, la corruption... 
J'en garde un très bon souvenir et je le conseille à ceux qui aiment les acteurs du film et les comédies musicales. C'est une autre expérience que la lecture du magnifique roman de Victor Hugo.

NoteLes Misérables est l'adaptation au cinéma du spectacle musical qui a fait sensation dans 42 pays et en 21 langues, attirant plus de 60 millions de spectateurs, et qui, après 27 ans d'exploitation, continue à battre des records d'affluence. 


Notes de production
(Attention le film y est totalement spoilé, à ne lire qu'après l'avoir vu)

UN SYNOPSIS ARTICULÉ AUTOUR DES CHANSONS

1815, Toulon/Digne : Après 19 ans de Bagne (“Look Down”) Jean Valjean (Jackman), le prisonnier 24601, est relâché en liberté conditionnelle par Javert (Crowe), alors officier en charge de la main d’oeuvre carcérale. Valjean, proscrit, tentant de quitter Toulon pour Digne (“Freedom is Mine”), est vite rejeté par tous. La rancoeur accumulée au cours de ses années de bagne, l’empêche d’apprécier la générosité de l’évêque Myriel de Digne (Colm Wilkinson, qui avait créé le rôle de Valjean à Londres et à Broadway), à qui il dérobe les chandeliers en argent de l’épiscopat. Vite épinglé, il est bouleversé par le mensonge de l’évêque qui le disculpe pour le sauver. Il décide alors de changer de vie et de s’amender (“What have I done ?”).

1823, Montreuil-sur-Mer : Huit ans plus tard, Valjean, ayant brisé sa conditionnelle, s’est volatilisé et réapparait sous l’identité de Monsieur Madeleine, un Maire de village et directeur d’usine respecté, grâce à l’argent des chandeliers volés. Une de ses ouvrières, Fantine (Hathaway), travaille jusqu’au dernier sou afin que sa fille illégitime, la petite Cosette (Seyfried adulte), puisse bénéficier d’une éducation décente. Lorsqu’elle repousse les avances du contremaître de l’usine, son secret est vite révélé au grand jour par ses consoeurs ouvrières qui lui reprochent de se comporter de façon hautaine et méprisante, et exigent son renvoi (“At the End of the Day”). Elle est mise à la porte sans pitié, et malgré ses suppliques, Valjean qui a l’esprit ailleurs, lui tourne le dos. En effet il tente, au même moment, d’éconduire Javert, devenu inspecteur de police, en visite à l’usine et à qui ce monsieur Madeleine semble bien familier. Ils sont interrompus par un accident dans la cour, et alors qu’ils se précipitent tous deux à l’extérieur, Javert assiste médusé au sauvetage extraordinaire de Fauchelevent (Stephen Tate des Misérables en Concert : Le 25eme Anniversaire), un conducteur écrasé par sa charrette, que Madeleine, faisant preuve d’une force peu commune, parvient à soulever, afin de libérer le malheureux. Ce tour de force remet instantanément son ancien prisonnier en mémoire à l’inspecteur, mais dans le doute, il s’abstient. Cherchant désespérément de l’argent afin de soigner sa fille, Fantine n’a d’autre solution que de se rendre au quartier rouge (“Lovely Ladies”), où elle vend son précieux médaillon, ses cheveux et ses dents, puis rejoint la horde des prostituées (“I Dreamed a Dream”). Avilie au dernier stade, elle en vient un jour aux mains avec un client ivre, et alors que Javert vient l’arrêter, elle est sauvée par Valjean qui ordonne qu’on la conduise à l’hôpital. Sur le trajet, elle lui confie son histoire, et abasourdi il lui promet d’aller à Montfermeil s’enquérir de la petite Cosette, sans se douter qu’il est sous la surveillance de son ancien geôlier, Javert. Ce dernier voit ses soupçons dissipés par l’annonce de la capture de ce Valjean qu’il traque depuis huit ans, et va présenter ses excuses à Madeleine. Sentant le piège se refermer, Valjean se prépare à s’enfuir, mais ne pouvant se résoudre à laisser un innocent être condamné à sa place, tente le tout pour le tout en faisant irruption au tribunal et c’est dans l’indifférence générale qu’il hurle son numéro de matricule (“Who Am_I ?”), personne ne peut le croire. Un peu plus tard, alors qu’il promet à Fantine, sur son lit de mort, de s’occuper de Cosette (“Take My Hand”), Javert fait irruption pour l’arrêter. Les deux hommes s’affrontent (“The Confrontation”), mais Valjean réussit à s’enfuir, laissant derrière lui un Javert qui jure sur la ville endormie, qu’il n’aura de cesse de le traquer, jusqu’à ce que ce dernier se retrouve derrière les barreaux (“Stars”).

1823, Montfermeil : La petite Cosette (Isabelle Allen pour la première fois à l’écran) habite chez les Thénardiers (Baron Cohen et7 Bonham Carter), deux escrocs, tenanciers d’une auberge (“Master of the House”) qui exploitent et abusent la pauvrette pour mieux gâter leur propre fille Éponine (Natalya Wallace pour la première fois àl’écran).
C’est gelée dans le bois attenant que Valjean la découvre (“Castle on a Cloud”) et paye le couple afin de le laisser emmener la petite avec lui à Paris, échappant de justesse à Javert. Valjean est submergé par un sentiment naissant d’amour paternel (“Suddenly,” écrit pour l’écran), mitigé par la menace qui les poursuit, et ils trouvent asile à Paris dans un couvent, où ils retrouvent Fauchelevent.

1832, Paris : Neuf ans après, la ville tremble sous les rumeurs d’insurrection, à l’approche de la mort du très populaire et charitable général Lamarque. on découvre Gavroche (Daniel Huttlestone, de la version Des Misérable de West Ends) sautant de calèche en calèche, (“Look Down”), au-dessus des têtes de l’élite parisienne, pour rejoindre un groupe de révolutionnaires étudiants, menés par Marius (Redmayne) et Enjolras (Tveit). Parmi la foule assemblée, une charmante demoiselle, qui n’est autre qu’Éponine (Barks), devenue jeune fille, n’a d’yeux que pour Marius.
Plus tard dans la journée, une bande des rues, conduite par les Thénardiers, agresse Valjean qui secondé de Cosette, distribue l’aumône aux pauvres. Javert intervient pour interrompre la rixe, et c’est dans la confusion générale que Marius et la jeune fille se rencontrant pour la première fois, tombent éperdument amoureux l’un de l’autre, et que
Valjean en profite pour s’enfuir, avant que son ennemi de toujours ne puisse le reconnaître.
La révolution gronde (“Red and Black”) tandis que Marius rêve de Cosette et vice et versa (“In My Life”). Éponine conduit Marius à  Cosette (“In My Life”/“A Heart Full of Love”), alors que son père tente de cambrioler la maison de Valjean. Ce dernier pensant que Javert a retrouvé leur trace, organise la fuite et Cosette confie en hâte sa lettre d’amour à Marius aux mains jalouses d’Éponine. Errant le coeur brisé dans les rues (“On My Own”), elle se garde bien de remettre la note, et explique à Marius que Cosette est partie pour l’Angleterre. L’air choral de “One Day More,” voit la fuite de Valjean et Cosette, alors que Marius pleure son amour envolé et Éponine celui qu’elle n’aura jamais.
Pendant ce temps, à l’occasion de l’enterrement de Lamarque, les forces antagonistes, menées respectivement par Enjolras et Javert, se préparent à l’assaut dans les rues de Paris. (“Do You Hear the People Sing ?”). L’affrontement est imminent et c’est derrière les barricades que Javert est pris en otage par les étudiants et qu’Éponine est tuée alors que, déguisée en jeune garçon, elle tentait de protéger Marius (“A Little Fall of Rain”), lui abandonnant la lettre de Cosette. Valjean intercepte la réponse que Marius a confiée à Gavroche et revient aux barricades, pour sauver l’amour des deux jeunes gens face à l’issue certaine de l’affrontement. Il y trouve Javert et persuade les étudiants de le lui abandonner, et bien qu’il ait l’occasion de le tuer, lui fait la grâce de la pitié que celui-ci lui a toujours refusée. La nuit tombe sur le retranchement derrière les barricades (“Drink With Me”), alors que Valjean prie pour la sécurité de Marius (“Bring Him Home”). Le lendemain, Gavroche, parti en volontaire pour trouver des munitions (“Little People”), est tué par un soldat. L’affrontement éclate, Marius blessé et inconscient est mis en sécurité sur les quais par Valjean, tandis qu’Enjolras et les rebelles sont massacrés. Tandis que Thénardier dépouille les corps (“Dog Eats Dog”), Javert inspecte les morts à la recherche de son ennemi de toujours, qu’il finit par rencontrer portant le corps inerte de Marius. L’inspecteur met en joue Valjean, qui ignore ses semonces. Contre toute attente, il le laisse partir, mais incapable de concilier ses principes rigides et son acte de clémence, Javert met fin à ses jours en sautant d’un pont. Marius reprend conscience chez son grand-père Gillenormand (Patrick Godfrey), et alors qu’il retourne à l’ancien quartier général des étudiants, porter un dernier hommage à ses frères d’armes tombés au combat (“Empty Chairs at Empty Tables”), il découvre Cosette qui est là, l’attendant. Ensemble ils retournent à la sécurité de la maison du grand père de Marius, c’est là que Valjean confie le secret de son passé au jeune homme (“Who Am I ?”), et décide de partir pour ne pas entacher la réputation de Cosette. Les jeunes amoureux se marient, et Thénardier tente une dernière fois d’obtenir de l’argent en menaçant de révéler le passé de l’ancien forçat. Trahi par la bague qu’il avait volée à Valjean sur les quais, la nuit des barricades, et que Marius reconnaît comme la sienne, ils en viennent au mains et le félon embarque la noce dans une danse endiablée (“Beggars at the Feast”). Cosette a tout entendu et Marius a deviné l’identité de son mystérieux sauveur, ensemble ils partent retrouver Valjean, et le veillent jusqu’au dernier moment sur son lit de mort, où les fantômes de Fantine et de l’évêque le rejoignent (“Take My Hand”).

1848, Paris : Le peuple a pris le pouvoir, le roi est en fuite, une nouvelle république est née. Une barricade géante est érigée, au premier plan de laquelle on retrouve Marius et Cosette (« Do You Hear the People Sing ? (Finale) »), mais aussi les fantômes de Enjolras entouré des étudiants tombés au combat, Gavroche, Eponine, Fantine et Valjean, entonnant en choeur le chant de la liberté.

A propos de la préparation

Combat, rêve, espoir, amour... Du roman à la scène puis à l’écran.

L’histoire de cette comédie musicale commence en 1978 avec la collaboration des compositeurs Alain Boublil et Claude-Michel Schönberg. Boublil, alors à Londres, assiste à Oliver de Cameron Mackintosh et trouve une résonance entre un des personnages du show et Gavroche du roman de Hugo… le pas est vite franchi, il se met au travail avec Schönberg et en 1980, ils sortent une adaptation musicale vendue à plus de 260 000 exemplaires, adaptée à la scène avec succès par Robert Hossein au Palais des sports de Paris. Deux ans plus tard, le metteur en scène hongrois Peter Farago propose à Mackintosh l’idée d’une adaptation à la scène anglaise. Enthousiasmé par la beauté de la musique et la force du récit, bien que ne parlant pas un mot de français, Mackintosh se rappelle qu’il ne lui fallut que quatre morceaux pour savoir qu’il venait de trouver son nouveau projet. Il garda les auteurs français afin de conserver l’âme du spectacle et leur adjoint une équipe de choix : Trevor Nunn et John Caird à la musique, ainsi que James Fenton, qui esquissa la structure et le ton des paroles, pour être ensuite relayé par Herbert Kretzmer. Le reste appartient à la légende… Les Misérables fut crée au Barbican Theatre de Londres le 8 octobre 1985, et 27 ans plus tard ce spectacle détient un record de longévité et de popularité inégalés dans le monde entier. Mackintosh y voit l’alchimie parfaite entre un roman au contenu aussi universel qu’intemporel et une adaptation musicale d’une force et d’une finesse rares. Les propositions d’adaptation du show au grand écran furent légions, mais c’est à Working Title et Eric Fellner que Mackintosh décida de faire confiance. Ils décidèrent d’un commun accord de garder l’équipe originelle et d’y adjoindre William Nicholson, scénariste mélomane, afin qu’il apporte une grammaire cinématographique au projet. Ce dernier avoue avoir été passionné par le travail de concrétisation naturaliste de cette abstraction musicale. Le défi était de trouver au film son identité propre, tout en respectant l’essence de ce qui avait séduit tant de gens dans la version théâtrale.

Quant au réalisateur Tom Hooper, c’est bien avant le succès DU DISCOURS D’UN ROI, alors qu’il travaillait avec Nicholson sur ELISABETH I qu’il eut vent de l’autre projet de travail de ce dernier. Il ne lui fallut pas longtemps pour aller voir la pièce et être à la fois bouleversé par sa dramaturgie et hanté par sa musique. Sa rencontre avec Working Title arriva au moment opportun, comme par miracle, et Fellner ajoute que si Hooper fut leur premier et dernier choix, non seulement ils ne l’ont jamais regretté, mais ont été impressionnés par son engagement et sa détermination. Ému aux larmes par le script de Nicholson, Hooper avait immédiatement ressenti à travers l’adéquation entre la force de l’histoire et sa transcendance musicale, le frisson universel qui palpitait à travers les lignes. Le roman d’Hugo devint sa bible de référence, afin d’établir une structure solide et cohérente à cette adaptation délicate. Il nous confie que l’obligation de se replonger si régulièrement dans une oeuvre tellement colossale et majeure, était un plaisir sans cesse renouvelé. La qualité de la langue d’Hugo permettait de jouer sur le fond et la forme, et de ne pas se contenter de faire un fi lm musical, mais une oeuvre vibrante unique. Sa condition sine qua non fut de filmer les moments musicaux en live, afin de trouver un rendu palpitant de vie. Mackintosh venait de trouver l’homme capable de saisir le coeur du livre : la vie, dans son caractère et sa vibration universelle.

Une pluie d’acteurs : le casting de l’épopée musicale

Le choix des comédiens nécessitait trois choses : une bonne étoile, des acteurs talentueux mais aussi chanteurs accomplis. L’élément central de l’histoire est la relation musclée qui lie Valjean à Javert, l’affrontement de ces deux hommes est le moteur du film, et le choix des comédiens qui allaient interpréter ces personnages était crucial. L’équipe complète fut choisie sur auditions. Les essais de Hugh Jackman se sont révélés fantastiques. Sa capacité à exprimer son intériorité émotionnelle à travers le chant était presque supérieure à celles des versions dialoguées, comme une seconde langue maternelle. Un génie de la comédie et du chant, selon Hooper, au charisme incroyable qui transforma les essais en un atelier de travail passionnant. L’acteur était de fait fan du show, qu’il avait déjà vu trois fois, et Valjean à travers son incroyable humanité, son courage inébranlable, et sa force physique représentait pour lui une inspiration majeure. Il nous confie que ce rôle est l’aboutissement de tout ce qu’il avait exploré jusque-là, aussi bien dans sa physicalité que dans son émotivité, et le qualifie du rôle d’une vie. Il n’hésita pas à repousser ses limites, s’astreignant en amont à un régime sec, avec trois heures de musculation par jour et décida, 36 heures avant le premier plan, de se passer d’eau afin d’acquérir la maigreur et l’aspect hagard nécessaires, pour être crédible dans la peau d’un forçat emprisonné depuis 19 ans. Sa collaboration avec Hooper s’avéra fusionnelle et il qualifie ce dernier de « lieutenant sans peur doté d’une intelligence sans pareille, liée à un souci du détail extrême, parfaitement à l’aise avec la forme musicale, à l’assaut de l’Everest des réalisateurs. »

Pour donner la réplique à un tel phénomène, il fallait trouver un adversaire de taille. Et si le nom de Russell Crowe s’imposa immédiatement, Tom Hooper n’en crut pas sa chance quand il découvrit que, non seulement, la superstar oscarisée était un chanteur professionnel émérite, mais encore qu’il avait commencé sa carrière dans la comédie musicale et bénéficiait d’une formation solide, d’un talent ainsi qu’un goût avéré pour cet exercice. Russell Crowe ne connaissait pas le show, mais saisit immédiatement la force des morceaux et l’universalité des thèmes, enthousiasmé à l’idée de s’immerger totalement dans la musique. À l’instar de Jackman, les auditions ne lui posèrent aucun souci, comprenant bien les enjeux requis pour un tournage de 12 semaines. Il s’y prépara comme à ses débuts, où de leur succès dépendait son prochain repas, ou le paiement de son loyer. Il se rendit à pied aux auditions, à 28 blocks de là, sous une pluie battante, imprégné par le sentiment que s’il prenait un taxi, l’audition ne se passerait pas bien… À la stupeur des producteurs, Crowe arriva trempé jusqu’aux os, excité comme il ne l’avait pas été depuis la perspective du rôle de John Nash dans UN HOMME D’EXCEPTION. Il fallait un acteur au talent immense pour assumer les tréfonds d’un personnage tel que Javert, et pour comprendre le sacrifice d’un homme habité par le devoir. L’acteur prêta ses tripes à ce dilemme crucial, incarnant un Javert pour qui le monde n’a pas de secrets dans sa compréhension du bien et du mal, et qui se retrouve brisé quand ses certitudes s’écroulent. Tom Hooper ne tarit pas d’éloge sur le travail de Russell Crowe, son intelligence, sa finesse, sa profondeur, et la valeur ajoutée qu’il a su apporter au récit, aussi bien par sa préparation aussi impressionnante qu’exceptionnelle ou la qualité de sa compagnie sur un plateau. Et inversement l’acteur applaudit le travail de Titan du réalisateur, « travaillant sans relâche, sans jamais s’emporter, avec la vision précise de ce qu’il exige. Un dur à cuire à l’exigence duquel c’est un plaisir de se plier. »

L’implication d’Anne Hathaway pour le rôle de Fantine, remonte loin avant que la production des Misérables ne l’approche. Sa propre mère jouait sur la tournée américaine. Alors âgée de sept ans, Anne grandit littéralement avec la pièce qu’elle adorait. Elle aussi passa l’épreuve des auditions et dut attendre un mois la décision de l’équipe. Tom Hooper lui reconnaît les mêmes talents que Hugh Jackman, la capacité exceptionnelle à vibrer en gros plans face à la caméra, à travers une chanson, aussi bien qu’à travers les dialogues. Prêtant sa fragilité au rôle le plus dramatique du film, sa dégradation est déchirante, un coeur qui ne demande qu’à aimer librement, mais qui se trouve réduit et méprisé : les souffrances de Fantine sont à l’origine de l’amour qui transpire dans le reste du film. Une interprétation extraordinaire, aussi bien dans son évolution physique, qu’émotionnelle, car l’actrice déjà fluette, perdit plus de 10 kilos, afin de rendre crédible sa déchéance et sa mort de consomption, et alla même jusqu’à faire couper ses propres cheveux pour la caméra.

Amanda Seyfried et Eddie Redmayne incarnent les jeunes amoureux. Hooper a cherché longtemps sa Cosette, et Amanda Seyfried possédait les qualités vocales qui la distingueraient des autres, sans compter sa cinégénie fascinante, une alchimie parfaite pour incarner la source de lumière, de joie, d’espoir et d’amour de cette histoire tragique. Readmayne était le Marius rêvé par Hopper, ils avaient déjà travaillé ensemble sur ELISABETH I, mais c’est sur sa vidéo de candidature qu’il eut la surprise de découvrir ses qualités vocales. Le jeune comédien était au courant du projet et a tout fait afin de faire partie des auditions, un processus qu’il qualifie à la fois de terrifiant et d’excitant. Les deux jeunes gens étaient fans de la comédie musicale depuis leur plus jeune âge, et le fait de se retrouver sur cette aventure avait un parfum de rêve incroyable. Le personnage d’Éponine, tragique et sublime, marque les débuts à l’écran de Samantha Barks, actrice anglaise reprenant le rôle dans lequel elle triomphait depuis deux ans sur les planches. Mackintosh, comble de l’ironie, l’avait repéré dans une série TV où elle auditionnait pour décrocher un rôle dans Oliver. Toute la production l’a adorée et ne tarit pas d’éloges sur cette nouvelle venue.

Apportant aux Thénardaiers leur génie de la comédie et une approche toujours fascinante de leur travail, Sacha Baron Cohen et Héléna Bonham Carter incarnent à l’écran, avec panache, le couple d’escrocs le plus vil de la littérature. Héléna Bonham Carter retrouve Tom Hooper, qui l’avait précédemment dirigée dans LE DISCOURS D’UN ROI qui lui avait valu sa deuxième nomination aux oscars pour son interprétation de la reine Elisabeth, ainsi que son partenaire de SWEENEY TODD, pour l’adaptation à l’écran de la comédie musicale par Tim Burton. Ils transcendent ce couple, véritable respiration comique de cette histoire, à l’égoïsme et la veulerie si comiques, qu’ils suscitent depuis toujours la sympathie du public.

Aux côtés de ces monuments du cinéma, Aaron Tveit, star montante de Broadway incarne Enjolras l’étudiant révolutionnaire, Daniel Huttlestone, tient le rôle de Gavroche (qu’il interprétait déjà dans la version de West End et qui triomphe actuellement dans Oliver), Isabelle Allen prête ses traits à la petite Cosette (rôle qu’elle tenait déjà sur scène) et Nathalia Wallace à la petite Éponine. La plupart des autres rôles sont tenus par des stars de la scène londoniène. Colm Wilkinson (qui créa le rôle de Valjean sur scène, à Londres et à Broadway) : l’évêque Bishop; Frances Ruffelle (Tony Award pour sa création du rôle d’Éponine) : une des prostituées; Bertie Carvel (Tony Award pour sa prestation dans MATILDA) : Bamatabois; Le célèbre Michael Jibson : le contremaître de l’usine; Daniel Evans (deux fois lauréat des oliver Awards) : le proxénète; Katy Secombe : Madame Hucheloup; Killian Donnelly (Enjolras sur scène) : l’étudiant Combeferre ; Fra Fee : l’étudiant Courfeyrac ; Caroline Sheen (qui jouait Fantine au Queens), avec les très célèbres Kate Fleetwood et Hannah Waddingham : les ouvrières ; Adrian Scarborough (détenteur d’un oliver) : le vendeur de dents. Cette distribution époustouflante rassemblée, la vision de Tom Hooper commença à prendre vie aux Studios de Pinewood, ainsi qu’en Angleterre et en France.

Chanter en direct : la musique des misérables

La présence de Boublil et Schönberg, qui assistaient à la dernière adaptation du chef-d’oeuvre de leur vie, fut aussi stimulante qu’impressionnante pour toute l’équipe, qui se faisait un devoir de ne pas les décevoir, plaçant la barre toujours plus haut. Une barre, que l’obligation d’interpréter les chansons en direct sur le plateau, avait placée à un niveau jamais expérimenté auparavant : un risque technique mais aussi physique pour des acteurs qui allaient devoir chanter des journées entières. Stephen Brooker, une des figures majeur es de la direction musicale britannique et à la tête des productions de Mackintosh dans le monde entier, nous confie que c’était le choix le plus judicieux pour conserver le souffle émotionnel, la spontanéité et la force de l’interprétation à l’écran. Ce qui paraissait impossible à Hooper, avec des morceaux enregistrés dans la froideur des studios de synchro, des mois avant de tourner des scènes, qui auraient alors réduit l’interprétation des comédiens. Simon Hayes partage ce point de vue, et ajoute que les spectateurs n’auraient jamais accroché à un film, avec si peu de dialogues, entièrement chanté en post synchro. Des coachs vocaux préparaient les acteurs, qui munis d’écouteurs pouvaient entendre la musique interprétée par le pianiste sur le plateau, ce dernier suivant le moindre de leurs mouvements sur un moniteur. Le reste de l’orchestration était enregistré en studios. Une entreprise qui ne fut pas des plus aisées, mais qui donna des résultats impressionnants, notamment quand Valjean escalade une montagne et que son souffle modifie l’intensité de sa performance vocale, lui conférant une note qu’il aurait été impossible de saisir à la synchro. Une décision peu orthodoxe qui laissa Hugh Jackman, et Russell Crowe, ainsi que tous les autres acteurs, comblés, car libres d’explorer toutes les possibilités de leur jeu. Il leur fallut s’ouvrir à quelque chose de nouveau, pour tous, et à tous les niveaux de l’équipe, ce qui les mit sur un pied d’égalité face à un défi de taille et resserra leurs liens face à l’ambition de la tâche.

Anne Hathaway a dû adapter son interprétation du standard « I _dreamed a dream » à la réalité du fi lm. En effet son personnage, pour la version à l’écran, est déjà au fond du gouffre, contrairement à la version scénique, elle a donc supprimé la moindre note d’espoir. C’était très intimidant d’altérer un classique magnifiquement interprété tant de fois auparavant, mais sous le regard bienveillant de Boublil, Schönberg, Hooper et Mackintosh, elle n’hésita pas à se lancer.
Pour Amanda Seyfried, c’était une expérience incomparable de s’immerger dans la musique totalement et Samantha Barks, pourtant rompue à la scène, sut apprécier la différence entre chanter tous les soirs une chanson sur scène, et chanter tous les jours 15 fois la même chanson pour une prise. Un travail d’endurance délicat, où tous étaient logés à la même enseigne.

Réalisme Magique : Les Plateaux Et Les Extérieurs

Prises de vue en France

Après plusieurs semaines de répétitions, d’essais costumes, maquillage et de tests vidéo, le fi lm démarra ses 12 semaines de tournage, avec une équipe réduite, dans le petit village de Gourdon, avec la fuite de Valjean à travers les montagnes. Il était important de commencer le tournage en France, à la source du roman. L’adaptation au grand écran demandait une vision épique et cinégénique afin de rendre la même force que l’adaptation musicale avait su donner à la version scénique. La chef décoratrice tenait aussi à rendre hommage à l’aspect théâtral de la comédie musicale, par les couleurs et les matières, tout en gardant un aspect très réaliste afin de ne pas trahir la crédibilité de l’action. C’est la quatrième collaboration de Stewart et Hooper, qui commencent à se connaître parfaitement et continuent de se surprendre l’un l’autre.

Les quais

De retour en Angleterre, le tournage prit son rythme de croisière. Les lieux de tournages qui se succédèrent offrirent alors à toute l’équipe une visite de sites historiques britanniques d’une rare beauté, conférant au film son aspect intemporel. Les quais de Portsmouth dans le sud de l’Angleterre, où le très célèbre Victory est amarré, confèrent à la scène de libération de Valjean, une résonance quasi biblique. Pourtant le challenge était de taille, la production ayant décidé d’occuper un quai à sec en activité, leur laissant une fenêtre de préparation dérisoire, pour y immerger un navire de 180 mètres de long et 15 mètres de profondeur, ainsi qu’une équipe entière de tournage. L’équipe se sortit malgré tout indemne de ses pérégrinations entre pentes escarpées, escaliers ruisselant et quais glissants… Ayant pris le pied marin, l’équipe continua avec Chatham, un autre dock célèbre et le Musée de Kent, où ils y installèrent, des mois durant, des plateaux gigantesques. La Tarring Yarn House, construite entre 1786 et 1791, pour traiter les cordes par immersion et fumigations, afin de les empêcher de pourrir, prêta sa structure magnifique à l’usine de Fantine. Un clin d’oeil ironique à l’histoire sachant que les cordes qui y étaient traitées serviraient aux bateaux de Nelson à combattre Napoléon. Au quatrième étage, le plateau pour la scène de l’hôpital et la confrontation Valjean Javert, fut installé, dans la délicatesse la plus absolue dans un bâtiment dont les bois avaient, au cours des siècles, absorbé les acides des fumigations des cordes et transformaient l’édifice en boîte d’allumette géante où ni flamme, ni la moindre étincelle n’étaient permises. C’est également à Chatham que les scènes de Montreuil sur Mer et du quartier rouge, furent tournées. Ces dernières inspirées de l’oeuvre de Gustave Doré, de vieux entrepôts et des quais de Toulon, mêlés à la force qu’amenaient les quais de Chatham, furent un des plateaux les plus travaillés. Le travail fut colossal, requérant les talents de peintres, de plasticiens, de sculpteurs, de spécialistes de gréements nautiques, et de scénographes. Les figures de proues géantes et les 10 tonnes de boue verte livrées par bateaux, chaque jour, à 2 heures du matin, depuis le marché de Billingsgate, confèrent à cet enfer une atmosphère et une odeur portuaire inégalables, intensifiant le côté tourmenté des tréfonds de la chute de Fantine.

L’éléphant de la Bastille

L’équipe déménagea ensuite au old Royal Naval College de Greenwich, le jumeau du chef-d’oeuvre à coupole sur berges de Christopher Wren, et monument emblématique du South East London. C’est là que Stewart installa le monument parisien, conçu par Napoléon et immortalisé dans le roman d’Hugo dans le passage où Gavroche vient y chercher refuge. Il constituait l’élément central de l’enterrement de Lamarque, le début du soulèvement des étudiants et de la scène finale du fi lm. Un éléphant de 12 mètres, sculpté pendant un mois dans du polystyrène, aux studios de Pinewood, fut transporté en pièces détachées, puis reconstitué sur place. Mackintosh l’adorait tellement qu’il le fit installer dans son jardin. L’autre construction massive du film, les barricades, se devait d’être gigantesque. Formées de centaines de meubles de récupération, de portes, de bancs, de chaises, de tables et de lambris, provenant de maisons en démolitions, du Pays de Galle et de Belgique, rassemblées à Greenwich, que l’équipe de Robinson et de Stewart chargèrent sur les plateaux d’un camion géant. Des autorisations spéciales durent être demandées au vu du caractère exceptionnellement volumineux et inhabituel de tels chargements. Au final le tout formait 30 mètres de long sur 12 mètres de haut.

Les rues de Paris en 1832

L’équipe est d’abord passée à Winchester pour tourner la mort de Valjean dans la magnifique chapelle du Winchester College et sa poursuite avec Cosette par Javert, à travers les rues de Paris. L’équipe retourna ensuite à Pinewood sur le nouveau et imposant plateau Richard Attenbourough, afin de reconstituer le Paris de 1832, inspiré des photos de Charles Maleville prises avant la réforme Haussmaniène. En moins de 10 semaines et à l’aide de 200 charpentiers, un Paris s’élevant à 15 mètres de haut émergea. Cherchant à recréer le côté théâtral de la pièce tout en lui donnant une réalité viscérale, ils prirent un malin plaisir, en évitant la composition numérique, à faire naître pêle-mêle des échoppes colorées et des bâtiments gigantesques. Un spectacle hallucinant qu’on pourrait qualifier de «réalisme magique», plus grand que nature. Le plus compliqué fut de forcer les charpentiers à construire des bâtiments volontairement de guingois, à l’image du café Musain, le QG des étudiants, dont l’aspect branlant donnait une impression isolée et fragile, métaphore de leur révolution embryonnaire. La construction des barricades fut impressionnante car les acteurs déchainés la construisirent en temps réel, sous l’oeil des caméras! Un carnage de 10 minutes, où les pianos, les meubles et les cageots volaient littéralement dans les mains des 40 étudiants et 50 figurants, animés d’une rage authentique.
Le dernier plateau, avant le retour à Pinewood, était Boughton House, la résidence du Duc de Buccleuch, considéré comme le « Versailles Anglais ». Le Duc de Ralph de Montagu qui avait hérité d’une bâtisse anglaise en 1863, l’a entièrement modifiée selon son rêve d’adapter le raffinement français à l’architecture de la campagne anglaise. Son oeuvre était parfaite pour la maison familiale de Marius. L’aventure se termina à Pinewood, où la moitié du plateau Richard Attenbourough fut transformée pour recréer Montfermeil, le fief des Thénardiers. Le dernier plan, celui du suicide de Javert, fut tourné depuis la digue de la rivière Avon au centre de la ville georgienne de Bath.

Un effort international : Les costumes du film

Quand Hooper et Paco Delgado, le chef costumier, se mirent au travail, l’idée principale était de penser en termes de vêtements et non de costumes. S’inspirant du travail d’Eugène Delacroix et Francisco de Goya, Del Gado devait adapter le style de vêtements des différentes classes sociales, allant des détenus aux prostituées, en passant par les nones… le tout sur 33 années. Travaillant main dans la main avec les coiffeurs et les maquilleurs, ils créèrent des looks impressionnants pour chacun des personnages. Il comprit vite qu’il lui faudrait franchir la ligne ténue qui sépare la réalité de la fiction, en tentant de mêler la réalité historique avec un soupçon de surréalisme, afin de conserver la rudesse de la fin de l’époque Napoléonienne et l’originalité de l’univers de la comédie musicale. Quant aux différents stades par lequel le personnage principal devait passer, sur les conseils de Hugh Jackman, Del Gado sut respecter les changements de textures liées à son caractère. D’un homme abimé, décharné et hagard, en haillons, il a su le faire passer, petit à petit, à un homme respecté prenant de l’épaisseur et du coffre, avec une garde-robe plus confortable, à la palette de plus en plus raffinée. À l’inverse Javert, semblable aux deux facettes d’une même pièce, devait s’assécher à mesure que le temps passait, utilisant des couleurs sombres, presque noires, que l’on retrouve dans toutes les adaptations scéniques, comme si le personnage lui-même l’exigeait. 
Alors que les costumes des prostituées allaient de pair avec leur chorégraphie vaporeuse, ceux de Fantine allaient se dégrader comme rongés par la consomption qui la dévorait. Ses vêtements passèrent d’une simplicité nette à des tissus de plus en plus fins et très ajustés, aux côtés ombrés afin de la rendre encore plus chétive. Cosette, quant à elle, quand on la découvre, ressemble à une minuscule crevette en haillon, pendant d’une Éponine aux airs de poupée de porcelaine. Dix ans plus tard c’est l’exact opposé, comme si elles avaient chacune traversé le miroir d’Alice au pays des merveilles, mais en sens inverse. 
Les Thénardiers, quant à eux, se devaient d’être la note la plus colorée du film, véritables caméléons, tentant sans cesse de coller à leur époque. 
Une équipe impressionnante s’occupa des presque 2 200 costumes pour les figurants, que ce soit à travers la France, L’Espagne, l’Italie ou l’Angleterre. Des costumes qu’il fallut volontairement abimer, pour qu’ils soient crédibles portés par des pauvres, des mendiants, des crève-la-faim… Ils les passèrent donc aux ciseaux, aux cutters, les lacérèrent, les déchirèrent, allant jusqu’à les passer au chalumeau, tout en ayant à l’esprit de rappeler les nuances du drapeau français. Le rouge de la veste d’Enjolras sur les barricades, le bleu de la robe de Fantine dans l’usine, le blanc de la robe de mariée de Cosette ou le costume de Valjean sur son lit de mort… chacun de ces costumes convoyait une idée précise : Vive la France.






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